II n'y a pas de doute possible quant à la finale de ce nom. Pour ce qui est de la première partie, nous ne pouvons accepter l'origine généralement adoptée, et qui traduit Oiskerque par église orientale. Une tradition prétend, il est vrai, que le hameau de Cœurcq, à Tubise, a eu jadis une église ; mais on doit remarquer que dans les anciens actes on écrit presque toujours Ocekerche ou Ocheskerke, venant peut-être du flamand hooge-kerke : cette étymologie serait parfaitement en rapport avec la situation du village, sur un plateau dominant la vallée de la Sennette. On trouve, en effet : Ocekerche (1095), Ozkarka 1138), Ocekerca (1169), Ochekirca (Gilbert de Mons), Ocheskerke (1276), Ochescirke (4289). Plus tard, ces formes primitives s'altèrent complètement. En 1490, on rencontre encore Ochekerke, et, en 1312, Oskerke (en 1601, Oskerken). Au XIVe siècle, l'y ou l'i s'introduit dans ce mot, qui se transforme successivement en Oyskerke (1360), Oisquercq (1403, 1729, Vander Stegen), Oiskercke (XVe siècle), Oisquerque (1686, 1729). La préfixe oost se montre aussi à la même époque dans : Oystkerke (1374), Oostkurche (1371), plus tard Oostkercke (1620) ou Oostquerque (1651). On écrivait aussi : Oteskerke (1367, 1425), Oedskerke (1383), Otsekerke (1403), Osekerke (1412), Oeskerke (1517).
La prononciation wallonne Oskerke prouve que la lettre i est surabondante et a été introduite à tort.
La commune d'Oiskerque est limitrophe de celles de Ittre, Virginal, Hennuyères (Hainaut) et Tubise.
Oiskerque est à 3 kilomètres de Tubise, 4 k. de Vir-ginal, 5 k. d'Ittre, 6 1/2 k. d'Hennuyères, 43 4/2 k. de Nivelles, 25 k. de Bruxelles.
L'église d'Oiskerque se trouve située par 56 grades 30 de latitude N. et 2 grades 09 de longitude E.
L'altitude du sol est de 40 mètres à 400 m. E.-S.-E. de l'église, près du moulin à eau.
Le cadastre divise le territoire d'Oiskerque en 3 sections : la section A ou du Village, la section B ou de la Bruyère, \a, section C ou du Rossignol. Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 538 parcelles, appartenait à 104 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 23,058-09 fr. (sol : 19,032-09 ; bâtiments : 4,026-00) et ayant une contenance de 385 hectares 91 ares 90 centiares (imposable : 375 hect. 55 a. 20 ca. ; non imposable : 10 hect. 36 a. 70 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Oiskerque, en 1374, 44 ménages ; en 1436, 26 foyers ; en 1464, 30 foyers ; en 1472, 22 foyers ; en 1492, 17 foyers ; en 1526, 38 maisons, dont 1 inhabitée ; en 1686, 13 maisons plus 1 moulin, 1 taverne et brasserie ; au 31 décembre 1856, 97 maisons.
Le village d'Oiskerque, qui compte 44 maisons; la Bruyère, 53 maisons. Le petit village d'Oiskerque s'élève sur la pente d'une colline dont le pied est baigné par la Sennette. L'église est placée à peu près au centre de l'agglomération; vers l'extrémité N.-E. on remarque, à mi-côte, au milieu de vastes jardins, la villa de M. C.-J.-F. Van Hoobrouck. On rattache a Oiskerque, malgré leur isolement, les maisons du Rossignol, qui ne sont pas assez nombreuses pour constituer un hameau ; ce nom s'étend à quelques habitations appartenant au territoire de Tubise. La Bruyère occupe, à environ 1,200 mètres S.-E. de l'église, dont elle est séparée par la Sennette, la croupe sablonneuse d'une colline assez escarpée, qui forme le versant droit de la rivière. Les maisons de ce hameau sont disséminées : elles s'étendent vers la limite d'Ittre, au S. jusqu'à la Bruyère de Bovignies dans la direction du Sart, au N. jusqu'au Plat Quertin, au delà du bois d'Oiskerque, dans la direction du Pont de Moëllons.
A 200 mètres N. de l'église, la Cense del Val (Maison le Val, 1556) ; à 400 m. N., Bosquette ; à 700 m.E.-N.-E., Ie Plat Quertin; à 1,000m. E.-N.-E., la Cense de la Haute Borne ; à 1,200 m. S.-E., la Cense de la Bruyère ; à 1.200 m. S.-S.-E., la Cense de Ligne ; à 1,500 m. S.-S.-E., l’Ecluse n° 44 ; à 1300 m. S., les Hayettes ; à 900 m. S. la Cense du Péri (Poirier?) ; à 1,100 m. S., l'ancienne Cense del Haie ; à. 2,400 m. S.-O., la Maison Garite ; à 1,800 m. S.-O., la Cense du Rossignol ; à 600 m. S.-O., le Roi jardin ; à 400 m. O.-S.-O., la Cense de la Falise ; à 1,100 m. O.-S.-O., le Pourceauxtrou ; à 500 m. O., Champchet ou Chanchet ; à 600 m. N.-N.-O., la Coulette ou Gochette.
Pré et Champ des Béguines ; Champ, Prés et Rue del Val ; Pré des Graisses ; Pré Entre les deux eaux ; Pré de la Tour ; la Tourelle, bâtiment démoli en 1820 ; Pinard, maison ; Rue de Tubise ; Chemin du Seigneur ; Château ; Basse-Cour ; Rue de Samme ; Ancienne Place ; Place Saint-Roch ; Moulin d'Oiskerque ; Papeterie Jacquet ; les Espaisses ; Bois d'Oiskerque ; Bois d'Anne-Jeanne ou plutôt Dame Jeanne (Bois dame Jehanne) : Haut champ ; Petite Waruse ; Grande Waruse ; Bruyère de Bovignies ou Bauviqny ; Champ des Roquettes ; Pré à la Buse ; Pré Mahau ; Prés de Sept fontaines ; Chemin d'Ittre ; Courlil Bastienne ; Pont du Bon voisin ; Grand Pont ou Pont d'Oiskerque ; Champ Madame ; le Bouloit, maison ; Pâchis au Bois ; Ruelle Baillet ; Rue du Sart ; Rue Annigale ou Hanigal; Fayence, maison ; Bourg Bailli ; Pré Mamour ; Tienne à Viviers ; Huit bonniers ; Grand Closin ; les Falises ; l’Aubiérie ; Bout du Monde ; Aunaie du Curé ; Champ du Curé ; Pré de Ligne ; Douaire ; Arbre de la Justice ; Rue Notre-Dame ; Vert chemin ; la Taverne, emplacement d'une maison démolie ; Bas champ ; Sapinière ; Pont Tellier (Pont le Tellier, 1536) ; Mauvaise rue ; Chapelle Saint-Antoine ; Chapelle Jean Vendredi ; Chapelle Saint-Roch ; Chapelle de la Falise ; Chapelle Saint-Jean Hiéronymau, flanquée de deux beaux peupliers, sur un plateau à la limite de Tubise ; Chapelle Daniel.
Ferme de la Motte ; Haie des Chevaux, près de la rivière ; Sart ; Petit Sart ; Pré du prévôt (1434) ; Pré Saint-Martin (1556) ; Wabirieu (1593) : Bois du Try à Zart.
Le territoire d'Oiskerque n'est pas très accidenté; la Sennette, que longe le canal de Charleroi, le divise en deux parties : le versant occidental offre des pentes peu rapides et des plateaux fertiles ; le versant oriental présente un sol plus aride, plus escarpé et rocailleux : Le point culminant semble être à la bruyère de Bovignies.
Le système gedinnien est très développé dans le fond de la vallée de la Sennette ; il remonte a l'O. jusqu'au delà de l'église. Plus haut, sur la rive droite, règne le système bruxellien ; sur la rive gauche se montre le limon hesbayen du système diluvien, qui cache les deux étages du système yprésien.
Plusieurs carrières sont pratiquées à l'E. du canal dans les phyllades du système gedinnien ; ces roches ont une teinte légèrement violâtre qui, par altération, prend une couleur rouge brique. Les moellons que l'on extrait de ces carrières sont employés à construire des perrés.
On exploite une tourbière dans le bois d'Oiskerque, au bas du Tienne à viviers.
Tout le territoire d'Oiskerque appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent celte commune sont : la Sennette, la Coulette, le Ri del Val, le Ri de la Haute borne, le Ri Zégo, le Ri del Haie, le Sceleuri et le Ri de la Chape.
La Sennette cesse d'être mitoyenne entre Ittre et Virginal pour former la limite entre cette dernière commune et celle d'Oiskerque ; elle reçoit successivement le Ri Morenard (r. g.), le Ri Jeannette [r. g.), le Sceleuri (r. g.) et le Ri del Haie (r. g.); baigne l'antique ferme du Péri ; entre complètement sur le territoire d'Oiskerque ; se partage en deux branches, qui se rejoignent, la première, après avoir parcouru 550 m. et activé le moulin d'Oiskerque par une chute de 2 m. 45, la seconde, après avoir parcouru 650 m. (dont, les 100 derniers limitrophes d'Ittre) activé la papeterie Jacquet par une chute de 2 m. 30 et reçu le Ri de la Haute borne (r. dr.) : se grossit ensuite, en continuant à être mitoyenne d'Ittre, du Ri del Val (r. g.) et de la Coulette (r. g.); puis abandonne Oiskerque pour former la limite entre Tubise et Ittre. Son parcours, dirigé d'abord de l'E. à l'O., et ensuite du S. au N., a un développement de 3,550 mètres, dont 1,800 m. mitoyens avec Virginal et 900 m. mitoyens avec Ittre.
La Coulette prend sa source à la fontaine et près de la maison qui portent le même nom, à la limite de Tubise ; elle se réunit à la Sennette (r. g.) au moment où cette rivière va quitter le territoire d'Oiskerque ; son parcours, dirigé du S.-O. au N.-E., a 500 m. de longueur.
Le Ri del Val ou Ri Pinard (Rieu de laittre, 1556, ou ruisseau du cimetière, atrium, âtre?), prend sa source à peu de distance de la ferme de la Falise ; passe entre la maison Pinard et la ferme del Val, et se réunit à la Sennette (r.g.), après un parcours de 1,000 m. dans la direction du S.-O. au N.-E.
Le Ri de la Haute borne (Ri du Sart, 1499?) vient d'Ittre et sert d'abord de limite entre cette commune et celle d'Oiskerque ; puis il se divise en deux branches : l'une se dirige vers le N. et appartient à Ittre ; l'autre coule vers le S. le long de la digue du canal, sous lequel elle finit par passer pour se réunira la Sennette (r. dr.) ; ce ruisseau coule d'abord de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O., puis du N. au S., sur une longueur de 650 m., dont 150 m. mitoyens d'Ittre.
Le Ri Zégo prend sa source dans le bois d'Oiskerque, à la fontaine Daniel ; au lieu de se réunir à la Sennette (r. dr.), comme jadis, il déverse ses eaux dans le canal de Charleroi, au S. du pont du Bon voisin, après un parcours de 600 m. dans la direction du S.-E. au N.-O. Le Ri del Haie prend sa source près des restes de l'ancienne Cense del Haie et passe sur le territoire de Virginal, après un parcours de 500 m. dans la direction de l'O. à l'E.
Le Sceleuri ou Ri du Pont Tellier prend sa source vers le point de jonction des territoires de Virginal, Hennuyères et Oiskerque ; se grossit des eaux de la fontaine du Jacquier (r. dr.) ; et continue à servir de limite entre Oiskerque et Virginal jusqu'au pont Tellier, où il passe sur le territoire de cette dernière commune; son parcours, entièrement mitoyen, est dirigé du S.-O. au N.-E., sur une longueur de 1,550 mètres.
Le Ri de la Chape vient d'Ittre ; reçoit (r. dr.) les eaux de plusieurs petites sources qui émergent près de la ferme de Ligne ; et rentre sur le territoire d'Ittre, après un parcours de 300 m. dans la direction générale de l'E.-N.-E. à l'O.-S.-O.
Indépendamment des fontaines citées ci-dessus, les habitants emploient l'eau de celle qui porte le nom de Jean Drisse.
Le canal de Bruxelles à Charleroi traverse la commune d'Oiskerque sur une longueur de 2,300 m., en suivant constamment la rive droite de la Sennelte.
Une écluse et un pont sont établis sur ce parcours.
On comptait, en 1784, dans la commune, 306 habitants : 1 prêtre, 61 hommes, 65 femmes, 45 garçons et 36 filles âgés de plus de 12 ans, 50 garçons et 48 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse : 306 personnes : 1 prêtre, 106 hommes, 104 femmes, 50 garçons et 48 filles âgés de moins de 12 ans) ; en l'an XIII, 300 habitants ; au 31 décembre 1831, 390 habitants ; au 31 décembre 1856, 529 habitants (wallons).
Les registres de l'état-civil remontent à 1600 pour les naissances, à 1645 pour les mariages et les décès.
Aucune exploitation agricole d'Oiskerque n'atteint l'étendue de 50 hectares : les deux fermes les plus importantes, la Falise et Ligne, ne dépassent pas 40 hectares.
Il reste environ 40 hectares de bois : le Bois d'Oiskerque et le Bois d'Anne-Jeanne ou Dame-Jeanne ; de ce dernier il ne subsiste plus guère que la partie située sur Ittre. Le premier, qui comprenait jadis 40 bonniers, était tenu en fief de la terre de Gaesbeek.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Oiskerque par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L’ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Bruxelles, d'après les documents cadastraux ; de Nivelles, d'après M. Wirix.
Il existe dans la commune, de temps immémorial, un moulin à farine connu sous le nom de Moulin d'Oiskerque ; il est établi sur la Sennette ; 2 roues hydrauliques font tourner 3 couples de meules. La fabrication annuelle s'élève à environ 2,000 hectolitres.
On peut citer ensuite une petite brasserie, dont la bière est assez renommée et qui emploie 2,000 hectolitres de grains par année.
A proximité du moulin, sur la Sennette, se trouve une petite papeterie à la main appartenant à Me Jacquet ; cette usine, qui ne compte que 2 piles activées par 1 roue hydraulique, chôme faute d'eau. Madame veuve Le Duc de Ledalen, née Bruneau de la Motte, fut autorisée à l’établir, le 24 février 1824.
Une industrie assez importante a son siège à la ferme de la Bruyère : 10,000 fromages salés y sont séchés annuellement, opération qui exige deux mois de travail ; les produits sont expédiés au loin dans toutes les directions.
Beaucoup d'ouvriers sont employés aux forges de Clabecq.
On compte 18 chemins vicinaux et 29 sentiers, mesurant ensemble 25,604 mètres, dont 130 m. seulement étaient pavés et 2,400 m. empierrés au 31 décembre 1859.
Un pont et 2 ponceaux sont établis sur ces chemins.
Le canal de Charleroi à Bruxelles traverse le territoire sur 2,300 m.; il est employé au transport des moellons que l'on extrait au pied du hameau de la Bruyère.
En 4194, pendant une invasion qu'il fit en Brabant, le comte de Hainaut Baudouin prit plusieurs forteresses et notamment celle d'Ochekirke ou Oiskerque. Le procès-verbal de délimitation de la commune date du mois d'avril 1816.
Le village d'Oiskerque dépendait de la mairie de La Hulpe. On y suivait la coutume d'UccIe et les échevins reconnaissaient pour chefs de sens les échevins afforains de Braine-l'AIIeu. Entre les années 1490 à 1495, ils furent « calengés par le maieur de La Hulpe», pour avoir demandé l'avis des échevins de Nivelles, mais on ne donna pas suite à cette affaire.
Une seigneurie particulière y possédait presque toute la juridiction : « En la paroisse d'Oskercke, disent les plus anciens Comptes des baillis du Brabant wallon, Jehan d'Oiskercke a court et jugeurs, cens, rentes, loix et amendes, si qu'il dist, qui se jugent selon la loy de Braine-Lalleux où il en ce cas vont au sens, et livre home fourfaict au couron de sa terre et mon seigneur y a la haulte justice ». Cette dernière se réduisait en réalité à l'exécution des criminels, bien que les officiers du domaine prétendissent y joindre les droits de chasse, de pêche, d'oisellerie, de perception des amendes de toute espèce et des confiscations. A la demande du conseiller de Brabant de Viron, seigneur d'Oiskerque, la haute justice lui fut engagée, le 10 août 1630, moyennant 1,400 florins; plus lard on la vendit, d'une manière absolue, à l'un de ses descendants, qui en fit le relief en la cour féodale de Brabant, le 4 mars 1769.
Les échevins se qualifiaient parfois d'échevins, « tant de la franchise d'Oisquerque que dehors et aussy del Val » (1556).
Le greffe du tribunal de Nivelles possède leurs registres aux adhéritances pour 1754 à 1795.
La commune fut comprise, en l'an III, dans le canton de Tubise, et, en l'an X, dans le premier arrondissement de justice de paix de Nivelles.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Oiskerque forma longtemps le patrimoine d'une famille dont les chefs sont fréquemment mentionnés dans les diplômes. On cite : en 1095, Julien d'Ocekerche ; en 1138, Nicolas de Ozkarka ; en 1169, Isaac de Ocekerca ; en 1576, Lambert de Ocheskerke ; en 1277, Nicolas, sire d'Ochekirke, nommé Colin d'Ochescirke dans un document de l'an 1289 ; en 1312, un autre personnage du même nom, qui tenait alors en fief le péage qui se levait entre le pont d'Arquenne et Bruxelles ( Winagium infra pontem Arcane et Bruxellam) ; en 1374-1375, un troisième Colard ou Nicolas d'Oiskerque, qui releva cette année un fief du duché, mais sans en spécifier la nature et la valeur ; en 1374, Siger d'Oostkurche, l'un des chefs des Brabançons à la bataille de Basweiler ; en 1403 et années suivantes, Jean d'Oisquercq ou d'Otsekerke, seigneur du lieu.
L'abbé Stroobant donne à ce dernier le nom de Jean de Strépy et ajoute que sa fille, Gertrude, épousa Jean d'Ailly, sire de Fromelles, mort le 17 juin 1475, et dont elle eut plusieurs enfants, entre autres Jean, Guillaume et Marguerite, femme de Jérôme Borluut. Jean fut conseiller et chambellan de l'archiduc Philippe le Beau et laissa ses seigneuries à son fils Engelbert d'Ailly, mort en 1523, époux d'une fille naturelle du comte de Saint-Pol, que le roi de France Louis XI avait fait décapiter à Paris, Jeanne de Luxembourg, morte très âgée, le 16 juin 1557.
Engelbert n'ayant laissé qu'un fils naturel, également nommé Engelbert, et dont la postérité se perpétua à Oiskerque jusqu'à la fin du XVIIe siècle, ses biens passèrent à son cousin Guillaume d'Ailly, fils de Guillaume cité plus haut, et à Catherine, Marthe et Jeanne Borluut, descendantes de Marguerite d'Ailly, qui relevèrent du souverain, le 1er juin 1570, la partie de la seigneurie d'Oiskerque relevant de la terre de Gaesbeek, alors confisquée sur la famille d'Egmont. Par un relief en date du 19 février 1579, nous apprenons que Philippe d'Ailly, dont les généalogies font un fils d'un second Guillaume d'Ailly, était mort, ayant eu d'Isabelle de Baillencourt, fille du seigneur d'Ittre, trois fils : Jean, Antoine et Philippe. Le premier et le troisième paraissent avoir péri en combattant dans les armées du roi Philippe II ; quant au deuxième, qui laissa une nombreuse postérité, il vendit Oiskerque le 2 août 1600.
L'acquéreur, le chevalier Antoine Houst, seigneur de Bubingen, conseiller au conseil du Luxembourg, avait été élevé aux fonctions de membre du conseil privé, le 11 octobre 1578, et fut nommé ambassadeur près de la cour impériale, le 42 août 1605.
L’aînée des filles que lui donna Marguerite Mondrich, Hélène Houst, chanoinesse de Denain, s'allia, le 20 janvier 1505, à Maximilien de Viron, chevalier, seigneur de Ruckelingen, auditeur des gens de guerre au quartier d'Anvers, puis conseiller au conseil de Luxembourg (31 août 1642), et enfin conseiller de Brabant (21 novembre 1616). Son fils Antoine, qui fut auditeur «les gens de guerre au duché de Luxembourg, puis, le 30 décembre 1639, conseiller de cette province, étant mort avant lui, ce fut son petit-fils, .Lambert-Maximilien, qui lui succéda. De celui-ci naquit Charles-Joseph de Viron, qui entra successivement au conseil de Namur, et, Ie 30 aoùt 1655(?), au grand conseil. Il fut père du chevalier Maximilien de Viron d'Oostkercke, châtelain de Tervueren. Le 11 février 1769, ce seigneur paya tous les reliefs dus par sa famille pour l'engagère de la haute justice.
Après sa mort, qui arriva le 4 juin 1787, la seigneurie échut, en vertu d'une disposition de son testament, à son cousin, Charles-Maximilien-Philippe-Eugène de Trazegnies d'Ittre, depuis officier aux sardes du corps en Espagne, fils cadet et encore mineur du marquis Eugène-Gillion (relief du 11 décembre 1787). Quelques années après (le 6 février 1793), le marquis céda Oiskerque, moyennant 165,000 florins, à Joseph-Louis de Gonzague Bruneau de La Motte, seigneur de Sart-Longchamp, et à sa femme Jeanne Scholte (r. du 7 janvier 1794). Philippe-Alexandre, fils de ceux-ci, mourut sans postérité le 29 décembre 1821. Il eut pour héritière sa sœur Marie-Anne, qui avait épousé successivement Charles-François-Joseph Van Hoobrouck de Te-WalIe, colonel de hussards au régiment de Vierset, mort à Liège le 21 novembre 1801, et Pierre-Ghislain-NicoIas Leduc de Ledalen, décédé le 6 octobre 1842. De cette dame sont nés MM. Louis-André-Charles-Joseph et Charles-Ignace-Joseph Van Hoobrouck de Te-Walle, respectivement bourgmestres, celui-ci d'Oiskerque, celui-là de Bellinghen.
Les deux cinquièmes de la terre d'Oiskerque dont les Borluut héritèrent, par suite de leur alliance avec les d'Ailly, passèrent aux Dongelberg par le mariage de Madelaine Borluut avec Albert-Joseph, marquis de Rêves. La sœur du marquis, Albertine, chanoinesse de Munster-Bilsen, en céda la propriété à Charles-Maximilien de Viron, en l'année 1743.
La seigneurie comprenait, au XVIIe siècle, un château relevant, avec ses dépendances, de la terre de Braine-l'Alleu ; 6 journaux de pâtures, tenus en fief du prévôt de Nivelles ; 40 bonniers de bois, formant une tenure ressortissant à la cour féodale de Gaesbeek ; un autre bois, de 3 à 4 bonniers, relevant de Faucuwez ; 11 b. de terres, un cens de 70 chapons, 2 oies, 16 1/2 poules, 5 corvées, 24 mesures et 1 pinte d'avoine, 507 sous 7 deniers, 60 autres sous dus par le nommé Gailliard, un plein fief tenu d'Enghien et situé à Ronquières. Ce domaine était à son apogée du temps de Maximilien de Viron, qui ne possédait pas moins de 600 bonniers.
De la cour féodale d'Oiskerque dépendaient 76 arrière-fiefs, dont 7 à 8 pleins-fiefs. Un acte du mois de mai 1277 mentionne, comme vassaux de Nicolas, seigneur du village : le chevalier Iwain de Lescaille, Jean de le Mote, Colars li Canonsins, Jean Roussiaul de Wassomont, Colars dou Sart, Jean de Lautrie, Gérard dou Perier et Mahieu d'Ochekirke. En 1474, le chevalier Jean de Fourmelles ou Fromelles, comme feudataire du sire d'Enghien, avait pour arrière-vassaux le chevalier Engelbert d'Enghien, possesseur de 9 journaux de prés et de 4 bonniers de terres, et le fils de Guillaume Moreaul, pour une tenure à Ronquières. Engelbert et Moriaul furent de ce chef taxés pour le service féodal, le premier à un combattant à pied, le second à un combattant à pied et un combattant à cheval.
L'ancien château a été démoli en 1820 ; les bâtiments formaient un carré, dont on ne voit plus que quelques dépendances qui servaient jadis de remise et qui sont occupées par la ferme ; on y lit la date 1754. Un autre corps de logis a été converti en grange et une tourelle ronde, qui s'élevait dans une prairie voisine, a disparu en 1820. Un peu plus haut se trouve une maison de campagne construite par ordre de M. Bruneau de la Motte ; elle ne sert plus que de remise et fait face à un champ qui a remplacé l'ancienne place du village.
A l'angle de cette dernière, près de l'emplacement de l'ancienne Taverne, on remarque un vieux tilleul, de grande dimension, sous lequel, dit-on, on procédait à l'exécution des sentences des échevins et on célébra ensuite les fêtes de la république française. En 1833, M. Van Hoobrouck s'est fait bâtir, à 200 m. E. de l'église, une villa d'une architecture fort simple et entourée d'un beau parc.
L'église médiane de Saint-Martin à Oiskerque dépendait jadis du diocèse de Cambrai et du doyenné de Hal ; en 1559, elle fut comprise dans l'évêché de Namur et le doyenné de Nivelles ; le concordat en fit une succursale de la cure de Sainte-Gertrude à Nivelles, diocèse de Malines ; plus tard elle passa au doyenné de Hal.
Lors de la création des nouveaux évêchés, du temps de Philippe II, on avait adopté pour limite séparative des diocèses de Namur et de Malines le cours de la Senne, de telle sorte que quelques habitations d'Oiskerque furent alors assujetties à la juridiction spirituelle du curé de Tubise, malgré leur éloignement de ce bourg. Cet état de choses fut changé par un bref du légat du saint siège, Octave, évêque de Tricarico, où on lit les détails qui précèdent, détails qui ne pêchent pas par un excès de clarté (29 janvier 1601). Le lecteur remarquera que Clabecq, à l'E. de la Sennette (et non de la Senne), faisait partie de la paroisse de Tubise et que celle-ci englobait encore la fraction d'Oiskerque située entre Clabecq et Ittre. C'est cette dernière fraction (le hameau de la Bruyère), dont la réunion au restant de la commune fut alors prononcée.
L'église d'Oiskerque était un personnat à la collation du seigneur ; les revenus de ce personnat furent réunis à ceux de la cure en vertu d'une décision de l'évêque, du 23 novembre 1632. En 14787, ils consistaient en 10 1/2 bonniers de terres, 1 journal de pré, 1/2 b. de bosquet ou « boscail ». Pendant les troubles de religion, le prince de Parme en ordonna la saisie, parce que le possesseur du personnat résidait à Utrecht; ce ne fut que le 7 juillet 1595 qu'un nouveau bénéficier, Jean Fourdin, en obtint la mainlevée du conseil de, Brabant. Le curé possédait encore un bonnier de terre et prélevait la dîme, sauf dans les biens du personnat, où le marguillier la percevait à titre d'émoluments.
Un ancien curé d'Oiskerque, le prêtre Lambert, de concert avec ses sœurs Ode et Élisabeth, Jean Rufus ou Le Roux de Wasemont, époux d'Ode, et le clerc Jean, fils de Jean et d'Ode, disputa au chapitre de Nivelles des dîmes situées dans le personnat de Tubise, et notamment celle dite d'Ocheskerke, du Petit Sart de Hobruges, etc. Jean, doyen du chapitre, et maître Blanchard, chanoine de Cambrai, ayant été reconnus pour arbitres du différend, se prononcèrent en faveur du chapitre et leur sentence fut acceptée par la partie adverse, la veille de la Saint-Jean à la porte latine, au mois d'août 1276. Le 16 septembre 1752, le chapitre résolut de procéder en justice contre le curé d'Oiskerque, qui prétendait lever la dîme sur la « Bruyère del Chappe, sous le Sart », nouvellement défrichée. Jeanne de Luxembourg fit successivement plusieurs donations pour l'établissement d'un cantuaire à Oiskerque. Le 22 avril 1547, elle fonda quatre messes par semaine ; le 12 décembre 1553, elle en institua cinq ; le 23 janvier 1555-1556. elle donna à Engelbert d'Ailly, fils naturel de feu son mari, et à ses descendants, la maison dite Le Val, contiguë au rieu de Laittre et qu'elle avait acquise de Jean de Borselle, à charge de faire dire tous les jours la messe pour l'âme du mari de Jeanne, de payer par an 30 patars à l'église pour le vin, le luminaire, l'usage des ornements, et 10 patars au sacristain, et d'abandonner la maison citée plus haut à un prêtre, qui s'obligerait à résider à Oiskerque. Ces messes furent successivement réduites à cinq par semaine, par la fondatrice elle-même, le 3 juin 1556 ; à quatre, le 1er octobre 1652 ; puis à deux, le 5 décembre suivant. Le bénéfice fut annexé à la cure en 1765 ; Jeanne de Luxembourg en avait donné la collation à l'abbé de Nizelle.
En 1787, la cure valait au possesseur 1,229 florins. En vertu d'un legs institué par Jean d'Oisquercq, il recevait de l'église, tous les ans, 15 rasières de seigle pour chanter le samedi une messe de la Vierge ; en 1639, le curé Hasnon laissa une rente de 24 florins 10 sous pour faire célébrer, par an, 32 messes du Vénérable. La cure a été bâtie par les soins du curé Jean-Vincent Demeuldre, qui fut autorisé, le 24 juillet 1769, à lever pour cet objet 4,000 florins de change.
Les revenus de l'église n'étaient, en 1787, que de 120 florins 15 sous et, en 1846, que de 237 francs. Le 14 août 1655, le pape Alexandre VII dota d'indulgences la confrérie de Saint-Martin, dont l'érection fut approuvée par l'évêque de Namur, le 3 novembre de la même année.
L'église est bâtie en forme de croix latine, mais elle n'a guère plus d'importance qu'une chapelle. Au bas de la nef s'élève une tour carrée, que précéde un petit porche et qui est construite en pierres, ainsi que le bas des murs de la nef et les transepts, tandis que le reste de l'édifice est de briques. Trois des faces du haut de la tour sont percées chacune d'une fenêtre en lancette cintrée, mais le contour de ces fenêtres étant en briques et présentant des traces de plusieurs réparations, il serait difficile d'en déterminer la forme primitive. En 1652, le curé Hasnon rebâtit la nef, qui est plus large que la tour et égale à peine le chœur en longueur; une fenêtre l'éclaire de chaque côté et un plafond, avec l'inscription : Anno 1774, la recouvre.
Les transepts constituent la partie la plus ancienne du temple. Les voûtes y sont à nervures croisées, et la fenêtre qui occupe chacun des murs terminaux dessine un arc ogival, mais les arcades encadrant la chalcidique sont cintrées. Quant au chœur, il ne date que du temps d'Engelbert d'Ailly, qui l'orna de vitraux peints. Il se compose d'une travée, où il n'y a qu'une fenêtre à droite, et d'une abside à trois pans, où on a muré la fenêtre du milieu ; les voûtes sont à nervures croisées, avec arcs-doubleaux.
Il existe au milieu du chœur un caveau qui servait jadis à la sépulture des seigneurs du village, mais qui est presque comblé de terre. En face de l'autel de Saint-Jean-Baptiste, dans le mur du transept droit, on remarque la pierre sépulcrale d'Engelbert d'Ailly et de sa femme, ornée de leurs statues couchées ; cette pierre, qui a considérablement souffert, a 2 mètres de haut sur 4 m. de large et 1 m. d'épaisseur. Dans l'autre transept, en face de l'autel de la Vierge, une seconde pierre tumulaire rappelle la mémoire du curé Nicolas Hasnon, qui mourut le 28 janvier 1674, après avoir considérablement embelli l'église, qu'il avait commencé à administrer, à la Saint-Jean de l'année 1625.
Le chœur offre quelques objets d'art curieux : une verrière, la seule qui ait échappé aux ravages du temps, a été restaurée, en 1852, par les soins de la Commission des monuments. Au centre on voit Engelbert d'Ailly et sa femme agenouillés ; au bas sont placées leurs armoiries ; le haut nous offre l'Adoration des bergers. Il ne reste que quelques petits fragments de verre peint aux deux autres fenêtres du chœur. Contre le mur on voit, à gauche, trois panneaux golfiques, représentant saint Jacques, sainte Barbe et sainte Anne ; à droite, un tableau du XVIe siècle, dont le fond représente un château et où l’avant-plan est occupé par un seigneur, ayant devant lui un prélat et un jeune gentilhomme (saint Vincent avec saint Landri et saint Dentelin?), et une abbesse ayant devant elle deux jeunes religieuses (sainte Waudru avec ses filles, Aldetrude et Maldeberte, deuxième et troisième abbesses de Maubeuge?) ; dans le haut se montre la Trinité et des saints.
La chaire, dont les dimensions sont petites, est ornée de figurines, de style renaissance.
Les revenus de la Table des pauvres ne s'élevaient, en 1787, qu'à 75 florins 14 sous, plus 27 rasières de grains.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis parla commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 65 : 34 garçons et 31 filles.
L'école date de l'an 1852.
La fête communale se célèbre le deuxième dimanche de septembre ; la fête patronale a lieu le dimanche après la Saint-Martin ou 11 novembre.
L'abbé Stroobant, Notice historique et généalogique sur les seigneurs d'Oisquercq et du Val (extraite des Annales de l’Académie d'archéologie de Belgique). Anvers, Buschmann, 1848, in-8° de 87 pages.
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