Le nom d'Ophain, qui est également porté par un hameau de Tubise, se retrouve très fréquemment dans la partie flamande du pays, sous la forme Ophem. II signifie habitation supérieure, habitation d'en haut, et s'oppose d'ordinaire à Nederheim (nom d'une commune du Limbourg) ou Nederhem, habitation inférieure. Non loin d'Ophain et dans la même vallée on trouve Nederhain, hameau à Braine-le-Château.
On a écrit successivement Opehein (1220, 1249), Opphem (1223), Opehaign (1225), Opeheim (1237), Oppehem (1241), Opehain (1251), Oppehein (1257), Ophayn (1383), Ophain (1429, 1490-1495), Oppehaing (1441).
Depuis le commencement de ce siècle, on dit Ophain-Bois-Seigneur-lsaac, à cause de la réunion de la commune de Bois-Seigneur-Isaac à celle d'Ophain.
En wallon on prononce Opain.
La commune d'Ophain est limitrophe de celles de Braine-l'AIIeu, Lillois, Baulers, Nivelles, Haut-Ittre et Wauthier-Braine.
Ophain est à 3 kilomètres de Braine-l'Alleu, 3 1/2 k. de Lillois, 4 1/2 k. de Haut-Ittre et de Wauthier-Braine, 7 k. de Baulers, 9 1/2 k. de Nivelles, 22 1/2 k. de Bruxelles.
L'église d'Ophain se trouve située par 56 grades 30 de latitude N. et 2 grades 24 de longitude E.
L'altitude du sol est de 93 mètres à 400 m. N.-E. de l'église, près du moulin d'Ophain.
Le cadastre divise le territoire d'Ophain en 3 sections : la section A ou d'Ophain, la section B ou de Bois-Seigneur-Isaac, la section C ou de Bertinchamp.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 1,596 parcelles, appartenant à 394 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 93,171-71 fr. (sol : 84,314-71 ; bâtiments : 8,857-00) et avant une contenance de 1,403 hectares 19 ares 76 centiares (imposable : 1,378 hect. 63 a. 20 ca. ; non imposable : 24 hect. 56 a. 56 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Ophain (non-compris Bois-Seigneur-Isaac) en 1374, 178 ménages; en 1436, 52 foyers ; en 1464, 60 foyers ; en 1472, 54 foyers ; en 1492, 28 foyers ; en 1520, 44 maisons (outre l'abbaye de Nizelle, où on comptait 52 personnes) ; en 1686, 32 maisons, 1 moulin, 4 brasserie, 1 taverne ; dans toute la commune, en 1856, 338 maisons.
Le village d'Ophain, qui compte 197 maisons; le village de Bois-Seigneur-Isaac, 75 maisons; Hautmont, 45 maisons (une cense et 4 maisons, en 1786) ; le Culot, 22 maisons (13, en 1786) ; les Belles Pierres, 18 maisons ; les Hayettes, 11 maisons.
Les habitations d'Ophain sont agglomérées dans la vallée du Hain et se trouvent presque toutes sur la rive gauche de ce ruisseau où elles forment deux rues principales : l'une d'elles, parallèle au Hain, est ordinairement désignée sous le nom de Pavé ; l'autre, la Rue du Tri, coupe la première à angle droit, au N ; de l'église. A l'extrémité orientale de la rue du Tri se trouve la Rue à la Marne ; à l'extrémité occidentale, les Baraques. La partie du village située sur la rive droite du Hain se divise en deux petits groupes de maisons : celui du N. s'appelle le Brûlé ; l'autre, le Pierrois (le Périr, 1432).
Bois-Seigneur-Isaac (Silva domini Isaac, Silva Isaac, 1218 ; Boskum domini Isaac, 1237 ; Bos Signeur Ysaac, 1358, 1413 ; Bois Singnour Ysaacq, 4411) forme, à 3,500 m. S.-O. de l'église d'Ophain, sur un plateau traversé par la grand-route de Nivelles à Hal, un petit village qui doit sa notoriété à un prieuré dont les bâtiments et la chapelle subsistent encore, à proximité du château de M. le baron Idesbald Snoy. La partie occidentale de Bois-Seigneur-Isaac, vers la limite de Haut-Ittre, se nomme les Fonds ou les Fondrées.
Hautmont ne compte que quelques maisons, occupant un emplacement élevé, à la lisière du bois de Noucelles, vers la limite de Wauthier-Braine, à 1,500 mètres O. de l'église d'Ophain.
Le Culot ou les Culots est le nom donné à une espèce de rue qui forme, à environ 1,400 m. S.-O. de l'église, le prolongement méridional du village d'Ophain vers Bois-Seigneur-Isaac, en suivant la rive gauche du Hain.
De l'autre côté du ruisseau, à environ 1,000 m. S. de l'église, sont disséminées quelques habitations dont l'ensemble se nomme les Belles Pierres, mais parmi lesquelles on distingue les Morlands et le Bossu.
Les Hayettes sont quelques cabanes chétives, situées à 1,400 m. E. de l'église, sur la limite de Braine-l'AIIeu.
A 4,200 m. N. de l'église, les Maisons de la Justice ; à 400 m. N., la Maison du Prussien ; à 400 m. N.-E., la Basse Mouturie ; à 700 m. N.-E., Colau Bayet ou la Ferme Paille ou Palle ; à 900 m. N.-E., Tempe el Tard ; à 800 m. E.-N.-E., le Brûlé ; à 400 m. E.-N.-E., le Moulin d'Ophain ; — à 500 m. E., la Ferme delà l'eau ou delà l'euwe ; à 500 m. S.-E., la Blanche Maison, ferme ; à 2,300 m. S.-E., la Barrière et la Maison Druine ; à 1.700 m. S., Grupomvez ou Griponwez (Gripunweis, 1249 ; Griponweys, 1383), ferme ; à 3,500 m. S.-S.-O., Bon Air ; à 3,100 m. S.-S.-O., la Maison Mignolet ; — à 1,500 m. S.-S.-O., Bertinchamp, ferme ; à 900 m. S.-O., la Haute Mouturie ou Ferme del Goutte ; à 3,500 m. S.-O., le Mont, ferme ; à 3.700 m. S.-O., le Brou, ferme ; — à 2,500 m. O., l’Abbaye de Nizelle (Nisele, 1218 ; Nisella, 1223, 1440 ; Nizele, XIVe siècle ; Nyselle, 1432) ou Basse-Nizelle, ferme.
Haut-Courtil ; Campagne du Ponthaie ou Pontey (le Pond'haye, an V) ; Fond du Hautmont ; Champ du Douaire (Terres as Doiuaires, 1433) ; Champ du Bois ; Bois d'Ophain ; Pré au Bois ; Arbre de la Justice ; Pré du Brûlé ; Prés de la Blanche Maison ; A la. Croix ; Quatre bonniers ; Closière del Borre ; Al Bourrée ; Prés du Village ; Pré de Berg (Pré de Berche, an V); Pré aux Belles Pierres ; Dinant ou Ferme De Doncker ; Dix bonniers ; Campagne des Rittes ; Bois de Mai ; Pré du Château ; Prieuré ; les Renclos ; Bois planté ; Passage à un pied ; Rue de Nivelles ; Rue Grand'Mère ; Pani ; Vignoble ; Vingt bonniers ; Pré des Bailles ; Fond de Mai ; Grange à la Dime ; Cerisier ; Battis ; Bois Guitto ; Longues Royes ; Bois Bayat ; Au Drape ou Aux Drapes ; Long Bonnier ; Prés de Gruponwez ; Pré de l'Abbaye ; Bosquet Gai ; Au Secheron ; Prés de Bertinchamp ; Bois de la Tassenière ; Closière Noël ; Jacques Hubeau ; Castor ou Ferme Cuvelier ; Ferme de la Chape ; Ferme du Héseau ; Maison Overputte ; Chemin Hier d'Alvoie ou d'Auvoie (Hierdenardoye, an V) ; Ferme la Jean ou plutôt l’Agent ; Motte des Bergers ; Henri Herman ; Planche à Batailles ; Chemin des Chasseroux ; Chemin des Turcs ; Antoine Talon ; Chaufours (Champ du Chaufour, an V) ; Pierre Tassin ; Ruelle Marie-Jeanne ; Ruelle Jean Michel ; Sentier le long de la muraille du Parc ; Maison Daubioul ; le Tour du Saint Sang ; Long Courtil ; Tri des Chiens? ; le Brûlot ; Salon de la Neuve Cour ; Cheval voir ; Moulin Jossart ; Croix de pierre ; Croix André Charlier ; Chapelle du Prieur ; Chapelle aux Grands Arbres ; Chapelle des Quatre Chemins ; Chapelle Saint-Laurent ou Bon Dieu de Brou; Chapelle Saint-Antoine; Chapelle del Goutte; Chapelle N.-D. de Walcourt et d'Alsemberg ; Chapelle N.-D. de la Salette ; Chapelle Saint-Antoine de Padoue ; Chapelle Saint-Roch ; Chapelle Saint-Donat ; Chapelle Sainte-Aldegonde ; Chapelle Saint-Jean ; Chapelle Saint-Léonard ; Chapelle du Héseau ; Chapelle de Grupomvez ; Chapelle de la Blanche Maison.
Le Bellian, Champ des Hayettes, Champ de la Brûlerie, Champ du Village, Long Journal, Bonnier au Chesne, Mée d'Ophain (an V), Meix du duc (1559; Mete du duc, 1742), Meis à le Motte, le Roye de Frossard, Metuyrie Roye, Terres de le Borre, Meys de le loy de Haynnaut, Meys de le Borre, Meys de Nysele (1433) ; Met Bertrand (XIVe siècle), Preit S. Amand (1432, 1453), Grand Prés, Petit Prés (an V) , Bois des Rapois (1243 ; del Rapois ,1220 ; Rapois de Opehain 1237), Tri du Mont (1508), Maison Descamps, Maison de Habocq (vers 1500), à Nyselle, à Houdiarsart, Lyerbeuze Voye, Deseur le Fonteyne, Terre de Labiaul, Terre Hugole, viers le Chanoit ; à Gripontweiz, delé le Grant Broucke, sous Ophain, à l'endroit dit Campendal (1375), Fief de Lens, Fief d'hoirie, Fief d'Ucle.
Le terrain, peu accidenté, est généralement fertile. Le point culminant parait être à Hautmont.. Presque tout le territoire de la commune appartient au système bruxellien. Le système laekenien existe au sommet des plateaux, vers Bois-Seigneur-Isaac, Hautmont, le bois de Mai, mais il est recouvert par le limon hesbayen du système diluvien, qui cache aussi en grande partie le terrain bruxellien ; on n'aperçoit bien ce dernier que sur la rive droite du Hain, vers Gruponwez et les Belles Pierres.
Les cultivateurs tirent de la marne pour amender leurs champs, à une profondeur qui varie de 5 à 15 mètres.
Depuis quatre ans on exploite, près des Morlands, un minerai de fer superficiel, dans le terrain bruxellien d'une propriété de M. Snoy.
Le lavage se fait sur place, au moyen de l'eau d'un puits. C'est M. Debatty.de Marcinelle, qui a entrepris ces travaux.
Tout le territoire d'Ophain appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : le Hain, le Ri des Vervois et le Ri Ternel.
Le Hain vient de Lillois et sert d'abord de limite entre cette commune et celle d'Ophain ; passe ensuite au pied de la ferme de Gruponwez ; reçoit les eaux d'une source venant de Bertinchamp (r. g.); active le moulin d'Ophain par une chute de 6 m. 87 ; et pénètre sur le territoire de Braine-l’AIIeu, après un parcours de 3,900 m., dont 500 m. mitoyens avec Lillois. Il coule d'abord du S.-E. au N.-O., puis du S.-O. au N.-E.
Le Ri des Vervois prend sa source à la fontaine du Pré au Bois, dans le bois d'Ophain, vers la limite de Braine-l’Alleu ; il passe entièrement sur le territoire de cette commune, après un parcours de 400 m. dans la direction du S.-E. au N.-O.
Le Ri Ternel, que l'on nomme aussi Ri Cornet, prend sa source aux confins des communes de Haut-Ittre et d'Ophain, aux fontaines Dry et Guillaume; sur tout son parcours il constitue la limite entre les deux territoires ; en aval de la ferme du Mont il se grossit des eaux de la fontaine Corel (r. dr.) ; un peu plus bas il passe entièrement à Haut-Ittre. Sa direction est du S.-E. au N.-O. ; sa longueur, mitoyenne, de 800 m.
On ne peut citer parmi les cours d'eau le Fossé des Hayettes ; c'est une simple rigole qui vient de Braine-l’Alleu et y retourne, après avoir emprunté le territoire d'Ophain sur 600 m. dans la direction du S.-E. au N.-O.
En 1559, on mentionne une fausse rivière d'Ophain, qui coulait vers Wauthier-Braine. Peu t-être désigne-t-on par là la source de Nizelle, qui jadis activait un moulin à eau ; on l'appelait aussi la Fontaine au Chayne (1432) ou Fontaine au Chêne usé.
Les principales fontaines sont celles du Brûlé et del Borre, qui ont été dérivées pour le service des eaux de la ville de Bruxelles.
Le grand aqueduc entre à Ophain, près de la ferme de Gruponwez, suit la rive droite du Hain sur une longueur de 3,000 mètres, puis passe à Braine-l’Alleu. Il recueille les eaux d'une foule de sources, parmi lesquelles on peut citer celles du Drape, de la Goutte, de la Planche à Batailles et du Pierrois.
Il existe un petit étang au moulin d'Ophain ; il y en avait jadis trois à Nizelle.
On comptait en 1784, à Ophain, 636 habitants: 1 prêtre. 110 hommes, 129 femmes, 105 garçons el 94 filles âgés de plus de 12 ans, 98 garçons et 99 filles âgés de moins de 12 ans, et à Bois-Seigneur-Isaac, 155 habitants ; en l'an XIII, à Ophain. 800 habitants, et à Bois-Seigneur-Isaac, 177 habitants ; dans les deux localités réunies, au 31 décembre 1834, 1350 habitants ; au 31 décembre 1856, 1,602 habitants.
Les registres des naissances commencent en 1681 ; des mariages, en 1681 ; des décès, en 1745. De l'an VI à 1811, il y a eu des registres spéciaux pour l'état civil de Bois-Seigneur-Isaac.
Les grandes exploitations agricoles sont : la Ferme de l'Abbaye (130 hect.), tenue par MM. Gérard frères, appartenant à Me de Spoelberg ; la Ferme du Mont (98 hect.), tenue par M. Vincart (FL), appartenant à la baronne de Stockhem ; la Ferme de Bertinchamp (83 hect.), tenue par M. Demeur (A.), appartenant au comte C. de Robiano ; la Ferme delà l'eau (84 hect.), tenue par M. Cheruwier (J.-P.), appartenant au comte Cornet de Grez ; la Ferme du Château (73 hect.), tenue par M. Dumonceau (P.), appartenant au baron I. Snoy d'Oppuers ; la Ferme de la Chape (60 hect.), tenue par M. Robert (V.), appartenant au baron I. Snoy d'Oppuers ; la Ferme du Brou (56 hect.), tenue par M. Herman (H.) et consorts, propriétaires ; la Ferme du Héseau (50 hect.), tenue par MM. Duchesne fr., appartenant au général Jacqueminot ; la Ferme de la Haute Mouturie ou del Goutte (50 hect.), tenue par M. Dedoncker (F.), appartenant à M. Vandaelen et consorts.
Presque toutes ces grandes exploitations appartenaient jadis à des corporations religieuses: les fermes de l'Abbaye et de la Chape, au prieuré de Bois-Seigneur-Isaac; la ferme du Mont ou Court au Mont, à l'abbaye de Wauthier-Braine, qui la louait avec 76 bonniers 1 journal de terres et 8 bonniers 2 journaux de pâtures, au prix de 1,497 florins 18 sous ; la ferme du Brou, aux religieuses d'Aywières, qui la louaient, avec 39 bonniers de terres et 1 bonnier de prés, pour la somme de 273 florins ; la Haute et la Basse Mouturie, au chapitre de Cambrai, et que la république française vendit, le 19 brumaire an V, la première à P. Godart et à d'autres ex-carmes de Nivelles, la seconde à l’évêque, de Valenciennes. La ferme Héseau, avec 55 bonniers, appartenait aussi au prieuré de Bois-Seigneur-Isaac, et lui payait par an un rendage de 580 florins.
Les bois dits: Bois d'Ophain, Bosquet Guitto, Bosquet Bayat, Bois Planté, Bosquet de la Tassenière, Bois de Hautmont, Bosquet de Drape, ne contiennent ensemble que 55 hectares. Jadis le seul bois d'Ophain, dépendance de la seigneurie de ce nom, comprenait 50 bonniers ; il était déjà défriché en grande partie en 1765. Le Bois planté, dont la tradition fait remonter l'origine aux dernières années du XIe siècle, avait 43 bonniers en 1675. Des actes du XIIIe siècle mentionnent un bois dit Rapois, qui passa à cette époque aux religieuses d'Aywières, et dont le sol constitua depuis, selon toute probabilité, les dépendances de la ferme du Brou.
La culture des pommes de terre s'introduisit à Ophain au XVIIIe siècle ; le chapitre de Cambrai et le curé y furent autorisés à en lever la dîme par jugement du conseil de Brabant, du 30 avril 1770.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Ophain par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Bruxelles, d'après les documents cadastraux (de Nivelles, d'après M. Wirix), pour Ophain ; 18 pieds de Hainaut, pour Bois-Seigneur-Isaac. Cependant, en 1220, on mesurait, à 20 pieds la verge, le bois de Rapoit.
Il existe deux moulins à grain, ayant chacun 3 couples de meules : le Moulin Jossart ou Moulin du Haut-Courtil, mû par le vent et construit en briques ; le Moulin d'Ophain, mû par une roue hydraulique établie sur le Hain.
Le moulin d'Ophain appartenait d'abord au chapitre de Cambrai, qui, au mois d'août 1241, en fit abandon à perpétuité, au chevalier Godefroid d'Archene ou Arquennes et à Siger Oillet, bourgeois de Nivelles, à charge de payer par an 3 sous de Louvain et 4 muids de seigle, mesure de Nivelles. Les acquéreurs obtinrent la faculté d'acheter des dîmes dans les limites du personnat du chapitre, jusqu'à concurrence d'un produit de 4 muids par an. Il fut aussi stipulé que les tenanciers du chapitre iraient moudre à ce moulin, mais ce corps retint la juridiction qu'il exerçait de ce chef. Cette usine passa depuis aux seigneurs d'Ophain et appartient encore aux barons Snoy : la ville de Bruxelles en a fait l'acquisition il y a quelques années, mais l'a revendue à ses anciens propriétaires. Les bâtiments en sont anciens et portent la date de 1640.
Un peu en amont a existé un autre moulin à eau, dit le Moulin de Griponweis, dont il ne reste plus qu'un souvenir conservé par la tradition. Les religieuses d'Aywières le reçurent en don de Gérard Del Jackier, du chevalier Macaire de Lillois, et de Benoit, fils d'Acharin de Lillois. Le duc Henri Ier leur en confirma la possession en 1224, et en 1249, Henri, fils de Henri, jadis meunier de Bas-Ittre, renonça en leur faveur à la part qu'il possédait dans ce moulin.
Il a longtemps existé à l'intérieur de l'abbaye de Nizelle un moulin à eau. En vertu d'une convention conclue en l'an 1498 avec l’abbesse de Wauthier-Braine, les religieux pouvaient y faire moudre, lorsque leur ferme n'était pas donnée en location ; sinon le fermier devait conduire ses grains au moulin de l’abbesse à Wauthier-Braine, et là, il jouissait du privilège de donner pour droit de mouture un tiers de moins que les autres cultivateurs.
La diminution du volume des eaux du Hain, résultat inévitable des travaux entrepris de ce côté par la ville de Bruxelles, ayant diminué l'activité du moulin d'Ophain, on a construit dans ce village un moulin à vent, en vertu d'une autorisation accordée par la députation permanente à J.-G. Jossart, le 27 avril 1854.
Une brasserie fabrique annuellement près de 2,000 hectolitres de bière.
Deux bourreliers exploitent chacun une fosse à tanner.
Il y a beaucoup de tisserands dans la commune ; une soixantaine de métiers fabriquent des étoffes de coton et de laine pour des industriels de Braine-l’Alleu et de Bruxelles.
La route de Nivelles à Hal longe le territoire de la commune sur 500 m. et le traverse sur 2,500 m. ; celle de Nivelles à Mont-Saint-Jean le traverse sur 750 m. ; une barrière y est établie.
On compte 47 chemins vicinaux et 54 sentiers, mesurant ensemble 63,270 m., dont 6,205 m. étaient pavés au 31 décembre 1859.
Deux ponceaux sont établis sur ces chemins.
Le chemin de grande communication n° 11 traverse la commune sur 4,821 m. ; le chemin n° 23, sur 800 m.
Le 11 février 1850, la commune a été autorisée à percevoir, pendant 10 ans, un péage sur le chemin pavé venant de Braine-l’Alleu et aboutissant à la chaussée de Nivelles à Hal.
On voit à Ophain, à l'angle S.-O. de l'intersection du chemin de Lillois à Braine-l’Alleu et du chemin allant, au S.-O., vers le Hain, un petit tumulus qui est connu sous le nom de Motte des Bergers, et dont on a considérablement diminué l'élévation depuis quelques années. Non loin de là, près du bois Bayat, se trouve le Chemin des Turcs, dénomination bizarre, qui a peut-être une origine historique.
Le territoire actuel d'Ophain dépendait jadis en entier de l'évêché de Cambrai, et suivant toutes les probabilités, il ressortissait au comté de Bruxelles, dont il formait la limite vers le S. Là naquirent, sur les bords de la Braine ou Hain, un village qui prit le nom d'Ophain, et sur le plateau, vers le S.-O., le hameau de Bois-Seigneur-Isaac, à proximité d'un manoir habité par un chevalier du nom d'Isaac, d'une chapelle fondée par ses soins et d'un bois dû aussi à sa sollicitude. Ce hameau, qui faisait partie de la paroisse de Haut-Ittre, ne remonte pas au-delà de l'an 1100 environ. Le sol de la Belgique s'étant morcelé en différentes principautés, le hameau, ainsi qu'une .partie d'Ophain, fut compris dans le comté de Hainaut, et le restant d'Ophain dans le duché de Brabant. La ligne de séparation entre les deux provinces partait du Ri Ternel, se dirigeait vers le N.-E. parallèlement à la limite de Haut-Ittre, et, se rabattant vers le S.-E., courait dans la même direction que le Ri Ternel pour rejoindre, près de la Maison Mignolet, le territoire de Witterzée.
L'histoire de la commune présente de nombreux incidents provoqués par la nature indécise de la juridiction à Ophain, mais la plupart trouveront mieux leur place et leur explication plus loin. Pendant le second semestre de l'année 1411, un prisonnier que l'on gardait à Bois-Seigneur-Isaac, parvint à s'enfuir ; ayant trouvé une pièce de terre « qui était Brabant », il s'y arrêta pour se sauver, mais le bâtard du seigneur de Bois-Seigneur-Isaac et Jean Cerbon, le gardien de ce prisonnier, firent tant que ce dernier retourna volontairement en prison. Le bailli du Brabant wallon considéra ce fait comme un attentat à la souveraineté ducale ; toutefois, à la demande de Jean dou Bos (seigneur de Bois-Seigneur-Isaac), et en considération de ce que Cerbon était un pauvre vieillard, il lui pardonna, moyennant le paiement de 8 couronnes de France, de 44 gros de Brabant chacune.
Le 1er mai 1413, lors de « la ducasse » de Bois-Seigneur-Isaac, le bailli de Hal y envoya ses sergents et quelques archers et autres hommes armés, parce que messire Evrard Boet, seigneur d'Ophain, s'était vanté « d'y venir fort assez contre les sergents de monsieur de Hainaut, auquel il fît et avait fait grand déplaisir l'année devant passée ».
En 1424-1425, Godefroid de le Légière Yauwe, qui avait été banni de Bruxelles pour avoir outragé en paroles le comte de Saint-Pol, alla séjourner à Bois-Seigneur-Isaac, mais il y retomba dans sa première faute. Arrêté à Hal par ordre du comte, il fut condamné par le duc de Brabant et son conseil à une amende de 200 couronnes de France (ou 400 livres tournois).
Vers cette époque, Ophain et Bois-Seigneur-Isaac acquirent une nouvelle importance par la fondation, dans la première de ces localités, d'une abbaye de l'ordre de Cîteaux, nommée Nizelle ; dans la seconde, d'un prieuré de chanoines réguliers.
Pendant les guerres civiles du temps de Maximilien d'Autriche, le seigneur d'Ophain, Antoine de Dave, se révolta contre ce prince, qui, en 1488, confisqua ses domaines au profit de Philippe de Willhem, fils du sire de Beersel et de Braine-l’Alleu. Le village, dévasté, obtint à quelque temps de là une remise de 4 livres 7 sous dans sa cote.
Dans le même temps, le clerc d'Ophain, averti de ce qu'on voulait le poursuivre pour certains faits, partit pour aller se faire recevoir bourgeois à Louvain ; mais à la Hulpe, le maire le constitua prisonnier, puis, faute de preuves suffisantes et à la demande d'Antoine de Dave, lui rendit la liberté. Vainement le maire d'Ophain fut requis d'ouvrir une enquête à la charge du clerc ; il répondit à plusieurs reprises qu'il n'en ferait rien, et lorsqu'on lui parla de maintenir les droits du roi, il répartit : « qu'on aille querre (ou chercher) le roi ». Mis à l'amende par le maire de la Hulpe pour cette incartade, le maire d'Ophain réclama l'intervention de l'amman de Bruxelles, fils du seigneur de Beersel, qui obtint son pardon.
En 1676, un incendie, allumé par des fourrageurs de l'armée hollandaise, détruisit à Ophain 22 maisons, outre l'église, qui fut brûlée « de pied en cappe ».
Après la bataille de Fleurus, le prince de Waldeck, commandant 55,000 hommes, se retira de Genappe vers Bois-Seigneur-Isaac, où il reçut de nombreux renforts, au point qu'il aurait repris l'offensive contre le maréchal de Luxembourg, si les États généraux des Provinces-Unies ne lui avaient défendu de livrer un nouveau combat. En 1695, après la prise de Namur, le roi d'Angleterre Guillaume III vint camper à Bois-Seigneur-Isaac, d'où ses troupes portèrent le ravage jusqu'aux portes de Bruxelles, enlevant partout les meubles et les blés des paysans. En 1697, pendant que l'armée française assiégeait Ath, l'armée alliée campa de nouveau dans cette position, où le roi d'Angleterre arriva le 24 mai, au bruit d'une triple décharge de toute l'artillerie. Après avoir passé en revue ses troupes, qui étaient fortes de près de 100,000 hommes, le roi les conduisit vers Lennick-Saint-Martin.
Un décret impérial a réuni en 1811 les deux communes, jusqu'alors distinctes, d'Ophain et de Bois-Seigneur-Isaac.
Ophain dépendait autrefois, en partie, du duché de Brabant et de la mairie de la Hulpe, en partie du comté de Hainaut et de la châtellenie de Braine-le-Comte, où se trouvait aussi Bois-Seigneur-Isaac, qui était alors compris dans la paroisse de Haut-Ittre. La juridiction et les coutumes y offraient de grandes anomalies, que nous allons essayer de signaler le plus clairement possible.
Le duc de Brabant y avait jadis la haute, moyenne et basse justice sur un meix (ou manse, ce qui désignait dans le principe un terrain contenant 12 bonniers), dit le Meix du duc, ayant en largeur 5 ou 6 journaux, commençant à la Fausse Rivière d'Ophain et allant vers Wauthier-Braine. Le 16 juin 1559, le domaine céda au seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, moyennant 50 livres d'Artois, cette juridiction, ainsi que le cens de 12 patars, que le seigneur précité payait pour pouvoir planter sur tous les grands chemins et « pied-sentes » et aux bords des cours d'eau de ce meix.
Dans tout le restant de la paroisse d'Ophain, le seigneur avait la justice à tous les degrés. Seulement, en Brabant, il n'avait pas la haute justice, qu'en 1559, le domaine lui vendit pour en jouir à perpétuité, moyennant 100 livres. Dans le Compte du bailli du Brabant wallon, de la Saint Jean à la Noël 1450, on lui conteste le droit de prélever les lois et les amendes, on borne ses prérogatives à celles d'avoir des jugeurs et de percevoir des cens et rentes, mais cette prétention des officiers du duché fut abandonnée. Dans le Hainaut, les terres d'Ophain et de Bois-Seigneur-Isaac étaient l'une et l'autre haut-justicières. Dans toute l'étendue de la seigneurie d'Ophain, tant dans ce qu'on appelait Ophain loi de Brabant ou le fief d'Ucle à Ophain, qu'à Ophain loi de Hainaut ou le Grand fief d'hoirie d'Ophain, la justice était rendue par un seul échevinage, sauf qu'il y avait encore un tribunal de la même nature pour ce qu'on appelait le Fief de Lens à Ophain loi de Hainaut. On ne connaissait dans le village aucun allouez, c'est-à-dire aucun possesseur allodial, et tous les habitants de la paroisse, ceux qui ne payaient pas la dîme comme ceux qui la devaient, dépendaient de la seigneurie d'Ophain.
D'après plusieurs anciens documents, la seigneurie d'Ophain comprenait 40 meix (ou manses, à 12 bonniers le manse, soit 480 bonniers), dont 32, avec 38 maisons, ressortissaient au Hainaut, et 8 meix, avec 10 maisons seulement, au Brabant; mais les meix étaient tellement mêlés que personne, à ce que dit le maire de la Hulpe dans son Compte pour les années 1613 à 16Ï0, ne pouvait déterminer avec certitude ce qui dépendait de l'une ou de l'autre province ; on ajoutait que, par suite de cette indécision, les habitants du village pouvaient à leur gré aller en appel en Brabant ou en Hainaut. Le maire termine en disant qu'il n'avait pu en apprendre davantage. Il existait à cet égard beaucoup d'incertitude même parmi les juristes, les renseignements étant alors peu communs et difficiles à obtenir d'une manière complète. Ce qui parait positif, c'est que par suite de la situation entremêlée des meix, un jugement avait attribué dans tous la juridiction aux échevins principaux d'Ophain. Parfois, et notamment dans la liste publiée en 1534, Ophain est mentionné comme ressortissant au chef-lieu de Mons ; néanmoins, comme le remarque le fiscal du conseil de Brabant dans un avis en date du 26 mars 1699, l'appel en matières civiles et criminelles y appartenait à la cour d'Uccle. Il y avait pourtant une exception notable à cette dernière règle. Les fiefs tenus de la seigneurie d Ophain loi de Brabant, allaient à chef de sens ; les uns à la haute cour de Genappe, les autres à Genappe ou à Uccle.
Les coutumes et usages d'Ophain furent recueillis en 1388, sous l'intitulé suivant : « Ce sont les lois et usages de la ville et seigneurie d'Ophain appartenant à Anseau de Trazegnies... », et se terminant ainsi : « Che fu fait en la ville d'Ophain loi de Hainaut ». On y reconnaît au seigneur :
1° le droit d'établir une prison en sa tour ou ailleurs, à la seule réserve que les habitants du pays devaient être gardés et jugés au pays même ;
2° la possession des chemins et des eaux ;
3° le droit exclusif de faire procéder à des arrêts.
Ces lois et coutumes devaient être fréquemment lues aux échevins et aux hommes de fief, et gardées en un coffre, sans les laisser emporter, sans les laisser voir à des personnes étrangères, et sans en laisser prendre copie, sinon du consentement du seigneur. Le 8 février 1479-1480, on dressa un état des lieux où l'on usait, à l'imitation de ce qui se pratiquait du temps de Jean de Huldenberg, dit le Familleux, ici de la coutume d'Uccle, là de celle de Mons. Cette pièce fut dressée par les soins du maire Jean Ly Schoyer, qui exerçait ces fonctions depuis 26 ans, et des échevins, parmi lesquels il y en avait deux qui étaient en exercice depuis un laps de temps à peu près aussi long.
Le Compte de l'aide accordée par les États de Brabant en 1383, partage Ophain en trois parties, ayant chacune une cote distincte : Ophain sous le duc, Gri-ponwez et Ophain sous les seigneurs, qui furent respectivement taxés à 6 2/3 vieux écus, à 4 vieux écus et à 38 vieux écus. Peu de temps après, cette distinction cessa d'exister. Citons à ce propos une note curieuse que nous avons recueillie dans le Compte de la recette du domaine de Nivelles, pour l'année 1462-1463 : On y ordonne de demander au receveur du domaine dans ce quartier « où Ophain gist et de lui savoir s'il gist es mettes des offices de Nyvelle, de Genappe ou de Brayne etc., et qui occupe la table audit Ophain, laquelle par ci-devant souloit rendre au duc de Brabant 4 sous 2 deniers de vieux gros, dont l'on ne prend à présent riens ». A part l'ignorance géographique qu'accuse cette remarque, on observera avec étonnement l'existence d'une table de prêt à Ophain, où il n'y a plus depuis longtemps aucune activité commerciale.
Le greffe de Nivelles conserve les registres aux adhéritances des échevins de Bois-Seigneur-Isaac pour les années 1732 à 1795. Suivant une déclaration du maire et des échevins d'Ophain, en date du 7 janvier 1683, les transports, obligations, engagements et autres œuvres de loi s'y gardaient anciennement en un ferme ou coffre, et l'on ne commença qu'en 1618 à les copier dans un registre. Pendant les guerres, en 1674 et 1675, on cacha le coffre sur la tour de l'église, où il fut brûlé en 1676.
Ophain et Bois-Seigneur-Isaac ont successivement ressorti au canton de Braine-l'AIIeu et (à partir de l'an X) au deuxième arrondissement de justice de paix de Nivelles. Les limites d'Ophain sont décrites dans un procès-verbal du 8 décembre 1806 ; celles de Bois-Isaac (comme on disait alors), ont fait l'objet d'une opération semblable le 12 prairial an XI, et ont été à cette époque considérablement modifiées dans le but de faire cesser des divisions de propriétés. Le maire de Bois-Isaac seul fit ses réserves. L'extrémité septentrionale d'Ophain, vers la Justice, le long de la limite de Braine-l'Alleu, depuis le bois d'Ophain jusqu'au delà du Hain, dépendait anciennement d'une enclave du Hainaut qui était à cheval sur la limite précitée et large d'une centaine de mètres. Cet enclave formait une juridiction distincte appelée Longue-Rue, sur laquelle nous reviendrons à l'article Braine-l’Alleu.
La commune est divisée en deux sections électorales : Ophain et les hameaux non désignés ont sept conseillers, Bois-Seigneur-Isaac en a deux.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Le chapitre de Nivelles possédait à Ophain 12 bonniers de terres, quelques prairies et un petit aulnois qui, à la fin du siècle dernier, était réduit en prairie. Ce bien valait 219 florins de revenu et s'appelait les Terres de Griponwez. Nous le mentionnons en première ligne, parce que le chapitre était en réalité seigneur d'Ophain loi de Brabant, la terre de ce nom étant tenue de ce corps en arrière fief.
D'après les anciennes Coutumes d'Ophain, les deux terres d'Ophain el de Bois-Seigneur-Isaac relevaient « hautement» l'une de l'autre, «car tout fut un anciennement trois cens ans passés ». Les renseignements qu'on possède sur l'histoire du second de ces domaines commencent à Isaac, le fondateur de la célèbre chapelle à laquelle la localité doit son nom, mais ceux que nous avons pu recueillir pour Ophain ne sont pas aussi complets.
Au commencement du XIIIe siècle, cette localité appartenait en partie aux châtelains de Bruxelles, en partie aux chevaliers d'Arquennes. C'est avec l'autorisation du châtelain Godefroid et de son fils Léon, que l'abbaye d'Aywières y acquit, en 1243, de sire Gérard, seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, une partie du bois de Rapois, et, en 1220, de Baudouin Scolars d'Ophain, 4 1/2 bonniers du même bois. Quelques années après, la possession de ce bois provoqua entre le châtelain Léon et le chevalier Godefroid Baïart d'Arquennes, un différend qui se termina à l'amiable le vendredi avant Læetare, en 1237. On assigna 10 bonniers à Léon, qui les céda à l'abbaye d'Aywières, avec autorisation de les convertir en terres cultivées ou en pâtures ; le monastère fut reconnu en possession de faire couper des arbres (le chêne seul excepté) et pâturer du bétail dans la partie du bois restée au chevalier d'Arquennes, mais on réserva des droits analogues aux vassaux de Léon, dans une autre partie cédée à Aywières par les chevaliers Gérard de Bois-Seigneur-Isaac, Henri de Lenloz ou Lillois et Guillaume de Glatigny.
D'autres acquisitions, faites par Aywières, principalement dans le but d'agrandir la ferme de Neuve Court (sur Lillois), furent également confirmées, tantôt par les châtelains, tantôt par le chevalier Godefroid d'Arquennes. Lorsque le clerc Henri d'Ophain ratifia les libéralités de son père Franco, il accomplit cette formalité en présence de Pierre de Ransebeke, mandataire de Godefroid ; des vassaux de celui-ci, Pierre, Walter, Robert. Eustache de Ponte, Thomas, surnommé Feodarius, Sébastien, Léon, et de ses échevins (scabini Godefridi pro parte domini de Ophain ) : Jacques Pictavius (le Poitevin), Baldo de Quercu (ou Du Chêne), Léon, Guillaume Sutor (ou le Cordonnier), Martin et René (charte de Nicolas, curé d'Ophain et doyen de Hal, en date du samedi après les octaves de la Saint-Martin d'hiver, en novembre 1233). En juillet 1257, Godefroid apposa son sceau à la cession de 16 bonniers de terres, faite à Aywières par deux bourgeois de Nivelles, Jacques de Arsâ portâ et Siger Oillet.
A partir de cette époque, les renseignements deviennent de plus en plus rares et confus. Les Coutumes d'Ophain mentionnent le vieux rôle des fiefs du sire de Hellebeke, seigneur d'Ophain, ou des châtelains de Bruxelles, ce qui donne à penser que ce fut le patrimoine de ces derniers à Ophain qui passa à Jean de Hellebeke, seigneur de Loenhout, qualifié aussi seigneur d'Ophain, l'un des arbitres que le duc de Brabant et le comte de Hainaut chargèrent, en l'année 1334, du soin de régler leurs débats au sujet des limites de leurs états respectifs du côté de Hal et de Wauthier-Braine. En 1364, on cite le maire du sire de Faverchines à Ophain. En 1408, au mois de septembre, le chevalier Ancelin de Trazegnies fit le relief de la terre d'Ophain loi de Hainaut, ou fief d'hoirie, qu'il tenait de Bois-Seigneur-Isaac, et, au mois d'octobre, en l'hôtel du Dragon à Nivelles, de la terre d'Ophain loi de Brabant, tenure relevant de la seigneurie de Familleureux. Le 2 novembre 1409, Ancelin fit adhériter dans ces biens son fils Jean, qui les vendit immédiatement à Evrard Boet, seigneur de Crainhem. Ce dernier en ayant grevé de fortes hypothèques les fractions situées en Hainaut, Jeanne, sa fille, se vit forcée de les céder, le 19 juillet 1422, moyennant 2,200 livres tournois « et les vins », à Jean dou Rosoit (acte du bailli de Bois-Seigneur-Isaac, du 29 décembre 1423). Ce dernier était sans doute le prête-nom de Jean de Huldenberg, seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, qui acquit également, le 8 mars 1429-1430, la seigneurie d'Ophain en Brabant, en présence du seigneur suzerain de cette terre, le sire de Familleureux, Jean de Vertaing, comte de Fauquemberge, et de son frère Engelbert de Vertaing, sire de Beaurieu.
Depuis cette époque, la seigneurie d'Ophain n'a plus d'histoire particulière ; ses annales se confondent avec celles du château de Bois-Seigneur-Isaac.
Ce que l'on tenait en fief de la terre de Familleureux et en arrière-fief de l'abbesse de Nivelles comprenait des tenures de masuyers, des terres, des prés, des pâtures, des bois, des cens, des redevances, plusieurs hommages, droit de congé et d'issue, les lois et amendes, la justice moyenne et basse, le tout d'un revenu d'environ 50 livres de Hainaut. Les hommages étaient, au XlVe siècle, au nombre de douze, et dans le nombre quatre avaient à leur tour des arrière-fiefs :
1° Un fief à Nizelle, appartenant au sire de Bois-Seigneur-Isaac, et duquel relevaient deux pleins fiefs : le Manage de Bourlamont, avec 10 bonniers de terres et de pâturages, des cens, des rentes, droit de congé etc., et 16 bonniers d'héritages, à Nizelle, avec les mêmes prérogatives. Ce dernier était possédé par le couvent d'Orival, près de Nivelles ; le premier avait appartenu à Henri de Bourlamont et à sire Guillaume de Bourlamont, chevalier. Ces deux fiefs n'en formaient dans le principe qu'un seul, qui fut partagé entre deux frères, du temps des seigneurs d'Ophain, châtelains de Bruxelles.
2° Un fief de 9 bonniers d'héritages, avec cens, rentes, droits de congé et d'issues, un arrière-fief de 2 bonniers de terres, appartenait au seigneur de Familleureux et fut, entre autres, relevé par « monseigneur Nicolas de Houdebierge, chevalier », en 1316. Cette petite seigneurie avait un maire, qui en faisait droiturer les héritages « par des échevins empruntés au grand maïeur d'Ophain », et l'unique arrière-fief par des hommes ou vassaux empruntés au seigneur du même village.
3° Les seigneurs de La Houssière (sur Haut-Ittre) et notamment le chevalier Obiert ou Aubert del Huissière, en 1336, firent hommage pour un fief ayant également un maire, des cens et rentes, droit de congé et issue, des arrière-fiefs etc.
4° Le quatrième fief reconnaissait pour maître le ministre du couvent d'Orival.
Dans ces quatre tenures, on suivait tantôt la coutume d'Uccle,. tantôt celle de Genappe, sauf dans la deuxième, où l'on ne connaissait que cette dernière. Le fief d'Ophain loi de Hainaut avait haute, moyenne et basse justice, des terres, des cens, une cour féodale de 48 hommages ; il valait, vers l'an 1400, 202 livres 8 sous ou, selon d'autres, 450 francs par an.
On y avait joint, par achat, les fiefs dits de le Prée, Bonechon. des Fosses et de le Loguereuwe, à Braine-l’Alleu, où le seigneur d'Ophain n'avait que cens, rentes, droit de congé et issues, et où la haute et basse justice appartenaient au seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, de qui ces fiefs relevaient. Les œuvres de loi s'y passaient par devant le bailli de Bois-Seigneur-Isaac et les échevins afforains de Braine. Mais toute la seigneurie, haute et basse, et les cens seigneuriaux, que les Dave possédaient à Braine-l’Alleu, furent vendus aux seigneurs de ce village, en 1484. Les fiefs tenus d'Ophain loi de Hainaut suivaient tous la coutume de Mons, même ceux situés en Brabant. Dans le nombre se trouvaient, d'après un relevé datant de 1480 : à Braine-l'AIIeu, le Mont-Saint-Jean (aujourd'hui à Waterloo); une dîme valant par an 6 muids de blé, appartenant au couvent d'Auderghem ; 27 bonniers de terres, possédés par sire Roland de Mol : 18 à la Longue-Rue, 6 à Flochaie, 3 à Ingouval ; à Ophain, la Maison Descamps, à Baudouin de Glymes (en 1502, à Jean Blancart) ; la Maison de Habocq (en 1502, à Philippe de Thy) ; à Braine-le-Château, la Maison et Cense de Hawissart.
Jean de Huldenberg amoindrit considérablement l'importance réelle de la terre d'Ophain. Ayant subi de grandes pertes, il se vit forcé de vendre au chapitre de Cambrai, pour 1,600 couronnes d'or de France, les maisons de la Haute et de la Basse Moytuerie: la première, avec 66 bonniers de terres, 7 b. de prés et de pâturages, 6 journaux de dépendances; la seconde, avec 50 b. de terres, 7 b. de terres « faukales » ou fauchables, 5 b. de pâturages, de bois etc. Il ne se réserva que la justice et seigneurie, un cens de 2 deniers payable à Noël, la tour voisine de la Basse-Moytuerie, avec les fossés et un pal (ou peu) de place à l'entour d'une étendue d'un demi-bonnier et qu'il s'obligea à entourer de haies. Il promit de faire approuver cette aliénation par la comtesse de Hainaut Jacqueline de Bavière et par le duc de Bourgogne, gouverneur du comté, et d'obtenir des lettres échevinales de Bruxelles transportant au chapitre les droits de son frère utérin Jean Broyant de Sars, qui avait acquis le fief d'Hoirie le 1er février 1423-1424, et ceux du seigneur de Trazegnies, l'héritier des anciens seigneurs (acte daté de Mons, le 19 février 1429-1430). Les chanoines acquéreurs payèrent alors 100 livres de Hainaut au duc de Bourgogne pour l'amortissement de ces biens, que l'on trouva contenir 24 bonniers de plus que n'en spécifiait l'acte.
Après celte vente, les seigneurs d'Ophain conservèrent encore la Cense delà l'Eau, d'une contenance de 100 bonniers ; le Bois d'Ophain, qui comprenait 50 bonniers ; le moulin à eau etc. Le chapitre de Cambrai, outre sa nouvelle et importante acquisition, possédait la dîme du village, qu'il tenait en fief du duché de Brabant, avec un maire, une cour de tenanciers jurés, un cens de 20 chapons. 2 poules, 30 sous paiement, 36 sous 58 deniers oboles, 2 setiers de froment, 2 setiers d'avoine.
Si nous passons à l'histoire du Bois-Seigneur-Isaac, nous y trouvons, à ses débuts, des traditions qui en rattachent les premiers seigneurs au lignage d'Ittre, ainsi qu'on peut le voir plus haut. Vers le temps de la première croisade vivait dans la paroisse de Haut-Ittre un chevalier nommé Isaac, qui fit planter près de sa demeure, vers le S.-E., le bois que l'on appela depuis le Bois planté. Lui et son fils Arthur, ayant suivi à la Terre-Sainte Godefroid de Bouillon, furent pris par les Sarrasins au siège de Jérusalem. Pendant leur captivité, la Vierge apparut au chevalier et lui promit sa délivrance s'il s'engageait à lui bâtir une chapelle. Le matin, lui et son fils trouvèrent ouvertes les portes de leur prison, et, revenus dans leurs domaines, ils y firent bâtir, vis-à-vis de leur château, qui prit alors le nom de Bois-Seigneur-Isaac, une chapelle castrale et ils y fondèrent un bénéfice chargé de trois messes par semaine. Si l'on en croit la légende de Notre-Dame d'Ittre, la statue de la Vierge honorée à Bois-Seigneur-Isaac fut, au XIVe siècle, transportée à Ittre, où on la vénère encore aujourd'hui.
Gérard du Bois (de Nemore) ou Vanden Bossche (de Bosco), ou encore Gérard de Nisele, seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, prit pour femme Joye, fille aînée de Godefroid de Huldenberg et de Béatrix, fille et héritière de Gislard de Familleureux. Du vivant de sa femme, il vendit à l'abbaye d'Aywières 9 bonniers, moitié terres, moitié prés, qu'il tenait en fief du sire de Lens (charte de ce dernier, de l'année 1212). Son fils Nicolas Vanden Bossche ou de Bosco, appelé ailleurs Nicolas del Famileus Reus, seigneur du Bois (1244, 1247, 1253, 1260, 1263), crut pouvoir réclamer les 9 bonniers cités plus haut, parce que sa mère n'avait pas été présente à l'acte de cession de ce bien à Aywières ; mais, cédant aux conseils du châtelain Léon et de son fils Léon, il renonça à ses prétentions à la condition que l'abbaye lui payerait un cens de 6 deniers de Louvain (juillet 1247).
Jusqu'à la fin du XIVe siècle, Familleureux appartint aux descendants de Gérard et de Nicolas, qui adoptèrent de préférence à leur propre nom celui de Huldenberg et le surnom de le Familleux ou le Familleur, d'après leur domaine principal. L'aîné, de génération en génération, portait le prénom de Nicolas ou Colard. Celte lignée conserva aussi Bois-Seigneur-Isaac, bien que, en 1358 et en 1371, nous trouvions un Jean Martial ou Martiaul qui en est qualifié seigneur.
Un dernier Colard de Familleux fut père de Jean de Huldenberg, surnommé le Familleur et appelé aussi Jean du Bois, qui n'hérita pas de Familleureux, mais seulement de Bois-Seigneur-Isaac. La vie de ce seigneur marque une époque importante dans l'histoire de la localité. Il réunit à son patrimoine la terre d'Ophain, dont toutefois il aliéna la partie utile. C'est à lui qu'arriva, en 1405, la vision qui ouvre la légende du corporal miraculeux de Bois-Seigneur-Isaac. En 1413, il fonda à côté de son château le prieuré de chanoines réguliers de Saint-Augustin, qui en prit le nom, et, en 1440, il fut l'un des bienfaiteurs de l'abbaye de Nizelle, où on l'enterra à l'entrée du chœur, sous une pierre qui portait : « Chy gist ensevelit sage et honorable | eschewier Jean de Huldeberghe dit | Familleur jadis segneur de Booseigneur | Isaac et d'Ophain fondateur de l'église | de Boo sr Isaac et de ce monastère qui | trespassa l'an mil quattre cent cinquante | neuf le 14 du mois de janvier. : Prié Dieu pour son âme ». Sa femme, Marie de Boulers, reçut la sépulture dans le chœur de Bois-Seigneur-Isaac, en 1460.
Leur fille Christine s'allia à Werner de Davre ou Dave, seigneur de Merlemont et du fief de la Haye à Baulers, mort en 1469 ;
Antoine, fils de Werner, épousa Jeanne de Hoves, dont il eut Ferry, sire de Rossignies, et Werner, sire de Mirmont ou de Merlemont. Antoine hérita du fief de la Haye en 1493, après la mort de Jean, fils d'Antoine La Bisse et de Jeanne de Dave, fille de Werner ;
Werner (relief du Hainaut en date du 14 septembre 1517), dont la veuve, Maximilienne de Romancourt, releva, le 7 janvier 1555, le fief de la Haye ;
Hector, fils aîné du précédent (r. du 10 juillet 1556). premier seigneur haut justicier d'Ophain loi de Brabant et de Witterzée, en 1560 ;
Werner, son fils (r. du Hainaut du 22 octobre 1589, du Brabant du 5 juin de la même année), mort le 19 octobre 1624 ;
Agnès, fille aînée de Werner ( r. du Hainaut du 29 janvier 1626, du Brabant du 26 septembre 1625), femme de François-Lamoral, comte de Sainte-Aldegonde ; elle vendit Witterzée en 1672 et mourut en mai 1674 ;
Agnès-Françoise de Sainte-Aldegonde, leur fille (r. du Hainaut du 28 mars 1675), femme de Joseph-François de Mailly Manesse, baron d'Ebleghem, de qui elle eut cinq enfants : Florent-François, vicomte de Sainte-Walburge ; Marie-Josèphe, qui épousa Jean-François de la Tour ; Agnès-Jeanne, Agnès-Xavière et Anne-Françoise de Mailly.
A cette époque, un différend de la plus haute gravité vint agiter la seigneurie. Une sœur de la baronne, Isabelle-Claire-Marie, avait épousé Maximilien, comte de Sainte-Aldegonde, à qui elle avait laissé des enfants encore mineurs : Albert-François, baron de Noircarmes, et Anne-Marie, au nom desquels il releva la Haye le 14 janvier 1679, qu'il vendit depuis au baron d'Ebleghem, le 12 janvier 1680. Le comte réclama la propriété d'Ophain au nom de son fils mineur, et lorsque, en 1675, la dame d'Ebleghem ordonna la vente de quelques coupes d'arbres du Bois planté, il s'y opposa et obtint, à cet effet, un décret du conseil de Brabant (3 novembre 1679). La baronne recourut au conseil de Hainaut, qui lui donna raison, lui adjugea non-seulement la possession du bois contesté, mais celle de toute la terre d’Ophain, et ordonna aux officiers et membres de la loi de prêter de nouveau serment à cette dame (19 janvier 1681). La querelle s'envenima alors. Le conseil de Brabant ordonna à la baronne, sous peine de 300 florins d'amende en cas de contravention, de laisser l'administration de la seigneurie au bailli, aux échevins, au greffier et aux sergents nommés ou à nommer par le comte. Par contre, la dame provoqua un arrêt du conseil de Hainaut, du 6 mai, en vertu duquel le bailli d'Ophain, Laurent Barbier, fut arrêté le jour suivant, à six heures du malin, par le fils de la baronne, qui s'était fait accompagner d'un sergent du grand bailliage de Mons et de 5 a 6 cavaliers. Barbier, arraché à main armée du « consistoire échevinal d'Ophain » , fut conduit garrotté à Mons. Vainement, en passant à litre, il réclama le droit de rester en Brabant pour y être jugé.
Une voie de fait aussi audacieuse ne pouvait être tolérée. Le conseil de Brabant ordonna à son premier huissier de faire annuler cette arrestation contraire aux privilèges de la province (23 mai). Le gouverneur général, après avoir entendu ce corps et le conseil de Hainaut, tint l'affaire en surséance (10 juin), mais en ordonnant l'élargissement du bailli (28 juillet), qui exerça de nouveau ses fonctions pendant une dizaine d'années, de concert avec les échevins que madame d'Ebleghem avait destitués. En 1691, après la conquête de Mons par les Français, la baronne, qui cependant résidait à Nivelles, dont les troupes de Louis XIV ne s'étaient pas emparées, recourut à l'autorité de Voisin, intendant du Hainaut pour la France, et constitua à Ophain un nouveau bailli et un nouvel échevinage. De plus, elle fit arrêter le censier de la Haute-Mouturie, François Dubois, pour avoir relevé du comte de Sainte-Aldegonde un fief de la terre d'Ophain. A deux heures et demie du matin, des archers du conseil de Hainaut et une cinquantaine d'habitants de Bois-Seigneur-Isaac enfoncèrent la porte de cette ferme, blessèrent Dubois et partirent en emmenant quatre de ses meilleurs chevaux et douze vaches Le fermier fut envoyé au château de Mons.
Dans l'entre-temps, l'affaire avait été évoquée par le gouverneur général et soumise au conseil privé. A la paix, ce tribunal ordonna le rétablissement dans leurs offices de l'ancien bailli et des anciens échevins (15 décembre 1700). La contestation fut reprise au principal, et une enquête, faite à la demande des États de Brabant, prouva qu'Ophain était regardé comme une partie de cette province, que du moins le. village y payait sa cote dans les aides. La baronne d'Ebleghem étant morte le 30 novembre 1700, le vicomte de Sainte-Walburge lui succéda en Hainaut (r. du 4 mars 1701), mais en Brabant il ne releva ses fiefs que le 26 novembre 1712, après une transaction conclue entre lui et la comtesse de Sainte-Aldegonde, passée par devant le conseiller Thisquen et qui fut sanctionnée par le conseil d'État le 28 août 1711.
La seigneurie fut immédiatement, vendue à Antoine Belhomme, receveur général du Hainaut, pour la somme de 56,000 florins (r. du Hainaut du 25 novembre 1712, du Brabant du 26). L'acquéreur aurait dû payer au souverain le quint ou cinquième de cette somme, comme cela se pratiquait en Hainaut en cas d'aliénation d'un fief, mais le ministère lui accorda la remise de la moitié de ce droit, en considération des services qu'il avait rendus au pays.
Sa femme, Marie-Thérèse Rouilion de Castagne, pria les États de Hainaut et de Brabant de mettre fin au débat qui s était élevé à propos de sa seigneurie d Ophain. Le 12 septembre 1730, le gouvernement ordonna aux fiscaux des deux provinces d'instruire la cause le plus sommairement possible. Une question incidente avait été soulevée, la dame d'Ebleghem ayant exigé de ses vassaux le payement du droit de quint. Un jugement du conseil privé lui donna gain de cause et déclara que la famille Dubois payerait de ce chef 32 sous à madame Belhomme. La contestation en resta là.
Antoine-François-Joseph-Isaac Belhomme releva après son père les fiefs tenus du Brabant (1er juillet 1728), qui passèrent ensuite à son neveu Henri de Quickelberghe (r. du 18 décembre 1773). Agnès-Thérèse d'Aneau (r. du 26 septembre 1788), fille de François-Ignace d'Aneau, seigneur de Thimougies, et de Marie-Éléonore de Quickelberghe, les porta en mariage à Gomar-Ignace-Antoine, comte Cornet de Grez. De cette alliance naquirent, deux filles : Henriette-Ave, morte sans avoir été mariée, et Joséphine-Françoise, qui se maria avec Idesbald-François, baron Snoy d'Oppuers, chambellan du roi Guillaume Ier, plus tard sénateur belge, père de M. Idesbald, baron Snoy, bourgmestre d'Ophain, propriétaire actuel du domaine de Bois-Seigneur-Isaac.
La terre de Bois-Seigneur-Isaac et Ophain loi de Hainaut, était tenue en fief du comté de Hainaut avec haute, moyenne et basse justice, une tour avec maison, granges etc., des terres, des prés, des pâturages, des bois, des cens, droit de mainmorte et meilleur catel, d'hériter des bâtards et aubains, de percevoir les lois, amendes et forfaitures, les entrées et issues d'héritages etc., le tout pouvant valoir par an 300 livres, selon le dénombrement présenté par Antoine de Dave vers l'année 1470. Ailleurs on attribue à cette seigneurie, y compris celle d'Ophain loi de Brabant : en Hainaut, 300 hommes de fief, payant pour droit de relief deux fois 60 sous blancs, soit, 3 florins 4 patars; en Brabant, 40 hommes de fief, payant dans le même cas la valeur du revenu annuel du fief.
Le château était jadis entouré de fossés remplis d'eau ; on y arrivait par un pont en pierres et à trois arches aboutissant à un pont levis. Les bâtiments formaient un pentagone, ayant à un de ses angles une tour carrée, surmontée d'un petit dôme. La façade était percée d'une porte cintrée, au-dessus de laquelle régnait un cordon reposant sur des arcatures cintrées, et flanquée de deux tourelles, garnies au bas d'étroites embrasures ; dans le haut, de fenêtres à meneaux croisés. Ce manoir était vieux et délabré lorsque le receveur Belhomme en acquit la propriété ; il le fit rebâtir et depuis les jardins furent embellis par le baron de Snoy d'Oppuers, du temps du roi Guillaume. La façade du château, dirigée vers le N.-O., s'ouvre sur une pelouse qui communique avec la chaussée de Nivelles à Hal au moyen d'une avenue récemment plantée. Cette façade présente une ligne brisée formant deux angles obtus ; au centre est un avant-corps, ayant deux ailes latérales bâties en retraite : l'aile occidentale a un prolongement vers le S., qui continue le polygone. Les fossés du manoir sont aujourd'hui à sec. Sur les côtés de la pelouse, on voit, d'une part, des remises ; de l'autre, la ferme seigneuriale ; à l'E., s'étend un très-beau parc. On conserve au château un morceau de la vraie croix, qui est renfermé dans un triptyque ogival à volets d'argent, orné de pierreries et large de 80 centimètres sur 60 de haut ; cette relique provient de l'abbaye de Floreffe et est exposée à la vénération des fidèles le 14 septembre et pendant les sept jours suivants.
L'église d'Ophain n'avait jadis que le rang de quarte chapelle ; elle est dédiée à sainte Aldegonde, patronne du chapitre de Maubeuge, et parente de sainte Waudru, fondatrice du chapitre de Mons, qui avait de grands biens à proximité, à Haut-Ittre et à Braine-le-Château. Ainsi que ces deux localités, Ophain faisait partie du diocèse de Cambrai et du doyenné de Hal. Après l'érection des nouveaux évêchés en 1559, on le comprit dans le diocèse de Namur et le doyenné de Nivelles, puis, lors du concordat, l'église devint une succursale de la cure de Braine-l'AIIeu.
En 1223, Godefroid, évêque de Cambrai, donna aux chanoines de sa cathédrale l'église et autel d'Ophain, avec son annexe Nizelle, qui était restée à son entière disposition, par suite de la mort de celui qui en possédait le personnat, en vertu d'une concession épiscopale. La dîme appartenait pour les deux tiers au même chapitre, qui la tenait en fief du duché de Brabant, et pour l'autre tiers, qui valait, en 1787, 1,154 florins 11 sous, au curé ; celui-ci possédait en outre 7 bonniers de terres, et jouissait d'un revenu total de 1,381 florins.
En 1441, il existait à Ophain deux chapellenies, une de Notre-Dame, l'autre de Saint-Ghislain. La fabrique possédait, en 1787, 4 bonniers 1 journal, et un revenu total de 211 florins ; aujourd'hui ses biens consistent en 4 hectares 8 ares 40 centiares, et ses ressources annuelles s'élèvent à 819 francs. Le presbytère a été reconstruit d'après un plan approuvé par le ministère du waterstaat, le 29 juin 1819.
L'église d'Ophain consiste en un chœur qui se termine par une abside à trois pans et est boisé de chêne, et en une nef, que des arcs doubleaux en plein cintre partagent en cinq travées. Elle a été agrandie en 1762, date placée au-dessus du maître-autel, de la manière suivante : an 1162 no. Le chœur paraît plus ancien, et semble remonter au dernier tiers du XVIIe siècle. L'église étant alors entièrement ruinée par suite des guerres, le chapitre se chargea d'en reconstruire la maçonnerie sur une étendue de 20 verges, et de garnir l'e chœur de toiture, de charpente, de vitres ; la communauté des habitants, de son côté, s'engagea à rebâtir le surplus de la nef et de la tour, et à faire des corvées pour la réédification du chœur (6 juin 1681). La commune n'ayant pas de ressources pour faire face à la dépense, l'évêque de Namur lui permit d'employer à cet usage, pendant trois ans, les deux tiers du revenu des pauvres (acte du même jour). L'entretien du nouvel édifice avant été longtemps négligé, il se trouva dans un état tel qu'il fallut songer à en élever un nouveau. Le lieutenant-mayeur, les échevins et les principaux adhérités du village citèrent devant le conseil de Brabant le chapitre de Cambrai, les couvents de Bois-Seigneur-Isaac et de Wauthier-Braine et le curé d'Ophain, et réclamèrent d'eux la construction d'une église bonne et décente et la fourniture du pain, du vin, du luminaire, des ornements nécessaires pour la célébration du service divin, mais ils n'obtinrent pas entièrement gain de cause, à ce qu'il paraît. Le tribunal ordonna au chapitre de « restaurer par provision l'édifice d'une manière convenable » (8 juillet 1760), et les parties semblent s'être accordées à l'amiable. Alors s'éleva la nef, qui, en 1785, était déjà signalée comme trop petite (n'ayant que 53 pieds de long sur 31 de large), et ne pouvant contenir que 400 personnes.
Le maître-autel est dédié au Saint-Sacrement, les autels latéraux à la Vierge et à Sainte-Aldegonde ; devant chacun de ceux-ci on voit un bas-relief en marbre blanc, dont l'un est signé Bergé 1756. Nous ne nous rappelons pas le sujet que le premier représente ; le second nous montre un jeune homme et une jeune fille agenouillés devant des religieuses, derrière lesquelles on voit des religieux. Ces bas-reliefs proviennent, dit-on, de Bois-Seigneur-Isaac, et ont certainement une grande analogie avec le beau morceau de sculpture qui y décore le maître-autel.
En l'année 1405, le 2 juin, mardi avant la Pentecôte, Jean de Huldenberg, seigneur de Bois-Seigneur-Isaac, vit en songe Jésus-Christ couvert de sang, et le vendredi suivant, en célébrant la messe, le curé Pierre Ost aperçut sur une hostie des gouttes de sang, qui tachèrent le corporal et ne cessèrent de couler que cinq jours après. L'évêque de Cambrai, Pierre d'Ailly, ordonna au doyen de Hal, Jean Coreman, d'aller prendre ce corporal et de le lui apporter ; il le conserva en sa possession pendant deux ans, sans que l'on pût enlever les taches de sang qui s'y remarquaient. Des miracles nombreux augmentant de jour en jour la réputation de la chapelle de Bois-Seigneur-Isaac, le prélat accorda quarante jours d'indulgence à ceux qui, se trouvant en état de grâce, y réciteraient un Ave, à certains jours, (17 juin 1410 et 22 septembre 1413). En 1411, l'évêque chargea son suffragant de consacrer la chapelle, l'autel qui s'y trouvait et le cimetière adjacent: en 1443, à la suite d'une enquête qu'il ordonna (charte datée de Saint-Ghislain, le 26 septembre), et dont il chargea le prieur des Guillelmites et le gardien des frères mineurs de Nivelles, il approuva le corporal miraculeux, et il autorisa la procession qui se fait depuis cette époque au mois de septembre, le dimanche après la Nativité de la Vierge (Honnecourt, le 18 octobre). Les miracles du corporal n'en trouvèrent pas moins beaucoup d'incrédules et de contradicteurs, et notamment le successeur d'Ost, qui accusait, d'idolâtrie les habitants du village parce qu'ils accompagnaient la procession du Saint-Sang de préférence à la procession paroissiale ; la vengeance divine l'en punit : le lendemain, il mourut en célébrant la messe.
Afin de conserver à cet oratoire l'éclat dont il était entouré, Jean le Familleur le donna, avec les biens dont on l'avait doté, au prieuré des Sept-Fontaines, de l'ordre des chanoines réguliers de Saint-Augustin (4 mai 1413), et il céda, pour y fonder un nouveau couvent du même ordre, trois bonniers adjacents, à la seule condition de payer à lui et à ses successeurs un cens de 3 vieux gros (10 septembre 1413). Gilles Breedeyck, le fondateur de Sept-Fontaines s'empressa d'envoyer à Bois-Seigneur-Isaac deux religieux et un frère convers, pour jeter les bases de ce nouvel établissement, où il vint bientôt remplir les fonctions de prieur et où il mourut le 16 octobre 1424. Un accord, qui porte la date du 21 novembre 1446, détermina, à la demande du comte et de la comtesse de Namur et de Jean le Familleur, les bases de l'érection du prieuré : une paix éternelle devait subsister entre ce couvent et Sept-Fontaines ; aucun religieux ne pouvait quitter l'une de ces maisons pour l'autre, et il n'était dorénavant plus permis à Sept-Fontaines d'envoyer des moines à Bois-Seigneur-Isaac, que du consentement de cette dernière communauté.
Par une bulle datée du 13 janvier 1424, le pape Martin V approuva l'érection du prieuré, et le 28 avril 1443, l'évêque Jean de Bourgogne en approuva l'union au chapitre général de Windesem. Comme ils habitaient dans la paroisse de Haut-Ittre, les religieux durent solliciter du curé Arnoul le droit d'ensevelir dans leur chapelle et d'y conférer les sacrements, ce qui leur fut accordé au prix d'une redevance consistant en un quart d'once d'argent par an (12 mai 1413). La cession au prieuré de la chapellenie dotée par Jean Je Familleur fut approuvée par les vicaires généraux de l'évêché, le 15 avril 1418, et un accord au sujet de la dîme et des offrandes fut moyenné le 8 mai 1428, avec le chapitre de Sainte-Waudru à Mons.
Marguerite d'Escornaix, abbesse de Nivelles, se montra également la bienfaitrice du prieuré. Nos souverains se plurent aussi à le favoriser. Jean IV lui permit d'acquérir des biens jusqu'à concurrence d'un revenu de 40 muids de seigle, et cela en considération de ce que les religieux ne possédaient qu'environ 34 bonniers, et des grandes pertes que leur avaient causées les partisans du duc de Glocester (charte du 2 avril 1426, confirmée le 18 mars 1427-1428 et le 24 avril 1431). Plus tard, Philippe-le-Bon permit à la communauté de faire pâturer, dans les communs pâturages de la forêt de Soigne, un taureau, vingt autres bêtes à cornes, six chevaux et vingt-cinq porcs, à charge de faire célébrer, à sa mémoire, un anniversaire solennel tous les ans (8 octobre 1462). Par un acte passé à Bruxelles, en 1453, chez le secrétaire de la ville Dullaert, Ghislain, fils de Colard ou Nicolas d'Enghien, fonda à Bois-Seigneur-Isaac deux messes hebdomadaires. Le roi Louis XI, pendant son séjour à Genappe, visita plus d'une fois le prieuré et lui fit de grands dons.
Vers l'année 1440, le prieur Guillaume Minnaert envoya six de ses frères fonder le couvent de Melle, près de Gand.
La guerre du duc Philippe contre les Gantois fut funeste à la communauté ; elle souffrit aussi de la régence orageuse de Maximilien, époque où la famine dispersa la majeure partie des moines. En 1477, le prieur mourut de peur à Bruxelles, lors de la terrible émeute dont cette ville fut le théâtre, après la mort de Charles le Téméraire. Mais Jean Scot (1409-1531) parvint à rétablir la discipline, d'après la règle de Prémy, tant à Bois-Seigneur-Isaac qu'à La Thure et à Prémy même.
Le 5 décembre 1572, les troupes de Guillaume le Taciturne pillèrent le couvent, qui fut entièrement brûlé le 18 février 1580. Les religieux s'étaient dispersés après la bataille de Gembloux ; le prieur Guillaume de Bougemont mourut en 1580 à Mons, où il reçut la sépulture dans l'église de Sainte-Waudru, près de la chapelle Sainte-Barbe. Son successeur, Jean d'Arthois, habita pendant deux ans le monastère d'Alne, puis, pendant trois ans, celui de Liessies; enfin, en 1585, après la soumission de Bruxelles, il rentra au prieuré, et à l'aide de quelques dons il en répara les bâtiments.
Du temps de l'infante Isabelle, la communauté trouva un bienfaiteur dans l'abbé d'Anchin, Werner de Dave, qui appartenait à la lignée seigneuriale et était né au château.
A la suite du décret du 17 mars 1783, le substitut avocat de l'empereur en Hainaut, Charles-Antoine Paternostre, se présenta à Bois-Seigneur-Isaac le 13 avril 1784, et donna connaissance de la suppression du couvent aux religieux, qui étaient assemblés sous la présidence du prieur Florent Tison. Toutefois, à la demande des maire et échevins de Bois-Seigneur-Isaac, qui firent valoir leur éloignement de l'église de Haut-Ittre, les religieux furent autorisés par provision à dire une messe basse les dimanches et jours de fête, et à administrer les sacrements de la confession et de la communion (19 avril). Puis, sur leurs réclamations, Joseph II les exempta, également à titre provisoire, de la suppression ordonnée (3 juillet). Seulement, pour empêcher la dilapidation des biens de la communauté, il fut décidé que l'administrateur, Le Blavier de la Rocq, resterait en fonctions (19 juillet 1784). Le reliquaire du corporal, que l'on avait déposé à la Monnaie de Bruxelles pour en faire l'évaluation, fut restitué au prieuré (décret du 26 août), et bientôt Le Blavier fut informé qu'il aurait à cesser ses fonctions et à rendre compte de sa gestion à la communauté (4 mai 1785), à laquelle il fut invité à payer 167 florins 14 sous, dont il restait redevable (28 octobre 1786).
Le prieuré de Bois-Seigneur-Isaac ne fut supprimé que par la république française. Il se trouvait ordinairement à Bois-Seigneur-Isaac treize à quatorze religieux ; il n'y en eut jamais plus de vingt ; en 1787, ils étaient au nombre de seize, outre deux novices. Leur entretien coulait 9,867 florins (soit en moyenne 548 florins). Pour le soin de leurs vêlements le prieur entretenait pendant 8 mois 2 tailleurs, pendant toute 1 année 2 couturières, pendant 2 mois et demi 7 lavandières. Les dépenses s'élevaient au total à 11,065 florins, parmi lesquels les aumônes figuraient pour 354 florins. Les revenus montaient à 12,509 florins et provenaient presque en totalité (pour 10,816 florins) du produit des biens et dîmes. La communauté possédait : le tiers de la dîme de 64 bonniers à Ophain (un autre tiers appartenant au chapitre de Cambrai et le troisième tiers au curé de Haut-Ittre) ; quelques dîmes à Baulers, à Witterzée, à Lennick-Saint-Martin ; un cens féodal à Ittre, valant par an 35 1/2 chapons et relevant de la seigneurie de Faucuwez ; des cens et rentes à Wauthier-Braine, Ophain etc. ; la ferme du Héseau, à Bois-Seigneur-Isaac ; celle de Moulurée, à Gouy-le-Piéton ; une autre à Nivelles, et Baudémont ; plusieurs autres à Wauthier-Braine ; trois maisons à Nivelles, dont une dite le Refuge de Bois-Seigneur-Isaac, et qui avait été achetée, ainsi qu'un refuge à Bruxelles, en vertu d'un octroi de Charles-Quint, du 18 janvier 1546-1547 ; celles dites le Vignoble et les Belles-Pierres, à Ophain ; des terres, des prés, des bois et bruyères plantées de sapinières, aux alentours du couvent ; des terres à Baulers, Laloux (sur Bousval), Hennuyères, Erps, Bergh, Wambeek. Ils exploitaient par eux-mêmes environ 200 bonniers de terres et 28 b. de pâtures et de prairies.
La plus grande partie des bâtiments subsiste encore, mais transformés ou abandonnés. Ils comprenaient 2 bonniers 30 verges, et dans cette étendue on trouvait, outre l'église conventuelle : le quartier du prieuré, des hôtes, le cloître, le réfectoire, le dortoir, l'infirmerie, la brasserie, la boulangerie, des remises etc. Du temps de Breedyck, ils n'étaient bâtis qu'en bois et en argile, mais le prieur Jean Bellens (1450-1558) abattit ces constructions caduques et les remplaça par d'autres en pierres. Nicolas de la Croix (1469-1485) y ajouta la partie du cloître qui faisait face à l'E., et Jean de Longchamp (1485-1496) la porte d'entrée du monastère. Martin Colin, de 1605 à 1623, orna le cloître de vitraux peints qu'il entoura d'arcades en pierres de taille.
Le cloître dessinait un quadrilatère ; il se trouvait à côté de la chapelle et était surmonté de corps de logis recevant le jour par des fenêtres carrées et constituant la partie la plus notable du monastère. Actuellement il appartient à M. Snoy ; on l'a converti en une ferme dite de la Chape, à l'exception de l'aile orientale qui porte le nom de Collège, peut-être parce que jadis on y logeait quelques jeunes gens qui recevaient l'instruction au couvent ; cette aile sert d'orangerie et de logement pour le chapelain. La façade occidentale offre des ancres formant les dates de 1615 et 1795, mais qui semblent avoir été déplacées ; dans la cour, en avant de celtte façade, on voit un grand puits surmonté d'ornements en fer et portant la date 1626. Cette cour est bornée : à l'E., par le chemin conduisant à la chapelle et dont le côté opposé présente un grand bâtiment complètement abandonné ; au S., par une habitation particulière, remarquable par un ancien portail en pierre bleue, avec la date 1764 ; à l'O., par la ferme de l'Abbaye, dont les vastes constructions sont ornées de tours. L'ancien prieuré avait un clocher contenant 17 cloches. Comme œuvre d'art, on n'y remarquait qu'une Chasse au lévrier, signée Le Duc, 1659.
Lors de la suppression, il ne s'y trouvait pas de bibliothèque commune, quoique les chanoines réguliers de Bois-Seigneur-Isaac se fussent, jadis distingués dans les travaux de l'intelligence. Quelques-uns, comme le sous-prieur Roger de Nivelles (mort vers 1496), le chantre Bugnius, qui mourut, en 1582 et dont on conserva longtemps plusieurs manuscrits à Aywières, Bourlon, mort en 1606, furent d'habiles copistes ; d'autres excellèrent dans la reliure, comme le prieur Nicolas Adam (1539-1605) et Bourlon que nous venons de citer ; d'autres enfin écrivirent des ouvrages, notamment le prieur Pierre Pion (1531-1548), auteur d'un éloge de l'ordre de la Toison d'or.
La chapelle primitive du chevalier Isaac subsista jusque vers le milieu du XVIe siècle, qu'on la remplaça par le chœur actuel, qui toutefois ne fut voûté que lors des travaux de restauration entrepris après les guerres de religion. Le premier temple conventuel fut commencé par Breedyck, achevé par les soins du prieur Minnaert, et consacré, le 9 mars 1441-1442, en l'honneur de la Vierge et de Saint Jean-Baptiste ; vers l'an 1558 on le raccorda avec la chapelle dont nous venons de parler, et de ces travaux résulta l'édifice qui existe encore de nos jours. Il consiste en un grand vaisseau, terminé par une abside à trois pans, et ayant environ 50 métres de long sur 40 de large. Il est surmonté vers le centre d'un clocheton et précédé d'un petit porche pseudo-gothique. La porte d'entrée, qui se trouve au bas de la nef, est ouverte toute la journée. mais le public ne peut pénétrer que dans l'espace surmonté par le jubé ; au delà se trouve un grillage. L'église paraît avoir été modernisée au siècle dernier. Des neuf travées qui la composent, deux sont aveugles, et les autres ne reçoivent le jour que du S. ; les fenêtres de ces dernières ont à l'extérieur conservé la forme ogivale, mais à l'intérieur on a cintré leur archivolte ou placé en son milieu une clef de voûte saillante. Les travées voisines du maître-autel ont encore leurs voûtes à nervures croisées, tandis que dans la partie antérieure de l'église on a établi un plafond richement orné de caissons. Jadis l'église était garnie de vitraux peints, dont un avait été donné par le duc Philippe de Bourgogne, et un second par l'abbesse Elisabeth de Frauckenbergh. Après la restauration faite à la fin du XVIe siècle, les abbés de Cambron, de Rœulx, de Liessies, d'Alne, de Lobbes, d'Anchin, de Saint-Denis en donnèrent d'autres, qui ont également disparu.
Le maître-autel est orné de deux anges adorateurs en marbre blanc et a pour devant d'autel un beau bas-relief, également en marbre blanc, représentant la Déposition au tombeau et offrant cette inscription à l'angle inférieur droit : Fait par L. Delvaux, sculpteur de la Cour et de S. A. R. le duc Charle de Lorraine, etc. etc. l'an 1752. L'autel et les sculptures qui le décorent ont coûté environ 600 pistoles. Derrière le maître-autel, on voit un tableau avec la représentation exacte du reliquaire du Saint-Sang, et, sur les côtés, quatre autres toiles offrant des épisodes de la légende de ce Saint-Sang ; sur l'une d'elles on lit J. Crokhaert pinxit 177 (le quatrième chiffre est caché par le cadre). A gauche du maître-autel, une gracieuse statue de marbre blanc, par Guillaume Geefs, reproduit les traits de Mlle Hortense Snoy ; à droite, un monument de marbre blanc, orné de statues et de fêtes d'anges, porte ces mots :
D. O. M. | Monument | des | très nobles | familles | baron Snoy d'Oppuers, | vicomte d'Oirzeole | et | comte Cornet de Grez, | baron de Tourneppe. | R. I. P. | , puis une très longue inscription ainsi conçue :
A la mémoire | de messire Gomar-Ignace comte Cornet de Grez, baron de Tourneppe, seigneur de Poissant, | décédé le XXVIII août MDCCCXI, et de dame Agnès-Thérèse d'Aneau, dame de Thimougies, | Rosieres, Ophain, Bois-Seigneur-Isaac, etc., décédee le IX juillet MDCCCXIIII ; de demoiselle Henriette | Haye, comtesse Cornet de Grez, leur fille, décédée le XXIX janvier MDCCCXV ; de messire | Idesbalde-François-Ghislain, baron Snoy d'Oppuers, vicomte d'Oirzeele, baron de Tamise etc. ; | sénateur, décédé à Paris le 2 mars 1840, et de son épouse, dame Joséphine-Françoise-Ghislaine, | baronne Snoy née comtesse Cornet de Grez, décédée au château de Bois-Seigneur-Isaac,le | XXIX novembre MDCCCXXXVIIII ; de messire Raymond-Ghislain, baron Snoy, leur fils | décédé le XIV décembre MDCCCXXIX, et de demoiselle Hortense-Dorothée-Marie-Ghislaine Snoy | leur fille, décédée à Auteuil, près Paris, le III juillet MDCCCXXXX, à l'âge de XVIII ans.
Un écusson avec la devise : Love and Faith, orne ce monument.
Près de ce dernier monument, une dalle de marbre blanc offre ces mois :
D. O. M. | Sub hoc marmore | jacent corpora | R.R'um D.D. priorum | R. I. P.
Sur une autre dalle semblable, placée dans le pavement en avant du maître-autel, une inscription qui fut placée en 1685 par ordre du 25e prieur, De Bode, rappelle qu'en cet endroit se trouvait la chapelle où s'accomplit le miracle du Saint-Sang. En deçà du chœur, le long des murs, sont placées de belles stalles, qui font un retour d'équerre, de manière à diviser la nef en deux parties, en laissant entre elles un passage. Dans ces stalles sont placés dix tableaux en médaillons, représentant les Évangélistes et docteurs de l'église, Jésus-Christ et la Vierge. Ces tableaux, ainsi que ceux du chœur, ont été restitués à l'église à la demande des habitants et en vertu d'un arrêté du préfet de la Dyle du 30 prairial an X ; seul, celui du maître-autel n'a été rendu qu'en 1806.
Aux stalles sont adossés deux autels, dédiés à la Vierge et à Saint-Augustin. Ils composent, avec deux confessionnaux et le jubé, toute l'ornementation de la nef antérieure. On y voyait jadis deux tableaux assez bons: une Annonciation et la Conversion de Saint-Augustin ; on y lit encore l'inscription suivante :
Hic jacent | Clarissimus ac prænobilis D : | Dominus Antonius de | Belhomme, eques, Busci domini | Isaacani et d'Ophain Toparcha, | sacræ Majestalis Cesareæ | totius Hannoniæ provinciæ | primarius quœstor, nec | non territorii d'Elouge et | Locorum adjacentium regius | præfectus, Obiit 7 aprilis | anni 1728 et domina | ...
L'église ou chapelle de Bois-Seigneur-Isaac est la propriété de M. Snoy, qui s'est engagé à l'entretenir et à en salarier le chapelain. Elle a continué à exister comme oratoire ou chapelle dépendante, non plus de Haut-Ittre, comme elle l'était encore en 1825, mais de la paroisse d'Ophain.
On y vient en pèlerinage, le vendredi avant la Pentecôte. Le Saint-Sang est conservé dans un beau reliquaire, le même, croyons-nous, que ce reliquaire en argent doré, par lequel on remplaça, en 1546, pour 200 florins, l'ancien, qui était en cuivre.
A l'endroit appelé Nizelle, sur les limites d'Ophain et de Wauthier-Braine, en Brabant. existait, au XVe siècle, le hameau de Haute-Nizelle, occupant le terrain dit depuis les Quatre Bonniers, le long du chemin conduisant de la grande porte de la cense abbatiale de Nizelle vers Bois-Seigneur-Isaac, et composé de quelques habitations, parmi lesquelles on remarquait le manoir de la seigneurie foncière de Limelette, une ferme appartenant à Orival, une autre maison, propriété de Jean Wittebore, avec neuf bonniers tenus en fief du seigneur d'Ophain. Les habitants du hameau puisaient l'eau nécessaire à leurs besoins dans la Fontaine au Chêne usé, qui se trouve de 15 à 20 pieds en-dessous du niveau du sol et s'abrite sous une grande voûte ; jadis cette source alimentait les étangs du monastère et en activait le moulin.
Des neuf bonniers de fief cités plus haut, il yen avait trois qui, vers l'an 1400, étaient entourés de vieux murs et où se trouvait une chapelle ruinée dite de Notre-Dame de Nizelle. Cet oratoire est mentionné, dès 1223, comme une annexe de l'église paroissiale d'Ophain ; elle avait un recteur dont le bien adjacent formait, la dotation. Plus tard ce bien passa à des laïcs. En 1408, Henri Lomont le céda à Meurant Badelier, qui le vendit à Guillaume Scolman. Celui-ci en fit abandon à son frère Olivier, qui à son tour fit don au prieuré de Bois-Seigneur-Isaac, pour l'entretien de la chapelle, de la rente de deux muids de seigle qu'il s'était réservée sur le bien. Ce dernier même fut vendu, le 25 juin 1439, par Jean Wittebore à Pierre d'Amsterdam, quatrième abbé de Moulins ; Jean de Huldenberg, de qui on le tenait en fief, renonça à en exiger le relief et à y réclamer la justice de quelque degré que ce fut. Il fut d'usage, dans la suite, que chaque nouvel abbé fit hommage pour ce fief, en embrassant son suzerain et en lui promettant de lui être fidèle et loyal en toute chose, « ainsi que les religieux avaient coutume de faire ». De plus, on célébrait à cette occasion une messe du Saint-Esprit à l'intention du seigneur alors existant et une messe de requiem à la mémoire de ses prédécesseurs.
Le pays de Namur avait, quelques années auparavant, considérablement souffert des ravages qu'y avaient occasionnés les Liégeois ; les religieux de Moulins, de l'ordre de Cîteaux, ne se trouvant plus en sûreté dans leur monastère, résolurent d'acquérir des propriétés en Brabant et de s'y construire un lieu de refuge. L'abbesse de Nivelles Christine de Franckenbergh témoigna le plus vif désir de voir prospérer leur nouvelle colonie. En passant par Nizelle, elle manifesta à Jean de Huldenberg, qui s'en étonna beaucoup, l'intention de leur donner 1,200 peters d'or. Non contente d'acheter pour eux la ferme du Rosoit à Wauthier-Braine (8 août 1439), elle promit de payer les frais de la construction du monastère et de fournir aux religieux des moyens d'existence; mais sa parenté se montra très mécontente de sa générosité, et elle se vit forcée d'y mettre des bornes, du moins en apparence.
Le duc Philippe le Bon approuva, le 20 janvier 1439-1440, l'acquisition par l'abbaye de Moulins de l'oratoire de Nizelle et de 16 bonniers contigus; et, le 18 septembre 1440, l’évêque de Cambrai ratifia l'établissement du nouveau couvent, qui reçut d'un bourgeois de Bruxelles, Jean Smettebier, 100 mailles du Rhin et la moitié de ses meubles, dont la vente produisit 1,200 couronnes (3 janvier 1439-1440).
Les ressources de la communauté, toutefois, n'étaient pas suffisantes pour lui permettre de se séparer de celle de Moulins. L'abbesse de Nivelles le désirait, mais ne réalisa pas tout ce qu'elle avait promis. Le 18 juin 1441, une réunion solennelle se tint dans l'église, la salle capitulaire n'étant pas achevée. L'abbesse Christine ayant formellement demandé la nomination d'un abbé particulier pour Nizelle, ceux de Moulins, et avec eux les commissaires de l'ordre de Cîteaux, les abbés d'Alne et de Cambron, firent remarquer la modicité des revenus du monastère et combien il serait préférable de n'y constituer qu'un prieur. Elle insista en déclarant que tant qu'elle posséderait la valeur d'un pain ou d'un denier elle le partagerait avec les religieux de Nizelle. On céda alors à ses instances et on éleva à la dignité abbatiale Jean Eustachii ou Staes, abbé du Jardinet, qui fut bénit le 12 mars suivant par l'évêque de Cambrai, le lendemain de la consécration de l'église par le même prélat.
Christine de Franckenbergh restant toujours en défaut de réaliser ses bonnes intentions, l'abbé ne put subvenir aux dépenses du couvent ; il se vit bientôt endetté de 200 peters. Comme il se disposait à aller trouver en Bourgogne le duc Philippe, l'abbesse lui offrit 100 muids de blé, mais il la pria de vouloir bien les garder jusqu'à son retour, ce qui mécontenta singulièrement l'abbesse. Celle-ci mourut peu de temps après (le 30 mars 1442), sans rien léguer à Nizelle. Dans l'entre-temps, Staes avait obtenu du duc et de la duchesse 200 ridders d'or et une forte somme du doyen de Saint-Lambert à Liège, mais pour comble de malheur on lui enleva le tout. Désespéré de ces contretemps, l'abbé se relira au Jardinet, où il mourut en l'année 1464, à l'âge de 75 ans.
Ce religieux eut pour successeurs :
Jean de Ligny, abbé en 1442, mort en 1447 ;
Jean Smettebier, de Bruxelles, abbé le 6 juin 1445, mort en 1453 ;
Pierre Olbeke, mort en 1483 ;
Nicolas Spaens, abbé en 1475, mort le 2 mars 1516-1517 ;
Pierre Emens, mort en 1535 ;
Jean de Horrion, mort en 1544 ; Gilles Venduille, mort en 1560 ;
François Backx, mort en 1565 ;
Jean Taxius, mort en 1575 ;
Nicolas Coels, mort en 1579 ;
Simon Van Hove alias Zelers, abbé en vertu de lettres patentes signées à Anvers le 5 mars 1579, mort en 158I ;
Arnoul Du Mont, élu à Hal le 13 janvier 1586, mort en 1593 ;
Hugues de Buisseret, qui devint ensuite abbé du Jardinet ;
Bernard de Montgaillard, en 1602, plus tard abbé d'Orval ;
Jean Foucart, installé le 24 juillet 1607, nommé abbé de Los le 24 juin 1619 ;
Jean d'Assignies, nommé le 20 août 1619, mort octogénaire le 22 mai 1642;
Grégoire de Lattefeur, d'abord coadjuteur du précédent (2 octobre 1626), abbé le 6 mai 1640, mort le 23 juillet 1657 ;
Liévin Berens, abbé le 30 janvier 1657, mort le 26 octobre 1673 ;
Bernard Yerbeck, abbé le 10 décembre 1678, mort le 6 décembre 1700 ;
Jean Pennemans, abbé le 15 janvier 1701, mort le 17 mai 1723 ;
Guillaume Fortamps, abbé le 22 septembre 1723, mort à Ath, au refuge de Cambron, le 11 octobre 1758 ;
Pierre Van Hamme, abbé le 16 mai 1736, mort le 27 mars 1765 ;
Antoine Ghiselin, abbé le 27 juin 1765, mort le 20 février 1770 ;
et Claude de Sellis, abbé le 9 septembre 1771, mort le 22 novembre 1782.
Cette liste, beaucoup plus complète que les fragments informes que l'on a publiés jusqu'ici, témoigne des nombreuses vicissitudes que Nizelle eut à subir et de la nature précaire de son existence. A plus d'une reprise, le monastère faillit être supprimé.
A peine nommé depuis une année, le second abbé partit à cause des dettes énormes qu'il y avait à payer ; les religieux en firent de même et se dispersèrent. Le chapitre de l'ordre de Cîteaux se proposait d'ordonner la suppression du couvent, mais le seigneur d'Ophain parvint à faire procéder à une troisième élection ; quelques personnes généreuses firent des dons à la communauté, les exécuteurs testamentaires de l'abbesse Christine accordèrent 200 peters, Jean lui-même se montra libéral. Enfin une bulle du pape Calixte II, de l'année 1447 (confirmée depuis par Pie II, le 9 février 1457), et un diplôme de l'évêque de Cambrai, du 7 mars 1449-1450, sanctionnèrent l'existence de Nizelle. Suivant ce dernier document, quelques moines insensés avaient abandonné l'abbaye et, dans le but de la faire délaisser par leurs confrères, voulaient la céder à une autre communauté.
Le 5 novembre 1484, la duchesse Marie et Maximilien d'Autriche autorisèrent la communauté à faire pâturer dans la forêt de Soigne 3 poulains, 20 vaches et 25 pourceaux, à charge de faire célébrer, tous les ans, le jour de l'avènement de ces princes au duché de Brabant, une messe du Saint-Esprit, et, après leur mort, un anniversaire.
Un incendie survenu par malheur ayant détruit les bâtiments conventuels en 1502, l'abbé arrêta, le 30 mai de cette année, avec Jean Robyn et Waleran Fraynoit, charpentiers d'Ittre, une convention par laquelle ceux-ci s'engagèrent à reconstruire la charpente de l'église, moyennant 359 florins du Rhin. Commencés le 1er juin 1502, les travaux furent achevés le 25 novembre 1503. Le nouveau temple fut consacré en 1507 par l'évêque d'Arras, De Ruyter ou Ruterus.
En 1577, les Français qui étaient en garnison à Hal, ayant été chassés de cette ville, se dispersèrent dans les campagnes des alentours et livrèrent Nizelle aux flammes. L'abbé Coels alla habiter Hal, sa patrie, où il mourut en 1579 et où mourut aussi son successeur.
Après celui-ci, les religieux vécurent plusieurs années sans supérieur ; Arnoul De Mont, devenu leur chef, se retira à Moulins, dont l'abbé confia l'administration des biens à son boursier Gilles Simonis Buisseret qui vint ensuite, vécut constamment, pour ainsi dire, à Cambron ou à Wauthier-Braine.
Il ne restait plus aucun religieux lorsque l'abbé de Cambron obtint des archiducs l'autorité temporelle et du légat du pape l'administration spirituelle à Nizelle. Trois de ses religieux, entre autres Jean d'Assignies, y arrivèrent le 4 décembre 1601 ; ils n'y trouvèrent ni chaises, ni tables, et durent célébrer l'office divin dans le chapitre, qui seul existait encore. Sur ces entrefaites, le fougueux feuillant Bernard de Montgaillard, qui avait dû fuir de France après la soumission de Paris à Henri IV et était devenu le prédicateur des archiducs, ayant obtenu l'abbaye de Nizelle, grâce au conseiller d'Assouville, l'abbé de Cambron ordonna à ses religieux de revenir auprès de lui, quelques instances que fit Montgaillard pour les garder. Celui-ci voulut fonder à Nizelle un noviciat, et dans ce but y fit disposer un jardin parsemé de cellules pour y loger les jeunes religieux ; mais il ne résida jamais dans son abbaye, dont il abandonna l'administration à un receveur et qu'il délaissa bientôt pour celle d'Orval.
Son successeur, Foucart, construisit quelques bâtiments nouveaux à la suite d'un autre incendie, et, après lui, Jean d'Assignies, devenu abbé, les acheva. A sa demande, l'église fut consacrée, le 4 septembre 1622, en l'honneur de saint Jean-Baptiste, de saint Jean l'Evangélise, de saint Martin, de saint Benoît et de saint Bernard, par l'évêque de Namur, qui, l'année précédente, le 5 septembre, y avait déjà consacré l'autel de la Sainte-Croix et de tous les saints. L'abbesse de Flines et quelques autres amis de cet abbé étant morts, il vit diminuer considérablement ses ressources et fut forcé de s'endetter. Lattefeur éleva l'enceinte du monastère, couvrit l'église d'un plafond et finit également par se dégoûter de ses fonctions.
Berens parvint, en 1638, à se faire délivrer des lettres patentes l'admettant aux États de Brabant, mais les autres membres de ce corps refusèrent de le recevoir, et, à leur demande, le conseil de Brabant déclara subreptices les lettres précitées (16 décembre 1661). Depuis longtemps les abbés de Cambron et de Moulins se disputaient la paternité spirituelle de Nizelle ; ce différend fut terminé à l'avantage du dernier, le 26 octobre 1682. A celte époque, le monastère eut à souffrir des ravages des Français, qui le pillèrent complètement le 28 août 1603.
L'abbaye était en décadence complète au XVIIIe siècle : la discipline y était négligée, les études peu cultivées, l'administration des biens très mauvaise ; toutefois on n'y signalait pas de dépravation dans les mœurs. L'abbé Fortamps ne put s'accorder avec ses religieux, qui, flamands pour la plupart, n'obéissaient pas volontiers à un wallon ; ils l'accusèrent de pencher pour le jansénisme et présentèrent au comte de Harrach une requête très-virulente dirigée contre lui. Les abbés de Villers et de Cambron s'étant rendus à Nizelle à cette occasion, Fortamps donna sa démission (11 avril 1736), et on lui assigna une rente viagère de 400 florins, payable : 300 florins par le monastère de Cambron, 100 par celui de Saint-Bernard (18 avril). Son successeur ne se fit remarquer que par son indolence, et après lui, Antoine Ghiselin fut accusé de voyager constamment et de se livrer à de folles dépenses. De nouvelles discordes éclatèrent : l'abbé reprocha à sa communauté de fréquenter jour et nuit les cabarets et maisons suspectes, de récriminer contre sa sévérité parce qu'il n'imitait pas la négligence de son prédécesseur, d'approuver les faveurs que le proviseur accordait à ses parents et amis ; les religieux, de leur côté, se plaignirent de l'abandon dans lequel on les laissait : on ne leur fournissait ni soins médicaux, ni médicaments, ni aucuns vêlements, sauf deux paires de souliers par an ; ils n'avaient ni livres pour leur instruction, ni professeur de théologie, tandis que l'abbé avait un carrosse et des chevaux. L'abbé de Villers reçut de nouveau, le 9 décembre 1768, la mission d'aller à Nizelle, et sur sa proposition, le gouvernement autrichien arrêta un règlement qui prescrivit : la remise au proviseur du soin des recettes et des dépenses, à charge de rendre compte de sa gestion, tous les ans, à l'abbé, à l'intervention du prieur et des deux plus anciens religieux ; la suppression du carrosse abbatial, la nomination d'un lecteur en théologie, etc. (13 mars 1769).
Ordre fut donné à l'abbé de Villers de retourner à l'abbaye et d'y lire le règlement à la communauté, ce qui s'effectua le 6 avril, mais sans amener d'heureux résultats. Ghiselin, accablé d'insultes, voyant son autorité complètement méconnue, demanda sa retraite, et peu de temps après mourut misérablement à Bruxelles, chez un épicier du nom de Moortgat.
Le gouvernement songea sérieusement, à celle époque. à supprimer Nizelle. Le chancelier Crumpipen, les conseillers Otto, Cuylen, Charlier et d'Aguilar furent chargés d'examiner la question, mais on fit valoir cette circonstance que l'abbaye pouvait encore se relever, grâce à un chef capable. L'impératrice Marie-Thérèse en autorisa donc le maintien (14 août 1771) et, en vertu des pouvoirs qu'elle lui délégua spécialement en cette occasion, le gouverneur général nomma abbé Claude de Sellis, ancien professeur de théologie à Villers (4 septembre de la même année). Celui-ci ne justifia en aucune façon le choix que l'on avait fait de lui. Il endetta la communauté pour obtenir de Rome le droit de porter la mitre (par bulle du 23 mai 1773) ; il fabriqua même de faux octrois, l'autorisant à hypothéquer les biens de la congrégation. Lorsqu'il mourut, celle-ci pria le gouvernement autrichien de la laisser subsister sans abbé pendant dix à douze ans, à titre d'essai; mais l'heure fatale de nos anciens monastères allait sonner. Un décret du 18 mars 1783 en supprima un certain nombre et particulièrement Nizelle, qui, en effet, cessa d'exister le 19 avril de l'année suivante.
Pendant la révolution brabançonne, les religieux essayèrent de reconstituer leur communauté. En 1790, ils revinrent habiter l'abbaye et intentèrent un procès à l'administrateur Henri Baugniet, qui gérait leurs biens au nom du comité de la caisse de religion. Placide De Doncker, leur procureur et receveur, demanda la restitution des papiers et documents provenant de l'ancien monastère, mais la chambre des comptes repoussa sa demande, par le motif qu'il n'était nullement question de rétablir ce dernier (3 septembre 1792). Lors de la première invasion française, le comité des finances des représentants provisoires des provinces belges continua Baugniet dans ses fonctions (6 décembre 1792). Après le retour des Autrichiens, De Doncker éleva de nouvelles réclamations ; il obtint du conseil de. Brabant un jugement ordonnant à Baugniet de lui remettre les papiers de l'abbaye et de renoncera l'administration de ses biens (18 juin 1793) ; puis, quatre jours après, lui et son confrère Wadin enfoncèrent une fenêtre du quartier encore occupé par Baugniet et, d'après celui-ci, y reçurent les religieuses de Wauthier-Braine, auxquelles ils donnèrent une fête. Ces entreprises audacieuses attirèrent enfin l'attention du gouvernement. De Doncker ayant renvoyé le fermier de la Basse-Nizelle, P.-J. Jourez, le conseil des finances déclara à celui-ci qu'il ne devait avoir aucun égard à cette injonction (24 juillet 1793), puis le même religieux ayant fait annoncer une vente de bois, ordre fut donné de le poursuivre (8 mai 1794). Une seconde invasion survint, et Nizelle fut supprimé.
L'abbaye comptait, en 1765, 15 religieux. Ses revenus s'élevaient alors à 5,128 florins 17 sous, tandis que ses dépenses ne montaient qu'à 2,640 florins. Parmi ses revenus figurait la somme de 1,000 florins que chaque novice payait lors de son entrée dans la communauté. Elle possédait quelques biens, notamment un refuge à Bruxelles (rue des Fleurs), qui se louait 240 florins ; la ferme de l'abbaye, louée 1,485 florins, avec 90 bonniers de terres et 15 b. de prés et de pâtures ; 100 bonniers de bois et la ferme du Rosoit., à Wauthier-Braine ; 7 bonniers de terres à Lennick-Saint-Martin, 11 à Wemmel, 70 b. de terres et de prairies à Castre, Haute-Croix et Herfelingen etc. L'enceinte du monastère comprenait 8 bonniers et notamment trois étangs, d'une étendue globale de 2 1/2 bonniers, et un moulin à eau.
Lors de la suppression, en 1784, les bâtiments du couvent et de la ferme, malgré les fortes dépenses faites par de Sellis, se trouvaient en mauvais état, et, si on ne les avait réparés, l'exploitation des terres avoisinantes aurait été impossible. On se décida alors à les convertir, en deux fermes, travail qui, à la suite d'une résolution du comité de la caisse de religion, du 25 août 1784, fut exécuté sous la direction de l'architecte Nivoy et coûta 4,300 florins. La Haute-Nizelle, ainsi appelée à cause de sa situation plus élevée, a remplace l'ancienne ferme abbatiale et dépend de Wauthier-Braine. La Basse-Nizelle, le monastère proprement dit, se trouve sur Ophain ; elle fut vendue par la république française, avec 51 bonniers de terres, 6 b. de prairies et 3 b. de bois, le 13 pluviôse an V, pour la somme de 108,000 livres.
Cette dernière offre encore de nombreux restes de l'ancien monastère. L'église, qui en occupe l'extrémité sud, était convertie en grange et remise, lorsqu'elle devint, en 1815, la proie des flammes. Les pans de mur restés debout permettent de constater qu'elle se terminait par une abside à trois pans ; le chœur était de style gothique, la nef plus moderne et sans collatéraux. En 1779, la tour menaçant ruine, on l'avait démolie en partie. La ferme a également souffert de l'incendie, mais on l'a restaurée. Dans l'habitation du fermier, grand corps de logis à angles rentrants et saillants, une belle cheminée de pierre offre les armes abbatiales, avec l'inscription : Cultus justiciæ silentium, 1620. Le vestibule adjacent présente d'une part, vers le jardin, la date 1726 ; de l'autre, vers la cour, une pierre avec l'année 1638, à laquelle on a jointe celle de 1845. A la voûte d'une écurie épargnée par le feu, on lit 1765, et, au-dessus d'une autre porte, 1757 et un double écusson, dont l'un avec le mot Nizella. Cette dernière inscription nous indique l'emplacement du cloître, qui fut commencé par l'abbé Van Hamme et coûta plus de 7,000 florins. La vacherie a remplacé la sacristie, où est resté un bénitier, et à l'angle N. du jardin, qui est clos de murs, on remarque un petit pavillon datant de l'époque des religieux.
Les pauvres d'Ophain possédaient anciennement un revenu de 708 florins 16 sous, provenant principalement du produit de 26 bonniers de terres et de 6 journaux de prés.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 151 : 72 garçons et 79 filles.
Au siècle dernier.il existait une école bâtie en partie sur le cimetière, en partie sur le chemin contigu. Actuellement, l'école réunit à la fois le logement de l'instituteur et la chambre commune.
La fête communale se célèbre le troisième dimanche de septembre.
Histoire originelle du Sainl-Sang de miracle, advenu au Bois-Seigneur-lsaac, par le R. P. Jean Bernard. Brux., veuve Mommaert, 1635, in-8°. Cette édition est la deuxième, car une première a paru vers l'année 1592, date de l'approbation du chanoine Buisseret ; deux autres réimpressions ont été autorisées en 1706 et 1739, et, tout récemment, on a encore publié de nouveau le même ouvrage sous ce titre :
Histoire originale du Saint Sang de Miracle arrivé au Buis-Seigneur-Isaac, le 5 juin de l'an MCCCCV, par le révérend père Jean Bernard, prieur et prélat dudit monastère. Bruxelles, J.-B. De Mortier, 1857, in-12 de 48 pages.
Vallis Mariana alias scholaris sive historia ecclesiæ abbatialis B. Mariæ Montibus Hannoniæ etc.... Item Sylva Isaacana seu historia miraculi sancti sangninis et monasterii Busci D. Isaac, ejusdem ordinis, sed congregationis Windesetnensis. Auctore ven. P. Maurilio Bourgeois, ibid.can. reg. Montibus, J. Havart, 1636.
L -B. Wiaert. Historia famosissimi monasterii dicti à Sylva domini Isaac, canonicorum regularium S. P. Augustini, ex monasterio Septemfontium progeniti. Brux.. Fricx, 1688, in-8.
Brevis historia monasterii Nizellensis ab ultima ejus destructione per iconoclastas, collecta per Guillelmum de Lattefeur (ms aux Archives du royaume), in-folio de quelques pages.
Annales de l'abbaïe de Nizelle depuis sa fondation en 1439, recueillis (sic) par dom Placide de Sellis, 25e abbé de Nizelle, et mis en ordre par le même en 1779 (Ibidem). Celtte chronique comprend 59 pages in-folio et va jusqu'en 1782. Elle est d'autant plus précieuse que Sanderus a complètement oublié Nizelle dans son grand travail sur les monastères du Brabant.
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