La commune de Roux-Miroir, dans les plus anciens actes, porte simplement le nom de Ruez ou Roux (Malbrovia ou Ruoz, 1000 environ ; Ruez, 1172 ; Roes, 1185, 1201 ; Rues, 1232, 1234 ; Roues, 1234 ; Rous, 1465, 1645 ; Roux, 1531), équivalent du wallon Roeux ou du flamand Rode, et qui signifie simplement, comme sart, un terrain défriché. Il est plus difficile d'expliquer le mot Miroir que l'on y a joint plus tard (Rous-Mirois, 1236, 1302, 1341 ; Rous-Miroir, 1312, 1374, 1399, 1467, 1613 ; Roes-Miroes, 1374, 1383 ; Rous-Myroir, 1374-1375 ; Rouls-Mieroir, 1403, 1404, 1412 ; Roulx-Miroir, 1413 ; Roes-Mireer, 1422 ; Roux-Miroer, 1436 ; Roux-Myrois, 1440, 1474, 1531 ; Roux-Miroir, 1464, 1472, 1530, 1536, 1627, Le Roy ; Reulx-Miroir, 1492 ; Roux-Miroies, 1516 ; Romiroy, 1706).
Nous supposons qu'il faut l'interpréter par mi-rois, c'est-à-dire à moitié défriché. Roux-Miroir signifierait donc défrichement à demi achevé. Comme on l'a déjà fait observer, la traduction latine Rodium speculi (1639) ou Sart du Miroir est moderne. Quant à la désignation de Brunenyerunz, employée par Gilles d'Orval, nous en parlerons en tête de I'Histoire du village.
Il existe d'autres localités portant le nom de Roux ou Le Roux, tant en Belgique (Le Roux, province de Namur ; Roux, province de Hainaut) qu'en France (Le Roux, départements des Ardennes et des Hautes-Alpes).
La commune de Roux-Miroir est limitrophe de celles de Dongelberg, d'Incourt, de Longueville, de Grez, de Biez et de Piétrebais.
Elle est située à 2 1/2 kil. N.-N.-O. d'Incourt, 3 kil. S.-E. de Piétrebais et O.-N.-O. de Dongelberg, 3 1/2 kil. N.-E. de Longueville, 7 kil S.-O. de Jodoigne-le-Marché, 8 kil. E.-S.-E. de Biez, 9 kil E.-S.-E. de Grez, 42 kil. S.-E. de Bruxelles, 45 1/2 kil. E.-N.-E. de Nivelles.
L'église de Roux-Miroir se trouve située par 56 grades 34 de latitude N. et par 2 grades 72 de longitude E.
L'altitude du sol, prise au seuil de la maison de l'ex-bourgmestre M. Goes, est de 143 mètres 26.
Le procès-verbal de délimitation du territoire a été dressé le 23 décembre 1816 et clos le 29 mars 1817.
Le cadastre divise le territoire de Roux-Miroir en quatre sections : la section A ou Bas Roux-Miroir, la section B ou de Beaumont, la section C ou du Village, la section D ou d'Haquedeau.
Au 1er janvier 1865, ces sections se trouvaient morcelées en 1,433 parcelles, appartenant à 380 propriétaires, donnant un revenu cadastral de fr. 49,862-18 (sol : 46,396-18 ; bâtiments : 3,466-00) et ayant une contenance de 759 hectares 11 ares 91 centiares (imposable : 740 hect. 62 a. 70 ca. ; non imposable : 18 hect. 49 a. 21 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, la contenance imposable était évaluée à 533 bonniers 2 journaux, dont 465 b. 3 j. de terres, 1 b. de prés, 66 b. 3 j. de bois.
On comptait à Roux-Miroir : en 1374, 89 ménages, en 1436, 44 foyers ; en 1464, 44 foyers ; en 1472, 43 foyers ; en 1492, 13 foyers ; en 1526, 46 maisons ; en 1686, 28 maisons, des tavernes, etc. en 1856, 146 maisons.
Roux-Miroir, qui compte, en y comprenant les habitations isolées, 99 maisons ; Basse Roux Miroir, qu'il convient, nous semble-t-il, d'écrire Bas Roux-Miroir, 16 maisons ; La Haye, 31 maisons.
Roux-Miroir occupe un plateau légèrement ondulé, à quelque distance à l'ouest de la route de Louvain à Namur. Le nom de Bas Roux-Miroir est donné, depuis peu de temps, à quelques maisons très voisines de Piétrebais, dont elles ne sont séparées que par le ruisseau du même nom. Cet endroit paraît s'être appelé autrefois Ruevolt ou Rouwe.
Un autre groupe d'habitations, élevées principalement le long de deux chemins qui se rejoignent avant d'aboutir à la chaussée de Louvain à Namur, en face de la grande ferme de Gailbiez (dépendance de Dongelberg), s'appelle La Haye (Le Heye, 1531).
A 1,500 mètres vers le S.-S.-E., Beaumont (Bellus mont juxta Aincuriam, 1238 ; Beaumont, XVe siècle ; Biamont, 1446 ; Cense de Beaumont, paroissse d'Incourt, 22 septembre 1792), grande ferme voisine du ruisseau le Brombais et peu éloignée d'Incourt ; à 3,000 m. au N.-O., la ferme de Petit Haquedeau, à la limite de Biez et de Piétrebais ; à 3,200 m. au N.-O, le Grand Haquedeau ou, plus ordinairement Haquedeau (Hachenadat de Gilles d’Orval, des deux mots latins aqua, eau, et vadum, gué, littéralement vallée aqueuse ; Hakenydaulh, 1302 ; Hacquida, 1531 ; Hacquedau, 1627 ; Cense de Hacquenes, 1674 ; Hacqdaux, Le Roy ; Haquedau, Divaeus, an XIII ; Hacqueda, 1680 ; Hacquedeau, 1757), belle et grande ferme dont la précédente constitue sans doute un démembrement.
Champ du Bois Detzin (Bois de Dezen, 1648 ; Bois Detzin, près du chemin de Gailbiet à Piétrebais, 1753 ; Bois de Desain, près du Vieux chemin, 1760) ; Arbre Sainte-Anne (1753) ; Trou au Vivier ou les Trois Viviers ; Vieux chemin de Louvain (Chemin de Louvain à Namur, « près du chemin de Roux à Chamont, » 1531) ; Cortil Etienne ( 1779) ; Fond de Tezin (Fond de Dezain, près du chemin de Roux à Pietrebaye, 1645) ; Gros Saule (Campagne de la Grosse Saulx, 1710) ; Cortil Saint-Martin ; Tilleul Saint-Martin ; la Vieille cour, au nord du village, qui rappelle sans doute l'existence d'un antique manoir ; Grand Cortil ; Saule Godchau ; Bois de Ployer (Bois de Ploy, 1760 ; Bois de Ployer, qui était fort exposé à être ravagé parce qu'il n'en existait aucun autre à Roux-Miroir, dit un acte de l'an 1781) ; Bois Paillet (1648) ; Champ du Moulin (champaigne devant Gailbiet appelée Champaigne du Mollin, 1648) ; Champ du Grand bois ; Bonnier Riguette ; Champ à la Hogue ; Bois de Carloo, ainsi nommé des Vander Noot, seigneurs de Carloo, à qui la Ferme de Beaumont appartenait en l'an 1745 ; Fond de Patruange (Boyes de Potruwenge, 1446 ; Bois de Potruwenge, près de la voie qui va d'Incourt à Roux, 1465 ; A Patruenges, 1531 ; Bois de Patruanges, 1715) ; Champ des Fosses ; Surbelle, bois qui s'étend aussi sur Dongelberg (A Solville, 1531, 1620?) ; Grand pré ; Champ des Sept Bonniers ; Ladrée (Campagne de Laderye, 1807) ; Bois Jean Baude (Bois de Jam Baudé, 1648 ; Bois Chantbaude ou Jean Baude, 1757 ; Bois Jean Beaute, 1779) ; Crabiau ou Crombion ; Bois Gilles ; Royvoye (Bois de Royvoys, 1715 ; Bois de Royvoye, 1787) ; Bois de Wavre ; Bois d'Haquedau ; Champ de Haquedau (Champ de Hacquedau, 1627) ; la Falise (Grande Phalise, Petite Phalise, 1531 ; le Sotaelfouarge de Gilles d’Orval ) ; les Babouilles ( Bois Boille, 1531, 1G20) ; le Long fossé (Au long fossé, 1787) ; Champ du Bois d’Agneau (Bois d’Agneau, 1759, 1787) ; Chemin des Charretiers, vers Longueville ; Haut Chemin, de Longpré à Hougarde ; Avenue des Mau-contents ; Sentier de la Vieille cour ; Montagne du Berger.
Pedebais, lieu qui était probablement voisin de Piétrebais (Alle forge à Pedebaies, 1531) ; Cherueige de Buret, ferme aujourd'hui inconnue ou disparue (1516 ; Bureit, 1531) ; Cortil Orban (1789) ; Cortil au forniz (1648) Al Pierre (1516) ; Al Hoseit, près du chemin de Rous à Incourt (1531) ; En la grande champaigne con dist Messire Daniel (1531; Bois qu'on dict Messire Daniel, 1620) ; Champaigne du gros Chesniaulx (1648) ; Al Saucelle (1446, Au Sacella, 1620) ; AI Spinette, à Rivaz (1446) ; Bonnier Berrau, dans la Campagne de Berdondia (XVIIe siècle) ; Ruevolt (1531) ou Au Ruhau (1787) ; Mont de Brombaies (1531) ; à Popilroux (1531) ; Alle spine con dist damme Ewes (1531) ; Bois del Ruelle (1648) ; Bois des Rigots, qui couvrait sept bonniers (1715) ; Taille Colleau (1787) ; Try Collart, derrière le Bois de Patruenges (1531) ; Bois d'Ailys (1715) ; Terres de Bordeaux (1531 ; Sur le Bordeau, 1620) ; Chesne alle Vaulx (1531) ; Bonier Maigron, près le Bois des Aywiers, entre Incourt et Roux-Miroir (1713) ; A Lima wert, Sur le Monseaulx, au chemin tendant de Roux au Pira Phalise ; Bonnier Mignon, Al fosse le grand Henry, A Cloche, Einhocque, « dessus le Bois Boille, près du chemin tendant au Grand Phalise ; » Courtil al Brasine, « à la piedsente de Roux à Pedebais » ; Al Petite haye, « près du chemin de Roux à Pira Phalise » ; Al Heusière, Al Marneit fosse, Voye de l'Espine, En Crabelava, Al Vaulx de Roux, A Beghines, « près du chemin tendant à l'église » ; En Mont, lieux cités en 1620.
Le territoire de la commune ne forme, pour ainsi dire, qu'une vaste plaine, légèrement ondulée et presque entièrement déboisée. Seulement, vers le nord, le sol s'abaisse et, vers l'ouest, il présente un assez fort escarpement, le long du ruisseau de Chapelle-Saint-Laurent. Le point culminant se trouve au hameau de La Haye.
Le sous-sol de la commune se compose : vers l'est de sables laekeniens, vers l'ouest de sables bruxelliens, qui affleurent en quelques endroits, les premiers au N.-O. du village, les seconds le long du ruisseau de Saint-Laurent. Les uns et les autres sont recouverts par le limon hesbayen.
Le territoire de la commune appartient en entier au bassin de l'Escaut. Il n'est arrosé par aucun coure d'eau, si l'on en excepte le Brombais, le Piétrebais ou Ruisseau de Saint-Denis et le Ruisseau de Chapelle-Saint-Laurent, qui lui servent de limites en certains endroits.
Le Brombais vient d'Incourt, arrose le pied de la hauteur sur laquelle la ferme de Beaumont est bâtie, forme la séparation d'Incourt et de Roux Miroir, et quitte cette dernière commune pour entrer dans celle de Dongelberg, après un parcours, entièrement mitoyen, d'environ 500 mètres.
Le Piétrebais ou Ruisseau de Saint-Denis forme la séparation de Roux-Miroir et de la commune à laquelle il a donné son nom, depuis l'endroit où il quitte la commune de Lathuy jusqu'au point où il reçoit le ruisseau de Chapelle-Saint-Laurent, sur une étendue de 850 mètres.
Le Ruisseau de Chapelle-Saint-Laurent se forme dans le ravin qui sépare Roux-Miroir de Grez, entre dans la première de ces communes, dont il forme ensuite la limite vers Biez, puis vers Piétrebais, et se réunit enfin au Ruisseau de Saint-Denis, après un parcours de 2,500 mètres, dont 2,000 mitoyens, dans la direction du S. au N.-N.-E.
Il existe, à proximité de la ferme de la Petite-Haquedeau, une fontaine dite de Petitniot ; en 1531, on en mentionne une autre surnommée Aux Moucherons (Al Fontaine à Musserons).
On comptait : en 1709, 185 habitants ; en 1784, 396 habitants, 65 hommes, dont 2 prêtres, 70 femmes, 89 garçons et 74 filles âgés de plus de 12 ans, 49 garçons et 49 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 406 personnes : 154 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 154 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 49 garçons et 49 filles âgés de moins de 12 ans) ; en l'an XIII, 579 habitants, dont 70 à Haquedeau; an 31 décembre 1831, 635 habitants ; au 31 décembre 1856. 696 habitants ; au 31 décembre 1867, 620 habitants (wallons).
Les anciens registres des baptêmes, des mariages et des décès commencent en 1600.
Les bois ont ensemble 17 1/2 hectares ; ils portent les dénominations de Bois Ditzin, Bois de Roivoie et Bois Surbelle.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont celles d’Haquedeau, à M. Maximilien Ledocte (154 hect.) et la Vieille Ferme ou ferme de M. Napoléon Goes (57 hect.)
Le nombre des animaux domestiques constaté à Roux-Miroir par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2 pieds de Louvain.
La seigneurie de Roux-Miroir comprenait autrefois un moulin à eau qui était banal pour les habitants, mais se trouvait sur le territoire de Dongelberg. Un autre moulin, ce dernier à vent et en bois, situé au hameau de La Haye, fut construit par Mme J.-C. Anciaux, veuve Goes, en vertu d'une autorisation délivrée par la Députation permanente du conseil provincial, le 28 décembre 1830. Cette usine a deux paires de meules et sert à triturer le grain.
Il a existé plusieurs brasseries, dont l'une vis-à-vis de l'église (en 1738), une autre dans la Ferme d'Haquedeau ; aujourd'hui il n'en subsiste plus qu'une seule.
Un grand nombre d’ouvriers quittent la commune pendant la bonne saison.
La route de Louvain à Namur traverse le territoire sur une longueur de 2,550 mètres.
Il existe 50 chemins et sentiers, d'une longueur totale de 38,479 mètres, dont 4,354 sont pavés.
Le chemin de grande communication n° 30, de Cortil à Piétrebais, traverse Roux-Miroir sur une longueur de 2,000 mètres.
A l'endroit nommé la Montagne du Berger, à environ 200 mètres de la limite occidentale de la commune, il existe un tumulus qui nous a été signalé en 1863. Des antiquités ont été découvertes vers 1857, par des ouvriers de M. Le Docte, dans le bois Ditzin. Elles consistaient en poteries romaines, fondements de murs, de grès en pierre et ustensiles de fer ; les poteries étaient fort belles, mais, par malheur, elles ont été brisées en morceaux. Un ancien record des coutumes de Roux-Miroir, de l'année 1531, nous fait connaître cette particularité curieuse qu'il existait dans le village deux chemins royaux (des viæ regiae, d'anciens diverlicula de l'époque romaine ?), qui se rejoignaient à l'endroit appelé le Chesne elle Vaulx (un peu à l'E. de l'église), en se dirigeant de là vers Chaumont (actuellement Chemin des Charretiers?), vers Incourt et vers Haquedeau (Vieux chemin de Louvain, qui passe à côté du Bois Ditzin, et Chemin de Patruange ? ). L'un de ces chemins a évidemment laissé son nom au Bois de Roivoie.
Un écrivain de notre temps (le père dominicain Moulaert) a retrouvé dans Roux-Miroir Brunengerunz, l'ancien chef-lieu du comté du même nom, qui comprenait au dixième siècle la majeure partie de la contrée s'étendant entre Tirlemont, Jodoigne et Louvain ; le même auteur a vu dans le mot brunen ou brun, un équivalent du mot roux. Sa deuxième supposition cadre mal avec l'étymologie de ce dernier mot telle qu'elle se trouve plus haut (voir à : Nom, Variantes, Etymologie). Quant à l'existence d'une localité du nom de Brunengerunz, elle ne repose que sur le passage où Gilles d'Orval donne les limites du comté de ce nom. Après avoir passé entre Zetrud et Jenville (sous Geest-Saint-Remy), ces limites atteignent successivement Mallum (Melin), Brunengerunz (Roux-Miroir), « la roche qu'on appelle » Sotaelfouarge, le puits de Longueville, la Vallée Hachecadat (la Vallée d'Haquedeau), le Chêne de Saint-Bavon (à Chaumont), etc. Tous ces lieux se déterminent assez facilement, à l'explication de la roche Sotaelfouarge (Forge des Sotais, d'après M. Grandgagnage), que le père Moulaert cherche entre Piétrebais et Chapelle-Saint-Laurent ou entre Incourt et Opprebais, mais qui désigne plus probablement un point de la vallée d'Haquedeau, où l'on trouve encore le lieu dit la Falise (littéralement la falaise, la roche, en allemand Felz). Au moyen de cette interprétation, le passage de Gilles d'Orval s'explique ; seulement on doit le rectifier en déplaçant le Puits de Longueville, qu'il faut nommer après et non avant la Vallée d'Haquedeau.
Quant à l'existence de Roux-Miroir sous le nom de Brunengerunz et comme capitale du comté ainsi appelé, elle ne se concilie pas avec ce fait que dans presque tous les actes antérieurs au XIIIe siècle le village s'appelle simplement Rues ou Roes. Peut-être cette dénomination en a-t-elle remplacé une autre, celle de Malbrovias (Maubray, littéralement mauvais bourbier). D'après les Gesta abbatura Gemblacensium, la femme du comte Werner de Grez, qui vivait au XIe siècle, donna à l'abbaye de Gembloux un manse situé à « Malbrovias qu'on dit au Roux » (in Malbrovias quod dicitur in Ruoz), manse qui payait un cens de 5 sous, monnaie de Nivelles.
Roux-Miroir apparaît au XIIe siècle comme paroisse et comme seigneurie. Au spirituel, le village semble avoir d'abord fait partie d'Incourt ; au temporel, il obéissait à des seigneurs particuliers, qui tenaient leurs domaines en fief des ducs de Brabant. Nous avons découvert, au sujet de cette localité, un document curieux comme exemple du langage que l'on parlait en 1531 et des mœurs judiciaires de l'époque. On tenait alors, à Roux-Miroir, trois plaids généraux par an, où tout tenancier ou tenancière était tenu d'assister et, dans ces occasions, le seigneur devait un repas au maïeur et aux échevins. Le paiement des cens, particulièrement des cens consistant en chapons, s'opérait à la Saint-Etienne. Les habitants étaient obligés de faire moudre leurs grains au moulin du seigneur, situé au Fayt, à Dongelberg, et de payer une redevance au sergent qui portait la verge ou bâton seigneurial. Cette redevance consistait en une gerbe pour tous ceux qui possédaient dans la seigneurie au moins un demi-bonnier semé de grains. Au plaid de Pâques, les tenanciers choisissaient un « sergent des champs » (ou garde champêtre), spécialement chargé de faire la police rurale. Ils avaient le droit d'envoyer leurs bestiaux pâturer aux lieux dits les Bruyères de Ruevolt et les Terres de Bordeaux. Pour ceux à qui un simple résumé ne suffirait pas, nous donnons ci-après le texte entier de ce document intéressant :
« Che sont les droictures que les eschevins de Roux-Miroix recordent à tous les plaictz généralle au lieu dudit Roux-Miroix. »
« Premier est assavoir quilz y at audit Roux-Miroix chacun an trois plaictz généralle, assavoir le premier lendemain du jour des rois, lendemain del close Paske, lendemain del Saint Remy, et à tous lesquels plaictz chascun massuier ou massuiresse y doient comparoir pour prendre droict et pour rendre droict, ce mestier est. Et en cas qui les faissent, il fout ce que il doient, et quand il ny sont, aliors sont il à teille amende que nous dirismes, ce somouiés eu estiez mes contre lesdits transgrasseurs. Et à tous lesquels troit plaictz généralle ledit siegneur doibt audit maïeur et à eschevins à chascun plaict ung paistre, et là parmy desfault et saisine que ledit siegneur feroit faire, il ne doient riens avoier, sy avant que ledit liéritaige demeure au dit siegneur. Et ce aulcuns le reprochoit, allors ledit maïeur et eschevins doient avoir leur , tout et au lough, à icellui ou icelles qui ferat ledit reproschement. »
« Item que le jour Saint Estienne ledit maïeur, avecque quatre eschevins, doient chyr ou cens et nyet mains et doient jngier les cappon à tous ceulx qui le vuellent paye. Et se ly massuyr ou ceulx qui doient cens ne paysseut cens audit jour, allors il ont jour jusque au plaictz lendemain du jour de trois rois après enssuivant sans nulle maulvaise ocquison, tant cappon, ad vaine que autre cens, et pourtant que les dicts eschevins soient à recepvoir icelluy cens de Noël, ce le doit le dit siegneur quatre cappons, ung setier de froment et huyt pottes de servoieze. »
« Item est assavoir que le dit siegneur de Roux solloit avoier ung mollin en lieu con dict à Faye, à Douglehert, auquelz mollin tous les massuiers doient moulre pour ban et encor feroient s'il i estoit, voier sur ceulx sur quoy nous avons à jugier, par quoy le moenier ou son varleit doit venir querier le blez et aultre grains à la maison desdits massuyrs et une lyewe allenthour en cas qui les voulsist moulre, et lui doibt ou messurer le blez ou aultre grains devant lui, et allors il est tenu de rendre de ceis le combe ou mieulx ce lesdits grains le peulleut faire, et doit prendre pour son sallaire de chascuu .stié ung poille, dont les seize font le stier eus on screielle. Et ny doibt avoier sur le tresmuys corbille ne boesteaulx pour eus blés à mettre. Et quant ledit moesnier ou son varleit at rameneit le farinnes mollues bien et léaullement, le messuier le doit et peult remuserer devant le dit moesnier, et s'il advenoit qu’ilz ne voulsist point le sciens, se peult le dit massuyr detenier le cheval ou le painel, lequel luy plaist, tant et sy longhement que ledit moesnier luy aist restituez et satisfait ce que luy at rosteit et ne doient donner le cheval riens à mengier sy non à boire del yauwes. »
« Item encor doit le dit siegneur de Roux avoir ung gran forestier, con dist le sergant portant le verge dudit siegneur, lequelz doit avoier à chacun qui dettienuent demy bonier de blez dessoubz la terres doudit siegneur une maisson sour ceaulx sur quoy nous avons à jugier, assavoir une jarbe teille qui les l'ont sur leur champs communément, voier que ledit sergant le doit demauder et aller querier au champs, et sency estoit qu'il n'y allaist, ce peult ly massuyr ou icellui qui doit la dicte messon laissier une jarbe, et tourner le potte dessus vers le ville et le inonstrer devant deux hommes, et là, parmy ce faict, il doient pour doultaut passé. Et sensy advenoit que cellui ou celles qui averoient ainsy deblavez et emportaissent tout se enblavure, et ne laissist une jarbe ainsy que dict est, adout debveroit il payé audit sergant demy stié de blez. Encor seusy estoit que ledict demy bonier fuist emblavez de plusieurs emblavures, ledict sergant peult prendre du meilleur qui mieulx lui plaist. »
« Item quant ce vient au plaît généralle del Paske, les massuiers doient eslire ung sergant des champs et le dit siegneur ou le maire le doibt commettre etly massuier peulleut mettre tel pan et amende qui leur samble convenable. Et de là en avant, ce le dit sergant treuve nulle biest en faisant domaiges à autrui, le dit sergant le doit mener en ferme et prison, et les tenire tant et sy longuement que le domaige et le droit del court, avec l'amende, soient satisfait et payé. Et icellui à qui les dits biest sont, doit ou peult mettre waige souffisant pour satisfaire et payer le domaige et droiture, ainsy que dit est. »
« Item qu'il y at audit Roux deux chemins reaulx allant en croix, commenchant à Chesne alle Vaulx à Roux, dont ly ung en vat vers Chamont sy avant que les dits eschevins en sont juganble et d'aultre part rallant du dit Chesne vers Incourt, et ly aultre venant dudit Chesne et allant vers le maison qui fut Jehan de Roux à Fraines à Hacquida et parmy le Ruewe, ossy avant que les dits eschevins en ont à jugier. » (Suit l'énumération des autres chemins et sentiers du village.)
« Item peullent les massuyr ou massuiresse delle terres du dit Roux aller et prendre leur aisemens sur les bruières de Ruevolt et tout sans malenghien. Item encore un aisement de ville allant et entrant sur le terre qui fut Jehan de Roux condist le terres de Bordeaux, assavoir alle main de gisse et marsaiges et pour eus amener les biens d'awoust. »
Pendant les troubles de religion l'église de Roux-Miroir fut profanée par les « hérétiques » et, durant les guerres de l'Espagne contre Louis XIV (en 1598, dit Le Roy, à tort, car la signature de la paix de Ryswyck date de 1697 ; plus probablement en cette dernière année), le château fut livré aux flammes par les Français et il n'en resta plus que des ruines.
Les troubles qui agitèrent nos provinces en 1798 jetèrent un instant d'éclat sur le nom de Roux-Miroir. Un particulier, nommé Antoine Constant, qui exerçait dans ce village les fonctions d'agent municipal, se mit à la tête d'une bande de paysans soulevés contre la république française et prit le nom de Constant de Roux-Miroir. Il était le frère d'un notaire nommé Etienne-Louis, qui habitait à proximité de l'église, dans la ferme du bourgmestre actuel, M. Ferdinand-Hubert Crévecœur. Sa jeunesse avait été orageuse. Le 4 août 1776, se trouvant à Jodoigne, à la trairie (ou tir), il provoqua une querelle si violente que le bailli, Mary, fit sonner la cloche d'alarme, procéda, à la tête de ses gens, à l'arrestation de Constant, et fit prendre des informations à sa charge. Le notaire réclama par-devant le conseil de Brabant, mais fut débouté de sa demande (11 avril 1777). Antoine, après avoir été fermier, vivait en rentier, lorsque la révolution brabançonne éclata ; il prit part à l'insurrection contre Joseph II et devint premier lieutenant, puis capitaine des troupes de « leurs hautes puissances les Etats-Unis Belgiques ». Sa participation à la prise d'armes de 1798 lui fut funeste. Après avoir un instant occupé Jodoigne, il fut chassé du Brabant par les colonnes républicaines, et assista au combat de Hasselt, où les débris des bandes patriotiques essuyèrent une sanglante défaite. Fait prisonnier, il fut traduit devant le conseil de guerre de la 24e division militaire le 4 pluviôse au VII, condamné à mort et fusillé à Tournai le 21 du même mois (3 février 1799). Constant n'était âgé que de 52 ans ; il avait épousé Anne-Josèphe Dubois. Notre romancier Conscience a poétisé ce personnage dans son livre intitulé de Boerenkryg (la Guerre des paysans) et l'a transformé en un général de race noble, baptisé du nom de Constantin de Roux-Miroir. Les restes de sa bande, devenus plus nuisibles que dangereux, continuèrent à infester les environs de Jodoigne et pillèrent notamment la ferme du nommé De Busscher, à Roux-Miroir.
Roux-Miroir s'est considérablement accru dans le courant de ce siècle. L'agriculture, surtout la culture du lin, y fut propagée par un seigneur d'Otreppe, Louis Charlet, dont les travaux furent profitables au village, mais causèrent sa propre ruine II y a un quart de siècle, on y a entrepris des défrichements qui ont réduit à peu de chose les 40 hectares de bois que l'on y trouvait encore.
Roux-Miroir fit partie de la mairie d'Incourt jusqu'en l'année 1795 et, depuis cette époque, ressort au canton de Jodoigne. On ne trouve aucun indice que la haute justice y ait jamais été aliénée. La basse était exercée au nom du seigneur du lieu : « En la paroische de Roux-Miroir, » disent les anciens comptes des baillis de Nivelles, le remanant (les héritiers) de Jehan de Jodoigne dist avoir cens, rentes, lois et amendes, qui se jugent selon le loy de Louvain, et livre homme fourfait au couron ( à la limite ) de la terre et monseigneur y a la haute justice. »
Un dénombrement du fief, de l'an 1531, porte que le maire et les échevins connaissaient des actions de tout genre, réelles ou personnelles, sauf à livrer le malfaiteur condamné à mort à un officier du duché de Brabant « en purs ses draps, la hart au cou ». En cas de « quelque » advisement ou remembrance concernant le bien public, pour éviter le dommage du seigneur et des sujets, on peut faire statuts et ordonnances par le gré du seigneur et de la plus saine et grande partie des messuyers (ou tenanciers). »
Dès l'année 1.102 le maire et les échevins avaient un sceau commun et se servaient, dans les actes passés devant eux, de la langue romane (ou vieux français). Leur greffe échevinal, qui comprend les années 1748-1796, repose actuellement aux Archives du royaume.
Le budget de la commune, pour l'année 1870, présente les chiffres suivants :
Dans les anciens diplômes on rencontre quelquefois des membres d'une ancienne famille du nom de Roux : en 1172, on cite Gérard de Ruez, chevalier et homme libre ; en 1178, Everard de Rue, « homme libre » ; en 1201, Ricard ou Richard, sire de Roes, et Henri de Roes ; en 1243, Sartel de Rodio. Everard, après avoir visité la Palestine, donna aux frères de l'hôpital de Jérusalem la moitié du patronat de l'église de Dongelberg et la moitié des dîmes de ce village. On possède de Richard un diplôme par lequel il approuve, en l'an 1201 et sauf réserve d'un cens annuel d'un denier, la cession de 2 bonniers de terres situés à Roes, cession qui avait été faite à l'abbaye d'Aine par ses vassaux : Godefroid de Wineselle et Eustache, avoué de Gotenchin (Gottechain), en présence d'autres vassaux de Richard : Gosuin d'Hiske, Henri son frère, Gérard de Hodeberges, Henri de Roes, Franc et Arnoul de la Bouverie, Walter, maire de Roes, Menson du Mont, Siger, Jean de Bongart, Gosuin Conce, Albert et Gosselin du Moulin, échevins.
Une partie du village fut aussi la propriété des sires de Walhain. L'un d'eux, Arnoul, fit abandon à l'abbaye de Villers, du consentement du duc Henri Ier, de tout ce qu'il possédait dans les paroisses de Roues et d'Incourt, dans le ressort de l'alleu de Rues (spectantia ad allodium de Rues) (diplôme daté de Louvain, le jour de saint Jean-Evangéliste, en 1234). Le premier des vassaux du duché de Brabant que les livres de fief nous montrent en possession de Roux-Miroir s'appelait le chevalier Guyot ou Guy de Beau-fort et vivait en 1312. Il eut pour successeur Guyot le Pastour de Houdeberges ou Huldenberg, qui vendit la seigneurie, le 2 juin 1352, par la semonce du duc Jean III et le jugement de ses hommes, à Walter, fils de Jean Ralet ou Raulet, de Jodoigne. Celui-ci possédait déjà sur le même bien une rente annuelle de 4 livres de vieux gros.
Walter Raulet joignit à la seigneurie de Roux-Miroir plusieurs autres fiefs, tels que le château de Molenbisoul, près de Jodoigne, un moulin à eau et ses dépendances à Jodoigne-Souveraine, etc. Après la bataille de Scheut, et sur la sommation qui lui fut adressée par le comte de Flandre Louis de Maie, il fit hommage à ce prince ; il fut l'un des capitaines de l'armée brabançonne à Bastweiler, où il fut tué, circonstance qui valut à son fils Jean le paiement d'une indemnité de 496 moutons.
Jean, l'aîné des fils que le chevalier Walter Raulet eut d'une dame nommée Alis, abandonna son nom patronymique pour celui de Joudogue ou Jodoigne. Il céda le moulin de Jodoigne-Souveraine à son frère Arnoul, vendit la forteresse de Molenbisoul et laissa Roux-Miroir à ses enfants (1413, 1420), entre autres, à sa fille Elisabeth. Celle-ci en opéra le relief par l'intermédiaire de son oncle et tuteur Arnoul, et épousa Gilles, seigneur de Bouleir ou Bonlez. Celui-ci, à la mort de sa femme, releva Roux-Miroir (relief du 11 juillet 1422), qui eut ensuite pour possesseurs :
Catherine, fille de Gilles et d'Elisabeth, et son mari Baudouin Smale de Bronsberghe, par dénombrement du 29 juillet 1440 et par cession de Gilles, en 1457 ;
Baudouin, fils du précédent, qui assigna pour douaire à sa femme Alite, fille de Henri de la Malaise, une rente annuelle de 100 florins de dix sous (r. opéré, le 4 avril 1467, au nom d'Alité, par Louis, seigneur de Dongelberg, et, le 10 août 1476, au nom de Baudouin, à la mort de son père) ;
Jeanne de Bronsberg, fille des précédents, et son mari, Jean, sire de Houdain ou Hosden (r. dn 5 juillet 1488) ;
Jean, seigneur de Hosden, en vertu d'une donation de sa mère (r. du 22 juin 1510) ;
Charles de Hosden, chevalier ;
Jacques, fils du chevalier Jean de Hosden (r. du 7 février 1555-1556);
Eustache, fils de Jacques (r. du 22 mars 1568-1569 et du 21 mars 1586), époux, en premières noces, de Barbe de Pottières, et en secondes noces, d'Antonine on Antoinette d'Oyenbrugge de Duras, dont le douaire fut assigné sur Roux-Miroir ( r. du 5 août 1613 ) ;
Charles, fils d'Eustache, seigneur de Hollers (r. du 5 août 1613, et, après la mort de son père, du 1er décembre 1616), dont nous avons raconté ailleurs les abus d'autorité (Canton de Wavre, chapitre Bonlez). Il est certain que ce gentilhomme fut emprisonné ; le 29 juillet 1618, il était à Namur, détenu en «ferme prison », mais nous ne savons quelle sentence fut prononcée contre lui. Il vendit alors, moyennant 1,450 florins, ses droits sur Roux-Miroir, à son père et à sa belle-mère, pour eux et les enfants nés de leur union ;
Antoinette de Duras et son fils Eustache, après la mort du premier Eustache de Hosden (r. du 28 mars 1619) ;
Charles de Hosden précité redevint propriétaire de Roux-Miroir en vertu d'un accord conclu à Houdain entre lui et sa belle-mère, le 13 mars 1618 (r. du même jour) ;
Catherine de Corswarem (r. du 10 mai 1625) et Charles, son mari, avaient vendu Bonlez. Il s'en suivit un procès entre les enfants des deux lits du baron Eustache. Charles, en mourant, légua à ses frères utérins une rente annuelle de 400 florins, « afin d'entretenir l'amitié entre les membres de sa famille» ; puis sa femme Catherine de Corswarem, devenue veuve, et voulant se retirer au convent des Carmélites déchaussées de Malines, résolut de mettre fin aux contestations dont la vente de Bonlez était l'objet; elle abandonna à Antoinette de Duras et à ses enfants une rente annuelle de 2,000 florins hypothéquée sur la seigneurie du Sart, à Grez, et qui fut partagée comme suit entre Eustache de Houdain et ses sœurs ; Eustache eut pour sa part 600 fl. (qui devaient s'élever à 800 après la mort de sa mère), Adrienne 500 fl., Agnès 200 fl., Antoinette, femme d'Antoine de Longueval, seigneur de Zetrud, Lumay, etc., 200 fi., Françoise, Ermelinde, Ursule, 100 fl. chacune (r. du 24 octobre 1626).
Catherine de Corswarem laissa Roux-Miroir à son frère Erasme (r. du 6 octobre 1627), qui transmit cette seigneurie à messire Jean de Corswarem et ses autres enfants (r. du 11 avril 1634).
Un décret dn conseil de Brabant, porté à charge des héritiers de Charles de Hosden, fut suivi d'une vente qui fit passer la seigneurie de Roux-Miroir entre les mains de Barberine ou Barbe de Broeckhoven, veuve de Jean Boschman dit Silvius, chevalier, pensionnaire de la ville de Louvain (r. du 18 juin 1648). Ceux-ci laissèrent plusieurs fils : Louis, Ferdinand et Godefroid-Jean-Baptiste, qui figurèrent tous trois, à plusieurs reprises, dans la magistrature de Louvain en qualité d'échevin, de conseiller et de membre de la décanie, entre les années 1659 et 1678. Ils faisaient partie du lignage patricien des Unter Liemingen et portaient écartelé : 1 et 2, tranché de gueules et d'argent ; 2 et 3 d'or à deux tranches écôtées de sable. L'aîné eut en partage la seigneurie de Roux-Miroir (r. du 26 juillet 1672) ; mais, devenu veuf de Jeanne-Marie L'Host et en vertu des pouvoirs qui lui étaient conférés par leur testament conjonctif, passé devant le notaire Froidmont, de Louvain, le 8 janvier 1674, il la vendit, moyennant 23,000 florins, à Jacques-Philippe, baron de Dongelberg, et à sa femme Marie de Bausele (acte passé devant le notaire A. Van Berckel, le 27 août 1674 ; r. du 29 du même mois), à qui il abandonna également, après les avoir rachetés, les droits de ses deux frères ( r. du 26 mai 1677). M. Sylvius mourut le 6 novembre 1678. Son fils Jean-Louis, seigneur de Gottechain, Haquedeau. etc., qui s'allia à sa cousine, Jeanne-Thérèse, fille de messire Ferdinand Sylvius, fut le dernier hoir mâle de sa famille. Après avoir été presque constamment membre du magistrat de Louvain, de 1684 à 1699, il fut nommé pensionnaire, comme son aïeul l'avait été, et mourut le 6 février 1706. Il fut enseveli dans le caveau paternel, dans la collégiale de Louvain, près de l'autel Saint-Joseph ; il avait légué à l'église Saint-Pierre six lampes d'argent, valant chacune 600 florins, et qui devaient brûler jour et nuit devant le Saint-Sacrement.
Depuis l'année 1674 jusqu'en 1794, le domaine de-Roux-Miroir fut constamment annexé à celui de Dongelberg. Les biens qui en dépendaient ont été morcelés il y a environ 35 ans.
La seigneurie, dont l'importance n'était pas considérable, n'avait originairement que la basse justice et la perception des amendes n'excédant pas 45 sous. Le bailli, avec les hommes de fief, et le maire, avec les échevins, qui étaient établis par le seigneur, jugeaient les criminels et, quand l'un de ceux-ci était condamné à la peine de mort, le livraient aux officiers du souverain « en purs ses draps et la hart au col. » La cour féodale consistait en 12 hommages, qui étaient possédés, en 1352, par Jean de Chaumont, Franco»! d'Avendoren, le seigneur de Glimes, messire Gilles de Thiennes, Jean de Herbattes, Jean de Sart, Willemotte de Beaumont, Arnoul Reynehaye, Jean fils de Hugues Claus, Matthieu de Bouler et Ponselet, et qui étaient réduits à 11 en 1422 et à 8 en 1440. Le cens s'élevait à 7 livres 14 sous de bonne monnaie. 10 livres paiement, 189 ou 190 chapons, 16 muids d'avoine, 18 muids de froment et 17 muids d'avoine, « provenant des quartes », plus une redevance de 16 vaisseaux de seigle sur les rentes ou cens de Beaumont (modifiés, en 1440, en 8 livres 6 sous 2 deniers, 85 1/2 chapons, 23 muids 3 setiers d'avoine, 33 1/2 muids 2 setiers de froment, 1 1/2 muid de regon ou de seigle ; et, en 1530, en 24 petits florins, 2 livres 7 sous 9 deniers d'Artois, 80 chapons, 20 1/2 mnids et 9 setiers d'avoine, 6 muids 9 setiers de froment, 1 muid 4 setiers 1 1/2 quartaut de regon, et encore 1 muid 6 setiers de froment, 1 1/2 muid et 6 setiers de blé et 61 sous). Un droit de tendage ou congé, consistant en un dixième de la valeur des biens aliénés ou hypothéqués, était perçu au profit du seigneur, qui, d'après l'acte de vente de 1674, pouvait seul chasser et pêcher dans le village et y planter le long des chemins. En 1474, le domaine fut taxé, pour le service féodal, à un combattant à cheval et un combattant à pied.
Au château étaient annexés, en 1852, 36 bonniers de terres, dont le produit était évalué à 37 muids de froment, un bosquet de 11 journaux (en 1531, de 3 bonniers, avec « hocquailles et fault bois », à Patruenges, entre le chemin de Roux à Incourt et le bois des chanoines de Saint-Jacques, de Louvain), un moulin à eau situé à Dongelberg, etc. Le château, dont une vue a été gravée pour les ouvrages du baron Le Roy, ne consistait plus qu'en un carré de bâtiments très simples, entourant une cour, n'ayant qu'un rez-de-chaussée et ne révélant leur origine nobiliaire que par une petite cour carrée, placée près du grand chemin, à l'un des angles. Déjà alors ce n'était plus qu'une ferme, qui fut donnée en location par le seigneur, le 27 novembre 1715, avec 60 bonniers de closières, de terres et de prairies, moyennant 400 florins par an, plus un mouton gras à la nouvelle année, cent écus et, pour la comtesse de Dongelberg, une paire de gants, une fois donnés. Le locataire était autorisé à faire pâturer ses chevaux et ses vaches dans les bois de Patruenges, de Royvoys et d'Ailys, dès que la futaie avait atteint l'âge de quatre ans. La ferme appartient actuellement à M. Stanislas Goes, de Roux-Miroir.
Dans la partie méridionale de la commune on trouve la Ferme de Beaumont, qui dépendait jadis d’Incourt, au spirituel, et qui appartient à M. Jean-Joseph Art, ancien bourgmestre d'Aische-en-Refail. Le jour de Saint-Jean-Baptiste, en 1238, Helwide de Beaumont près Incourt donna au prieuré de Lérinnes tout ce qu'elle possédait en terres, maisons, jardins et meubles. En 1470, Louis, seigneur de Dongelberg, légua à Aleyde, femme de Baudouin Smal le Jeune, ses droits sur le bien de Beaulmont, à l'exception des bois qui en dépendaient et qui devaient rester unis à la terre de Dongelberg. En 1536, parmi les fiefs de la seigneurie de Roux-Miroir, figurent une maison et 22 bonniers de terres, de bois et de bruyères, qui étaient possédés par Jean de Beaumont.
A l'endroit nommé Haquedeau on trouve aujourd'hui deux fermes, distinguées par les surnoms de Grande et de Petite. En février 1302 Godefroid, Jean, dit Joses, Henri et Rennechons, enfants de dame Marguerite de Hakenydaulh, passèrent un acte devant le maire et les échevins de Roux-Miroir. Haquedeau appartint ensuite aux Silvius et il en dépendait, en 1674, 100 bonniers de terres et de bois. Le 21 octobre 1720, Pierre-François-Joseph de Wespin, seigneur d'Andoy et de Wierde, échevin de la ville de Namur, son frère Gérard-Joseph, avocat au conseil de Namur, et leur sœur Madeleine-Thérèse vendirent à François Baufay, fermier du château de Taviere, moyennant 8,500 fl. de change, une cense, avec 93 bonniers, située à Roux-Miroir et qui doit être la Grande-Haquedeau. Le président de Wespin, leur père, en avait acquis la propriété de M. d'Aix, seigneur de Denée, et d'autres particuliers. François de Beaufay et Anne-Marie de Geefs eurent plusieurs enfants : Jean-Dieudonné, qui épousa Isabelle Le Docque, Anne-Josèphe, femme de Paul Bouvier; Marie-Marguerite, femme de Pascal Michotte ; Marie-Françoise, femme de Jean-Michotte ; Marie-Jeanne, femme de François-Hubert Dupaix, Marie-Catherine et Hubert-Joseph. Le bien comprenait une ferme, une brasserie, 82 bonniers de terres, près, etc., et 9 b. 3 journaux de bois. L'aîné des Beaufay, qui l'exploitait en payant un fermage à ses cohéritiers, acquit, le 26 mars 1760, la part de sa belle-sœur, Marie-Jeanne, moyennant 4,550 florins courant. Après avoir appartenu à M. André-Corneille de Ryckman, de Winghe, Haquedeau est devenu la propriété de M. Ledocte.
Différentes communautés ecclésiastiques acquirent successivement des biens à Roux-Miroir. Outre les acquisitions de Gembloux et d'Aine dont il a été question, on peut mentionner l'alleu situé à Eckembais, à Roe, à Bonler ou Bonlez et à Tourinnes, dont le duc Henri 1er confirma la possession aux religieux d'Afflighem, en l'an 1204. En 1620, le prieuré de Bas-Wavre, dépendance d'Afflighem, constituait encore un échevinage à Roux-Miroir et levait dans ce village des cens seigneuriaux, particulièrement sur l'abbaye d'Alne, pour 2 bonniers 3 journaux situés « en la Campagne de Desin », près du chemin de Louvain à Namur. Une ancienne propriété du prieuré de Lérinnes, qui avait conservé le nom de Bien de Lérinnes et consistait en 5 bonniers 2 journaux, fut vendue comme bien national, le 7 vendémiaire an VI et moyennant 8,900 livres, à un membre du Corps législatif, Lecoutteux-Canteleu.
L'église de Saint-Martin, de Roux-Miroir, était du nombre de celles qui dépendaient du chapitre d'Incourt onde Saint-Jacques, de Louvain. C'était une quarte-chapelle qui ressortit constamment au doyenné de Jodoigne.
Le chapitre de Saint - Jacques percevait quatre cinquièmes de la grande et de la menue dîme du village, qui valaient, en 1787, 1714 fl. 3 sous, par an. Cette corporation y possédait en outre 22 bonniers 3 journaux (produit, 339 fl. 3 sous). L'autre cinquième de la dîme (produit, 461 fl.) était alloué pour compétence au curé, dont le revenu total montait à 902 florins. Antérieurement à l'année 1516, un curé, nommé maître Jacques, laissa une redevance annuelle de 3 muids de froment, hypothéquée sur le« Charruage de Buret et sur un bonnier situé au lieu dit al Pierie », pour la célébration d'une messe de Notre-Dame, le samedi de chaque semaine. Il existait jadis plusieurs bénéfices, mais ils furent successivement annexés : celui de la Vierge (qui possédait un peu plus de 10 bonniers de terres et était chargé de 2 messes par semaine) et celui de Saint-Antoine, à la cure, celui de Saint-Jean, à la mense du chapitre d'Incourt, celui de Saint-Nicolas (dont la dotation comprenait 6 b. de terres), à la fabrique de l'église paroissiale. Le revenu de cette dernière montait : en 1787, à 81 fl. 16 sous ; en 1846, à 651 francs ; elle possède 5 hect. 31 ares. Le clerc avait une compétence de 50 florins et chaque maison lui donnait, tous les quinze jours, un petit pain ; mais, au siècle dernier, cette redevance ne s'acquittait qu'avec une irrégularité toujours croissante ; les fonctions de clerc valaient alors, en moyenne, 155 florins environ.
L'église, dont l'aspect est misérable, est précédée d'une vieille et massive tour carrée, construite en moellons ; ses murs, dont l'épaisseur est de plus de cinq pieds, ne sont percés que d'embrasures dans la partie inférieure et de deux fenêtres cintrées dans le haut ; elle supporte un toit obtus, à six pans. Le restant de l'église se compose d'un vaisseau de trois travées et d'un chœur de deux travées, terminé par un mur plat ; le vaisseau est divisé en trois nefs par des arcades cintrées et par quatre piliers carrés, à angles coupés. Au haut de la nef du milieu règne une corniche, sur laquelle repose la voûte qui est cintrée, tandis que les bas-côtés sont recouverts par des plafonds. Les fenêtres dessinent un cintre surbaissé. Les deux premières travées du vaisseau sont en pierres et remontent à la même époque que la tour, la troisième travée, ainsi que le chœur, datent du siècle dernier.
C'était autrefois le doyen du chapitre d'Incourt qui était tenu de réparer l'église de Roux-Miroir, pour une moitié de la dépense ; mais, en l'année 1624, le chapitre prit cet entretien à sa charge. Ni le doyen, ni les chanoines ne se montrèrent jamais disposés à donner de l'argent pour cet objet, qui, des l'année 1445-1446, avait déjà provoqué un procès entre le doyen, d'une part, et les habitants. Quelques travaux furent exécutés dans la première moitié du XVIIIe siècle et sont rappelés par la date ANNO 1724, qui se lit sur la marche à l'entrée du chœur, et par cette inscription encastrée dans le pavé de la nef principale : ICY REPOSE — LE CORPS DE MAITRE — PAUL DUMOULIN — QUI ESTE FAIT — PASTEUR DU DIT LIEU — L’AN 1710 ET Y EST — MORT LE 10 JANVIER —1733. CE QU’IL A FAIT POUR — L’EGLISE ET LA CURE DU DIT LIEU — DIT DIEU EST ASSEZ CONNU.
A l'imitation de la plupart de nos villages, Roux-Miroir entra en contestation avec ceux qui y levaient la dîme et se plaignit hautement de l'insuffisance et du délabrement de l'église. Le chapitre, de son côté, fit examiner l'édifice par deux charpentiers, Jean Latour et Henri Saulage, qui trouvèrent la charpente parfaite, d'une beauté et force extraordinaire, comme étant de la nature d'un ancien ouvrage ; les jambes d'aire, ajoutèrent-ils, étaient fort bonnes, ainsi que toutes les « viennes et chyfironts », et les sommiers n'étaient aucunement ébranlés, surtout depuis qu'on y avait mis des renforcements, avec broches de fer (déclaration datée du 24 décembre 1760). Mais le maire, les échevins, les fermiers et autres principaux adhérités n'en persistèrent pas moins dans leur projet de faire agrandir ou rebâtir le temple, qui fut de nouveau examiné par des commissaires, accompagnés de l'architecte Thibaut. « Les habitants », est-il dit dans une requête qui fut présentée au conseil de Brabant le 3 août 1768, « accusent continuellement et gémissent sous l'indécence et la dureté » des doyen et chanoines. A la suite de leurs réclamations et malgré l'opposition des décimateurs, ceux-ci furent condamnés à agrandir et restaurer l'église. Mais les travaux qui s'effectuèrent alors donnèrent naissance à un nouveau débat.
L'architecte Thibaut déclara : « qu'à l'égard des deux troisièmes arcades y désignées (c'est-à-dire les plus proches de la tour), il laisseroit subsister les deux vieilles arcades de chaque côté de la grande neffe dans leur état actuel, mais qu'il feroit les deux nouvelles arcades d'une plus grande élévation, conformément auxquelles les vieilles arcades qu'on laisseroit subsister pourraient être au temps à venir ajustées» ; il ajouta de plus : que plus tard « les quatre vieilles arcades pourroient aisément sur leurs vieux fondements être élevées et les piliers les soutenant façonnés en conformité des nouveaux ouvrages à faire maintenant. »
Quoique, disait-on, cette explication fût très intelligible, elle ne pouvait être pratiquée sans produire dans la construction une difformité de plus. Les habitants se plaignaient aussi qu'on eût employé du mortier ressemblant à de l'argile et semblable à celui dont on avait voulu se servir pour l'église de Genval et qui avait été refusé. En outre, les nouvelles constructions de leur temple paroissial n'avaient pas de pierres d'angle, économie à laquelle on ne recourait même pas quand on bâtissait une ferme. Après une visite des lieux, opérée par Thibaut, à qui avait été adjoint son confrère De Ronde, les habitants de Roux-Miroir revinrent à la charge, réclamant la reconstruction de la partie encore subsistante de la vieille église, dans les dimensions en largeur et en hauteur de la nouvelle, ou du moins la rectification des défauts signalés. La tour, disaient-ils encore, devait avoir un beffroi en règle, la voûte du clocher être réparée et la porte d'entrée (pratiquée dans la façade de la tour) élargie de manière à correspondre à la porte intérieure de la nef. La sentence du conseil de Brabant ne donna que partiellement gain de cause aux réclamants ; le chapitre ne fut condamné qu'à régulariser les piliers et à remédier aux autres petits défauts qui pouvaient se trouver dans l'église (23 décembre 1768).
Depuis de nouveaux efforts ont été tentés pour embellir ce temple. Vers l'année 1787, on le fit examiner par l'architecte Corthout, qui évalua à 4,700 florins la somme nécessaire pour le mettre en bon état. En 1824, le roi Guillaume Ier accorda à la fabrique un subside de 600 fl. pour y faire quelques réparations. Actuellement, on se propose d'en reconstruire la partie ancienne, en la prolongeant de manière à englober la tour et en adoptant le même style que dans la partie postérieure.
Nous ne dirons rien de l'ornementation de l'édifice. Les autels latéraux sont dédiés à la Vierge et à saint Martin.
Un bienfaiteur, dont le nom est resté inconnu, a légué une rente de 17 florins (au capital de 495 fl., réduit en 1781 à 417 fl.) pour entretenir une lampe qui brûlait devant le Saint-Sacrement.
A l'endroit dit encore Ladrée, au S.-O. du Tilleul-Saint-Martin, il a probablement existé une léproserie ou ladrerie.
La Table des pauvres possédait, en 1787, 7 bonniers 2 journaux (actuellement 12 hect. 05 ares) et avait 291 florins de revenu
Par acte passé le 3 juillet 1790, par-devant le notaire Bonvier.de Jodoigne, le curé Rousselle légua aux pauvres de la paroisse une maison, à la condition de la donner en arrentement.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour 1870 a été fixé comme suit :
Une belle école a été construite, en 1869, à front du chemin conduisant du village vers Aillebroux, et à l'aide de deux subsides accordés : l'un de 6,689 francs par l'État, l'autre de 4,930 francs par la Province.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune à recevoir l'instruction s'est élevé : en 1858-1859, à 77 : 85 garçons et 42 filles; en 1869-1870, à 98.
La fête locale se célèbre le dimanche après l'Ascension.
Avec le soutien de la Province du Brabant Wallon |