Cette troisième commune du nom de Braine a toujours été surnommée le Château, probablement à cause de l'importance du manoir qui y existe de temps immémorial. On a dit, en latin, Brania Castellum GISLEBERT) OU Brania Castelli (1226, 1234, 1247, 1255) ; en flamand, Brachen (1404) ou Borchbraken (De Dynter), et non Braeken-Kasteel, qui est une traduction vicieuse, adoptée seulement par des écrivains modernes ; en français, Braine le Castial (1302, 1309, 14315), Braine le Castiaul (1303), Brayne le Chaslel (1334), Brayne le Castiel (1390), Brayne le Chasliaul (1486) etc. On prononce en wallon : Braine-Castiau.
La commune de Braine-le-Château est limitrophe de celles de Hal, Wauthier-Braine, Haut-Ittre, Ittre, Clabecq et Lembecq.
Braine-le-Château est à 2 1/2 kilomètres de Wauthier-Braine, 4 k. de Clabecq, 4 1/2 k. d'Ittre, 5 k. de Haut-Ittre, 5 1/2 k. de Lembecq, 7 k. de Hal, 12 k. de Nivelles, 23 k. de Bruxelles.
L'église de Braine-le-Château se trouve située par 56 grades 31 de latitude N. et 2 grades 15 de longitude E.
L'altitude du pavement de l'ancienne église était de 58 mètres ; ce pavement se trouvait à 7 m. 57 au-dessus de la tête amont du pont de Binchefort, sur la route de Tubise, et à 5 m. 24 au-dessus du seuil de la porte de la façade méridionale du moulin du Château, sur la rive droite du Hain.
Le cadastre divise le territoire de Braine-le-Château en 5 sections : la section A ou de Landuit ; la section B ou de Deschamps ; la section C ou du Bois du Chapitre ; la section D ou de Nederhain ; la section E ou de Derrière-les-Monts.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 2,518 parcelles, appartenant à 489 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 75,060-26 fr. (sol : 58,693-26 ; bâtiments : 16,367-00) et ayant une contenance de 1,440 hectares 49 ares 55 centiares (imposable : 4,386 hect. 34 a. 08 ca.; non imposable : 54 hect. 45 a. 47 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834:
On comptait à Braine-le-Château : en 1486, 100 feux (y compris Haut-Ittre) ; au 31 déc. 1856, 528 maisons.
Le village de Braine-le-Château, qui compte 101 maisons ; Landuit, 55 maisons ; les Fonds, 72 maisons ; la Bruyère Minon, 39 maisons ; l’Ermitage, 63 maisons ; le Billot, 39 maisons ; le Petit Beau bois, 29 maisons ; Nederhain, 29 maisons ; les Monts, 101 maisons.
Le village de Braine-le-Château occupe à peu près le centre du territoire de la commune ; il s'étend au bord du Hain, le long de la route de Tubise à Waterloo. Depuis quelques années celte localité prend de l'extension ; on y a érigé quelques constructions assez importantes, parmi lesquelles on remarque l'école des filles et la maison communale qui sert en même temps d'école pour les garçons. La place présente un aspect fort pittoresque : un pilori féodal y est encore debout, ombragé de tilleuls séculaires; vis-à-vis de ce monument d'un autre âge s'élève une vieille maison à pignon taillé en gradins et orné d'œils-de-bœuf, de cordons et de pinacles ; un peu plus loin se montre, près de l'église, la grille de l'antique château des comtes de Hornes dont on aperçoit les tours crénelées. L'extrémité orientale du village, vers l'endroit où la route de Tubise est coupée par celle de Hal, porte communément le nom de Quatre-Bras ou hameau du Pont. Au S.-O. des Quatre-Bras est la Petite-Hollande.
Landuit, hameau qui a pris son nom d'une ferme (la Maison Landuyt, 1587, ou Cense Landuyt, 1654), occupe, à environ 1,300 mètres N.-E. de l'église, le versant d'une colline sablonneuse qui va rejoindre le bois de Hal ; cet emplacement est resté longtemps inculte, ce qui fait qu'on le nomme encore habituellement Bruyère de Landuit. L'extrémité septentrionale du hameau, connue sous le nom de Quarante bonniers, en est la partie la plus récente; on y parle le flamand.
Les Fonds ne constituent pas une véritable agglomération : on désigne ainsi les maisons disséminées sur la pente accidentée qui borde la rive droite du Hain, dans la partie supérieure de son cours, et au pied de laquelle passe la route de Tubise à Waterloo. Les Fonds proprement dits sont à environ 1,200 m. E. de l'église; mais, sous le nom de Larcier, ils commencent déjà près des Quatre-Bras, et, sous celui de Drape (le Drape, an XIII), ils se prolongent jusqu'à la limite de Wauthier-Braine. Le terme de Drape s'emploie, comme à Ophain où nous l'avons déjà rencontré, tantôt au pluriel, tantôt au singulier, et nous avons entendu dire indifféremment le Drape et les Drapes; cette désignation est évidemment empruntée à la langue flamande, et le mot Drab, qui signifie boue, caractérise fort bien les localités marécageuses qu'il a servi à baptiser. La Bruyère Minon (Jardin Mineon, 1654) se trouve à 1,800 mètres S.-E. de l'église, entre le bois du Fawiau et celui du Grand Longbrou ; ses dernières maisons, vers le S.-E., portent le nom du Bois de Clabecq dont elles occupent l'emplacement. C'est à l'extrémité méridionale de ce hameau que s'élève le château de Samme, appartenant à M. le baron Charles Snoy.
L'Ermitage (à l’Hermitage, 4587) est situé à 1,200 mètres S.-S.-E. de l'église, à proximité de la route de Nivelles; sa prolongation vers le S. est plus connue sous le nom de la Baraque.
Le Billot (ou Billo, 1753) est un hameau qui s'étend en grande partie sur le territoire d'Ittre et de Haut-Ittre ; la fraction qui dépend de Braine-le-Château est à 2,200 mètres S.-S.-E. de l'église; on y rattache quelques maisons voisines de la route de Nivelles et de la ferme du Doyen, dont elles portent le nom.
La désignation de Petit Beau bois s'applique à une série d'habitations éparses vers la lisière du bois du Chapitre, à environ 1,000 mètres S. de l'église; celte dénomination collective n'est pas fort usitée et les maisons situées le plus au S. sont ordinairement appelées les Cullus et les Callys, du nom des familles qui se sont établies les premières en cet endroit.
Le hameau de Nederhain (rue de Nedrehain, 1587), que l'on prononce souvent Niderhan, est placé au bord du Hain, à 1,400 m. O. de l'église ; il est traversé par la route de Tubise.
Les Monts (les Monts du Chasteau, 1587, 1654) se composent de toutes les maisons construites à environ 1,000 m. N.-N.-O. de l'église, sur le contrefort qui sépare deux affluents de droite du Hain : le Ri de la Bruyère Mathias et le Ri de Boukendael. La partie du hameau qui occupe le versant du second de ces ruisseaux et qui regarde le village de Braine-le-Château se nomme Devant-les-Monts; celle qui s'étend sur l'autre versant s'appelle Derrière-les-Monts. On donne parfois à l'extrémité septentrionale des Monts le nom de Blismarcq (terre dite la Blasmart, 1654) ou plutôt de Vlasmarkt (marché au lin ; Vlasmart, 1773), qui sert à désigner les dernières maisons de Lembecq et Hal, au bord de la route de Nivelles. A l'E. des Monts, au bord de la même route, un petit groupe d'habitations est connu depuis longtemps sous le nom de Cheval blanc.
A 1,900 mètres N. de l'église, le Point du jour, cabaret ; à 1,300 m. N., le Point du jour de Boukendael ; à 900 m.N., le Cheval blanc ; à 1,800 m. N.-N.-E., la Ferme de Boukendael ou Bokendal (Cense de Boucquendale, 1587 ; Cense de Bouquendale, 1753) ; à 2,000 m. N.-N.-E., Marcellis ; à 1,300 m. N.-E., la Ferme Taminiau ; à 800 m. N.-E., la Ferme del Mai ; à 1,700 m. E.-N.E., Bon air ; à 1,500 m. E., la Filature Debacker frères ou Jef del Vallée ; à 1,200 m.E., la Cense Deschamps (Cense des Camps, 1587), quelquefois appelée Ferme Bauthier ; à 2.300 m. S.-E., le Château de Samme ; à 2,100 m. S.-S.-E., la Ferme du Doyen ou Ferme Arcoly (Arcolly, 1753) ; à 800 m. S.-S.-E., la Ferme du Sauvlon (sable) ; à 800 m.S., l'Espérance ; à 700 m. S.-S.-O., la Ferme du Petit Beaubois (Cense de Beau-bois, sur Olivier Camp, 1587?) ; à 1,600m. S.-S.-O., Buselotte ; à 600 m. S.-O., la Ferme du Flamand ou Ferme Carlier ; à 1.900 m. S.-O., la Maison Parvais ; à 1,400 m. S.-O., Solprête ; à 2,000 m. S.-O., la Maison Poulet ; à 1.000 m. O.-S.-O., la Blanche maison (la Blance maison, 1587 ; Cense de la Blanche maison, 1654), ferme ; à 1,500 m. O.-S.-O., la Ferme de la Poterie, en wallon Poterée (Cense de la Pottrie, 1587, 1654) ; — à 1,800 m. O., la Ferme de la Campin e; — à 1,200 m. O., la Filature veuve Debacker ; à 600 m. O., la Ferme de Binchefort ( Bince-fort, 1587; Binchefort, 1654) ; à 1,600 m. O., la Maison Larcier ou Lambert ; à 1,500 m. N.-O., les Maisons Ledecq ; à 1,500 m. N.-O., la Cense Parvais ; à 1.800 m. N.-N.-O., Segers.
Quarante bonniers ; Bois de Boukendael ; Maison Wadin ; Bruyère de Landuit ; Bois de Clabecq ; Huit bonniers ou Taille du Pasquier ; Bois du Grand Longbrou ; Bois Minon ; Pont del Laer (Lare, 1230,1231, 1237 ; Maison de le Larre, 1502; Cense de le Larre, 1587 ; Cense del Lare, 1654 ; Pont Dellare, 1784) ; Champ Deschamps ; Champ Gilain d'en haut ; Ferme du Sillau (Héritage le Ciliau, 1587 ; Cense du Sillau, 1654 ; Cense Silliau, 1753) ; Bois du Fawiau (Bois du Fauwiaut, 1502) ; Bois du Chapitre (1654); Grande bruyère ; Epine d'Hurbise (Curia de Hurtebyse, 1428 ; Ferme Hurtebize, dont les dépendances étaient déjà morcelées, 1654 ; Cense à Hurtebize, 1753) ; Grand village ; Taille d'aunes ; Pâturage ; Bois Vrouenne ou Véron ; Prairie du Vicier; Bois d'Apechaux ou d'Amechaux ; Long champ ; Bruyère Mathias ; Commune derrière les Monts ; Champ Madame (Bois Madame, 1654) ; Champ du Moulin (1587) ; Bois du Pochet ou des Pochets (Tenure du Pochet, 1502 ; Bois des Pochets, 1587) ; Grand verger ; Bois de la Poterie ; Bois des Manettes ; Champ Gilles ; Communs Prés ; Bois du Bailli (1753) ; Bois Seroux ; Huit bonniers ; Séroux ; Bois de Binchefort ; Bois Ferdinand (Bosquet Ferdinand, 1774) ; Petite Bizeree ; Long Pré ; Ferme de la Vallée (Maison de la Vallée, 1587 ; Cense de la Vallée, 1753) ; Ferme Du Jardin ; le Cabeau ; Ferme Duchesne ; Nouvelle Longue Semaine ; Ferme du Fonteny; Bruyère de l'Abbaye; Maison Herman; Ferme Raes; Maison Castiau ; Gantoise ; Sept drèves ; Rue Nostrée ; Pavé de Hal ; Chemin de la Çarrière; Longue taille ; Montagne Sainte-Croix ; Maison Pierre Godeau ; Avenue Lequeu ; Avenue de la Poterie ; le Tasson ; Prés de la Fontaine Mael ; Avenue Nicolas Vanhouche ; Avenue Minon ; Maison Mosselman ; Drève des Cullus ; Drève de N.-D.au Bois ; Maison Delescole ; Campagne à Housta ; Maison Baccart ; le Caraman ; les Houchets ; Maison Colir ; Lany ; Ferme Louis Taminiau ; Clabost ; Bérines ; Maison Godeau ; Maison Walem ; Campagne Marquette ; le Morland ; Mont Olivet ( 1587) ; les Périnnes ; la Pariselle ; Pont de la Maison blanche ; Pont de Binchefort ; Pont de Martin ; Pont de la Poterie ; Grand Pont du Moulin ; Petit Pont du Moulin ; Moulin du Château ; Moulin Marin ; Morenaud ; Croix Taminiau ; Bon Dieu des Monts ; Chapelle Sainte-Croix ; Chapelle N-D. au Bois ; Chapelle Saint-Antoine ; Chapelle Saint-Roch ; Chapelle N.-D. de la Salette, à la Poterie ; Chapelle N.-D. de Hal, à Cabeau ; Chapelle de l'Immaculée conception, à la Vallée ; Chapelle de la Sainte-Vierge, à Deschamps ; Chapelle de la Sainte-Vierge, à Binchefort ; Chapelle de la Sainte-Vierge, à Pierre Leclercq ; Chapelle de la Sainte-Vierge, derrière les Monts ; Chapelle de la Sainte-Vierge, dite du Vicaire ; Chapelle de la Sainte-Vierge, à Robert ; Chapelle de la Sainte-Vierge, à Delaunay ; Chapelle de la Sainte-Vierge, à l'Ermitage ; Chapelle de Larcier ; Chapelle Colir ; Chapelle Ghorain ; Chapelle de la Petite Hollande ; Chapelle N.-D. des Affligés.
Bausbecque (1587) ou Pré de Bausbecq (1654 ); Bausquelbergh (1654) ; Maison de la Basse Leurbecq (1654), ou Basse Lurbecq, derrière les Monts (1753) ; Beysbroucq (1587) ; Communette de Billo ; Blancbois (1654) ; Maison Bleumen (1587) ; le Blocq (1753) ; Ferme Doistelle (XVIIIe siècle ); Bojan ou Bojau (an XIII) ; le Bourlard, dessous les Monts du Chasteau (1654) ; Bois de Braine (1252) ; Pré Broyart (1654) ; Passich ou Pâchis dit le Buckelquin (1654) ; le Buist (1753) ; Waresquaix de Carnières (1502) ; Pré Callesteert ; le Calliau, à Meulbroucq ; Chemin de Bruxelles à Nivelles ; Bois des Chanoines ; Pré des Chevaux, à proximité de la Ferme de Boucquendael (1654) ; Claphuyze (1587) ; Taille Cleuting (1654) ; Courlil Corbault, entre Braine et Nederhain, et qui était déjà détruit en 1502 ; Bruyère de la Croix ; Pré Velcourt (1587) ; Fief Delhaye (1753) ; le Deurlet (1654) ; Maison dite l’Escaille, au hameau de Meulbroucq (1654) ; Bonnier dit le Fourcque (1502) ; Closin de la ferme de la Pottrie, dit la Genestrie (1654) ; Pré del Gode (1569) ; Bosquet Gosuin (1774) ; Pré la Hallière, tenant au chemin de Braine à Oiskerque et Clabecq (1654) ; Hauskinnet 1654), Cense de la Haute Lurbecq 1654) ; Cense de la Haute Pottrie (1502, 1654) ; la Hautière, pré (1587) ou Hannelière (1753) ; Hauwissart (1587) ; Cense de Hauwisart (1654) ; Bois d'Auwissart (1753) ; Bruyère de la Haye (an XIII) ; Taille Helbrourq, près du chemin des Croix (1654) ; Houbruge (1511 ; Houbruge, 1587 ; Maison Houbrouge, 1654) ; pré dit Vieuze tenure de Kenaste (1654) ; héritage dit Lismarotte (1654) ou les Ismarottes (1753) ; Tenure du Lige (1502) ; Terres de Lombissart (1753) ; Loro (1587) ; héritage dit le Moulin à papier (1654) ; Emprès la Malladrie (1587) ; Bruyère de Marie Lange ; Meulbroucq (1502 ; Meulbroucque, 1587), hameau considérable qui n'est plus connu aujourd'hui ; Cense de la Motte ( 1654, 1753) ; pré dit les Mottes (1587); Niezedale (1587) ou Nisedael (1654) ; Pré aux Oysiers, vers le Trou des Loups (1654) ; Olivier Camp (1584) ou Olivier Champ (1753), situé près du Bois de Hal ; Maison Pierre Andrieu (1654) ; Plancque à Scafflotte (1502) ; le Putman, maison (1753) ; Bois de la Ramée ; Chemin de Remahaye (1502) ; Pré le Rogière ; le Ruyt, près du chemin de Braine à Nivelles ; le Sarty (1654) ; Fief de le Steenweghe (1473) ; le Tril ; pré dit le Val (1587) ; le Vignoble dessous les Monts au Château (1654) ; Bosquet Villez (1774) ; Pré du Waiemberghe, près du Meulbroucque ; Bruyères de Wolfuisart ; Wynzoulte, près de la Cense de Beaubois (1502).
Le territoire de Braine-le-Château est formé des deux versants du Hain, qui traverse la commune de l'E. à l'O.; des vallées assez profondes sillonnent les coteaux qui bordent chaque rive et impriment au sol un caractère accidenté. Les bois que la cognée a respectés jusqu'ici achèvent de donner à cette contrée montagneuse un aspect des plus pittoresques. Le point culminant semble être au hameau du Billot.
Le système gedinnien occupe tout le fond de la vallée du Hain ; mais il est recouvert par le limon hesbayen du système diluvien, qui ne le laisse à nu que vers la limite de Clabecq, au bois de la Poterie, où l’on a pratiqué une carrière de moellons; une autre carrière avait été exploitée anciennement à Larcier.
M. Dumont rapporte que l'on a exploité, vis-à-vis de la Poterie, un phyllade très dur, passant au grès et, dans certaines parties, à l'arkose chloritifère ; et, au S. de la Poterie, un phyllade compacte qui contient de grands cristaux d'orthose (dir. =47°,incl.S.43°0.). Il a observé, dans cette localité, des échantillons de roches qui consistent en une pâte grenue, d'un gris-verdâtre clair, attirable à l'aimant et fusible, sur les bords des fragments, au feu du chalumeau, renfermant des cristaux d'orthose blanc-jaunâtre de 1 à 3 millimètres de grandeur, des lamelles d'un blanc nacré de 1 à 2 millimètres et de petits fragments schisteux.
Le système yprésien borde le système gedinnien sur les deux rives; mais le limon hesbayen le cache à l'O. de l'église. Plus haut, se montre le système bruxellien, qui s'étend sur une grande partie du territoire, pour disparaître à son tour sous le limon hesbayen des plateaux, comme le système laekenien que l'on rencontre au Billot. Les habitants exploitent deux sablières.
Tout le territoire de Braine-le-Château appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : le Hain, le Ri de Longchamp, le Ri de la Bruyère Mathias, le Ri de la Taille d'aunes, le Ri de Buselotte, le Ri de l'Ermitage, le Ri de Boukendael, le Ri de Landuit, le Ri Deschamps, le Ri du Drape, le Ri Minon et le Ri du Longbrou.
Le Hain vient de Wauthier-Braine; se grossit des eaux de la fontaine du Bosquet (r. -dr.), près du pont del Laer ; reçoit le Ri Minon (r. g.) ; active, par une chute de 2 m. 32, la filature des frères Debacker ; reçoit, le Ri du Drape (r. dr.) et le Ri Deschamps (r.g.) ; active, par une chute de 1 m. 67, le moulin Marin ; traverse la route de Tubise ; reçoit le Ri de Landuit (r. dr.), une dérivation du Ri de l'Ermitage (r. g.) et le Ri de Boukendael (r. dr.) ; passe sous la route de Hal, au pont de Martin, près des Quatre bras ; baigne le parc du château des Homes, où il reçoit le Ri de l'Ermitage (r. g.) ; active, par une chute de 4 m. 53, le moulin du Château ; coupe la route de Tubise, au pont de Binchefort ; reçoit le Ri de Buselotte (r. g.), le Ri de la Taille d'aunes (r. g.) et le Ri de la Bruyère Mathias (r. dr.) ; active, par une chute de 2 m. 53, la filature de la veuve Debacker: reçoit le Ri de Longchamp (r. g.} ; longe le bois de la loterie ; puis passe à Clabecq, après un parcours de 4,900 mètres dans la direction de l'E. à l'O.
Le Ri de Longchamp prend sa source aux confins de la commune d'Ittre, dans le bois d'Apechaux ; traverse la pièce de terre qui porte le nom de Longchamp ; et se réunit au Hain (r. g.), en amont de la ferme de la Campine, après un parcours de 1,800 m, dans la direction du S. au N.
Le Ri de la Bruyère Mathias prend sa source derrière les Monts, dans l'ancienne bruyère d'où il tire son nom ; passe entre le bois du Bailli et le bois du Pochet ; envoie une dérivation (r. dr.) longue de 300 m, qui va rejoindre le Hain vis-à-vis de la ferme de la Poterie ; traverse la route de Tubise et se réunit au Hain (r. dr.), en amont de la filature de la veuve Debacker, après un parcours de 1,700 rn, dans la direction du N.-N.-E. au S.-S.-O.
Le Ri de la Taille d’aunes prend sa source dans le bois qui lui donne son nom, aux confins de la commune d'Ittre ; longe le bois Vrouenne, passe à proximité de la ferme de la Blanche maison et se réunit au Hain (r. g.), près du Grand Verger, après un parcours de 2,200 m. dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
Le Ri de Buselotte prend sa source à la fontaine qui porte le même nom, vers la lisière du bois du Chapitre ; et se réunit au Hain (r. g.) ; en aval du pont de Binchefort, après un parcours de 1,500 m. dans la direction du S. au N. N .
Le Ri de l'Ermitage prend sa source dans le bois du Chapitre; traverse le hameau de l'Ermitage, envoie une dérivation (r. dr.) longue de 800 m. qui va rejoindre le Hain en amont du pont de Martin ; passe entre l'église et l'école des filles ; et se réunit au Hain (r. g.), dans le parc du château, après un parcours de 1,900 m. dans la direction du S. au N.
Le Ri de Boukendael prend sa source à la fontaine de même nom, près des Quarante bonniers ; coule parallèlement à la route de Hal ; et se réunit au Hain (r. dr.), en amont du pont de Martin, après un parcours de 1,400 m. dans la direction générale du N.-N.-E. au S.-S.-O.
Le Ri de Landuit prend sa source au S. de la maison Wadin, dans le hameau de Landuit ; et se réunit au Hain (r. dr.), en aval de Larcier, après un parcours de 1,100 m. dans la direction du N.-E. au S.-O.
Le Ri Deschamps prend sa source dans un verger, au S.-O. de la ferme qui lui donne son nom ; et se réunit au Hain (r. g.), en amont du moulin Marin, après un parcours de 600 m. dans la direction du S. au N.
Le Ri du Drape prend sa source à la fontaine de même nom, dans le hameau des Fonds ; traverse la route de Tubise ; et se réunit au Hain (r. dr.), en face de la ferme Deschamps, après un parcours de 500 m. dans la direction du N.-N.-E. au S.-S.-O.
Le Ri Minon prend sa source à la fontaine Maek, dans la bruyère Minon ; longe le bois Minon ; et se réunit au Hain (r. g.), en aval du pont del Laer, après un parcours de 1,000 m, dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E. .
Le Ri du Longbrou prend sa source à l'étang du château de Samme ; et passe à Wauthier-Braine, après un parcours de 700 m. dans la direction du S.-O. au N.-E.
Les principales fontaines, outre les sources que nous venons de citer, sont celles de l'Ermitage, du Longbrou, Elisabeth. Lével, de l'Abbaye, Marquette, du Warechais, de la Goëtte. de Marit, de Solpêtre et du Plat fossé.
Il existe un étang dans la vallée du Longbrou, au pied du château de Samme ; un autre, qui baigne le château des Hornes; et un troisième à la fontaine de Boukendael.
On comptait en 1740, 800 habitants ; en 1784, selon les échevins, 854, et selon le curé, 840 habitants ; en l'an XIII, 1,120 habitants; au 31 décembre 1831, 1,691 habitants ; au 31 décembre 1850, 2,702 habitants.
La commune de Braine-le-Château se trouve à la limite septentrionale de la légion wallonne ; et, comme nous l’avons dit plus haut, on parle déjà le flamand aux Quarante bonniers.
Les registres de l'état-civil remontent à 1615 pour les mariages, 1719 pour les décès, et 1743 pour les naissances.
Le territoire de Braine-le-Château offrait jadis un grand nombre de bois et de bruyères. Au siècle dernier, 167 bonniers de bois y appartenaient par moitié au seigneur et au chapitre de Sainte-Waudru. C'étaient :
Le Bois des Chanoines (comprenant 4 bonniers), les Bois Communs (110 b.), le Bois du Fayau (24 b.), la Bruyère Landuyt, qui avait été jadis boisée (29 b.).
D'autres bois, tels que les Bois d'Auwissart, le Bois du Pochet, étaient la propriété exclusive du seigneur, et le Bois du Chapitre, celle de la corporation dont il portait le nom.
Aujourd'hui il y a encore 143 hectares de bois ; on les appelle Bois du Chapitre, Bois Vrouenne, Bois de Boukendael, Bois du Grand Longbrou, Bois du Fawiau, Bois de la Taille d'aunes, Bois d'Apechaux, Bois du Pochet, Bois des Monts, Bois de la Poterie, Bois des Manettes, Bois du Bailli, Bois Séroux, Bois des Huit bonniers, Bois de Binchefort, Bois Ferdinand, Bois Sauvage.
Les bruyères ont disparu surtout depuis les mesures adoptées au siècle dernier pour en provoquer le défrichement (Voyez plus loin). Il en subsiste encore une assez étendue, dite Bruyère des Fonds.
Les grandes exploitations agricoles sont : la Ferme Deschamps (82 hect.), tenue par M. Bauthier (C.), appartenant au comte de Robiano ; la Ferme Duchesne (67 hect.), tenue par M. Bauthier (J.-B.), appartenant aux héritiers Duchesne (O.) ; Binchefort (57 hect.), tenue par M. Leclercq (P.-F.), appartenant, comme les deux suivantes, à la comtesse de Robiano ; la Poterie (55 hect.), tenue par M. Herman (J.); Boukendael (51 hect.), tenue par M. Delcorde (V.) ; la Ferme DuJardin ou Ferme Leclercq (50 hect.), tenue par MM. Du Jardin (frères) propriétaires.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Braine-le-Château par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités : 1816. iS5G.
En moyenne l'hectare de terre était estimé :
L'ancienne verge linéaire a 18 pieds de Hainaut.
Deux moulins à farine sont établis sur le Hain : le moulin du Château et le moulin Marin. Le premier, qui a 2 roues hydrauliques et 4 paires de meules, était jadis banal pour Braine-le-Château et Haut-Ittre. Il appartenait, par moitié, au seigneur et au chapitre de Sainte-Waudru à Mons. Le moulin Marin a 1 roue et 2 paires de meules ; établi d'abord par M. Jean-Baptiste Marin pour une filature de colon (arrêté du 22 août 1836), il a été converti en moulin à grains, à la suite d'une autorisation accordée à MM. F. Linard et B. Marin, le 7 mars 1860.
Une brasserie, qui produit environ 1,000 tonneaux de bière par an est voisine du moulin du Château. C'est l'ancienne cambe brasseresse ou brasserie banale.
Très anciennement, il a existé à Nederhain un moulin à papier dont l'emplacement fui donné à rente par un M. de Gaesbecq (c'est-à-dire par un seigneur de Gaesbeek qui possédait également Braine-le-Château, par conséquent avant 1565), moyennant 15 chapons el 60 sous par an.
Le 4 avril 1829, J.-B. Jottrand, notaire à Genappe, fut autorisé à construire un moulin à papier « sur la Braque, vulgairement dite le Hain »; mais cette usine fut bientôt convertie en filature de coton, à la demande de Jean-Joseph Debacker (29 novembre 1834). Cet établissement, qui appartient aujourd'hui à la veuve Debacker, emploie 130 ouvriers et a pour moteurs une roue hydraulique et une machine à vapeur de 30 chevaux, qui activent 8,000 broches. M. P. Wayez établit, en vertu d'un arrêté en date du 19 janvier 1832, une autre filature de colon sur le Hain, exploitée actuellement par les frères Debacker ; elle n'emploie que 35 ouvriers et a pour moteurs une roue hydraulique et une machine à vapeur de 5 chevaux, qui activent 2.000 broches. Beaucoup d'ouvriers maçons vont travailler au dehors.
La route provinciale de Hal à Nivelles traverse le territoire de la commune sur 4,000 mètres ; celle de Tubise à Waterloo, sur 4,300 mètres.
On compte 60 chemins vicinaux et 122 sentiers, mesurant ensemble 97,151 mètres, dont 1,135 m. étaient pavés au 31 décembre 1859. Quatre ponts, un ponceau et un aqueduc sont établis sur ces chemins.
Le chemin de grande communication n° 10 est mitoyen entre Braine-le-Château et Haut-Ittre sur 742 mètres.
Une opinion traditionnelle chez les habitants, mais qui n'est qu'un écho des sornettes étymologiques mises à la mode a l'époque de la renaissance, fait dériver les noms de Braine-l’Alleu, Braine-le-Château, Braine-le-Comte, de trois frères appelés Brenuus. Les deux collines dites les Monts du Château ont été signalées comme d'anciens tumulus, élevés en commémoration d'une grande bataille qui se serait livrée près de là; nous n'avons rien vu ni rencontré qui légitime cette hypothèse.
Braine-le-Château (ainsi que Haut-Ittre, qui en constituait pour ainsi dire une dépendance) était compris dans l'antique dotation que le chapitre de chanoinesses de Mons dut à sa fondatrice, sainte Waudru. C'est pour cette raison qu'à l'époque du morcellement de l'empire de Charlemagne on le sépara des localités voisines. Tandis que la plupart de celles-ci reconnaissaient la souveraineté des comtes de Louvain, avoués du chapitre de Nivelles, Braine, Haut-Ittre, Hal, toutes les possessions du chapitre de Mous restèrent soumises aux comtes de Hainaut, qui s'étaient emparés de la dignité d'abbé ou supérieur du chapitre de Sainte-Waudru. L'autorité des comtes et du chapitre était maintenue à Braine par deux de leurs vassaux : l'avoué (qui, dans le principe, était le seigneur de Trazegnies) el le maire, tous deux possédant leurs offices à titre héréditaire. Lorsque, en 1196, le comte de Flandre et de Hainaut, Baudouin, depuis empereur de Constantinople, exempta Braine-le-Château de toutes tailles, précaires etc., l'avoué et le maire promirent d'observer et de faire observer cette concession. Vers l'année 1230, on tenta de fonder a Braine-le-Château, à l'endroit appelé Lare, un monastère de femmes de l'ordre de Cîteaux, qui fut presque aussitôt transféré à Wauthier-Braine. Au mois de mars 1302 (1303, nouveau style), Jean de Housdaing, chevalier, sire de Braine-le-Château, et sa femme Marguerite confirmèrent les libertés des habitants de ce village et de Haut-Ittre, ou plutôt de tous ceux qui résidaient dans les limites de leur avouerie. Ainsi qu'ils le reconnurent solennellement, il ne leur était rien dû, sauf leurs droits, leur cens et leur juridiction, et sauf une rente de 20 livres de blancs, payable à la Saint-Rémi, en indemnité du droit de prendre le bois mort et de jouir des autres aisements dans le domaine seigneurial.
« Nous devons y être, ajoutent Jean et Marguerite, à eux tous aimables seigneur et dame et leur faire ce que bon seigneur et bonne dame doivent à leurs gens, car les usages et coutumes, comme il est écrit ci-dessus, ont été établis et maintenus par leurs bons seigneurs, avant nous, comme messire Eustache de Hakinnes (ou Hacquegnies) et messire Othon de Trazegnies ».
La situation de Braine au milieu des villages brabançons imposait à ses maîtres, en quelque sorte, l'obligation de traiter les habitants avec douceur, afin de se les attacher davantage et de les indemniser des hostilités dont ils avaient souvent à souffrir. Les seigneurs ayant voulu parfois étendre leur pouvoir au delà de la frontière, il en résulta des conflits fâcheux. Othon de Trazegnies, au nom delà demoiselle de Braine, ordonna d'élever un gibet près de l'abbaye de Wauthier-Braine, mais le duc de Brabant le fit abattre. Le comte de Hainaut se plaignit de cet acte de violence et réclama aussi contre une saisie dé braie opérée par Henri Cambriaux et Simon de Manchipont dans une maison également voisine du monastère précité. Le duc el les siens, de leur côté, soutenaient que cela avait eu lieu en Brabant. A la suite d'une enquête ouverte par les soins de Jean de Hellebeke, sire de Loenhout et d'Ophain, et de Gilles de Quaderebbe, mandataires du duc ; de Waleram de Luxembourg, sire de Ligny, el du sire de Pottes, délégués du comte, qui s'adjoignirent Daniel de Staden, bailli du Brabant wallon, Jean de Grambais, châtelain de Genappe, Guillaume de Coutereel, bailli de Hal, et Jean le Coustere, châtelain de Braine-le-Comte, les prétentions des Brabançons furent sanctionnées par une charte de Guillaume, comte de Hainaut, datée du jour de la Trinité, en 1334.
En l'année 1374, une querelle féodale entraîna la dévastation des environs de Braine-le-Château. Le sire de Gempe et d'autres gens d'armes s'étaient jetés, on ne sait pourquoi, sur les terres de Jean de Schoonvorst et y avaient porté le pillage. Schoonvorst, de son côté, sollicita les Bruxellois de venir à son aide et se prépara à menacer Braine el Hal. Dans cette dernière ville on fil des préparatifs de défense : on s'adressa au bailli de Hainaut pour avoir de l'appui ; on pria les « bonnes gens de la ville de Saintes » d'armer les plus courageux et les plus forts d'entre eux ; on remercia Engelbert d'Enghien de ses offres de service, en le prévenant qu'en cas de danger on aurait recours à lui ; on envoya partout prendre des informations. Schoonvorst étant venu à Ittre, on craignit pour Braine-le-Château, et, par ordre du bailli de Hainaut, le châtelain d'Ath et le bailli de Lessines, qui s'y trouvaient, furent rejoints, le 1er mai, par 3 hommes d'armes à cheval el 90 compagnons à pied. Un messager envoyé au château d'Ittre y trouva Jean de Schoonvorst « en la cuisine, tout désarmé », mais ses allures pacifiques n'étaient qu'une ruse, car il pilla, presque en même temps, la maison de Jean d'Ittre à Hurtebise. Il commit encore d'autres déprédations à Braine, à Bois-Seigneur-Isaac etc., tandis que les Hennuyers en faisaient autant en Brabant. Bientôt de nouvelles lettres de défiance arrivèrent à Hal, envoyées par Jean d'Aa, Henri de Bierghes et d'autres nobles du Brabant, et le premier, joint à sire Jean d'Agimont, prit et pilla Merbes. Cependant, comme les deux pays n'entendaient nullement se brouiller, on ne cessait de négocier un accommodement. Après maint pourparler, on en conclut un, sur la base d'une restitution, réciproque et sans frais, des prisonniers el du butin. Le bailli de Hal, au nom du comte de Hainaut, et Josse de le Stienweghe, au nom du duc, furent chargés de celle mission. La petite guerre dont nous venons de parler coûta au comte de Hainaut 70 francs français à 37 sous, soit 129 livres 10 sous.
C'est de Braine-le-Château que partirent, le 26 août 1409, les nobles Brabançons que le duc Antoine de Bourgogne envoya au secours de son frère, le duc de Bourgogne Jean sans Peur. Parmi eux on remarquait Henri de Bautersem, sire de Berg-op-Zoom, qui conduisait 126 cavaliers et qui alla occuper la petite ville de Saint-Denis, près de Paris.
Du temps du roi Maximilien, un nommé Thierri de le Heetvelde commit à Braine de grands « mesus et excès ». Après avoir marié sa fille à un « homme de bien », près de Huy, il entra inopinément dans la maison de son gendre, qu'il trouva au lit et qu'il tua. De retour à Braine, il y commit plusieurs autres meurtres, notamment celui de Jean Forlamps, de Braine, et de Pierre Schoennet, de Lembecq. Vainement le bailli de Hal, par ordre du roi Maximilien, essaya de le prendre mort ou vif, vainement on le traqua sans relâche; les bois de Hal lui offrirent un refuge assuré. Sou fils naturel, nommé Roger, qui habitait Ruysbroeck, fut moins heureux. Après s'être fait recevoir bourgeois de Lembecq, il tua, sans provocation, à Wayenberch, un laboureur nommé Pierre de la Motte. Poursuivi à outrance, il fut enfin pris et exécuté dans la terre de Gaesbeek, en 1487.
En 1578, et pendant les années suivantes jusqu'en 1583, Braine et Haut-Ittre furent complètement abandonnés. Les différents sièges de Nivelles attirèrent de ce côté les troupes belligérantes, et les paysans, n'osant demeurer en leurs maisons, se dispersèrent çà et là, « vivant en grande pauvreté », en sorte que la plupart allèrent « de vie à trépas ».
Braine souffrit beaucoup, en 1649, du passage des troupes de l'archiduc Léopold, qui se rendait en France à la tète de 15,000 hommes; les habitants furent forcés d'abandonner leurs demeures et de se cacher dans les bois avec leur bétail.
Le 1er avril 1668, les Français brûlèrent le château et le village, quoique celui-ci leur payât contribution. Suivant une autre version, l'aile droite du manoir aurait été incendiée pendant qu'une compagnie de cavalerie espagnole l'occupait. En 1694, après le siège de Huy, le général major Fagel campa, avec 10,000 hommes, sur l'Olivier-Champ, et l'année suivante, pendant que le maréchal Villeroi bombardait Bruxelles, un corps de l'armée alliée s'établit à Haut-Ittre, près de la cense de la Bruyère.
Le 17 juin 1815, Braine fut occupé par l'avant-garde du corps du prince Frédéric des Pays-Bas, dont l'autre partie resta à Hal; ces troupes coupaient ainsi la route de Mons à Bruxelles el le chemin de Nivelles à Hal, et se trouvaient à portée de rejoindre, au premier appel, le gros de l'armée de Wellington. Après la bataille, tout le corps du prince passa par Braine pour se diriger vers Nivelles.
Un procès-verbal de délimitation, en date du 22 avril 1816 a déterminé la circonscription de la commune.
Braine-le-Château faisait partie de la châtellenie de Braine-le-Comte, en Hainaut; on y suivait la coutume de Mons. Dans le principe, le souverain y prélevait la dîme, que le comte Baudouin céda au chapitre de Sainte-Waudru, avec plusieurs autres dîmes, en 1195. Le domaine n'y percevait d'autre revenu qu'une taxe par feu, dile des gites et fouages de terres, qui se rachetait par devant les échevins du village. En 1376, les masuiers ou tenanciers qui y étaient assujettis, tant à Haut-Ittre qu'à Braine, offrirent pour celte taxe une somme de 56 livres 5 sous. Plus tard, vers 1442, elle fut invariablement fixée à 40 livres, « quand l'incarnation est non pareille » (c'est-à-dire quand l'année n'est pas bissextile), et a 44 livres « quand l'incarnation est pareille ». On la payait au receveur du domaine à Hal. En 1642-1643, elle ne produisit rien, parce que la personne qui s'était portée caution pour le dernier receveur, ne voulut pas remettre au nouveau titulaire le cartulaire de celte taxe; puis, lorsqu’elle se dessaisit enfin de ce document, on le trouva dénué de toute authenticité et il devint impossible d'opérer la perception régulière de la taxe.
Les comtes de Hainaut comptaient à Braine-le-Château plusieurs vassaux. En 1473, Lambert de Roesme, fils de Guillaume de Roesme, habitant à Ecaussinnes, tenait du comté le Fief de le Lurebecque, qui consistait en un cens de 45 vieux tournois sur 5 bonniers de terres et une cour féodale de plusieurs hommages; Guillaume Descamps, un autre fief comprenant 3 bonniers de terres, 4 b. de pré, 4 b. de bois; un autre particulier, le Fief de le Steenweghe.
En 1787, le chapitre de Sainte-Waudru possédait à Braine une seigneurie foncière, dite des Douaires, qui un maire, des échevins et un grand nombre de rentes et de cens ; le patronat de l'église et une partie des dîmes (dont 1 autre partie se percevait pour le curé), plusieurs bois héréditaire, avec un forestier héréditaire chargé de la garde de ces bois ; la moitié des amendes et forfaitures qui se jugeaient par les échevins du village, la moitié des revenus du moulin, les cens dits de l’Aveu, consistant en 24 poules se livrant le jour de la Purification, et enfin une grange de dîme et 10 bonniers de terres. Les possessions du chapitre furent vendues en l'an VI : celles de Haut-Ittre, le 8 thermidor, pour 221,000 livres; celles de Braine, le 7 floréal, pour 165,000 livres; les biens qui appartenaient par indivis au chapitre et au seigneur furent vendus pour 35,720 francs, le 15 juillet 1809 et le 27 juillet 1811.
Les droits dont jouissaient les chanoinesses furent l'objet de mainte contestation, de maint accord, avec les seigneurs. Une sentence arbitrale, prononcée en 1228, leur adjugea à chacun la moitié du fond et de la superficie du bois de Braine et de tout ce qui en provenait, déclara que les deux parties constitueraient ensemble un forestier et un maire, qu'elles percevraient en commun les revenus du moulin, qui était banal, et que si l'on venait à défricher quelque partie du bois, le chapitre et le seigneur auraient chacun une part égale dans les bénéfices de cette opération. Quelques cens, rentes et cultures furent cependant attribués aux chanoinesses pour les deux tiers, et au seigneur pour un tiers seulement. Par un diplôme daté de l'an III de son pontificat, le pape Innocent IV revêtit cet accord de sa sanction. Il s'en moyenna un second, en 1412, du temps du seigneur Jacques d'Abcoude. Il y est question « du serment que devait prêter le lieutenant maire de maintenir les droits du chapitre; de mener dans la maison du chapitre ceux qui commettaient quelque dégât dans les bois ; de la feuville à prendre dans ces bois pour l'hôtel (ou château) de Braine et pour le chapitre ; des cens el rentes dits Douaires pour lesquels le maire du chapitre peut panner, c'est-à-dire où il n intervenait en cas de vente et d'hypothèque d'un terrain ; du partage entre le chapitre et le seigneur sur les mels de Braine-le-Château et Haut-Ittre, de la Potterie, de Leurbecq etc.; des poules dues par certains héritages etc. ».
La seigneurie de Braine-le-Château et ses dépendances formaient un plein-fief relevant de l'église de Sainte-Waudru, qui profitait seule du droit qui se payait lorsque ce fief était vendu. C'est ce qui résulte d'une déclaration faite par le grand bailli de Hainaut en 1436. La foresterie ou sergenterie constituait également un fief, duquel dépendait un bois et des cens en chapons, poules, argent; en 1502, le tout valait environ 20 livres tournois et appartenait à Jean Estassart ; le chapitre en opéra le retrait en 1517 et le réunit à ses autres domaines.
Les seigneurs de Braine-le-Château avaient haute, moyenne et basse justice à Braine et Haut-Ittre, avec la perception des forfaitures, amendes et avoirs des bâtards, les droits seigneuriaux de toute espèce, la forteresse et château, avec ses dépendances, la pèche dans la rivière, une franche garenne, le droit de chasser dans tout le village le gros et le menu gibier, la moitié du moulin banal, la brasserie banale etc. Les seigneurs avaient le quint et le demi-quint des héritages compris dans la juridiction et la moitié des compositions qui s'y faisaient du consentement du grand bailli de Hainaut. Ils héritaient des étrangers qui y mouraient, lorsqu'ils étaient originaires du pays situé au delà de l'Escaut, et levaient la morte-main des personnes nées dans les villages de la mairie de Nivelles. Pour ce dernier droit, l'enfant suivait le ventre maternel, c'est-à-dire qu'il y était soumis lorsque sa mère l'était; mais s'il se mariait avec une femme étrangère à la mairie de Nivelles, leurs rejetons cessaient d'y être assujettis.
Le droit de mainmorte ou plutôt de meilleur catel, car il était réduit au prélèvement du meilleur meuble, était très onéreux. Il consistait tantôt en la meilleure bête de la ferme (en 1656, certains chevaux sont à celte occasion évalués 200 livres tournois, d'autres 66 livres seulement; en 1753, une vache est évaluée 5, 6, 7 ou 8 fl.), tantôt en un vêtement de prix (un manteau, valant 20 livres, en 1654; une faille, valant 26 patars, en 1753; une jupe, valant tantôt 2 patars, tantôt 10 1/2 patars).
Une partie de la population était, parait-il, exemple de cette exaction et formait une espèce de bourgeoisie. Mais les documents à ce sujet sont rares. Nous ne connaissons que par analyse les « bans, lois et usages » de Braine-le-Château, lesquels étaient repris en un chirographe de l'an 1418, où il est déclaré, c'est la seule circonstance que l'on connaisse, que les lois, c'est-à-dire les amendes prononcées par les échevins, appartenaient par moitié au chapitre et au seigneur. Le greffe de Nivelles possède un registre de la cour féodale de Braine-le-Château pour les années 1608 à 1794. Nous ignorons ce qu'est devenu le greffe échevinal de ce village.
Braine a conservé un beau monument de l'antique jurisprudence féodale. Au milieu d'une place entourée d'anciennes constructions et ombragée par cinq tilleuls séculaires et d'une taille colossale (un sixième est mort de vieillesse), s'élève un pilori, le seul monument de l'espèce qui soit resté debout en Belgique. Il en existe des reproductions, l'une dans les Châteaux et monuments de De Cloet, l'autre dans l’Album national (p. 45), cette dernière due à l'habile crayon de Paul Lauters. Le pilori repose sur un soubassement octogone, formé de quatre marches, ayant respectivement 20, 65, 60 et 55 centimètres de hauteur; le centre de ce soubassement supporte une colonne cylindrique en pierre bleue, à piédestal hexagonal, haute d'environ trois mètres, et dont le chapiteau est surmonté d'une lanterne, également hexagonale et présentant six colonnettes reliées supérieurement par des arcatures cintrées, inscrivant chacune un trilobé. Au centre de la lanterne, qui a environ 2 mètres de haut, se trouve une septième colonnette. C'est dans celle lanterne que l'on attachait les coupables condamnés à la peine de l'exposition publique. La colonne principale, offre au sommet les armoiries des Hornes, et, sur une banderole qui fait le tour du chapiteau, ces mois : Maximilien de Hornes, seigneur de Gaesbeek, chevalier de l'ordre de l'empereur, 1521 ; six barres de fer verticales, rattachant les angles du soubassement à ceux de la lanterne, l'encadrent gracieusement.
Le pilori de Braine-le-Château fut menacé, du temps des Français, d'une destruction complète; mais les habitants de l'endroit, excités par le bailli Thienpont, s'opposèrent énergiquement et avec succès à cet acte de vandalisme. En 1838, lors de la construction de la route de Nivelles à Hal, on faillit renverser le pilori sous prétexte qu'il gênait la circulation ; mais l'opinion publique commençait déjà à se réveiller de sa longue indifférence pour les monuments de notre passé, la commission royale des monuments intervint, et le pilori fut restauré, à l'aide de subsides accordés par le gouvernement et par la province. L'arrêté royal du 31 décembre 1841, qui alloua à la commune 1,200 francs pour cet objet, ordonna l'adjonction au pilori d'une fontaine publique, mais on n'a fait que placer les deux bassins dans lesquels l'eau devait être reçue; l'eau n'y a jamais été amenée.
Nous avons vu plus-haut qu'en 1302 les seigneurs du village avaient confirmé aux habitants le droit de faire pâturer leurs bestiaux et de couper le bois mort dans les bois à Braine. Les habitants réclamèrent les mêmes droits dans les bois appartenant à l'abbaye de Wauthier-Braine el prétendirent que celte dernière devait y pratiquer un chemin large de 20 pieds. Les chevaliers René de BourIamont, sire de la Bruyère, Jean de Housdaing, sire de Braine, et Jean Malle Raisons, sire du Pont, pris pour arbitres, décidèrent, à la suite d'une enquête, que les bois de l'abbaye n'étaient pas grevés de la servitude prémentionnée, que cependant le monastère était tenu d'y ouvrir un chemin de 10 pieds de largeur (10 août 1309). Pendant les guerres de religion, les religieuses, de force plutôt que de plein gré, tolérèrent le champiage dans leurs bois, mais plus tard, voulant s'exonérer de cette charge, elles annoncèrent l'intention de défricher leurs bruyères. Par jugement du conseil de Brabant, du 20 juillet 1630, les habitants de Braine-le-Château furent déclarés, par défaut, n'avoir aucun droit de paisson ni de mort bois dans les bois du monastère de Wauthier-Braine.
Tandis qu'il répudiait ainsi une servitude onéreuse, le couvent en maintenait soigneusement l'existence lorsqu'elle pesait sur autrui. Le 8 mars 1495-1496, le seigneur lui avait permis, à titre gratuit, de conduire les bestiaux de ses fermes de la Court-au-Bois (sur Braine) et du Mont (sur Haut-Ittre) dans les terrains communaux, « où les brebis francqdorine et autres blanches bêtes ne pouvaient aller sans sa permission ». Le monastère usait si largement de cette autorisation, qu'en 1721, si l'on en croit une requête des habitants, il envoyait pâturer dans les communaux 300 bêtes blanches (ou moutons), outre un troupeau de « gresserie », un de « hullain » et un de porcs et de poules d'Inde. D'après cette requête, les religieuses n'auraient dû faire pâturer que 140 moutons, 4 chevaux et 6 vaches au plus, et celte faveur ne leur était accordée qu'à la condition de supporter toutes les impositions qui pesaient sur les autres habitants.
Les résolutions par lesquelles les états de Hainaut imposèrent les terrains incultes appartenant aux communes, dans le but de déterminer ces dernières à les vendre ou à les cultiver, provoquèrent une transaction entre le seigneur de Braine-le-Château, d'une part, les villages de Braine et de Haut-Ittre, d'autre part. On reconnut au seigneur le droit de planter sur tous les chemins et waressaix ou terrains vagues. Les terrains communaux et bruyères, sauf la Bruyère de Boukendael (de la contenance de 2 bonniers 2 journaux), qui fut déclarée propriété du seigneur, devinrent des biens communaux, que les deux villages durent donner en location au plus offrant, en s'engageant à payer au seigneur le septième du produit de celte location. C'est ainsi que Braine-le-Château entra en possession incontestée des terrains suivants: la Grande Bruyère, contenant 19 bonniers 3 journaux ; la Communette de Billo, contenant 2 j. ; la Commune derrière le mont de Braine, contenant 5 b. 1 j.; la Bruyère de Mathias, contenant? b. 2 j.; la Bruyère de Marie Lange, contenant 1 b.; la Bruyère de la Croix, contenant 2 j.; la Bruyère de la Vlasmart, contenant 3 j.; la Bruyère de Landuyt, contenant 3 b. 3 j.; la Bruyère de Drappe, contenant 2 b. 1 j.; la Bruyère la Haye, contenant 8 b.; en tout 44 bonniers 1 journal (1er août 1767).
Quant aux droits de pâturage et de mort bois dans les forêts seigneuriales, ils firent l'objet d'un autre accord, en date du 6 mai 1824. Le prince de la Tour-Taxis renonça alors au septième du produit des biens communaux qui lui avait été alloué en 1767, et à la rente de 20 livres spécifiée dans la charte de 1302, et reconnut aux habitants des deux villages, sous certaines restrictions, le droit de couper les herbes et d'enlever les feuilles dans les bois jadis communs entre ses prédécesseurs et le chapitre de Sainte-Waudru ; par contre, les deux villages renoncèrent à tous les autres avantages que leur assurait la charte de l'an 1302. Le bois de Landuyt, contenant 30 bonniers 2 journaux, était devenu une bruyère; il fut convenu qu'on la mettrait en culture et qu'on en assignerait 19 bonniers au village de Braine, en échange de ses droits sur le warissaix Loro.
En 1528. Maximilien de Hornes confirma les statuts du serment des archers de Saint-Sébastien de Braine, qui existait depuis longtemps. Le seigneur donnait habituellement à cette confrérie, le jour de la fête de son patron, 12 livres tournois, « par courtoisie », c'est-à-dire comme marque de bienveillance. Elle assistait tous les ans à la procession de Hal, et ses membres portaient l'image miraculeuse de la Vierge depuis le Klaveren blok, où ils la recevaient des mains des confrères de Quiévrain, jusqu'à l'épine au Nikelberg, où ils la remettaient aux arquebusiers de Hal.
Après l'invasion française, Braine-le-Château fut séparé du Hainaut el compris dans le département de la Dyle (aujourd'hui la province de Brabant). Après avoir fait partie du canton de Tubise, il fut joint, en l'an X, au premier arrondissement de justice de paix de Nivelles.
Le budget de la commune, pour 1850, présente les chiffres suivants :
Suivant quelques généalogies, Braine-le-Château et Haut-Ittre auraient d'abord formé deux seigneuries, dont l'une, après avoir appartenu, ainsi qu'Ittre, à une branche de la famille de Valenciennes, serait devenue, par mariage, la propriété des Montigny, puis celle des Hornes, à la suite de l'union d'Isabeau de Montigny et de Thierri de Hornes, seigneur de Beaucignies, mort en 43P0, aïeul de Jean de Hornes, qui acquit, en 1434, l'autre seigneurie de Braine.
Ces détails, hâtons-nous de le dire, sont très-probablement des billevesées enfantées par l'imagination de quelque généalogiste. Outre le comte de Hainaut et le chapitre de Mons, Braine-le-Château et Haut-Ittre n'ont véritablement connu qu'un seul seigneur. Dans le principe, il était de la race des belliqueux barons de Trazegnies, illustrés dans nos guerres intestines et dans les croisades, puissants par leurs alliances redoutables, par l'importance de leurs possessions.
Othon, sire de Trazegnies, donna à l'hôpital Saint-Jean de Bruxelles, au mois de juillet 1226, une redevance d'un muid de blé, à prendre en son moulin de Braine-le-Château. Par une charte en date du mois de mai 1234, il approuva les acquisitions faites par l'abbaye de Notre-Dame de Braine (Wauthier-Braine) dans ses domaines, acquisitions qui comprenaient notamment la terre de la Laire, celles de Gérard de Wasoumont, de Mursekin, d'ArnouI Rex, de René de Hereburges et de sa sœur, héritiers de Nicolas de Valle. Othon exempta les religieuses de toute exaction ou charge quelconque, sauf du cens annuel que ces biens lui devaient et leur promit aide et conseil.
Ce seigneur, avec le consentement de Henri Cambarius, mandataire du chapitre de Sainte-Waudru, céda à Siger Oillet, bourgeois de Nivelles, 36 bonniers de bois situés à proximité du bois de Hal, moyennant 36 sous de Louvain (soit, par bonnier, 12 deniers) de rente annuelle à payer au chapitre. Oillet fut autorisé à défricher ce bois, a l'enclore, à le vendre ou à le donner en aumône; liberté entière d'exaction fut en outre garantie à l'acquéreur, mais à la condition que si le bois était mis en culture, la dîme de la récolte y serait prélevée. A la demande d'Othon, son fils aîné, Gilles, ratifia cette cession au mois de janvier 1237-1238, donna pour garants de ses bonnes intentions les chevaliers Thierri de la Hamaide, Philippe, Gilles Le Brun et Base, ses oncles, et, comme il n'avait pas de sceau propre, pria le seigneur d'Enghien, son père et ses oncles, d'apposer les leurs à sa charte. Déjà à celte époque Oillet avait renoncé à ses droits en faveur de l'abbaye de Wauthier-Braine, ce qui avait été approuvé par Othon, en mai 1237.
Ce fut le second des fils de ce dernier, Olhon, sire de Hacquegnies, qui hérita de Braine-le-Château. En mai 1247. il approuva le don fait par son père à l'hôpital Saint-Jean, de Bruxelles.
Après lui (vers l'an 1256), le village passa à Eustache, fils aîné du seigneur de Rœux, devenu seigneur de Trazegnies par son alliance avec Agnès, fille de Gilles de Trazegnies dont nous venons de parler; puis au chevalier Jean de Housdeng ou Housdain, qui, en 1302, confirma aux habitants du village leurs droits et leurs privilèges, et, en 1303, le demerkes ou mercredi avant la Toussaint, exempta l'abbaye de Wauthier-Braine de la taille qu'elle lui payait à la Saint-Rémi, moyennant une rente annuelle de 13 sous 2 deniers de blancs. Jean eut de sa femme Marguerite une fille nommée également Marguerite et qui devint chanoinesse de Maubeuge. Celle dernière dame, voulant imiter l'exemple de ses ancêtres, les sires de Trazegnies, dota l'abbaye de Wauthier-Braine d'une rente de 30 sous, ce dont elle informa les maire el échevins de sa seigneurie de Braine par une charte en date du jour de saint Jean Scolasse (ou de la Décollation de saint Jean), en 1315.
Faute de descendance directe, les biens de Braine passèrent aux Walcourt, qui s'étaient alliés par mariage aux Trazegnies. L'héritière de Braine et de Faverchines, maréchale héréditaire de Hainaut, avait eu de Thierri Stradiot de Walcourt, sire d'Aa, qui se distin-gua à la bataille de Woeringen, deux fils, Thierri, sire d'Aa et de Braine, et Henri, sire de Faverchines.
Thierri fut un des plus infatigables guerroyeurs de son temps. On le vit partout où il y avait de la gloire à acquérir, des périls à affronter. En 1327, il suivit le roi d'Angleterre Édouard III dans sa campagne contre les Écossais; en 1334, il se vengea des Flamands, qui avaient brûlé son château d'Aa, en faisant essuyer à leur armée une déroute complète, près de Lennick; en 1330, il se trouva à la journée de Buironfosse; et, en 1340, le comte de Hainaut le chargea de défendre contre les Français la ville du Quesnoy. Enfin, le 26 septembre 1345, il termina sa brillante carrière dans la sanglante bataille de Staveren, où la fleur de la chevalerie belge péril sous le fer des Frisons.
Jean de Walcourt, fils de Thierri et de Marguerite de Liedekerke, n'hérita ni des talents, ni de l'influence de son père. Après la bataille de Scheut, sa femme, Jeanne d'Agimont, avec son mambour ou tuteur, Siger de Heetvelde, jura foi et hommage au comte de Flandre. Sommé lui-même par le vainqueur de se rendre à Cortenberg, pour y délibérer sur les affaires du duché, il resta fidèle à ses serments, et on le voit figurer parmi les seigneurs qui, peu de temps après, se portent caution pour le duc Wenceslas et envers le comte de Looz, du payement d'une somme de 16,611 écus. Jean de Walcourt laissa aux pauvres de Braine 12 écus phi-lippus (à 36 sous), au curé et au chapelain de Notre-Dame à Braine 5 écus, et pour dire des messes à la mémoire de ses prédécesseurs 3 écus, en tout 20 écus, soit 4 livres 46 sous 2 deniers. Jeanne d'Agimont, devenue veuve, se remaria à Jean, sire de Petershem ; le 8 juin 1366, elle donna à Marie de Liedekerke, dame de Roosendael el de Bodeghem, une rente annuelle de 60 florins d'or de Florence, hypothéquée sur les biens d'Aa, rente que Marie partagea, le même jour, entre plusieurs communautés religieuses et fondations pieuses de Bruxelles.
Marie, fille unique de Jean de Walcourt, épousa Guillaume d'Abcoude. De concert avec son mari, elle céda son patrimoine à son beau-frère Zweder d'Ab-coude, seigneur de Gaesbeek. en échange des biens héréditaires de la famille de Zweder et de Guillaume : la forteresse d'Abcoude et la ville de Wyck-te-Duerstede. Le duc Albert de Bavière ratifia cet échange, et Guillaume promit qu'il déciderait le chapitre de Sainte-Waudru à investir son frère des possessions qu'il tenait en fief de ce corps (mardi après la Saint-Jean-Baptiste, en 1381).
Lors de la reddition aux Bruxellois, du château de Gaesbeek, qui fut détruit en punition du meurtre de l'échevin Everard T'Serclaes par les favoris de Zweder, ce fut à Braine-le-Château, selon de Dynter, à Wauthier-Braine, selon les Brabantsche Yeesten, que se relira la femme de Zweder, Anne de Linange. A la mort de celui-ci, son fils, Jacques d'Abcoude, laissa à sa mère pour résidence, pendant sa vie, le manoir de Braine, mais sans meubles (T’bloet huys van Brachen), et, le 3 août 1404, il mit aussi à sa disposition le parc de ce château, à là condition de l'abandonner à la première réquisitio/.
Jacques d'Abcoude, qui, de même que son père Zweder, eut une vie très-agitée,-vendit Braine-le-Château et Haut-Ittre à Jean de Hornes, seigneur de Beaucignies, par-devant le bailli et les hommes de fief du chapitre de Sainte-Waudru. L'acte de cession est daté de l'hôtel de Bourgogne à Gand, le 21 juin 1434. Jean de Hornes acquit également Gaesbeek et transmit l'un et l'autre domaine à ses descendants:
Philippe, son fils, tué près de Courtrai le 3 février 1483-1489; :
Arnoul, fils de Philippe, mort en 1515;
Maximilien, fils d'Arnoul, mort le 3 février 1542-1543;
Martin, fils de Maximilien, à qui, lors de son mariage avec Anne de Croÿ, vicomtesse de Stavele, fille du seigneur de Sempy, ses parents donnèrent, le 17 avril 1539, la grande maison avec ses appartenances, située auprès du pont et du moulin à Braine, avec celte clause que s'il venait à mourir avant sa femme, elle pourrait continuer à y habiter. Ce seigneur ayant contracté d’énormes dettes, ses biens furent mis sous séquestre et, en 1565, on vendit au comte d'Egmont la belle terre de Gaesbeek. Martin de Hornes mourut le 21 septembre 1570 et fut enterré à Braine, où l'on vit longtemps son cabinet d'armes. Il laissa plusieurs enfants, entre autres Guillaume, sire de Hese, qui joua un rôle important pendant les troubles, après la mort du gouverneur général Requesens. D'abord dévoué à la cause nationale, il s'en sépara lorsque la religion catholique lui parut menacée. Mais, après avoir contribué à l'organisation de la ligue des Mécontents et à la réconciliation des provinces wallonnes avec le roi Philippe II, il fut accusé d'avoir traité avec le duc d'AIençon et le prince d'Orange, et eut la tête tranchée, au Quesnoy, le 8 novembre 1580.
Philippe de Hornes, fils aîné de Martin, prit le titre de comte de Houtekerke, que son père avait déjà réclamé, et mourut le 12 février 1572-1573
Son frère George épousa au château de Gaesbeek, le 26 janvier 1574-1575, Éléonore d'Egmont, fille du célèbre Lamoral. II signa l'union de Bruxelles en 1577, passa les dernières années de sa vie au château de Geldorp. qui appartenait à son frère Armand, fils naturel de Martin de Hornes et de Catherine do Hornes, et mourut en 1608.
François de Hornes, fils de Philippe, mourut en 1629 et en fondant son obit, institua une distribution annuelle de 9 rasières de blé, outre une rente de 5 livres pour le curé, une de 30 sous pour le chapelain, une de 2 livres 8 sous pour le clerc.
Lamoral, son frère, colonel d'un régiment au service d'Espagne, souverain bailli de Çassel, mourut le 6 novembre 1648. Philippe-Lamoral, son fils, mourut le 18 février 1663.
Le 13 août 1666, Philippe-Eugène, fils du précédent, et ses frères et sœurs, vendirent Braine et Haut-Ittre, pour la somme de 80,000 florins, à Jean-Philippe-René d'Yve, seigneur d'Ostiche, mais, le 11 juillet 1670, on en opéra le retrait au nom de Lamoral Claude-François, comte de la Tour et Taxis, de Valsassine et du Saint-Empire romain, grand maître héréditaire des postes chambellan des empereurs Ferdinand III et Léopold Ier, et de sa femme, Aune-Françoise-Eugénie de Homes, l’aiînée des sœurs du comte Philippe-Eugène; que le comte de la Tour et Taxis avait épousée à Braine-le-Château le 6 février 1650. Le comte mourut le 13 septembre 1676 et fut enseveli, ainsi que sa femme, dans la belle chapelle de Sainte-Ursule, qu'il avait fait élever au côté gauche du chœur de l'église du Sablon, à Bruxelles.
Eugène-Alexandre, leur fils, à qui on doit la chapelle de Saint-Marcou, qui se trouve au côté droit du chœur de l'église du Sablon, fut comblé d'honneurs par ses souverains, le roi d'Espagne et l'empereur d'Allemagne. Le premier, par lettres patentes en date du 19 février 1681, érigea sa terre de Braine-le-Château en principauté, sous le nom de principauté de la Tour et Tassis, et le second le créa, lui et tous ses descendants, princes de l'empire, le 4 octobre 1695. il mou-rut le 21 février 1714. Anselme-François^ son fils, mourut le 8 novembre 1739.
Alexandre-Ferdinand-Louis-Auguste, fils du précédent, fut commissaire principal de la maison d'Autriche à la diète de l'empire, et fixa sa résidence à Ratisbonne, où il mourut le 17 mars 1773.
Charles-Anselme, son fils (relief fait par-devant la cour féodale du chapitre de Sainte-Waudru, le 8 février 1774), mourut le 13 novembre 1805. Les ancêtres de ce prince s'étaient successivement alliés aux principales familles de l'Allemagne; il donna à sa race un nouveau lustre par son union avec Augustine-Elisabeth, duchesse de Wurtemberg, d'une race aujourd'hui royale; mais les événements politiques l'éloignèrent pour toujours de la Belgique. En 1794, ses biens furent séquestrés en vertu d'un arrêté du 9 frimaire an III, et ses meubles enlevés et vendus au profit de la république française; la maîtrise générale des postes dans les pays en deçà du Rhin fut supprimée de fait, et cette suppression sanctionnée ensuite par le traité de Lunéville.
Le prince Charles-Alexandre rentra en possession des biens paternels. Après sa mort, arrivée le 15 juillet 1327, son fils aîné, Maximilien-Charles, aliéna successivement tout ce qu'il possédait dans notre pays, sauf quelques prairies situées à Laeken. Les biens de Haut-Ittre furent vendus, le 14 mars 1835, à M. Jean-Baptiste T'Serstevens, pour la somme de 173,700 francs, et ceux de Braine-le-Château, le 28 du même mois, au comte Eugène-Gaspar de Robiano, membre du sénat, pour 730,158 francs. Madame la douairière de Robiano, née d'Ostregnies; possède aujourd'hui ces derniers.
En 1473, lorsqu'elle appartenait à Marguerite de la Trémouille, veuve de Jean de Hornes, la terre de Braine-le-Château produisait un revenu de 220 livres. En 1502, on évaluait le produit annuel de la juridiction et des droits seigneuriaux de toute nature à 25 ou 30 livres tournois par an, somme à laquelle il fallait ajouter : 77 sous 11 deniers, valeur d'une « tenanche qu'on dit. du Lige, ayant maire; tenaulles, cens, rentes, chapons », et appelée ainsi parce qu'on y suivait jadis là coutume de Liège. ; 61 livres 10 sous, produit de la « chambre, brasseresse banale. »; 18. livres 10 sous, provenant des pierres, et verissaulx, 31 sous 6 deniers, valeur de 21 «fourques » ou corvées à fenaison, corvées au moyen desquelles on opérait la fenaison d'un_bonnier.de pré et qui étaient estimées à 18 deniers chacune; 12 livres, produit de 6 journaux de prés, voisins du jardin seigneurial; 14 livres 13 sous 4 deniers, valeur .de .la. Tenure du, Pochet, qui était réunie à la Censé du Beau bois; le produit du, bois de la Ramée, échu au seigneur par confiscation ; 4 livres tournois, valeur d'un petit fief à, Wynzoulte, à proximité de la Cense de Beaubois ; 18 muids de seigle, provenant de la maison Le Jardin à Haut-Ittre, et enfin 19 livres tournois et 6 chapons, produit de 3 bonniers de prés à Meulbroucq.
Au XVIIe et au XVIIIe siècle, les revenus avaient considérablement augmenté. En 1654-1655, ils s'élevaient à 5,327 livres tournois 15 sous 9 deniers, et, en 1753, à 4,054 florins 17 1/2 sous. Les revenus provenaient notamment : de la location des fermes dites de la Pottrée, Bouquendale, Binchefort, Silliau, du moulin banal, de la brasserie banale, où l'on percevait 40 florins par brassin sauf que les brassins de bourgeois n'étaient taxés qu'à 3 flor. 40 sous; de la vente du bois etc.
Quant aux dépenses, elles s'élevèrent :
- en 1654-1655, à 6,305 livres 16 sous 2 deniers ;
- en 1753, à 3,774 florins 8 3/4 sous.
Dans ce dernier chiffre figurent 38 florins 16 sous pour chacun des deux sergents. Les archives du royaume possèdent les Comptes de la seigneurie pour les années 1654 à 1655, 1718 à 1729, 1731 et 1734 à 1765.
Le manoir de Braine-le-Château, avec ses tours, ses beaux jardins qui se prolongent jusqu'à la route de Hal à Nivelles, ses grandes pièces d'eau, constitue le plus bel ornement de la riante, vallée du Hain. Les constructions actuelles sont très anciennes, mais elles ont été restaurées à différentes reprises, et, il y a 25 ans, on les a modernisées en agrandissant les fenêtres. Elles se composent d'un corps de logis, flanqué de deux ailes eu retour d'équerre. Les deux angles extérieurs de l'aile occidentale sont cantonnés de grosses tours rondes, et l'angle extérieur, vers le sud, de l'aile orientale, est cantonné d'une tourelle.
Les façades extérieures présentent un grand développement; la façade qui fait face à l'ouest est celle dont le caractère primitif a été le moins altéré. Les façades vers la cour portent: à gauche, la date 1645; a droite, la date 1684. A la première de ces époques remonte probablement toute l'aile de gauche, on retrouve absolument ce que l'on appelle le style espagnol, ou plutôt le style flamand. Le restant du château doit avoir aussi été remanié vers ce temps et en partie relevé en 1681 ; la façade, au fond de la cour, avec ses formes tourmentées, rappelle le XVIIIe siècle.
Le château est entouré de larges fossés qu'alimentent des sources amenées souterrainement de l'Ermitage. Il y a une quinzaine d'années, on a construit, à l'extrémité de l'aile gauche, une élégante chapelle, de style ogival, qui reçoit le jour par deux fenêtres donnant sur la façade N. du château et ornées de deux verrières de Capronnier, représentant saint Eugène et saint Charles-Borromée. Des bancs en chêne sculpté garnissent cette chapelle, où on voit, sur l'autel, un superbe retable ancien que M. de Robiano a acheté à Paris. Le retable se compose de cinq compartiments surmontés d'ogives, en accolade, et ornés de sculptures reproduisant des épisodes de la vie de Jésus-Christ. A droite de l'autel on remarque un tableau ancien sur fond d'or, représentant la célèbre madone de Calibrai. Dans un recoin du jardin, qui franchit le chemin des Monts au moyen d'un pont en charpente, on remarque un if, qui, selon la tradition, fut planté par Martin de Hornes lors de l'exécution de son parent, Philippe de Montmorenci, comte de Hornes, et de son ami Lamoral d'Egmont. Martin de Hornes fit alors sculpter les armoiries de ces deux personnages, avec les siennes propres, sur le manteau de la cheminée de la grande salle du château.
A proximité du château, à l'un des angles de la place du village, s'élève une belle façade, dont le pignon est orné de créneaux allongés, et formé de plusieurs étages superposés, percés d'œils de bœuf. On ignore l'ancienne destination de ce bâtiment, qui est aujourd'hui habité par le boulanger Eloi De Cock. Peut-être était-ce la demeure du bailli de la seigneurie, peut-être aussi est-ce la maison sur la place, dont il est fait mention dans des actes de partage des familles d'Ittre el Colereau, au XVIe siècle. Une construction analogue a, dit-on, existé à l'autre extrémité de la place. Plusieurs fiefs relevaient autrefois de la seigneurie, notamment la seigneurie des Champs, la maison de là Haute-Potterie, la Cense de Lare, le bois de Herissem qui contenait 7 bonniers; le Polchet, qui comprenait 2 b. de terres ; un courtil près de la brasserie banale, qui était possédé, en 1502, par le héraut d'armes Arnoul de la Forge, dit Gasbeque; une lanière de 21 pieds carrés; à Haut-Ittre, la Court du Mortier, la Maison du Prêt etc.
La seigneurie des Champs avait un maire et des tenables ou tenanciers jurés; le seigneur avait sa place marquée au chœur du Saint-Nom de Jésus, dans l'église, avec une entrée particulière. Le fief comprenait une maison, avec tour, granges, étables et jardins, un cens de 20 chapons, 8 sous 4 deniers oboles, une rasière de froment, une d'avoine, 2 poules, 4 géline, 6 vieux gros et 3 sous de monnaie coursable ; 12 bonniers de terres, de bois et de prés, derrière le bois de Fauwiaut jusqu'à la Braine. Soixante bonniers étaient en outre tenus en main ferme. Les habitants de ce domaine étaient assujettis à faire moudre leurs grains au moulin banal, mais ils devaient y être servis les premiers après le seigneur et ne payer que demi-mouture pour le seigle et rien pour le froment.
Warnier, sire de Carnières, était, en 1502, possesseur de cette tenure, qui porta aussi le nom de Tenure de Carnières. Claude Dumas, vers l'année 1587, et, en 1654, Philippe-Eugène Desquesnes, héritier de son père Louis, en étaient les maîtres. La baronne de Wal, née baronne de Stockhem, la possède aujourd'hui et en a fait restaurer la tour en 1648. Celle tour est de forme carrée, construite en pierres à la base, en briques à la partie supérieure, et présente vers l'intérieur, du côté de l'O., un pignon à angles rentrants et sortants. On en a dénature l'aspect en la surmontant d'une grande cheminée. Les autres bâtiments de la ferme sont très vastes et occupent une position pittoresque, sur un coteau d'où l'on aperçoit Wauthier-Braine; mais leur construction n'offre rien de particulier.
On chercherait vainement des vestiges de la Cense de Lare, qui disparut en 1674 et qui était construite, selon toute apparence, près du Hain et tout près de Wauthier-Braine. C'est là que se réunirent les premières religieuses de l'abbaye de ce dernier endroit, vers 1230. En 1502, elle appartenait à Waleran d'Ittre, qui la relevait du seigneur de Braine, avec 50 bonniers de terres et de bruyères, le tout d'un revenu de 30 livres tournois environ. Lors du partage des biens de Charles d'Ittre, effectué en 1536, on adjugea à son fils Waleran la Cense la Larre et toutes ses dépendances, tant en Brabant qu'en Hainaut; le bois de la Larre, le fief de la Motte à Binchefort, le fier de Pochet etc. et à un autre fils, nommé Antoine, la maison de la Tournette, près de Nivelles; la maison de Hobruges et ses dépendances, à Braine-le-Château; le fief de Putpanche, situé à côté du précédent; la maison de Robersart etc.
Louise d'Ittre porta une partie de ces biens à son mari Maximilien Cotereau, seigneur de Clabecq. Philippe, leur fils, hérita du pré de Haubruge, qui relevait de Faucuwez ; Anne, sa sœur, de la Cense de Lare, el Jeanne, sa seconde sœur, d'une moitié de la Cense de Beaubois, dont l'autre moitié était la propriété de son demi-frère, Maximilien de la Chappelle (partage du 23 septembre 1569). Anne, de concert avec son mari, Nicolas de la Chappelle, vendit la Cense de Lare à Jacques Faudiere ou Faudoyer, marchand à Bruxelles (44 août 1596). Enfin, en 1637, Jean Alstenet et Marie Gartia la cédèrent à l'abbaye de Wauthier-Braine, avec 29 1/2 bonniers de terres, dont 25 étaient fiefs. Le seigneur n'approuva cette cession qu'à la condition que les religieuses paveraient les impôts comme les autres propriétaires ou habitants du village, clause qu'elles acceptèrent le 28 mars, mais que, dans la suite, elles essayèrent d'éluder. Chaque fois que changeait l'homme « vivant et mourant », chargé de tenir ce bien au nom du monastère, ce dernier payait au seigneur 40 florins pour droit de mutation. Après la destruction de la ferme, vers 1671, les biens qui en dépendaient furent réunis à ceux que la communauté exploitait directement.
Plusieurs autres petits manoirs ont également disparu. De ce nombre est l’Escaille, qui se trouvait au Meulbroucq, el qui appartenait, en 1654, à la veuve de Jean Barbeau. Le dimanche après la Saint-Denis, en 1252, Othon de Trazegnies, sire de Hacquegnies, autorisa « monseigneur Godefroid Prévost de le Scaille » à vendre à l'abbaye de Wauthier-Braine 6 bonniers de bois situés entre le bois de Braine el Wendrinchamp et en juillet 1256, Eustache, seigneur de Trazegnies, approuva la vente de 11 bonniers de terres faite au même monastère par ce chevalier.
Hurtebise était, en 1587, la propriété des héritière de Boussart et Schilders, mais déjà elle était inhabitée et abandonnée, et .l'on ne tarda pas à en morceler les dépendances. On ne connaît pas même la situation de Houbruge, ni celle de la Cense de Hawissart, que, en 1502, Henri Minne tenail en fief de la seigneurie d'Ophain, loi de Hainaut, avec 12 bonniers de bois, de pâturages et de viviers et 7 b. de terres. Putpanche relevait delà seigneurie de Wouwenbroecq, à Hal, et avait un livre censal s'étendant sur Braine et sur Hal, el produisant par an un quartaut de froment, 5 quartauts d'avoine, 2 chapons, 44 deniers, qui se levaient sur environ 17 bonniers d'héritages, au Molenbroecque.
En 1846, le baron Charles Snoy a fait bâtir sur la limite de Haut-Ittre, à proximité de l'ancien bois de Clabecq, une villa qu'il a baptisée du nom de Château de Samme. Cette villa forme un quadrilatère rectangle ayant 20 mètres de façade sur 15 m. de largeur. Il est entièrement revêtu de pierres de taille et compte, au-dessus du rez-de-chaussée, deux étages surmoulés d'un attique. La façade principale, vers le S.-O. forme avant-corps au milieu ; à la façade opposée, cet avant-corps dessine une rotonde. Le terrain étant incliné vers le N.-E., dans la direction du Longbrou, on a utilisé ce ruisseau pour établir un étang qui embellit le parc du château et sur lequel l'œil plane lorsqu'on se trouve dans la rotonde.
L'église de Saint-Rémi à Braine-le-Château fit partie de l'évêché de Cambrai et du doyenné de Hal jusqu'à la révolution française. Après le concordat, elle devint, sous le vocable de Saint-Rombaud, qu'elle ne conserva pas, une succursale de l'église de Sainte-Gertrude, à Nivelles; actuellement elle dépend du doyenné de Hal.
Un accord fut conclu, en 1574, entre le curé de Braine, Pierre de Baulde, et le chapitre de Sainte-Waudru, au sujet de la portion congrue du premier. A la suite d'une transaction moyennée en 1627, le même chapitre laissa à titre viager, au curé Croisier, la menue dîme du village et les oblations et offrandes faites à l'église, à charge d'une rente annuelle de 40 livres tournois. A la fin du siècle dernier, le curé prélevait la septième et la neuvième gerbe de la dîme du chapitre, la dîme dite le Douaire, qui se percevait sur 24 bonniers de terres; celle des closières, un tiers de la dîme des colzats, la menue dîme etc., le tout valant en moyenne 978 florins.
Il y avait anciennement deux bénéfices à la collation du seigneur : celui de Notre-Dame et celui de Sainte-Anne. Au premier bénéfice, qui était chargé d'une messe pour tous les dimanches et jours de fêtes, appartenaient une maison près du Mont Olivet, 7 bonniers de terres, des rentes et des redevances, le tout produisant 204 florins par an. La seconde chapellenie avait été fondée par Marguerite de Montmorency, et prélevait, une rente de 74 livres tournois (ou, en 1753, de 35 florins) sur la Cense de Potterée, outre 4 livres pour le vin et le luminaire.
La cure a été rebâtie en 1631 par le curé Croisier, sur un terrain acquis par lui. Les revenus de la fabrique (qui ne possède que 37 ares, non compris 70 ares appartenant à la cure) s'élèvent aujourd'hui à 1,467 francs.
On travaille actuellement à reconstruire, de fond en comble. l'église de Braine-le-Château..L'édifice que l'on a commencé à démolir, au mois d'avril dernier, était en forme de croix latine. Il comprenait deux parties très-différentes. Les nefs latérales étaient construites en briques. Elles ne remontaient, paraît-il, qu'à l'an 1656, tandis que la tour, le transept et le chœur dataient de plus loin. La grande nef était romane, comme on l'a constaté lors de la démolition, qui a mis à découvert plusieurs petites fenêtres en plein cintre, analogues à celles du haut de la tour. Malgré l'ornementation renaissance dont on avait revêtu l'intérieur de l'église, probablement en 1778, date inscrite au plafond du chœur, la lourdeur des piliers qui séparaient la nef des bas côtés révélait l'ancienneté de cette nef.
La porte d'entrée appartenait aussi à la renaissance, mais était surmontée d'une ogive obtuse. La tour, construction massive en pierres brutes, offrait au sommet, sur chaque face, deux ouvertures en abat-vent cintrées. Elle était placée en tête de la nef, de forme carrée, et surmontée d'une flèche recouverte d'ardoise. Dans la troisième el dernière travée de la nef, près du transept, on remarquait une porte latérale, murée, surmontée d'une moulure formant accolade. Les transepts, par une disposition rare et disgracieuse, comptaient deux travées ; le transept gauche, plus ancien que celui de droite, avait son mur terminal percé de deux fenêtres, tandis que le mur opposé n'en offrait qu'une, plus grande. Le chœur, que terminait une abside à trois pans, recevait le jour par cinq fenêtres à meneaux flamboyants.
Les documents attestent qu'au XVIe siècle, on travailla beaucoup à l'église, qui avait probablement souffert des guerres civiles, sous le règne du roi Maximilien. Les maire, échevins, curé et autres habitants du village déclarèrent, en 1549, qu'en considération de 200 livres que leur avait accordées, le 19 novembre 1347, le chapitre de Sainte-Waudru, ils prenaient entièrement à leur charge l'entretien de ce chœur, à la seule exception de la verrière du milieu, c'est-à-dire de la fenêtre de l'abside, qui resterait à la charge des chanoinesses. Le 9 septembre 1513, l'évêque Jacques de Croy avait accordé quarante jours d'indulgences à ceux qui visiteraient les stations qui rappelaient, dans l'église, la mémoire de la passion.
La nouvelle église, qui se construit sur les plans de M. Coulon, est en forme de basilique, à trois nefs, de style ogival tertiaire. Elle compte, entre la tour et le chœur, cinq travées. A la gauche du chœur, qui se termine comme l'ancien, est une tribune réservée à la famille de Robiano ; à la droite on a pratiqué, dans l'épaisseur du mur vers la sacristie, une niche destinée à recevoir le monument de Maximilien de Hornes qui se trouvait antérieurement au côté opposé et qui est provisoirement déposé dans l'orangerie du château. Ce monument, en marbre blanc, ne porte aucune inscription. Il est surmonté de la statue de Maximilien, qui est représenté couché, couvert de son armure et de sa cotte aux armoiries des Hornes, la tête découverte, le collier de l'ordre de la Toison d'or au cou, les mains jointes, les pieds s’appuyant à un lion. Deux anges, qui ont un genou en terre, soutiennent le coussin richement damassé sur lequel repose la tète du seigneur.
La dalle qui supporte la statue est du même bloc de marbre ; elle recouvrait une maçonnerie en pierre bleue, creuse à l'intérieur el qui passait pour renfermer les restes mortels de Maximilien, bien que cela ne s'accorde pas avec les faibles dimensions du monument. Un caveau sépulcral a reçu la dépouille mortelle d'Eugène-Gaspar, comte de Robiano, membre du Sénat, mort le 21 février 1837, et un autre caveau les corps de plusieurs membres de la famille Thienpont.
Le maître-autel était décoré d'un tableau représentant le Baptême de Clovis, don de M. de Robiano. L'autel de la chapelle de Notre-Dame, dans le transept gauche, était consacré à la Vierge; celui de la chapelle du Saint-Sacrement, dans le transept droit, avait pour patron saint Joseph, qui sera remplacé par saint Roch dans la nouvelle église.
En 1544, une horloge fut placée dans la tour, qui contenait trois cloches : la plus grosse fondue en 4608 par Thomas et Jean Tordeur; la seconde exécutée à Louvain, en 1693, par J.-B. Daems ; la troisième faite en 1533, par P. Vanden Gheyn. Les premières orgues ne furent placées qu'en 1825, grâce à la libéralité de Pierre Dujardin, à qui elles coûtèrent 1,200 florins des Pays-Bas.
Avec le produit de la vente d'une parcelle de terrain communal, les seigneur, curé et habitants acquirent, à 600 mètres N.-N.-O. de l'église, une colline appelée le Mont du Calvaire, et y bâtirent une petite chapelle, où l'évêque de Cambrai permit, le 12 septembre 1550, de célébrer la messe sur un autel portatif. Le chapitre de Sainte-Waudru, invité par les habitants à coopérer à ce travail, répondit : « qu'il n'avoit chose pour eulx donner » (22 août 1552). L'oratoire fut reconstruit environ soixante ans plus lard et consacré par l'archevêque François Vander Burch, le 19 avril 1617. Le 31 juillet 1654, le pape Innocent X enrichit d'indulgences la confrérie de la Sainte-Croix, qui s'était réorganisée. Le pèlerinage de la Sainte-Croix est aujourd’hui délaissé et l'on ne visite que rarement le Mont-Olivet, d'où on découvre tout le village. Cette chapelle est grossièrement bâtie, en style ogival, de pierres et de briques. Elle est précédée d'un petit porche dans lequel on remarque, attaché à la muraille, un long morceau de bois vermoulu auquel est fixée une tringle de fer ; une légende populaire raconte que celle baguette de fer fut rapportée de la Terre-Sainte par un croisé comme étant la mesure de la grandeur du Christ. On y dit la messe les vendredis et le dimanche qui suit l'Invention de la Sainte-Croix. A l'ouest du porche croît un magnifique tilleul, qui a 3 mètres de circonférence.
En 1673, la confrérie de la Sainte-Croix fit placer une grande croix, à 700 mètres N.-O. de l'église, sur un mamelon isolé qui domine la chapelle, dont il est séparé par un chemin creux conduisant à la ferme Du Jardin. Ce calvaire est bien connu sous le nom de Bon Dieu des Monts. La croix, en pierre bleue, a été taillée à nœuds pour rappeler le bois, le Christ est eu pierre blanche et porte à sa base cette inscription : sIt sUper | popULUM | beneDICTIo | tUa. Trois épicéas et deux ifs entourent la croix.
La chapelle de Notre-Dame-au-Bois, bâtie en 1740, à 1,000 m. S. de l'église, à la lisière du Bois du Chapitre, est plus fréquentée, principalement les vendredis du carême, et surtout lors de la fête qui s'y célèbre le dimanche après le 2 juillet ; l'archevêque de Malines et !e pape Grégoire XVI, le premier le 14 juin 1833, el le second le 9 novembre suivant, ont accordé des indulgences à ceux qui y vont prier.
La Table des pauvres jouissait, en 1787, d'un revenu s'élevant à 320 florins. La tradition en attribue la fondation à Othon de Trazegnies, qui vivait en l'an 1247, et à Agnès d'Ittre, sa femme. Marguerite de Montmorency, la femme d'Arnoul de Hornes, donna aux pauvres, le 9 décembre 1535, une rente annuelle de 45 livres tournois, pour la distribution annuelle de 45 aunes de gros drap et d'une bête grasse.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Il y a eu jadis une maladrerie à Braine-le-Château. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 199 : 83 garçons et 146 filles.
II y a deux écoles : l'école communale, qui sert également de maison commune, a été construite en 1848. Elle présente une façade de cinq fenêtres de front, flanquée de pavillons formant avant-corps, et surmontée d'un attique, qui n'a que trois fenêtres. Toutes les fenêtres sont cintrées. L'école adoptée des sœurs de Marie, qui est dirigée par cinq religieuses du couvent de Braine-l'Alleu, se tient dans un vaste local voisin de l'église et de la cure et qui a été construit par la comtesse de Robiano.
Par son testament du 22 mars 1677, le curé Gilles Carlier légua 1,600 florins pour la fondation d'une bourse pour l'étude de la rhétorique, de la philosophie et des études supérieures. Elle est instituée en faveur des descendants de ses frères et sœurs, puis des jeunes gens de Braine, et la collation en appartient au curé, au bourgmestre et aux échevins. L'un des successeurs de Carlier, Guillaume-Joseph Hanon, après avoir disposé de ses biens pour instituer dans la ferme de Boistelle une congrégation de prêtres sous l'invocation de saint Charles-Borromée et de saint Vincent de Paule, révoqua cette disposition le 28 octobre 1757, el créa une bourse de 150 florins en faveur de ses parents, puis des descendants de M. Malluin et enfin des jeunes gens de Braine-le-Château et de Braine-le-Comte. Cette bourse se confère actuellement par le plus proche parent du fondateur.
Il existe à Braine-le-Château une société de musique, dite de Sainte-Cécile, et qui date de 1840. La fête locale se célèbre le dimanche après le 2 juillet. Ce jour-là a lieu la grande procession, qui parcourt un immense itinéraire ; elle passe par la chapelle de Notre-Dame-au-Bois et revient par celle de la Sainte-Croix. Il y a fête aussi le troisième dimanche de septembre, quand a lieu la procession dite le Tour de saint Roch; le premier dimanche de mai, jour de la procession à la chapelle Sainte-Croix, et le premier dimanche d'octobre.
Albert de Hornes, fils de Philippe-Lamoral, comte de Houtekerke, et de Dorothée d'Arenberg, né à Braine-le-Château en 1640, chanoine de Leuze, puis chanoine de Saint-Bavon à Gand, évêque de cette dernière ville en 1681, mort le 4 juin 1694.
L'abbé Stroobant, Notice historique et généalogique sur les seigneurs de Braine-le-Château et Haut-Ittre. Bruxelles, Dehou, 1849, in-8° de 230 pages, avec planches.
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