Le nom de Nil, porté par le cours d'eau qui, après avoir arrosé Walhain, Tourinnes-les-Ourdons et Nil-Saint-Vincent, se réunit à l'Orne au hameau de la Vaux, se communiqua à des groupes d'habitations formés près du confluent de ces deux cours d'eau (Niel, 1000 environ, 1071 environ, 1136, 1199, 1205, 1220, 1245; Nel, 1100 environ; Nil, 1120 environ; Niele, 1213; Niel in Brabantia, 1237; Nilus, 1257) et qui se distinguèrent ensuite par les surnoms de Saint-Vincent, Saint-Martin, l'Abbesse et le Pierreux. Le premier et le plus important doit sa dénomination particulière au patron de son église (Nil Sancti Vincentii, 1250; Niel Sancti Vincentii, 1264,1272; Nilus S. Vincentii, 1308; Nile-Saint- Vincent, 1636).
Nil-Saint-Vincent, que l'on ferait peut-être mieux de nommer Les Quatre Nils, a pour homonymes : en Belgique, Niel près de Saint-Trond (Limbourg), Niel près d’Asch (Limbourg), Niel près de Boom (Anvers) et Nylen (Anvers); en Prusse, Niehl près de Cologne, Niehl près de Neuerburg et Niel près de Cronenburg ; en France, Nil du Duc, dépendance de Garde-Freinet (Var) et les Nielles, dont nous avons parlé à propos de Nivelles. Les habitants du village de Nil-Saint-Vincent, lorsqu'ils veulent le désigner, disent Nie tout court; pour parler de Nil-Saint-Martin, ils disent simplement Saint-Martin.
La commune de Nil-Saint-Vincent est limitrophe de celles de Corroy-le-Grand, Tourinnes-les-Ourdons, Walhain-sur-Nil, Chastre-Dame-Alerne, Hévillers et Corbais.
Nil-Saint-Vincent est à 2 kilomètres E.-S.-E. de Corbais, 3 kilom. S. de Corroy et N.-N.-O. de Walhain, 4 kilom. O. de Tourinnes, 5 kilom. N.-E. de Chastre, 5 1/2 kilom. E.-N.-E. d'Hévillers, 13 kilom. O. de Perwez, 28 1/2 kilom. E. de Nivelles, 37 kilom. S.-E. de Bruxelles.
L'église de Nil-Saint-Vincent se trouve située par 56 grades 27 de latitude N. et 2 grades 60 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 141 mètres 92.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Nil, ouvert le 7 avril 1820, a été clos le 27 août suivant; il s'applique aux deux anciennes communes do Nil-Saint-Vincent et Nil-Saint-Martin, qui avaient été réunies le 27 octobre 1812. Un arrêté royal du 6 juillet 1825 a approuvé un changement de limites entre Nil et Walhain.
Le cadastre divise le territoire de Nil en quatre sections : la section A ou du Tiége, la section B ou du Fond des Vaux, la section C ou de Nil-Saint-Vincent, la section D ou de Nil-l’Abbesse.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 2,829 parcelles, appartenant à 682 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 83,384 fr. 12 (sol : 74,832-12; bâtiments : 8,552 00) et ayant une contenance de 1,144 hectares 51 ares 60 centiares (imposable : 1,114 hect. 69 a. 20 ca.; non imposable : 29 hect. 82 a. 40 ca.). Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834
En 1686, Nil-Saint-Vincent comprenait 392 bonniers 3 journaux, dont 349 b. 1 j. de terres, 19 b. 2 j. de prés et closières, 19 b. de bois, 5 b. de communaux; Nil-Saint-Martin 413 b., dont 389 b. 1 j. de terres et 23 b. 3 j. de prairies.
On comptait; à Nil-Saint-Vincent (à Nil-l'Abbesse et Nil-le-Pierreux, dit le relevé de l'an 1374; à Nil-le-Pierreux, selon le dénombrement de l'an 1526), en 1374, 70 ménages; en 1436, 27 foyers; en 1464, 37 foyers; en 1472, .. foyers; en 1492, 20 foyers; en 1526, 39 maisons, dont une inhabitée et y compris un hôpital; en 1686, 52 maisons et deux moulins; — à Nil-Saint-Martin, en 1374,45 ménages, dont 19 dans une partie et 26 dans l'autre; en 1436, 30 foyers; en 1464, 40 foyers; en 1472, 36 foyers ; en 1492, 17 foyers; en 1526, 30 maisons; en 1686, 22 maisons; — dans la commune, au 31 décembre 1856, 293 maisons.
Nil-Saint-Vincent, qui compte 88 maisons; Nil-Saint-Martin, 94 maisons; Nil l'Abbesse, 35 maisons; Nil-le-Pierreux, 54 maisons; la Vaux, 6 maisons; les Hayettes, 16 maisons.
Le village de Nil-Saint-Vincent est bâti sur la rive gauche du Nil et forme le long de ce ruisseau, avec Nil-Saint-Martin, en amont, Nil-l'Abbesse et Nil-le-Pierreux, en aval, une série de maisons, de près de quatre kilomètres de longueur, qui est bordée de prairies et de peupliers du Canada. Quelques habitations situées au S. de l'église et s'écartant un peu du fond de la vallée sont connues sous le nom de Trichon. L'église de Nil-Saint-Martin (Nilus-Sancti-Martin), 1233, 1270; Niel-Saint-Martin, LE ROY, 1750; Nil-Saint-Martin, 1250, 1616, 1636; Nyele-Saint-Martin, 1436; Nyel-Saint-Martin, 1593, 1650; Nile-Saint -Martin, 1636; quelquefois appelé en flamand Sint-Mertens-Berge, c'est-à-dire Mont-Saint-Martin, 1504, 1525, 1545, 1550, ou Sint-Mertens-Berghe, 1560, 1593) est à 500 mètres N.-E. de celle de Nil-Saint-Vincent; les deux villages se rejoignent sur la rive gauche du Nil, mais Nil-Saint-Martin s'étend au-delà du ruisseau et la plus grande partie de son agglomération se trouve sur la rive droite. Les dernières maisons vers l'est se nomment Spiche (Emprès le Spesche, 1616).
Nil-l'Abbesse (Nilus abbatisse, 1275. 1292, 1308; Niel labbesse, 1304; Nyl labbesse, 1363; Nyele labbesse, 1374, 1464, 1492; Nyel abbesse, 1383; Nyele labesse, 1436; Nin labbesse, 1547-1549; Niel labaisse, 1607-1619; Nile labbesse, 1636) est à 1,100 m. S.-O. de l'église de Nil-Saint-Vincent et forme le prolongement du village, comme nous venons de le dire. Cette dénomination, qui provient de ce que ce hameau était jadis une seigneurie de l'abbesse de Nivelles, n'est plus usitée et nous n'avons pu déterminer d'une manière rigoureuse les habitations auxquelles on doit l’appliquer : on les partage ordinairement entre Nil-Saint-Vincent et Nil-le-Pierreux.
Nil-le-Pierreux, que l'on nomme parfois Nil-la-Pierreuse (Nilus petrosus, 1276, 1363; Niel Pireuse, 1403-1404, 1607-1619; Nyele Pyreuse, 1431, 1436; Nyel le Piereuse, 1445-1446; Niels le Pireux, 1477; Nyele la Pireuse, 1492; Niel Pireulx, 1531; Nile 1636, 1686), est à 2,000 m. S.-O. de l'église e Nil-Saint-Vincent; on peut considérer la route de Wavre à Namur comme le limitant à l'orient.
La Vaux (Apud Vallem, juxta Montem Sancti Wiberti, 1312; Au Val delez Mont S- Wibert, 1374, Le Vaul, 1377; Maison delle Vaul, 1440 ; Al Vaul, 1505-1506; Manoir del Vaulx messire Henri, 1530; Biens Del Vaux, 1698, 1720, 1757; en flamand, Goeden van Dale 1444, 1473); forme, à 3,200 m. O.-S.-O. de l’église, l'extrémité d'un hameau baigné par l’Orne qui se prolonge sur le territoire d'Hévillers et de Mont-Saint-Guibert.
Le petit hameau des Hayettes (Aux Haiettes, 1753, Les Hayettes); est assis sur un plateau, à 1,200 m. de l’église, à proximité de la route de Namur.
A 1,900 mètres S.-O. de l'église, la Maison François Demanet, sur la route de Namur; à 1,800 m. S.-O., le Corbeau, groupe de 5 maisons sur la même route; à 2,000 m. S.-O., la Maison Gilain Hennaux; à 2,000 m. S.-O., la Maison Cartiaux; à 3,000 m. O.-S.-O., le Moulin del Vaux (Moulin al Vaulx, 1505-1506; Moulin del Vaulx, 1636; Moulin Del Vaux, 1686); à 1,600 m. O.-S.-O., la Maison Jean-Joseph Berger, cabaret; à 1,700 m. O., la Maison Norbert Delforge, sur la route de Namur; à 600 m. S.-O., le Moulin de Nil-Saint-Martin.
L'Escavée (Aux Schaveis, 1531; Bois del Schavée, contenant 1 bonnier 3 j., 1080); Champ de Genistère (la Genestre, 1531; le Genestere, à Nil-Pireux, 1686); Champ de la Grange dal (de Hal ?); Champ des Moliniaux ou Molinias (le Molineau, XVIe siècle, 1686); Champ du Bois des Pauvres; le Tiége (Campagne du Tiége, 1686; Champ du Tiége, an VI); Chêne Hayette (Chesne à la Hayette, 1616); Grosse borne (Gros borne, en wallon; Au Groz borne, 1616) de Corroy; Epine Sainte-Agathe, disparue également; Fond des Vaux (Campagne du Fond de Veau, 1616; Champ du fond de Veaux, 1627 environ; ou Troux de Vaulx, 1616); les Tombes de Saint-Martin ou Tombalettes; la Matourée (Mayson de la Moutoray ou Moutouray, 1616; Cense de la Matourée, an VI), ferme; Petite Campagnette (1686); Hubonpré (Hubompreit, 1616, 1686; Hubonpreit, 1686); Grand fond (1616); Pré al Cor (Prez a la Corre, 1680); Saule le Cuvelier (Saulx le Cuvelier, 1787); Grosse borne de Walhain; Grande Campagnette; Maison de Waha, démolie depuis peu; la Gloriette; Champ du Tilleul; Champ des Hayettes; Epine du Seuciau, brisée récemment par le vent; Seuciau (Au Seuseau, 1616); Pré del Vaux; les Lovières; Pré Déau ou de Weau (Pré à Weal, XVIe siècle); Chemin de Saint -Sauveur ou des Tombes; Long battis; Grand battis (Grand Batty, 1686, an VI); Battis du Chêne (Cortil au Chesne, 1616); Battis Layard (A Laliarde ou Laillarbe, 1616; Layar, an VI); Ruelle de la Barrière; les Trois cerisiers (Campagne des Trois cerisiers, 1686; Aux Trois Serezier, 1616; Trois chéchis, en wallon); Trois fontaines; Ferme de Nil-le-Pierreux ou de Grunne; Ruelle des Béguines (Champaigne del Ruelle des Beghines, 1616; Ruelle des Beghines, 1686); Pommier sauvage; Ferme del Tour; Chapelle del Tour; Closière del Tour; Ruelle Margot; Ruelle aux Champs; Ferme Fichefet; Moulin de Nil-le-Pierreux (Petit moulin de Nil-Pierreux, 1686); Chemin du Cul-de-sac; Ruelle aux Fraises; le Géronsart (1655); Prés de l'Église; le Pré des Manants ou Demi-brou, dont le foin se vend publiquement le dimanche après Pâques, par les soins du Bourgmestre, au profit des manants, c'est-à-dire d'une soixantaine de ménages de Nil-Saint-Vincent et de Nil-l'Abbesse; Pré de Wavre (Prez de Wavre, 1686); Forrière de Mousty; Pré des Comtes; Fossé Mahy; Sentier de la Chasse; Pré Tonon; la Queutére; Pré de Salzinnes; Quatre bonniers; Cortil Godin; Closière Thienpont; Ferme Thienpont; Ruellette Dauvin; Aux Tailles; Pompéri; Petit bois; Paradis (le Petit Paradis, closière où il y avait eu une maison, 1686); Pré Saint-Martin; Château de Saint-Martin; Cortil aux Champs (Cortil au Champs, 1616; la Courtille de champ, 1627 environ); Chêne a la Vache,1655; Laid Trou; Brouinette; Au-dessus des Jardins; Tri de Nil-le-Pierreux; les Marnières (Maurlères, en wallon); Quatre bonniers Moureau; Pré Jonquoit (Preit Joncquoy, 1686; Prez Jonquois, an VI); Al Briquetée (Bricterie, 1753); Ferme Bourgaux, autrefois Allebroux, maison ou ferme à Nil-Saint-Martin (Huys van Allebroux, 1743); Ferme Maky; Chapelle Notre-Dame; Chapelle Thienpont ou N.-D. de Hal; Chapelle Saint-Joseph; Chapelle de la Gloriette.
L'An du jour (1627 environ); Baompreit ou Saint Bavonpreit (1616); Au Bechecul (1616); A Bekelinnes ( 1531 ); Campagne du Try Bochaut (1787); Bois al Laische (1686); Preit au Bosquet (1616) ou Pré le Bosquet ( 1787); Bonsemortier (1616); A Chaienpont, au chemin de Wavre à Walhain, au Rieu delle Laisse (XVIe siècle), ou Charepont, maison et tenure qui appartenait, en 1616, à Michel del Tour (1616), ou Chairepont, pré (1686); Courti delle Chapelle, à Nil-Pierreux (XVIe siècle); Aulx Cincque Tombes (1616); Au Clocquy (1616); Mayson du Colombier, qui appartient, en 1616, à messire Guillaume Willmet; le Combe de Vaulx (1616) ou Au Combre (1627 environ); Copmont (1531) ou Coppemont, où il y avait, en 1686, un bois de 8 1/2 b.; Deseur Corbasoux (XVIe siècle); Preit Corbeau (1616) ou Preit al Corve (1686); Coupesoul (XVIe siècle); Fond de Courroy (XVIIe siècle); Cense dite la Couvertrie (1616), la Couviltrée (1757-1775), ou la Couture (XVIIIe siècle), propriété de l'abbaye de Salzinnes; Cortil Cramat (1686); Al Croix (1616); Au Dieu de pitié (1616); Try du Flament (XVIIIe siècle); Champaigne del Fos au Thy (XVIIe siècle); Preit de Foriet (1616); Bois aux Grandes terres, contenant 6 bonniers (1686); L’Haize ou Nil le H aisé (Cour de l'Haize, 1433; Ville delle Haise, 1544-1545; Al Haeizc, à Niel, XVI* siècle; la Haize, 1616; Seigneurie de Hayze, 1652; la Grande Haize, 1686; Nil le Haisé, BUTKENS), maison et seigneurie à Nil-Saint-Martin; les Hauts fossés (an VI); Trieu au Haye (1616); Au Hoscul (1616); Cortil de Jauche et Preit de Jauche ou Jaulche (1616); Saulx Juwet (1616) ou Saulx Jouette, deseur Saint-Martin, près de Petit champ Sainte-Barbe (XVIIIe siècle); Chemin dit le Cortil Libinne (1686); Al Longue Roye (1686); Fief del Marcelle (1570) ou Al Marcelle (1616); Batty al Marcotte (1686); les Marliers de Saulx (1616); Marlière Saint-Martin (1627 environ); Champaigne de Saint-Momorty ou de Mortier (1616); la Noir rue (1616); Campagne la Papillerie (XVIIIe siècle); Closière dite le Pince, au Dieu de pitié (1616; Al Pince ou Ruelle des Vallées, 1686); Champagne del Pied-tente (1616); Pré al Pirere (1686); Cortil al Porte (1616); A Preal (XVIe siècle) ou Pré des Préaux (1686); Aux Trous de Renars (1531); Aux Petits Rivaux (an VI); les Saulx Rolland (1616); Al Rose rousse (XVle siècle); Près del Rousseroul, vers Vieusart (1616); Champ al Rougeroul, 1686); Cortil al Ruelle (1757-1775); A Sclincart (XVIe siècle); Au Secheron (1616); A Spinette, au Scaceau (1616; Al Spinette, 1686); A Streel (XVIe siècle); Champ le Temin (1686); Thirivaulx ou Thiryval (1616) ou Tirywaux (1627); Bonnier Tonnette (1686); Champagne des Trois Tillieux (XVIIe siècle); Bois del Veaux, contenant 12 bonniers (1686); Au Vieux Chemin, à Nil-le-Pierreux(1655); Au Werischet (1616).
La plus grande partie du territoire est formée par la vallée du Nil, dont les versants n'ont qu'une pente fort douce. Le sol est plus accidenté sur les bords du Corbais et de l'Orne. Le point culminant se trouve à la limite de Corroy, vers l'endroit où se trouvait l'Epine du Seuciau et où l'on a constaté une altitude de 151 mètres.
L'étage inférieur du système gedinnien, représenté par du quartzite, règne dans le fond des vallées, à l'ouest de la route de Namur. Le quartzite se montre en grands rochers près de la ferme del Tour. On l'exploite à la carrière des Trois fontaines, à 500 mètres N.-N.-O. du moulin de Nil-le-Pierreux; il présente les nuances gris-bleuâtre et gris-verdâtre, passant au blanchâtre et au rougeâtre; sa direction = 82" et l'inclinaison N. 8° E. = 45°. La carrière a atteint une assez grande profondeur; les eaux l'envahissant à plus de 8 mètres, on a dû y établir une machine à vapeur qui sert à l'épuisement et remorque des wagons sur un plan incliné pour amener les pierres au niveau du sol. Deux autres carrières s'exploitent près de la ferme de Nil-le-Pierreux; l'une dans l'enclos de la ferme; l'autre, temporaire, dans le chemin qui la longe. Une quatrième carrière est ouverte aux Hayettes; une cinquième existait aux Lovières, près de l'endroit où le Ri du Pré à la Chambre va traverser la route de Namur. Toutes les pierres que l'on extrait sont employées à faire des pavés. On a exploité aussi le quartzite près du moulin del Vaux où les bancs sont séparés par un banc de poudingue formé de cailloux de quartz de la grosseur d'un pois, réunis par un ciment phylladeux. André Dumont a observé au même endroit du phyllade gris-pâle, devenant rougeâtre par altération, dans lequel il a rencontré des points jaune-brunâtres qu'il attribue à la décomposition d'octaèdres d'aimant.
Le sable bruxellien semble exister sur tout le reste du territoire de Nil, mais partout il est recouvert par le limon hesbayen, sauf à mi-côte des collines qui bordent le Corbais et l'Orne.
Tout le territoire de Nil appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : l'Orne, le Corbais, le Nil, et le Ri du Pré à la Chambre.
L'Orne vient de Chastre et sert d'abord de limite entre cette commune et celle de Nil-Saint-Vincent, où elle pénètre en activant le moulin de la Vaux par une chute de 3 mètres 50; reçoit le Corbais (r. dr.); devient limitrophe d'Hévillers; baigne le hameau de la Vaux et abandonne complètement Nil-Saint-Vincent, après un parcours de 800 mètres, dont 500 mitoyens, dans la direction d'abord du N. puis de l'O.
Le Corbais vient de la commune qui porte son nom et dont il forme pendant quelque temps la limite ; et se réunit à l'Orne (r. dr.), en aval du moulin de la Vaux, après un parcours de 1,000 mètres, dont 200 mitoyens, dans la direction générale du S.-O.
Le Nil (le Niel, LE ROY; Nil ou Speche, an XIII) vient de Tourinnes-les-Ourdons et marque d'abord la limite entre cette commune et celle de Nil-Saint-Vincent; baigne ensuite les villages de Nil-Saint-Martin, Nil-Saint-Vincent et Nil-l'Abbesse; coupe la route de Namur; active le moulin de Nil-le-Pierreux par une chute de 6 mètres 17; traverse le hameau de Nil-le-Pierreux; et entre à Chastre, près de l'ancien bois des Pauvres, après un parcours de 6,100 mètres, dont 700 mitoyens, dans la direction générale de l'O.-S.-O. Du temps de Le Roy, c'est-à-dire dans la seconde moitié du XVIIe siècle, ce ruisseau contenait en abondance des loches; actuellement la partie moyenne de son cours, particulièrement à Nil, se dessèche parfois complètement, lorsque l'été est très chaud; c'est ce qui arriva notamment en 1857 et 1858.
Le Ri du Pré à la Chambre, que l'on nomme aussi Ri des Lovières, prend sa source à la fontaine Al Flamauche (?) dans le champ des Lovières ; traverse la route de Namur ; devient limitrophe de Chastre; et passe sur le territoire de cette commune, après un parcours de 1,000 mètres, dont 300 mitoyens, dans la direction d'abord du N.-N.-O., puis de l'O.
Dans un document du XVIe siècle on mentionne le Rieu del Laisse, près du chemin de Wavre à Walhain.
Les fontaines auxquelles puisent les habitants sont: la Fontaine aux Nutons, la Fontaine Allard, la Fontaine Burny, la Fontaine à la Brebis, la Fontaine Maurice, les Trois fontaines, la Fontaine de Nil-le-Pierreux, la Fontaine des Manants et la Fontaine Jean Delin.
Il existe deux petits étangs peu éloignés l'un de l'autre : l'un se nomme le Duc, l'autre Étang du château de Saint-Martin.
On comptait : à Nil-Saint-Vincent, en 1666, 150 communiants; en 1709, 208 habitants; en 1784 , 442 habitants : 1 prêtre, 94 hommes, 90 femmes, 60 garçons et 50 filles âgés de plus de 12 ans, 72 garçons et 75 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 502 personnes : 1 prêtre, 172 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 152 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 85 garçons et 92 filles âgés de moins de 12ans); en l'an XIII, 580 habitants; — à Nil-Saint-Martin, en 1666, 95 communiants; en 1709, 91 habitants; en 1784, dans la commune, 272 habitants : 1 prêtre, 43 hommes, 46 femmes, 50 garçons et 41 filles âgés de plus de 12 ans, 46 garçons et 45 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 247 personnes : 1 prêtre, 88 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 81 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 44 garçons et 33 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII. 320 habitants; — dans la commune, au 31 décembre 1831, 1,202 habitants; au 31 décembre 1856, 1,252 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1638, pour Nil-Saint-Vincent; à 1696, pour Nil-Saint-Martin.
Il ne reste plus de bois à Nil. D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont actuellement : la Ferme del Tour (98 hect.), tenue par M. Demanet (Ant.), appartenant à M. Van de Werve, de Louvain; la Ferme de Nil-le-Pierreux (80 hect.), tenue par M. Lauvaux (Lamb.), appartenant au comte de Grunne; la Ferme de la Matourée (65 hect.), ancienne ferme de l'abbaye de Gembloux, tenue par MM. Brion frères et sœur, propriétaires. Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités:
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2t pieds de Louvain.
Il existe trois moulins à farine : le Moulin del Vaux, mû par l'Orne, dont la retenue est à l'altitude de 08 mètres 92, et dont la roue fait tourner 3 paires de meules; le Moulin de Nil-le-Pierreux, mû parle Nil, dont la retenue est à l'altitude de 129 mètres 51 et dont la roue fait tourner 2 paires de meules; le Moulin de Saint-Martin, mu par le vent et ayant 2 paires de meules.
Le moulin Al Vaulx ou Del Vaulx était situé dans la paroisse de Blanmont, mais dans la seigneurie de Vaux, sous Nil, seigneurie dont il constituait une des dépendances de temps immémorial. Celui de Nil-le-Pierreux existait déjà en 1633 et appartenait alors à Philippe Pinchart. En 1686, on portait la valeur locative du premier à 80 fl., celle du second à 30 fl.
En 1505-1506, Jean Allart payait au domaine ducal de Brabant une redevance annuelle de 4 chapons pour un pré « où soloit avoir un stordoir, gisant Al Vaulx, paroische de Blamont ».
Le seul établissement industriel de Nil est une tannerie.
Quelques ouvriers maçons vont travailler en ville rendant la bonne saison.
La route de l'Etat de Bruxelles à Namur par Wavre à Gembloux traverse Nil sur 2,400 mètres.
On compte 41 chemins et 56 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 58,322 mètres, dont 11,550 sont pavés, six ponts et trois ponceaux en briques sont établis sur ces chemins. Le chemin de grande communication n° 110 traverse la commune sur 3,793 mètres. La commune, après l'avoir fait paver, obtint, le 4 décembre 1835, l'autorisation d'y lever un péage, autorisation qui fut prorogée pour dix ans, le 28 juin 1844.
La fertilité des rives du Nil et le peu de bois que les anciens documents signalent à proximité de ce cours d'eau permettent de supposer qu'il y a existé, de temps immémorial, des habitations et des cultures. On a trouvé à Nil, nous a-t-on dit, une monnaie de Vespasien. A l'extrémité E.-N.-E. de la commune, à 2,200 m. N.-E. de l'église de Nil-Saint-Martin, près de la limite de Tourinnes-les-Ourdons, ont existé des tombes que l'on appelait les Tombes de Saint-Martin, ou, d'après Ferraris, les Tombalettes. Les propriétaires du sol, MM. les fermiers Brion, les ont fait niveler, en 1855 ou 1856, parce que les broussailles dont elles étaient couvertes servaient fréquemment d'asile à des gens dangereux. On en comptait deux, placées aux deux côtés du chemin de Corroy-le-Grand à Libersart, à 300 m. environ an N.-N.-O. du Nil. Leur emplacement est encore reconnaissable; on y remarque deux éminences qui ont environ 1 mètre 50 de hauteur sur 25 m. de diamètre. La ligne de jonction des sommets est dirigée approximativement du S.-O. au N.-E., la tombe septentrionale est un peu moins élevée que l'autre. On n'a, parait-il, rien trouvé en détruisant ces monticules, sans doute parce que l'on n'est pas descendu assez bas. Jadis le groupe avait plus d'importance; il se composait de cinq tombes; du moins, en 1616, on signale un lieu dit Aulx Cincque Tombes, et aujourd'hui encore, le sol présente des ondulations qui semblent dues à la main de l'homme.
La juridiction était très partagée dans les quatre Nil, où plusieurs familles de ce nom et des abbayes avaient des possessions entremêlées et des droits plus ou moins étendus. L'abbatialité de Nivelles possédait la partie inférieure de la vallée, qui prit de là le nom du Nil-l'Abbesse, et ce fut dans une fraction de ce domaine, et au lieu appelé Vaux, que la famille de Walhain éleva ce manoir, dont la tour, masse imposante et pittoresque, subsiste encore presque en entier.
Au XIVe siècle, Pietres Coteriaul (le célèbre tribun Pierre Coutrel), étant bailli du Brabant wallon, ouvrit une enquête dans le hameau voisin, à Nil-le-Pierreux; de là naquit une grave contestation entre lui et les officiers de l'abbesse, qui considérèrent ce fait comme une usurpation. Par un record des échevins de Nil-l'Abbesse, du mois de décembre 1363, il fut déclaré que l'abbesse « pouvoit faire enquêtes de tous cas, soit de hauteur, soit d'autre, et si on trouve nul trou en la ville, ils sont à elle. On n'y a jamais vu faire, au nom du duc, ni abornements sur voies et sur chemins, ni chierkemanage (espèce d'enquêtes), ni rentier (nomination d'officier pour percevoir des cens). L'abbesse peut prendre et quitter (ouvrir et fermer?) l'enquête. Le bailli du duc ne peut en provoquer. Après le prononcé des jugements, les amendes appartiennent, pour deux tiers, à l'abbesse; pour un tiers, à l'avoué (c'est-à-dire au sire de Corbais, comme nous le verrons plus loin). L'abbesse fait arrêter les larrons et les livre aux officiers du duc à la limite de sa terre et, si les coupables ont des meubles, elle en garde la propriété ».
L'un des seigneurs du manoir de Vaux, sire Henri de Walhain, fut impliqué dans un crime qui faillit lui coûter la vie. Deux mauvais garnements, nommés André et Watelet, ayant tué le sire de Petit-Lez, Thibaud de Landries dit de Roucourt, la ville de Louvain adressa des plaintes si vives au duc Philippe de Bourgogne et à son conseil que les coupables lui furent livrés et furent exécutés. Comme on découvrit que ce meurtre avait été accompli pour gagner de l'argent et que c'était Henri de Walhain, fils naturel du sire de Vaux, qui en avait donné l'ordre, les biens du chevalier furent séquestrés et il ne put en obtenir mainlevée qu'en payant une amende énorme : 2,400 clinckaerts et 6 cromsteerten. Ceci se passait entre les années 1431 et 1436; en 1443, sire Henri de Walhain ayant accusé de trahison Gérard Vandenhove, celui-ci le fit condamner par les magistrats de Louvain à se rendre, en réparation de çette insulte, à Milan, ou à payer 10 peters de 18 sous.
Du temps de Maximilien d'Autriche, la tour del Vaux fut attaquée, et le moulin voisin pillé et ruiné. Quinze ans après les guerres de l'année 1488-1489, il était encore en ruines. La Cense de la Couvetrée, à l'abbaye de Salzinnes, souffrit aussi de grands dommages et obtint la remise, pendant trois années, des 40 corvées qu'elle devait au domaine; puis, pour les années suivantes, la remise de la moitié de ces corvées.
Sous le règne de Charles-Quint, les querelles à propos de la juridiction recommencèrent entre les officiers du duc et ceux des seigneurs. En 1547-1549, le seigneur de Nil le-Pierreux, Antoine de Jupplu, fit confisquer les biens d'un habitant de ce domaine, Henri Loys, parce qu'il avait commis un homicide à Petit-Manil, près de Gembloux, quoique le bailli du Brabant wallon eût déjà ordonné la saisie de ces biens et défendu au maire d'Antoine de s'en emparer. Le maire prétendit que le souverain n'avait en cet endroit que la « relivrance », c'est-à-dire que la remise des criminels, tandis que, suivant le bailli, le contraire (c est-à-dire le fait que le duc pouvait également faire confisquer et vendre les biens de ces criminels) était tout notoire ». Le bailli poursuivit si énergiquement l'affaire que Loys, après avoir obtenu sa grâce, paya entre ses mains 30 florins. Néanmoins un procès surgit en conseil de Brabant et le domaine ne parait pas l'avoir gagné, au contraire, tout atteste qu'il renonça au droit d'exercer la haute justice, sans que nous trouvions qu'il l'ait jamais aliénée ou engagée.
A Nil-l’Abbesse, les officiers de l'abbesse de Nivelles ayant confisqué les biens d'un homicide, le lieutenant du bailli du Brabant wallon se rendit à la maison du coupable et expulsa ces officiers, leur interdit de toucher aux biens saisis et fit grâce au coupable, moyennant le payement de 12 florins.
En 1989 et 1690, Nil-Saint-Vincent fut accablé de logements militaires
En l’an III, ce village devint le chef-lieu d'un canton de la Dyle, canton qui comprenait Nil-Saint-Vincent, Corbais, Corroy-le-Grand, Chaumont, Gistoux, Saint-Lambert, Tourrines-les-Ourdons, Saint-Paul, Sart-lez-Walhain et Walhain, et qui, en l'an X, a été réuni en entier (sauf Chaumont et Gistoux ) au canton de Perwez. Lors des élections des années V, VI et VII de la République, l'assemblée du canton de Nil-Saint-Martin, baptisée du nom pompeux d'Assemblée primaire de la Constitution, siégea dans l'église de Nil-Saint-Martin.
Un décret impérial du 27 octobre 1812 a réuni en une seule commune Nil-Saint-Vincent, qui comprenait aussi Nil-l'Abbesse, Nil-Pierreux et Vaux, et Nil-Saint-Martin.
Les deux villages de Nil, après avoir fait partie de la mairie de Mont-Saint-Guibert, puis du canton de Nil-Saint-Martin, ont été joints au canton de Perwez.
Voici comment s'expriment les anciens Comptes des baillis de Nivelles au sujet des différentes juridictions de Nil :
« En la paroisse de Nil-Saint-Vincent et de Niel-Pireuse, la demoiselle de Nil (c'est-à-dire la dame de Nil-Saint-Vincent) et le prieuré de Géronsart ont, si qu'il maintiennent, cours et jugeurs, cens, rentes, loix et amendes, qui se jugent suivant la loi de Louvain, et monseigneur (c'est-à-dire le duc de Brabant) y a la haute justice ».
« En la paroisse de Nil-Saint-Martin, une des parties est del hauteur de monseigneur, l'autre partie au seigneur de Walhain, la troisième partie au seigneur de Jauche, si qu'il maintient, et monseigneur n'a fors que la souveraineté, et est à savoir que Jehan de Sombreffe et l'abbé de Gembloux disent avoir cours et jugeurs, loix et amendes, qui se jugent selon la loi de Louvain ».
Ces extraits ne suffisent pas pour donner une idée suffisante des diverses juridictions qui se partageaient les Nil. A Nil-Saint-Vincent et Nil-le-Pierreux il n'y en avait en réalité qu'une seule : celle des seigneurs du lieu, qui succédèrent aussi, parait-il, aux droits exercés par les religieux de Géronsart. Les seigneurs possédaient non-seulement la moyenne et basse justice, mais aussi la haute, comme il est dit formellement dans l'acte de relief de Jeanne-Marie-Françoise d'Amenzaga, en 1765, contrairement à ce que prétendent les Comptes des baillis de Nivelles et le Compte de la mairie de Mont-Saint-Guibert pour les années 1607 à 1619. Suivant l'opinion généralement acceptée, c'était la coutume de Louvain qui dominait dans les deux Nil; d'après le Compte du bailli de Nivelles pour l'année 1445-1446, on suivait à Nil-Saint-Vincent la coutume de Liège.
A Nil-l'Abbesse, où la juridiction fut l'objet de maintes contestations, l'abbesse de Nivelles avait « court et jugeurs, cens, rentes, lois et amendes», et l'on y jugeait suivant la coutume de Nivelles. La dame avait pour avoué le seigneur de Corbais, qui exerçait le droit de haute justice, percevait un tiers des amendes et prélevait 10 muids d'avoine sur le produit du cens abbatial. En outre, les habitants du hameau étaient tenus de livrer à ce seigneur deux chevaux, un chariot et un serviteur, et de lui payer 10 sous par jour lorsqu'il était requis d'accompagner à la guerre le duc de Brabant.
A Nil-Saint-Martin, la juridiction se partageait de la façon la plus bizarre. Le duc y avait la haute justice d'une partie du village et la souveraineté seulement dans les deux autres parties, qui étaient annexées, l’une à la baronnie de Walhain, l'autre à celle de Jauche. Dans la fraction ducale, des seigneurs particuliers (les véritables seigneurs de la localité) avaient « cours et jugeurs, cens, rentes, loix et amendes ».
Le sire de Walhain nommait, dans ce que l'on appelait la Ville delle Haise, un maire et des échevins.
Le sire de Jauche était seigneur haut-justicier dans le domaine appartenant, en propriété, à l'abbaye de Gembloux. Il y levait la mainmorte ou plutôt le meilleur catel, car Nil était l'un des villages de la baronnie de Jauche où la mainmorte avait été réduite au prélèvement du meilleur meuble, comme l'attestèrent les échevins de Jauche en 1341. En 1531, il y eut un débat à propos de la mainmorte entre l'abbaye et le sire de Jauche; celui-ci, en vertu de ses droits, avait fait saisir un cheval, qu'il se vit obligé, parait-il, à restituer.
Nous voyons, en mars 1270-1271, Gérard, sire de Jauche, autoriser les religieuses de Salzinnes à acquérir cinq bonniers de terres, pour les tenir en « masurerie », c'est-à-dire comme masuïers ou tenanciers. Au XVIIe siècle, Guillaume de Cotereau, l'un de ses successeurs, sépara de sa baronnie la Seigneurie de Hayze, à Nil-Saint-Martin, et la juridiction, les cens, les droits qui en dépendaient, pour en faire abandon au seigneur de Nil-Saint-Martin, Jean de Béthune (relief du 9 novembre 1652).
Par un accord en date de 1736, le monastère de Gembloux s'accorda, au sujet de ses droits, avec un nommé Gilon ou Le Gilon, qui semble avoir été, à titre temporaire, seigneur de Nil-Saint-Martin. La communauté renonça formellement à la haute justice, réclama le droit de former une cour foncière, composée d'un maire et d'échevins, devant lesquels devaient être passés tous actes de transport, d'avoir la chasse, la pêche, un banc au chœur, de posséder une cense exempte de toute servitude, plaids généraux et mainmortes. Les échevins de Gembloux à Nil avaient décidé, en 1533, qu'on ne payait pas de droit de congé pour les actes passés devant eux.
Le domaine ducal ne possédait aucun revenu direct à Nil, si ce n'est, à Vaux, un cens de 4 sous 6 deniers de Louvain.
Jadis les quatre Nil formaient deux juridictions, sous le rapport des aides ou impôts : d'un côté, on rangeait Nil-Saint-Martin; de l'autre, le restant du territoire. Actuellement, le conseil communal se compose de neuf membres, dont un tiers choisi parmi les éligibles de Nil-Saint-Vincent et des hameaux non désignés, un tiers parmi ceux de Nil-Saint-Martin et le dernier tiers parmi ceux de Nil-le-Pierreux et des Hayettes.
La commune ne possède que 1 hectare 49 ares. Son budget, pour l’année 1859, présente les chiffres suivants :
Nous avons placé plus haut tout ce que nous avions à dire de la juridiction de Jauche à Nil-Saint-Martin; nous ajouterons à ce qui a été dit de celle de Walhain au même endroit qu'elle comprenait, en 1544-1545, un cens produisant 17 sous 11 deniers, 4 setiers d'avoine et 11 chapons, et une taverne et brasserie payant, par an, 3 livres 10 sous. On appelait cette seigneurie la Cour de l'Haize à Nil.
Outre les chevaliers de Nil que nous aurons occasion de mentionner en parlant de la seigneurie de Nil-Saint-Martin et de celle de Gembloux dans ce village, il en existe dont la filiation est difficile à établir : vers l'an 1100, Nicolas, chevalier de Nel ou Nil, donna au prieuré de Wavre un bonnier de terre qui avait été cédé par Hellin de Vile à sa fille Hedewige. En 1120 environ, Bonon de Nil figure parmi les témoins d'un acte de libéralité d'Amelric de Beaurieu en faveur du même prieuré, auquel une dame nommée Anne donna alors 3 bonniers situés à Nil, par l'entremise du duc Godefroid Ier.
Le premier seigneur de Nil-Saint-Vincent dont nous ayons retrouvé le nom est Henri de Niel, qui donna à l'abbaye de Salzinnes la dîme de Nil, qu'il tenait en fief de l'évêque de Liège, et l'église de Saint-Vincent; cette cession fut confirmée par l'évêque Hugues de Pierrepont, en 1205, à la demande de l’abbé d'Alne, de Hugues, sire de Florennes; de Clarembaud d'Hauterive, de Philippe, frère de Clarembaud, et d'Anselme de Falmagne.
En 1257, le chevalier Jean de Nil et Godefroid, son fils, du consentement de l'évêque Henri de Gueldre, cédèrent à la même communauté dix bonniers de terres, à charge d'un cens annuel d'un denier de Louvain par bonnier.
En 1264, au mois de rosales (?), la demoiselle Ide de Saint-Vincent, qui était béguine, renonça à son patrimoine en faveur des religieuses de Salzinnes.
En 1314, le jeudi après le dimanche Misericordia, Godefroid de Nil-Saint-Vincent releva à Liège, de l'évêque de cette ville, « le village, la seigneurie et la justice » de Nil-Saint-Vincent, avec la moitié de Nil-le-Pierreux; 5 bonniers de prés, un étang et 4 tenanciers à Nil-l'Abbesse, et dans ces localités un revenu annuel de 10 livres.
Le 1er juillet 1391, un autre Godefroid, se qualifiant de fils de Godefroid de Nil-le-Pierreux, releva le village de Nil-Saint-Vincent et ses dépendances. Il eut pour successeurs :
Colard Aubry, par cession du précédent (r. du 24 avril 1382);
Gertrude Aubry, en qualité de fille d'Aëlis de Chaumont;
La même et son mari Lyon ou Léon d'Udelcen ou Udekem (relief du 28 juin 1414);
La même, devenue veuve (r. du 7 février 1418);
Léon d'Udekem, son fils (en 1419);
Léon, fils du précédent et de Mathilde Vanderborcht (en 1464);
Cole ou Nicolas, fils de Léon et de Jeanne de Walhain, dame de la seigneurie voisine de Vaux (r., pour Vaux, du 4 mars 1496-1497);
Nicolas, fils de Nicolas et de Catherine de Liefkenrode (r., pour Nil, de 1520; pour Vaux, du 9octobre 1512);
Léon, son frère (r. pour Nil, en 1530; pour Vaux, du 6 février 1526-1527);
Anne, fille de Léon et d'Anne de Marbais, dame de Winghe-Saint-Georges (r. pour Nil, en 1547; pour Vaux, du 26 juillet de cette année), et qui s'allia successivement à Antoine de Jupplu, seigneur de Blanmont et à Christophe Vrancx;
Guillaume de Jupplu, fils d'Anne, releva les biens de Vaux, le 16 mars 1566-1567;
Catherine Vrancx, sa sœur, releva Nil dès l'an 1557, et hérita ensuite de Guillaume, son frère utérin (r. pour Vaux, du 13 mars 1590);
Messire Jean Vander Vorst, fils de Catherine et de messire Jean Vander Vorst, drossard d'Aerschot (r., pour Nil, de 1628; pour Vaux, du 28 juillet 1632);
Messire Jean-François, fils du précédent et de Louise-Claire Van den Tympel (r., pour Vaux, du 5 octobre 1638);
Les enfants de Jean-François Vander Vorst, et, en particulier, Louise-Claire, qui épousa Jean-Jacques d'Amenzaga, colonel au service d'Espagne, gouverneur de Louvain (r., pour Nil, de 1657; pour Vaux, du 26 juillet 1658);
Jean-François d'Amenzaga, fils de l'héritière des Vander Vorst (r., pour Nil, de 1697; pour Vaux, du 19 septembre 1689);
Messire Marc-Antoine d'Amenzaga, fils de Jean-François et de Marie-Thérèse Le Roy, fille de Marc-Antoine, seigneur de Bossut (r., pour Nil, de 1702; pour Vaux, du 10 janvier 1698);
François-Louis d'Amenzaga, second fils du précédent (r., pour Nil, du 11 juin 1751; pour Vaux, du 6 mars 1720); son frère aîné, Marc-Guillaume, lui laissa les seigneuries d'Archennes et de Bossut (voir la livraison IV, p. 215), qu'il avait eues en partage;
Jeanne-Marie-Françoise d'Amenzaga, leur sœur (r., pour Nil, du 6 septembre 1765; pour Vaux, du 30 avril 1757), épousa Charles-Théodore Schotte, vicomte de Berghes-Saint-Winoc, dont la postérité conserva le patrimoine des Amenzaga et des Le Roy.
Nous possédons peu de données sur la seigneurie de Nil-Saint-Vincent et Nil-le-Pierreux, qui depuis a été morcelée; nous savons seulement que ses possesseurs tenaient à cens de la cour des alleux de Mont-Saint-Guibert 20 b. de terres, 12 b. de bois, nommés le Bois del Vaux, et, à Tourinnes-les-Ourdons, encore 4 b.; en outre , ils possédaient à Nil-le-Pierreux une taverne. La ferme de la Tour, dans ce hameau, fait partie de leur patrimoine.
Nil-Saint-Martin compta une lignée particulière de chevaliers, dont les possessions s'émiettèrent, au XIIIe siècle, au profit des communautés ecclésiastiques. Sire Thomas de Niel, le premier, donna, avec le consentement de sa suzeraine, la dame de Perwez, au couvent de Lérinnes une dîme, en 1220; à l'abbaye de Villers une part du patronat de l'église de Tourinnes-les-Ourdons, en 1218. En février 1233-1234, le samedi après la Saint-Mathias, Thomas, se qualifiant de chevalier de Nil-Saint-Martin, légua encore à Lérinnes, de concert avec son frère Rodolphe Bassuns de Tourinnes, tous ses revenus, cens, prés, terres, serfs et serves de Lérinnes, sauf que Rodolphe retint sa part dans les revenus. Thomas n'eut, à ce qu'il semble, qu'une fille, Elisabeth, qui céda au monastère du Secours-Notre-Dame (?) (Succursus Beate Marie), où elle devint religieuse, l'alleu et les droits qu'elle possédait à Nil en Brabant et Tourinnes-les-Ourdons, et qui consistaient en 4 bonniers de terres et en cens, revenus, serfs et serves, équivalant, valeur vénale, à un bonnier ou 10 livres de Louvain. Le couvent déclara, au mois de décembre 1237, abandonner cette acquisition aux religieux de Lérinnes.
Une propriété des sires de Sombreffe à Nil-Saint Martin, fut longtemps relevée des ducs de Brabant en même temps que Sombreffe et Ottignies; elle portait jadis le nom de Mont-Saint-Martin (Sinte-Mertens-Berge) et, dans le premier relief où elle figure, à la date du 3 mai 1447, on dit que c'était une fraction de la terre de Sombreffe, dont elle avait jadis été démembrée, à la suite d'un partage entre frères, et avec laquelle elle ne devait constituer qu'une seule tenure.
Elle eut les mêmes maîtres qu'Ottignies (les Sombreffe, les Virnembourg, les Manderscheydt) jusqu'en 1614, que le comte de La Marck, baron de Lummen et de Seraing-le-Château, la vendit à maître René Van Ryswyck, avocat au conseil de Brabant (r. du 7 mai 1614). Celui-ci eut pour successeurs :
Marguerite, fille de maître René, représentée par Pierre Vanden Broecke, membre du grand conseil de Malines (r. du 30 juin 1629);
Maître Jean Van Ryswyck et consorts, par héritage de leur sœur Marguerite (r. du 18 juillet 1653);
Jean Béthune ou de Béthune, lieutenant-colonel (r., pour une moitié achetée des précédents, le 24 juillet 1653; pour l'autre moitié, acquise des fondés de pouvoirs de Daniel Van Hoensbroeck, seigneur d'Alden-Valckenborgh, se prétendant possesseur légitime de la terre d'Ottignies et de ses dépendances, le 4 octobre de la même année);
Messire Jean-Antoine de Béthune, fils du lieutenant-colonel et de Catherine Pinchart (r. du 30 septembre 1679);
Messire Alexandre-François de Béthune, fils du précédent et d'Isabelle Pinchart, dame de Castillon â Villeroux (r. du 20 octobre 1706);
Alexandre-François-Joseph de Béthune, fils du pré-cédent (r. du 1er février 1716);
Albert-Joseph de Béthune, sous-lieutenant et ensuite capitaine dans les gardes wallonnes (r.du 9 décembre 1739);
Albert-Joseph-Ghislain Le Gros, fils aîné d'une sœur de la précédente et de Charles-Hyacinthe-Joseph Le Gros (r., pour une moitié du fief, du 10 mars 1772);
Charles-Léopold Le Gros, chevalier, premier lieutenant au régiment de Murray au service d'Autriche, frère de Charles-Hyacinthe (r. du 1er février 1770).
Nous ignorons ce que devinrent les Le Gros. Nous voyons dans les journaux de la fin du XVIIIe siècle qu'un militaire de ce nom, chef de brigade au deuxième régiment d'infanterie belge au service de France, fut pris par les Autrichiens, le 17 août 1793, dans un combat livré près de la forêt de Mormal, et fusillé le lendemain, à Valenciennes. En souvenir de a valeur dont il avait fait preuve, la Convention ordonna que son nom serait inscrit sur une des colonnes du Panthéon, sa veuve pensionnée et ses enfants déclarés enfants de la patrie.
La seigneurie de Nil-Saint-Martin formait un fief relevant du duché de Brabant, et ayant un maire, on échevinage, une maison ou château, avec jardin et 38 bonniers de terres, un cens de 50 chapons, 550 tournois, 10 muids d'avoine, mesure de Wavre; le droit de lever la mainmorte etc.
Le château, qui était en ruines en 1614 et 1650, fat rebâti par le lieutenant-colonel Béthune et sa femme. Ce manoir est peu éloigné de l'église et n'offre rien de remarquable. Le corps de logis n'a qu'un étage au-dessus du rez-de-chaussée et se termine au nord par une tour carrée peu élevée; le long du chemin se trouve un bâtiment parallèle, au milieu duquel s’ouvre une porte cochère, surmontée d'un pigeonnier, et dont les extrémités sont flanquées d'une tourelle carrée, en briques, amortie d'un toit en pyramide. Le château a été longtemps possédé par M. Louis Artan; actuellement, il appartient à M. J.-B. Michiels, qui l'habite. Les Pinchart eurent aussi des biens a Nil-le-Pierreux, dont le moulin appartient encore aux de Grunne, leurs descendants par alliance. La tour del Vaux, résidence seigneuriale plus importante que celle qui précède, fut bâtie par les seigneurs de Walhain dans un domaine de l'abbesse de Nivelles. C'est ce qui résulte d'un acte de l'an 1199 où l'abbesse Berthe, après avoir déclaré qu'elle possédait à Nil un terrain désert, inculte et dont elle n'espérait retirer aucun produit, en fait donation à Arnoul de Walhain et à son fils, à la charge de payer à la Saint-Remi un cens annuel de 10 sous, monnaie de Bruxelles, et de recevoir l'investiture de ce bien des mains du maire de l'abbesse, suivant l'usage des tenanciers.
Suivant Hemricourt, Lancelot delle Vaz, que nous allons énumérer parmi les possesseurs successifs de la tour del Vaux, descendait d'Othon de Walhain ou de Guillaume de Bertinchamp, frères d'Arnoul, sire de Walhain. Othon fut bailli de Nivelles et du Brabant wallon en 1290 et sénéchal du duché de Brabant en 1296, et posséda dans le Namurois plusieurs biens qu'il vendit au comte Guy de Dampierre, en 1281.
L'assertion du vieux chroniqueur, que nous venons de reproduire, ne parait pas être complètement exacte, car la liste des seigneurs particuliers de Vaux commence par Arnoul, fils d'un seigneur de Walhain, qui, en 1312, tenait en fief du duché de Brabant dix bonniers de terres, un moulin et la banalité de ce moulin. Ce bien passa ensuite et successivement à :
Henri, frère d'Arnoul. Henri, fils de Henri, chevalier, soigneur de Vaux et de Villers-Perwin, l'un des témoins du traité d'union conclu, en 1336, entre le Brabant et la Flandre; il épousa Catherine, fille du chevalier Jean de Wyneghem et d'Aleyde Eggloy, qui lui donna plusieurs enfants. L'ainé, Jean, surnommé Lancelot de Walhain, chevalier, combattit à Bastweiler sous la bannière du sire d'Agimont, seigneur de Walhain, de qui il tenait quelques fiefs; ses pertes dans cette funeste journée furent évaluées à 1,320 moutons. Le 23 juin 1384, la duchesse Jeanne lui confirma la possession d'une rente de 50 royaux, à prélever sur le grand tonlieu de Brabant, en exécution de la cession d'une semblable rente de 50 livres, donnée à l'un de ses aïeux par le duc Jean, le quatrième jour après la Saint-Jean-Baptiste, en 1279. De Lancelot naquirent Henri de Walhain, Jean, qui devint abbé de Gembloux, et deux filles, nommées Marie et Elisabeth. Henri, chevalier, fut l'un des seigneurs qui portèrent, le 15 août 1420, une sentence contre les conseillers du duc Jean IV; nous avons déjà parlé de l'homicide dont il fut le complice et qui lui attira une très lourde condamnation pécuniaire.
Son fils Jean releva Vaux par cession de son père, le 26 octobre 1444, et se maria à Catherine, fille de Jean Hinckaert, à qui leur contrat de mariage assigna une rente annuelle et viagère de 300 clinckaerts.
Jeanne de Walhain, leur fille et leur héritière, épousa Louis d'Udekem le jeune, seigneur de Nil-Saint-Vincent et Nil-le-Pierreux (r. du 13 décembre 1472). Lors de leur mariage, Jean de Walhain renonça à ses droits sur le fief del Vaux et promit que sa femme ferait également abandon de son douaire.
Nicolas d'Udekem releva une moitié du fief del Vaux après la mort de Jeanne, sa mère (r. du 4 mars 1496-1497).
Depuis cette époque, Vaux et Nil-Saint-Vincent eurent les mêmes maîtres. Le fief de Vaux comprenait, outre la maison de ce nom, un moulin avec droit de banalité, 5 bonniers de terres (1312, 1374) ou de prés (1440), des étangs, des bois, un cens de 104 chapons et 18 tournois, six tenables ou tenanciers, une cour féodale de onze fiefs, dont l'un était une maison ou tenure près de la chapelle de Beaurieu et qui appartenait, en 1440, à Henri de Beaurieu. En 1530, on mentionne la chapelle del Vaulx, qui était dédiée à saint Jacques et constituait une dépendance du couvent de Lérinnes. La position sociale des Walhain de Vaux était notablement accrue par trois autres beaux fiefs qu'ils relevaient du Brabant et dont les deux premiers se trouvaient à Petit-Lez et le troisième se composait de la rente de 50 royaux déjà citée.
La Maison delle Vaux ou, comme on l'appelle dans un dénombrement de 1530, la Tour del Vaulx messire Henri, était en entier environnée d'eau. Au temps où elle constituait une résidence seigneuriale, on y avait, selon toute apparence, élevé différents bâtiments. Aujourd'hui il n'existe plus qu'une tour en ruine, qui s'élève dans une prairie que contournent deux bras de l'Orne. Le souvenir de l'origine de cette construction est complètement effacé : les habitants du voisinage lui donnent le nom de Tour des Sarrasins, appellation banale que l'on a essayé d'expliquer, vieil écho des récits populaires auxquels les croisades donnèrent naissance. Le docteur Marlin, en rapportant l'assertion fort douteuse d'un vieux maçon, qui parlait de pierres avec inscriptions détachées de la tour del Vaux et enfouies dans les fondements d'une maison voisine, suppose que, par cet acte de vandalisme, on a privé « les contemporains de la solution d'un problème intéressant, et préparé pour nos descendants un autre problème, qui sera aussi pour eux probablement insoluble ».
Comme on peut en juger, le problème prétendument insoluble s'explique très bien. L'un des sires de Walhain, séduit par la situation favorable des prairies situées au confluent de l'Orne et du Nil, aura consenti à se ranger parmi les tenanciers du chapitre de Nivelles pour pouvoir devenir propriétaire de ces prairies et y bâtir une forteresse. Le peuple de nos campagnes, accoutumé à voir les riches habiter d'élégantes et commodes villas, a peine à croire que jadis l'aristocratie se plaisait dans de sombres donjons, tels que la tour del Vaux, la tour de Bierbais, qui n'en est éloignée que de 1,300 m. vers l'ouest, et celle de Corbais, moins colossale, qui se trouve à 2,000 m. vers le N. -E.
La tour del Vaulx devait être encore assez bien conservée en 1814, puisqu'un soldat hanovrien, après avoir tué l'un de ses compagnons d'armes, s'y réfugia avec des vivres et des munitions, s'y barricada, et obtint, dit-on, après plusieurs jours de siège, une capitulation qui lui laissait la vie sauve. Depuis elle a été la proie des habitants de voisinage, qui en enlèvent les pierres pour leurs propres habitations. Malgré ces dégradations, malgré la chute du couronnement, elle s'élève encore à plus de 20 m. de hauteur. Elle appartient à M. Vandewerve.
Les angles de la tour sont à peu près dirigés vers les quatre points cardinaux. Tout autour de l'édifice règne un soubassement peu saillant, qui s'arrête à la naissance d'une meurtrière pratiquée dans chacune des faces N.-O. et S.-E. pour donner de l'air à la cave. La face S.-O. est percée, au-dessus du soubassement et près de l'angle S., d'une baie servant de porte d'entrée et à laquelle on ne pouvait arriver qu'à l'aide d'un pont mobile; plus haut s'aperçoivent deux meurtrières destinées à éclairer l'escalier. La face N.-O. montre à chacun des étages (au-dessus du souterrain) une baie carrée dont le linteau est un monolithe en fronton obtus; il reste en outre, au premier étage, les consoles et l'ouverture d'un moucharaby. La face N.-E. n’a qu'une baie à chaque étage. La face S.-E. a une baie au premier et au troisième étage, deux baies au deuxième.
En pénétrant dans la tour, on remarque d'abord l’épaisseur de la muraille, qui n'a pas moins de 2 m. 10. La porte débouche sur l'extrados d'une voûte en berceau, qui recouvrait un étage souterrain et a été démolie; des ouvertures pratiquées dans les parois montrent l’emplacement des poutres qui divisaient la tour en trois étages. L'escalier est pratiqué dans l’épaisseur du mur S.-O.; l'ouverture qui y donne accès se voit à l'angle O.; en gravissant 19 marches on se trouve, dans l'angle S., à la porte du second étage, où l'on doit s'arrêter, le plancher ayant disparu; dans l'angle O. recommence un second escalier parallèle an premier, qui mène à l'étage supérieur. La cheminée est installée dans le mur N.-O. Toutes les baies que nous avons énumérées en décrivant l'extérieur de la tour, s'ébrasent vers l'intérieur et sont surmontées d'un cintre surbaissé.
Les détails de la construction et la présence d'un moucharaby portent à croire que la tour date de la fin du XIIIe siècle, comme la charte de l'abbesse Berthe semble aussi l'attester.
En face du moulin del Vaux, sous Hévillers, à la limite vers Nil, se trouve l'entrée d'un souterrain qui communiquait avec la tour. On prétend qu'il se prolonge assez loin sur le territoire d'Hévillers, dans la direction du château de Bierbais; il est maçonné en pierres, assez étroit et surmonté d'une voûte en berceau surhaussé. On en a comblé une partie et fermé l'entrée par une porte grillée, en fer.
Parmi les propriétés d'ecclésiastiques, nous compterons d'abord la seigneurie de l'abbesse de Nivelles, qui avait à Nil-l’Abbesse, un maire, des échevins, un greffier, un sergent, un livre censal (valant 40 florins), le droit de chasse et de pèche (qui se louait autrefois deux couples de perdreaux ou un florin), 14 bonniers de terres etc. Dans le partage du patrimoine de sainte Gertrude, et notamment en 1059 et 1136, Nil fut d'abord compris parmi les domaines attribués à la communauté et non parmi ceux qui formaient la part de l'abbesse.
Vers l'an 1000, l'abbaye de Gembloux reçut en don de Walter de Nil tout ce qu'il possédait dans ce village, et deux personnages, Albuin et Hellin, qui prirent l'habit religieux dans le monastère, y ajoutèrent leurs biens et une partie de l'église. Du temps de l'abbé Olbert (qui mourut en 1048), le moine Liethard accrut ces possessions, mais non sans péril pour la communauté. Il y eut alors une si grande querelle entre les religieux et les parents des donateurs, que les deux parties en seraient venues aux mains si l'on n'avait apporté de Gembloux la châsse de saint Exupère.
Du temps de l'abbé Mysach, mort en 1071, on mentionne comme appartenant à l'abbaye un cens annuel de 8 sous, provenant du bien de Fastrade ou Fastré, à Nil, et vers cette époque, Liethard, devenu abbé, organisa l'exploitation de ce domaine. Outre sa juridiction seigneuriale, l'abbaye avait à Nil-Saint-Martin, l'église, dont l'évêque de Liège, en 1210, et le pape Innocent III, en 1213, lui confirmèrent la possession; les deux tiers des dîmes, qui produisirent, en 1787, 642 florins; un livre censal et cour foncière (produit, en 1787, 42 fl.), et une ferme, la Cense de la Matourée, avec 48 b. de terres et 4 b. de prés (produit, 578 fl.). En l'année 1793, l'abbaye louait à François Pois la ferme, avec la dîme et le cens, moyennant 1,280 fl., outre 100 setiers de froment, 2 doubles souverains qui se donnaient à l'abbé et 5 écus pour le sacristain do monastère. La Matourée, avec 48 b. de terres, fut vendue, le 27 pluviôse an VI, moyennant 1,175,000 livres, à Dangerard et Cie, de Paris.
Parmi les fiefs qui se relevaient de l'abbaye de Gembloux figuraient la Maison et tenure del Marcelle, à Nil-Saint-Martin, qui, après avoir appartenu à Jean Vry, à Philippe son fils (r. du 18 décembre 1545 ; à Guillaume del Marcelle, maire de Corroy-le-Château (r. du 8 janvier 1540); à Jean Vry, fils de Philippe (r. du 8 juin 1570); à Antoine Andrieu, à Gilles Hourlart, à Arnoul Hulet, à Madeleine Jamotteau, fut acquise par Jean-Antoine de Béthune (r. du 8 juin 1676) et réunie à la seigneurie principale .du village.
L'abbaye du Val-Saint-Georges ou de Salzinnes, devenue maîtresse de l'église et de la dîme de Nil-Saint-Vincent, eut bientôt augmenté ses possessions en cet endroit. En 1218, Baudouin, chevalier de Chaumont, du consentement de Jean, son fils, donna à la « pauvre maison de Saint-Georges près de Namur » toute la tenure qu'il tenait en fief d'Alard, abbé de Stavelot, à condition de payer tous les ans 12 deniers â Tourinnes (Tourinnes-en-Hesbaye), où le monastère recevrait l'investiture du bien. Les religieuses acquirent de Simon, « clerc » de Nil, une tenure allodiale, avec l'approbation du chevalier Baudouin de Huleu, bailli du duc Henri (juillet 1219).
Le prieuré de Géronsart leur contestait la propriété de douze b. de terres; Jean, doyen de Saint-Aubin à Namur, accepté pour arbitre, en adjugea onze à Salzinnes et un seul à Géronsart ( 1er septembre 1232). Quelques difficultés s'étant élevées entre les corporations de Salzinnes et de Gembloux, au sujet des limites de leurs dîmes respectives, un échange fut conclu en 1250, le vendredi après les octaves de Pentecôte, du consentement de Walter, investi ou curé de Nil-Saint-Martin, et de Hugues, investi de Nil-Saint-Vincent.
En 1787, Salzinnes affermait sa dîme moyennant 854 florins, et sa ferme moyennant 1,013 fl. 15 s. Cette ferme représentait la tenure ayant appartenu «Baudouin, sire de Chaumont, et comprenait 70 b. de terres, 3 b. 1 j. de prés, 1 b. 2 j. de prés à foin. On la nommait la Couviltrie ou Couverterie; elle devait au domaine des corvées, en remplacement desquelles on payait, au siècle dernier, 21 fl. 6 s. par an, à la recette des cens de Mont-Saint-Guibert. Cette ferme, avec 34 b. 1 j. de dépendances, fut vendue, le 1er pluviôse an VI, moyennant 830,000 livres, à P.-Fr.-Jh. Baugniet, qui en était locataire.
Le prieuré de Géronsart, dans le Namurois, reçut en don de Nicolas, fils d'un seigneur de Nil-le-Pierreux, qui devint moine dans ce couvent, des biens, qui furent aliénés, le 15 juillet 1413, à charge d'un cens de 8 fl. dits mailles, 2 muids de froment et 4 muids de seigle.
Le prieuré de Groenendael, dans la forêt de Soigne, eut à Nil-le-Pierreux une ferme, peut-être la même que celle dont nous venons de parler. Les religieux ayant fait placer une barrière pour interdire aux bestiaux l'entrée de leurs prairies, il s'ensuivit, par-devant les échevins de Nil-le-Pierreux, un procès qui fut ensuite déféré au conseil de Brabant, où l'on chargea le chancelier et le maire de Mont-Saint-Guibert d'ouvrir une enquête à ce sujet (12 mai 1431).
Les deux temples paroissiaux de Nil étaient, l'un et l'autre, des églises médianes. Primitivement, ils ressortissaient au concile de Gembloux, dans le diocèse de Liège; ils furent ensuite compris dans l’évêché de Namur et firent partie, jusqu'en 1639, du doyenné de Gembloux; après cette année, de celui de Wavre. A la suite du concordat, Saint-Vincent fut érigé en succursale de la cure de Perwez, ainsi que Saint-Martin qui avait Corbais pour dépendance. Peu de temps après, l'église de Nil-Saint-Martin fut rayée de la liste des succursales. Le 5 décembre 1808, le conseil municipal de Nil-Saint-Martin en demanda le maintien et offrit d'assurer au desservant un traitement annuel de 500 francs. Ce temple a en effet été rangé parmi les chapelles reconnues, le 28 septembre 1825, et élevé au rang de succursale par un arrêté royal du 25 septembre 1839.
La majeure partie du territoire de Nil se partage entre les deux paroisses, dont la démarcation, paraît-il, correspond aux anciennes limites des deux communes. Celle de Saint-Vincent comprend Nil-le-Pierreux et Nil-l'Abbesse, sauf une fraction (le moulin del Vaux, la Ferme de la Tour, la Maison Gilain Hennaux), qui reconnaît l'autorité spirituelle du curé de Blanmont.
La cure de Saint-Vincent était, depuis 1205, à la collation de l'abbaye de Salzinnes. En vertu d'un accord conclu en 1321, le lundi de la Pentecôte, entre le monastère et le curé Godefroid, on adjugea au premier les deux tiers et à celui-ci le troisième tiers de la dîme de la paroisse. En 1688, le curé obtint de plus la menue dîme. En 1787, son bénéfice, dont le revenu équivalait, au XVIe siècle, à 30 muids d'épeautre, produisait 829 florins, dont 404 provenant de la grande dîme et 70 de la menue dîme. La cure a été rebâtie en 1858.
Les bénéfices dits de Saint-Jean-Baptiste, de Sainte-Agathe et Sainte-Gertrude et de Saint-Michel étaient à la collation du curé. Au XVIe siècle, ils produisaient respectivement 14, 3 et 4 muids d'épeautre, de revenu annuel, et étaient chargés : le premier, de deux messes par semaine; chacun des deux derniers, d'une messe par quinzaine. Ils possédaient, en 1787 : le premier 5 bonniers de terres (revenu, 78 fl.), le deuxième 5 b. 3 journaux (r. 158 fl. 3 s.), le troisième quelques rentes (r. 31 fl. 20 s.). Il y avait encore la chapellenie de Sainte-Catherine, dont nous parlerons plus loin, en nous occupant de la chapelle de Nil-le-Pierreux. En 1666, la marguillerie recevait en guise de compétence 20 halslers de seigle et 20 d'avoine, mais le marguillier se plaignait que sa dotation fût insuffisante; en 1787, ses revenus montaient à 74 fl. 12 s. Quant à la fabrique de l'église, qui possède 11 hectares, ses revenus s'élevaient, en 1787, à 263 fl. 14 s.; en 1846 (y compris ceux de la fabrique de Nil-Saint-Martin), à 4,266 francs.
Le 22 avril 1705, un accord fut conclu entre la boursière de l'abbaye de Salzinnes et le curé de Nil-Saint-Vincent, autorisé par les gens de loi et le mambour de l'église. Le curé s'engagea, moyennant 60 patacons, à faire construire un nouveau portail et une nouvelle porte sous la tour, une plus grande sacristie, une chapelle des fonts contigüe à la chapelle Saint-Jean, qui touchait à la tourelle ou montée de la tour. En 1736, le curé fit, à ses risques et périls, voûter et plâtrer la nef. Le temple actuel est un grand et bel édifice de style renaissance, dont tout le soubassement est revêtu de pierres grises et qui est précédé d'une tour carrée, amortie d'un toit octogone. On lit, au-dessus de la porte, ce chronogramme : abbatIssa De Vlgnron CULtUl DI Vltio aeDIfICaVit, qui donne la date 1783. A l'intérieur le temple est disposé en basilique à abside circulaire; deux rangées de colonnes toscanes, recevant des arcades en plein cintre, le divisent en trois nefs composées de quatre travées. Les plafonds sont horizontaux.
L'église est entièrement boisée de chêne et possède quatre beaux confessionnaux. Ces derniers sont probablement l'ouvrage de Joseph Delpierre, maître menuisier de Bonlez, à qui on paya 238 fl., en 1787, pour un banc de communion et deux confessionnaux, destinés à en remplacer d'autres, qui avaient été brisés pendant la reconstruction du temple. Les fonts baptismaux, d'une forme assez commune dans les environs de Perwez, ont la cuve décorée de quatre têtes saillantes, à l'imitation des fonts de l'époque romane. On remarque dans le chœur deux beaux chandeliers de cuivre, reposant sur trois griffes et n'ayant pas moins de 2 mètres 20 de hauteur. Ils portent chacun cette inscription : « 1. zualart. escur sr de . sclain . bonneville . sclaireau . chaisier. | de na(mu)r et conseiller, des deux bailliages de sa ma(jes)te aud(i)t Na(mu)r. 1648 ».
On voit aussi dans le chœur une Sainte-Cécile, qui a été payée 1,200 francs à M. Louis Heyndrickx en 1856, et une clochette fort curieuse, servant pour la messe, qui est décorée de bas-reliefs et porte ces mots : Anno Dni MDXLIX Me fecit fieri iasques Pobulal.
Dans la paroi extérieure du chœur, à environ trois mètres de hauteur, est encastrée une pierre sculptée qui semble remonter au XVIe siècle. Elle représente le Christ en croix entre deux personnages; la nature extrêmement friable de la pierre a dégradé à tel point l'inscription qui y est gravée, qu'il n'est plus possible de déchiffrer les mots dont elle se compose.
Vers l'entrée du cimetière, à proximité du portail du temple, sont disséminées plusieurs dalles tumulaires, qui témoignent du peu d'intérêt que le curé actuel porte à la mémoire de ses prédécesseurs. L'église de Nil-Saint-Martin était, depuis le XIe siècle, à la collation de l'abbaye de Gembloux. La dotation de la cure produisait, au XVIe siècle, 36 muids d'épeautre par an. Ce bénéfice jouissait d'un tiers de la dîme, de 11 b. 1 j. de terres et de 1 j. de prairies, le tout rapportant, en 1787, 776 fl. 7 sous. La chapellenie de Sainte-Marie et Sainte-Catherine, qui était chargée d'une messe par quinzaine, valait à son possesseur 3 muids d'épeautre, par an, au XVIe siècle. La marguillerie était dotée de 12 halsters de seigle payés par la Cense de la Mathourée et de la dîme de 8 b. de terres et 2 b. de prés (revenu, en 1787, 91 fl. 13 s.). De temps immémorial, la fabrique de l'église possède 8 hectares, elle avait, en 1787, 233 fl. 17 s. de revenu.
L'église rappelle, sur des dimensions plus petites, celle que nous venons de décrire et dont elle est contemporaine, sauf la tour, qui date de 1723. Entre les années 1777 et 1787, l'église fut reconstruite et la cure réparée aux frais de l'abbaye de Gembloux, qui dépensa 9,979 fl. pour ces deux édifices. C'est aussi un temple de style renaissance, disposé en basilique à trois nefs non voûtées; mais ses colonnes toscanes ne reçoivent que les arcades de trois travées. Le chœur et les nefs sont lambrissés de chêne. Dans le pavement on remarque de belles dalles tumulaires, dont deux rappellent d'anciens curés de la paroisse et la troisième porte ces lignes : D. O. M. | Icy gist noble homme monsieur | charle martin Le gillon | brigadier des gardes du corps | du roy d'espaigne et lieutenant | colonelle de cavalerie au même | service | décédé le premier 7bre 1752 | Requiescat in pace | Amen.
Dès l'année 1272 on mentionne, en même temps que Jean, « vesti » ou curé de Nil-Saint-Vincent, Henri, chapelain de Nil-l'Abbesse. En 1275, le jour de Sainte-Barbe, un accord fut conclu entre celui-ci et le chapitre de Nivelles; il fut alors décidé que Henri et ses successeurs devraient célébrer l'office divin dans la chapelle de Nil-l'Abbesse et que, conformément à l'usage, des mambours seraient élus pour gérer les legs faits à la fabrique de l'oratoire. Ce dernier était placé sous le vocable de sainte Gertrude (capella Sancte Gertrudis in villa de Nilo Abbatisse, dit un acte de l'an 1292). Au XVIe siècle, le bénéfice qui y était annexé valait, par an, 6 muids d'épeautre, et était chargé d'une messe par semaine. Actuellement cette chapelle a complètement disparu et on en ignore tout à fait l'emplacement véritable. Une abbesse de Nivelles annexa le bénéfice de Sainte-Gertrude à la cure d'Hennuyères, dont un des possesseurs, Philippe de Lannoy, abandonna au prieuré de Lérinnes les 12 b. 3j. de terres formant la dotation du bénéfice, en échange d'une rente annuelle de 35 fl. (23 juillet 1688).
En 1787, on mentionne, comme attachée à la chapelle de Nil-l’Abbesse, une chapellenie de Sainte-Catherine, qui possédait 10 b. de terres (revenu, 100 fl.) et était chargée d'une messe par semaine. L'abbesse de Nivelles en avait la collation.
En l'année 1245, maître Robert, chanoine de l'église de Sainte-Croix, de Liège, donna huit bonniers au prieuré de Lérinnes, pour la chapelle de Nil-le-Pierreux, donation qui fut sanctionnée par Henri de Beaurieu, bailli du duc de Brabant. Longtemps après, un laïque, Henri del Vaux, et Jacques son fils, qui tenaient ces biens en arrentement héréditaire, voulurent s'en adjuger la propriété. Cités à comparaître devant le rentier et les alloyers de Mont-Saint-Guibert, ils firent défaut et furent déclarés dépossédés des huit bonniers. Lorsque le couvent de Lérinnes voulut se faire investir de ce bien, ou lui signifia une lettre échevinale de Louvain, où il était déclaré qu'un bourgeois de cette ville, Jean Colon, en était devenu propriétaire. Toutefois, la cause, ayant été portée à Louvain, fut décidée en faveur du couvent; il en fut de même lorsqu'on prétendit qu'un Louvaniste, Jean Hanart, avait acquis le bien contesté. Les échevins de Louvain déclarèrent alors que ce dernier était du ressort de la cour allodiale de Mont-Saint-Guibert, et là, une sentence définitive, rendue conformément à l'avis exprimé par messire Henri de Walhain, confirma solennellement les droits des religieux de Lérinnes (20 décembre 1438).
Outre ces terres, la chapelle jouissait d'une rente de 80 placques et d'une dîme, cette dernière par indivis avec le seigneur de Blanmont et les dames de Salzinnes. Par un acte daté du vendredi dans les octaves de Pentecôte, en 1276, Jeanne, abbesse de Salzinnes, et le chevalier Jacques, seigneur de Mont (ou Blanmont), cédèrent à frère Gilles de Lérinnes, agissant en qualité de recteur de la chapelle de Nil-le-Pierreux, un tiers d'une dîme dans la paroisse de Mont, an village de Nil, dîme dont les deux autres tiers restèrent à l'abbaye, et dont une autre fraction (sur 48 bonniers) continua à appartenir au chevalier. Suivant le baron Le Roy, on voyait dans la chapelle de Nil-le-Pierreux des tombes de membres de la famille de Dave, ceux, sans doute, qui furent maires de Mont-Saint-Guibert, et leurs proches.
Au sud des bâtiments de la ferme del Tour existe encore une petite chapelle, de forme rectangulaire, mais à coins coupés du côté du chœur. Elle est bâtie en moellons et éclairée par deux fenêtres en plein cintre renaissance. A l'intérieur, la charpente du toit est apparente. L'autel n'a pas été démoli, bien que ce bâtiment serve aujourd’hui de magasin à houille, ce qui nous a empêché de constater si le pavement renferme des dalles tumulaires.
Le bureau de bienfaisance de Nil est richement doté et ne possède pas moins de 34 hectares. En 1787, la Table du Saint-Esprit de Nil-Saint-Vincent était propriétaire de 17 bonniers, celle de Nil-Saint-Martin de 9 b. Les revenus de la première s'élevaient alors à 498 fl. 12 s., ceux de la seconde (qui, en 1606, consistaient en 50 halsters de seigle) à 359 H. 9 s. Il y a un siècle, le paupérisme était effrayant, si l'on accepte cette assertion du curé de Nil-Saint-Martin que les trois quarts de ses paroissiens étaient constamment à sa porte, « réclamant assistance ».
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1850, présente les chiffres suivants :
Le dénombrement de 1526 signale à Nil l'existence d'un hôpital. Suivant une ancienne tradition, un homme « assez moyenné », se trouvant égaré, au milieu de la nuit, fit vœu, s'il retrouvait son chemin, de faire manger du pain blanc de froment, le jour du vendredi saint, par tous les hommes du village où il se retrouverait et également par tous ceux du village le plus proche. On ajoute qu'il fut sauvé par le son de la cloche d'une église voisine et que depuis lors a lieu, en mémoire de cet événement, la sonnerie que l'on appelle Sonner au perdu. Le voyageur cheminait entre Blanmont et Nil-le-Pierreux. Arrivé en lieu sûr, il donna, pour l'accomplissement de sa promesse, deux pièces de terres situées à Nil-Saint-Vincent, contenant, l'une 379 verges, l'autre 750 verges, et qui se louaient, en 1787, moyennant 44 mesures de froment et 66 florins. Ce revenu était jadis employé à distribuer des petits pains, dans la proportion suivante : 4 à l'église de Nil-Saint-Vincent, 4 à la fondation des fidèles trépassés, 2 au curé, 2 au maire, 2 au maire de Nil-l'Abbesse, 2 au marguillier. 2 à chaque homme marié de Nil-le-Pierreux, 2 à chaque veuf ou veuve de ce hameau, de Nil-l'Abbesse et de Nil-Saint-Vincent, et 1 à chaque habitant, grand ou petit, de Nil-Saint-Vincent et à chaque homme de Blanmont.
En 1666, les marguilliers des deux paroisses de Nil ouvrirent chacun une école, pendant l'hiver. A Nil-Saint-Vincent, une école communale a été bâtie vers 1838; à Nil-Saint-Martin, le curé Augustin Bara a légué dans ce but au maître d'école du lieu, le 15 juillet 1767, la closière dite le Cortil de Jauche et la prairie joignante à la cure, à condition que si le maître d'école bâtissait sur cet emplacement, le bien passerait à la Table des pauvres. Le souvenir de cette donation est perpétué par l'inscription suivante, qui se lit sur la façade de l'église, à gauche de l'entrée : D. 0. M. | ci gist maître augustin | bara pasteur de Nil St | Martin pendant 48 ans I lequel aiant fondé et | doté une école pour | les pauvres de ce lieu | les laissat ses héritiers | universels et décédât ) le 27 may 1771 âgé de | 86 ans I Priez dieu pour son âme | requieseat in pace. Un arrêté royal, du 22 août 1844, a rétabli cette fondation et en a confié la collation au bourgmestre de Nil et au curé de Nil-Saint-Martin. Le nombre des enfants à qui la commune a fait donner l'instruction, en 1858-1859, s'est élevé à 125: 72 garçons et 53 filles.
Les fêtes se célèbrent : celle de Nil-Saint-Vincent le dimanche avant la Saint-Jean-Baptiste, celle de Nil-Saint-Martin le dimanche de la Trinité.
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