Le nom du bourg de Tubise s'écrivit d'abord Tobacem (877) ou Tobacio (897). Plus tard, on voit apparaître la forme Tubecca (1059, 1215 environ), Tubeca (1136), Thubecca (1256) ou Thubeka (1263), que les actes flamands transforment en Tuybeke (1424) ou Tubeke (1484, 1492), et que d'autres documents remplacent par la dénomination française de Tubize (1233, 1262), Tuebise (1284), Thubise (1289, 1293, 1343, 1404, 1428, 1554) ou Tubise (1409, 1420, 1540).
En wallon, on prononce Tubice.
La finale bise, que l'on rencontre dans Jurbise (Hainaut), Lombise (Hainaut), Soubise (France), n'est qu'un équivalent du flamand « beek » (ruisseau) et du français « bais » ; cette dernière forme est plus fréquente et a donné naissance à la première, comme on le voit par les dérivés Marbais-Marbisoux, Glabais-Glabisoux etc.
La syllabe Tu est plus difficile à expliquer. On a parfois fait dériver Tubeke de : Twee beken « deux rivières », à cause de sa situation au confluent de la Senne et de la Sennette. Ce mot a peut-être la même origine que Tubingen (Wurtenberg) et Tubbergen (Hollande).
La commune de Tubise est limitrophe de celles de Lembecq, Clabecq, Ittre, Oiskerque, Hennuyères (Hainaut), Quenast et Saintes.
Tubise est à 1 1/2 kilomètre de Clabecq, 3 k. de Lembecq et d'Oiskerque, 5 k. de Saintes, 5 1/2 k. de Quenast, 7 1/2 k. d'Ittre, 8 k. d'Hennuyères, 18 k. de Nivelles, 21 1/2 k. de Bruxelles.
D'après la triangulation de Cassini, revue par Houzeau, le clocher de l'église de Tubise se trouve situé par 56 grades 3268 de latitude N. et 2 grades 0759 de longitude E.
L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 42 mètres. Un repère du nivellement général du royaume est formé par la face supérieure de la tablette d'aval du pont du chemin de fer sur la Senne, à la cote de 41 m. 29 (43 m. 71 au-dessus des basses-eaux de la mer à Ostende).
Le cadastre divise le territoire de Tubise en 5 sections : la section A ou de Stierbecq, la section B ou du Haut-Buquoit, la section C ou de Stehoux, la section D ou de Coeurcq, la section E ou de Ripain.
Au 1er janvier 1850, ces sections se trouvaient morcelées en 2,538 parcelles, appartenant à 513 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 117,126-38 fr. (sol : 93,760-38; bâtiments : 23,366-00) et ayant une contenance de 1,468 hectares 03 ares 02 centiares (imposable : 1,409 hect. 35 a.52 ca. ; non imposable : 58 hect. 67 a. 50 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait en 1374, 316 ménages (y compris Clabecq) ; en 1436, 177 foyers ; en 1464, 178 foyers ; en 1472, 174 foyers ; en 1492, 46 foyers ; en 1526, 99 maisons, dont 3 inhabitées ; en 1686, 45 maisons, plus 3 moulins ; au 31 décembre 1856, 584 maisons.
Le bourg de Tubise, qui compte 301 maisons ; Clabecq, 48 maisons ; Stehoux, 120 maisons ; Coeurcq, 21 maisons ; le Renard, 57 maisons ; Ripain, 11 maisons ; Ophain, 56 maisons.
Le bourg de Tubise constituait déjà, il y a deux siècles, une localité remarquable par ses maisons bien bâties et ses rues pavées (plateis silice stratis). Il s'étend au sud du confluent de la Senne et de la Sennette, à la jonction de quatre routes qui se dirigent respectivement vers Bruxelles, Waterloo, Mons et Hondzocht. Le chemin de fer de Bruxelles à Mons longe la localité, que l'on a trouvée assez importante pour y établir une station ; cette circonstance a puissamment contribué au développement industriel de Tubise. La chaussée de Hondzocht ne compte que quelques maisons isolées, sauf à sa jonction avec la route de Bruxelles, où existe un groupe d'habitations qui se nomme le Hoquet ; les chaussées de Mons, Waterloo et Bruxelles portent les désignations de Rue et Faubourg de Mons, Rue de Nivelles, Rue et Faubourg de Bruxelles. Les maisons placées au bord du chemin de fer, au sud de la station, s'appellent encore actuellement la Bruyère.
On donne le nom de Clabecq à une petite agglomération de demeures d'ouvriers situées à 1,000 mètres S.-E. de l'église, à l'extrémité du territoire de Tubise, près des forges de Clabecq. On appelle aussi cette fraction de hameau Rangée au Grand bâtiment ou Maisons du Petit pont; elles sont en effet voisines d'un pont jeté sur un petit affluent de la Sennette.
Stehoux (Stehou, 1215, 1787) est plus important par le chiffre de sa population que par l'élégance de ses constructions : ses maisons, d'assez chétive apparence, s'étalent, à environ 2,200 m. S. de l'église, sur une colline qui forme le versant droit du Ri de Favarge ; elles abritent un grand nombre d'ouvriers vivant du travail des carrières. Cette exploitation remonte probablement à une époque reculée, car une partie du hameau porte le nom flamand de Steenberg.
Si l'on s'en rapporte à la tradition, Coeurcq, qui n'est plus aujourd'hui qu'un modeste hameau, aurait été jadis un village assez peuplé pour posséder une église (kerk), d'où viendrait son nom et dont on voyait encore des restes au siècle dernier, à 200 m. E. du moulin de Coeurcq. Ces assertions ne s'accordent pas avec les documents où le hameau de Coeurcq apparaît d'abord sous le nom de Culke (1289, 1293, 1294), écartant ainsi, d'une manière absolue, sa prétendue origine. Plus tard on trouve Coerc (1068), Curque (1700) el Quercq (1787). Le moulin de Coeurcq est à l'extrémité N.-O. du hameau, dont le centre se trouve à 3,500 m. S.-S.-O. de l'église de Tubise ; vers l'extrémité opposée, quelques maisons placées à la limite du territoire forment, avec d'autres habitations voisines qui appartiennent à la commune d'Oiskerque, le Rossignol. Cet écart est à 3,800 m. S. de l'église de Tubise, et à 1,800 m. S.-O. de celle d'Oiskerque.
Le Renard, qui s'appelait anciennement la Bruyère, tire son nom actuel d'un cabaret bâti sur la route de Mons, à 3,000 m. S.-O. de l'église, el occupant à peu près le centre d'un hameau épars le long de la chaussée.
Ripain (Riphain, 1217 ; Rypain, 1229, 1550 ; Rippehaing, 1246, 1263 ; Ripehaing, 1242 ; Ripain, 1203, 1440 ; Rippain, 1341) se compose de quelques habitations construites au bord de la Senne, dans le voisinage de la cense des Hauts Degrés, à 2,000 m. S.-O. de l'église.
Un peu plus bas, en suivant le cours de la Senne, on rencontre, à 1,100 m. O.-S.-O. de l'église, Ophain (Oppchain, 1289 ; Oppehaing, 1293), qui est séparé de Ripain par le Ri d Annecroix. On y rattache le hameau des Narmonts ou Renarmont (deseure le quaeriere a Renarmont, en le Boy coulture, 1462), situé sur la rive droite de la Senne.
A 1,250 mètres N.-N.-E. de l'église, le Point du jour ; à 300 m. E.-N.-E., le Tordoir, sur la Sennette ; à 1,900 m. S.-E., la Tour Hobruge (Haubrughe, Gilbert de Mons ; Hobruges, 1230, 1262 ; Hobrugh, 1390), que l'on écrit aussi Tour au Bruge, et qui est plus connue aujourd'hui sous le nom de Ferme Ballant ; à 1.000 m. S.-E., le Péch,. ancienne ferme réduite à un seul petit bâtiment ; à 1,800 m. S.-E., Scourneau ; à 1,800 m. S.-S.-E., la Cense Matthias ; à 2,200 m. S.-S.-E., la Coulette ou Maison Cochet ; à 2,000 m. S.-S.-E., le Bas-Buquoit ; à 1,300 m. S.-S.-E., la Maison Lucas ; à 1,800 m. S.-S.-E., le Haut-Buquoit (Cense du Bucquoy, 1787), ancienne ferme , à 1,200 m. S.-S.-E.. la Ferme Bastien ; à 1,900 m. S., le Bedot ; à 900 m. S., la Filature Dehase; à 1,000 m. S., la Cense Verstraete, habituellement transformée en Vesteraet et que l'on nomme aussi le Chênoit ; à 2,300 m. S., Loison ; à 2,400 m. S., le Petit Coucou ou la Paix, cabaret ; à 2,500 m. S., le Coucou, ferme ; à 2,400 m. S., Bec à forière ; à 2,800 m. S., Colas Muchi ; à 2,800 m. S., la Cense Daubier, ancienne ferme, nommée aujourd'hui Maison Beuckens ; à 3,800 m. S., Paloux ; à 1,500 m. S.-S.-O., la Cense de Benarbus (1221, 1229, 1262, 1348), plus connue aujourd'hui sous le nom de Ferme de Ghorain ; à 3,900 m. S.-S.-O., la Ferme Cloquet ; à 3.300 m. S.-S.-O., le Coq Chantant ; à 2,400 m. S.-S.-O., les Deux Chandeliers ; à 3,000 m. S.-O., la Ferme Baccart ; à 1,000 m. S.-O., la Cense del Tour ; à 2,300 m. S.-O., les Six Censes ; à 2,300 m. S.-O., la Cense Macherez, que l'on écrit aussi Mecherez ; à 1,200 m. S.-O., Campine, en wallon Kinpine ; à 2,300 m. S.-O., les Hauts degrés (Cense les Haults degrés, 1593 ; Cense de Hault degrez, à Riphain), ferme ; à 2.000 m. S.-O., le Moulin de Ripain, sur la Senne ; à 1,800 m. O.-S.-O., la Cense del Val (Cense Del-vallée, à Ripain, 1787 ; Cense Del Val. dite des Pauvres, 1787) ; à 2,600 m. O.-S.-O., Benoit Dumoulin ; à 1,800 m. O.-S.-O., la Ferme du Pont de pierres ; à 1,200 m. O., la Vieille Cour (Cense del Vies Cour, à Ophain, 1424), ferme ; à 2,000 m. O., la Maison Van Esse ; à 1.700 m. O., les Durons ; —à 1,200 m. O., la Ferme del Roque ; à 1,000 m. O-, la Neuve Cour, ferme ; — à 1,400 m. O., la Ferme Camby ; à 500 m. N.-O., la Cense de Stierbecq ; à 1,400 m. N.-O., la Maison Meulepas ; à 1.700 m. N.-O., Gallois ; à 1,400 m. N.-N.-O., le Rocher de Cancale ; à 900 m. N.-N.-O., les Montagnes
Les Angles ( Pré des Angles, 1667) ; Grande borne ; Champs de Stierbecq (Couture de Sterbeke, 1231) ; Bois d'Assonfosse ou Achonfosse ; Fosses Cueilles ; Champ de Neuvecour ; Champ du Merchin (1787), vulgairement du Médecin ; le Bosqualet, ferme ; Haulet ; Champlet ; Longodet ; le Bulcq ; Justice (Communes dites les Justices, 1759) ; Grand Has ; Cense de Herbosch, ancienne ferme détruite par la foudre ; Bas Gotard ; Champ Saint-Paul ; Champ de Briffet ; Basses planches ; Champ du Tordoir ; Haie d'Ardenne (Haye d'Ardenne, 1530) ; Bois du Fayt (Bois de Faith, 1215 ; Bois de Fay, 1530, 1700), dit aussi Bois de l'Eglise ; Champ du Crotiez ; Driesbarbe ; Pré des Gaux ; Wauthier-Champ ; Champ du Vivier ; Champ du Bois ; Grand Champ ; Bengihaie ; Champ de Ripain ; Champ d'Ophain ; Derrièremont ; Rue Ripenoise ; Moulin de Tubise ; Cruwet ; Rue du Punt neuf ; Rue Destraite ; Rue du Pire ; Chemin Peigny ; Chemin de Saintes ; Chemin vert ; Pont de Pierres ; Pré à Baudets ; Chemin Marin ; Champ des Crolis ; Champ des Bornes ; Pré à bornes ; Quatorze bonniers ; Bue du Cerf ; Ferme Scaillet ; Bue Criquillon ; Communs prés ; Sapinières Deltenre ; Pré du Coucou ; Rue Latinis ou Braisy ; Rue Frédéric ; Rue de Bourgogne ; Prairie de la Croisette ; Rue du Bailli ; Prés de la Boquette ; Station du Chemin de fer ; Blanchisserie ; Pont del Val ; Pont de Vraimont ; Moulin de Coeurcq ; Pont du Moulin de Coeurcq ; Ferme de Coeurcq ou Ferme Terrasse ; Pont Moriau ; Pont de la Ripenoise ; Pont de la Vieille Cour ; Cense Compas ; 3 Calvaires ; 2 Chapelles du Bon Dieu de pitié ; Ancienne Chapelle N.-D. de Stierbecq ; Nouvelle Chapelle N.-D. de Stierbecq ; 3 Chapelles de la Sainte-Vierge ; Chapelle N.-D. de Walcourt ; Chapelle N.-D. d'Embrun ; 2 Chapelles N.-D. de Bon Secours ; Chapelle N.-D. de Hal ; Chapelle Saint-Véron ; 4 Chapelles Saint-Roch ; Chapelle Saint-François ; 2 Chapelles Sainte-Philomène.
Maison Magheterre, à Oppain (1787) ; Maison de la Vinsart ; Cense de Bierhain (1787) ; Manoir à le Porte (1223) ; Tenure con dist Sainte Barbe (1787 ); Roycoulture (1462); Terre du Cheval blanc (1787) ; Champ de la Fosse aux Poissons ; Champ de Pèche ; Pré del Ville (1787) ; Prairie des Carmes (an VIII) ; Maupré (an VIII) ; Demenspreit (1390) ; Grand Jonckoi, venant au chemin de Tubise à Clabecq (1390) ; Raukois (1215) ; Aulnois Marotte ; Petit bois Saint-Jean (1787) ; Aulnois de Maldeurée (1550) ; Marez à Bonne (1390) ; Seigneurie de Franchimont, à Ripain (1727) ; la Pisselotte (1550).
Le territoire de Tubise est sillonné par les larges vallées de la Senne et de la Sennette qui y réunissent leurs eaux ; ces rivières sont séparées l'une de l'autre par deux contreforts entre lesquels coule le Ri de Favarge, affluent de la Senne ; sur la crête du premier de ces contreforts est établie la route de Mons, sur celle du second, le chemin conduisant au Rossignol. Le point culminant de la commune parait être au Haut-Buquoit.
Une grande partie du sol appartient au système gedinnien, qui se montre à découvert au fond des vallées. A environ 1,000 mètres N. de Tubise, près du champ de la Justice et de la limite de Lembecq, entre le chemin de fer et la route de Bruxelles, on voit une ancienne carrière ouverte dans un phyllade compacte gris-verdâtre, quelquefois bigarré de violâtre, simple, aimantifère ou chloritifère, passant à un quartzophylade chloritifère d'autant plus verdâtre que la chlorite est plus abondante. Le phyllade est associé à des grès massifs ou stratoïdes, gris-verdâtres, pailletés, durs, cohérents, mais devenant jaunâtres et friables par altération, passant à une arkose chloritifère miliaire en bancs grenus, pailletés, d'un gris-verdâtre (dir. = 67°, incl. N. 23° E. = 71°). Cette arkose est essentiellement composée, d'après M. Dumont, de grains de quartz hyalin dominant, d'orthose blanchâtre et de chlorite vert-sombre ; elle renferme de la pyrophyllite en parties très fines et en paillettes distinctes qui brillent dans la cassure ou à la surface des strates, et, par places, des octaèdres d'aimant ; elle est inversée par des filons de quartz qui contiennent des cristaux prismés de cette substance, de la chlorite lamellaire et de l'oligiste écailleux, minéraux que l'on retrouve au S. du pont de Ripain et à Stehoux, près du chemin de fer. M. Dumont a rencontré dans le phyllade gedinnien vers la limite de Lembecq du diorite formé d'albite grenue et en cristaux clivables d'un blanc-verdâtre, de grains ou de cristaux d'actinote verte et de chlorite en grains lamellaires d'un vert sombre entremêlés ; il constitue une masse granitoïde assez considérable, dure, tenace, d'un vert clair pointillé de vert foncé, dans laquelle on ne voit point de grains de quartz, mais quelques grains vitreux transparents d'un vert clair, qui sont peut-être de l'épidote ; dans les parties altérées, l'albite est transformée en kaolin tendre, blanchâtre, quelquefois un peu verdâtre, tandis que la chlorite et les grains amphiboleux ont généralement conservé leur couleur verte ; lorsque la roche est fortement altérée, elle offre une teinte brunâtre. Le phyllade simple qui existe au S. de Tubise, sur la rive droite de la Senne, est d'un gris-bleuâtre pâle, quelquefois bigarré de vert, et présente, dans les fissures les plus étroites, des enduits verdâtres, chloriteux.
D'Ophain à Ripain, le phyllade est également bigarré ; à Ripain, il est tantôt gris-bleuâtre, tantôt gris-verdâtre. Le phyllade gris-verdâtre prend, par altération, une couleur plus claire ou d'un gris-jaunâtre sale ; le phyllade bigarré, une couleur rouge-brique ; au moulin de Ripain le phyllade rouge alterne avec le phyllade gris. Entre Ophain et Tubise le phyllade aimantifère est gris-verdâtre ou bigarré ; les octaèdres d'aimant y ont rarement 1 millimètre de grandeur et forment dans la cassure transversale une multitude de points noirs brillants. On a exploité le phyllade aimantifère au S. de Ripain, comme matériaux de construction ; on a fait dans le même endroit des recherches d'ardoise. A Macherez, le phyllade offre un aspect terreux, une couleur jaune-verdâtre, et des points bruns que M. Dumont croit être le résultat de la transformation de petits cristaux de pyrite en limonite. A Stehoux on rencontre un phyllade compacte, gris-bleuâtre, vaguement bigarré, que l'on exploite pour en faire des dalles et des carreaux à paver les maisons.
On a longtemps exploité à Tubise une ardoisière qui se trouvait près de Stehoux, au lieu appelé depuis le Mont Steenberg (ou plus correctement le Steenberg, c'est-à-dire la Montagne aux pierres). Ce fait, qui a été révoqué en doute, résulte, d'une manière incontestable, des données suivantes : Au mois de septembre 1284, le chapitre de Nivelles donnaà cens à l'abbaye de Cambron, pour un terme de 36 années, «son escailliere de Tuebise, ensi kelle sestent». Les religieux de Cambron obtinrent alors le droit de « fouir ou faire fouir scaille » (extraire des ardoises) dans une moitié de la montagne, à leur choix, et d'y profiter du pâturage. Le nombre de leurs ouvriers fut fixé à six, au moins, et la dimension des ardoises, vers le bas, à 14 pouces, pour les grandes; à 11 pouces, pour les petites. Ils s'engagèrent à bâtir sur la montagne une maison de 60 pieds de long et de 40 de large, qu'ils s'interdirent d'aliéner ou de démolir. Dans le cas où ils ne trouveraient pas de pierres à convertir en « scailles », ils ne pouvaient être astreints à continuer le travail, si ce n'est « par le dire ouvriers» ; par contre, si le chapitre les chargeait de creuser pour son compte, le terme de l'arrentement était de droit prolongé de 36 autres années. Les avoués de Tubise (c’étaient alors les sires d'Enghien) possédaient, à raison de leur avouerie, le tiers « du scaillior ». L'un d'eux, Watier d'Enghien, l'abandonna au chapitre pour un terme de huit ans, et moyennant 30 livres de 22 mites chacune, par an ; l'acte de cession est daté « d'Angien, en le castiaul », le 6 mai 1313. Le corps acquéreur fut autorisé à travailler, dans la montagne, là où il le jugerait convenable, à cinq ouvriers au plus ; il fut assujetti à fournir pour Watier, tous les ans, au monastère de Cambron le tiers de 4,000 grandes « ascailles », loyales et marchandes, et le seigneur d'Enghien se réserva la faculté d'acheter tous les ans 2,000 grandes ardoises et autant de moyennes, les premières au prix de 30 sous le mille, les secondes, au prix de 8 sous.
A partir de cette époque, on rencontre à chaque instant des mentions de l'ardoisière et des ardoises de Tubise. En 1435-1436, elles coûtaient: les « escailles renforcées, 8 livres tournois le mille ; les meilleures ardoises, 6 livres ; les ardoises marchandes, 74 sous (ou 3 livres 14 sous). En l'année 1401-1402, on en plaça sur une partie du château de Hal des meilleures, au prix de 6 livres 5 sous. En 1567, le chapitre avait autorisé Jérôme Bosman à « tirer des escailles» à Tubise, pendant 12 années. Mais, dans les temps qui suivirent. on en délaissa, parait-il, l'exploitation. Pierre-Nicolas Lejeune, en faveur de qui le chapitre résolut, le 2 mai 1778, de permettre l'ouverture de l'ardoisière qui se trouvait dans cette localité, se représenta comme l'ayant découverte. S'étant associé au comte de Berlaimont de la Chapelle, il demanda un octroi pour son exploitation au gouvernement, qui le lui accorda, ainsi que le droit d'étendre ses fouilles à une lieue à l'entour du clocher du village, à la condition de payer au domaine une redevance annuelle de 10 livres de gros, et aux propriétaires du sol un quarantième de la valeur des ardoises extraites et le double des dommages causés aux terrains ou aux récoltes (24 juillet 1779).
Quelques temps après, Jean-Baptiste Cumell, acquéreur des droits du comte, reprit la concession de Lejeune. D'autres particuliers avaient obtenu la faculté de tirer des pierres du mont Steenberg ; Cumell leur interdit de continuer, et, en vertu de l'accord qui intervint entre lui et le chapitre, s'engagea à payer au domaine 84 florins par an. Une clause du contrat (1er février 1785) prévoit la reprise de l'exploitation des ardoises, qui cependant n'a plus été effectuée.
Au S. du système gedinnien, dans la vallée du Ri de Favarge, se montre l'étage inférieur du système coblentzien. La ligne de séparation entre ces deux systèmes est dirigée du N.-O. au S.-E. ; elle suit à peu près la limite des communes de Tubise et Quenast et se prolonge en passant au N. de Coeurcq ; on y remarque des traces de limonite. La seule roche coblentzienne un peu développée est le quartzophyllade, dans lequel se trouvent quelques veines de quartz. Près de Coeurcq on rencontre un quartzophyllade zonaire semblable à celui de La Roche (Court-Saint-Etienne) et du phyllade assez feuilleté ; sous la ferme de Coeurcq, le quartzophvllade est semblable à celui de Villers-la-Ville.
L'étage supérieur du système yprésien se montre au Haut-Buquoit et à mi-côte du versant occidental du contrefort qui sépare la Sennette du Ri de Favarge. On extrait au Bedot du sable à mouler pour fonderies.
Le limon hesbayen du système diluvien recouvre presque entièrement les parties élevées du territoire de Tubise ; il repose sur les divers terrains primaires et tertiaire que nous venons de citer et en outre sur l'étage inférieur du système yprésien, qui existe vers le bois d'Assonfosse, et à la base de l'étage supérieur, des deux côtés du chemin du Rossignol.
Tout le territoire de Tubise appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Senne, la Sennette, le Ri d'Assonfosse, le Ri de Favarge, le Ri Daubier, le Ri de Piraumont et le Ri d'Annecroix.
La Senne vient de Quenast; passe entre la cense Macherez et les Hauts Degrés ; active le moulin de Ripain par une chute de 2 m. 47 ; reçoit le Ri d'Annecroix (r. g.), en amont de la Vieille Cour ; se grossit d'un filet d'eau (r. g.) venant de la Neuve Cour; reçoit le Ri de Favarge (r. dr.) près du pont de la Ripenoise et, un peu plus bas, le Ri d'Assonfosse (r. g.) ; se sépare, au Hoquet, en deux bras qui couipent la route de Bruxelles, et dont l'un active le moulin de Tubise par une chute de 2 m. 42, tandis que l'autre (dont le creusement fut opéré par les soins des Etats de Brabant, vers 1755) sert de canal de décharge ; passe sous le chemin de fer de Bruxelles à Mons ; reçoit, en amont du chemin de la Justice, la Sennette (r. dr.) et devient mitoyenne de Clabecq ; puis pénètre sur le territoire de Lembecq, après un parcours de 5,700 m. dans la direction générale du S.-O. au N.-E.
La Sennette, après avoir été mitoyenne entre Oiskerque et Ittre, le devient entre cette dernière commune et Tubise ; baigne la Tour Hobruge ; reçoit le Hain (r. dr.) et, à partir du confluent, forme la limite entre Tubise et Clabecq ; reçoit le Ri des Braguettes (r. dr.) près des forges de Clabecq, où elle se grossit aussi des eaux d'une source (r. g.) jaillissant sous le Péchi ; active un tordoir à l'huile par une chute de 0 m. 79 ; reçoit le Ri de Vraimont (r. dr.) ; puis se réunit enfin à la Senne (r. dr.), après un parcours de 4,400 m. dans la direction générale du S.-S.-E. au N.-N.-O. ; de ce trajet, 600 m. sont mitoyens avec Ittre et 3,800 avec Clabecq.
Le Ri d'Assonfosse prend sa source près du bois dont il porte le nom ; reçoit les eaux de la fontaine de Stierbecq (r. g.) ; et se réunit à la Senne (r. g.), après un parcours de 2,300 m. dans la direction du N.-O. au S.-E.
Le Ri de Favarge ou Ri de Coeurcq vient d'Hennuyères ; active le moulin de Coeurcq, où il reçoit le Ri de Piraumont (r. dr.), par une chute de 7 m. 89 ; baigne les carrières de Stehoux, où il reçoit le Ri Daubier (r. dr.) et un petit filet d'eau (r. g.) ; passe près de la ferme de Ghorain ; traverse la route de .Mons, puis le chemin de fer des carrières de Quenast ; et se reunit à la Senne (r. dr.), après un parcours de 3,900 m. dans la direction du S.-S.-O. au N.-N. E. Ses eaux ont fréquemment occasionné des accidents : le 5 août 1668, elles dévastèrent le moulin, où cinq personnes perdirent la vie.
Le Ri Daubier prend sa source près de l'ancienne ferme de même nom ; reçoit le tribut de plusieurs petites sources (r. dr.) ; traverse le chemin de fer de Bruxelles à Mons ; et se réunit au Ri de Favarge (r. dr.), en amont des carrières de Stehoux, après un parcours de 800 m. dans la direction du S.-E. au N.-O.
Le Ri de Piraumont prend sa source à la fontaine qui lui donne son nom ; traverse le chemin de fer de Bruxelles à Mons ; et se réunit au Ri de Favarge (r. dr.), après un parcours de 800 m. dans la direction du S.-E. au N.-O.
Le Ri d'Annecroix ou Ri de Froye vient de Saintes ; baigne la ferme du Pont de pierres ; et se réunit à la Senne (r. g.), vis-à-vis de la cense Compas, après un parcours de 1,700 m. dans la direction générale de l’O.à l'E.
Indépendamment des sources citées ci-dessus, on peut mentionner les fontaines du Pré Marais et d'Ophain ; il existe en outre des puits communaux à Tubise.
Il y a un bel étang et un marais au moulin de Coeurcq.
On comptait, en 1784, dans la commune, 1,359 habitants : 3 prêtres, 243 hommes, 272 femmes, 244 garçons et 204 filles âgés de plus de 12 ans, 194 garçons et 202 filles âgés de moins de 12 ans dans la paroisse, y compris Clabecq et le Sart, sur Ittre, 1,784 personnes: 4 prêtres, 650 hommes, 627 femmes, 234 garçons et 269 filles âgés de moins de 12 ans) ; en 1786, dans la paroisse, 1,710 habitants : au village, 742 ; à Aubrouge et au Val, 57 ; à Stehou. 171 ; à Coeurcq, 144 ; à La Bruyère, 122 ; à Ripain, 82 ; à Renarbus, 53 ; à Oppain, 90 ; au Sart et à Clabecq, 279 ; dans la commune, en l'an XIII, 1,900 habitants : au village,1,143 ; à Aubrouge et au Val, 67 ; à Stehou, 201 ; à Coeurcq, 145 ; à Ripain, 110 ; à Renard, 140 ; à Ophain, 94 ; au 34 décembre 1834, 2,275 habitants ; au 31 décembre 1856, 2,791 habitants (wallons).
Les registres de l'état-civil remontent à 1589 pour les naissances, 1650 pour les mariages, 1654 pour les décès.
Il existait jadis à Tubise de grands bois qui provoquèrent plus d'une contestation entre le chapitre de Nivelles et ses avoués, notamment au commencement du XIIIe siècle et dans le second quart du XVe siècle. On les appelait les bois de Fayt, Stehou et Raukois. D'après un mesurage effectué par l'arpenteur Dusart en 1765, le premier contenait 63 bonniers 1 journal 27 verges ; on en commença vers cette époque le défrichement, et du temps des Français on en vendit la partie mise en culture, comme bien national ; elle formait un champ de 59 bonniers 1 journal, dit alors le Bois du Failly, qui fut payé 315,000 livres (28 messidor an VI). Une partie de son emplacement est occupée aujourd'hui par une sapinière, d'une quinzaine d'hectares. A l'extrémité opposée du territoire il reste quelques vestiges du bois d'Assonfosse.
La majeure partie du sol est livrée à la culture depuis longtemps. Les prairies nourrissent un grand nombre de bestiaux et le beurre y a de la réputation. On a commencé à planter la pomme de terre, avant 1734, ainsi qu'il résulte d'une déclaration datée du 26 mars 1774 ; mais on ne la voyait pas hors des jardins. En 1740, l'habitude s'introduisit de la cultiver dans les recoins de terres, et ce ne fut que dix ans après qu'on en vit dans les champs. Le 20 juin 1764, le chapitre de Nivelles résolut de faire recueillir la dîme de cette culture, mais plus de vingt fermiers refusèrent jusqu'en 1763 de se soumettre à cette exigence.
Les grandes exploitations agricoles sont : la Ferme Mecherez (73 hect.), tenue par MM. Rondeau frères, appartenant à la veuve Louis Parmentier ; la Neuve Cour (69 hect.), tenue par la veuve J.-B. Hamaide, appartenant aux pauvres de Tournai, qui la tiennent, ainsi que d'autres propriétés considérables, de Mlle Vifquain ; la Ferme de Stierbecq (64 hect.), tenue par M. Debaste (J.-B.), appartenant à M. Claes de Lembecq ; la Ferme del Val (55 hect.), tenue par M. Tramasure (J.-C.) propriétaire ; la Vieille Cour (50 hect.), tenue par M. Langendries (J.), appartenant aux pauvres de Tournai ; la Ferme de Ghorain (50 hect.), tenue par M. Carlier (J.-F.), appartenant au chevalier Van Male de Ghorain ; la Ferme del Tour (50 hect.), tenue par M. Vanachter (J.-T.), appartenant à la veuve Louis Parmentier ; le Coucou (50 hect.), tenue par M. Tramasure (J.-J.) propriétaire.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Tubise parles recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 17 2/3 pieds de Nivelles.
Il existe à Tubise 4 moulins à farine : le Moulin de Tubise, sur la Senne, qui a 2 roues hydrauliques et 3 paires de meules ; le Moulin de Ripain, sur la Senne, qui a 1 roue hydraulique et 3 paires de meules ; le Moulin de Coeurcq, sur le Ri de Favarge, qui a 1 roue hydraulique et 3 paires de meules ; le Moulin Soumillon, mu par la machine à vapeur annexée à l'atelier de construction de la veuve Soumillon (P.-J.), qui a 4 paires de meules. Sauf ce dernier, les moulins de Tubise existent de temps immémorial. Ils appartinrent d'abord aux seigneurs du village et devinrent, en 1700, la propriété du chapitre de Nivelles, qui donna en emphytéose pour 99 ans : le 11 juillet 1791, le moulin de Coeurcq, moyennant 115 florins par an ; et le 22 octobre suivant, le moulin de Tubise, moyennant 400 florins. Ces usines n'étaient pas banales, du moins au siècle dernier, et le chapitre de Nivelles se vit dans l'impossibilité d'empêcher le meunier de Clabecq de venir chercher des grains à Tubise. Les trois moulins ont été vendus par la république française.
Le 25 août 1752, le chapitre de Nivelles prit la résolution de transférer le Moulin de Tubise sur la Samme (ou Sennette), mais cette décision ne reçut pas d'exécution.
Ce chapitre, à une époque très reculée, percevait des cens en blé, chapons et en argent, sur le moulin de Ripain, à charge, par contre, de l'entretenir. Par un accord conclu en 1217, au mois de mars, Lambert, l'héritier du moulin, déchargea de cette obligation les chanoines, qui de leur côté réduisirent à 6 sous de Nivelles le montant des cens qui leur était dû. Ce moulin brûla en 1779.
Le moulin de Coeurcq a dû être reconstruit plusieurs fois, car sa situation l'expose à être emporté par les inondations, lors des fortes crues. En 1850, les eaux du torrent ont mis à découvert d'antiques fondations d'une grande épaisseur.
Un tordoir ou moulin à l'huile est établi sur la Sennette, près du cimetière; il est activé par une roue hydraulique de la force de 16 chevaux et emploie 7 ouvriers ; il consomme annuellement 7,500 hectolitres de graines.
Trois brasseries sont en activité.
Deux tanneries-corroieries comptent ensemble 7 fosses.
Deux filatures de coton sont mues par la vapeur : celle de M. Louis Dehase compte 5,000 broches activées par une machine de 30 chevaux et emploie 70 ouvriers ; celle de M. Félicien Huet a 2,680 broches activées par une machine de 10 chevaux et emploie 40 ouvriers. Elles ont été autorisées : la première, le 6 septembre 1855 ; la seconde (par un arrêté en faveur de M. Sussenaire), le 22 janvier 1846. La filature Dehase et la maison de campagne contiguë datent de 1854 ; c'est M. l'architecte Carlier, de Nivelles, qui en a donné le plan.
Trois ateliers de construction se sont élevés successivement à proximité de la station du chemin de fer. L'établissement de M. Jules Morel et Cie, qui a été fondé par M. Zaman (arrêté royal du 28 juillet 1855), construit toute espèce de machines et même des locomotives ; une fonderie de fer et cuivre, produisant annuellement 150,000 kilogr. y est annexée ; 60 ouvriers y sont employés ; le moteur est une machine à vapeur de la force de 16 chevaux. L'atelier de mécanicien de la veuve P.-J. Soumillon (arrêté royal du 12 juillet 1855) possède une fonderie de fer, produisant 350,000 kilogr. ; 35 ouvriers sont attachés à cette usine, qui a pour moteur une machine à vapeur de 16 chevaux. L'établissement de M. Julien Defraene est moins important : il n'emploie que 15 ouvriers et une machine à vapeur de 6 chevaux ; la fonderie de fer qui en dépend ne produit que 40,000 kil.
Deux fabriques de tuyaux de drainage sont également établies dans le voisinage de la station. Celle de MM. Vanham frères chôme en ce moment; elle employait 25 ouvriers et une machine à vapeur de 4 chevaux ; elle produisait annuellement 1,000,000 tuyaux. Celle de M. G. Tondeur occupe 20 ouvriers et livre à la consommation 750,000 tuyaux.
II a existé à Tubise une raffinerie de sel et une fabrique de noir animal.
Vers l'an 1800 on y comptait sept genièvreries.
Les carrières de Stehoux donnent du travail à un assez grand nombre d'ouvriers. Les pierres schisteuses que l'on en extrait sont taillées en carreaux qui servent à paver les caves et même les pièces habitées. Des lettres patentes de Joseph II, en date du 13 janvier 1789, ont doté Tubise d'un marché aux légumes, fruits, laitage, volaille etc., qui se tient le lundi et le mercredi de chaque semaine (le tridi, le sextidi et le nonidi de chaque décade, dit un arrêté de l'administration départementale, du 6 messidor an VII), et de deux foires annuelles, qui ont lieu le dimanche après Quasimodo et le lundi après le 4e dimanche de septembre.
Le chemin de fer de Bruxelles à Mons traverse le territoire de Tubise sur 5,500 mètres et y a une station ; le chemin de fer industriel des forges de Clabecq, qui vient se rattacher au railway de l'Etat, a un développement de 1,000 m.; celui des carrières de Quenast, qui aboutit au canal de Bruxelles à Charleroi, a 4,000 m. de développement.
La route de l'Etat de Bruxelles à Mons traverse la commune sur 5,600 m. ; la route provinciale de Tubise à Hondzocht, sur 1,800 m. ; celle de Tubise à Waterloo, longe le territoire sur 100 m. et le traverse sur 1,000 m.
On compte 64 chemins vicinaux et 100 sentiers, mesurant ensemble 87,123 m., dont 1,559 m. étaient pavés et 5,636 m. empierrés au 31 décembre 1859.
Cinq ponts et deux ponceaux sont établis sur ces chemins.
Tubise figure, dès le IXe siècle, parmi les villages dont se composait la dotation du chapitre de Nivelles, et qui provenaient, selon l'opinion commune, du patrimoine de sainte Gertrude. Dans quelques pièces d'un procès qui se prolongea fort longtemps, au XVe siècle, il est fait mention de donations par lesquelles « damme Ydde de Boulongne », la mère de Godefroid de Bouillon, aurait donné au chapitre ses biens, et notamment ses bois à Tubise et à Hennuyères. A celle époque, suivant toute apparence, la maison de Louvain, de laquelle Ide descendait, avait usurpé une grande partie des droits du chapitre, qu'elle rendit alors et qui plus tard furent restreints de nouveau par les usurpations continuelles des sires d'Enghien.
Un ancien inventaire des archives de la seigneurie de Tubise parle, mais en termes vagues, d'accords entre le chapitre et ses avoués, au sujet de Tubise ; accords dont l'un aurait reçu l'approbation de l'empereur Lothaire en 1116. Probablement cette dernière date est mise pour 1136 et se rapporte à la charte par laquelle Lothaire approuva l'antique division des biens du chapitre entre ce corps, l'abbesse qui le présidait et l'hôpital de Nivelles.
Les ducs de Brabant, à Ittre d'avoués supérieurs du chapitre, exerçaient l'autorité souveraine dans ses domaines. Ils convertirent Tubise en une forteresse (firmitas), dont il est plusieurs fois question dans Gilbert de Mons. En l'année 1182, le comte de Hainaut Baudouin, voulant se venger de quelques prétendues insultes qu'il avait reçues du duc Henri Ier et en représailles de l'occupation par ce prince de la forteresse de Wasnaque, le comte Baudouin, disons-nous, occupa Tubise, y plaça une garnison et fit entourer le village de nouveaux fossés et de tours (novis fossatis et berefectis). Réunissant ensuite une armée formidable, il se proposa de fortifier également Lembecq ; mais le comte de Flandre, parent commun de Henri et de Baudouin, interposa sa médiation et réussit à moyenner une trêve.
En 1184, une armée se réunit à Tubise, à l'appel du comte de Hainaut. Baudouin y arriva le jour de Saint-Pierre, au commencement d'août, et y trouva ses troupes, que leur nombre et leur vaillance rendaient redoutables On y voyait l'évêque de Laon Roger et son frère Renaud, accompagnés de 80 chevaliers d'élite ; Manassés, comte de Réthel, avec 140 chevaliers ; Rodolphe ou Raoul de Coucy, avec 50 chevaliers, et nombre d'autres seigneurs, la fleur de la noblesse du Hainaut el de la France septentrionale. Jacques d'Avesnes, le plus puissant des vassaux du comte, vint aussi se ranger sous ses drapeaux, mais pour l'avertir que le comte de Flandre était décidé à défendre la cause du duc et pour l'engager à ouvrir de nouvelles négociations.
Tandis que Jacques allait entretenir le duc, qui était campé près de Hal, les Brabançons furent renforcés par le sénéchal de Flandre, Hellin de Wavrin, conduisant 300 chevaliers et un grand nombre de sergents à pied et à cheval. Ils mirent le feu à Lembecq et engagèrent un combat contre leurs ennemis, que la vue des flammes avait attirés. Si l'on en croit Gilbert, ses compatriotes sortirent vainqueurs de la lutte et tuèrent environ 350 chevaux à leurs adversaires, tandis que, de leur côté, ils n'en perdirent que 80. Ce fut le comte qui empêcha l'action de devenir générale. Placé au pont, sur la Senne, il s'efforça de retenir l'ardeur de ses guerriers, et parvint en effet à empêcher le gros de son armée de passer la rivière pour aller prendre part au combat qui se livrait entre cette rivière et Lembecq (à l'E. de la ferme de Stierbeek). Il espérait se concilier ainsi l'appui du comte de Flandre, mais ses tentatives dans ce but n'aboutirent pas. Le lendemain, une trêve de deux ans lui acceptée par les deux princes, par suite de la médiation de Jacques d'Avesnes, que les Hennuyers accusèrent d'avoir favorisé la destruction de Lembecq par ses indécisions.
Lorsque, quelque temps après, le duc de Brabant, le comte de Flandre, l'archevêque de Cologne et Jacques d'Avesnes envahirent le Hainaut, Tubise fut une des localités où Baudouin plaça une garnison. Il ne la rendit au duc que l'année suivante (1185), en échange de Wasnaque.
En 1191, la lutte avant recommencé entre les mêmes princes, Baudouin prit par force et détruisit de fond en comble les forteresses de Tubise, Hobruges et Oiskerque, dont les défenseurs avaient plus d'une fois ravagé ses domaines et ceux de ses vassaux.
Les ducs de Brabant, afin de récompenser les sires d'Enghien de leurs services, accrurent considérablement les fiefs que ceux-ci relevaient d'eux. Tubise figure parmi les localités que Siger d'Enghien reconnut tenir en fief du duché, en 1256. Son père, Engelbert, était déjà avoué de Tubise, c'est-à-dire défenseur ou protecteur du chapitre en sous ordre, en cet endroit.
Une première transaction au sujet des droits respectifs de l'avoué et du chapitre eut lieu vers 1215. Le chapitre contenta Engelbert en lui abandonnant, pour lui et ses successeurs, un tiers des bois situés dans l'alleu de Sainte-Gertrude à Tubise: le Faith, le Stehou, le Raukois ; l'avoué devait avoir, de concert avec le forestier du chapitre, la garde de ces bois. Les coupes, qui pouvaient s'effectuer tous les sept ans, si le chapitre le jugeait convenable ; les terrains que l'on croirait susceptibles de culture, le cens imposé aux tenanciers qui s'établiraient sur les défrichements, devaient se partager comme les bois mêmes. A la demande de l'abbesse Helwide et de ses chanoinesses et chanoines, cet accord fut ratifié par Godefroid, évêque de Cambrai, par le duc Henri Ier, et par le fils d'Engelbert, Siger, se qualifiant alors d'avoué d'Hennuyères.
Une autre convention, conclue entre l'église de Nivelles et les habitants de Tubise, fixa à 12 sous de Nivelles, par an, le taux de chaque lignum (bois?) imposé aux derniers. Le sire d'Enghien approuva cet accord, par une charte donnée au Bois (in sylva), en 1233.
Walter d'Enghien, fils de Siger et petit-fils d'Engelbert, étendit encore son autorité à Tubise, aux dépens du chapitre. Une charte du duc Henri III l'accuse d'avoir forcé les tenanciers de l’église de Nivelles à moudre à son moulin ; acensé, par force, les terres de l'église, en s'en attribuant tout le produit ; pris, dans les bois de l'église, tant à Tubise qu'à Hennuyères, du bois et du merrain, pour son chauffage, ses constructions et ses enclos ; usurpé la possession de la pèche ; défendu à l'église de percevoir les rentes et de prendre « les vestiures », comme d'habitude ; fait dans l'église du lieu des « cirkemanages » ou enquêtes solennelles qui, d'après l'usage, se faisaient par les ordres de l'église de Nivelles ; ordonné de faucher et d'enclore les prés de l'église, qu'antérieurement déjà il avait dû remettre dans leur ancien état, conformément aux ordres du duc ; interdit enfin aux échevins nouvellement nommés de prêter serment au chapitre.
Après la mort de Walter, seigneur d'Enghien, qui fut tué dans un combat livré aux milices gantoises, en 1380, l'un de ses oncles, Engelbert, prétendit succéder à ses fiefs, tant en Brabant qu'en Hainaut. Mais le nouveau chef de la famille, Louis, comte de Couversan, qui se trouvait alors au pays de Naples, revint en hâte en Belgique et fit citer son frère devant le duc Aubert de Bavière, gouverneur du Hainaut. Engelbert s'excusa en prétendant qu'il croyait son aîné mort, et se vit forcé de renoncer à la terre d'Enghien. Mais, en Brabant, un jugement du bailli du Brabant wallon et des hommes de fief de Genappe, du 28 décembre 1383, lui attribua une partie des domaines que la famille d'Enghien relevait des ducs : Tubise, Brages, Beringhen, Bogaerden, Leerbeek, furent compris dans sa part ; Rebecq, Hennuyères, Ronquières restèrent au comte de Conversan. Toutefois, les sires d'Enghien conservèrent la haute justice ou du moins l'exécution des criminels. Engelbert et ses successeurs devaient, non-seulement relever d'eux le fief du Petty-Brabant, comme on appela leur part, mais livrer aux officiers de leur suzerain les personnes accusées de crime ; si la punition de celles-ci procurait quelque profit, soit par suite de confiscations, soit au moyen de peines pécuniaires, les seigneurs d'Enghien et ceux de Tubise en avaient chacun la moitié.
Vers l'année 1406, Jean, sire de Jeumont, vint ravager le territoire de Tubise. Dix-huit ans plus tard, un de ses pages, Colard Nicaise, dit Cockolle, devant se rendre en Brabant, demanda grâce de la peine qu'il pouvait avoir encourue en participant à cette agression. A la prière d'Engelbert d'Enghien et d'autres seigneurs, le drossard de Brabant lui pardonna, à la condition qu'il paierait une amende de 10 couronnes (ou 33 sous 4 deniers de gros).
Un conflit sérieux surgit, en 1420, entre les hommes de fief des deux seigneurs et les maire et échevins de Tubise. Ceux-ci ayant instruit le procès d'un nommé Jean Horan, qui était accusé d'un crime, les premiers, ayant à leur tête le lieutenant bailli du Brabant wallon, se présentèrent devant eux et leur déclarèrent qu'ils n'avaient pas juridiction dans des affaires de cette nature. Les échevins ayant obtempéré à cette injonction, des observations en sens contraire leur furent envoyées par la ville de Bruxelles, où Horan s'était fait recevoir dans la bourgeoisie, ainsi que par le sénéchal de Brabant et le bailli du Brabant wallon.
Les échevins, ne sachant à quel parti s'arrêter, recoururent aux échevins de Nivelles, leurs chefs de sens ordinaires, et, sur leur avis, ouvrirent une enquête, à laquelle tous les tenanciers du chapitre de Nivelles à Tubise, au nombre de 72, furent appelés à participer. Ils consultèrent alors de nouveau les échevins de la même ville sur la décision qu'ils avaient à prendre (mardi après la Saint-Nicolas, en 1420).
C'est à propos de ce différend, paraît-il, qu'Engelbert d'Enghien (IIe du nom), seigneur de Rameru et de Tubise, se prit de querelle avec la ville de Nivelles. Le duc Philippe de Saint-Pol fit mettre en ses mains, c'est-à-dire séquestrer, les seigneuries d'Engelbert : « Thubise, Seneffe, Gouy sur le Piéton, Yttre, Faconweys, Bogarden, Breyges et Leerbeke » et y nomma un bailli, Gérard de Heylissem (25 novembre 1428). Engelbert ne tarda pas à se soumettre; il était accusé « d'avoir méfait envers le duc en certaines paroles par icelui d'Enghien dites et proférées sur ceux de la ville de Nivelles
Le 19 juillet 1431, Engelbert et le chapitre de Nivelles déclarèrent s'en rapporter, pour leurs contestations au sujet de leur juridiction respective, au jugement du chevalier Jean, seigneur de Dongelberg, et de Jean Ier, sire de la Neuve-Rue. En vertu de la sentence de ces deux arbitres, Engelbert et ses héritiers furent maintenus dans la connaissance de tous les cas criminels et hauts cas qui devaient être jugés par !e bailli d'Enghien et ses hommes de fief ; la justice foncière, au contraire, fut attribuée au maire et aux échevins. Quant au produit des amendes, Engelbert devait en percevoir un tiers et le chapitre les deux autres tiers. Si une sentence des échevins devenait l'occasion d'un conflit et si les combattants étaient arrêtés par le sergent du seigneur, le sergent du chapitre pouvait les réclamer, sauf à les tenir à la disposition du seigneur pour être jugés, et à les transférer dans la prison seigneuriale si l'affaire devenait criminelle. Dans des cas de cette nature, les biens séquestrés ou les compositions profitaient au seigneur, mais à charge de payer tous les frais du procès ; s'il n'y avait pas de biens ou pas de ressources pour payer une composition, les frais incombaient : pour les deux tiers, au chapitre ; pour le tiers restant, au seigneur.
Le droit de contraindre un débiteur à payer fut reconnu au sergent, du seigneur ; si le débiteur mettait opposition ou niait sa dette, l'affaire devait être renvoyée au maire et aux échevins. Cette sentence fut scellée le 26 juillet 1436, par Baudouin de Glymes, sire de Bierbais, bailli du Brabant wallon, et par les hommes de fief de la cour de Genappe.
Cette décision ne fut pas ratifiée par le conseil de Brabant. Une sentence, en date du 31 août 1437 adjugea au chapitre la hauteur et juridiction, tant au criminel qu'au civil, en ne reconnaissant au seigneur que le droit de prélever un tiers des amendes, en qualité d'avoué. Ce dernier se plaignit des torts qu'on lui causait. Mais le chapitre refusa de s'expliquer nettement, une première fois, le 8 octobre 1441 ; une seconde fois, le 15 mai 1442, après une nouvelle requête d'Engelbert, datée du 27 avril précédent.
Bien qu'Engelbert possédât trois moulins, dont deux banaux, et des cens et rentes, le maire du chapitre défendait aux habitants d'accepter les fonctions de sergent chargé de veiller au maintien de ce droit de banalité et de presser la rentrée des cens dus par les tenanciers du seigneur. Il en résultait que les habitants du village portaient leurs grains où ils voulaient et que les marchands (ou fermiers) des moulins refusaient d'acquitter le prix de leur bail. Engelbert, en qualité d'avoué, était chargé de garder les bois du chapitre à Tubise, fonction qu'il confiait à un sergent ou forestier ; sans en avoir acquis le droit, le chapitre, disait-on, avait constitué un autre officier semblable, qui portait, les amendes par devant le maire et les échevins, tandis qu'elles auraient dû être comminées par le bailli et les hommes de fief du seigneur. Enfin, quoique la rivière (la Senne) fût tenue en fief d'Engelbert par Engelbert de Limelette, qui seul pouvait y pêcher ou y faire pêcher, le chapitre contestait aussi celte possession et les habitants, protégés par lui, y pêchaient à leur gré. Pour mettre le comble à tant d'usurpations, les chanoines et chanoinesses de Nivelles avaient obtenu du duc des lettres patentes, enjoignant au bailli du Brabant wallon d'ouvrir des enquêtes à Tubise, sur des crimes et des forfaitures qui s'y étaient commis, ce qui constituait une grave atteinte aux droits dont jouissait le seigneur d'Enghien dans tout le Petit-Brabant et aux droits de l'avoué du chapitre dans la localité, c'est-à-dire d'Engelbert. Voulant conserver au moins un débris de sa juridiction, ce seigneur disait que si l'on attribuait à la partie adverse la haute justice, il fallait au moins lui en réserver l'exécution. Car, lorsqu'un criminel était arrêté à Tu-bise, il devait être livré par le bailli du seigneur au bailli de la terre d'Enghien, « en ses lingnes draps »; et à la condition que tous les biens meubles restaient à Engelbert et à ses officiers. Ceux-ci, en terminant, réclamaient une sentence qui déterminât nettement leurs prérogatives. Un jugement fut en effet porté le 23 février 1443-1444, et n'adjugea à Engelbert que le tiers des amendes et compositions. La contestation en vint enfin à un dénouement. Le 28 novembre 1419, un accord conclu entre le chapitre et le seigneur de Tubise régla l'exercice de la juridiction, en matière criminelle, et, en 1453, intervint un jugement définitif du conseil de Brabant, que Philippe de Bourgogne revêtit de son approbation, il y fut stipulé que le criminel condamné devait être livré, pour subir sa peine, au seigneur de Tubise et à ses officiers, mais qu’on ne pouvait l'incarcérer et l'exécuter qu'à Tubise.
En 1573, la dame de Tubise, Françoise d'Orley, maintint contre le chapitre son droit de chasse et de pêche ; en 1623 encore, le conseil de Brabant attribua cette prérogative au seigneur à l'exclusion de tous autres, contrairement aux prétentions du chapitre, qui avait résolu, le 20 janvier 1622, de faire chasser « avec sa trompe » à Tubise.
Pendant la courte guerre que Maximilien d'Autriche fit aux Gantois peu de temps après la mort de Marie de Bourgogne, Tubise fut occupé par Jacques Muller et d'autres fantassins allemands, qui y tinrent garnison au nom de Maximilien. Suivant un acte de décharge en date du 20 mai 1484, une somme de 50 livres 6 deniers fut payée aux « bourgeois » qui les avaient logés.
Lorsque Philippe de Clèves guerroya contre le même prince, à la tête des Flamands et d'une partie des Brabançons révoltés, les habitants de Tubise se montrèrent encore les fidèles sujets du souverain, ils aidèrent à garder la ville de Hal, et, comme le pont situé dans le bourg était le principal point de passage du Brabant en Hainaut, ils s'empressèrent de le rompre, ainsi qu'on leur en avait donné l'ordre. Les ennemis, furieux de leur conduite, se vengèrent en incendiant le bourg et en brûlant l'église, où il fallut interrompre la célébration du service divin. Pour les indemniser des torts qu'ils souffrirent alors et en considération de la pauvreté à laquelle la guerre les avait réduits, on leur accorda une remise de 45 livres 6 sous sur leur cote dans l'aide votée en 1492, puis encore une autre réduction de 92 livres.
Lorsque le roi de France Henri II envahit les Pays-Bas, en 1554, Emmanuel-Philibert de Savoie, qui commandait l'armée levée par Charles-Quint, vint camper à Tubise, le 28 juin, afin de couvrir Bruxelles ; il y resta plusieurs jours dans l'incertitude sur les plans de l'ennemi, se défiant des gens du pays, qui refusaient de lui servir de guides, mécontent de ses troupes, dont l’indiscipline lui causait de grands embarras.
La peste sévit cruellement à Tubise en 1669.
En 1697, le maréchal de Boufflers, l'un des commandants de l'armée française, et le comte de Portland, ministre de Guillaume III, roi d'Angleterre, eurent quelques entrevues à Tubise. Ils y menèrent à bonne fin la conclusion de la paix, qu'ils avaient antérieurement ébauchée à Brucom, sur Leeuw-Saint-Pierre.
A la suite des guerres de Louis XIV, qui attirèrent plus d'un désastre sur Tubise, le chapitre de Nivelles résolut d'acquérir les droits qu'y possédait la famille de Sainte-Aldegonde et de terminer ainsi ses incessantes contestations avec les seigneurs ou avoués de Tubise. Cette acquisition fut faite le 3 septembre 1700, moyennant 24,000 florins, que le chapitre fut autorisé à lever, par un octroi en date du 18 septembre 1700, el qui devaient être remboursés avec le produit de la vente des biens et vignes que le chapitre possédait en Allemagne. Cette dernière vente eut lieu, en effet, au bénéfice de l'archevêque électeur de Trêves, en 1706, et fut approuvée par l'évêque de Namur, agissant en vertu des pouvoirs que lui avait conférés le Sacré Collège, le 25 juin 1707. Les capitaux restés disponibles furent prêtés par le chapitre aux habitants de Gosselies, moyennant 4 pour cent l'an.
L'acte de cession ne comprend que le seul village de Tubise ; des autres localités qui reconnaissaient le même seigneur, les unes, comme Beringhen, Bogaerden, Brages, en avaient été déjà détachées ; la dernière, Leerbeek, fut alors aliénée séparément. On ne fit à cette occasion aucune mention ne la part de juridiction des seigneurs d'Enghien. Aussi un nouveau conflit ne tarda-t-il pas à s'élever. Le duc d'Arenberg, agissant en cette qualité, voulut faire placer à Tubise un pilori à ses armes. Au mois de mai 1733, ce pilori fut amené par un fermier de Braine-le-Comte à l'auberge le Cerf, où il resta déposé près de deux ans et, un beau jour, les officiers du duc procédèrent à l'érection de ce monument féodal. Mais aussitôt les officiers du chapitre accoururent et, en présence du maire, du bailli, des échevins et d'autres habitants, le greffier du bourg donna lecture des ordres du chapitre, puis le chanoine Duchesne, mandataire de ce corps, prescrivit l'enlèvement du pilori, qui fut reporté au Cerf (31 mars 1735). Le duc s'adressa au conseil de Brabant. Toutefois, une députation lui ayant été envoyée, à Enghien, au nom du chapitre, il protesta que c'était à son insu qu'on avait présenté requête au conseil et que son intention n'était pas de pousser l'affaire plus loin, sans en avertir au préalable le chapitre. Le procès se ralluma en 1752, et on essaya alors de le terminer par arbitrage.
Le 2 août 1719, Tubise avait été ravagé par un violent incendie. A la suite de l'invasion du pays, en 1792, la commune fut agitée par de grandes dissensions. Des élections y ayant eu lieu pour la nomination d'officiers municipaux, la victoire resta au parti opposé aux idées nouvelles. Une députation du parti contraire se rendit à Bruxelles et y remit une protestation aux représentants provisoires de cette ville, dans leur séance du 10 janvier 1793. Le nommé Cumel, qui présenta les députés à l'assemblée, et qui n'était autre, paraît-il, que l'exploitant des carrières de Tubise, avait appartenu au parti vonckiste et pris ensuite du service dans les armées françaises ; il se donnait alors le titre de général des sans-culottes. Cumel partit pour Tubise et les localités voisines, où de nouvelles élections se firent « légalement », c'est-à-dire comme il le voulut : le 12 à Tubise, le 15 à Seneffe, le 16 à Rebecq, le 17 à Hennuyères. Un nommé De Cock fut élu maire de Tubise par 78 voix sur 160 votants, et on lui adjoignit sept officiers municipaux, un procureur de la commune et un procureur adjoint.
Tubise devint, en l'an III, le chef-lieu d'un canton qui comprenait les communes de Bierghes, de Braine-le-Château, d'Ittre, d'Oiskerque, de Quenast, de Rebecq, de Saintes et de Virginal, plus Clabecq et Rognon, que les tableaux officiels omettent à tort. Un arrêté du 27 frimaire an IV y annexa Bornival et Monstreux, séparés du canton de. Nivelles, et, plus lard, naquit la nouvelle commune de Samme, démembrement de celle d'Ittre. En l'an X, celte circonscription fut considérablement modifiée ; Bierghes, Quenast, Rebecq et Rognon entrèrent dans la formation du canton de justice de paix de Herinnes, qui depuis a été supprimé. Saintes fut réuni à celui de Hal ; les autres communes, jointes à une partie de la ville de Nivelles, composèrent le premier arrondissement de justice de paix de cette ville.
L'assemblée primaire du canton de Tubise, pompeusement baptisée du nom d'Assemblée de la révolution, tint ses séances, en l'an V, dans la chapelle de l'hôpital de Rebecq, et l'an VI et l'an VII, dans l'église paroissiale du chef-lieu.
En l'an VI, le curé de Tubise, P.-J. Taymans, qui était originaire d'Yssche. fut signalé comme un « monstre excitant le peuple contre la République »; selon un rapport officiel, il avait défendu à tous les prêtres de son district de prêter le serment exigé du clergé, et il exerçait une grande influence sur les nobles de toute la contrée voisine. Arrêté le 28 mars 1798, pendant les êtes de Pâques, il fut conduit à la porte de Hal, à Bruxelles, et de là à Douai, puis déporté à l'île de Ré. Arrivé à Rochefort, il tomba malade de la fièvre putride et mourut dans cette ville 1er septembre 1790. On doit à cet ecclésiastique une table générale des registres aux naissances, aux décès et aux mariages de sa paroisse, à partir de 1650, qu'il avait commencée le 1er janvier 1786.
Le procès-verbal de délimitation de la commune date du 29 avril 1816.
Tubise faisait jadis partie de la mairie de Nivelles. C'était alors un des centres de ce que l'on appelait, tantôt les huit villages du sire d'Enghien (Octo villæ domini de Edingen, 7383), tantôt « les sept villes que on dist le Petit Brabant, terre d'Enghien ». En 1383 se forma la seigneurie de Tubise, qui, comme nous l'avons vu, comprit jusque vers la fin du XVIIe siècle Beringhen, Bogaerden, Brages et Leerbeek.
Les anciens Comptes du bailliage du Brabant wallon s'expriment ainsi en parlant de Tubise : « Le chapitre de Nivelles se dist y avoir mayeur et eschevins, cens, rentes, loix et amendes et sy meulvent d'eux tous les héritages qui se jugent selon la loy de Nivelles, où il, en ce cas, vont au sens ; et monsieur Englebert d'Enghien maintient avoir tout le haulteur et seigneurie, de quoy le fourfaîct se jugent selon la loy de Genappe où les hommes vont au sens, et maintient messire. Englebert qu'il peult prendre et faire toute justice et rendre un homicide tout le pays de Brabant, quandt il auroit fait paix à la partie adverse et mon seigneur n'y a autre chose que le son de clocq, tailles et crevées et les hommes pour aller en lhost ».
Ces deux juridictions, dont l'étendue respective fut déterminée en 1453, suivaient donc deux coutumes différentes : dans la seigneurie du chapitre de Nivelles on observait les coutumes de cette ville ; dans la seigneurie laïque on se réglait sur la coutume de Genappe.
Le bailli du seigneur, qui présidait la cour féodale de celui-ci, et le mayeur ou maire, chef de l’échevinage, eurent souvent des démêlés à propos de leurs prérogatives. Le dernier ayant méconnu les stipulations de la sentence de 1453, le chapitre lui ordonna de s'y conformer, sous peine de voir son office déclaré amovible ou révocable à volonté. Après que le chapitre eut acquis les droits des anciens seigneurs, les deux officiers se querellèrent à propos de la préséance dans les cérémonies. Des scènes inconvenantes et scandaleuses, qui se passèrent à la procession de la Fête-Dieu, en 1727, déterminèrent le chapitre à défendre, au bailli comme au maire, d'assister dorénavant aux processions et de faire danser sur les places publiques. Cette défense fut longtemps renouvelée, d'année en année.
La maison où on tenait les plaids, où l'on jugeait de tous les cas civils et criminels, appartenait au chapitre dès l'année 1449. Ce corps approuva, le 22 février 1611, un plan de restauration de la prison qui en était voisine et pour laquelle il dépensa 635 florins 19 1/2 sous, suivant un état en date du 14 mars de l'année suivante. Le 25 février 1735, il adopta le plan d'une prison nouvelle à construire en la « Maison de Cour ».
Nous avons vu que le duc d'Arenherg, en qualité de sire d'Enghien, voulut planter à Tubise un pilori ; le chapitre prétendait avoir seul le droit d'ériger un monument de ce genre. En effet, le 13 août 1626, il prescrivit d'en établir un, et, le 23 avril 1712, Jean-François Monnover s'engagea envers ce corps à en construire un pour 10 pistoles.
Un acte du mois de mai 1230 mentionne les échevins qui étaient alors en fonctions, ou du moins six d'entre eux : les noms de famille n'étant pas encore généralement adoptés, ils sont simplement désignés par leurs prénoms : Bernard, Lambert. Nicolas, Pierre, Gérard et Marsekins. Dès l'année 1348, les actes scabinaux se rédigeaient en français à Tubise, et l'usage y prévalait de les munir de sceaux. Le sceau local offrait : d'un côté, un aigle élevant le bec et ouvrant les ailes, avec la légende : S. DES ESCHEVINS DE TUBISE ; de l'autre côté, une crosse abbatiale accostée de deux écussons aux armes d'Enghien et les mots SANCTA. GERTRUDIS.
Les registres des échevins, pour les années 1600 à 1796, se conservent au greffe de Nivelles.
Tubise parait avoir été longtemps fortifié. Nous avons vu qu'on l'avait entouré de murs au XIIe siècle. Les dénominations de Ferme de la Porte, qu'une habitation y avait reçue, et celles de Faubourgs de Mons et de Bruxelles, que l'on donne encore aux extrémités du bourg même, doivent se rattacher à cet ancien état de choses, dont le souvenir ne subsiste plus en aucune façon.
Dès l'époque de l'établissement, des postes aux Pays-Bas, Tubise fut un des points où l'on établit un relais sur la route de Bruxelles vers Mons et la France. En 1534, la reine Marie ordonna à la commune d'exempter de toute taille le maître de postes, mais, le 17 août 1556. Jean de Surendoncq renonça à cette franchise, à la condition d'être complètement affranchi des charges personnelles. Le comte de la Tour-Taxis ayant, en 1625, obtenu une exemption générale des tailles et gabelles pour ses subordonnés, un procès s'engagea entre lui et les maire et gens de loi de Tubise, qui, sans égard pour celte exemption, avaient cotisé le maître de la poste, Nicaise Parmentier. Le maire et les gens de loi protestaient contre cette exemption ; elle n'avait été accordée, suivant eux, que par le conseil des finances, et n'avait pas reçu l'approbation des états de la province. Le 1er décembre 1653, le conseil de Brabant déclara le comte non fondé dans ses conclusions et accorda toutefois au maître de poste de Tubise la franchise d'impôts pour dix bonniers pris dans ses biens propres, et pour 5 bonniers de biens loués. D'après un passage du jugement du conseil, la poste se trouvait d'abord sur le territoire du Hainaut et fut ensuite transférée en Brabant à la demande des Surendoncq, qui possédaient des biens à Tubise.
Au mois de mai 1390, les werissaix et prés et pâturages communaux firent l'objet d'un accord conclu entre Engelbert d'Enghien et les maire, échevins et habitants, « au moustier » ou église paroissiale. On reconnut à chacune des parties le droit de percevoir la moitié des produits du Preit du Demempreit, des Deux Jonckois, « gissant vers Glabecque dechà liauwe »; du Marez a bonne, « par dessoubs le Voye au lez vers la fontaine ». Ces prés devaient être affermés, tous les ans, par deux délégués : le receveur de la seigneurie et l'un des maîtres des pauvres. La communauté, tant des masuiers du seigneur que des sujets du chapitre fut maintenue dans la propriété des prés se tendant jusqu'à Hobrugh, « parmi » (c'est-à-dire sauf) le Grand Jonckoi et le Demenpret et sauf aussi le chemin « pour aller karyer et avoir aisemenche allant à la maison ». En vertu d'un contrat du 17 décembre 1735, une moitié du pré Del Ville fut cédée à la commune, en échange des « wainiaux, regrains et seconde « coupe des Dememprets », qui devinrent la propriété du chapitre.
Le serment des archers de Tubise date de longtemps. Une sentence du conseil do Brabant, de l'an 1445, défendit à ses membres d'arrêter des malfaiteurs, à moins qu'ils n'en fussent requis par l'officier du lieu. Le serment avait sans doute mécontenté le chapitre de Nivelles en obéissant aux injonctions d'Engelbert d'Enghien. Il se désorganisa probablement pendant les guerres de religion, car on voit le chapitre de Nivelles autoriser ceux de Tubise, le 9 juin 1590, à établir une confrérie ou serment de l'arc, « aux mêmes droits et usages que les autres confréries de ce genre existant en Brabant ». Cette société s'est perpétuée jusqu'à nos jours et possède encore son ancien collier, où on lit plusieurs dates, notamment cette inscription : « Jacques Regnyer, 1602 ».
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Le droit de place au marché figure, dans les recettes communales, pour la somme de 400 francs.
La seigneurie du chapitre de Nivelles à Tubise comprenait, au XVe siècle, une cour féodale de 31 hommages, dont 4 pleins-fiefs et 27 petits fiefs, un « maire de ces fiefs », un maire, des échevins, des coursuiers, sergents et autres officiers, une maison aux plaids, des bois etc. Les fiefs cités plus haut relevaient de l’abbesse et les contestations qui y avaient rapport étalent jugées par les vassaux de l'abbesse. Les principaux étaient : les seigneuries de Ripain et de Renarbus, dont nous reparlerons plus loin, et l’Ausnois de Maldeurée, Contenant 7 bonniers et qui fut longtemps la propriété de la famille Leboin.
En 4787, le chapitre possédait, à Tubise, des biens bien plus considérables qu'autrefois, par suite de l'acquisition qu'il avait faite de l'ancien domaine des sires d'Enghien dans le village. Il y possédait alors haute, moyenne et basse justice, un livre censal, valant annuellement 652 florins ; un livre féodal, valant 8 flor. ; la chasse, qui se louait 63 flor. ; trois moulins, affermés : celui de Tubise, 422 flor. ; celui de Ripain, 120 flor. ; celui de Coeurcq, 185 flor. ; 63 bonniers, provenant du bois du Fayt récemment défriché, loués 615 flor.; d'autres terres assez considérables ; près de 57 b. de prairie ; la carrière du Mont Steenberg, louée 84 flor. ; la grande dîme de toute la paroisse (sauf une petite partie, valant 378 flor. et perçue par l'hôpital Saint-Nicolas de Nivelles), produisant 4,547 flor. ; la menue dîme, valant 420 florins
Une partie de ces possessions provenait des seigneurs d'Enghien, qui les possédèrent jusqu'en 1383, ainsi que nous l'avons vu.
Engelbert d'Enghien, oncle de Walter, seigneur d'Enghien, mort en 1380, et son héritier pour une part, s'intitulait d'ordinaire seigneur de Rameru (d'après une terre située en France), de la Folie (d'un château à Ecaussinnes, en Hainaut) et de Tubise. Il possédait aussi Seneffe, qui relevait de la châtellenie de Bruxelles, et la terre et le château de Faucuwez, à Ittre. En indemnité de: dépenses que lui occasionna sa participation au siège de Louvain, vers l'année 1383, la duchesse Jeanne lui donna 400 francs de France, qu'elle lui assigna sur les biens de l'abbaye de Bonne-Espérance, et dont il donna quittance, à la Folie, le 1er juillet 1387, les religieux ayant déterminé les termes auxquels ils paieraient cette somme. Il mourut le 22 février 1402 et fut enterré à Cambron, ainsi que sa seconde femme, Marie de Lalaing, morte le 16 décembre 1416 ; la première, Marguerite de Longueval, dame de Nevele, avait reçu la sépulture en ce dernier endroit.
Après sa mort, son fils du même nom fut sommé, de relever ses domaines devant les hommes de fief de Brabant , mais on rappela à la duchesse Jeanne les dispositions de la sentence de la cour de Genappe, de l'année 1383, et elle autorisa Engelbert, 1e 16 juillet 1403, à se présenter devant les hommes de fief d'Enghien pour être mis par eux en possession de son patrimoine. Ce seigneur eut une vie des plus agitées et des mieux remplies. Il fut l'un des confidents et des serviteurs du duc de Brabant Jean IV et fut arrêté, le 29 janvier 1420-1421, lorsque le frère de ce prince, Philippe de Saint-Pol, vint à Bruxelles s'emparer de l'autorité, comme ruwart ou gouverneur constitué par les États. Plus tard, le sire de Tubise figura parmi les capitaines qui conduisirent les Brabançons au siège de Braine-le-Comte et, à la fin de la campagne, on lui confia le commandement d'un corps d'armée placé à Nivelles. On le mentionne, en 1430, parmi les ambassadeurs auxquels Philippe de Saint-Pol confia la mission de demander pour lui la main d'Yolende de Sicile et de ramener cette princesse en Brabant, escortée par 600 cavaliers. Nous avons parlé de ses longues discussions avec le chapitre et la ville de Nivelles, au sujet des débats sur l'étendue de sa juridiction à Tubise.
Engelbert II avait épousé, le 19 janvier 1414-1415, Marie d'Antoing, dame de Briffoeil, Estaires, Haveskerke etc., dont il eut Louis, seigneur de Rameru, Tubise, Morialmé, Saintes, Wisbecq ; Jeanne, femme de Jean T'Seraerts ; Engelbert, seigneur de Briffoeil, Estaires, Haveskerke, Faucuwez ; Jacques, sire de Cleri et de Tubise ; Marie, seconde femme de Jean de Chalon, sire de Vieteaulx ou Videaux ; Jeanne, femme de Renaud d'Argenteau, sire de Houffalise. Louis d'Enghien vécut jusqu'en 1486 ou 1487 et mourut, ainsi que ses frères, sans laisser de postérité légitime. Ses biens passèrent à un petit-fils de sa sœur Jeanne, qui avait eu du sire de Houffalise deux filles, dont l'aînée, Françoise, s'était alliée à Bernard, sire d'Orley, justicier des nobles du duché de Luxembourg.
Bernard, né de l'union de ces derniers, fut longtemps bailli du Brabant wallon. Le 9 septembre 1497, on l'appela à ces fonctions, en remercîment « des bons et agréables services qu'il avait rendus à l’archiduc Philippe, dès son enfance ». Lorsque ce prince partit pour l'Espagne, Bernard l'accompagna et fut momentanément remplacé, du 14 octobre 1501 au 24 novembre 1503, par le sire de Faucuwez, qui avait épousé la fille naturelle de son grand-oncle, Engelbert d'Enghien. II rentra dans son emploi le 25 novembre 1503 et le remplit jusqu'à sa mort, arrivée deux ans après, le 27 novembre. Il avait également été panetier de l'archiduc, et avait pris pour femme Isabelle, fille de Henri de Wilthem, seigneur de Beersel, et d'Isabelle Vander Spout.
Philippe, leur fils, devait remplacer son père comme bailli, mais, à cause de son jeune âge, on lui substitua Philippe de Blaesvelt, sire de Limal, puis Jean de Villers. De nouvelles lettres patentes lui ayant été délivrées à la Haye, le 28 juin 1509, il prit possession de sa charge le 6 du mois suivant. Lors de la guerre entre la France et l'Angleterre, en 1513, il résolut d'aller combattre sous les drapeaux anglais et obtint la faculté de se faire suppléer par son lieutenant, Gaspar Scamp (10 juin 1513). De retour de la campagne, il reprit la direction du bailliage, le 11 janvier 1514-1515, reçut une nouvelle commission le 30 avril suivant, à l'avènement de l'archiduc Charles, depuis Charles-Quint, et siégea jusqu'au 3 février 1517-1518, qu'il fut démissionné, à cause de « l'énorme cas et offense qu'il a naguère perpétré en la personne du seigneur de Beau regard ». Toutefois, à la demande de Marguerite d'Autriche et du sire de Trazegnies, son successeur, au bailliage, on lui rendit encore ses fonctions (23 septembre 1520) et il les garda jusqu'au 18 décembre 1554, jour de sa mort.
Le sire de Tubise prit fréquemment les armes pour la défence du pays. En 1524, il fut chargé de garder Yvoix, dans le Luxembourg, à la tête des milices du Brabant wallon ; en 1528, il coopéra au siège de Haltem, en Gueldre, où il fut blessé, dans un assaut en 1537, il reçut le commandement des troupes bas-allemandes (où flamandes), qui, au nombre de 8,000 environ, composaient une partie de l'armée avec laquelle le comte de Buren porta la terreur en France. Il fut ensuite (en 1542) l'un des commissaires des montres des gens de guerre « étant au pays de Luxembourg », et, en 1554, le célèbre Van Rossem, partant pour rejoindre l'armée, lui remit le gouvernement de cette province.
Philippe d'Orley eut pour héritier et en même temps pour successeur, dans l'office de bailli du Brabant wallon, Charles de Rubempré, baron de Rêves, sire de Bièvres, chevalier, époux de Françoise d'Orley, dont il eut Anne de Rubempré, dame de Petit-Rœulx, femme de Pontus de Novelles, seigneur de Bours, colonel d'un régiment d'infanterie wallonne, gouverneur et capitaine de Malines, puis gouverneur et grand bailli de Courtrai, mort, le 6 décembre 1581, d'une blessure reçue au siège de Tournai.
Les filles du sire de Bours, Alexandrine et Robertine de Noyelles, épousèrent : la première, Maximilien-Lamoral,comte de Sainte-Aldegonde de Noircarmes ; la seconde, sire François-Bernardin de Cassina, baron de Boulers ou Boulaere. Le 3 avril 1606, on releva du duché de Brabant, au nom de ces deux dames, Tubise, Beerthe, Bogaerden, Beringben et Leerbeek, mais sous protestation que si d'autres seigneurs en réclamaient la suzeraineté, la cour féodale leur en garantirait la possession. Plus tard, le prince comte d'Arenbergh, en qualité de prince de Rebecque (ou de sire d'Enghien), les ayant sommées de lui faire hommage, elles obtempérèrent à cette injonction et firent connaître aux officiers du souverain qu'elles ne se croyaient pas obligées à payer à ce dernier un droit de relief, qui, en effet, ne fut plus exigé.
Maximilien-Lamoral de Sainte-Aldegonde fut créé comte de Sainte-Aldegonde le 4 mai 1605 ; il fut aussi maître d'hôtel des archiducs Albert et Isabelle et gouverneur et grand bailli du comté de Namur. Il mourut le 13 mars 1635. Son fils, François-Lamoral, décéda la même année, laissant plusieurs enfants d'Agnès de Dave, dame de Mirmont, Onoz, Masv, Spy, Ophain, Bois-Seigneur-Isaac, Stalle. L'aîné, Hugues-François-Lamoral, lui survécut de vingt ans. Faute d'héritiers directs, son patrimoine fut partagé entre ses frères et sœurs, et Tubise fut enfin vendu, en vertu de lettres de décret obtenues par les héritiers d'Adrien Puelaerts. L'adhéritance en faveur du chapitre de Nivelles se fit par-devant les hommes de fief des seigneurs d'Enghien en Brabant, à Rebecq, le 18 octobre 1700.
La seigneurie, selon l'acte de vente, consistait alors en une moitié des amendes et forfaitures tant civiles que criminelles, la chasse et la pèche, un cens de 163 chapons, 5 poules, 63 livres 10 sous 6 deniers, 6 rasières 1/3 de pinte de seigle et 6 rasières d'avoine, trois moulins à eau, des terres, 5 bonniers de prairies dits les Gaux, à Curque ou Cœurcq ; le tiers du bois de Fayt (qui avait alors 80 b.), une moitié du Pré del Ville et des « wainiaux » dans les prés communs. Cette seigneurie avait un bailli et une cour féodale, à laquelle ressortissaient un grand nombre de vassaux à Tubise, à Brages, à Leerbeek, à Bogaerden, à Hennuyères, à Huysinghen, à Lennick-Saint-Martin.
On mentionne, dans le nombre, en 1474 : le chevalier Jean Van den Abeele, Jean Du Chastel, possesseur d'un fief de 50 bonniers, et Engelbert del Houssière, possesseur de 42 b., qui furent alors taxés pour le service féodal chacun a 1 combattant à cheval ; Jean Lambrechts, possesseur d'un fief de 25 b., taxé à 1 combattant à pied ainsi que Bernard Servais, dont la tenure comprenait une maison et 13 b. ; I'amman Jean d'Enghien, seigneur de Kestergat etc. Le seigneur de Tubise, d'après la taxe citée plus haut, devait fournir deux hommes d'armes à trois chevaux chacun et un combattant à pied.
On mentionne à Tubise, en 1700, une maison dite du Seigneur, sur laquelle les Sainte-Aldegonde prélevaient une rente annuelle.de 24 florins.
Il a existé, à Tubise, une famille portant le nom du village et qui y a eu des biens considérables, notamment le patronat et les dîmes. On cite, en 1247, Hugues de Tubise, vassal d'Engelbert, sire d'Enghien, et, selon quelques auteurs : sous le duc Henri Ier, Guillaume de Tubeke ; sous Henri II, Olivier de Tubeke
En 1256, trois frères, nommés Maurice, Adam et Eustache de Tubise, le prêtre Ywain, le fils de l'oncle des précédents, et leur cousin Walter Le Pape (ou De Pape) de Lembecq, contestaient au chapitre de Nivelles la possession du personnat (c'est-à-dire de la collation de la cure), de la dîme et de leurs dépendances. Eustache, le premier, renonça à ses droits à prix d'argent, ainsi que nous l'apprennent trois chartes en date du mois de février 1256-1257 et émanant de l'évêque de Cambrai Nicolas, du doyen de Hal Nicolas, et de Sohier ou Siger, sire d'Enghien.
Quelques années après, Adam, se qualifiant « personne de Tubize », et sa femme Marie, vendirent au chapitre leurs droits sur la dime d'Hobruges, par-devant madame Aélis de Franche, mairesse à Tubise, déléguée du chapitre, et les échevins « defors letre en olespace » c'est-à-dire hors du cimetière (charte du lendemain après la Saint-Pierre et Paul, 1262, qui fut approuvée par la duchesse de Brabant Aleyde, au mois de juillet de la même année). En 1263, Adam ,et Marie renoncèrent également à la dîme de Rénarbus, de concert avec leur belle-sœur Ide, femme de Stasin de Ripehain (Eustache de Tubise cité plus haut), et ses enfants, Adans et Meurans (Adam et Maurice). Ils « werpirent » cette dîme en faveur de la mairesse Aélis en la main de Pieron ou Pierre de Ripain, haut bailli de la terre d'Enghien, le dimanche après la Pentecôte. Sadones, doyen de Hal, et la duchesse Aleyde ratifièrent cette cession, le premier, au mois de mai ; la seconde, le mercredi avant la Saint-Barnabé.
Les de Tubise dits de la Porte, qui étaient sans doute des descendants des précédents, achevèrent ce qu'ils avaient commencé. L'un d'eux, Jean, renonça au « personaige » ou personnat de Tubise, aux dîmes d'Oppehain (ou Ophain) et de Culke (ou Cœurcq) et à la maison « ki fu Hannon de le Ruelle » (vendredi avant Saint-Pierre en août entrant, au mois defenaul 1289).
Le chapitre s'engagea à payera Pierre de Tubise « con dist de le Porte » et à sa femme Catherine une rente annuelle de 60 livres, pour laquelle le sire d'Enghien et d’autres personnes se constituèrent caution, et dont on retrancha ensuite une rente de 40 sous de Louvain et 9 muids de blé, pour en doter Marie, fille de dame Ide précitée, et Avain de Culke (vendredi après le dimanche Misericordia, en 1293) ; après qu'on eut encore opéré quelques réductions sur le restant de la rente due à Pierre et à Catherine, celle-ci fut remplacée par la dîme échéant « en leur manoir con dist à le Porte » et en un manoir contigu (dimanche avant la Saint-Pierre, en août entrant, en 1293). Enfin, en 1294, Isabelle de le Porte et « ses barons » (son mari) Gérard de le Gordeie donnèrent quittance de 100 livres de blancs qui leur étaient assignées sur le produit de la dîme de Culke.
Ces différentes transactions amoindrirent considérablement la fortune des principales familles de Tubise, auxquelles la perception de la dîme assurait un revenu considérable. La dîme qu'y possédait à Ripain Walter Le Pape et celle qu'il en avait détachée pour la donner en mariage à son gendre Walter Teutonicus ou l'Allemand, furent acquises du consentement du chapitre par Ide d'Auving., prévôte de ce chapitre, en mai 1242.
Le fief de Ripain comprenait une seigneurie, une maison, une cour féodale de 14 hommages etc. Gosuin, Thomas et Colin ou Nicolas de Rypain sont cités dans un acte de 1229 ; le premier intervient dans une autre charte, en 1249, en qualité de mandataire du duc de Brabant, probablement comme bailli de Nivelles ; en 1263, Pierre de Ripain était haut-bailli de la terre d'Enghien. En 1311, ce dernier ou un de ses parents du même nom fit de grands dons aux habitants pauvres de Tubise, et fonda un anniversaire qui se disait pour le repos de son âme, le mercredi de la semaine .sainte. Vers l'année 1370, le fief avait pour maître Jean, fils de Walter de Ripain. Plus tard il passa à la famille Hélotte ou Hélot et en 1550, il appartenait à Colard Pletinck, qui possédait encore deux autres fiefs tenus de l'abbesse de Nivelles : une maison, avec ses dépendances et une cour féodale de 26 hommages composaient le premier de ces fiefs ; le second consistait en un courtil d'un demi-bonnier, dit à la Pisselotte. Il y a quelques années, on a trouvé près de la ferme des Hauts Degrés, les restes des fondements d'un vieux château, que l'on croit avoir été habité par les sires de Ripain.
Renarbus, ou le Bois du Renard (Reynaertbosch) se trouvait près du Ri de la Favarge, entre Renarmont et le Renard. Le chevalier Hugues de Renarbus vivait en 1221 et 1220, et messire Jakemes ou Jacques de Renarbus, en 1262. Vers 1372, c'était la propriété de Jacques de Faigneules. En mai 1440, il appartenait à Henri, fils de Michau ou Michel de la Houssière, et, en 1446, m, fils de Henri, en fit le relief. En 1474, Simon la Bricque fut taxé à fournir pour ce fief un combattant à pied. Philippe, sire de Chassey, acheta ensuite Renarbus (r. du 21 juillet 1553), que Philippe Vande Werve, fils de David Vande Werve et de Barbe de Chassey, vendit à la famille Gheisels (r. du 3 décembre 1603). Les biens dépendants de cette propriété appartiennent actuellement à M. Van Male de Ghorain.
Le principal des fiefs tenus de l'ancienne seigneurie de Tubise (et plus anciennement des Enghien) s'appelait Hobruges et comprenait, à proximité de la Senne, une forteresse, dont la position avait quelque importance. Le chevalier Maurice de Hobruges (peut-être le chef de cette famille de Tubise où on retrouve à chaque génération le prénom de Maurice et qui posséda la dîme d'Hobruges) figure, en 1230, parmi les vassaux d'Engelbert, sire d'Enghien. Plus tard, le bien d'Hobruges passa à une branche de la famille d'Ittre, dont un des derniers chefs, Antoine, conseiller de Brabant, époux de Jeanne de Douvrin, laissa ce fief à sa fille Isabelle, femme de Jean de Castre, conseiller au grand conseil de Malines. De cette dernière union naquit Jacques de Castre, baron de Bautersem, dont les biens furent mis en vente. Jean-Baptiste de Cordes fut l'acquéreur d'Hobruges, que sa fille Anne porta à Jacques-Nicolas De Man, seigneur de Lennick, conseiller de Brabant. Leur fils Charles-Joseph dit d'Hobruges, qui fut échevin de Bruxelles en 1747 et 1748, le laissa à son fils : Joseph-Benoit-Ghislain, seigneur d'Altenrode, mort sans enfants en 1794. Une sœur de ce dernier, Marie-Thérèse De Man, dame de Gorain, devint la femme de Jean-Joseph-Daniel Van Male, seigneur de Brachene (à Wemmel), aïeul de M. le chevalier Jean Van Male de Ghorain, ancien inspecteur de l'enseignement primaire dans la province de Brabant. Ce dernier possède également la ferme de Renarbus ou Ghorain, dont il a été autorisé à joindre le nom au sien, par lettres patentes du 27 décembre 1839.
Il n'y a plus de château, à proprement parler, à Tubise. La famille Parmentier y possède de grands biens, ainsi que les pauvres de Tournai ; ces derniers par donation de Mlle Vifquain. Dans le legs de cette dame est comprise la ferme de Neufcour, à laquelle une branche de la famille Huysman a emprunté la désignation qui la distingue. Neufcour a appartenu jadis au bâton de Crevecœur, à M. de Malcolle, à Daniel Tasselon (ce dernier, au XVIIe siècle), et, plus anciennement, au chevalier Pierre de Rippain.
L'église de Tubise avait le rang d'église-mère et était dédiée à sainte Gertrude. Elle fut successivement comprise dans le doyenné de Hal, du diocèse de Cambrai, et (après 1539), dans celui de Leeuw-Saint-Pierre, de l'archevêché de Malines. Le concordat en fit une succursale de l'église de Sainte-Gertrude à Nivelles ; depuis elle a été comprise de nouveau dans le doyenné de Hal. La paroisse comprend encore la commune de Clabecq, mais ne s'étend plus, comme jadis, sur le Sart, d'Ittre.
Le chapitre de Nivelles avait la collation de l'église déjà en l'année 1059, et les droits qu'y prétendaient quelques familles devinrent sa propriété au XIIIe siècle. Il levait la dîme de tout le village, sauf d'un petit canton, où elle appartenait à l'hôpital Saint-Nicolas, de Nivelles.
La compétence du curé fut fixée à 350 florins, le 9 février 1722, puis successivement portée le 10 novembre 1770, à 500 florins ; le 9 août 1774, à 550 florins, et le 11 juillet 1791, à 750 florins. Dès 1722, les anciens biens de la cure furent, par contre, cédés au chapitre de Nivelles, à qui on abandonna, en outre, la dotation des bénéfices de Saint-Jean et de Notre-Dame, en retour d'une compétence annuelle de 240 florins, pour l'entretien d'un vicaire. En 1787, les revenus de la cure s'élevaient à 1,302 florins, y compris le produit d'un jardin, qui avait été légué pour la célébration d'une messe, le jeudi de chaque semaine. L'habitation du pasteur de la paroisse date de 1758, comme nous l'apprend ce chronogramme, inscrit au-dessus de la porte d'entrée : taLIter ConstrVIt DeCI-Mator.
Un acte de l'an 1263 porte pour suscription : Fait en le Moustier Saint-Jehan, à Tubise. Il s'agit ici d'une chapelle de l'église, à laquelle aurait été annexé le bénéfice érigé en l'honneur du précurseur du Christ. La chapellenie de Notre-Dame remontait à l'an 1315.
La fabrique possédait, en 1787, des terres et des cens, qui ne rapportaient pas moins de 787 florins 15 sous ; son revenu actuel monte à 2,568 francs et ses biens se composent de 3 hect. 21 ares. D'après un règlement émanant du conseil de Brabant et en date du 20 avril 1718, on nommait tous les ans à Tubise un mambour de l'église et de la chapelle de Stierbecq et un mambour des pauvres. C'étaient le curé et la loi, ou, en cas de dissentiment, le conseil même, qui les choisissaient. Il y en avait en outre plusieurs recettes accessoires et particulières, telles que : la Table des trépassés (revenu, en 1787, 271 flor. 11 sous), la Table des âmes, la Table Saint-Antoine (revenu, 84 flor.), le Bassin du Rosaire (revenu, 76 flor. 11 sous), le Bassin de Saint-Roch et de Saint-Joseph (revenu, 20 flor.).
Une confrérie du Saint-Sacrement fut érigée à Tubise, en 1556.
L'église, que Van Gestel qualifie de fort ancienne (miræ antiquitalis), a été certainement édifiée pendant l'époque ogivale, mais des modifications et des additions de style renaissance en ont altéré le caractère. Après les guerres de religion, on y fit des réparations notables et on stipula alors que le chapitre de Nivelles ne devait rien fournir à la fabrique, sauf une rente annuelle de 7 florins (22 mars 1594). La tour ayant brûlé le 20 avril 1697, le chapitre et la communauté des habitants convinrent de payer par moitié les frais de restauration et les frais de refonte de la cloche décimale. Le meunier des Wallez, près de Saint-Denis en Hainaut, Louis Tamineau, entreprit la construction du béfroi où devait pendre la cloche, celle de la plate-forme de la flèche, et la confection et la pose de celle-ci, en forme de dôme, avec « une boule » de 14 à 15 pieds de diamètre, le tout moyennant 150 florins, outre 4 tonnes de petite bière et 2 de forte bière (13 août 1697). Le clocher que l’on éleva à celle époque fut sans doute modifié en 1729, époque où on y travailla de nouveau ; la commune contribua pour 500 florins à la dépense qui se fit alors.
L'intérieur de la nef a été voûté en novembre 1743, d'après l'inscription suivante, qui est inscrite sur un des arcs-doubleaux de la nef : fornIX In noVeMbrI ConstrVCtVs Deo VoVetVr.
L'édifice a la forme d'une croix latine ; les transepts en sont très peu saillants, à cause de l'existence de trois nefs. Le chœur est surmonté d'une voûte ogivale et ne comprend qu'une travée. Il se termine par un mur plat, auquel on a adossé, en 1837, une chapelle dédiée à sainte Philomène. Le restant de l'église est voûté en plein cintre, avec nervures croisées et arcs-doubleaux. La nef est séparée des bas côtés par des colonnes à base et à chapiteaux octogones, supportant des arcs en plein cintre ; une seule des quatre travées de la nef, la plus voisine de la tour, est encore surmontée de l'ogive et repose sur des colonnettes en faisceau. Les arcs des transepts et les deux grands arcs aux extrémités de la grande nef sont également ogivaux, ainsi que toutes les fenêtres. On pénètre dans l'église par deux entrées : l'une, au bas de la nef latérale droite, est précédé d'un petit porche, à l'intérieur duquel on remarque un vieux bénitier, à figure d'homme grossièrement sculptée ; l'autre entrée est sous la tour, lourde masse carrée, en pierres, percée au sommet de quatre ouvertures ogivales, et qui s'élève au bas de la grande nef ; on y remarque six élégantes colonnettes monolithes et fasciculées, dont deux se trouvent sur les côtés de la porte, et quatre soutiennent le jubé. Elles témoignent du soin qu'on avait jadis apporté à la décoration de l'édifice, qu'ornait à l'extérieur une corniche à têtes sculptées, dont une seule se voit encore, du côté de l'est.
Les autels latéraux sont dédiés à la Vierge et à saint Jean-Baptiste. Contre une colonne, au bas du collatéral de droite, on a placé un vieux tableau qui n'est pas sans mérite : Sainte Gertrude adorant les plaies du Sauveur. A l'extérieur, l'inscription suivante rappelle le souvenir des anciens possesseurs de l'usine de Clabecq :
D 0. M. | en mémoire | du sieur Nlas E. Besme | maître de forges natif | de Damoir décédé à Cla | becq le 13 août 1844 âgé | de 60 ans dont le corps I repose ici et | de son épouse | Caroline Camby décédée à Louvain le 23 7bre | 1813 munis des secours de la religion | Léopold Eloi Besme leur fils unique implore pour eux vos prières. |
L'ancien cimetière est converti en place publique; le nouveau se trouve à l'E. du chemin de fer, près du Tordoir.
A 550 m. N.-O. de l'église existait jadis une chapelle, de style ogival flamboyant, consacrée à Notre-Dame de Stierbecque ou Stierbeek ; au pied de cet oratoire, dont on aperçoit encore quelques vestiges dans une prairie dépendante de la ferme de Stierbeek, sourdait une fontaine, dont les eaux vont se mêler à celles du Ri d'Assonfosse. La chapelle fut vendue et démolie du temps des Français. En 1846, on en reconstruisit une autre, à 100 m. S.-E. de l'église, à peu de distance de la station. M. Deweuwé, doyen de Hal, la bénit l'année suivante, et y plaça l'image de Notre-Dame de Stierbeek, que l'on avait retrouvée dans la fontaine près de laquelle elle était vénerée. C'est un petit édifice assez élégamment décoré à l'intérieur et où des vitraux peints ne laissent pénétrer qu'une lumière mystérieuse. Un chronogramme inscrit sur la façade rappelle la date desa construction : aeDesDIVae VirgInI De stlerbeCq nVnCVpatae eXtrVCta fVIt. La chapelle appartient à M. J.-B. Teyssens, curé actuel de la paroisse. I
Il a existé à Coeurcq, à 200 m. E. du moulin, une chapelle qui, suivant l'opinion vulgaire, aurait été jadis une église et aurait donné son nom au hameau, mais c'est là une erreur. La chapelle de Coeurcq ne datait que du XVIe siècle. Le 1er mai 1578, Joseph Roland légua 98 florins pour la faire bénir et consacrer et pour y instituer une messe hebdomadaire.
La Table des pauvres, dont les archives du royaume possèdent les comptes, pour les années 1739 à 1773, avait, en 1787, 1,6114 florins de revenu.
Les pauvres de Tubise comptent parmi leurs bienfaiteurs, le chevalier Pierre de Ripain, dont les libéralités sont consignées dans une charte datée de la dernière semaine de mai, en 1311. Avec l'autorisation de son suzerain, le sire d'Enghien, il donna « à l’hostellerie de Lembeke » (ou Table des pauvres de Lembecq) 45 bonniers de terres, de prés, d'aunaies, de pâturages et d'aisements, à charge d'instituer un chapelain qui célébrerait la messe tous les jours ; de distribuer par an cinq muids de blé aux pauvres de Tubise appartenant à la juridiction d'Enghien et principalement à ceux de Ripain et d'Ophain ; de nourrir, de vêtir et d'entretenir constamment trois personnes «haitiés» (ou saines) de sa famille; de recevoir à l'hôpital de Lembecq, tous les habitants de Tubise, également de la juridiction d'Enghien, qui seraient «gisants au lit et non puissans d'aller par voie, qui n'auroient bien pour en être soutenus ». Si ces derniers mouraient leurs « cotes, linceuls et draps» restaient à l'hôpital, mais s'ils guérissaient, ils pouvaient reprendre tout ce qu'ils avaient avec eux. Plus tard, une partie des charges imposées à l’hôpital de Lembecq par ce legs furent acquittées par la Table des pauvres de Tubise. Il semble même qu'on établit un hôpital particulier pour cette localité, car, suivant une déclaration donnée en 1723 par le curé d'Oiskerque, le presbytère de Tubise, après avoir été incendié par des soldats allemands, fut réédifié au moyen de l'argent provenant de la vente d'un héritage où était auparavant l'hôpital. Peut-être ce dernier avait-il été doté des biens légués par le chevalier de Ripain.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l’année 1859 a été fixé comme suit :
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 212: 117 garçons et 95 filles.
L'école, qui sert également de maison commune, se trouve derrière le chœur de l'église. Elle a été établie, en 1737, par les habitants, qui l'agrandirent en 1770, en s'imposant une cotisation personnelle.
Le nommé Jean Polman a institué, le 26 octobre 1638, une fondation en faveur des enfants pauvres de la commune, pour l'étude des humanités ; le curé, le bourgmestre et les échevins en sont collateurs.
Les natifs de Tubise sont encore appelés, après les parents du même Polman, à des bourses fondées en 1646 pour l'étude de la philosophie et de la théologie, et dont l'évêque de Tournai a la collation.
Il existe à Tubise une société de musique, subsidiée par la province.
La fête communale se célébrait jadis le dimanche de l'octave de la Fête-Dieu, mais cet usage fut proscrit par un décret du conseil de Brabant, du 28 mai 14765, et depuis, la fête est reportée au dimanche suivant, le dixième après Pâques. Ce jour là, la jeunesse du lieu plantait d'habitude un mai, que donnait à cet effet le chapitre de Nivelles. Autrefois, les habitants de Lembecq apportaient à Tubise tous les ans, le jour de la Pentecôte, les reliques de Saint-Véron, qu'ils ramenaient ensuite dans leur église, avec les mêmes cérémonies. De nos jours, le culte de sainte Philomène a été introduit dans la commune et il se fait en son honneur, le premier dimanche d'août, une procession dans laquelle sa statue est portée par douze demoiselles.
En 1778, l'archevêque de Malines ayant appris que les habitants de Tubise se proposaient de jouer la comédie le dimanche de Quasimodo et de répéter cet amusement les dimanches suivants, pria le chapitre de Nivelles de leur interdire toute innovation semblable, comme étant de nature à avoir de mauvaises suites pour les mœurs de la jeunesse. Le chapitre déféra à cette invitation, le 21 avril, mais ne fut pas obéi, comme il dut l'avouer au prélat, quelque temps après.
Baudouin Housta, religieux augustin, mort à Enghien, en 1760, auteur d'un ouvrage critique assez médiocre, intitulé : Mauvaise foi de M. Fleury. Malines, 1733, in-8°.
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