On a successivement écrit Verzenau (1346), Versenal (1483, 1516, 1615, 1728, 1762), Versenault (1516, 1524, 1532, 1508) ou Verzenault (1556), Verginau (1546), Verzenal (1604), Verginal (1642, 1648, 1651, 1658, 1667, 1671, 1684, 1600, 1707, 1734, 1766, 1787), Virginal (1660, 1673, 1731, 1773), Virgineau (Waulde), Vierginal (1739), Virginal-Samme (1808 et années suivantes).
Ce nom se prononce en wallon Vesnau.
La commune de Virginal est limitrophe de celles de Ittre, Ronquières (Hainaut), Braine-le-Comte (Hainaut), Hennuyères (Hainaut) et Oiskerque.
Virginal est à 4 kilomètres d'Hennuyères et d'Oiskerque, 4 1/2 k. d'Ittre, 5 k. de Ronquières, 8 k. de Braine-le-Comte, 11 k. de Nivelles, 28 1/2 k. de Bruxelles.
L'église de Virginal se trouve située par 56 grades 27 de latitude N. et 2 grades 00 de longitude E.
L'altitude du sol est de 47 mètres à 1,400 m. E.-N.-E. de l'église, au confluent du Ri du Bois des Nonnes et de la Serinette.
Le cadastre divise le territoire de Virginal en 2 sections : la section A ou de Samme, la section B ou de Virginal.
Au 1er janvier 1850, ces sections se trouvaient morcelées en 1,384 parcelles, appartenant à 334 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 51,085-88 fr. (sol : 38,910-88 ; bâtiments : 12,175-00) et ayant une contenance de 774 hectares 75 ares 89 centiares (imposable : 757 hect. 33 a. 89 ca.; non imposable : 17 hect. 42 a. 00 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Virginal (non-compris Samme, qui ressortirait à Ittre) : en 1738, 74 maisons ; en 1773, 120 maisons ; la commune entière comprenait en 1856, 309 maisons.
Le village de Virginal, qui compte 143 maisons ; Samme, 63 maisons ; Oiskerque, 3 maisons.
Virginal occupe une situation fort pittoresque au sommet du plateau élevé qui sépare la Senne de la Sennette ; l'œil y plane sans obstacle sur un vaste panorama où de sinueuses vallées se coupent en tous sens et enlacent de leur réseau les sites les plus variés. Les principales habitations de Virginal sont groupées autour de l'église, mais le village s'étend assez loin au N.-O. et au S.-O. de ce centre. L'extrémité septentrionale, voisine de l'ancienne Justice et composée d'une douzaine de maisons, est connue sous le nom de Bouge Bouton ; l'extrémité méridionale, dont l'importance ne date que du commencement de ce siècle, compte au-delà de cent maisons, assez chétives, qui ont été construites sur l'emplacement d'une bruyère défrichée et en ont pris leur nom de Haute Bruyère et Basse Bruyère.
Samme occupe la partie septentrionale du territoire de la commune, à environ 1,200 m. N.-N.-E. de l'église. La partie occidentale de Samme est plus connue sous le nom de Jacquier (en wallon le Jauqui).
Oiskerque ne compte que 3 maisons situées à l'extrémité septentrionale du territoire et éloignées de l'église de Virginal de 3,100 m., tandis qu'elles ne sont qu'à 300 m. de l'église d'Oiskerque.
A 1,600 mètres N. de l'église, la Ferme Lacroix ; à 1,800 m. N., la Ferme du Haut-Bois ; à 1,600 m. N.-N.-E., la Ferme Willoux ; à 1,900 m. N.-N.-E., la Ferme Gosseau ; à 2,000 m. N.-N.-E., Stourme ; à 600 m. N.-E., Demaret et Picalausa ; à 1,000 m. N.-E., la Ferme du Philosophe ou Maison Blanche ; à 1,700 m. N.-E., la Ferme de Houx ou de la petite Houe ; à 2,000 m. N.-E., la Papeterie de Bestémont ou de Samme ; à 1,800 m. E.-N.-E., la Maison d'écluse 43 ; à 1,100 m. E.-N.-E., la Ferme Maxil et la Filature ; à 600 m. E., le Moulin Marsille ou Moulin de la Blanchisserie ; à 800 m. E., Pierre Minne ; à 1,SOO m. E., la ferme de la Tour d'Hasquempont ou Asquempont (Hasquinpont, 1440 ; Hasquempont, 1550 ; Hasquenpont, 1787 ; nom que M. Stroobant modifie à tort en A-Senne-Pont ou A-Samme-Pont), et la Papeterie d'Hasquempont ; à 900 m. E.-S.-E., la Ferme d'Henriamont ou Hériamont (Cense de Henrimont, 1758) ; à 1,400 m. E.-S.-E., la Ferme du Mont ; à 700 m. S.-E., à Fauvettes ; à 100 m. S.-E., Jean Druet ; à 1,400 m. S.-E., la Ferme de la Motte à Balloux (La Motte à Ballou, 1750 environ) ; à 2,100 m. S.-E., la Papeterie de Faucuwez ; à 1.200 m. S., la Ferme de la Volée ; à 1,500 m. S., la Ferme de la Nouvelle Volée ou Jean Detry, bâtie en 1846 ; à 1,800 m. S., le Vivier Hoquet ou Bemi Piret ; à 1,100 m. S.-S.-O., la Ferme Amand Cambier ; à 1,200 m. N.-O., Chouppe ; à 1,500 m. N.-O., le Berger Rinrin.
Les Hoquettes ; Pré des Chevaux ; Prés des Basses ; Surs Prés ; Prés de Samme ; Terres Charles; Terre à la mâle ; Mouton Champ ; Dix Journaux ; Ferme Bardiaux ; Pré Godeau : Grand Champ ; Pré aux Grenouilles ; Au Mayeur ; Bien Denis ; les Roussettes ; Champ du Marchand? ; Terre de Housset ; Champ Louis du Jacquier ; Pré au Comte ; Champ des Pauvres ; Champ du Moulin ; Champ Pierre Havaux ; Ferme Huleux ou Pagneau ; Pré Jeannette ; Ferme de la Viane ; Colau Ghilain ; A Galot ; .A Cheron ; A Menfroid ; Champ Jean Louis ; les Couturelles ; Espinette ; Pré du Cortil ; Champ de l'Abbaye ; Tienne au lin ; A l'Aunoit ; Champ Detry : Fermes de Samme ; Mairie de Samme ; Pageot ; Bien Renard ; les Tiennes ; Champ Longuet ; Grand Pré ; A François Hubeau ; Grand Closin : Grande Vau? ; Longue Haie ; Bois Morenard ; Champ de Santé? ; Terre à la Chapelle ; Restémont ; Petit Restémont ; Pré à la Planche ; Tienne du Houx ; Pré de la Vigne ; Pré aux Chapes ; Champ Bidaux ; Closin de Gaux ; Pré Secron ; Pré Maxil ; Petit Pré ; Long Pré ; les Dognons ; Bosquet’Haie ; Faux Bonnier ; Bruyère de la Justice ; A Meurée ; Au Poteau ; Champ Mambour ; Champ du Major ; Champ du Rossignol? ; Champ Jean Smaus ; Terres à l'Épine ; Bruyère Jonas ; Terres Bontet ; Terres Arnould ; Bois des Nonnes ; A Jean Gailly (Bois Gailly, 1750 environ) ; Au Mouton ; Terres Zerque ; Tout Vent ; Closière ; Ferme de Charleroi ; Petite Commune ; Ferme Francisse ; Grande Prairie ; Grande Terre ; Bas Enghien ; Ferme Pierre Havaux ; Pré Nicolas Havaux; Moulin à Vent ; Pré Rosé ; Thérèse Bauthier ; Pré à l'Olène ; Laverland ; A François Claus ; A Jean Albert ; Au Bosqualet ; Hamipré ; Pré Michaux ; Grand Vivier; Douze Bonniers ; Quinze Bonniers ; Pré des Vaches ; Pré Midinal? ; Passavant ; Pré du Sart ; A la Fontaine ; Jonquoit Saurcinelle ; Terres Gailly ; Trieu Forgeon? ; Dix Journaux ; Quatre Bonniers ; Mon Plaisir ; Bois de Faucuwez ; Warrant ; les Hoyaux; la Soufflette ; Pont à Faucuwez ; la Gouffe ; les Tombois ; Bois des Roques ; Vieux Cour (le Vielcour, LE ROY) ; Gaïolette ; Pré Bauthier ; Vingt-sept Bonniers ; Ferme aux Chevaux (Moulin aux Chevaux) ; Warichaix ou Warissaix ; Chemin Royal ; Chemin du Pilori ; Rue à Mattons ou Route Neuve ; Trou de l'enfer ou Trou du Bois des Nonnes ; Chemin des Belles ou du Paradis; Chemin Vert ; Pont de la Motte ; Libroye ; Chemin Paisible ; le Sartier ; Rue des Morts ; les Boutonniers ; Chemin du Chasseur; Aisette ; Cimetière ; Tienne Jean Courte ; Planche au Houx ; Ruelle Albert Minne; Sentier de la Commune; Sentier du Lièvre; FortJaco?; Peigni; Sentier du Marché de Hal ; Sentier de la Traverse ; Mont-au-Champ ; Maison Mados ; Pidos ; Amé Baudet ; Sentier Denuit ; Sentier de Fayt ; Maison Larcier ; les Pourtois ; Sentier du Garde ; Maison Stourme ; Sentier Robert ; Sentier Vandaelem ; Sentier de la Sapinière ; Sentier de la Houssière ; Arbre orienteur ; A Meline ; Philippe Dubois ; Au Sabotier ; Baille Housset ou Houzet ; Chapelle N.-D. de Consolation ; Chapelle Sainte-Anne ; Chapelle Saint-Quirin; Chapelle Sainte-Philomène ; Chapelle Jonas ; Chapelle N.-D. d'Ittre ; Chapelle du Vivier Hoquet ; Chapelle Saint- Vincent ; Chapelle Saint-Antoine ; Chapelle N.-D. de Grâce.
Le sol de Virginal est très accidenté et présente des mouvements fort variés ; des vallées profondes, mais en pente assez douce, sillonnent le territoire en tous sens. Le point culminant est vers la ferme Amand Cambier, à l'extrémité de la Basse Bruyère. Tout le plateau occupant le S.-O. de la commune et sur lequel s'élèvent la plupart des maisons du village appartient au système bruxellien qui y atteint une grande épaisseur; on fore en ce moment un puits près de la nouvelle école et à la profondeur de 25 mètres on est encore dans le même sable qu'à la surface. Une sablière est exploitée, depuis 1857, à l’0. de la Haute Bruyère. Ce terrain repose sur le système yprésien, qui ne se montre qu'en une étroite lisière pour disparaître presqu'aussitôt sous le limon hesbayen du système diluvien ; ce dernier dépôt se remarque près des fermes de la Volée et d'Henriamont, et à Samme, où il donne aux terres une fertilité qui contraste avec la végétation rabougrie des abords de Virginal.
Au-dessous du système yprésien, vers les rives de la Sennette, on rencontre le système coblentzien, depuis Faucuwez jusqu'à Restémont, où il fait place au système gedinnien, dans lequel on exploite une carrière de moellons.
Entre la Volée et Faucuwez, dans le bois des Roques, le système coblentzien est percé par des roches porphyroïdes, d'un aspect fort pittoresque, qui se prolongent jusque sur la rive droite de la Sennette. Elles ont été observées avec soin par M. Dumont qui a constaté que la partie principale est un chlorophyre schistoïde, à pâte compacte ordinairement d'un gris foncé, quelquefois d'un gris pâle, renfermant de grands parallélépipèdes de feldspath blancs, translucides ou opaques, non maclés, dont quelques uns atteignent 0 m. 005 de grandeur, et du phyllade d'un gris noirâtre ou d'un gris bleu foncé, quelquefois un peu verdâtre et plus ou moins nacré ; on y distingue aussi des lamelles chloriteuses et quelques grains de quartz hyalin vitreux grisâtre. Celle roche est porphyroïde ou schisto-porphyroïde, à feuillets grossiers, irréguliers, interrompus ; dans le premier cas, le phyllade y est en petites lames disséminées ; dans le second, il forme, à la surface des feuillets, des enduits qui ne sont interrompus que par les plus gros cristaux de feldspath. La couleur est, en général, d'un noir grisâtre tacheté de blanc. On y trouve rarement un peu de calcaire. Dans les altérations, l'eurite est gris-pâle, les cristaux de feldspath sont transformés en kaolin, ou ont, en grande partie, disparu de la masse, qui présente alors une texture schisto-celluleuse. Les parties les plus phylladifères de ce chlorophyre passent à une roche schisto-porphyroïde, d'un noir grisâtre tâcheté de blanc, que M. Dumont décrit sous le nom d'albite phylladifère, et qui est composée de phyllade noir-grisâtre ou gris-bleuâtre foncé, subluisant, et d'albite en cristaux blancs de 0m.002 à 0m.003 de longueur, parfaitement distincts dans la cassure transversale et même à la surface des feuillets, où les plus gros sont souvent saillants. Dans les altérations, le phyllade devient gris-pâle et le feldspath se transforme en kaolin. Le phyllade qui joint ces roches est quelquefois porphyroïde ou criblé de petites cellules irrégulières qui renferment des cristaux de feldspath ou des grains de quartz ; mais le plus souvent il a pris une texture compacte, une assez grande dureté, et ne renferme pas de cristaux de feldspath.
M. Dumont a observé quelques fragments d'une espèce d'eurite schistoïde blanchâtre, renfermant des grains miliaires de quartz et des paillettes micacées, à quelques centaines de mètres au N. de la roche porphyroïde de Faucuwez, à l'E. de la Volée.
Tout le territoire de Virginal appartient au bassin de l'Escaut ; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Sennette, le Sceleuri, le Ri Jeannette, le Ri Morenard, le Ri du Bois des Nonnes, le Ri de la Volée et le Ri du Bois des Roques.
La Sennette, que l'on nomme aussi Samme, vient de Ronquières et forme la limite entre Virginal et Ittre ; elle active bientôt la papeterie de Faucuwez, par une chute de 1m.83 ; reçoit le Ri de Faucuwez (r. dr.) et le Ri du Bois des Roques (r. g.), puis, un peu plus bas, le Ri du Houssoit (r. dr.) et le Ri de la Volée (r. g.) ; active par une chute de 4m. 16 la papeterie d'Hasquempont ; baigne le pied de l'antique ferme de la Tour; se grossit du Ri Ternel (r. dr.) et ensuite du Ri du Bois des Nonnes (r. g.) ; abandonne son ancien lit pour ne point traverser deux fois le canal de Charleroi et coule dans une dérivation située entièrement sur Virginal ; redevient presque aussitôt mitoyenne en recevant le Ri du Bois d'Ittre (r. dr.) et active la papeterie de Restémont par une chute de 3m.05 ; reçoit (r. d.) les eaux réunies du Ri du Sart et du Ri de la Chape ; cesse d'être mitoyenne avec Ittre, pour former la limite d'Oiskerque ; reçoit successivement le Ri Morenard (r. g.), le Ri Jeannette (r. g.) el le Sceleuri (r. g.) ; côtoie la vieille ferme du Péri, et finit par entrer complètement à Oiskerque. Le cours de la Sennette est très sinueux; sa direction générale est du S. au N., et sa longueur développée de 7,500 mètres, dont 5,000 m. mitoyens (avec Ittre et 1,800 m. mitoyens avec Oiskerque.
Le Sceleuri prend sa source vers le point de jonction des territoires de Virginal, Oiskerque et Hennuyères ; il se grossit (r. dr.) des eaux de la fontaine du Jacquier ; continue à être limitrophe d'Oiskerque; appartient un instant par ses deux rives à Virginal ; et se réunit à la Sennette (r. g.) sous la chapelle Saint-Quirin, après un parcours de 1,600 m. dans la direction du S.-O. au N.-E ; de cette longueur, 1,550 m. sont mitoyens avec Oiskerque.
Le Ri Jeannette prend sa source près de la fontaine de même nom, reçoit les eaux de la fontaine Hanicq (r. dr.), et se réunit à la Sennette (r. g.) sous la ferme Gosseau, après un parcours de 1,300 m. dans la direction du S.-O. au N.-E.
Le Ri Morenard prend sa source à la lisière du petit bois qui lui donne son nom, près de la ferme Willoux ; coule d'abord du S.-O. au N.-E., puis de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O. ; et se réunit à la Sennette (r. g.) près du confluent du Ri Jeannette, après un parcours de 1,300 mètres.
Le Ri du Bois des Nonnes, que l’on nomme aussi Ri du Bas Enghien, prend sa source à la fontaine Jaco, au N. du bois des Nonnes ; reçoit (r.g.) le tribut des fontaines de Germain Vallée, Hayette et Saint-Pierre ; continue son cours dans une vallée profonde ; active le moulin Marsille par une chute de 5 m. 39, puis un peu plus bas une petite filature ; et se réunit à la Sennette (r. g.) sous la ferme Maxil, après un parcours de 2,800 mètres dans la direction du S.-O. au N.-E.
Le Ri de la Volée prend sa source au N. de la ferme d'où il tire son nom, et se réunit à la Sennette (r. g.) sous la ferme de la Motte, après un parcours de 1,200 m. dans la direction de l'O.-S.-O. à l'E.-N.-E.
Le Ri du Bois des Roques, que l'on nomme aussi Ri du Bois de Faucuwez, prend sa source à l'extrémité S.-O. du territoire, au S. du bois de Faucuwez ; se grossit des eaux de la fontaine du Vivier Hoquet (r. dr.) ; traverse le bois des Roques ; envoie une dérivation (r. dr.) vers la papeterie de Faucuwez ; et se réunit à la Sennette (r. g.) dans la prairie des Tombois, après un parcours de 1,900 m. dans la direction de l'O. à l’E.
Les principales fontaines sont, indépendamment de celles que nous venons de citer, les fontaines Bosée, Paisible, Francisse, de la Babotte, Huet, de la Viane, Lacroix, du Chasseur, Jean Delescole.
Le canal de Bruxelles à Charleroi traverse le territoire de Virginal sur une longueur d'environ 200 mètres.
Il n'y a qu'un petit étang insignifiant, qui sert de retenue au moulin Marsille.
On comptait à Virginal (non-compris Samme) : en 1709, 228 habitants ; en 1738, environ 350 habitants, qui pour la plupart cultivaient leur propre héritage ; en 1784, 684 personnes : 4 prêtre, 236 hommes, 244 femmes, 140 garçons el 90 filles âgés de moins de 12 ans ; en l'an XIII, 762 habitants ; en cette dernière année, à Samme (qui auparavant dépendait d'Ittre), 300 habitants ; dans les deux localités réunies, au 31 décembre 1831, 1,449 habitants ; au 31 décembre 1856, 1,382 habitants.
Les registres de l'état-civil remontent à l'année 1645
Il y a jadis eu des vignobles à Virginal, comme l'indique le nom de la Vigne que porte un pré. Vers l'année 1830, M. De Fraene en établit de nouveaux, mais sans succès.
Le sol était anciennement entrecoupé de bruyères, et les bois : Bois de Faucuwez, Bois des Nonnes, Bois des Roques et Bois de Morenard, y occupent encore une superficie de 67 hectares.
La seule grande exploitation agricole est la Ferme d'Henriamont ou Hériamont (60 hect), tenue par M. Meurs (V.), appartenant aux héritiers Paul de Nivelles.
Le nombre des animaux domestiques constaté à Virginal par les recensements généraux s'élevait à
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé :
L'ancienne verge linéaire a 18 4/3 pieds de Hainaut, d'après les documents cadastraux. M. Wirix indique 18 1/2 pieds de Nivelles pour Virginal et 16 1/2 pieds de Nivelles pour Samme.
Il existe à Virginal 2 moulins à grain, ayant chacun 3 couples de meules ; l'un, le Moulin de Virginal, est mû par le vent et construit en briques ; l'autre, le Moulin Marsille, est activé par le Ri du Bois des Nonnes et occupe l'emplacement d'une ancienne blanchisserie.
Le moulin à vent fut établi en vertu d'un octroi du 22 mars 1775, accordé à Jacques-Philippe Narez à charge de payer au domaine dix rasières de froment par an, et le double, en cas de mutation de propriétaire. Le chapitre et le prévôt de Nivelles et le seigneur d'Ittre s'opposèrent vainement à l'érection de cette usine ; on leur fit observer que le village était assez peuplé et qu'il n'était assujetti à aucun droit de banalité ; L'autorisation pour le moulin du Ri du Bois des Nonnes ne date que du 30 avril 1816.
Un moulin mû par chevaux s'éleva en vertu d'une autorisation des états de Brabant, du 1er avril 1751 ; il ne subsista que jusqu'en 1771.
Une brasserie est établie à proximité de l'église.
Les exemptions d'impôt sur les objets de consommation, dont Virginal jouissait à titre de terre franche, y avaient provoqué l'établissement d'un grand nombre de brasseries à brandevin ou distilleries (il y en avait 7 en 1773) ; elles déclinèrent dès que la localité se vit placée dans les mêmes conditions que les villages voisins.
Virginal avait, il y a une cinquantaine d'années, deux fabriques à retordre le fil à dentelles et quatre mulquineries. Cette industrie a été presque anéantie lorsqu'en 1814 les produits des fabriques anglaises firent irruption en Belgique. Trois filatures de coton furent établies sans pouvoir se soutenir ; la dernière en activité était contigë à l'église : elle arrêta ses travaux en 1856 ; on vendit le matériel, et les bâtiments restent encore sans emploi. En 1857, on a monté sur le Ri du Bois des Nonnes une petite filature spécialement destinée à tordre el doubler les fils de coton ; elle n'emploie que 6 ouvriers.
La véritable industrie de la commune est la fabrication du papier, qui s'opère dans trois grandes usines situées sur la Sennette.
La Papeterie de Restémont, que l'on nomme ordinairement Papeterie de Samme, doit son origine au chirurgien Isidore Carlier, à qui un arrêté ministériel, du 8 octobre 4829, en permit l'érection ; plus tard on y annexa un moulin à blé dont le sieur Owerx commença la construction (arrêté daté du 30 septembre 1841), et qui marcha en 1845. M. Owerx ayant suspendu ses paiements, le moulin fut vendu publiquement et acheté par M. Goffin, qui le céda à M. Rayner. En 1848, ce nouvel acquéreur convertit l'usine en une papeterie, qu'il loua à sa mère, puis fut déclaré en faillite. M. Rayner exploita l’établissement pendant quelques années, puis dut à son tour suspendre ses paiements. La fabrique fut vendue publiquement et adjugée à M. Mathieu pour la société Mathieu et Cie. En 4852, M. Mathieu disparut ; la papeterie fut remise en vente et adjugée à M. Nélis, qui la fit reconstruire en grande partie, et y ajouta de nouveaux bâtiments et de nouvelles machines. L'usine restaurée marcha de nouveau en juin 1857 ; en janvier 1859, elle a été vendue à MM. Olin et G. Demeurs, ses propriétaires actuels. Indépendamment d'une machine à vapeur de 25 chevaux, l'usine dispose d'une force hydraulique de 30 chevaux, qui est utilisée par une roue en fer et par une turbine, la première, croyons-nous, que l'on ait construite et placée en Belgique ; ces moteurs activent 13 piles à triturer les chiffons. Une seconde chaudière à vapeur, de la force de 10 chevaux, donne le mouvement à une machine à fabriquer tous les papiers blancs continus; 100 ouvriers sont employés dans l'établissement, qui produit annuellement environ 350,000 kil.de papier. C'est à Restémont qu'a été fabriqué le papier employé pour l'impression de cet ouvrage.
La Papeterie d’Hasquempont remplace un très ancien moulin à blé et une foulerie que MM. Nélis et Mathieu achetèrent en.1842. Après être devenu propriétaire unique de cette usine, M. Nélis la transforma en papeterie. Les travaux, commencés en juillet 1843, furent achevés en février 1845. Cet établissement a été cédé à MM. Olin et G. Demeurs, en même temps que celui de Restémont. Les moteurs sont une machine à vapeur, de la force de 6 chevaux, et deux roues hydrauliques en fer, de la force de 20 chevaux chacune ; 8 piles alimentent une machine à papier continu qui a figuré à l'exposition de Paris en 1844 ; 70 ouvriers sont employés dans l'usine. La fabrication annuelle s'élève à environ 300,000 kil. de papiers en rouleaux pour tenture.
La Papeterie de Faucuwez, établie par M. Guilmot en vertu d'un arrêté en date du 7 septembre 1830, et appartenant actuellement à ses héritiers, est exploitée par MM. Catala frères et Cie de Braine-le-Comte. Les moteurs sont une roue hydraulique, de la force de 45 chevaux, et trois machines à vapeur, d'une force totale de 65 chevaux ; ils activent 11 piles et une machine à papier continu ; les ouvriers sont au nombre de 100 ; la fabrication annuelle s'élève à 350,000 kil.
Autrefois la fabrication des boulons d'os et de bois constituait une industrie spéciale assez florissante à. Virginal ; aujourd'hui elle est réduite à un établissement insignifiant.
La population ouvrière se compose en grande partie de terrassiers qui émigrent en été.
On compte 30 chemins vicinaux et 85 sentiers, mesurant ensemble 72,105 mètres, dont 1,746 m. étaient pavés et 1,182 m. empierrés au 31 décembre 1859.
Les ouvrages d'art établis sur ces chemins sont 7 aqueducs et 5 grands ponts, dont 2 en briques sur la Sennette et 3 en moellons sur des cours d'eau moins importants.
Le chemin de grande communication n° 10 traverse la commune sur 2,610 mètres et la longe sur 1,370 m. mitoyens avec Hennuyères.
La commune a obtenu l'autorisation d'y lever un droit de barrière, montant aux deux cinquièmes du droit ordinaire (23 mai 1849).
Le canal de Charleroi traverse Virginal sur environ 200 mètres.
Virginal occupe un plateau très élevé et d'où le regard s'étend à plusieurs lieues vers le sud. Sa position entre la Senne el la Sennette ou Samme paraît avoir attiré l'attention des Romains, à en juger par les nombreuses traces de leur séjour que l'on y a rencontrées. En bâtissant les murs du nouveau cimetière, il y a 30 ans environ, on y trouva plusieurs centaines de médailles et d'autres objets en bronze, qui furent vendus à des marchands forains comme vieux cuivre. En 1842, on déterra encore sept à huit vases de terre cuite, dont quelques-uns ornés de figures en bas-relief ; ils avaient été également vendus, quand un ancien officier, M. Roland-Marchot, ayant eu connaissance de ces découvertes, parvint à recueillir une statuette, des médailles, une bouteille de verre, un pot de terre cuite, qu'il envoya à M. le professeur Roulez. La statuette est en bronze et a 13 centimètres de hauteur ; elle représente Mercure, simplement vêtu de sa chlamyde jetée sur l'épaule gauche et tournée autour du bras ; le dieu porte dans la main droite la bourse qui constitue un de ses principaux attributs, et la configuration de l'autre main indique qu'elle tenait le caducée. Sur la tête se voient de petites ailes faiblement accusées. La jambe gauche manque, mais la fracture parait être déjà ancienne. Les médailles appartiennent au haut-empire : l'une est de Trajan, les deux autres d'Antonin. Depuis, M. Galestoot a recueilli à Virginal la meule supérieure d'un moulin à bras, une plaque circulaire, en métal poli, ayant dix centimètres de diamètre el qui parait être un miroir antique, et six médailles, dont une grand bronze de Néron, une autre de Faustine mère, et un moyen bronze de Trajan. Il doit avoir existé une bourgade en ces lieux, particulièrement à l'endroit dit La Bruyère, car rien, au dire de l'archéologue que nous venons de citer, n'y est plus commun que les fragments de tuiles et de poteries.
Lorsque M. Nélis fit démolir l'ancien moulin d'Hasquempont, on découvrit, sous les anciennes fondations, et à une profondeur d'environ 8 pieds, une couche de terre qui cachait un pavement fait avec soin et des substructions antiques ; les travaux de déblai ont également mis au jour une lampe romaine, qui se trouve en la possession du docteur Cloquet, de Feluy.
Signalons encore l'existence, vers l'extrémité S.-E. de la commune et à peu de distance des ruines de Faucuwez, à proximité de la Sennette, d'un lieu dit les Tombois.
Le nom significatif de Chemin royal est resté à la grande voie qui va de Tubise au Rœulx. La première mention de Virginal ne date que du XIIe siècle ; c'était anciennement une seigneurie de l'abbaye de Lobbes, bornée à l’0. par Hennuyères, domaine du chapitre de Nivelles et des sires d'Enghien, à l'E. par Samme, où le prévôt de Nivelles était seigneur et possédait sur les bords de la Sennette le château d'Hasquempont, qui, pendant les guerres de 1488-1489, fut fortifié par le seigneur de Faucuwez.
Les troupes de Louis XIV causèrent à plusieurs reprises de grands dégâts à Virginal. Le 16 juillet 1656, elles y incendièrent la cure et y pillèrent l'église et les maisons ; dès l'année 1675, les habitants se plaignaient d'être ruinés par les ravages des Français, et leur détresse ne fit que croître pendant les années suivantes jusqu'au rétablissement de la paix, en 1713.
Après la première invasion des républicains français en Belgique, les échevins de Samme, « se conformant au contenu du manifeste de la nation française publié par ordre du général Dumouriez », déclarèrent ne plus vouloir user des droits qui leur avaient été délégués par leurs ci-devant seigneurs ; afin que le village ne restât pas sans administrateurs, ils convoquèrent tous les habitants âgés de 21 ans et plus, pour élire un maire, sept officiers municipaux et un greffier (30 déc. 1792). A la suite de l'invasion de 1794, Virginal fut compris dans le canton de Tubise ; un arrêté du commissaire près les départements réunis, Boutteville, érigea en commune distincte ressortissant au même canton, l'ancienne seigneurie de Samme, qui faisait auparavant partie d'Ittre (28 floréal an IV, 17 mai 1796). L'administration municipale du canton donna à Samme pour limite, du côté d'Ittre, la petite rivière la Sennette (1er thermidor et 4 fructidor an V), ce qui fut ratifié par l'administration centrale du département, le 9 fructidor an V (27 août 1797) ; il en résulta qu'une partie de Faucuwez fut également comprise dans la nouvelle juridiction et séparée d'Ittre.
Dès l'an VIII se manifesta le projet de réunir Virginal et Samme, dont les habitations semblent se confondre. La première de ces localités était la plus populeuse (la différence en sa faveur égalait celle de 7 à 3), mais il s'y rencontrait aussi plus d'indigents ; Samme avait un territoire fort étendu et qui englobait pour ainsi dire celui de Virginal, sauf vers l'O., mais il ne s'y trouvait que peu d'habitations. A la suite de délibérations des deux conseils communaux (du 28 pluviôse an XII), et d'un avis approbatif du préfet (du 14 novembre 1807), la réunion fut décrétée à Paris, le 22 janvier 1808.
Le territoire qui compose la commune de Virginal était jadis, comme nous venons de le voir, partagé en deux fractions bien distinctes : l'une, la plus considérable en étendue, faisant partie du village voisin d'Ittre ; I autre constituant une juridiction distincte, sous le nom de Virginal. La première était comprise dans la mairie de Nivelles ; la seconde ne ressortissait à aucune mairie, mais était comptée parmi les terres franches du Brabant, c'est-à-dire parmi les localités de cette province, où on ne levait pas d'impôts ordinaires.
Cette situation exceptionnelle provenait de ce que Virginal appartenait de temps immémorial à l'abbaye de Lobbes, l'un des plus puissants monastères de l'évêché et pays de Liège. On a supposé, avec quelque fondement, que Virginal fut l'un des biens que sainte Rainilde, sœur de sainte Gudule, donna a l'abbaye précitée, en même temps que le village de Saintes, au septième siècle. Dans la suite, les religieux de Lobbes établirent à Virginal un avoué chargé de maintenir leurs droits, mais qui, comme tous ses confrères, accrut son autorité au détriment de celle de la corporation dont il aurait dû être le défenseur.
Lorsque Engelbert d'Enghien céda à son gendre Paul Ooghe la seigneurie de Faucuwez, il voulut retenir ce qu'il possédait à Virginal ; des docteurs de l'université de Louvain ayant condamné ses prétentions, il renonça à la seigneurie de Virginal, en présence des échevins de ce village, dans une réunion solennelle qui eut lieu au château de La Folie, sur les Ecaussinnes, le 3 septembre 1483. Paul Ooghe essaya plus tard d'étendre ses droits au détriment de ceux de l'abbaye de Lobbes. A son instigation, le bailli, le maire et les échevins s'assemblèrent le 1er août 1516, et firent rédiger une déclaration des droits respectifs du seigneur, de l'abbé et des habitants. Ceux-ci étaient « francq de touttes tailles, aides et impositions envers tous princes, ducqs et seigneurs, » et toute personne, de quelque pays qu'elle fût, était « francq de tout cas criminel ou civil, » pourvu que le seigneur ou son bailli eût jugé que franchise (c'est-à-dire asile) pouvait lui être accordée. Au .seigneur de Faucuwez appartenait la haute, moyenne et basse justice, le droit de nommer un bailli et un sergent, celui de lever des cens et rentes, la propriété du tiers du bois, la garenne des conins (ou lapins) dans tout le village, un droit de douzaine, s'élevant à un vieux gros (ou un sou 18 deniers), sur tout chef de famille ne possédant pas au moins deux bonniers, une prison d'où les malfaiteurs ne pouvaient être conduits ni à Faucuwez, ni ailleurs au dehors de Virginal. Outre les deux autres tiers du bois, des cens et rentes, la collation de la cure, la grande et la petite dîme, l'abbé avait le droit de nommer les sept échevins, ainsi que le mayeur ou maire, qui, toutefois, étaient tenus de prêter serment au seigneur ; ce tribunal jugeait au civil et au criminel, et choisissait un clerc ou greffier et un sergent.
Le 2 mars 1533, le maire et les échevins de Virginal firent une nouvelle déclaration de ce genre, à la requête de Colard le Meuve, maire d'Ittre, délégué du fils de Paul Ooghe, Louis d'Enghien, seigneur de Faucuwez. L'abbé de Lobbes, ayant considéré ces actes comme des atteintes portées à son autorité, et intenté un procès à Louis, on désigna deux arbitres : Martin Bertran, chanoine de Saint-Rombaut à Malines, et Artus de Longueval, maire de Nivelles, dont la sentence termina la contestation. Le record de l'an 1516 fut annulé, et la haute, moyenne et basse justice, ainsi que la perception des amendes de toute nature et des tonlieux, l'entretien de la prison etc., furent déclarés appartenir par indivis à l'abbé et au seigneur, sauf que ce dernier, en qualité d'avoué, était seul chargé de l'exécution des criminels. L'abbé nommait le maire et quatre échevins, les trois autres échevins étaient désignés par le seigneur, à qui le maire devait prêter serment. L'un et l'autre conservait les droits réels que leur attribuait la déclaration de l'an 1516. Comme il y avait aussi contestation au sujet de Ia localité où les échevins devaient aller à chef de sens, il fut stipulé qu'en matière réelle, ils iraient à Lobbes et de là aux échevins de Liège, mais, quand il s'agirait d'actions personnelles et criminelles, on s'adresserait à la localité la plus proche de Virginal, de l'avis de deux seigneurs (5 mars 1545-1546).
Les habitants prétendaient avoir des coutumes particulières, dont le texte incomplet a été retrouvé par M. l'abbé Stroobant dans les archives du village. A ce que dit Blondeau, « ils les observaient opiniâtrement, et ne se souciaient nullement des désordres qu'ils commettaient, s'imaginant ne pouvoir être censurés que par leur souverain imaginaire ». Ces coutumes, dont la partie connue ne contient pas moins de 128 articles, n'ont aucun caractère d'authenticité et n'ont reçu de sanction d'aucune autorité supérieure. C'est de leur chef que les échevins y stipulent qu'il n'y a pas d'appel des jugements rendus par eux en matière civile, criminelle et personnelle, que seulement le sire de Faucuwez, à la demande d'une des parties, peut ordonner une sentence par révision.
Ces prétentions à l'indépendance ne furent pas longtemps tolérées. Malgré les réclamations des habitants, qu'appuyaient les agents du prince de Liège à Bruxelles, le gouvernement espagnol persista à imposer à Virginal ainsi qu'aux autres terres franches, l'obligation d'entretenir quelques cavaliers, dont le nombre fut fixé à trois par le gouverneur général, le 24 novembre 1654. En vertu d'un édit de l'an 1665, Virginal fut imposé à une ration et demie par jour, à 13 sous la ration, puis seulement à une place (ou ration, évaluée 270 florins par an), qui fut réduite à une demi-place le 28 février 1684, rétablie à son premier taux le 15 janvier 1703, et enfin réduite d'un quart le 28 nov. 1707.
Les Herzelles, seigneurs de Faucuwez, avant été investis des fonctions de drossard de Brabant, aidèrent le gouvernement à restreindre les droits que s'attribuaient les habitants et l'abbé de Lobbes. Le 2 mai 1671, le maire Jean Gïllis fut arrêté et emprisonné à la Steenporte, à Bruxelles, sous la prévention d'avoir soustrait à la justice plusieurs voleurs, recélé des objets dérobés, vilipendé les ordonnances seigneuriales et commis des actes de concussion. L'accusé soutint qu'il avait été arrêté sur le territoire du pays de Liège, et demanda sa mise en liberté, mais le conseil de Brabant repoussa cette réclamation, parce que Virginal faisait partie du duché. Gillis fut cependant relâché et continua à exercer les fonctions de maire.
Guillaume-Philippe de Herzelles ayant fait réclamer le paiement du droit de « goubau et gambaige » que lui devaient les brasseurs, ceux-ci s'y refusèrent et maltraitèrent un de ses domestiques. Une sentence des échevins les condamna à payer chacun au seigneur une tonne de bière tous les ans, plus deux tonneaux pour les arrérages dus (22 septembre 1685) ; à la suite de nouvelles difficultés, on les admît, en 1693, à s'exempter de ce droit, à la condition délivrer tous ensemble trois tonneaux de leur meilleure bière, par an. Le droit consistait anciennement en 2 pots par tonneau brassé, et 2 sous par roue, par chariot ou charrette emportant de la bière. On donnait en outre pour droit d'afforage, 4 pots de bière par brassin, au profit des échevins.
Le seigneur prélevait encore par bonnier un droit de terrage, consistant en 21 deniers. Le bailli de Virginal partageait le soin de rendre la justice au criminel, avec le maire et les échevins, qui jugeaient seuls les affaires civiles. Ce que l'on nommait les vertes amendes était abandonné au bailli et au maire.
A Samme, le prévôt du chapitre de Nivelles avait sept échevins, qui connaissaient de tous les cas civils ou criminels ; les deux tiers des amendes, dont, le troisième tiers appartenait au maire héréditaire de Samme ; une moitié de la rivière longeant le village et dont l'autre moitié était également à ce maire ; une maison, deux tours, la prison, 57 bonniers de terres, 7 bonniers 3 journaux de prés ; le moulin d'Hasquempont, avec 60 bonniers 3 journaux de prés dits les Communs Prés; quelques courtils ou chaumières, assujettis à payer un cens le jour de Saint-Etienne ; 124 bonniers de masuyers ou tenanciers, devant cens et rentes le jour de la Saint-Thomas, cens et rentes qui s'élevaient, 1550, à 40 vieux gros, 36 chapons, 6 muids d'avoine, plus, pour droit de congé, un vieux gros par bonnier. De cette seigneurie relevaient plusieurs pleins fiefs, notamment la mairie héréditaire de Samme, qui appartenait en 1550 à Jean de Cœurcq.
Les sires d'Enghien et de Faucuwez disputèrent longtemps au prévôt la haute, moyenne et basse justice de Samme, la connaissance des « vendaiges» ou transports de biens, avec la perception du droit de congé, et le droit de prélever la mainmorte en la maison d'Hasquempont, appartenant au prévôt. Le 17 juin 1433, le conseil ducal adjugea à celui-ci la connaissance des transports des biens, puis le 2 avril 1410, il mit fin au surplus du différend. En vertu de cette dernière décision, le sire d'Enghien et son parent Engelbert, seigneur de Rameru, Faucuwez etc., devaient constituer un homme suffisant qui tiendrait en fief du prévôt la mairie de Samme, avec ce qui en dépendait : la haute justice, 12 courtils, un cens de 12 vieux gros, 12 chapons, 12 corvées, les hommages dits de la Mairie, le droit de congé sur les biens tenus de celle-ci, le tiers des amendes à Samme, la moitié de la rivière etc. Pour le cas où le maire se rendrait coupable de quelque méfait envers le prévôt, il serait puni suivant la gravité du fait et remplacé sans qu'il y eût lieu de confisquer le fief. Le maire pouvait admettre à composition celui qui aurait encouru la peine de mort, mais, d'un autre côté, les frais d'exécution n'incombaient qu'à lui seul, et s'il y avait des biens forfaits, le maire s'en adjugeait un tiers, le prévôt les deux autres tiers. On reconnut aux d'Enghien le droit de lever la mainmorte à Hasquempont, mais non sur le prévôt lui-même, ni sur les gens étant constamment à son service. Les frais de procès, taxés à 150 saluts d'or, furent mis à la charge des deux seigneurs. A en juger par les termes de cet accord, l'avouerie de la seigneurie de Samme appartenait en partie aux sires d'Enghien et en partie aux sires de Faucuwez. Ceux-ci y levaient la dîme, grande et petite, qu'ils cédèrent en 1446-1447, à l'abbaye de Cambron, et dont le revenu annuel s'éleva, en 1787, à 1,757 florins.
Le pilori de Virginal se trouvait près du bois de Hennuyères, à l'endroit dit encore Bruyère de la Justice; celui de Samme, près de la chapelle Saint-Vincent et du magnifique verger de la ferme qui conserve le nom de Mairie de Samme. Le greffe de Nivelles possède les registres des échevins de la première localité, pour les années 1743 à 1795, et de ceux de la seconde, pour 1730 à 1796. Dans l'une comme dans l'autre, les actes se rédigeaient en français : à Virginal, dès l'an 1474, à Samme, dès 1346.
Virginal et Samme ont d'abord fait partie du canton de Tubise ; ils ont été annexés au canton de Nivelles en l'an X, puis, en l'an 1808, réunis en une seule commune. Virginal est actuellement divisé en deux sections électorales, comprenant, l'une Virginal et les hameaux non désignés, l'autre Samme ; sept conseillers doivent être choisis parmi les éligibles de la première section, deux parmi ceux de la seconde.
Un arrêté royal du 31 mai 1838 a reconnu les armoiries de la commune ; elles sont d'argen tà une clef de sable.
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
La seule construction remarquable est la Tour d'Hasquempont, ancienne forteresse qui commandait le passage de la Sennette et qui fut plus d'une fois occupée militairement.
Jadis il y avait là une ferme dite de la Tour d’Hasquempont, sur Samme, et que la république française vendit, le 13 frimaire an VIII, avec 39 bonniers de terres et de prés, comme bien national provenant du chapitre de Nivelles ; ce fut Henriette Plovits qui l'acheta, au prix de 11,650 livres. Depuis ce bien passa au marquis de Saive. La ferme ne comprend plus que quelques bâtiments sans cohésion, ni importance ; seulement on a conservé et récemment restauré la tour qui lui a valu son nom. C'est une massive construction en pierres, d'un appareil très irrégulier, et présentant deux corps de logis de forme carrée et juxtaposés, dont le plus oriental a moins de profondeur que l'autre. Il y a deux étages au-dessus du rez-de-chaussée. Les fenêtres sont de formes variées, et l'une d'elles est surmontée d'une arcature cintrée, fermée par une pierre formant tympan, comme on en remarque à la brasserie de l'abbaye de Villers. Dans la muraille faisant face à la Sennette est placé un écusson aux armes des Cotereau de Clabecq.
L'église de Saint-Pierre à Virginal n'avait anciennement que le rang de quarte-chapelle. Elle faisait partie du diocèse de Cambrai et du doyenné de Hal ; en 1559, elle devint une paroisse de l'évêché de Namur et du doyenné de Nivelles. A la suite du concordat on la comprit dans l'archevêché de Malines et on en fit une succursale de la cure de Sainte-Gertrude à Nivelles. Le hameau de Samme lui fut alors annexé ; antérieurement il dépendait de la paroisse d'Ittre, dont les curés, depuis un temps immémorial, donnaient à ceux de Virginal, pour le desservir, deux rasières de seigle qui se prélevaient sur les revenus des pauvres.
L'autel de Virginal fut donné par l'évêque de Cambrai, Nicolas, à l'abbé de Lobbes, Franco, qui mourut en 1163. Le curé percevait la dîme dans tout le village sauf sur dix bonniers qui étaient exempts de cette charge. Son revenu total s'élevait, en 1787, à 597 florins, et celui de l'église à 84 florins 18 sous (aujourd’hui à 1,572 francs). Il y avait anciennement deux cantuaires, sous l'invocation de la Vierge et de Saint-Nicolas, et tous deux faiblement dotés.
A la fin du siècle dernier, l'église était signalée comme caduque, petite et à peine suffisante pour contenir la moitié de la population. Elle n'avait que 47 pieds de long sur 27 de large et 20 de haut, plus un chœur de 18 pieds sur 16, et devait être fort ancienne, car le chœur ne recevait le jour que par deux petites lucarnes. Dès l'année 1819, le conseil communal et la fabrique demandèrent au gouvernement un subside pour les aider à reconstruire leur temple paroissial et à établir un nouveau cimetière. Ayant enfin réussi, ils mirent les mains à l'œuvre, et au 14 mars 1827, on ne voyait plus de vestiges de l'église ancienne, dont la démolition avait fourni une forêt de bois de charpente.
Le 15 juillet suivant, on célébra la première messe dans la nouvelle église, dont le clocher s'éleva l'année suivante, et qui fut bénite le 7 juillet 1829 par le doyen Charles Celliès, curé de Baulers. Cette triste construction, dont les plans ont été fournis par M. Moreau, de Nivelles, coûta 16,789 florins ; elle est bâtie en briques, dans un style lourd et disgracieux, surtout à l'extérieur ; elle ne s'harmonise que trop avec les bâtiments de la filature voisine, dont on la croirait une dépendance. Un clocher carré s'élève en tête de la nef, qui se compose de quatre travées, divisées en trois vaisseaux par deux rangées de colonnes doriques; vers l'est se trouve un chœur très simple, et le tout est éclairé (si le mot peut s’employer ici) par dix fenêtres à anse de panier, dont il est question de modifier les dimensions. Des voûtes recouvrent la nef, les collatéraux n'ont qu'un plafond.
Les autels secondaires de la Vierge et de Saint-Pierre proviennent de l'ancienne église et contrastent par leur style renaissance ornée avec la nudité du temple. Le seul objet d'art à citer est une statue de Saint François-Xavier, par le sculpteur Malfait. Les orgues sont de Van Petegnem, de Gand ; les deux cloches, de Vander Gheyn, de Louvain.
Le cimetière se trouve à 300 pas à l'O. de l'église.
Vers l'année 1600, on bâtit au hameau du Jacquier une chapelle dédiée à Notre-Dame des Sept-Douleurs et à Saint-Roch. En 1634, elle fut restaurée et l'autorité diocésaine permit d'y célébrer la messe, mais en 1656, des soldats français la pillèrent, et, l'année suivante, à cause du mauvais état de l'oratoire, on défendit d'y dire l'office divin. Ce fut alors que les vicaires généraux de l'évêché de Namur consentirent à ce qu'on employât les revenus de la chapelle à faire chanter à Virginal une première messe, pour la facilité des habitants de Samme (22 avril 1669). La chapelle de Notre-Dame de la Consolation, à proximité du cimetière, est très fréquentée. On y lit au-dessus de la porte la date 1702, et sur l'autel, la date 1672.
En 1787, les revenus particuliers de la chapelle consistaient en 18 florins 9 sous.
A la suite de quelques contestations entre les religieuses du Béguinage de Nivelles, l'une d'elles, Sophie Crousse, fonda à Virginal un couvent des dames des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie ; cette communauté s'établit, le 31 juillet 1841, dans une ancienne filature, non loin de l'église; le curé du village bénit la chapelle conventuelle, le 6 décembre suivant. Les sœurs sont au nombre de douze environ ; elles tiennent un pensionnat et un externat, et leur école est adoptée par la commune pour l'instruction des filles pauvres.
Les coutumes de Virginal y constatent l'existence d'une maladrerie, «près du grand chemin », où les ladres ou lépreux devaient se retirer.
Le village fut doté, le 12 juin 1754, d'un règlement ayant pour but d'empêcher les indigents étrangers de s'y établir, et où l'on oblige toute personne qui vient y habiter à fournir une caution de 300 florins.
En 1787, les revenus de la table des pauvres montaient à 560 florins, provenant en partie des libéralités de Charles-Ferdinand de Herzelles (voir l'article Ittre) ; en 1794, il se trouvait dans le village 298 pauvres, auxquels on distribuait par an 706 florins. La table des pauvres de Samme prélevait, outre quelques redevances, la moitié de la dîme de Novolomont, qui produisit, en 1787, 238 florins; mais la suppression de l'ancien régime lui enleva celte dernière ressource.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevée à 130 : 74 garçons et 56 filles.
On construit en ce moment, entre le cimetière et l'église de Virginal, un beau bâtiment d'école.
La commune célèbre annuellement deux fêtes : le dimanche après la solennité des Saints Pierre et Paul et le dernier dimanche d'août ; le hameau du Bouge Boulon a sa fête particulière, à l'Ascension.
Roulez, Découverte d'antiquités romaines à Virginal-Samme (Bulletins de l'Académie des sciences et belles-lettres de Bruxelles, t. X, 2e partie, p. 328).
L'abbé Corneille Stroobant, Histoire de la commune de Virginal. Bruxelles. Dehou, 1853, un vol. in-8° de 572 pages, avec carte et planches.
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