La petite, mais commerçante ville de Wavre remonte sans doute à une époque reculée; lorsqu'on la mentionne pour la deuxième fois, en l'an 1086, elle avait déjà acquis une certaine importance. Son nom, qui s'écrit en flamand Waver et se prononce en wallon Hôff, apparaît d'abord sous les formes latines Wavera (1050, 1086, 1125, 1132, 1168, 1173, 1226, 1245, 1441 etc.), Wavria (1218, 1226, 1227, 1626) et, plus rarement, Wavra (1202, 1275) ou Wavrea. Guavera ne se rencontre que dans une bulle papale de l'an 1105. On trouve aussi Waver (1100 environ, 1226), ou plutôt Wavere (1100 environ, 1159, 1212, 1226, 1323, 1383, 1436), et la forme romane ou française Wavre (1188, 1202, 1374, 1405, 1434, 1440, 1491, 1543, 1695) obtient enfin la préférence. Quelquefois on dit Wavera Superior (1204, 1247), afin de faire la distinction entre Haute-Wavre, le bourg même, et le hameau de Basse-Wavre. Le nom de Wavre aux Moines, que Gramaye attribue à Wavre, appartient plutôt à Basse-Wavre, où a existé un prieuré de l'ordre de Saint-Benoît.
On n'est pas d'accord sur l'étymologie du mot Wavre. Dans un des meilleurs ouvrages consacrés aux antiquités du pays (Schaves et Piot, les Pays-Bas avant et pendant la domination romaine, t. III, p. 254), on le fait dériver de wouver, wyver et vyver, vivier, marécage, et cette opinion peut s'étayer du sceau même du bourg, qui offre trois feuilles de nymphaea lutea ou nénuphar, cette belle plante de nos marais et de nos étangs. Le nom de Wavre est encore porté par deux autres communes de la Belgique : Wavre-Notre-Dame et Wavre-Sainte-Catherine, aux portes de Malines, et une troisième commune, contigüe aux précédentes, Putte, s'est longtemps appelée Wavre-Saint-Nicolas; mais l'origine de ces trois dénominations est connue et provient du Warenvald (1008) ou bois de Wavre, dans lequel ces villages furent établis au XIIIe siècle. On pourrait peut-être rattacher Wavre à la même souche que Gavere, commune de la Flandre orientale, qui doit son nom, d'après De Smet, aux belles prairies qui l'environnent. La forme Gavere n'est pas rare en Flandre et Willems nous apprend qu'entre Harlebeke et Deerlyck, à Calcken, à Ideghem, à Tronchiennes, certaines prairies sont nommées gavers ou gaverweiden. La forme Waver y est moins commune et ne se rencontre, croyons-nous, que dans un hameau de Moorsel, à la lisière du Brabant; mais elle apparaît dans d'autres provinces où elle entre dans la composition de plusieurs noms : Wavreille (Namur); Wavremont, dépendance d'Assesse (Namur); Wavremont, dép. de Stavelot (Liège); Wauverdries, dép. de Lubbeek; Wauveringen, dép. de Tourneppe.
En Hollande, on trouve les seigneuries de Waveren et Waverveen dans la commune de Vinkeveen (Utrecht) et le hameau de Ryke-Waver, dépendance de Ouder-Amstel (Noord-Holland). Il y existe aussi une rivière nommée de Waver.
En Angleterre, on connaît le hameau de Waverley, dans le comté de Surrey.
Mais c'est en France surtout que le nom de Wavre est répandu, avec quelques variantes orthographiques. La forme pure apparaît dans Wavrechin-sous-Denain (Nord), Wavrechin-sous-Faulx (Nord), Wavrin (Nord), Wavrille (Meuse). La substitution du V au W a produit la Vavre, dépendances de Bény (Ain) et de Saint-Martin-du-Mont (Ain) ; les Vavres, dépendances de Malafretaz (Ain), de Marboz (Ain), de Bazaiges (Indre), de Perreux (Loire) et de Saint-Germain-la-Montagne (Loire). Nous ne voyons qu'une différence de prononciation dans la Voivre (Haute-Saône), (Vosges), dépendances de Vaucouleurs (Meuse), de Brouville (Meurthe), de Flavigny (Meurthe ) et de Glonville (Meurthe); les Voivres (Sarthe), (Vosges), dépendance de Amont (Haute-Saône). Cette dernière variante nous amène à la forme la plus intéressante parce qu'elle rappelle l'ancien pagus Vabrensis (pagus Wabrinsis, 691; Vabrinsis, 706; Wabrensis, 776), qui était compris en grande partie dans le département de la Meuse; nous voulons parler de la région nommée Voivre, Woèvre, Woèpvre ou Wepvre, à laquelle appartiennent la Forêt de Woèvre, le Bois de Woèvre et les communes de Fresnes-en-Woèvre, Ville-en-W., Tour-en-W., Saulx-en-W., Wadonville-en-W., Rupt-en-W., Savonnières-en-W., Broussey-en-W., Manoncourt-en-W. etc.
La commune de Wavre est limitrophe de celles de Ottenbourg , Grez-Doiceau, Dion-le-Val, Dion-le-Mont, Corroy-le-Grand, Ottignies, Limal, Bierges, Rosières et Overyssche.
Wavre est à 2 kilomètres de Bierges, 4 kilom. de Ottenbourg, Dion-le-Val et Limal, 5 kilom. de Dion-le-Mont et Rosières, 7 kilom. d'Ottignies, 7 1/2 kilom. de Grez, 9 kilom. de Corroy-le-Grand et Overyssche, 25 kilom. de Bruxelles, 28 1/2 kilom. de Nivelles.
L'hôtel de ville de Wavre, qui est installé dans l'ancien couvent des Carmes, se trouve situé par 56 grades 35 de latitude N. et 2 grades 52 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'église des Carmes est de 44 mètres 47.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Wavre a été clos le 20 mars 1800; les plans parcellaires dressés conformément à ce procès-verbal ont été approuvés le 1er décembre 1808.
Le cadastre divise le territoire de Wavre en 13 sections : la section A ou de Bilande, la section B ou de la Tombe et de la Ferme des Templiers, la section C ou de Schindelle et du Champ des Corroyés, la section D ou du Château de la Bawette et de Stadt, la section E ou de l’Hôtel et des Hayettes, la section F ou des Warlandes et de Basse-Wavre, la section G ou de Basse-Wavre, la section H ou de Cherémont et du Bois du Tour, la section I ou de Louvrange et du Champ de TerIonval, la section J ou de la Justice, la section L ou de Borgendael, la section M ou de la Ville, la section N ou du Champ Sainte-Anne et de la Ferme du Ri.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 4,272 parcelles, appartenant à 1,038 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 203,190-29 fr. (sol : 108,03:5-29 ; bâtiments : 95,157-00) et ayant une contenance de 2,140 hectares 00 ares 40 centiares (imposable : 2,007 hect. 38 a. 50 ca. ; non imposable : 78 hect. 01 a. 84 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, on évaluait la contenance de la commune à 1,405 bonniers 3 journaux, dont 979 b. 1 j. 43 verges de terres labourables (parmi lesquels 15 b. dépendant de la poste royale et 92 b. 43 verges appartenant à l'ordre de Malte); 88 b. 2 j. de prés à foin (dont 9 b. 2 j. appartenant à l'ordre de Malte); 37 b. 3j. de prés communs; 303 b. 1 j. de bois (dont 34 b. 2 j. formant le Bois de Beumont et 53 b. 3 j. appartenant à l'ordre de Malte); 3 b. 09 verges compris dans le prieuré de Wavre.
On comptait à Wavre : en 1574, 105 ménages, plus ^1 habitant dans la juridiction de Basse - Wavre; en 1430, 170 foyers, dont 48 de pauvres; en 1451, 100 foyers; en 1404, 194 foyers; en 1472, 203 loyers; en 1492, 84 foyers, outre 18 à Basse-Wavre; en 1520, 245 maisons, dont 22 inhabitées, une servant d'hôpital, et, en plus, un prieuré, occupé par dix personnes; en 1004, plus de 190 maisons, dans le bourg seul; en 1686, ? maisons, outre 2 moulins; en 1695, plus de 300 maisons, dans le bourg; en 1713, plus de 200 maisons, dans le bourg; en l'an IV, 794 maisons; au 31 décembre 1850, 1270 maisons.
La ville de Wavre, qui compte 1,014 maisons; le village de Basse-Wavre, 139 maisons; Louvrange, 39 maisons; le Ri, 18 maisons; Stadt, 60 maisons.
La ville de Wavre occupe à peu près le centre de la Belgique; elle est bâtie dans la vallée assez marécageuse de la Dyle, à la jonction de cinq routes qui se dirigent respectivement vers Bruxelles, Louvain, Andenne, Namur et Nivelles. Sauf ces grandes artères, les rues sont généralement courtes et peu larges, mais bien percées; trois places publiques, dont l'une est fort vaste, ajoutent à la beauté et à la salubrité de la ville. Les édifices publics ne sont pas nombreux : l'hôtel de ville et la justice de paix sont installés dans l'ancien couvent des Cannes, où l'on a trouvé place, en outre, pour l'école moyenne; la gendarmerie est logée dans une partie de l'ancien couvent des Récollets; l'hôpital de la Charité et l'hospice Pelescaille occupent des maisons d'un aspect très ordinaire; l'école primaire seule possède un local construit pour sa destination.
Wavre a deux faubourgs : le Borgendael (le Bourghendal, an IV), à l'O.-N.-O., qui compte 39 maisons; Aisemont (an IV), à l'E.-S.-E., qui en compte 44. Ils s'étendent sur le versant des collines qui dessinent le bassin de la Dyle. On pourrait considérer comme un troisième faubourg les dernières maisons de la commune de Bierges, qui avoisinent l'intersection du chemin de fer et de la route de Nivelles. Le bourg parait avoir été fortifié au moyen âge, car, en l'an IV, on mentionne encore, comme lieux dits : la Vieille porte de Bruxelles et la Porte de Louvain.
La Basse-Wavre (Wavera inferior; Cloester Wavre, 1383; Singele van Ouser Vrounen, 1492; Wavre-Notre-Dame; Bas-Wavre, an IV; Basse-Wavre, an XIII) doit son nom à sa situation en aval de la ville, au bord de la Dyle. Elle se trouve à 1.500 mètres E.-N.-E. de Wavre, à laquelle elle est reliée par la chaussée de Louvain, sur le côté droit de la rivière, et par une avenue, sur le côté gauche. Ce village doit toute son importance à l'ancien prieuré, dont les bâtiments sont occupés par un petit séminaire, et à la papeterie qui est établie contre le presbytère, en face d'un étang.
Le hameau de Louvrange (Lovrenges, 1215; Lourrange, 1616, 1665, an IV; Louvrenge, an Xlll; Lovringe, LE ROY) se trouve à 3,000 mètres S.-E. de la ville; il se compose de fermes et de maisons éparses et se prolonge sur le territoire de Dion-le-Mont et de Corroy-le-Grand; on y rattache toutes les habitations isolées situées au sud de la route de Perwez.
Le Ri, que l'on écrit quelquefois Rys (le Rieuwe, 1183; le Riecule, 1374; Rieuwe ou Riwre, 1440; au Ry, dessous le Bois de Beumont, 1686; les Rieux, an IV; le Ry, an XIII), est un hameau sans importance qui ne compte que quelques maisons construites le long de la route de Bruxelles, à 1,600 mètres N.-O. de l'hôtel de ville, au pied de la colline sur laquelle s'élève le château de la Bawette; l'une de ces maisons porte le nom de l'Orangerie.
Le hameau de Stadt (Al Stadt, 1570, 1686; Stadt, an IV, an XIII) occupe le sommet d'un coteau à pente abrupte, qui est éloigné de 1,500 m. N. de Wavre.
A 4,900 mètres N. de l'hôtel de ville, la ferme de Bilande, que l'on écrit aussi Bilandre et qui devrait peut-être s'orthographier Bylane, c'est-à-dire près de la Lasne (Bilania, locus qui Bilania nuncupatur, 1173; Curtis Bilania, super aquam Lanne, 1177 Bilana, 1204; Bylane, 1627; Bilaenen, 1630; Cense de Bilandes, 1787; Cense de Bilande, an IV ; Cense de Bylandt, an V) ; à 1,600 m. N.-E., la ferme de l’Hôtel (Cense de l'Hôtel, an IV), que nous croyons avoir appartenu jadis aux seigneurs de Wavre, sous le nom de Manoir au Sart (1372, 1494) ; à 2,100 m. N.-E., le Culot (au Culoz, 1610), écart de 8 maisons; à 2,200 m. E.-N.-E., la Ferme Delescaille; à 1,200 m. E., la ferme de Cherémont (Kenimont, 1160 environ; Kininmont, 1204; Kennemont, 1383; Keuriemont, 1374; Cense de Cherémont, an IV, finXIlI); à 3,000m. S.-E.,la ferme Minet et la Ferme Wauters; à 2,100 m. S.-E., la Maison du Berger ou Maison Charlanet et Ste-Anne; à 3,400 m. S.-S.-E., la Bawetle ou Ferme de I.ouvrange; à 4,000 m. S., la ferme de Lauzelle (Auzele, 1095 environ, 1148; Curtis de l'Auzele, 1110; Curtis de Ausele, 1147; Court de lauzele, 1255; Maison de Lautrisele, 1264; Lauwiselle, 1277; Laweselle ou Lauweselle, 1140; Cense de Lauzelle, 1601, an IV; Cense de Lauzelles, 1787; Lawjalle, en wallon), au bord de la route de Namur, à l'extrémité méridionale du territoire de Wavre ; à 2,700 m. S., la Maison Jacob, cabaret; à 3,000 m. S., la Maison Vandamme ou Petite Lauzelle, cabaret à 500 m. O., l’Ermitage Saint-Jacques, métairie; à 3,900 m. N.-O., la Ferme des Templiers (Le Temple lez Wavre, 1578; Cense du Temple, LE ROY); à 2,500 m. N.-O., le Point du Jour, barrière de la route de Bruxelles; à 1,600 m. N.-N.-O., le Château de la Bawette (Maison del Bauwette, à Rieu, 1440; Bauwette, 1516) ; à 3,300 m. N.-O., la Nouvelle Bilande, ferme.
Champ de Bilande, Bois de Bilande ( 1140; Bois de Bilandes, 1787); Champ de la Tombe ( à Tombelles, deleis le Bois de Bilande, 1440); Bois des Templiers; Champ des Templiers; Champ de la Barrière; Champ de Schindelle; Verte voie; Champ des Corroyés, au Coroye, 1628; corvées, en français); Bonnier aux Corbeaux; Bois de la Bawette; Champ de la Bawette; Champ des Saules; Champ de Stadt; Montagne de Stadt; Champ de l'Hayette ou des Hayettes (Deseur le Hayet, 1628; Bois de l'Hayette, 1630; Bois des Hayettes, 1787); Champ En haut; les Broux; le Trou Madame (A Trou Madame, près du Bois de l'Ostele, 1628); Bois de l'Hôtel; Champ de l'Hôtel; les Grandes Warlandes, prés (In Warlanda, 1100, environ; In Wavera, in loco Warlande, 1197; Pré aux Warlandes, près du chemin de Lorensart, 1620; Prêt: des Warlandes, 1629; Grandes Warlandes, sur Doiceau); le Pré des Graisses; Bois du Longchamp (le Longchamps, 1629); Château du Belloy ou Ballois (les Balloua, 1507; le Belloy, 1686); la Vacherie ( Vacaria, 1204; Derrière la Vacherie, deseure le Voir, 1275; Cense de la Vacherie, 1787), ferme ; Bois Sohet; Bruyères de Cherémont; Champ de Cherémont; Champ du Mont (Mont, 1374; Monta Wavre, l383); l’Herbatte; Prés de l'Herbatte; Prés de Basse-Wavre; Closière a Deux dîmes; Jardins des Cannes; Mont Godru (Montagne de Godrus, 1783; Godru, an IV); Fond de Godru; Bruyère Saint-Job, autrefois de la Justice, Champ Saint-Job ; Bois du Val; Bois du Tour (Bois de la Tour, 1787); Pouilleux fossé (Au Pouilloux faussé, 1686); Barrière Moye; les Bruyères; Terlonval ( Terre de Tymerouvaul, 1291; Treumonvalz, 1440; Vers Turnonval, Envers Trenoval, près du bois delle chappelle de la leawe, 1480; Champs deseur Ternonvaul ou Trenonvaule, 1541); Bois des Carmes; Champ de Louvrange; Bois de I.ouvrange; Beau bonnier Bois de Villers; Champ de Villers; Champ de la Justice (Al Justice, a Lauselle, 1541; Justice de Lauzelle, 1628); Rond bois Champ Laurent; Bois de Beumont (Bois dit le Beumont, sur la voie de Champels, 1440; le Beumont, 1374); Champ de l'Ermitage Champ Sainte-Anne; Bruyère Sainte-Anne; Closière au blanc pain; Cense de Flandre; Jardins au-dessus de la Cense de Flandre; la Loriette, nommée aussi l'Henriette (La Leuriette, an IV); Moulin de Wavre; les Quatre chemins; les Fonds des Mais; le Champ du Ri; la Villa Andrieux; la Villa Brion; le Moulin à Vent; Tourette Winand; les Balançoires; Bois de Laurensart; Bois des Cloches; Bois Hallaux; Pré de la Garde de Dieu; Fond Generet; Sentier des Olives ; Rue de la Belle voie (Belvoie, 1628 ; Belvoye, 1635); Ruelle Payaux (au Payau, 1686); Ruelle Caule; Chemin de Giraubrou; Chemin de l'Etroit bec Rue de Bruxelles (Rue de Lourain; rue de Saint-Lodier, an IV); Rue de Namur; Rue de Genappe; Rue de Nivelles (Rue de Bierges, an IV); Grand'place (autrefois le Marché ou Place de la Paroisse); Place de l'Hôtel de ville (autrefois Place des Carmes); Place du Sablon (Au Savelon, 1480; Au Sablon, Emprès te Warissée du Sablon, 1574); Warichet ou Place du Petit Sablon; Place d'Armes; Place de la Gendarmerie; Rue de la Gendarmerie; Rue Saint-Roch; Rue du Pont Saint-Jean (Rue du Pont, 1574, 1607, an IV); Rue du Pont du Christ; Rue du Pont neuf ou de la Planchette (le Cul-de-sac, an IV); Ruelle du Curé; Rue de la Cure; Cour du Collège ; Rue Delescaille (Rue de Chénaux, an IV); Ruelle Jamin; Rue Haute; Rue de la Cense de Flandre (Crapaurue, an IV); Rue du Commerce (Rue des Commères?); Courte rue du Commerce; Rue de la Loriette ou de la Station; Rue du Béguinage (1604); Courte rue du Béguinage ou rue Pinchart; Rue de la Poste aux Chevaux; Rue de la Limite; Rue du Cimetière; Rue des Brasseries (Rue des Brassines, 1574); Rue de l'Ermitage ou de l'Hospice; Rue de la Chapelle (Rue Sainte-Elisabeth, an IV); Rue des Fontaines (Emprès du Vieux Thy, 1574; Ruelle du Vieu Thil, 1624; Rue du Vieu Thil, nommée vulgairement rue des Fontaines, 1784); Rue de la Source Rue de l'Abattoir ou des Poulets (Rue des Frommaiges, 1574; Rue des Fromages, an IV); Rue des Tanneries; Rue du Moulin; Rue Sainte-Reine; Rue du Gravier; Rue d'Une personne; Ruelle Nuit et Jour (Ruelle tendant du Puits au bouillon à la rue des Fromages, 1782); Ruelle des Pendus; Quai de la Trompette; Quai aux Huîtres; Chapelle Saint-Job; Bon Dieu du Tour; Chapelle Rubens (vulgairement Robyns; d'après Ferraris, Chapelle de Cendre); Grand Bon dieu; Chapelles Sainte-Anne; Chapelle N.-D. de Basse-Wavre; Chapelle Saint-Jean Baptiste; Chapelle Coyette; Chapelle Miclet; Chapelle Saint-Roch; Chapelle Sainte-Reine; Chapelle de Stadt (d'après Ferraris, Chapelle Louis Delotte).
Bercenbais? (in villa quæ dicitur Bercenbais, 1175); Cense de la Couverterie, à Louvrange (1787); la Halle, ancien hôtel de ville qui fut démoli en 1809; le Berceau de Wavre et le Berceau de Basse-Wavre, anciens locaux des Serments; Entre les Deux ponts, à Wavre (an IV); le Cortil Ballaistre (1592); le Courtil du Cornet (1574); la Haute maison, Grand'Place, à Basse-Wavre (1686); Héritage de Trebeche (1670); A. Pepenruwe (1440); Douart, à Wavre (1570); Champ de Chaux (1628); Coulture d'Hooghgracht (an V); Coulture de Huve (an V); Bonnier à la Bail (an V); Terre à moiettes (an V); Terre dite le Planti (an V ); Voye de Saulx, près de Basse-Wavre (1653); Warissel de ou à l'Encloistre (1545, 1611); Fréniaux, dépendance de la Cense de Lauzelle (an V); Bevaelchamp ou Bonaetechamps, près du chemin de Lauzelle à Dion-le-Mont (1516); Al Hau (1480); Champ del Pierre (1574); A Noires espines (1570; Noere Spinnes, sur la voie qui va à Nivelles, 1440); Schepersdel (1570); Chuyreson (1570); Al haise (1440); Seigneurie de Hautain, Seigneurie du Val (Terre del Vale, 1440; Seigneurie de Vaux, LE ROY); Pré à la Hutte, prés du prieuré (an V; Prés à la Hutte, 1620; Prêt delle Hutte, 1629); Pré Michault (1620); Pré de Stocquoy (1629); Pré del Colonbière, sous la fonderye de l'Enclostre (1440); Pré en Papellebroux, par delà le Stordoir (1574); Preit aux Windes, rue du Chêneau (1686); Schavée de Trubeche (1570); Bois de Wavre, près de Grez (Nemus de Wavre, 1312); Bois-Notre-Dame (1787); Bois du Passage (1787); Bois de Voghesanck et Branson (1629); Bois de Maisny, près de Lauzelles (1541); Bois dit le Jardin aux fleurs; Bois del Holst ou de l'Ermitage, la Basse Baclenge, la Haute Baclenge (ces trois derniers lieux appartenaient au chanoine Blondeau, qui, avant sa mort, arrivée le 13 mars 1675, les donna à ses neveux, François et Jean Blondeau); Communes dites de la Maladrie de Louvrange, de Sainte-Anne, de l'Ermitage, de Paradis et de Bilante (1773, 1774).
Le territoire de Wavre est traversé du S.-O. au N.-E. par la belle vallée de la Dyle, qu'occupent de vastes prairies et à laquelle viennent se rattacher plusieurs vallées secondaires. Le sol est généralement accidenté; les pentes les plus abruptes se remarquent au ravin qui sépare la montagne de Stadt du château de la Bawette, au Mont Godruet à la Montagne Saint-Job, dont le prolongement vers la Basse-Wavre est couronné par le château du Belloy. On rencontre cependant quelques belles plaines, au S.-E. de la ferme des Templiers et de la ferme de Cherémont. Le point culminant de la commune est à proximité de la route de Namur, à environ 700 mètres N.-O. de la ferme de Lauzelle : on y a constaté une altitude de 129 mètres; les hauteurs correspondantes sur la rive gauche de la Dyle, vers le Point du jour, ne dépassent guère 100 mètres.
La zone métamorphique du Brabant est représentée à Wavre par du quartzite gedinnien, qui se montre à découvert en une masse séparant le déversoir des vannes de décharge du moulin de Wavre. On a exploité, près de là, sur la rive gauche de la Dyle, des bancs ondulés de quartzite très dur, d'une stratification peu nette, présentant une couleur verdâtre dans certaines parties, rougeâtre dans d'autres, et traversés par des veines de quartz; A. Dumont y a trouvé du quartz cristallisé, du quartz grenu, friable, d'une grande finesse et d'une extrême blancheur, de la chlorite, de la limonite et de l'hydrate de manganèse (?). Cette carrière est connue sous le nom de Jean Ian, sobriquet de son propriétaire; l'exploitation est abandonnée depuis 1843, à cause du peu d'importance des produits; les pierres que l'on en a extraites ont servi en grande partie au pavage de la route de Wavre à Genappe.
Un affleurement du système landénien marin se montre à l'O. d'Aisemont, sur la rive droite de la Dyle, et acquiert plus d'importance en s'avançant vers le sud, à l'E. des Quatre Chemins.
Le système bruxellien couvre presque tout le territoire de Wavre; mais sur les plateaux il est caché par le limon du système diluvien. Le sable bruxellien renferme du grès à la montagne de Stadt, des cailloux à la bruyère Saint-Job; près de la borne 27, sur la route de Namur, il devient ferrugineux et contient un peu de grès ferrugineux. M. Galeotti a rencontré dans les sables des environs de Wavre la Lucina contorta.
Le fond de la vallée de la Dyle appartient aux alluvions quaternaires.
Tout le territoire de Wavre appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Dyle, la Lasne, la Potbeek, le Ruisseau de Louvrange, le Ruisseau du Pré des Graisses, le Ruisseau de la Bawette, le Ruisseau de Godru, le Ruisseau de l'Ermitage Saint-Jacques et le Ruisseau du Pré des Querelles.
La Dyle (le Tylh, 1291) vient de Bierges; active le moulin de Wavre par une chute de 2 mètres 03; reçoit le Ruisseau de l'Ermitage Saint-Jacques (r. g.); traverse la ville, en en laissant la partie principale à sa gauche; arrose des prairies où elle reçoit le Ruisseau de Godru (r. dr.); se sépare en deux bras qui entourent l'ancien prieuré de Basse-Wavre, et dont celui de gauche (de Leugenbekte ofte Valschnater) reçoit le Ruisseau de la Bawette (r. g.), celui de droite active la papeterie de Basse-Wavre par une chute de 2 mètres 26; continue à couler dans de larges prairies; reçoit le Ruisseau du Pré des Graisses (r. dr.); devient limitrophe de Grez, puis passe entièrement sur le territoire de cette commune. Son cours a une longueur développée de 4,400 mètres dans la direction du S.-O. au N.-E., y compris 100 mètres mitoyens.
La Lasne (Rivulus Lanne, 1173; Aqua Lanne, 1177) cesse d'être mitoyenne entre Rosières et Overyssche pour servir de limite entre Overyssche et Wavre à l'O. du bois des Templiers; pénètre entièrement sur le territoire d'Overvssche, pour arroser le hameau de Tombeek; redevient limitrophe de ces deux communes au bois de Bilande; se grossit de quelques petits filets d'eau (r. g.); reçoit la Potbeek (r. dr.); et devient la limite d'Ottenbourg et d'Overyssche, après un parcours, entièrement mitoyen, de 3,200 mètres dans la direction du S.-O. au N.-E.
La Potbeek ( Rivulus Putebecke, 1173; Ruisseau de Poetbeke, 1627; Puytbeke, 1630), que l'on nomme aussi Ruisseau des Sept bonniers et Ruisseau de Bilande, commence au S.-E. de la Nouvelle Bilande; traverse la Verte voie; devient limitrophe d'Ottenbourg; reçoit une source (r. dr.) an S.-O. du hameau de Vogelzang; longe les étangs de la ferme de Bilande; et se réunit à la Lasne (r.dr.), après un parcours de 3,000 mètres, dont 2,200 mitoyens, dans la direction du S. au N. La partie supérieure de ce ruisseau est souvent tarie.
Le Ruisseau de Louvrange prend sa source près de la ferme de la Bawette; baigne la ferme Wauters et la ferme Minet; pénètre sur le territoire de Dion-le-Mont; devient limitrophe entre Wavre et Dion; et passe définitivement à cette dernière commune, après un parcours de 1,400 mètres, dont 500 mitoyens, dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
Le Ruisseau du Pré des Graisses est une rigole qui commence dans la prairie dont elle porte le nom et qui se réunit à la Dyle (r. dr.), à l'endroit où celle-ci devient limitrophe de Grez, après un parcours de 700 mètres dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
Le Ruisseau de la Bawette prend sa source dans le parc du château de la Bawette; baigne le pied de la montagne de Stadt; traverse le chemin de fer; et se réunit à la Dyle (r. g.), près du prieuré de Basse-Wavre, après un parcours de 1,700 mètres dans la direction de l'O. à l'E.
Le Ruisseau de Godru prend sa source au champ de la Justice; longe la base de la colline Sainte-Anne et du mont Godru; passe près des bruyères de Cherémont; et se réunit à la Dyle (r. dr.), en face de la chapelle Saint-Roch et de la perche du tir à l'arc, après un parcours de 2,800 mètres, dans la direction du S. au N. La moitié supérieure de ce ruisseau est presque toujours à sec.
Le Ruisseau de l'Ermitage Saint-Jacques prend sa source à la lisière méridionale du bois de Beumont; forme la limite entre Wavre et Bierges; passe à proximité de l'Ermitage qui lui a donné son nom; traverse le chemin de fer; entre entièrement sur le territoire de Wavre; reçoit le Ruisseau du Pré des Querelles (r. dr.); et se réunit à la Dyle (r. g.) en aval du moulin de Wavre, après un parcours de 1,400 mètres, dont 900 mitoyens, dans la direction générale de l'O.-N.-O. à l'E.-S.-E.
Le Ruisseau du Pré des Querelles ou Ruisseau des Prés d'amont vient de Bierges et se réunit au Ruisseau de l'Ermitage Saint-Jacques (r. dr.), après un parcours de 100 mètres dans la direction du S. au N.
Les principales fontaines employées par les habitants sont : la Fontaine des Carnes, la Fontaine des Récollets ou Large fontaine (Ruelle du Seigneur, allant pour la Large fontaine, 1607), la Fontaine de la Loriette, la Fontaine de l'Etroit bec et les deux Pichautes (pisseuses) de Stadt. D'anciens actes mentionnent la Fontaine al Trebeche, entre Wavre et la Bauwette (1516); le Fossé de Juwis (1440); le Fossé de la Marbaise (1629). Il existe un petit lac au château de la Bawette, des étangs à Bilande et à Basse-Wavre, et des pièces d'eau au bois de Beumont et dans le jardin du sieur Beaufaux en ville.
On comptait: en 1666, 1,600 communiants; vers 1770, 6,000 habitants (?); en 1784, 3,789 habitants, dont 7 prêtres, 53 religieux, 724 hommes, 776 femmes, 520 garçons et 619 filles âgés de plus de 12 ans, 562 garçons et 528 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 3,789 personnes, dont 4 prêtres, 56 religieux, 1,244 hommes, 1,395 femmes, 562 garçons, 528 filles); en l'an IV, en réponse à une circulaire en date du 17 floréal, 3,543 habitants, dont 2,439 âgés de plus de 12 ans, 521 garçons et 581 filles âgés de moins de 12 ans, et 2 Wavriens servant comme soldats; en l'an XIII, 4,000 habitants ; au 31 décembre 1831, 4,876 habitants; au 31 décembre 1856, 5,868 habitants (wallons).
Les registres des naissances commencent en 1606, ceux des mariages et des décès en 1612.
Les bois ont ensemble 271 hectares; ils portent les dénominations de Bois de Beumont (38 hect. 50), Bois Hallaux (2 h.), Bois du Longchamp (12 h.), Bois des Templiers (68 h.), Bois de Bilande (50 h.), Bois de la Bawette (8 h. 50), Bois de l'Hôtel (11 h. 30), Bois de Louvrange (7 h.), Bois du Tour (20 h.), Bois du Val (20 h. 20), Bois de Cherémont (7 h.), Bois de Villers (22 h.), Sapinière Wezel (1 h. 50), Sapinière Fortune ( 1 h.50), Sapinière Demolder ( 1 h. 50). Une partie notable de ces bois appartenaient jadis à l'abbaye d'Afflighem ou au prieuré de Wavre, qui possédait à Wavre, en 1787 : le Bois de Bilandes, comprenant 66 bonniers; le Bois de la Tour, de 19 à 20 b.; le Bois Notre-Dame, de 7 journaux; le Bois de Longchamps, de 15 1/2 b.; le Bois des Hayettes, de 3 b.; le Bois Trou-Madame, de 11b.; le Bois du Passage, de 6 b.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont : la ferme de Bilande (170 h.), tenue par M. Everarts ( Joseph), appartenant à M. Licot de Nismes; la ferme de Lauzelle (124 h.), tenue par la veuve Minet, appartenant au baron Boutier de Catus; la Ferme des Templiers ( 121 h.), tenue par M. Everarts (F.-J.), appartenant à M. Licot de Nismes; la Ferme de Stadt, ( 101 h.), tenue par M. Demolder (J.-B.), propriétaire; la ferme de la Bawette (83 h.), tenue par Mlle Sneessens (M.), appartenant au vicomte de Bouzet; la ferme de l’Hôtel (75 h.), tenue par M. Van Pee (E.), appartenant au baron Coppens; la Ferme Constant (62 h.), tenue par M. Constant (N.), qui occupe des terres de divers propriétaires; la Ferme du Ri (53 h.), tenue par M. Kumps (Aug.), appartenant à M. Ysebrant. Quelques-unes de ces fermes étaient annexées à des châteaux ou seigneuries; une autre, la Ferme des Templiers, dépendait de l'ordre de Malte, à qui elle échut après la suppression de l'ordre auquel elle dut son nom; trois des plus grandes, la Vacherie, Lauzelle et Bilande, durent leur origine à la puissante abbaye d'Afflighem, de l'ordre de Saint-Benoît, qui partagea entre elles les biens qu'elle avait acquis sur Wavre : la Vacherie eut ceux à l'entour des deux Wavre; Lauzelle, les terres situées vers Corroy; Bilande, celles voisines d'Ottenbourg et d'Overyssche.
Citons, comme exemple des modifications que l'agriculture a subies dans notre pays, la mention, à Wavre, en 1140, de vignobles qui appartenaient au seigneur et à quelques-uns de ses vassaux.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
En l'an IV, il existait à Wavre 138 chevaux. , 149 juments, 3 ânes, 75 bœufs, 187 vaches, 127 veaux et génisses, 760 moutons, 111 porcs, 3 boucs et chèvres.
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités:
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2 pieds de Louvain.
Il a existé à Wavre, mais pendant très peu de temps, un moulin à vent en briques, dont on voit encore la tourelle près de la station du chemin de fer. Il n'y a plus aujourd'hui qu'un moulin à eau, activé par la Dyle, à l'extrémité du bourg de Wavre. Il existe de temps immémorial et fit partie, pendant des siècles, de la seigneurie de Wavre. Il était banal pour les habitants de cette terre, sauf que ceux du Sablon et de trois maisons situées à Cherémont pouvaient faire moudre leurs grains où bon leur semblait. En 1291, il produisait un revenu annuel de 100 muids de mouture ou de grains, sur lequel un seigneur de Wavre hypothéqua une rente de 12 muids de blé, que l'on tint depuis de la cour féodale de la seigneurie et qui servaient de dotation à une fondation de deux messes par semaine, à Gembloux. En 1636, ce moulin était à deux tournants; le 23 juin 1842, une autorisation d'y placer une quatrième roue, pour la mouture des écorces, fut accordée à M. Victor Van Schoor. Actuellement, il est activé au moyen de deux roues hydrauliques, qui commandent 7 couples de meules, et moud de la farine et des écorces. Sa retenue est à l'altitude de 41 m. 51. On le nomme le Moulin de Wavre, par opposition au Moulin de Bierges, qui est peu éloigné.
En 1177, le duc de Brabant Godefroid III permit aux religieux du prieuré de Wavre de faire bâtir un moulin sur la Lasne, dans l'alleu qu'il leur avait cédé, mais il semble que les religieux ne profitèrent pas de cet octroi.
Une huilerie, activée par une machine à vapeur de 7 chevaux, fabrique annuellement 150 hectolitres et emploie 4 ouvriers. Les distilleries sont au nombre de quatre. On compte huit brasseries.
La société anonyme des Papeteries belges possède à Basse-Wavre un établissement important. Les moteurs sont une roue hydraulique activée par la Dyle, dont la retenue est à l'altitude de 39 m. 01, et quatre machines à vapeur de la force totale de 80 chevaux; on y compte 8 piles à chiffons; 60 ouvriers y sont employés. Cette usine n'a reçu sa destination actuelle qu'à la suite d'un arrêté du ministre du Waterstaat, du 27 septembre 1819, octroyé à M. Louis Everard. C'était auparavant un grand moulin à moudre le grain. Il appartenait depuis l'an 1086, en vertu d'une donation de Henri, comte de Louvain et de Brabant, à l'abbaye d'Afflighem ou au prieuré de Basse-Wavre qui en dépendait, et était d'autant plus important qu'il était banal pour les habitants de Bossut, de Gottechain, de Guertechien, de Nodebais, de Pécrot, de la Chaussée, de Timgisart et Loucsart ( depuis Laurensart) et de Doiceau, le duc Jean III et son fils Henri ayant abandonné à l'abbaye, en avril 1345, cette banalité, qui était alors annexée à un moulin dit de Loucsart, qui disparut et se trouvait sans doute sur Grez, près de Laurensart ou de Gastuche. C'est en retour de cette concession qu'Afflighem payait à la recette des alleux de Mont-Saint-Guibert, en 1686, un cens de 104 setiers de blé et de 12 livres de cire (11 muids de blé, en 1636). En 1636, ce moulin avait deux tournants; en 1819, il s'accrut d'une quatrième roue. En 1787, il se louait, avec 37 bonniers de terres et de prés, moyennant 633 florins. Il fut vendu en même temps que le prieuré, en l'an V, comme bien national.
En 1609, un octroi des archiducs Albert et Isabelle autorisa un nommé François Mariot à fabriquer de l'acier, à Wavre.
En 1779, un sieur Godtfurneau, « receveur au rivage de Bruxelles et marchand manufacteur », essaya d'implanter à Wavre la fabrication de la laine, qui avait déjà pris de l'activité à Bruxelles, à Malines, à Lierre, à Nivelles, à Braine-l'Alleu. Trois ans auparavant, le magistrat de Wavre avait fait publier dans la Gazette de Bruxelles une invitation aux industriels de venir se fixer dans le bourg, en promettant d'avantager ceux qui se rendraient à son appel. Godtfurneau remarqua que Wavre était avantageusement située pour l'apprêt, le peignage et l'apprêtage des laines et saynettes, qui alors se tiraient encore en partie de l'étranger, et il offrit d'y établir une filature, sous la direction de son fils. Si on voulait lui accorder une maison, des outils, etc., il enverrait un bon peigneur de laine et une bonne fileuse de saynette, afin d'enseigner leur métier aux orphelins et enfants pauvres; ceux-ci recevraient de lui, par jour, un salaire de deux sous, qui serait augmenté graduellement, et une chambre à part serait réservée aux enfants de bourgeois tombés dans la misère. En vertu d'un accord conclu le 1er juin 1779, le magistrat s'engagea à délivrer gratis, à Godtfurneau, des lettres de bourgeoisie, et à lui payer : la première année, 100 florins; la deuxième année, 150 florins; la troisième année, 200 florins. De son côté, il devait instruire, de manière à ce qu'ils fussent en état de gagner honnêtement leur vie : la première année, 100 enfants; la deuxième année, 150 enfants; la troisième année, 300 enfants. Cette fabrique chôma pendant une partie des années 1779 et 1781, Godtfurneau alléguant, pour s'excuser, qu'il n'avait pas de laine en quantité suffisante.
Avant la crise américaine, une filature de coton, exploitée par M. Ingebos, fabriquait 75,000 kil. par an et comptait 70 ouvriers. Elle a pour force motrice une machine à vapeur de 12 chevaux, activant 2800 broches.
Les autres établissements industriels sont : 3 fabriques d'ouate et 2 fabriques de coton-mèche, mues à bras d'hommes; 2 fabriques de tissus de coton, comptant 150 métiers; une fonderie de fer, employant une machine à vapeur de 2 chevaux; 1 savonnerie; 1 saunerie; 3 vinaigreries; 14 tanneries (une tannerie, derrière l'hôpital, est citée en 1574) et 8 corroieries; 5 briqueteries permanentes; 1 fabrique de savons parfumés et de pommade; 2 fabriques de chandelles; 2 fabriques d'allumettes chimiques, dont l'une prépare aussi du cirage et a pour moteur une machine à vapeur de 8 chevaux qui active en même temps une scierie de bois.
Citons enfin l'abattoir public, où l'on conduit annuellement 1,800 à 1,900 têtes de bétail, et qui a été construit par la ville, dans l'ancienne grange Donglebert, rue aux Poulets, acquise à la suite d'un arrêté royal en date du 15 juin 1853.
Les industries secondaires sont la boucherie, la boulangerie, la cordonnerie, la chapellerie, la chaudronnerie, la plomberie, la ferblanterie, la vannerie, la fabrication du tabac, la maréchalerie et la serrurerie, la charronnerie et la menuiserie etc.
Mais ce qui donne à Wavre toute son importance, c'est le marché au bétail qui s'y tient les mercredis et où l'on vend annuellement 15,000 bêtes à cornes, d'une valeur de plus de 2,500,000 francs. Le marché aux porcs se tient le même jour et est aussi très achalandé. Il y a en outre, chaque année, deux foires aux chevaux et bestiaux : la première, le lundi après I.aetare; la seconde, le mardi de la fête. En 1860, les transactions se sont élevées, pour ces foires et marchés, à 2,950,044 francs.
Les foires de Wavre remontent à une époque très reculée, mais anciennement elles se tenaient « devant l'encloitre de Notre-Dame de Wavre, sur la rue illecques, à la Nativité de Notre-Dame et le jour de Saint-Mathieu apôtre », et, plus tard, le lendemain de ces deux fêtes. Une contestation s'étant élevée entre le prieur et le rentier ou receveur du duc à Nivelles, qui se disputaient le produit des « estaillages » de ces deux « fêtes », une enquête fut ouverte et se termina par une décision du duc Jean III, en faveur du prieuré (Bruxelles, le 6 juin 1342). Des débats analogues recommencèrent au XVIIe siècle. Le 9 septembre 1625, le commis (ou délégué) de l'archevêque de Malines (abbé d'Afflighem) protesta, par-devant notaire, contre les exactions de Nicolas Limonier, adjudicataire des droits appartenant au seigneur de Wavre et qui prétendait percevoir une taxe sur la vente des bestiaux, « aux franches foires ou herbattes » qui se tenaient ce jour-là, à Basse-Wavre. Il y avait, en ces occasions, interdiction de vendre à Wavre même, et les habitants n'y auraient osé ouvrir leurs boutiques, à ce que rapporte une information datée du 18 septembre 1642. Ces fêtes étaient placées sous la protection spéciale des officiers du duc. Le maire de Mont-Saint-Guibert, aidé de plusieurs hommes armés, en avait la garde, et reçut à ce titre, en 1404, une allocation spéciale de 12 florins de Hollande ou 27 sous de gros. Plusieurs diplômes de Maximilien d'Autriche témoignent d'une grande sollicitude pour ces fêtes, dont on voulait sans doute faire renaître la splendeur. Dans le premier, on voit que les officiers de justice inquiétaient les pèlerins et les marchands qui s'y rendaient, et exigeaient d'eux la remise des petits couteaux, des dagues ou autres armes non prohibées qu'ils portaient sur eux; le 18 juin 1480, Maximilien et Marie promirent de protéger ces pèlerins et marchands et interdirent d'inquiéter ceux qui ne seraient ni ennemis de ces princes, ni bannis de leur pays. Dans un second diplôme, du 26 juin 1481, cette défense fut encore étendue en ce sens que toute personne non poursuivie comme coupable d'un crime devait être admise aux foires; les criminels eux-mêmes, lorsqu'ils y seraient arrêtés, devaient être conduits, non pas à Genappe ou à Mont-Saint-Guibert, mais à la prison la plus voisine du lieu de leur arrestation, à Grez par exemple, pour y être traduits en justice. Défense fut faite à tous, même au bailli du Brabant wallon, mais non pas au gruyer de Brabant, d'exploiter, c'est-à-dire de procéder à des arrestations, à l'intérieur du « pourpris de l'église de Basse-Wavre, du Grand-Pont sur la Tylle jusqu'au pont du Barbaise ». La liberté complète dont on jouissait aux fêtes de Wavre fut étendue de trois jours à quatre, par un diplôme du 11 août 1484.
Sous la domination française, ces foires se réduisirent à une seule, qui fut fixée, par un décret impérial du 12 août 1807, au lundi de la Dédicace (dédicace qui est fêtée le dimanche après la Saint-Jean-Baptiste); on en restreignit alors la durée à un jour. Depuis, un arrêté royal, du 16 août 1850, institua à Wavre deux foires aux chevaux.
Les mercredis et vendredis (jadis, c'était le mercredi et le samedi pendant la république française, le duodi, le quintidi et l'octidi), il y a marché aux grains, légumes, fruits, beurre, œufs, volaille et gibier. Ce marché se tient depuis la place de l'hôtel de ville jusqu'au pont du Christ et dans les rues voisines; il est, après ceux de Bruxelles, le plus important de la province et est visité régulièrement par plus de 4,000 marchands, acheteurs et vendeurs. Une foule de campagnards des environs de la capitale ne font d'autre métier que de se rendre au marché de Wavre pour y acheter des denrées qu'ils revendent ensuite à Bruxelles. Les mesures pour les grains dont on se servait à Wavre étaient établies dans les proportions suivantes : trois muids de Wavre valaient deux sacs de Bruxelles; un muid waveroys comprenait six setiers et équivalait à trois setiers un quartaut de Bruxelles, ou à six halsters de Louvain. Le setier ou rasière de Wavre contenait, en mesure métrique, deux décalitres 76874. Le 1er février 1790, le magistrat résolut d'adopter pour mesure générale la mesure de l'avoine à racle, et cette décision fut confirmée huit jours après, bien que quelques personnes eussent prétendu que la mesure de Louvain présentait plus d'avantages. Le pot de bière à Wavre, ainsi qu'à Overyssche et dans quelques localités voisines, se divisait en deux canettes et équivalait à un litre 77760. La livre de Wavre pesait 470 grammes et 100 livres pesantes y égalaient 100 livres et demie de Bruxelles.
Comme établissement de change ou de prêt, citons les Lombards de Wavre, qui sont mentionnés avec ceux de différentes villes du Brabant, dans plusieurs actes en date du jour de Sainte-Marguerite, en 1373.
Lorsqu'on entreprit la construction d'un chemin de fer de Bruxelles à Namur et à Luxembourg, on avait l'intention de diriger cette voie, à partir de la Hulpe, vers la ferme de Plaignaux, sur Limal, le château de la Bawette, sur Wavre, et Wavre même, pour de là, gagner Gembloux en traversant les plateaux ou se trouve Vieusart : ce tracé est celui qu'indiquent la loi et l'arrêté royal du 18 juin 1846, pour la concession de ce chemin de fer; mais on l'abandonna tout à coup pour la direction vers Ottignies. Les réclamations du conseil communal de Wavre restèrent impuissantes et, quoique secondées par un vœu formel émis par le conseil provincial en 1858, elles n'ont pu obtenir du gouvernement la construction d'un embranchement qui rattachât directement Wavre à Bruxelles par la Hulpe.
Les sections au sud de Wavre devaient primitivement être communes à la ligne vers le Luxembourg et à celle de Louvain à la Sambre, dont le tracé, proposé par l'ingénieur Tarte, s'approchait de Grez et aboutissait à Wavre, au haut de la place des Sablons (arrêté royal du 27 mai 1845). La compagnie qui s'était formée pour exploiter cette ligne ayant été frappée de déchéance, il s'en constitua une autre, qui adopta un nouveau tracé, le long de la vallée de la Dyle, avec une station à Wavre, à l'ouest de la rivière (arrêté royal du 21 mars 1852). Le chemin de fer de Louvain à Charleroi a été livré à la circulation, sur tout son parcours, le 17 septembre 1855 et, le même jour, on a inauguré la dernière section du chemin de fer de Wavre à Manage, qui met la première de ces localités en communication directe avec Nivelles, Seneffe et le bassin houiller de Mons.
Le chemin de fer de Charleroi à Louvain (Est belge) traverse le territoire de Wavre sur 3,600 mètres; il est longé sur 300 mètres, depuis Bierges jusqu'à la station, par l'extrémité du chemin de fer de Manage à Wavre (Jonction de l'Est).
Plusieurs tentatives furent faites par la ville de Louvain pour canaliser la Dyle. Un premier octroi, émané du duc Jean IV et qui porte la date du 12 octobre 1421, autorisa les Louvanistes à creuser un canal vers l'amont jusqu'au pont qui se trouve près (neffens ende onder) l'église et le prieuré de Notre-Dame de Wavre; des travaux furent alors entrepris à Rhode-Sainte-Agathe et à Heverlé, de commun accord avec les habitants du premier de ces villages et avec le seigneur du second, mais le manque de fonds les fit suspendre. Du temps de Charles-Quint, on se décida à les reprendre, et, comme il n'y avait pas un grand nombre d'habitations près du prieuré, l'empereur consentit à ce que le canal fut prolongé jusqu'à l'intérieur de Wavre. La navigation devait y être entièrement libre, mais avec obligation de décharger les marchandises à Louvain et à la condition qu'on percevrait sur le canal projeté un tonlieu identique à celui qui avait été concédé aux Bruxellois, en 1436, sur le canal projeté vers le Hainaut (acte daté de Malines an mois de mai 1523). Le roi Philippe II ratifia, le 22 décembre 1504, cette concession de son père. Il fut alors stipulé que la canalisation pourrait être poussée au-delà de Wavre, aussi loin que les Louvanistes le jugeraient convenable, et que le tonlieu serait ou perçu par moitié au profit du souverain et de la ville, ou entièrement supprimé, selon que l'administration de Louvain le demanderait. Suivant le Grand Théâtre profane du Brabant wallon, la navigation sur le nouveau canal ou la Dyle canalisée cessa dès l'an 1600. Après la conclusion de la paix de Munster on conçut le projet de faire communiquer Louvain à la Sambre, par eau, et, à la demande des Louvanistes, les lettres patentes de l'an 1564, avec les octrois antérieurs qui y étaient insérés, furent approuvées le 26 mars 1653. Mais les essais que l'on tenta alors furent encore infructueux. Des négociations s'ouvrirent avec l'abbaye d'Afflighem pour la construction du canal à travers les propriétés du monastère, à Wavre, notamment au moulin de Basse-Wavre. Les délégués de l'archevêque de Malines (abbé d'Afflighem) et de la ville convinrent qu'on le dirigerait «le long de la fausse rivière ou fausse eau, derrière le prieuré (lanexst de Leugenbeke of walsch water, achter de priorye aldaer) »; le halage se ferait du côté opposé au prieuré, c'est-à-dire vers l'ouest, et une écluse serait construite à l'endroit du confluent de la Dyle et de la Leugenbeke (accord conclu à Basse-Wavre, le 5 octobre 1654, et approuvé par la ville de Louvain, le 11 janvier suivant). Après qu'on eut exécuté quelques travaux, particulièrement à l'intérieur de Louvain, le premier et dernier bateau fit le voyage de Wavre; il portait des trompettes, des timbaliers et d'autres musiciens, et sur la proue on lisait ce chronogramme :
SIC ALIIS DEMONSTRAT ITER
MERCES SIT NON IN DIGNA LABORIS.
L'entreprise fut immédiatement abandonnée, ajoute M. Piot, dans son Histoire de Louvain, soit à cause des difficultés que présentait la Dyle, soit à cause du peu de débouchés que l'on trouvait à Wavre. Le Grand Théâtre mentionne des travaux qui auraient été commencés dans le même but par les habitants de Wavre, en 1660, mais que l'on aurait ensuite abandonnés à cause de l'insuffisance des eaux. Cette dernière assertion parait inexacte, seulement il est certain que, vers 1735, les Louvanistes demandèrent au gouvernement la suppression de la rente de 100 florins qu'ils payaient au domaine, pour l'octroi d'un canal vers Court-Saint-Etienne, leur intention étant de ne plus s'en servir.
Depuis longtemps, l'administration communale de Wavre entretient la voie publique à l'intérieur du bourg. Les frais qui résultaient de ces travaux étaient jadis couverts au moyen d'une taxe prélevée sur les animaux « passant la chaussée » et que les bourgmestre et échevins de la franchise furent mainte fois autorisés à percevoir, notamment le 20 mars 1630, pour un terme de six ans. D'après une autre autorisation, du 22 décembre 1730, pour prélever 2 liards sur tout cheval venant du dehors, la ville dépensait beaucoup pour les chemins et, dans l'année, elle avait fait paver un espace long de 51 1/2 verges; depuis 30 ans, les revenus des chaussées ne s'étaient élevés qu'à 3,765 florins, tandis que les dépenses avaient absorbé une somme de 9,519 florins.
Wavre était complètement isolée des autres villes du Brabant, lorsque les magistrats de Bruxelles obtinrent du gouvernement autrichien, le 21 janvier 1768, l'autorisation de prolonger jusqu'à Wavre la chaussée qui aboutissait alors au hameau de Notre-Dame-au-Bois. Ce travail fut immédiatement entrepris et rapidement achevé. Il provoqua la présentation de projets qui, tous, avaient pour but de développer les relations commerciales de Wavre. Le magistrat de Wavre fit remarquer que, pour profiter des avantages résultant de la construction de la chaussée de Bruxelles, il fallait rendre praticables les avenues ou abords de la ville, paver les rues qui ne l'étaient pas encore, réparer les autres et rétablir le pont sur la Dyle. Pour qu'il pût mettre la main à l'œuvre et payer les dettes de la commune, qui montaient à 9,000 florins, le gouvernement lui permit de contracter un emprunt et d'imposer un liard sur chaque pot de bière qui se débiterait dans les cabarets, mais en lui interdisant de «pousser le pavé à plus d'un quart de lieue au delà de la montagne par où commence la route vers Gembloux» (12 novembre 1772). C'est de ce temps que date la partie de la chaussée allant de Wavre à la ferme de Lauzelle.
Les habitants de Wavre voulaient alors entrer en communication directe avec les charbonnages de Charleroi, au moyen d'un pavé qui aurait traversé, entre Marbais et Sombreffe, la chaussée allant des Quatre-Bras à Namur, et se serait ensuite dirigé vers Ligny; mais leurs tentatives rencontrèrent de grands obstacles. Les habitants de Mont-Saint-Guibert ayant essayé de faire adopter un autre tracé, dont cette localité aurait été le point de départ, le bailli-maïeur De L'Escaille fut envoyé à Bruxelles pour protester au nom de la ville de Wavre, et le géomètre Lacroix chargé de fournir un plan conforme aux résolutions du magistrat de cette dernière (4 novembre 1779). En 1783, les états de Brabant ayant mis en délibération l'ouverture d'une route allant directement de Louvain à Gilly, près de Charleroi, Wavre s'efforça, au prix de grands sacrifices, d'obtenir que cette voie de communication passât au centre de son territoire. Les principaux adhérités ou propriétaires décidèrent d'abord qu'ils feraient construire une chaussée depuis le bourg jusqu'au sommet de la montagne de Godrus (11 juin); ils offrirent ensuite aux états de se charger, jusqu'à concurrence de 21,000 florins, de l'aplanissement du coffre (ou lit) de la chaussée projetée depuis Louvain jusqu'à Wavre, et de la construction de deux ponts, l'un à Roux-Sainte-Agathe (Rhode-Sainte-Agathe), l'autre à la Vau, sur Blamont (9 août); enfin, ils résolurent d'affermer les deux barrières qui seraient établies le plus près de Louvain, pour un terme de 20 ans et moyennant 5,000 florins (6 novembre).
La révolution brabançonne et les deux invasions françaises ajournèrent pour longtemps cette entreprise utile. La route de Bruxelles à Wavre, devenue propriété de l'État, n'a été prolongée jusqu'à Namur que sous le gouvernement hollandais. Wavre, dépossédée de la partie de la route qui la traverse, réclama sans succès, en 1815, la perception de l'impôt décrété en 1772 pour assurer sa situation financière. Par contre, elle fut mise en relation avec Louvain par l'embranchement qui va de Wavre à Hamme, où on rejoint la route de Louvain à Namur. Sous le règne du roi Léopold, elle a vu se compléter son réseau de routes. Une chaussée qui longe la Dyle vers l'ouest conduit à Genappe et de là vers Nivelles; deux autres routes ont été construites : l'une, partant de l'embranchement de Hamme, va à Grez, à Jodoigne, à Hannut; l'autre se sépare de la chaussée de Wavre à Namur, un peu au delà du Sablon, et, à travers un pays fort accidenté et très pittoresque, se dirige vers Perwez et Andenne.
Le grand pont sur la Dyle, qui était fort étroit a été considérablement élargi en 1845. Lorsque, le 16 septembre, on posa la première pierre de la nouvelle maçonnerie, on plaça, à côté de cette pierre, celle qui rappelait l'établissement de l'ancien pont et qui portait ces mots : J. F. COLVS B.V — DE WAVRE 1702
A l'occasion de l'ouverture du chemin de fer de Louvain à la Sambre, la commune a fait de grands sacrifices pour améliorer la voirie aux abords de la station. En 1855-1856, elle a dépensé 10,000 francs, outre 5,000 francs que le gouvernement lui avait alloués à titre de subside, pour paver et élargir des chemins vicinaux.
N'oublions pas de mentionner la promenade dite la Belle-Voie qui relie Wavre et Basse-Wavre, et dont l'établissement est dû à l'abbaye d'Afflighem. Il y avait de ce côté, à travers les Communs pretz, neuf ou dix chemins à l'usage des piétons; le monastère ayant voulu les remplacer par une seule avenue, droite et large, obtint facilement le consentement des autres propriétaires de terrains, sauf celui des pauvres de Wavre, qui possédaient en ces endroits un tiers de bonnier. Le gouvernement, auquel l'abbaye recourut, l'autorisa à continuer les travaux (15 juin 1628). La promenade fut cédée à la ville par le roi Guillaume, le 11 août 1821; d'après l'arrêté, elle a 493 aunes de long sur 10 de large.
La route de l'État de Bruxelles à Namur traverse la commune sur 8,500 m.; la route provinciale de Nivelles à Hamme, sur 3,400 m.; celle de Wavre à Perwez, sur 2,300 m.
On compte 47 chemins vicinaux et 35 sentiers, mesurant ensemble 78,577 m., dont 3,818 étaient pavés au 31 décembre 1859. Un viaduc passant au-dessus du chemin de fer, deux ponts en maçonnerie sur la Dyle et une dizaine de ponceaux y sont établis. Le chemin de grande communication n° 20 traverse la commune sur 2,424 m.; le chemin n° 64, sur 1,500 m.
La voirie urbaine de Wavre se compose des rues dont nous avons donné l’énumération parmi les lieux-dits. Il est difficile d'en décrire la limite qui tantôt suit des chemins, tantôt s'en écarte pour contourner l'agglomération urbaine. Voici les chemins parcourus par la ligne de démarcation : Route de Bruxelles, Sentier n° 57,..., Chemin n° 30, Chemin n° 5, Chemin n° 40, Route de Namur, Chemin n° 35, Route de Nivelles, Chemin n°41, Chemin n° 10, Chemin n° 29.
La longueur totale de la voirie urbaine est de 5,337 mètres, non compris les places, qui ont ensemble une superficie de 13,100 mètres carrés.
Les chroniques et les chartes ne fournissent aucune mention de Wavre qui soit antérieure au XIe siècle. Il est certain, toutefois, que le territoire de cette localité, particulièrement à l'occident, est habité depuis un temps très reculé. Des médailles romaines, à ce qu'on nous a rapporté, ont été trouvées au Bois de Beumont, et des tombes existaient jadis non loin de là. L'une d'elles a donné son nom au Champ de la Tombe, qui s'étend à l'E. de la Ferme des Templiers, et au Ruisseau de la Tombe, la Tombeek, désignation qui est restée à un hameau de la commune d'Overyssche. Non loin de l'emplacement d'autres tummuli, qui se voyaient à Ottenbourg, se trouve le hameau de Stadt ou la Ville, dont la dénomination remonte à plusieurs siècles et semble provenir de l'existence d'habitations en cet endroit. Un grand chemin, celui de Malines à Namur, voie de communication dont l'existence date de très loin et qui subsiste en grande partie, traversait la Dyle à Wavre.
Une liste des miracles attribués à saint Trond, et qui eurent lieu en 1050, suivant un écrit de celte époque, raconte la guérison d'un lépreux de Wavre, en Brabant (de Warera, quæ est villa Brabantensis pagi). Des traditions de beaucoup postérieures placent en la même année l'origine de la chapelle de Basse-Wavre, dont l'existence est constatée en 1086. On ne voyait d'abord en ces lieux, dit une légende qui date du XVe siècle, que des broussailles transformées par des eaux croupissantes en un marécage inaccessible. Ce fut là cependant que la Vierge voulut être particulièrement honorée. Très souvent, et de préférence lors des fêtes de la Vierge et le samedi, on y entendait pendant la nuit des chants et une musique céleste, et des clartés miraculeuses apparaissaient à ceux qu'attirait cette harmonie divine. A la vue de tant de prodiges, des conversions s'opérèrent, des guérisons nombreuses vinrent encore accroître la dévotion du peuple, et bientôt on commença la construction d'un oratoire. La hauteur voisine avait paru préférable à la vallée pour cette construction; à plusieurs reprises, ce qui avait été édifié le jour fut renversé la nuit et rétabli dans la vallée; enfin des prêtres, apostés pour connaître le secret de cette translation, la virent opérer par la Vierge et des anges, et entendirent la Mère du Sauveur entonner d'une voix éclatante ce verset : Hanc rallem inhabitabo, quia elegi eam (j'habiterai cotte vallée parce que je l'ai choisie). On renonça alors à l'emplacement dont on avait d'abord fait choix et on continua l'édifice dans le lieu que le Ciel désignait si clairement et où fut trouvée une châsse artistement travaillée et qu'il fut toujours impossible d'ouvrir.
La chapelle devint bientôt un des oratoires les plus fréquentés du pays. En 1080, lors de la fondation de l'abbaye d'Afflighem, le comte de Brabant Henri de Louvain, de concert avec Godefroid, son frère, en fit donation aux religieux de ce monastère, avec la dîme de l'église paroissiale de Wavre, le droit de nommer un prêtre pour cette dernière, le tonlieu, la maceria ou monopole de la fabrication de la drèche, les moulins, les maisons (curtes) et une partie des terres que les deux princes possédaient à Wavre. Plus tard, Henri ajouta à ce premier don de nouvelles libéralités.
Godefroid, qui devint en 1106 duc de Basse-Lotharingie, suivit cet exemple. A côté de la chapelle naquit un couvent ou prieuré, qui n'était habité que par quelques moines et dépendait d'Afflighem. Si l'on en croyait la tradition, Godefroid aurait accompagné les croisés en l'an 1096, aurait été fait prisonnier en Orient, et, après son rachat par Adèle, sa mère, aurait donné à l'église de Basse-Wavre de nombreuses reliques rapportées d'Orient; mais ces assertions ne se concilient pas avec les actes authentiques qui nous montrent Godefroid Ier agissant, bataillant, signant des diplômes, en Belgique, pendant la durée de la première croisade.
En 1152, la châsse de Wavre, avec les reliques qui s'y trouvaient, fut transportée à Bruxelles pour y être recouverte d'or et d'argent, et fut placée dans l'église Saint-Nicolas, ou elle resta déposée depuis la semaine de Pâques jusqu'à la fête de la Nativité de Saint-Jean. Là, à ce que rapporte une chronique contemporaine, l’Auctarium Affligemense, il s'opéra tant de miracles en peu de temps, qu'un fait pareil ne s'était plus produit depuis l'époque des apôtres, et qu'on en aurait facilement rempli un gros volume, si les religieux de Wavre avaient eu soin d'en conserver la mémoire. Le bruit de ces merveilles attira un concours de monde inouï, et lorsque les religieux d'Afflighem vinrent de leur monastère à Bruxelles, à pied, vêtus de leurs aubes et de leurs chapes, pour porter la châsse en procession, on vit accourir à cette cérémonie une foule immense, que l'on évalua à trente mille personnes.
Parmi les habitants de diverses contrées qui assistèrent à la fête, on en comptait un grand nombre qui étaient divisés par des haines mortelles. Ils se réconcilièrent subitement, sans se payer de compositions, ainsi qu'on le faisait d'ordinaire à cette époque, mais uniquement « par la crainte de Dieu et pour l'amour de Notre-Dame ». De là vient le nom de Notre Dame de la paix, sous lequel la mère du Christ est particulièrement honorée dans l'église Saint-Nicolas; mais c'est à tort que les légendes rédigées au XVe siècle et la tradition populaire attribuent à ces miracles opérés en l'an 1142 (il faudrait dire en 1152), la réconciliation du duc de Brabant et des seigneurs de Grimberghe, car elle n'eut lieu qu'après l'an 1150.
On ne sait quel affront les Bruxellois infligèrent en cette occasion à l'abbé et aux religieux d'Afflighem; l'Auctarium se borne à dire qu'il fut réparé en l'année 1153. Les Bruxellois vinrent, avec dévotion et humilité, chercher la Vierge de l'église de Wavre et, paisibles et pleins de joie, la reportèrent au temps fixé. La chronique ne dit pas un mot de la peste, qui, suivant les légendaires, aurait successivement envahi, dans l'espace de quatre semaines, quatre-vingts villages du Brabant, d'où elle aurait instantanément disparu, dès qu'on y apportait la châsse de Wavre.
Le village de Wavre ayant considérablement grandi, une bourgeoisie s'y forma, et le duc de Brabant Henri Ier; en dota les membres, à leur demande, des libertés dont les bourgeois de Louvain étaient en possession. La charte qui contient cette concession importante est datée de Wavre et du 23 avril 1222. Elle fut accordée du consentement de Godefroid de Wavre, de son beau-père Jacques et des autres seigneurs de la localité.
Les religieux d'Afflighem voulurent sans doute maintenir entre les bourgeois et leurs tenanciers une certaine égalité de condition, et c'est probablement dans ce but que l'abbé Robert et le prieur Henri sollicitèrent et obtinrent de Henri Ier quelques privilèges pour ces derniers. Le duc déclara exempter du droit de mainmorte et de tout service, sauf des expéditions ou prises d'armes générales, les habitants de l'alleu de Notre-Dame de Wavre dans la paroisse de Wavre, et, de plus, cinq tenanciers de l'abbaye, dont deux habitant à Grez et trois à Ferrières et à Ottignies. En retour, il devait lui être payé, connue droit d'avouerie, un cens de quarante sous de Louvain, et les amendes de justice lui reviendraient: en totalité, lorsqu'il s'agirait de crimes (de altis judiciis); jusqu'à concurrence d'un tiers, en cas de simple délit (de minoribus judiciis). L'habitant d'une autre juridiction qui venait demeurer dans l'alleu du monastère, était assujetti envers le duc : « à un service raisonnable » , s'il venait d'un domaine ducal; s'il venait d'ailleurs, à un cens annuel de douze deniers de Louvain. En la même année 1226, le fils du duc, depuis Henri II, sanctionna ces dispositions, en promettant qu'il les ratifierait une seconde fois, lorsqu'il changerait son sceau.
Le 6 septembre 1291, le duc Jean Ier, se trouvant à Wavre, y confirma un statut de la ville de Maestricht. Le même prince approuva, le 1er juillet 1293, la charte de son bisaïeul, de l'année 1222, et, en outre, acquit des seigneurs de Wavre leur patrimoine, qui ne fut réuni qu'un instant au domaine, car Jean II en fit presque immédiatement abandon au profit d'un de ses frères, issu d'une liaison illégitime.
Le 22 mai 1343, une convention fut conclue à Wavre entre le duc Jean III et son fils Henri, d'une part, et le comte de Namur, d'autre part. Ce dernier renonça alors à ses prétentions sur la terre d'Ayseau.
Un outrage grave fut imputé au maire de Wavre, en 1364. Le 26 mai, le bailli du Brabant wallon, Libert de Liroux, se rendit à Bruxelles, par ordre de la duchesse Jeanne, pour expliquer le fait au duc Wenceslas et au conseil de Brabant; puis, le 31, il partit, accompagné de l'amman de Bruxelles, pour procéder à l'arrestation du coupable et à la saisie de ses biens.
Une déclaration importante de la duchesse Jeanne, du 2 septembre 1382, sanctionna quelques-uns des privilèges dont les bourgeois de Wavre étaient en possession. De temps immémorial, ils ne payaient aucune maltôte, aucun vinage, ni à Louvain, ni à Wavre. A la halle de cette dernière ville, ils ne devaient qu'un demi droit de louche et un demi droit d'étalage, à raison de deux sous par muid de blé ou d'avoine. Lorsqu'ils vendaient des grains provenant de leurs propres récoltes, ils ne donnaient, pas plus à Louvain qu'à Wavre, ni droit, ni demi droit de louche. Un bourgeois pouvait requérir le forestier (ou sergent), pour actionner dans la franchise, sans être tenu à d'autre rétribution qu'aux pains qui se percevaient à la Noël. S'il avait soldé le droit de halle, il avait la facilité de se servir, avant les afforains, du « stier et de l'estriche ». Sauf en cas de crime, il devait être jugé dans les trois jours après son arrestation, et, en attendant, il pouvait se loger où il voulait, mais à l'intérieur de la franchise.
Le 27 juin 1404, Guillaume Bonté et Jean Van den Grave se rendirent à Wavre, comme députés de la duchesse Jeanne, pour y conférer avec le comte de Namur, au sujet des différends qui existaient entre la duchesse et sire Adam d'Oupey. Il leur fut payé pour cette mission deux couronnes ou 13 sous 4 deniers. La même année, le maire de Mont-Saint-Guibert, juridiction à laquelle Wavre ressortissait, ayant défendu de porter des couteaux ou d'autres armes, un bourgeois de Louvain contrevint à cet ordre, fut arrêté à Wavre par le maire, et dut payer une amende. Mais le magistrat de Louvain intervint aussitôt. Le maire, cité devant lui, fut arrêté et dut restituer, dans les trois jours, l'amende qu'il avait perçue.
Wavre fut l'une des villes dont les députés comparurent à l'assemblée des états de Brabant, qui se tint à l'hôtel de ville de Bruxelles, le 26 novembre 1420, et qui confirma au comte Philippe de Saint-Pol les fonctions de ruward de Brabant.
A cette époque, Wavre avait acquis un haut degré de splendeur : sa chapelle de Basse-Wavre et ses foires attiraient un grand concours de pèlerins et de marchands, et le bourg, que l'on songea, dès cette époque, à relier à Louvain par une voie navigable, comprenait plusieurs établissements de bienfaisance. Il est toutefois inexact de dire, avec Gramaye, qu'on y comptait 2,000 maisons, antérieurement à la guerre de Gueldre qui lui fut très funeste; l'exagération de ce chiffre est évidente. Le premier désastre qui frappa Wavre date du 8 mars 1489. Cette ville avait adhéré à la révolte contre Maximilien d'Autriche; elle fut fortifiée par les Bruxellois, dont elle assurait les communications avec le Brabant wallon; mais, attaquée et prise par le duc de Saxe, l'un des généraux de Maximilien, elle fut saccagée et livrée aux flammes, et une partie de la population périt dans l'église paroissiale, où elle avait cherché un refuge. Bien que Maximilien eût doté de privilèges les foires de Wavre, des manifestations hostiles à ce prince se produisirent dans le bourg. Un nommé Charles, serviteur d'Arnequin le Soyer, y prononça, dans une taverne, « des paroles vilaines au préjudice du roi ». Il fut battu par Pierre Moreau, Hannon de Godepont et Josselin, fils de Hannon Josselet, nés tous trois dans la terre de Walhain. Ceux-ci évitèrent une condamnation sévère, en considération de ce qu'ils avaient servi pendant longtemps le roi et son fils; on leur fit grâce, à la condition qu'ils paieraient 10 peters de 18 sous au profit du roi et autant au profit du plaignant. En 1492, Basse-Wavre seule obtint une réduction sur sa cote dans l'aide, cote qui fut diminuée de 17 livres 13 sous.
Wavre fut pillée à deux reprises pendant la première moitié du XVIe siècle, par les Gueldrois : en 1507 et en 1542.
Le privilège d'exemption du droit de louche donna naissance à un procès par-devant le receveur et les marchands jurés de la chambre de tonlieu de Louvain, entre les acciseurs ou fermiers du droit de louche et Everard de Wontekem, qui avait vendu 9 1/2 muids de grains et prétendait ne devoir aucun impôt pour une part provenant de sa récolte et seulement un demi droit pour le restant. Un jugement du 20 décembre 1515 termina le débat en faveur d'Everard. Un fait analogue se produisit à Bruxelles en 1522. Le fermier du droit de louche ayant fait peser à sa balance des denrées appartenant à Piérard de Bietz, de Wavre, le receveur et les « allouiers » de la chambre des tonlieux de Bruxelles condamnèrent le fermier à la restitution de ce que Pierard lui avait donné en garantie du paiement du droit.
L'empereur Charles V logea à Wavre le 23 janvier 1531, en se rendant de Namur à Bruxelles; Philippe ll y passa, en 1549, lorsqu'il vint dans cette dernière ville pour être reconnu en qualité d'héritier des États de son père.
En 1543, les fantassins de la compagnie du capitaine Jean de Sallart furent cantonnés à Wavre, mais une partie d'entre eux se dispersèrent dans le Brabant wallon et y exercèrent de grands ravages. Un ordre en date du 13 juillet prescrivit de les poursuivre et d'arrêter ceux que l'on trouverait sans être munis de passeports de leur colonel.
Les troubles religieux du XVIe siècle aggravèrent la situation du bourg. En l'année 1578, il fut occupé et accablé de taxes et de réquisitions, d'abord, par les Espagnols, après leur victoire de Gembloux; puis, par les troupes des états, qui reprirent l'offensive à la suite de la bataille de Rymenam. Le mardi 6 novembre 1582, à neuf heures du matin, un « tas de gueux », au nombre de cinquante cavaliers environ, commandés par le capitaine Hubert, du régiment d'Olivier Van den Tympel, vinrent de Bruxelles à Wavre, y brûlèrent l'église et plus de 60 maisons. C'est alors, sans doute, que les calvinistes découvrirent la châsse, qui avait été cachée en terre, et la détruisirent. Il n'en resta que le fond, ainsi que les barres sur lesquelles on la portait et la balustrade dont on l'entourait.
En 1586 et en 1594, eurent lieu de nouveaux pillages. Le 3 mai 1604, la population de Wavre fut encore rudement éprouvée. Les soldats « altérés », c'est-à-dire les troupes espagnoles qui s'étaient mutinées parce qu'on ne payait pas leur solde, mirent le feu à Wavre; 180 maisons, brasseries et granges périrent entièrement, il n'en resta debout que 8 ou 9. L'incendie gagna aussi l'église, qui avait été incendiée pendant les guerres civiles et dont la restauration avait coûté des sommes très fortes, fournies en partie par des « gens de bien » et sur lesquelles on devait encore 300 florins et une rente annuelle de 20 florins. Les voussures des voûtes furent enfourchées, c'est-à-dire rompues, les autels et l'horloge brisés, les cloches fondues, les ornements et les livres déchirés; enfin l'édifice était dans un si triste état qu'on n'y trouvait plus un emplacement convenable pour y célébrer la messe et qu'on n'osait plus s'y réunir, de crainte d'accident. Suivant une estimation qui nous paraît quelque peu exagérée, les dégâts causés à l'église devaient nécessiter à eux seuls une dépense de 40,000 florins. C'est ce qui détermina les archiducs Albert et Isabelle à accorder aux pasteur, bailli, maire, échevins et habitants de Wavre, à la sollicitation de leur seigneur Herman, comte Van den Berghe, une exemption de leur cote pendant deux années prenant cours le 1er décembre 1607 (lettres patentes du 15 mai 1607).
En août 1605 la peste sévit à Wavre, et elle y reparut en 1629. Le 28 juin de cette dernière année, le conseil de Brabant défendit aux habitants de cette ville de venir à Bruxelles, défense qui fut restreinte, le 31 du même mois, aux personnes sortant de maisons infectées de la maladie contagieuse.
A la demande de la dame de Wavre, le roi d'Espagne Philippe IV confirma les privilèges des Wavriens, le 27 octobre 1646. L'année suivante, la garnison hollandaise de Maestricht parvint à surprendre et à piller la ville, qui était redevenue florissante. Quelques jours auparavant, le capitaine Haquin, à qui était confiée la garde de la rivière le Dénier, avait été averti, de Wavre même, du projet de l'ennemi; ce fut en vain que, dès le lendemain, 10 juin, on appela sous les armes les habitants de la chef-mairie de Louvain, et ceux des mairies de Campenhout, de Rhode-Sainte-Genèse et de Vilvorde et du pays de Gaesbeek. Ces derniers devaient prendre position entre Louvain et Wavre, et le bailli du Brabant wallon devait occuper Court-Saint-Etienne. Ces préparatifs furent inutiles. Les Hollandais passèrent la Dyle à Laurensart et pillèrent Wavre. Par ordre du conseil privé, le procureur général de Brabant et un auditeur furent chargés, le 12, de prendre des informations à charge de ceux qui avaient favorisé cette entreprise, et le lendemain, afin de rassurer les habitants contre une nouvelle agression, on envoya à Wavre 200 soldats italiens de la garnison de Termonde, sous le commandement du colonel Lefebvre.
Wavre se releva rapidement de ses malheurs. En 1654, on travailla de nouveau à canaliser la Dyle, opération, qui, par malheur, ne réussit pas. Dans les années qui suivirent, deux couvents furent fondés : celui des récollets et celui des carmes. Puis, après une courte période de paix, survinrent les guerres du temps de Louis XIV.
En mai 1675, les Français entrèrent à Wavre; sans respect pour les conventions conclues pour les contributions de guerre, il y enlevèrent 1,200 bêtes à cornes et plus de 4,000 moutons. Le 21 juillet 1678, une troupe de 1,500 cavaliers, qui avaient quitté l'armée de la même nation, alors campée à Hal, vint exiger des habitants la remise de toutes leurs vaches, avec menace d'incendie pour le cas où on leur en cacherait. En juin 1693, tous les villages de la mairie de Mont-Saint-Guibert furent abandonnés par les paysans, à l'approche de l'armée du maréchal de Luxembourg, qui vint camper à Maillart ou Meldert, à Bossut et aux environs. Wavre, qui payait exactement une sauvegarde aux Français, levait une taxe sur tous ceux qui se réfugiaient dans le bourg et y jouissaient d'une sécurité inconnue aux campagnes voisines. Cette taxe produisit, en 1692-1693, 293 florins 16 sous 3 deniers, dont 97 florins 14 sous 1 denier furent payés par les paysans, 184 florins 18 sous par le prieur de Basse-Wavre, et 11 florins 4 sous par le curé de Wavre.
Le 28 avril 1695, à onze heures moins le quart, au matin, un incendie se déclara chez un boulanger, dans un bâtiment construit en chaume près de la porte de Nivelles, où on avait laissé seuls deux enfants de 6 à 7 ans, qui s'amusaient à jouer avec du feu. L'incendie, alimenté par un grand vent, consuma en moins de cinq quarts d'heure plus de 300 maisons, l'église paroissiale, le couvent des carmes. Dans ce désastre périt tout le mobilier des habitants et celui d'un grand nombre d'étrangers qui s'étaient retirés à Wavre, « de telle sorte, disent les Relations véritables du 3 mai, que le dit bourg, qui étoit très florissant par le commerce, est détruit et désert ». Le chronogramme : VIGGESIMA OCTAVA DIE APRILIS WAVREA EXVSTAEST conserve la date précise de cet événement, qui coûta la vie à plusieurs personnes.
Pendant la guerre pour la succession d'Espagne, en 1705, Wavre et les environs furent occupés par les troupes anglo-hollandaises, après leur tentative infructueuse sur les positions de l'armée franco-espagnole le long de l'Yssche. Le 19 août, le célèbre général Marlborough vint prendre son quartier général à Basse-Wavre, et les députés des états généraux des Provinces-Unies logèrent à Wavre. Le 22, les troupes alliées passèrent la Dyle sur des ponts construits pour faciliter ce mouvement, à Laurensart, à Basse-Wavre, aux moulins en amont de Wavre, à Bierges et à Limal, et Marlborough alla prendre position à Corbais.
En 1712, les prairies communes de Bierges et du voisinage furent entièrement ravagées par les paysans fugitifs, que l'on appelait les Herlacques, et qui s'étaient dispersés, « par le débris de l'armée et par la crainte du pillement ». Tandis que ce fléau sévissait au dehors, d'autres malheurs fondirent sur une localité déjà rudement éprouvée. Un incendie non moins terrible que celui de 1695 éclata le 17 juillet 1714, à 6 1/2 heures du matin, et détruisit plus de 200 maisons et le couvent des récollets. Il fit également l'objet d'un chronogramme, dont on admirera la rédaction banale :
SECOND IN CEN DIE DE VAVRE BIEN TRISTE.
Dans la période qui suit, on ne cite aucune particularité intéressante. Un diplôme de l'empereur Charles VI, du 16 janvier 1736, confirma de nouveau les privilèges du bourg de Wavre ; on y rappelle les chartes de 1222, de 1293 et de 1382 que nous avons citées, et l'on y apprend que les archives communales avaient disparu par suite des incendies des années 1017, 1695 et 1714.
L'année 1740 fut signalée par des pluies continuelles, une cherté excessive et une dysenterie qui enleva beaucoup de monde. Plusieurs carmes moururent d'une maladie pestilentielle, qu'ils contractèrent en soignant les malades.
Le 8 juillet 1746, le roi de France Louis XV, temporairement souverain des Pays-Bas, autorisa le bourg de Wavre à emprunter 9,000 florins de change pour payer les livraisons de denrées et d'objets de toute espèce qui avaient été imposées à la localité, par ses généraux; le 13, le duc de Looz-Corswarem, seigneur de la localité, donna aussi son consentement à cette mesure financière. Après le rétablissement de la domination autrichienne, un autre emprunt de 10,000 florins fut nécessité par la même cause, et, afin de se procurer les moyens de payer les intérêts de cette somme, l'impératrice Marie-Thérèse permit à l'administration locale de lever une taxe d'un liard par pot de bière consommée (9 janvier 1751).
Les années qui suivirent s'écoulèrent dans une paix profonde. A Wavre, comme dans le restant de la Belgique, une vie nouvelle sembla animer les esprits, grâce à la construction de la chaussée de Notre-Dame-au-Bois à Wavre, cette seconde localité fut, pour la première fois, rattachée à une grande ville au moyen d'une voie pavée; d'autres routes furent projetées, l'établissement de fabriques fut encouragé. On commença à éclairer les rues pendant la nuit, au moyen de quinze lanternes, achetées à Bruxelles, en 1786, au prix de 22 florins chacune. La commune possédait déjà une pompe à feu ou pompe à incendie; on en acheta une seconde (résolution du 12 mai 1785).
Les événements à citer sont rares. A peine peut-on qualifier ainsi l'entrée du prince Charles de Lorraine, gouverneur général des Pays-Bas, et de sa sœur, entrée qui eut lieu le 4 août 1761. Celle du primus ou lauréat du concours de philosophie de l'université de Louvain, Jean-Baptiste Boucqueau, mérite une mention à cause des particularités qui l'accompagnèrent. La jeunesse s'organisa et s'arma; les autres habitants en firent de même; les rues et les maisons s'ornèrent de fleurs et de devises. Dès le 21 août 1765, la commune avait voté 100 couronnes pour les dépenses de la fête, et accordé à la jeunesse 60 florins pour de la poudre, et, de plus, le salaire de quatre musiciens : deux cors de chasse, un basson et deux aubois (sic). Le 28, un beau cortège partit de la Haute-Rue et se dirigea vers l'église, par la rue des Fromages; il se composait d'une troupe de hussards, de la jeunesse, des deux Serments, celui de Wavre et celui de Basse-Wavre; de la cavalerie bourgeoise, formant deux détachements, l'un habillé de bleu, l'autre vêtu de vert; de la cavalerie des étudiants de Wavre, d'un char où des jeunes filles représentaient les Muses, de la cavalcade des philosophes ou étudiants en philosophie de Louvain. Venait enfin le lauréat, entouré de ses professeurs. Arrivé au coin de la rue des Fromages, vis-à-vis de l'église paroissiale. Boucqueau mit pied à terre, prit place entre les deux rois des serments, puis au son de la musique fit, comme c'était l'usage, «le tour des trois drapeaux» (ceux des serments et de la jeunesse ). Il se rendit ensuite à l'église précédé des trois capitaines, accompagné des drapeaux et suivi des professeurs et des officiers des différents corps. Pendant le Te Deum, plusieurs décharges de mousqueterie furent tirées en son honneur, et on le conduisit à l'hôtel de ville, où les doyens des serments l'introduisirent, et le firent placer sous un dais; là, il reçut les compliments du magistrat, et le cadeau de la commune, qui consistait en une soucoupe, un sucrier et une cafetière d'argent, valant plus de 100 ducatons et achetés chez l'orfèvre Fonson, de Bruxelles. De l'hôtel de ville, Boucqueau alla aux Récollets, où les neuf Muses le félicitèrent tour à tour, et revint chez son père, qui demeurait rue du Pont. Par les soins de celui-ci, qui jouissait d'une grande considération et était à la fois notaire, géomètre juré, greffier de plusieurs villages, receveur du comte d'Arberg, et mambour des pauvres et de l'hôpital de Wavre, un diner splendide fut offert aux notabilités de la ville au couvent des Récollets. Le soir, il y eut illumination, et les volontaires des serments donnèrent un bal dans les salles de l'hôtel de ville. La fête aurait recommencé le jour suivant, si un orage terrible n'avait éclaté le matin, à dix heures, et changé en tristesse la joie de la population. La foudre, qui tua une personne à Louvain, endommagea la tour collégiale et brûla le moulin des Archers, à Nivelles, frappa les églises de Bierges et de Nil-Saint-Vincent, tomba aussi sur la Cense de Stadt et la consuma, en moins de deux heures, si complètement qu'on ne put rien en sauver.
La ville de Wavre fut l'une des localités du pays où Joseph II établit un tribunal de première instance. D'après une dépêche des gouverneurs généraux, en date du 31 mars 1787, ce tribunal devait être composé d'un chef ou juge royal et de trois assesseurs. Ces derniers touchaient chacun un traitement de 400 florins courant de Brabant, et le soin de les choisir était laissé à la commune, représentée par les échevins et par huit députés, ceux-ci élus par les habitants spécialement convoqués pour cet objet. Le dimanche 1er avril eut lieu l'élection des huit députés : Jean-Jacques Renson, maïeur; Antoine Donglebert, l'avocat Delescaille, le médecin Briart, Jean-Nicolas Duhoux, receveur des états de Brabant ; Jean-Baptiste Pierson, bailli de Chantraine; le notaire Henri-Joseph Nera et Charles-Albert Cornet, bailli des domaines de l'empereur. Le 4, ceux-ci, de concert avec les échevins nommèrent assesseurs : Thomas et Engelbert, par quinze voix, et Ghobert, par dix voix. Pour servir de tribunal, la commune prit en location une maison appartenant au chevalier d'Onyn, et y ordonna quelques travaux d'appropriation, dont elle fut ensuite indemnisée par le paiement à son profit d'une somme de 1,120 florins (31 janvier 1789).
La révolution brabançonne n’agita Wavre que médiocrement. Le 1er février 1790, une assemblée des habitants opéra quelques réformes de peu d'importance et confia à un nommé Fortune les fonctions de bourgmestre, qui étaient vacantes. Au mois d'avril, on forma deux compagnies de volontaires, que les états de Brabant autorisèrent à porter leur effectif à 150 hommes (8 mai 1790), mais cette institution nouvelle semble ne pas avoir été d'abord sympathique aux Wavriens. Lorsqu'on les convoqua, le 17 mai, pour voter des allocations en faveur des compagnies, personne ne comparut que les volontaires, et, à une seconde réunion, deux jours après, on se borna à déclarer que la commune leur fournirait des armes et des munitions. Le 24, le maïeur Renson fut élu capitaine commandant des volontaires, et Delescaille et Godefroid Andrieux capitaines-lieutenants. Plus tard, Renson fut encore désigné pour être commandant en chef du district de Wavre, à la réquisition de Biscop, commandant en chef du quartier de Louvain, et conformément à un règlement émane des états et daté du 27 juillet; ce qui caractérise l'époque, c'est qu'il fut désigné par les magistrats et le curé (7 août).
Au retour des Autrichiens, le bourg fut accablé de logements militaires : 167 hussards de Blankenheim y logèrent jusqu'à la première invasion française, évidemment afin d'assurer les communications de la capitale des Pays-Bas avec Namur et le Luxembourg. Vainement la commune réclama contre la lourdeur de cette charge; ses plaintes furent inutiles. Le gouvernement aurait voulu qu'on transformât en écuries les galeries des deux berceaux des serments; pour empêcher l'exécution de ce projet, il fallut faire observer qu'elle coûterait de 3 à 4,000 florins, ce qui aurait constitué une charge excessive pour une localité appauvrie (8 mai 1791).
A la seconde arrivée des Français, en 1794, des réquisitions continuelles portèrent au comble la misère du peuple. Dans le but de se rendre favorables les envahisseurs, le magistrat envoya à l'armée ennemie, campée à Bierges, 30 flacons de vin rouge pour le général Lefèvre, 30 pour le général Dubois, 15 pour le général Laval, 8 pour le général Jacobus (résolution du 12 juillet 1794). Ces cadeaux et d'autres qui suivirent n'eurent aucun résultat heureux. Les déprédations et les mesures rigoureuses se succédèrent à Wavre, comme partout ailleurs. Un ordre du général Ferrand, du 23 pluviôse an III, ayant confié à 20 soldats le soin de recueillir les armes des habitants de la localité et des environs, personne n'en apporta, et il fallut des visites domiciliaires pour réaliser cette opération. Cependant un peu de calme s'étant manifesté, l'administration centrale du département informa la municipalité que rien n'empêchait les Wavriens de s'assembler paisiblement pour tirer à l’arc. (7 ventôse an IV). La tranquillité ne tarda pas à être troublée de nouveau. Dès le printemps, des grains verts furent coupés, et la municipalité, en attribuant à « la mise en liberté de quelques brigands » ce fait, qui n'était sans doute que la suite de l'extrême misère des populations, insista pour la prompte organisation de la gendarmerie ( 10 floréal an IV).
Par l'organisation nouvelle donnée à la Belgique en l'an III, Wavre devint l'un des chefs-lieux du canton du département de la Dyle. Le canton de Wavre, outre le bourg de ce nom, comprit les villages de Basse-Wavre, de Bierges, de Limal, de Limelette, d'Ottignies et de Moustier ou Mousty, qui, antérieurement, dépendaient tous de la chef-mairie de Mont-Saint-Guibert. La loi du 28 pluviôse an VIII rangea le canton de Wavre dans le troisième arrondissement du département (arrondissement de Nivelles). En l'an X on y joignit, pour former le canton de justice de paix de Wavre, les communes de Chaumont-Gistoux, de Corroy-le-Grand et de Court-Saint-Etienne, qui furent alors détachées: les deux premières, du canton de Nil-Saint-Martin; la troisième, de celui de Melery.
En l'an XIII, la population du canton de justice de paix de Wavre était évaluée à 10,555 habitants, dont les quatre sixièmes environ peuplaient le chef-lieu. On trouvait dans ce dernier une direction des droits réunis, un bureau d'enregistrement, une inspection des forêts, une inspection et vérification des poids et mesures, une administration des hospices, une cure primaire, une école primaire, une brigade de gendarmerie.
Dans la journée du 17 juin 1815, le lendemain de la bataille de Ligny, le général prussien Blücher concentra à Wavre les différents corps de son armée, dont les pertes, assez considérables, se trouvèrent compensées par l'arrivée du corps de Bülow. Ses quatre lieutenants avaient encore sous leurs ordres 90,000 hommes et 275 ou 280 pièces de canon. Ziethen se posta un peu en amont de Wavre, à Bierges; Pirch Ier s'établit à l'est de la Dyle, entre Sainte-Anne et Aisémont; Thielmann, marchant avec une extrême lenteur, n'atteignit Wavre que très tard et alla bivaquer au château de la Bawette; enfin Bülow resta sur les hauteurs de Dion-le-Mont, au cabaret A tout vent, gardé vers Mont-Saint-Guibert par un détachement aux ordres du colonel Ledebur.
Blücher avait formellement promis au chef de l'armée anglaise de venir à son aide contre Napoléon. Dès la matinée du 18, ses lieutenants se mirent en marche pour gagner Plancenoit et Waterloo, où Wellington comptait recevoir et reçut en effet le choc de son formidable ennemi. Réunies, reposées, fournies de munitions, pleines d'ardeur, les troupes prussiennes devaient puissamment coopérer à l'issue de la journée qui décida de l'avenir de l'Europe.
Bülow, qui n'avait pas combattu, leva ses bivacs dès le point du jour, vers trois heures, et, à la tête de 30,000 hommes, marcha vers Chapelle-Saint-Lambert, mais tel était l'état du sol et des chemins, qu'il ne put déboucher sur le champ de bataille qu'entre quatre et cinq heures du soir. A Wavre, sa marche fut retardée par un incendie qui prit à un four, au Sablon, et que ses soldats s'empressèrent d'éteindre.
A onze heures, Blücher quitta Wavre à son tour, après avoir ordonné aux trois corps restants de suivre le mouvement de Bülow; ils devaient se diriger: Ziethen, par Froidmont, Rixensart et Genval, vers Ohain; Pirch Ier, vers Chapelle-Saint-Lambert; Thielmann, sur Couture-Saint-Germain. Pirch Ier traversait Wavre lorsqu'on vint lui apprendre que les Français se montraient vers Neuf-Sart. Courir à ce hameau, où il trouva le colonel Ledebur escarmouchant contre l'avant-garde de l'armée de Grouchy, faire occuper fortement la ferme de Lauzelle, et repartir avec une autre fraction de son corps d'armée vers Waterloo, furent l'œuvre de quelques instants. Brause, qu'il chargea de garder la ferme de Lauzelle, ne s'obstina pas à défendre ce poste. Il ne combattit qu'autant qu'il le fallut pour retarder la marche de l'ennemi, revint vers Wavre sans être entamé, et, passant les ponts de cette ville, prit également le chemin que son chef avait suivi.
Thielmann allait à son tour exécuter les ordres de Blücher, lorsqu'on signala l'approche du corps de Vandamme. Il se prépara aussitôt à une énergique résistance. Basse-Wavre fut occupée par quelques centaines d'hommes, et trois bataillons et deux escadrons, sous les ordres du colonel Zepelin, restèrent dans le faubourg de Wavre, c'est-à-dire dans la partie du bourg à l'est de la Dyle. Trois des divisions de Thielmann se rangèrent en bataille à l'ouest de la rivière : celle du colonel de Luck (forte de 6 bataillons), à cheval sur la route de Bruxelles; celle du colonel Stülpnagel (9 bataillons et une batterie), à Bierges; et celle de Kempher (6 bataillons et l'artillerie de réserve du corps), dans l'espace intermédiaire. En arrière de l'infanterie, vers la Bawette, se plaça la cavalerie, sous les ordres du général de Höbe et des commandants de brigade comte de Lottum et colonel de Marwitz. Trois bataillons et trois escadrons, sous le lieutenant colonel de Stengel, furent postés à Limal et couvriront la position de Thielmann, dont les abords, partout difficiles, furent rendus moins accessibles encore par quelques travaux faits à la hâte. On garnit de meurtrières les maisons qui dominaient les ponts sur la Dyle; on essaya en outre de barricader le grand pont, mais toutes les portes étant fermées et la plupart des habitants en fuite, on ne trouva, à ce que prétend un écrivain prussien, Von Damitz, que trois voitures et une douzaine de gros tonneaux. Il est probable qu'on n'eut pas le loisir d'achever la barricade.
Grouchy, incertain de la direction que les Prussiens avaient prise après la bataille de Ligny, retardé par un sol excessivement argileux et que les pluies avaient détrempé à l'excès, arrêté encore par des chemins difficiles, n'avançait qu'avec lenteur. L'un de ses lieutenants, le vaillant Gérard, s'était inutilement efforcé de lui persuader de prendre la direction de Mousty, afin d'arriver à temps sur le plateau de Plancenoit. Grouchy, esclave de ses instructions, blessé d'ailleurs par le langage peu mesuré de Gérard, n'avait pas voulu exécuter cette manœuvre, qui, du reste, n'aurait pas changé l'issue de la bataille de Waterloo, comme l'a très bien prouvé le colonel Charras. En arrivant en vue de Wavre, il reçut de l'empereur une lettre qui l'invitait à marcher sur ce point, à y arriver le plus tôt possible. Il engagea donc le combat, sans se douter que la lutte qu'il entamait n'était soutenue qu'afin de lui dérober le véritable mouvement des Prussiens.
Grouchy avait sous ses ordres les corps de Vandamme et de Gérard, la faible division d'infanterie de Teste, détachée du corps du général Lobau; 25 escadrons de dragons, commandés par le lieutenant général Excelmans, et le corps de Pajol, réduit à la division de hussards de Soult. Vandamme conduisait les divisions d'infanterie de Lefol, de Habert, de Berthezène, fortes ensemble de 34 bataillons, et Gérard les divisions d'infanterie de Pécheux, de Vichery, de Hulot, 26 bataillons, plus 14 escadrons de cavalerie, sous le général Vallin. Le tout formait 33,000 hommes d'excellentes troupes, dont 5,000 cavaliers environ; une nombreuse artillerie (96 bouches à feu) assurait à Grouchy une grande supériorité, mais son corps n'était pas réuni: deux des divisions de Gérard étaient en arrière; celles de Teste et de Pajol avaient été dirigées à droite, du côté de Dion.
Vers quatre heures et demie, le faubourg fut attaqué et bientôt enlevé. Malgré la vivacité de leurs attaques, les Français ne purent pénétrer plus loin. Habert assaillit vivement les ponts et s'empara de quelques maisons adjacentes; puis, accueilli par une violente mousqueterie, fut refoulé jusque dans le faubourg. Une attaque sur Basse-Wavre resta également sans résultat, et il en fut de même au moulin de Bierges, où Stülpnagel avait solidement établi deux compagnies. Dans l'une des tentatives malheureuses que fit Gérard pour emporter ce poste, il fut grièvement blessé, et dut abandonner son commandement au général de division Vichery. Celui-ci se disposait à revenir à la charge lorsqu’arriva une dépêche dictée par Napoléon, à une heure après midi, et dans laquelle l'empereur pressait Grouchy de se rapprocher de lui et d'écraser Bülow. Comme le fait remarquer Charras, cet ordre était bien tardif. A sept heures, lorsqu'il parvint à sa destination, il y avait deux heures que Bülow avait débouché sur Plancenoit, et les généraux Pirch Ier et Ziethon, avec une masse écrasante de troupes fraîches, allaient porter le coup de grâce à l'armée française, épuisée par une lutte disproportionnée.
Grouchy essaya de réparer le temps perdu. Il laissa à Vandamme le soin d'entretenir le combat devant Wavre, dirigea vers le pont de Limal Vichery, à la tête de sa division et des deux autres divisions du corps de Gérard, qui venaient d'arriver de la Baraque, et le fit appuyer par Pajol (Teste n'arriva que longtemps après). A huit heures environ, Vichery fit enlever le pont par un bataillon, chassa Stengel de Limal, et repoussa avec vigueur les divisions de Stulpnagel et de Hobe, qui voulurent lui enlever ce village. Mais le soir survint et l'empêcha de profiter de ses succès. Au milieu de la nuit, Grouchy, qui n'avait encore aucune connaissance du désastre éprouvé par l'empereur, appela à lui, de Limal, le corps de Vandamme, et résolut d'attaquer les Prussiens de très grand matin, afin d'essayer de percer vers la principale armée française. Thielmann, mieux instruit, prit l'initiative de l'attaque, quoiqu'il fût de beaucoup inférieur en forces. Dès trois heures de la nuit, sa cavalerie, débouchant du bois de Rixensart, aborda la gauche ennemie, qui la repoussa; l'artillerie française, de beaucoup supérieure à celle qui lui était opposée, tua un grand nombre d'hommes aux Prussiens. Après quatre heures d'un combat acharné. Thielmann fut forcé de reculer et prit position au bois de l'Ermitage, sa gauche restant dans Bierges, qu'elle avait vaillamment défendu, sa droite s’étendant vers Chample.
En ce moment il reçut la nouvelle positive de la victoire remportée à Waterloo; il la fit immédiatement répandre parmi ses troupes et essaya de profiter de l'enthousiasme qu'elle leur inspira. Toute sa ligne se reporte en avant et reprend le bois de Rixensart. mais Hulot l'enlève une seconde fois et, à neuf heures du matin, Teste emporte Bierges. Thielmann, craignant d'être coupé, ordonne aussitôt l'évacuation de Wavre et se retire vers Ottenbourg à travers un canton très accidenté.
Vandamme arrivait à la Bawette et la cavalerie française à Chample, vers onze heures, lorsqu'un officier d'état-major se présenta à Grouchy et lui apprit les événements de la veille. Il n'y avait pas à hésiter: les vainqueurs de Wavre devaient s'attendre à être assaillis de tous côtés. Grouchy se décida à opérer sa retraite dans la direction de Namur. Les corps d'Excelmans et de Gérard marchèrent immédiatement dans cette direction; Vandamme, Teste et Pajol les suivirent plus tard, tandis que Thielmann, dans l'ignorance de ce revirement inattendu, reculait sans s'arrêter jusqu'à Rhode-Sainte-Agathe.
La ville de Wavre eut considérablement à souffrir des combats des 18 et 19. Vingt-sept ou trente maisons furent incendiées au gabion, par les Français; d'autres le furent à Basse-Wavre, ainsi que les moulins de Wavre et de Bierges. Le lendemain, lors de l'évacuation de la ville par les Prussiens, une maison où quelques-uns d'entre eux étaient restés, celle de M. Bernard, fut assaillie et brûlée. Le Christ du grand pont de Wavre fut frappé d'un coup de biscaïen, et l'on voit encore au troisième pilier du collatéral droit de l'église paroissiale, un boulet qui pénétra dans cet édifice. Des deux côtés. les pertes en tués s'élevèrent à 2,500 hommes environ ( les Prussiens avouèrent 2,470 morts ). Les Français eurent à regretter le colonel Allix, tué au pont de Limal, et le général Penne, frappé mortellement à l'attaque de Bierges.
Wavre reprit bientôt sa tranquillité habituelle. Lorsqu'on forma les cantons de milice, en 1817, on composa le canton de Wavre de la justice de paix du même nom, agrandie des communes de Bonlez, de Dion-le-Mont et de Dion-le-Val. Enfin, des arrêtés royaux, en date du 30 décembre 1822 et du 13 avril 1823, donnèrent au canton judiciaire de Wavre l'étendue du canton de milice du même nom, accru des débris des cantons de La Hulpe et de Grez, dont la suppression fut ordonnée. Archennes, Biez. Bonlez. Bossut-Gottechain, les deux Dion, Grez-Doiceau, Nethen passèrent du canton de Grez dans celui de Wavre, auquel furent aussi joints et La Hulpe, et Couture-Saint-Germain, Genval, Lasne-Chapelle-Saint-Lambert, Rixensart, Rosières et Ohain, qui avaient ressorti jusqu'alors à La Hulpe.
D'après le règlement pour la formation des états de la province de Brabant méridional, en date du 30 mai 1825, Wavre fournissait un membre à l'ordre des villes.
A partir de l'année 1820, cette localité a fait d'inutiles efforts pour obtenir la translation dans son sein du tribunal de première instance de Nivelles. En vain, elle a allégué sa situation plus centrale; en vain, elle a fait appuyer ses réclamations par les cantons de Perwez et de Jodoigne. Ses efforts ont échoué, en considération surtout du préjudice très grave que ressentirait la ville de Nivelles d'une mesure de ce genre.
Wavre a été l'une des localités auxquelles un drapeau d'honneur fut solennellement remis par le roi, au mois de septembre 1832. Un grand nombre d'habitants de cette ville s'étaient distingués pendant les combats de 1830 et étaient accourus au secours de Bruxelles, dès le 23 septembre. Depuis cette époque Wavre s'est considérablement accrue. Si elle n'a pas réussi à devenir un des points d'arrêt de la grande ligne du chemin de fer du Luxembourg, elle a été directement reliée à Louvain et à Nivelles. D'autre part, un collège et des hospices s'y sont fondés et prospèrent. En 1859, la ville a fait élever, sur la place du Sablon, en mémoire du long et heureux règne du Roi, un monument qu'elle acquit à l'aide d'un subside de 1,100 francs que lui accorda le conseil provincial, le 21 juillet 1858. Il a été inauguré, le 3 juillet de l'année suivante, en présence du duc de Brabant. On y voit une statue allégorique, sculptée en pierre blanche, et qui représente l'Histoire inscrivant dans ses fastes le 25e anniversaire du règne de S. M. Léopold 1er. On lit sur les tablettes de la Muse : 1831-1850 | 21 juillet | fêtes nationales | XXV anniversaire de | l'avènement | du Roi Léopold Ier. La face principale du piédestal en pierre bleue porte l'inscription : A S. M. Léopold Ier, Roi des Belges, La ville de Wavre | a élevé ce monument | Ch. Van Oemberg, fect. 1850. On lit sur la face opposée une citation empruntée à la Vie d'Agricola par Tacite, où on l'applique à Nerva : Miscuit principatum et libertatem | augelque Quotidie felicitatem imperti. Ce monument est entouré d'un grillage de fer. Il est à regretter que ses dimensions soient trop peu considérables, par rapport à l'étendue de la place du Sablon.
La ville de Wavre et son territoire ressortissaient jadis à la chef-mairie de Mont-Saint-Guibert; ils constituent, depuis l'an III de la république, le chef-lieu d'un canton dont l'étendue a varié, comme nous l'avons exposé dans les pages qui précèdent. L'arrêté du Comité du salut public, du 14 fructidor an III, nomme parmi les dépendances de ce canton Wavre et Basse-Wavre, mais un second arrêté, du 27 frimaire an IV, donne la preuve que ces deux localités n'en formaient en réalité qu'une, qui y est qualifiée de chef-lieu du canton.
Antérieurement et jusqu'en l'an III la séparation exista réellement, car il y avait dans la paroisse de Wavre deux juridictions différentes, l'une et l'autre ayant droit de haute justice « En la paroisse de Wavre», disent les anciens Comptes des baillis de Nivelles et du Brabant Wallon : « le seigneur de Wavre est sire haut et bas, si qu'il maintient, où toutes amendes se jugent, selon la loi de Louvain : monseigneur le duc, de Brabant y a la souveraineté, qu’on ne peut compter, traiter, ni rien quitter sans l'octroi et conseil du mon dit seigneur ». Et plus loin : « en la « paroisse (mot improprement employé ici) à l’Encloistre à Wavre, qui est en la paroisse de Wavre, le prieur du lieu a cens, rentes, loix et amendes, qui se jugent selon la loy de Louvain, sauf tant que la tierce part des amendes est à monseigneur et la haute justice semblablement.
Les ducs de Brabant étaient dans l'origine propriétaires de la majeure partie du territoire de Wavre, mais ils aliénèrent leurs possessions en faveur de l'abbaye d'Afflighem, de l'ordre du Temple et d'autres communautés religieuses; ils abandonnèrent aussi une partie de leurs droits aux habitants, en 1222, lors de l'érection de Wavre en ville franche.et aux seigneurs, en 1303, lorsque le duc Jean II constitua un apanage en faveur de son frère, Jean Meeuwe. Le duc et ses successeurs conservèrent la haute justice à Basse-Wavre, mais, en 1505, Philippe le Beau l'engagea (en y retirant les droits régaliens, les fiefs relevant directement du Brabant, les confiscations des biens des bâtards et les biens appartenant à des ennemis etc.) à l'abbaye d'Afflighem et au prieuré de Basse-Wavre, moyennant 225 philippus d'or, de 25 patars. Achetée le 20 avril 1551, cette juridiction fut vendue d'une manière absolue aux mêmes, le 13 juillet 1769 pour la somme de 2,800 livres de 40 gros. Le cens de 40 sous, que les sujets de l'abbaye payaient, en reconnaissance de la protection que les ducs étendaient sur eux avait été compris dans l'engagère de 1505; il ne le fut pas dans la vente de l'an 1769. Le domaine ducal prélevait à Wavre un certain nombre de cens, qui se payaient à la recette des « alleux de sa Majesté aux quartiers de Wavre et de Mont-Saint-Guibert » les biens dont ces cens étaient grevés ressortissaient à la cour des alloyers de Mont-Saint-Guibert. qui y avait haute, moyenne et basse justice, allait en appel à la cour féodale de Brabant et se composait d'un bailli et d'un certain nombre d'alloyers, dont quatre choisis parmi les habitants de Wavre.
Il y eut mainte fois de grandes contestations entre les seigneurs de Wavre et les prieurs et religieux de Basse-Wavre, au sujet de leurs juridictions respectives et, en particulier, des limites de ces juridictions, des foires annuelles, de la nomination des mambours de l'église, des pauvres et de l'hôpital, et de l'audition de leurs comptes, de la banalité des moulins. Le 10 mai 1663, le conseil de Brabant maintint, contrairement aux prétentions du magistrat, au curé dom Norbert Kints, le droit d'intervenir à la reddition des comptes de l'église, des pauvres et de l’hôpital; mais bientôt ces difficultés renaquirent, et elles se compliquèrent : le prieur de Basse-Wavre prétendait qu'il était le curé primitif et, qu'à ce titre ce droit lui appartenait, à l'exclusion du curé résident ou desservant. Après de longues discussions, les deux seigneurs, le prince de Vaudemont et l'archevêque de Malines, choisirent pour mandataires communs, le 13 septembre 1608, le Conseiller de Brabant François Francxem et Martin de Juzaine. avocat au conseil privé et au conseil de Brabant, qui, pendant trois ans, eurent de fréquentes conférences mais sans pouvoir aboutir à un résultat par suite de l'opposition que leurs tentatives de réconciliation trouvèrent chez les religieux. On lit entre autres dispositions, dans leur projet de transaction que chacune des deux parties conserverait le droit de chasse et de pêche dans le district qui lui était soumis et y aurait, à l'exclusion de l'autre partie, le droit de faire porter la verge de justice derrière le Vénérable, dans les cérémonies religieuses. Jusqu'à l'époque des Français, les deux seigneuries se disputèrent le contrôle de l'administration des églises, des biens des pauvres, des écoles.
Vers Dion-le-Val et Doiceau, la question des limites provoqua aussi plusieurs différends. Gilles de Bouler ou Boulez ayant fait enlever quelques bornes « au quartier de Dion, derrière le prieuré et le bois du prieuré », reconnut enfin que ces bornes étaient bien posées, renonça à toute réclamation à ce sujet et fit sceller la charte qu'il remit aux religieux par le duc de Brabant et par ses amis les chevaliers Arnoul, sire de Walhain, Jean, fils du précédent, et Guillaume de Bouler, son propre frère (décembre 1208). Longtemps après, à la suite d'une enquête, on déclara que la seigneurie de Basse-Wavre va « du côté de Duesseau, le long de la rivière le Thil du côté du midi jusque estocq d'épine, étant sur le fossé de la Marbaise, aux pretz des Warlandes, et de là elle va sur les Quatre bonniers appartenant à Afflighem; puis vers le Duesseau, auprès de la place où ci-devant y avoit une image de sainte Anne au bout du Longchamps, vers Duesseau, et de là à une borne sur les bruyères, auprès du chemin pour séparer Duesseau de Basse-Wavre. Les bois de Voghelsanck et Brabson sont sous Wavre, et Wavre va jusqu'au prêt del Hutte et le Longchamps inclus, le long du Thil, jusqu'au bout du pré de Stocquoy » (21 juillet 1629).
On suivait à Wavre deux coutumes différentes: l'échevinage de Wavre et celui de Basse-Wavre avaient l'un et l'autre adopté la coutume de Louvain, mais celle d’Uccle était en vigueur pour ce que l'on appelait les afforias de Warre, c'est-à-dire pour les biens situés dans la partie du territoire de Wavre qui n'avait pas été érigée en ville franche, en 1222. Sous le rapport des impôts, Wavre se divisait, en 1383, en trois fractions : 1° Cloester Warre ou Warre le Cloître, 2° Wavre, le Rieuwe et Sennemon ou Cherémont, et 3° Mont-à-Wavre, qui, plus tard, fut confondu avec la fraction précédente.
L'échevinage de Wavre, comme administration communale, se composait d'un maire, de sept échevins et d'un bourgmestre. A-t’il existé à Wavre, comme Gramaye le prétend, un conseil et des familles patriciennes? Nous n'en savons rien, car les documents sur l'ancienne organisation municipale de la localité sont peu abondants. Le maire, ainsi que les échevins et le greffier, qui leur servait de secrétaire étaient nommés par le seigneur. Le premier et le dernier restaient en fonctions toute leur vie; quant aux échevins, on les choisissait chaque année de la manière suivante : une liste de vingt candidats, dont quatorze pour les sept places d'échevins, trois pour les fonctions de bourgmestre, trois pour celles de maître d'église, était présentée au seigneur, qui nommait à ces places, comme le fit entre autres le duc de Looz, le 30 novembre 1790. Il est probable que, dans le principe, le bourgmestre, véritable mandataire ou représentant de la commune, était directement nommé par cette dernière. La commune payait par an (en 1692-1693, 1773-1774) au bailli et maïeur 7 florins 10 sous; au greffier, autant, plus (en 1773-1774) 4 florins pour le chassereau de la communauté; à chaque échevin. 5 florins. Le bourgmestre, qui était en même temps receveur et rendait compte à sa sortie de fonctions, recevait, en 1773-1774, 65 florins 2 sous 2 deniers, dont 50 pour veiller à l'exécution des travaux ordonnés par la ville. Les trois sergents, en indemnité de ce qu'ils maintenaient l'ordre dans la procession, le jour de la Nativité de saint Jean-Baptiste, avaient 2 florins; le messager de Bruxelles (le facteur allant de Wavre à Bruxelles) 2 florins.
Actuellement, Wavre compte onze conseillers communaux, dont neuf doivent être élus parmi les habitants du bourg, deux parmi ceux de Basse-Wavre, d'Aisemont, de Lonvrange, de Stadt et de Ri. Wavre est divisée en cinq sections administratives, distinctes de celles du cadastre : la 1e, dite de la Ville, comprend l'agglomération urbaine et une partie d'Aisemont; la 2e, dite de Basse Warre, comprend le hameau de ce nom, le Culot, l'Hôtel et le restant d'Aisemont; la 3e, dite de Stadt, comprend ce hameau, les fermes de Bilande et le château de la Bawette; la 4e, dite du Ri, comprend ce hameau, la ferme des Templiers et la barrière du Point du Jour; la 5e, dite de Lourange, comprend ce hameau, Lauzelle et la chaussée de Namur.
La nomination des mambours de l'église et des pauvres fut pendant longtemps contestée entre l'abbaye d'Afflighem et le seigneur ou les magistrats de Wavre. Le projet de transaction de l'année 1668, où l'on reconnaissait que de temps immémorial elle appartenait aux magistrats, stipulait que ceux-ci choisiraient deux ou trois candidats à chacune de ces fonctions, et que le seigneur, dans les vingt-quatre heures, prierait le prieur de la Basse-Wavre de se rendre à la halle ou hôtel de ville pour donner son avis à ce sujet; les comptes devraient se rendre, tous les ans, en présence du seigneur ou de son officier, du prieur ou de son vicaire, et des magistrats, et, en l'absence du seigneur, le prieur ou le vicaire signerait le premier. Après des débats sans fin, les bailli, maire et échevins adoptèrent un nouveau règlement, le 1er août 1767; mais le curé, invité à comparaître à la halle, ne se présenta pas et, sur une plainte formulée par lui, le conseil de Brabant ordonna, le 10 juillet 1769, l'annulation du règlement, ce qui fut effectué le 2 octobre de la même année. Le duc de Looz se montra très mécontent du mauvais vouloir que manifestèrent en cette occasion, non seulement les religieux, mais aussi son bailli, et le débat ne tarda pas à recommencer. Dans une requête présentée au conseil de Brabant on prétendit que l'administration des trois membres « pieux » de la ville : les pauvres, l'église et l'hôpital, était livrée à un désordre extrême, qu'il s'y était glissé des abus sans nombre, et que le magistrat s'était opposé aux tentatives de réforme que l'on avait proposées. Le conseil décréta : 1° qu'à raison de l'insuffisance des revenus de la fabrique, c'était aux décimateurs à y pourvoir, et que, dans les assemblées convoquées pour la gestion des biens de l'église, le prieur de Basse-Wavre aurait la première place, le curé de Wavre la deuxième et le magistrat la troisième; 2° que l'entretien des pauvres étant, au contraire, une charge incombant à la commune, le prieur et le curé, lors des délibérations, n'auraient chacun qu'une voix, de même que chacun des magistrats présents. Les décisions devaient se prendre à la pluralité des voix des personnes présentes, il devait y avoir, pour la fabrique de l'église, comme pour l'administration des pauvres, un registre aux résolutions et un inventaire des archives dressé par le greffier de la ville. Un seul receveur, nommé pour trois années et alternativement choisi par le prieur et par le magistrat, tiendrait la comptabilité des trois fondations: l'église, les pauvres et l'hôpital (cette dernière fondation, réunie à la précédente, n'existait plus que de nom); il aurait pour traitement le vingtième de sa recette et rendrait compte en séance publique et annuelle, dans les six semaines après la Saint-André.
De temps immémorial, Wavre porte, dans son sceau d'argent, à trois feuilles de lac, de sinople, l'écu timbré d'une couronne d'or. Ces armoiries lui ont été maintenues par un diplôme du conseil suprême de noblesse, en date du 15 septembre 1819, et ont été confirmées par un arrêté royal du 30 décembre 1841. Les échevinages de Wavre et de Basse-Wavre ne scellaient pas les actes d'adhéritance et de déshéritance passés devant eux: ils rédigeaient ces actes en forme de cyrographe et y employaient la langue romane, dès la fin du XIIIe siècle.
Les magistrats se réunissaient jadis à la halle, qui se trouvait sur le Marché-aux Grains actuel, presque en face du grand portail de l'église paroissiale. La halle aux grains et un corps de garde occupaient le rez-de-chaussée du bâtiment principal, et les salles des échevins le premier étage. A la halle étaient adossés trois petits bâtiments, dont l'un servait de prison et les deux autres d'habitations des sergents et gardes champêtres. Le tout fut démoli en 1809, pour 830 francs, la ville ayant transféré l'hôtel de ville dans le couvent des Carmes, qu'elle avait acheté l'année précédente. On n'a employé à cet usage qu'une partie des bâtiments conventuels, ceux qui surmontent les galeries de l'ancien cloître. On y arrive par un vestibule contigu à l'église des Carmes, voûté en plein cintre et que des arcs doubleaux avec nervures croisées divisent en quatre travées. Le prolongement du vestibule forme une des galeries du cloître; ce dernier présente, sur chacune des quatre faces du préau, cinq fenêtres, qui sont, au rez-de-chaussée, en plein cintre sur deux faces et cintre surbaissé sur les deux autres; à l'étage, plus petites et surmontées d'un linteau. Les locaux occupés par l'administration communale ne présentent rien qui soit digne de mention, si ce n'est une belle salle pour les fêtes et cérémonies, construite il y a quelques années.
Un règlement du magistrat relatif aux archives et en date du 30 décembre 1779 stipula qu'elles comprendraient huit armoires, qui porteraient les inscriptions suivantes: Protocoles des réalisations, Actes scabinaux, Comptes de la communauté, Comptes du droit du liar au pot et chaussées, Comptes de l’église, des pauvres et de l’hôpital, rôle ordinaire et extraordinaire et inventaire des édits, registre des inventaires, octrois et comptes des orphelins, Filasses et acquits des comptes. Les documents concernant plus particulièrement les biens, c'est-à-dire les registres scabinaux ou aux actes d'adhéritance de Wavre sont aujourd'hui dispersés: il s'en trouve à l'hôtel de ville toute une série commençant en l'année 1618, tandis qu'une autre, allant de 1758 à 1795, existe au tribunal de première instance de Nivelles, et qu'un débris du greffe de Wavre repose aux archives du tribunal de première instance de Bruxelles. Les comptes de la communauté commencent en 1691-1962 et offrent de nombreuses lacunes; ceux de l'église sont à peu près complets à partir de 1620 et ceux des pauvres et de l'hôpital forment aussi une série continue, mais seulement à dater de 1691 ou 1695. Avec les rôles de Wavre se trouvent beaucoup de rôles des échevins de Basse-Wavre, notamment un de l'an 1592. Les deux plus anciens registres aux résolutions vont : le premier, du 30 novembre 1752 à 1782; le second, de 1782 à 1795. Parmi les suivants, celui dans lequel l'année 1815 était comprise manque et l'on ne sait ce qu'il est devenu. Les registres du greffe de Basse-Wavre sont également dispersés: il y en a un allant du XIVe au XVIIe siècle, avec un inventaire des lettrages trouvés « dans le coffre aux archives des échevins de Basse-Wavre », parmi les archives du prieuré, aux archives du royaume; d'autres, allant de 1733 à 1753, sont conservés au greffe du tribunal de première instance de Nivelles.
Les chiffres suivants nous apprennent quelles étaient autrefois les principales ressources et les principales charges de la ville :
En 1692-1695
En 1773-1774
Recettes
Dépenses
A cette dernière époque, on portait, dans un cahier à part, les tailles et subsides perçus pour les états de Brabant, qui rapportèrent: les deux tailles, 1,745 florins 11 sous; la taille sur la viande et la farine, 1,577 flor. 2 deniers; les quatre vingtièmes, 5,200 florins 7 sous 3 deniers.
Le compte communal de l'année 1851 présente les chiffres suivants :
Les taxes communales et les locations et droits de place figurent parmi les recettes ordinaires : les premières pour fr. 12,058-87; les autres, pour fr. 12.731-16. Les rentes dues par la ville n'absorbaient qu'une somme de fr. 337-61.
Dans le budget de la commune, pour 1859, figurent les chiffres suivants :
Outre la halle, dont nous avons parlé, la commune a possédé beaucoup d'immeubles et notamment des terrains values et des bruyères. Le 12 mars 1779, le gouvernement autrichien l'autorisa à vendre quatre bonniers faisant partie de la bruyère Sainte-Anne, dans la prévision que les acquéreurs les mettraient en culture et donneraient une plus grande valeur au restant (consistant en 10 bonniers). En 1773-1774, la ville possédait encore les communes dites de la Maladrie, de Lourrange, de Sainte-Anne, de Sainte-Anne, vers Chérémont; de l'Ermitage, du Paradis, de Bilante; en outre, elle revendiquait celle de Tombeek, que lui contestaient les habitants du hameau de ce nom, mais elle abandonna ses droits au duc de Corswarem-Looz, le 23 août 1775. Depuis, tous les terrains communaux ont été successivement aliénés. Lorsque, en 1813 le gouvernement français, par un abus incroyable d'autorité, fit procéder à la vente d'une partie des biens des communes, un arrêté du préfet, du 20 septembre 1813, ne laissa à la ville que le couvent des carmes et adjugea à la caisse d'amortissement les bâtiments dits Berceau de Warre et Berceau de Basse-Warre et la maison servant de dépôt des poids et mesures et de local des séances de la justice de paix. Les deux berceaux restèrent néanmoins à la ville : le premier sert encore à remiser les bancs du marché et une pompe à incendie. Le conseil a vendu, en 1819, le Verger des carmes et quelques autres biens communaux situés à l'Ermitage et au champ de Stadt; en 1852, il a également aliéné, pour 4,890 francs, un hectare 81 ares de terres, situés au Borgendael et qui ne rapportaient que 41 francs et demi.
Le serment de l'arc, de Wavre, n'a laissé que peu de traces de son existence. Il assista, en 1551 au landjuweel (joyau du pays) de Louvain et adhéra alors à la révision du règlement des concours que l'on désignait sous ce nom. On y recrutait jusqu'à 15 hommes, lorsque, en 1698, il s'en forma un second, sous le nom de serment de Basse-Wavre ou de Notre-Dame-de-Paix et de Saint-Sébastien. La première organisation se fit le 20 mai 1698, avec l'autorisation du prieur, et on procéda, trois jours après, au prieuré, à réaction des dignitaires. A la demande des membres la confrérie de l'arc à la main, de Louvain, leur envoya un exemplaire de son règlement, qui portait la date du 20 février 1660 et avait été imprimé alors, en une feuille in-plano chez George Lips. L'archevêque de Malines et le prévôt d'Afflighem ayant également approuvé les statuts du serment, les 21 et 23 juin, un premier tir eut lieu le 10 août. Les serments ont été supprimés lors de l'invasion française et ne se sont plus reconstitués que comme sociétés d'agrément : la perche principale pour le tir à l'arc trouve près de la Belle -Voie.
Wavre est une des localités où l'on a organisé la garde civique, dont l'effectif s'élevait, en 1858, à 227 hommes. Il s'est formé, à Wavre, une société de carabiniers qui a établi un tir à la cible, au moyen d'un subside de 850 francs obtenu du gouvernement (arrêté royal du 22 avril 1862). Il y existe une brigade de gendarmerie, qui est casernée dans l'ancien couvent des récollets, en vertu d'un arrêté de l'administration centrale du département, du 15 germinal an VII.
D'après Le Roy, les premiers seigneurs de Wavre auraient été fils du duc Godefroid 1er, mais cette assertion parait n'être fondée que sur une fausse interprétation du texte d'un diplôme, et les documents que nous avons consultés n'étayent ce fait en aucune façon. Ils citent en premier lieu une Ave de Wavre qui, de concert avec ses trois fils Siger, Godefroid et Synagogus ou l'Assembleur, vendit, en 1125, à l'abbaye de Forêt, un alleu considérable situé à Woluwe. Siger, sous le nom de Sohier, et accompagné de son fils Bernard, qui doit avoir été seigneur d'Orbais, figure, en 1131, dans une charte du duc Godefroid Ier. Siger de Wavre et son frère Synagogus sont encore cités, en 1132, avec Jean de Wavre; en 1136, avec Henri de Wavre. En cette dernière année, Siger, Synagogus et Henri cédèrent à l'église dle Sainte-Marie de Wavre leurs droits sur ce qu'elle tenait d'eux en fief ou en arrière-fief, et, à leur demande, cette concession fut confirmée, a Louvain, par l'évêque de Liège Albéron II, en présence du jeune duc Godefroid ou Godefroid II et du comte Henri, son frère.
Un Siger de Wavre apparaît encore en 1148. en 1153, en 1159, en 1160, en 1173, en 1160, avec Gosuin de Wavre : en 1173, avec Gosuin et ses frères. Alors vivait aussi un nommé Machabrun qui parait avoir appartenu à la famille seigneuriale, et dont les habitudes querelleuses causèrent beaucoup d'ennuis aux religieux d'Afflighem, et plus encore à leur abbé Godescalc (1141-1164). On disait de lui : «dehors la maison, c'est le combat; au-dedans, la crainte» (foris pugnae, intra timores). Après avoir eu des enfants, il prit l’habit religieux dans le prieuré de Wavre, et réclama des biens dont son père Siger, son frère Huard et lui-même avaient jadis gratifié le monastère. Ses jurements, ses menaces inspirèrent tant de peur qu'on lui fit des concessions sans parvenir toutefois à établir un accord durable. Pour déterminer Machabrun à renoncer à ses réclamations, il fallut donner à son fils Siger Wavrel six marcs d'argent et autoriser Siger et son frère Eustache à prendre l'eau de la Dyle, pendant deux jours par mois, afin d'assurer l'alimentation des fossés de leur habitation. On tenait tellement à faire garantir cette convention par le duc Godefroid, que l'abbé Godescalc, accompagné de Machabrun et de ses fils, se rendit dans ce but à Hoeylaert. L'abbé, appuyé par Léon et d'autres chevaliers, pria le duc de se déclarer « avoué ou juge de l'accord », c'est-à-dire de s'en porter garant, mais Godefroid ne voulut accepter cette responsabilité que lorsque Machabrun lui-même en eut fait la demande.
En 1175, Siger et Godefroid de Wavre, avec le consentement de leur sœur Ermentrude, cédèrent à l'abbaye de Villers le village de Thorembais (Thorembais-les-Béguines), qu'ils tenaient du duc Godefroid, en alleu, et à titre héréditaire. L'un de ces deux frères épousa une dame nommée aussi Ermentrude, dont il eut un seul fils, encore nommé Siger et des filles. En prenant le voile, en 1187 au couvent des norbertines de Sumain ou Soumay, situé sous Perwez et dépendant de l'abbaye d'Heylissem, Ermentrude et deux de ses filles abandonnèrent à cette communauté la dîme de Jandrain.
Lorsque Siger atteignit sa majorité, il contesta cette donation et, pendant sept ans, en annula les effets. Ce ne fut qu'après la mort de sa mère, en 1210, qu'il reconnut son erreur. En 1213, il fut pris à la bataille de Domines. Plus tard, il s'attacha à l'infortuné Bouchard d'Avesnes, et, lorsque Waleran et Henri, sires de Houffalize, en Ardenne, ouvrirent à Bouchard leur château, ce fut à Siger que celui-ci en confia la garde. Le 21 juin 1218, se trouvant dans l'église de Sainte-Gertrude, de Nivelles, il approuva la donation d'un manoir et de huit bonniers de terres et de prés, que son vassal, René de Boudrisart, avait faite au prieuré. Par un diplôme sans date, Robert, l’abbé d'Afflighem lui accorda la participation à toutes les prières qui se diraient dans le monastère, déclara que son anniversaire serait célébré à Notre-Dame de Wavre, où il désirait être enseveli, et s'engagea, au nom de l'abbaye, à défrayer cinq pauvres en souvenir de lui, le jour commémoratif de son décès. Siger, sa femme Béatrix et ses fils sont cités dans un acte de l'an 1209, relatif à l'église de Bierges, dont la famille de Wavre tenait alors une moitié, en fief de Gérard de Jauche. Le nom de Wavre était porté par plusieurs autres féodaux de ce temps, tels que : Baudouin de Wavre (1197) et Henri de Wavre (1211, 1222), vassaux du duc, et Godescalc de Wavre, vassal de Siger (1218). Godefroid, fils de Siger, et gendre d'un nommé Jacques, était seigneur de Wavre lorsque le duc Henri Ier y érigea une ville franche (1222). Il épousa une dame appelée Elisabeth, donna au prieuré de Basse-Wavre deux bonniers de terre situés devant la porte du couvent (actes de confirmation émanés du duc Henri, son suzerain, au mois de juin 1227, et du pape Grégoire IX, le 22 janvier 1228), et céda, en 1240, à l'abbaye d'Oplinter, où sa femme s'était retirée, 27 bonniers de terre, se trouvant sur Jandrain. « Noble homme Siger, sire de Wavre », reçut de Jean Ier, duc de Brabant, le 7 décembre 1270, l'ordre d'enjoindre à ses « tonlieus » ou percepteurs de péages de ne plus lever d'exactions, « tant par eau que par terre », sur les denrées ou objets appartenant à l'abbaye de Parc.
Quelques années après, une querelle s'étant élevée entre noble homme Jean, sire de Wavre, et ses échevins, d'une part, et les abbés et religieux d'Afflighem, d'autre part, au sujet de la dîme du vermillon, il fut décidé qu'au lieu de cette taxe, les biens qui y étaient assujettis paieraient tous les ans 33 deniers de Louvain, par bonnier (13 avril 1273). Ce Jean est sans doute le Jean Vanden Wale de Wavre, qui périt dans l'expédition que le roi de France Philippe le Hardi dirigea contre l'Aragon, en 1285.
Un autre Jean, également chevalier et seigneur de Wavre, abandonna au duc Jean Ier ses droits sur ce domaine, de concert avec sa femme Alice; en retour, le duc lui reconnut le droit d'y percevoir, pendant toute sa vie les cens seigneuriaux (37 livres 15 sous 6 deniers, 18 livres de lin, 5 quarterons de cire, 458 chapons, 13 muids d'avoine, 7 sixtons de poivre), le revenu des moulins (100 muids de grains), le terrage (63 muids 4 setiers de seigle et autant d'avoine), le produit du manoir de Sart et de ses dépendances (14 bonniers de terre, 3 1/2 bonniers de prés, 5 journaux de vignes, 1/2 bonnier de bois), des taxes sur les boissons (de chaque tonneau du meilleur vin vendu à broc, ou en détail, tonneau de la contenance de 6 aimes, 4 geltes ou doubles pots; 16 geltes de chaque brassin fait à la brasserie seigneuriale et 3 geltes des brassins faits ailleurs); quatre deniers sur chaque bourgeois ne tenant pas d'héritage, une maille, exigible à la Saint-Jean, de chaque bourgeois qui conduisait des marchandises hors de la ville; le droit de congé (2 sous par livre, soit un dixième, de l'acheteur, et autant du vendeur, sauf que le journal de terre censale payait 3 mailles, le journal de terre terengaul ou soumise au terrage, 2 deniers ; une habitation, un droit égal au cens annuel); une prière (ou aide) prélevée sur les terres tenues en fief du seigneur et s'élevant à 6 livres etc. Tout individu du dehors qui voulait se marier devait en demander au seigneur ou à son maire l'autorisation, sous peine de 2 sous d'amende. Le duc déclara que Jean et Alice pourraient exiger des corvées de fourche pour fener leurs prés, prélever un cens de 20 sous pour le loyer de la halle au blé, et chasser aux lièvres, aux lapins et aux perdrix; ils auraient un maire pour adhériter et déshériter et pourraient faire panner ou saisir par les forestiers. Quatre personnes, qui étaient sans doute à leur service, furent déclarées franches de tout impôt, assise etc., leur vie durant. Jean et Alice pouvaient donner leurs biens ou revenus à bail pour six années. Si le seigneur survivait à sa femme, son usufruit en comprendrait les deux tiers, et si c'était Alice qui vivait la dernière, elle aurait l'usufruit de la moitié (7 février 1201-1202). L'ancien seigneur de Wavre vivait encore au mois de mai 1303, le samedi après la fête de la Sainte-Croix; il renonça alors, en faveur du prieuré, à ses droits sur un pré se trouvant devant la porte du couvent.
En 1303, le duc Jean II fit don de la terre de Wavre à Jean Meeuwe, l'un des fils naturels de son père. Ce seigneur se maria deux fois : d'abord à une dame dont le nom est resté inconnu, puis à Marguerite, dame de Pamele et de Ledeberg. Il eut de la première un fils, nommé Jean, et, de la seconde, six autres fils, qui, après la mort de leur père, eurent pour tuteur le sire de Bornival.
Une charte du mardi avant la fête des saints Simon et Jude, en 1317, établit que Jean, fils aîné de Jean Meeuwe, reçut de son père la terre de Donglebert, près de Jodoigne, et, en retour, renonça à toute prétention sur celle de Wavre, sauf qu'on lui reconnut, à lui et à ses héritiers, le droit d'en opérer le rachat, moyennant 4,000 livres de petits tournois noirs. Le 1er février 1322, il céda à son père tous les biens qu'il avait acquis à Wavre.
Son frère Guillaume eut de Marguerite de Wassemberg deux fils, Jean et Guillaume, et deux filles, Marguerite, femme de Jean de Diedeghem ou Dieghem, puis du chevalier Guillaume l'Ardenois de Spontin, et Marie, dame de Hermalle, qui s'allia à Engelbert de Haccourt.
Jean et son fils du même nom se transmirent la terre de Wavre. Un Jean, sire de Wavre, prêta serment à Louis de Male, après la bataille de Scheut, en 1350, et plus tard renonça à le reconnaître pour suzerain. On doit se garder de le confondre avec son homonyme, le sire de Perck, qui reçut en don du duc Jean III, le 12 décembre 1354, le bois de la Hutte près de Bourdeaulx (à Sart-Dame-Aveline), la Haie de Wavre, celle de Bivellet, avec le droit d'y perdriser et d'y chasser à l'oiseau.
Guillaume II, fils de Guillaume, avait succédé à son neveu en 1374; sa veuve Marguerite de Miadraige, dame de Bautersem, vivait encore en 1399 et avait pour douaire une rente de 100 francs de France, hypothéquée sur la terre de Wavre.
Marguerite, sœur de Guillaume II, releva le bourg et ses dépendances, entre la Saint-Jean 1381 et la Saint-Jean 1385. Par contrat signé le 15 juin 1370, en la «court en Sart, en la chambre de la dame de Wavre», elle avait épousé Guillaume l'Ardenois de Spontin, dit le jeune, fils de Guillaume, sire de Spontin, et déjà possesseur du fief de Houtain à Wavre. L'année suivante, le jeune époux fut fait prisonnier à la funeste journée de Bastweiler. Il mourut en 1420, et fut enterré à l'abbaye de Leffe, près de Dinant, ainsi que sa femme, qui était morte en 1399.
A l'occasion du mariage de leur fils Robert avec Marie de Sombreffe, ils lui avaient cédé, vers l'année 1398, les terres de Wavre et de Faubeck (ou Vaelbeck), en avancement d'hoirie, et, l'année suivante, la dame de Hermalle et son mari renoncèrent aussi à leurs droits en sa faveur, à la condition de garder une moitié des revenus de sa seigneurie, moitié qui devait être relevée en fief du domaine principal (20 octobre 1399). Robert fut un des signataires du traité d'alliance des bâtards de Brabant, en 1403; de l'acte d'union des états de Brabant et de Limbourg, en 1415; de la sentence de proscription portée à Louvain, le 15 août 1420, contre les conseillers du duc Jean IV. Au siège de Braine-le-Comte, en 1425, ce fut à lui qu'on confia le soin de porter la bannière ducale de Brabant. Il décéda vers l'année 1455, après s'être allié : d'abord à Sybille de Gavre, dame du Tiége en Hainaut; puis, vers 1425, à Philippine de Houffalize, veuve de Guillaume de Clermont, sire de Harzée.
Son fils Guillaume épousa, selon les généalogistes, Jeanne de Namur, dame de Liernut, Noville-sur-Méhaigne et Longchamps; selon les Comptes des fiefs de Brabant, Jeanne de Bevenie, en faveur de laquelle son père constitua une rente de trois cents gripen, sur la terre de Wavre (relief du 4 août 1432). Il devint conseiller et chambellan des ducs de Bourgogne Philippe et Charles, eut avec son fils quelques contestations qui se terminèrent par un accord, le 12 juillet 1481, et fut enfin enterré à Wavre, en 1489.
Robert, fils de Guillaume, eut une vie pleine d'agitations et d'incidents. A peine âgé de 19 ans, il combattit les Gantois dans les plaines de Gavre, guerroya ensuite contre les Liégeois, suivit Charles le Téméraire à Morat, et servit longtemps Maximilien d'Autriche et son fils Philippe, qui le créèrent leur conseiller et chambellan. Mais ses qualités guerrières paraissent avoir été ternies par plus d'un défaut. En 1459, sous le nom de Robert de Spontin dit de Wavre, et accompagné de Jean, le bâtard de Wavre, comme lui condamné à un pèlerinage à Milan, il quitta les Pays-Bas avec le duc Louis de Bavière. Ses pillages dans la chàtellenie de Huy attirèrent sur lui les armes des Dinantais, qui prirent et brûlèrent Spontin en 1465. Cité plus tard devant un conseil spécial institué à Namur pour juger des querelles de guerre, il fut arrêté et emprisonné à cause de ses ravages aux environs de Huy; mais il intervint un jugement, qui imposa silence aux deux parties, sous peine d'une amende de 1,000 écus d'or. Pour ses attaques contre Jean d'Eve, sire de Walzin, et les Dinantais, il fut condamné, le 24 juin, à tenir prison à Namur, jusqu'à ce qu'il eût satisfait les plaignants; en outre, on lui ordonna, le 24 juillet, de restituer au sire de Vervoz ce qu'il avait enlevé dans ses domaines. Robert refusa de se soumettre aux ordres du conseil, alléguant maint prétexte et prétendant, notamment, qu'il n'était que possesseur usufruitier de la terre de Spontin. Sire Robert s'était marié, le 18 mai 1162, à Marie de Longchamps, dame de Jupplu, et veuve du sire de Harzée, qui était morte le 10 août 1467. Il releva, le 19 février 1472-1473, par cession de son père, l'usufruit, de celui-ci dans la terre de Wavre, et le lui recéda immédiatement, pour en jouir à titre viager. Sa mort arriva le 6 août 1492.
Jean, fils de Robert (r. du 21 août 1492), déploya la même valeur et la même inflexibilité de caractère. II fut grand maïeur de la ville de Namur et grand veneur du comté de ce nom; après avoir essayé vainement, en 1507, d'empêcher les Gueldrois de prendre Tirlemont, il contribua à les mettre en déroute, à Saint-Hubert, pendant la nuit du 18 octobre de la même année. Mais déjà les réclamations des Hutois, appuyés par les bourgeois de Namur, avaient été écoutées, et un arrêt du grand conseil, du 20 août 1499, avait forcé Jean de Spontin à conclure un accord avec eux. Pour les satisfaire, il se décida à aliéner Wavre. En épousant Philippine, fille de Gilles de Bousenton premier maître d'hôtel de Marguerite d'Autriche, il avait promis de restituer la dot de sa femme, 2,000 florins du Rhin, de vingt sous, si celle-ci mourait avant lui sans enfants et de lui laisser Wavre s'il décédait avant elle (r. du 23 février 1494-1495); néanmoins, il vendit ce domaine, en 1501, à sire Guillaume de Croÿ, seigneur de Chièvres, d'Aerschot etc. (r. du 3 octobre); puis, à Jean, seigneur de Berghes ou Berg-op-Zoom (r. du 15 du même mois), qui acheta aussi les droits de Philippine de Bousenton (r. du 20 octobre).
Comme nous aurons à parler des de Berghes et de leurs successeurs lorsque nous nous occuperons de la seigneurie de Walhain, il suffira de faire observer ici que celle de Wavre, qui y fut incorporée lors de l'érection du comté de Walhain, en 1532, obéit aux Berghes, puis aux Witthem, et enfin à une branche de la famille de Lorraine. Charles-Henri de Lorraine, prince de Vaudemont, souverain de Commercy et d'Enville, comte de Falkenstein et de Walhain, sépara du comte de Walhain la terre de Wavre, les biens dits de Houtain, à Wavre, le tonlieu de Wavre et ses dépendances, et la seigneurie de la Pierre, sur Bierges, pour les vendre à François Ansillion, ancien bourgmestre de Bruxelles (r. du 28 juin 1715). Les deux fils de celui-ci, Jean-François et Barthélémy d'Ansillion, relevèrent ces biens et les cédèrent immédiatement à Joseph-Philippe-Hyacinthe, duc de Corswarem-Looz (r. du 3 mars 1711).
Ce dernier seigneur et son frère, le comte Louis de Corswarem-Looz, avaient été, le 24 décembre 1734, élevés au rang de ducs, sous les noms de Looz-Corswarem et de Corswarem-Looz; le 10 février 1758, le duc Joseph-Philippe-Hyacinthe déclara appliquer son nouveau titre sur la terre de Wavre et ses dépendances, à laquelle il annexa la Pierre, sur Bierges, Grand-Lez, Sainte-Marie et Nanhimont.
Après lui vinrent ses neveux Florent-Lamoral-Louis-Charles-François et Alexandre, ducs de Looz-Corswarem ( r. du 9 mai 1778 pour Wavre et du 30 juillet 1781, au nom du premier, seul, pour le titre de duc). Charles-Alexandre-Auguste, resté seul (r. du 7 avril 1788), mourut le dernier de sa branche, le 28 février 1792, après avoir institué pour héritier son cousin, Guillaume-Joseph, comte de Niel ( r.de l'année 1792), dont les biens furent mis sous séquestre lors de l'invasion du pays par les Français, puis compris dans le domaine national en vertu du traité de Lunéville. La terre de Wavre était entourée par les seigneuries de Rhode-Sainte-Agathe, de Grez, de Sombreffe (dont la Pierre et Rixensart étaient des dépendances), de Bierges, de Limale, d'Over-Yssche. Elle avait haute, moyenne et basse justice, droit de winage, d'afforage de vin, de rewardage, de terrage, de mainmorte, de dixième denier, de hallage. Il en dépendait, en 1440, cinquante-huit bonniers de terres, quinze bonniers de bois (appelés le Beumont), neuf bonniers d'eaux, deux moulins, deux brasseries, un cens rapportant 139 sous de bonne monnaie, 206 1/2 chapons, 6 muids d'avoine. De la cour féodale ressortissaient un grand nombre de fiefs, notamment, en 1474, une moitié des dépendances et revenus (mais non de la juridiction) de la seigneurie, appartenant à Engelbert, fils de Charles de Lintre ou Neerlinter, et petit fils de la dame de Hermalle; la terre del Val et le cens de Bruxelles, sur Wavre; la terre de Moriansart, à Ceroux; le Vivier de Moriansart. à Court-Saint-Etienne la moitié de la seigneurie de Limal. En 1474, Messire Guillaume, sire de Spontin et de Wavre, fut taxé pour le service féodal à trois combattants à cheval, et Guillaume d'Argential ou d'Argentean, pour ses cens et rentes de Wavre, à deux combattants à cheval et un combattant à pied.
Parmi les biens qui furent, à différentes époques, annexés à la terre de Wavre, nous citerons : des hommages « al Gâte et aux alentours, deleis Myedreghe » (ou Meldert, près de Tirlemont); le fief de Houtain, le tonlieu de Wavre, la maison du Sart.
Le fief de Houtain, qui relevait directement du duché de Brabant, équivalait à un revenu de 40 livres en terres, en 1312; il avait un maire, un échevinage ou court de jugeurs, un cens, qui produisait, en 1440, 12 muids de blé, mesure de Wavre, 2 muids d'avoine, 9 chapons. 50 sous de bon cens: et il en dépendait des terres et des prés. Son nom lui vint de Henri de Houtain, chanoine de Nivelles, qui le possédait en l'an 1312. René ou Renaud Cache, de Nivelles, en fut ensuite possesseur et le céda à Jean de Marbais (relief du 18 septembre 1364): Jean de Marbais le jeune, sire de Luwetial ou Luttéal, en fit abandon à messire Guillaume de Spontin ( r. du 20 octobre 1368 ), dont le fils, sire Guillaume, l'Ardenois de Spontin (r. de 1387 - 1388), épousa la dame de Wavre. Depuis cette époque, le fief de Houtain resta constamment aux successeurs de celle-ci.
Ce que l'on appelait le tonlieu de Wavre consistait principalement en un péage perçu sur les denrées et marchandises de toute espèce, qui se levait à Wavre sur les mêmes bases que le tonlieu de Louvain. En 1382-1383, Jean de Schoonvorst, fils de sire Jean de Schoonvorst, vicomte de Montjoie, en opéra le relief devant les hommes de fief du Brabant, et le posséda, ainsi que ses descendants, en même temps que la terre de Rhode-Sainte-Agathe. Un siècle plus tard, sire Jean de Gavre, seigneur de Rhode-Sainte-Agathe, l'aliéna en faveur de sire Henri de Witthem, seigneur de Beersel, chevalier de la Toison d'or (relief du 16 mars 1494-1495). Gilles de Bousenton, premier maître d'hôtel de Marguerite d'Autriche et beau-père du dernier seigneur de Wavre, de la famille de Spontin, s'en rendit ensuite acquéreur (r. du 5 mars 1195-1496), mais le recéda bientôt à Jean, sire de Berghes, qui avait déjà acheté Wavre (r. du 10 mai 1502).
Quant à la maison du Sart, que nous croyons avoir occupé l'emplacement de la ferme de l'Hôtel, elle figure dans un échange que Jean, sire de Wavre, conclut avec le prieuré en l'an 1275 ; en 1372, on mentionne le manoir du sire de Wavre au Sart, à proximité des prés des moines. Il passa ensuite, à ce qu'il semble, avec une moitié de la seigneurie, aux Hermalle, puis aux Argenteau. Sire Guillaume d'Argentialle, seigneur d'Oxem, vendit la maison et chapelle de Sart près de l'église de Basse-Wavre (domus et capella de Sart prope ecclesiam Beate Marie de Wavrea) à Jean, sire de Spontin et de Wavre, qui porta de deux à cinq le nombre de messes qui se disaient toutes les semaines, dans la chapelle de Notre-Dame-au-Sart, et en augmenta la dotation de 22 muids de blé de rente annuelle, à prélever : 15, sur le grand moulin, et 7, sur la ferme seigneuriale, à Wavre (7 février 1494). Le château de Wavre fut démoli, au XVIe siècle, par ordre du marquis de Berghes, et on en employa les matériaux, comme le suppose Gramaye, à embellir le manoir de Walhain.
La Terre del Vale, l'un des fiefs de la terre de Wavre, comprenait six bonniers, un j. de prés et de pâturages et huit b. 1 journal de terres, plus vingt et un bonniers de bois et de bruyères tenus en arrière-fief de cette seigneurie. Blondeau vit encore, dans sa jeunesse, la motte ou monticule que surmontait anciennement le château du Val; plus tard, lorsqu'il recueillit ses notes sur le Brabant wallon, il ne put savoir s'il en existait encore des vestiges. En 1474, le fief fut taxé, pour le service féodal, à fournir un homme à pied.
Des chartes de l'an 1160 environ et de 1204 citent, parmi les vassaux des ducs de Brabant, un Jean de Valle ou du Val. Le fief du Val appartint ensuite, en 1440, à Libert del Haye; en 1474, à Robert de la Haye. M. de Hosden, seigneur de Rouxmiroir, le vendit, en 1617, à René Le Roy; Philippe d'Anneux, baron de Crèvecœur, en opéra le retrait et le céda, en 1632, à Daniel Bustanci, qui abandonna ses droits à Thomas Lopez de Ulloa, premier baron de Limal. Le 31 juillet 1711, si nos renseignements sont exacts, Val en Wavre fut vendu à la famille des Beeckman de Vieusart. Ferdinand-Philippe, frère du seigneur de Vieusart, et qui exerça à Bruxelles, de 1746 a 1748 et de 1756 à 1758, les fonctions d'échevin; de 1758 à 1765 et de 1772 à 1775, celles de bourgmestre, se qualifiait seigneur du Val. Il mourut le 20 novembre 1781 et fut enseveli à Corroy-le-Grand, dans le caveau sépulcral de ses ancêtres.
Au domaine du Val était réuni, dès l’année 1440, le cens de Bruxelles, qui rapportait, par an, 110 chapons, 70 1/2 vieux gros. 104 sous 10 deniers oboles de bon cens, 2 muids d'avoine, 3 livres de lin. De cette tenure relevaient en fief : une maison, avec terres, prés, bruyères etc., voisine du bois de Lauweselle (en 1440, à Baudouin de Loeverenge); 12 bonniers de bois, à Lauweselle, appartenant au prieuré de Wavre; 10 bonniers de terres, à Corbais (en 1440, à Guillaume de Tiége) etc. Philippe de Wavre avait jadis acheté le cens de Bruxelles à Ode le Gleseresse. En 1705, la cense de Stadt était la propriété du seigneur du Val.
Parmi les feudataires du seigneur de Wavre figurait, en 1440, une dame nommée Marguerite, pour une maison et tenure, d'une contenance de trois bonniers et situées à Rieuwe, un demi-bonnier de pré, et deux hommes de fief, savoir : Bietreme ou Barthélémi de Bauwette, pour la maison del Bauwette, à Rieu, et messire Gossial de Rieu pour une maison et des vignes à Rieuwe, quinze bonniers de terres et un b. de pré.
En 1174, c'était encore Barthélémi del Bauwette qui possédait la maison de ce nom; il fut alors taxé, pour le service féodal, à fournir un combattant à pied. La famille de la Bawette se perpétua longtemps; l'un de ses membres, Charles-Joseph-François, qui mourut le 23 août 1739, et sa seconde femme, Marie-Jacqueline-Thérèse Vande Velde, eurent pour fille Hiéronymine-Isabelle-Thérèse, qui épousa, le 18 avril 1736, Charles-Chrétien-Jean de Spoelberch, seigneur de I.ovenjoul, auditeur à la chambre des comptes, mort en 1772. L'aîné de leurs enfants, Jean-Charles-Laurent-Joseph membre de l'ordre équestre de la province do Brabant, porta le titre de vicomte de Spoelberch-la-Bawette; mais le bien connu sous ce dernier nom passa à sa sœur Louise-Françoise, qui épousa, en 1785. Olivier de Plumkett de Rathmore. Depuis, le château appartint au baron Raymond, qui y essaya la culture de la vigne, et à M. Mertens. Actuellement, c'est une propriété du baron de Thysebaert de Namur. Il est placé au sommet d'une colline exposée au midi, et dont le versant est occupé par un beau parc, coupé d'éclaircies, orné de kiosques et se terminant à une pièce d'eau. La façade méridionale du château montre un grand corps de logis percé de quatre fenêtres au rez-de-chaussée et à l'étage; de chaque côté règne un mur assez bas, sur lequel s'ouvre une fenêtre, puis une porte cochère cintrée, qui est surmontée d'une tourelle carrée à un seul étage. Il y avait, dans la chapelle de ce château, une chapellenie de Notre-Dame, dont le revenu s'élevait, en 1787, à 25 florins. L'archevêque de Malines y a autorisé, le 29 avril 1823, l'établissement d'une chapelle domestique.
Nous n'avons recueilli aucune donnée nouvelle sur la seigneurie de la Barre, qu'Antoine de Sainctes possédait du temps de Blondeau, par héritage de son père Renaud; elle constituait également un fief de la seigneurie de Wavre.
On ne peut donner le nom de château à deux jolies villas situées, l'une près de la route de Bruxelles, l'autre en face de la station et appartenant à MM. Andrioux et Brion. M. Andrieux, qui est mort récemment (le 1er mars 1863), étant bourgmestre de Wavre, a légué sa maison aux pauvres, pour la convertir en hôpital. Quant au château du Belloy, bâti à Basse-Wavre par M. de Bienne, il n'a rien de remarquable que sa situation magnifique sur une espèce de promontoire escarpé, formé par le prolongement de la montagne Saint-Roch.
Les biens d'Afflighem à Wavre formaient la dotation principale du prieuré de Basse-Wavre. Le monastère avait la justice, y compris la haute, qu'il acheta du gouvernement autrichien en 1769; un livre censal, valant par an 149 florins; la grande et la menue dîme, dont le revenu, qui s'élevait à 3,101 florins, se divisait en trois parts : 1,015 florins pour l'archevêque, autant pour le prieuré et 1,161 florins pour l'abbaye; trois grandes fermes, dont nous allons parler, le moulin de Basse-Wavre, 113 1/2 bonniers de bois, le tonlieu sur le grand pont de Wavre, valant 10 florins.
La Cense de Lauzelle date des dernières années du onzième siècle. En l'année 1111, par une charte datée de son château d'Yssche, le duc Godefroid Ier la prit sous sa protection, ainsi que l'alleu de Sainte-Gertrude, que le monastère d'Afflighem avait acquis de l'abbesse de Nivelles et de la prévôté Mathilde; en même temps, Henri de Bierbais. « homme noble », renonça à l'avouerie de cet alleu, que le duc lui avait donnée pour la tenir en fief. En 1147, l'évêque de Liège Henri désigna spécialement cette forme (curtis de Ausele in parrochia de Wavere) dans une charte de confirmation des biens que les religieux d'Afflighem possédaient dans son diocèse. Ses dépendances s'étendaient à la fois sur Wavre, Limal, Ottignies, Neusart, Vieusart et Corroy-le-Grand et ses bâtiments étaient situés sur trois communes différentes : Wavre, Ottignies et Corroy. Elle était louée, en 1787, avec 108 bonniers de terres, de prés et de bruyères, moyennant 948 florins, et fut vendue, le 7 prairial an V, avec 117 bonniers, pour la somme de 214,000 livres, à un ancien carme de Louvain, Pierre-François Vandenplas. Elle devait jadis à la vénerie de Brabant un cens d'un muid de blé et de 15 florins d'or.
C'est à la munificence du duc Godefroid III qu’Afflighem dut son bien de Bylane ou Bylandt. Par les ordres de ce prince, quelques-uns de ses vassaux et entre autres, son maire, Daniel d'Yssche, abornèrent, dans l'alleu ducal, un vaste espace de forme carrée, compris entre la Lasne, le Putebecke, la forêt adjacente, les campagnes cultivées de Wavre (agricultura de Wavera) et le chemin conduisant à Tombeek, puis Godefroid en fit don sur l'autel de Notre-Dame de Wavre. Les religieux bâtirent en cet endroit une ferme, qu'ils nommèrent Bilania, et obtinrent l'autorisation d'édifier un moulin, soit sur la Lasne, soit sur les eaux venant de leur étang. Godefroid, du consentement de son fils Henri, de Siger de Wavre, de Siger de Limal et de Gosuin de Wavre, vint de nouveau à Basse-Wavre et renouvela, en l'an 1173, sa donation, que Henri, devenu le duc Henri Ier, ratifia en 1201. Au XVe siècle, cette ferme payait à la vénerie de Brabant une redevance annuelle de 9 muids d'orge. La cense de Bilande, avec 145 bonniers de terres et de prés, à Wavre, Rhode-Sainte-Agathe et Weert-Saint-Georges, se louait 1,603 florins en 1787. Elle fut vendue, le 17 floréal an V, pour la somme de 323,000 livres, à Ignace Roussel, ancien carme de Wavre.
La Cense de la Vacherie est citée en 1204, et, de nouveau, en 1275, dans un échange conclu entre les religieux et le seigneur de Wavre, Jean. Elle payait à la vénerie de Brabant la même rente que la ferme de Lauzelle. En 1787, elle n'était louée, avec 73 bonniers de terres et de prés, que 700 florins. La république française la vendit, le 2 prairial an V, moyennant 33,000 livres, à Raphaël De Coster, ancien religieux de l'abbaye de Saint-Pierre, de Gand. On aperçoit cette ferme, à l'entrée de Basse-Wavre, lorsqu'on suit la chaussée allant vers Louvain.
Le riche monastère de Villers possédait quelques biens à Wavre et notamment, au hameau de Louvrange, la Ferme de la Couverterie.
Les biens des Templiers, à Wavre et aux environs, furent donnés à cet ordre par le duc de Brabant Godefroid III, en reconnaissance des services et de l'hospitalité que les chevaliers lui avaient accordés lorsqu'il arriva à Bénévent, pendant son second pèlerinage à la Terre-Sainte, en 1183. Il leur abandonna quinze manses de marais et de prés, situés à proximité de la Lasne, à Tombeke, là où avait existé un bois, près des biens des moines de Sainte-Marie (ou de Wavre) et du chevalier Gosuin. Godefroid voulut, en outre, que lorsqu'un membre de l'ordre viendrait dorénavant à la cour ducale, on lui délivrât gratuitement le foin et l'avoine nécessaires pour son coursier de bataille, deux chevaux d'écuyer et trois chevaux de somme, plus le ferrement de ces chevaux et la lumière. Le pape Lucius III, dans une bulle datée d'Anagni et de l'année 1181, et le duc Henri Ier, le 9 décembre 1188, ratifièrent les concessions de Godefroid.
Les chevaliers de Malte héritèrent des possessions des Templiers de Belgique. C'est pourquoi, dès l'année 1374, un relevé des biens du bailliage d'Avaltere (ou des Pays-Bas) comprend la Nueve-Court près de Wavre, avec 95 1/2 bonniers de terres de labour, 9 bonniers de prés, 17 bonniers 1 journal de bois, 90 verges de vignes, situées devant la porte de la maison; trois viviers, « dessous la maison », et produisant, par an, 500 carpes; une brasene ou brasserie, des cens et rentes, consistant en 32 sous 8 deniers, oboles, 9 livres 18 sous de monnaie courante, 79 poules et chapons, 23 setiers de blé, 20 1/2 setiers d'avoine. En 1773, la cense des Templiers-lez-Wavre fut détachée de la commanderie de Chantraine et annexée à celle de Tirlemont. A cette époque on la louait, avec 90 bonniers de terre et 12 bonniers de prés et de vergers, moyennant 1,306 florins; les bois, d'une contenance totale de 73 bonniers, valaient 508 florins.
Le 13 février 1578. Don Juan d'Autriche accorda une sauvegarde aux biens de la commanderie de Chantraine, et notamment, à la cense nommé le Temple lez-Wavre. Les Français vendirent ce bien, qui, après avoir longtemps appartenu à M. Hennessy, est devenu la propriété de M. Licot, de Nîmes. La ferme ne présente plus de bâtiments anciens. Au-dessus de la porte communiquant de la basse-cour à la grange se trouve une pierre armoriée, avec le nom de Caumartin et la date 1720; une autre pierre semblable, mais sans nom, ni date, a récemment été replacée au-dessus de la porte principale de la basse-cour. Il existe encore, dans le jardin, une petite chapelle en briques, avec un clocheton surmonté d'une girouette portant une croix. Cet oratoire est de forme rectangulaire et à deux coins coupés à l'une des extrémités, de manière à former une abside; il était éclairé par cinq fenêtres ogivales, dont le contour est en pierre bleue; l'entrée se trouve à gauche; elle est recouverte d'une ogive en accolade terminée par une croix et enserrant un écusson. La porte, qui est ancienne, montre les vestiges d'un autre écusson, sous lequel on lisait, dit-on, la date de 1643. La maison du sergent de ce domaine existe encore, à proximité de la ferme.
Wavre fit d'abord partie de l'évêché de Liège et du doyenné de Gembloux. Après l'érection des nouveaux évêchés, en 1559, elle devint le chef-lieu d'un doyenné qui comprenait : Bierges, Blanmont, Bousval, Chastre-Dame-Alene, Chapelle-Saint-Lambert, Corbais, Corroy-le-Grand, Court-Saint-Etienne, Couture-Saint-Germain, Hévillers, Lasne. Limal, Limelette, Mont-Saint-Guibert, Mousty, Nil-Saint-Martin, Nil-Saint-Vincent, Saint-Géry, Ottignies et Villeroux. En 1639, on retrancha de ce doyenné Chastre et Saint-Géry, qui furent annexés au doyenné de Gembloux, et on y ajouta Biez. Bonlez, Dion-le-Mont et Dion-le-Val, que l'on sépara du doyenné de Jodoigne, et Genval et Ohain, empruntés au doyenné de Nivelles. Des vingt paroisses qui composèrent cette circonscription jusqu'en 1795, il n'y en avait que cinq d'entières, Boulez, Corroy-le-Grand, Limal, Mousty et Wavre (et encore les visites diocésaines des églises, en 1666, et Galliot refusent ce rang à Limal et à Wavre) tandis qu'il y en avait neuf de médianes : Bierges, Blanmont, Corbais, les deux Dion, Hévillers, les deux Nil et Ottignies et six quartes-chapelles : Biez, Chapelle-Saint-Lambert, Genval (laquelle, selon Galliot, était médiane), Limelette, Mont-Saint-Guibert et Villeroux. Ainsi le déclara le doyen J.-M. Leclercq, curé de Bierges, en 1787. Après le concordat, l'église de Wavre devint une cure ou église paroissiale de l'archevêché de Malines, ayant pour ressort le territoire de la justice de paix et pour succursales : Notre-Dame près de Wavre (ou Basse-Wavre), Bierges, Chaumont, Corroy-le-Grand, Court-Saint-Étienne, Limal, Mousty et Ottignies. La nouvelle division du diocèse en doyennés a subordonné au doyenné de Wavre, outre les communes que nous venons de nommer, celles de La Hulpe.de Couture-Saint-Germain, des deux Dion, de Genval, de Lasne-Chapelle-Saint-Lambert, de Limelette (qui antérieurement avait été séparé de Limal, au spirituel ), d'Ohain, d'Ottenbourg, de Rixensart et de Rosières. Wavre et La Hulpe ont des cures de seconde classe; partout ailleurs, il n'existe que des succursales.
L'église de Basse Wavre ayant été reconnue officiellement et érigée en succursale, a, depuis cette époque, une circonscription distincte. La limite entre les deux paroisses est formée par la route de Bruxelles, depuis l'endroit où elle pénètre sur le territoire de la commune, près de la ferme des Templiers, jusqu'au point où cette route dévie à angle droit vers le S. O. pour entrer dans l'agglomération urbaine; de cet angle, la limite se poursuit en ligne droite, suivant le prolongement de l'axe primitif de la route, jusqu'à la Dyle, par le sentier 57 de l'atlas de la voirie vicinale; elle remonte la rivière jusqu'au Pont-Neuf (ancienne Planchette), qu'elle franchit pour suivre le chemin 5, puis le chemin 40, à travers le hameau d'Aisemont; elle rejoint ensuite la nouvelle route de Perwez, qu'elle accompagne jusqu'à l'extrémité du territoire de Wavre.
L'église de Saint-Jean-Baptiste, de Wavre, fut donnée à l'abbaye d'Afflighem par le comte Henri de Louvain, en 1086, et confirmée à ce monastère par le duc Henri Ier, en 1204. En 1211, l'évêque de Liège, Hugues de Pierrepont, ajouta au patronat, que les religieux y possédaient, le droit de personnat, ce qui fut approuvé au mois de février 1222 par l'archidiacre Jacques. Un des successeurs de Hugues, Robert, déclara que la cure de Wavre serait confiée à un vicaire, qui jouirait d'une portion annuelle de vingt-cinq livres parisis (diplôme du mois d'août 1213, approuvé par l'archidiacre, en novembre de la même année; par le chapitre de Liège, le vendredi après la Saint-Nicolas suivante; par le légat Pierre, cardinal de Saint-George au voile d'or, le 13 avril 1247, et par le pape Innocent IV, le 5 août 1254), et, en 1244, le samedi après le dimanche de Laetare, official de Liège, Pierre, investi de Grez, ordonna que la collation des autels ou bénéfices et la direction des écoles ne seraient pas comprises dans le bénéfice de ce vicaire. En 1248, un clerc de Wavre, Jacques Boymont, obtint un induit apostolique pour occuper une cure en Brabant et le pape lui conféra celle de Wavre, dans laquelle il fut installé par le curé d'Ottenbourg; les religieux ayant réclamé contre cette violation de leurs droits, Innocent IV révoqua cette décision et infligea une amende de six livres parisis au clerc, après avoir institué juge du débat Théatin, élu archidiacre de Capoue, puis, en appel, maître Mathieu de Alpermo, qui l'un et l'autre décidèrent en faveur de l'abbaye (4 février 1254). Alexandre IV se prononça également dans le même sens, le 30 janvier 1257. En 1370, l'abbé Amelric Taye assigna une compétence au vicaire de Wavre.
Par une bulle en date du 5 décembre 1509, le pape Jules II confirma l'incorporation, à perpétuité, du pastorat de Wavre au prieuré. Un siècle plus tard, à la suite d'un accord conclu, le 7 mai 1626, entre l'archevêque de Malines, abbé d'Afflighem, et l'évêque de Namur, la vicairie de l'église Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste, de Wavre, fut érigée en vicairie séculière perpétuelle. Le titulaire devait être nommé par l'archevêque; jouir d'une rente de 300 florins, assignés sur les revenus de l'abbaye, à Wavre, et de la dotation de la chapellenie de Saint-Nicolas; et participer à l'examen des comptes de l'église, des pauvres et de l'hôpital; en outre, on alloua une rente de 150 florins pour le paiement d'un prêtre qui devait également être nommé par l'archevêque et aider le vicaire perpétuel (ou curé) dans ses fonctions. L'évêque de Namur ratifia cet arrangement, qui fit l'objet d'une seconde convention, le 4 juillet 1658. Les revenus de la cure s’élevaient : en 1510, à 67 muids d'épeautre; en 1787, à 1,150 florins 17 sous, dont 600 alloués au curé pour compétence; d'autres sommes provenaient d'émoluments assignés pour la messe des trépassés ou du lundi, pour la messe du mardi et pour la messe du Vénérable qui se disait tous les quinze jours.
Il existait, dans l'église de Wavre plusieurs bénéfices, tous à la collation de l'abbaye d'Afflighem : Saint-Jean-Baptiste ou Saint-Jean et Sainte-Catherine (dotation, 7 bonniers 3 journaux de terres; 1 1/2 b. de prés; revenus 190 fl. 10 s.; charges deux messes par semaine, réduites plus tard à une; Saint-Nicolas, uni à la cure en 1626 (revenus, 18 muids d'épeautre; charges, deux messes par semaine ); Sainte-Marie-Madeleine (dotation, 1/2 b. de terre, 3 journaux et 1/2 de bonnier de prés; charges, une messe par semaine, réduite ensuite à 1 messe par quinzaine); Sainte-Marie (revenus, 10 fl.; charges, vingt-quatre messes par an); la marguillerie (revenus, 134 fl. 10 sous), sans doute ce que d'autres documents appellent l'écolâtrerie et le bénéfice de Sainte-Catherine et de l'Annonciation. Anne Delporte et le chanoine Blondeau fondèrent une messe, qui se disait le dimanche à 10 1/2 ou 11 heures (dotation, 40 fl. par an), et Marie Le Roy, des distributions de pain. Des religieux, dits terminaires, aidaient le curé dans les fonctions pastorales et recevaient de la ville, en 1692-1693, 29 fl. 13 s. par an. Les pères dominicains n'ayant pas de sujets capables de remplir cet office, qu'ils exerçaient concurremment avec les récollets, le magistrat désigna les carmes pour les remplacer (7 septembre 1780).
Les revenus de la fabrique montaient en 1787, à 923 fl. 11 sous; aujourd'hui ils s'élèvent à 7,906 francs. Le règlement du conseil de Brabant, de l'année 1781, qui termina les difficultés existantes entre le prieur de Basse-Wavre et le magistrat de Wavre, au sujet de leur juridiction sur l'église et les pauvres, alloua 4 fl. par an au mambour de l'église, décida qu'un mambour ferait sa quête dans l'église pour les pauvres et en remettrait le produit tous les mois; il déclara en outre que les confréries du Saint-Nom de Jésus et des Anges continueraient à être administrées comme par le passé.
L’église n'ayant pas de ressources suffisantes pour couvrir ses dépenses, celles-ci étaient, en partie, supportées par la ville. Un aveugle, nommé Schoonamile, fut établi organiste le 5 janvier 1682, aux appointements de 200 florins par an, dont 50 payés par la ville, 50 par l'église et la confrérie du Saint-Nom de Jésus, 100 prélevés sur les revenus de l'hôpital. En 1788, l'organiste Antoine Hulet se plaignit de ne recevoir que 130 florins, quoiqu'il fût en fonctions depuis trente ans: la ville majora alors de 50 florins l'allocation de 43 florins qu'elle lui accordait. La commune donnait en outre : à l'horloger 36 ou 37 florins; au sonneur, pour mettre en branle la cloche à neuf heures, 14 fl.
Ainsi que nous l'avons vu au chapitre Histoire, l'église eut fréquemment à souffrir de l'incendie, notamment en 1489, en 1582, en 1604, en 1695 et en 1714. L'édifice existant parait être antérieur au plus ancien de ses désastres, et avoir été élevé vers l'année 1476. Une contestation au sujet de l'entretien de ses différentes parties s'était élevée entre l'abbé d'Afflighem, d'une part; le curé et les habitants, d'autre part. L'abbé reconnut alors que c'était à lui à entretenir le chancel et le chœur, la nef et la croisure (ou transept). Le clocher jusqu'à sept pieds au-dessus de la nef, et à fournir la cloche de midi, les ornements, les livres, les calices et une torche pour le maître-autel; il fut déchargé pour toujours de ces obligations moyennant le paiement de 240 clinckarts, de 11 aidans chacun (convention du mois de septembre 1476; diplôme approbatif de l'évêque, du 26 avril 1479).
La tour qui précède l'église ne fut édifiée qu'au XVIIe siècle; vers l'année 1630 on en reconstruisit la partie supérieure, qui fut surmontée d'une flèche, sur les dessins de Franckart. Ce « maître ingénieur de l'infante » reçut, en 1633-1634, vingt livres, pour avoir « donné instruction à la modelle à faire la flèche ». Celle-ci fut placée par les soins du charcutier J. Wautelet, qui défit la couverture ou toit de la tour, et on la surmonta d'une croix qui pesait 518 livres et qui fut payée 5 sous la livre, soit 128 livres 10 sous (quittance du 20 mai 1638). En 1630-1631, les fenêtres de la tour avaient été enlevées, la tour même démolie, et une nouvelle maçonnerie faite de pierres de Bonlez et de Gobertange. En 1633-1634, on paya à Wautelet 57 livres pour le charpentage de la tour servant à la fortification d’icelles, 2 liv. pour les fenêtres s'ouvrant au haut de la tour et 24 liv. pour le plancher se trouvant au même endroit.
Après l'incendie de 1695, on employa à la restauration du temple paroissial les revenus de l'hôpital. En 1714, de nouvelles réparations étant devenues nécessaires, les mambours et proviseurs obtinrent, le 2I avril, du comte de Rhode, baron de Limal, et, le 28 du même mois, des bailli, bourgmestre, échevins et autres habitants de Limal, l'autorisation d'extraire dans ce village des pierres grises, qui ne se trouvaient que là, particulièrement à proximité de la Cense del Bourse.
L’église de Wavre appartient a la décadence de l'architecture ogivale. Son aspect extérieur est lourd et disgracieux : on n'y remarque guère qu'une tour massive, construite en briques, alternant avec des assises de pierre blanche. La porte d'entrée, en plein cintre renaissance, est surmontée d'un fronton, au-dessus duquel s'ouvre une fenêtre ogivale; le tout est enfermé dans un porche ogival à cinq retraites. Un peu plus haut sont percées deux baies ogivales, entre lesquelles on lit la date 1617. L'étage suivant montre deux grandes fenêtres, également ogivales, au-dessus desquelles est placée de nouveau la date 1617, puis le cadran de l'horloge. Au dernier étage, on aperçoit deux œils-de-bœuf. Une espèce de trémie recouvre cette construction massive, qui perdrait peut-être un peu de sa lourdeur, si l'on exécutait la flèche qui l'amortissait jadis. Malgré les six gros contreforts qui la soutiennent et bien qu'elle ne renferme que trois cloches, la tour est fortement lézardée. En 1666, il y avait quatre cloches, qui avaient été fondues par Tondeur, en 1636; maître Denis Scail les refondit, à la Cense de Flandre, à la suite d'une convention portant la date du 28 avril 1695.
L'église est en forme de croix latine: elle est revêtue de grès brun, sauf aux gables du transept, qui sont de même maçonnerie que la tour. Entre les fenêtres et aux angles s'appuient des contreforts, qui sont ornés, à leur partie supérieure, d'une niche avec amortissement de mauvais goût. Les fenêtres du chœur et du transept sont couronnées d’une petite moulure formant archivolte; les fenêtres terminales du transept, qui sont très larges et dont l'ogive est très obtuse, ont seules des meneaux: sous la baie du croisillon droit on aperçoit l'encadrement d'une porte qui a été condamnée et que le curé actuel a fait revêtir de grès comme le reste de l'édifice.
A l'intérieur, l'église n'est pas plus élégante qu'au dehors : elle est divisée en trois nefs tout à fait disproportionnées. La nef principale est beaucoup trop large pour sa hauteur, qui est la même que celle du chœur et du transept : elle est recouverte d'une voûte d'arête ogivale très obtuse, avec arcs doubleaux et nervures croisées. Les arcs doubleaux retombent sur des colonnettes engagées, portant sur les chapiteaux des colonnes et ayant des hauteurs différentes des deux côtés du vaisseau. Les collatéraux sont pris sur les croisillons; ils sont plus bas que la nef centrale et l'ogive de leur voûte est plus aiguë. Les nefs, sans le transept, ont quatre travées; le chœur en a trois, indépendamment de l'abside à trois pans qui termine le sanctuaire: on y lit, à la voûte, la date 1718, car ce fut alors seulement qu'on le voûta. Les boiseries des nefs proviennent, dit-on, de l'église de Notre-Dame, de Nivelles: celles du chœur sont peintes de manière à imiter le marbre et on a eu l'ingénieuse idée de bronzer les stalles; on y remarque quatorze médaillons représentant Jésus-Christ, la Vierge et les apôtres. La chaire de vérité provient de l'église de Basse-Wavre: elle est en bois sculpté, à double escalier. L'église possède quatre confessionnaux et d'assez bonnes orgues, dont la réparation a coûté fort cher il y a une vingtaine d’années.
Il existe aujourd'hui quatre autels ; un cinquième autel a été supprimé depuis peu de temps et on ne tardera pas a en enlever encore un. Les autels secondaires sont dédiés à saint Jean-Baptiste, à la Vierge et à sainte Anne. Deux statues. Saint-Nicolas et Saint-Joseph, dues au ciseau des frères Goyers de Louvain, ont été placées à l'entrée du chœur, à la mémoire de feu N.-T. De Cock, ancien vice-recteur de l'université de Louvain, curé-doyen à Wavre, décédé le 17 mars 1851. On remarque dans le croisillon droit un tableau représentant saint Charles Borromée donnant la communion aux pestiférés : cette peinture est due à M. Polydore Beaufaux de Wavre, lauréat du concours de 1857 pour le prix de Rome qui a exécuté aussi les cinq premières stations du Chemin de la croix. On a placé dans le chœur une belle Adoration des bergers, un Christ en croix, avec la signature Dumesnil 1776, et un tableau représentant la Vierge, l'enfant Jésus et saint Jean. Un bénitier, placé à l'entrée de l'église, porte la date de 1602.
L'église possédait un bel ostensoir gothique, en forme de tourelle, qui a été vendu il y a une trentaine d'années par le curé, M. Baugniet.
Vers 1806, l'ancien cimetière fut supprimé; on en a établi un nouveau derrière le couvent des cannes, entre l'hôtel de ville et la rue conduisant à la station du chemin de fer.
Nous avons fréquemment parlé au chapitre Histoire, des principaux épisodes qui se rattachent au prieuré de Basse-Wavre, dont les annales se confondent avec celles du bourg même. Nous devons nous borner ici à ajouter quelques détails d'une importance secondaire. Lorsque le comte de Louvain Henri et son frère Godefroid donnèrent à l'abbaye d'Afflighem leurs biens de Wavre et particulièrement le Mont Wihir, leur générosité fut imitée par un grand nombre de particuliers, et entre autres, parmi sire Hillin, qui tenait du comte des dîmes, un moulin etc.; un sire Siger, qui tenait en fief une moitié de ce bien et du marché; un sire Meurzon et son fils Henri, un sire Hugues et nombre d'autres possesseurs. Godefroid de Louvain, étant devenu duc, ratifia toutes ces donations par une charte sans date, mais qui doit être des années 1110 ou 1120, environ. Un autre diplôme, non moins important, émané du duc Henri Ier et remontant à 1204, assura au monastère d'Afflighem la propriété d'un grand nombre de biens, situés à Wavre et aux environs.
Parmi les chartes dues à des communautés religieuses ou à de simples laïques, nous en mentionnerons une de l'année 1175 et une seconde sans date, niais appartenant à peu près au même temps. Par la première, l'abbé de Floreffe Hériman et ses religieux abandonnent à Sainte-Marie de Wavre l'alleu qu'ils possédaient à Bercenbais, dans la seconde, Guillaume de Bierbais et sa femme Christine donnent une rente annuelle de cinq sous de Louvain hypothéquée sur le moulin de Weresia. pour l'entretien d'une lampe qui brûlerait à perpétuité sur l'autel de Saint-Pierre. Ce que l'on appelait tantôt le monastère de Notre-Dame de Wavre ( monasterium Sanctæ Mariæ de Wavera, 1105 ), tantôt le prieuré de Wavre (cella ecclesia Santæ Mariae in Wevera, prioratus de Wavera), fut à plusieurs reprises, reconnu pour une dépendance de l'abbaye d'Afflighem, notamment par les papes Pascal II, en 1105; Calixte II; en 1119; Eugène III, en 1148; Innocent IV, en 1245; et par l'évêque de Liège Henri, en 1147. Les moines de ce prieuré tentèrent sans doute de suivre l'exemple de ceux de Vlierbeek et de Saint-André près de Bruges, qui parvinrent à se rendre indépendants de la communauté-mère d'Afflighem : mais leurs tentatives, si elles se manifestèrent, restèrent infructueuses. Pour en empêcher le renouvellement, l'abbé Guillaume déclara, en 1197, qu'à Wavre, de même qu'à Frasnes et à Bornhem, on ne pourrait plus admettre de novices.
D'autres tentatives, dont le but était de dépouiller Afflighem, soit temporairement, soit pour toujours, furent essayées. Un chantre de Sainte-Gudule, de Bruxelles, Gerelin T'Serclaes, fut chargé par le pape Urbain V ( le 13 avril 1366 ) des fonctions de conservateur des biens du prieuré. Un moine de Saint-Laurent, de Liège. Base de Warous, essaya d'obtenir la possession du prieuré, mais ses prétentions furent condamnées par le pape Boniface. en 1397. Le prieur Jean de Aeghem étant mort, un moine de Waulsort, Jean de Waya demanda à Rome sa dignité; mais il échoua dans ses efforts, comme en fait foi une sentence du pape Nicolas, en date du 25 février 1454. Des professeurs de Louvain tentèrent encore, sans plus de succès, des entreprises du même genre.
Le 11 août 1484, l'archiduc Maximilien d'Autriche et son fils Philippe confirmèrent les privilèges que leurs prédécesseurs, les ducs de Brabant avaient accordés au prieuré. Au XVIe siècle, ce dernier partagea le sort de l'abbaye d'Afflighem et reconnut pour supérieur l'archevêque de Malines et le prévôt du monastère. Le 27 septembre 1628, on assigna aux religieux qui y habitaient, pour former leur dotation particulière : le cloître ou prieuré même, les deux tiers du produit des étalages aux foires et du tonlieu au pont de la Dyle, la pêche dans cette rivière, à Basse-Wavre; 400 gerbes de paille à prélever sur la dîme, tous les ans, avec 38 muids de froment, 12 de seigle, 15 d'épeautre, 20 d'orge, 12 d'avoin 2,100 florins en espèces, 150 fl. spécialement destinés à payer l'organiste, 200 fl. pour l'entretien des bâtiments, le revenu d'un bonnier de pré situé à Mont-Saint-André et qui devait servir à l'entretien d'une lampe qui brûlait constamment dans l'église etc. L'archevêque déclara, en outre, que le prieur aurait le droit de nommer les maîtres d'église du bourg, d'assister à la reddition des comptes de cette église et de la table du Saint-Esprit et de diriger les écoles.
Vers ce temps, la dîme provoqua plus d'un procès entre les archevêques de Malines et les habitants de Wavre. Un jugement du conseil de Brabant du 27 décembre 1570, accorda au cardinal Granvelle des lettres de maintenue contre les « manants de Wavre » au sujet de la perception de la même dîme, des dîmes de la laine, des agneaux, des porcelets, « des poullaiges » (ou volaille), du lin, des fèves, des « jottes ou naveaux » (des navets), des semailles, des fruits, des oignons.
Les habitants de Wavre, ainsi que ceux de Bierges et de Frasnes, s'étant plaints, en 1628, de ce qu'ils ne pouvaient emporter leurs récoltes que de jour, alors que souvent, pour sauver ces récoltes, ils se voyaient obligés de travailler la nuit entière, leurs réclamations et celles des habitants de Genappe, de Promelles, de Glabais qui s'étaient joints à eux, furent repoussées, dans l'intérêt des décimateurs, par un arrêt du conseil de Brabant, du 15 février de l'année suivante. On leur interdit encore de réunir les gerbes de grains en tas avant l'arrivée des percepteurs de la dîme (2 août 1639).
En 1787, le couvent de Wavre était habité par un prieur et quatre religieux, dont l'entretien coûtait annuellement (y compris celui de quatre domestiques) 4,000 florins. On payait, en outre, 250 fl. à l'organiste et 100 fl. à un « serviteur des messes ». Le total des charges montait à 5,251 fl. Par contre, les revenus s'élevaient à 5,126 fl., formant la moitié de la somme de 10,252 fl., produit des biens d'Afflighem à Wavre, à Bierges, à La Hulpe et aux environs. Dans cette dernière somme, dont l'autre moitié se payait à l'archevêque de Malines, le produit des bois figurait pour 4,538 fl., celui des dîmes, pour 3,635 fl., celui des livres censaux, pour 205 fl. Le prieuré avait à Haut-Wavre, c'est-à-dire dans le bourg, près de l'église, une habitation (la cure actuelle), que le prieur Corneille de Herde, en 1540, fit rebâtir entièrement en pierres bleues et qu'il orna des armoiries des Croy.
La majeure partie des documents qui concernent le prieuré de Wavre sont déposés aux archives du royaume. On y consultera, avec fruit, deux cartulaires intitulés : 1° liber quorumdam priviliegiorum monasterii Affligeniensis et honorum prioratus Bas-Wavriensis, beau recueil de 652 pages in-folio, formé par le sous-prieur Ghislain De Corte, en 1669, orné d'une vignette représentant le prieuré, et qui a été récemment acquis par le gouvernement de M. Van Dyck, directeur de l'école moyenne; 2° Divers litterae pro incorporatione pastoratuum Wavriensis et loci de Bierge prioratui inferioris Warriræ, in-folio.
Lorsqu'on exécuta à Wavre l'arrêté du 6 prairial an III, le prieuré était habité par le prieur Bernard De Coster et par cinq autres religieux (23 juin 1795). Le couvent fut vendu, avec le moulin adjacent et 37 bonniers de terres et de prés, moyennant 217,000 livres, à M. Suzanne (25 pluviôse an V). Le chevalier De Bienne le racheta quelques années après, et y établit une fabrique où il employait des enfants indigents au tissage du coton. Il rendit au culte l'église du prieuré, où l'on vit aussitôt arriver, comme jadis, un nombre immense de fidèles, et, lors du concordat, cet édifice fut érigé en succursale, sous le titre de Notre-Dame de la Paix. Le nombre des succursales ayant été ensuite réduit, et celle de Basse-Wavre supprimée, De Bienne demanda que le traitement du desservant fût payé comme auparavant, ses propres ressources lui ayant été enlevées par la fuite d'un fonctionnaire public et celles des habitants étant insuffisantes. Le conseil municipal de Wavre, saisi de la question, émit un avis approbatif, à la condition que De Bienne consentît à céder l'église et une habitation contiguë pour le desservant; mais comme on ne put pas même obtenir un abandon à titre précaire et que le desservant se plaignait d'être constamment tracassé par De Bienne, le sous-préfet donna un avis en sens contraire (26 novembre 1808), et le préfet ne consentit au maintien de l'église, comme annexe, qu'à la condition que De Bienne en céderait la propriété (28 février 1809).
En 1820, le même particulier offrit de faire don de l'église à la fabrique de la paroisse de Dion-le-Val, dont le curé, Loodt, y disait alors la messe. Cette proposition échoua; elle n'était pas de nature à être acceptée, car une cession de ce genre, aux termes de la loi, ne peut être faite qu'à la fabrique de la paroisse dans laquelle un oratoire est établi. A la suite de nouvelles propositions du même propriétaire, Basse-Wavre fut enfin érigée en chapelle reconnue, De Bienne ayant déclaré, le 10 août 1823, laisser à l'usage du culte cet édifice, qu'il avait restauré et remeublé. Un arrêté royal, du 21 novembre de la même année, attribua au prêtre qui le desservirait un traitement de 250 fl., payables : 100 fl. par le trésor, et 150 fl. par la ville de Wavre, conformément à la résolution prise par le conseil communal dès le 15 mars 1822.
De Bienne est mort le 7 août 1825, quatre jours après avoir enjoint à ses héritiers de laisser à perpétuité à l'usage du culte, sans pouvoir jamais les vendre ou les hypothéquer, l'église de Basse-Wavre, avec ses vases sacrés et ses autres ornements, une maison, avec jardin servant de presbytère, un cimetière et la jouissance d'un chemin pour le parcours de la procession, ainsi que le calvaire et les six chapelles qui s'y trouvent. Les dernières volontés de De Bienne n'ont pas reçu une entière exécution. En 1831, sa veuve, qui prétendait que la donation est nulle, comme ayant été faite sans son consentement, a fait mettre en vente le presbytère précité; le conseil de fabrique de Wavre ayant mis opposition à cette vente, ses prétentions ont été repoussées par un jugement du tribunal de Nivelles, du 25 mai 1831. Le gouverneur de la province de Brabant a néanmoins institué, le 12 mars 1834, un conseil de fabrique pour l'église de Basse-Wavre. Ce conseil a intenté un procès à Mme Verhaegen, née De Bienne, et à ses enfants, afin d'obtenir la jouissance des biens légués par leur père et grand-père respectif; un arrêt de la cour d'appel de Bruxelles a déclaré illégale l'institution du conseil de fabrique (5 juillet 1843), mais la cour de cassation a réformé ce jugement (29 mai 1845).
Les bâtiments de l'ancien prieuré, qui se trouvent à l'ouest, de l'église, sont occupés actuellement par le petit séminaire archiépiscopal, ils n'offrent rien d'intéressant et ont d'ailleurs subi des transformations successives qui leur ont enlevé leur caractère primitif. Le prieur De Herde y fit rebâtir le cloître et donna des orgues à l'église. Le baron Le Roy en a publié, dans la Gallo-Brabantia une vue, où ne se retrouve nullement l'aspect, actuel des lieux. On y voit, au bord de l'étang qui fait face à l'église, le gibet où l'on exécutait les coupables condamnés par l'échevinage de Basse-Wavre. Une autre vue, plus médiocre, est placée en tête d'un opuscule sur la Vierge de Basse-Wavre, publié en 1722 ; elle est signée : Fréd. Bouttats junior.
L'église du prieuré était fort célèbre, grâce à la châsse que l'on y conserva longtemps et que l'on considérait comme un don du ciel. A l'article Fêtes, nous parlerons de la célèbre procession qui attire encore à Wavre des milliers de fidèles. Des miracles nombreux sont attribués à l'intercession de la Vierge vénérée dans cet édifice, dont la réputation s'accrut encore, après que des évêques, en 1443, et l'évêque de Liège, en 1480, eurent accordé quarante jours d'indulgences à ceux qui y viendraient prier. Un grand nombre de rentes ou de revenus d'autre nature furent successivement légués à la châsse par diverses localités, en remercîment de ce que son arrivée les avait délivrées de la peste. C'est ainsi qu'en 1597 la ville de Jodoigne se reconnut redevable envers elle de 6 florins par an. On fonda dans l'église, en 1424, une messe de Notre-Dame, qui se disait le samedi, avec accompagnement de Salve regina; 100 florins furent donnés dans cette intention et le monastère d'Afflighem ajouta à cette somme une redevance annuelle de 10 muids de blé, que payait le moulin du Piroit.
L'église de Basse-Wavre avait été restaurée, avec splendeur, par l'évêque de Cambrai, Robert De Croy, abbé d'Afflighem. Vers l'an 1650, le prieur Michel de la Porte enrichit l'église de peintures et de vêtements sacerdotaux. L'édifice actuel, bien que les fenêtres du chœur soient ogivales, appartient au style de la renaissance. L'appareil rappelle celui de la tour de Wavre : il est composé d'assises alternatives de briques et de grès brun; au chœur, pour autant que le badigeon permette d'en juger, on a employé la pierre blanche au lieu de grès, par contre, le pied de la tour, à sa partie antérieure, est exclusivement revêtu de grès brun. La façade est dominée, au centre, par une tour carrée, dont l'extrémité, composée d'une suite d'étranglements et de renflements, échappe à la description. La date 1710 est inscrite sur cette façade, où l'on a placé un groupe représentant le Sauveur et les saintes femmes; sur les côtés, on voit les armes de l'archevêché et, vers la gauche, l'inscription : Anno 1669. Au bas sont trois portes cintrées.
L'intérieur forme une basilique à trois nefs. Le chœur se termine par une abside à trois pans; il est, comme la grande nef, recouvert d'une voûte en berceau. Entre le chœur et la tour on compte cinq travées, qu'éclairent neuf fenêtres latérales et deux fenêtres pratiquées dans la façade. La travée voisine du sanctuaire est plus large, comme si elle appartenait à un transept. Au-dessus des arcades intermédiaires entre la nef et les collatéraux on distingue des ouvertures circulaires, simplement fermées par des planches. Ces arcades sont en cintre surbaissé et reposent sur des colonnes cylindriques, dont le chapiteau, à gauche, est encore orné de feuilles, tandis qu'à droite il a été dépouillé de tout ornement. Les collatéraux ont des voûtes d'arête en plein cintre, avec arcs-doubleaux et nervures croisées; celui de gauche est orné de caissons. Chaque collatéral se termine par une chapelle : à gauche celle de Notre-Dame de Basse-Wavre, patronne de l'église; a droite, celle de Saint-Joseph, patron secondaire. La construction de ces chapelles a fait supprimer les deux premières fenêtres du chœur, qui n'en a plus que deux à l'abside. Toute l'église est revêtue de belles boiseries. Le jubé, qui repose sur quatre colonnes de marbre et fait face à la grande nef, se trouvait jadis dans le collatéral gauche, au-dessus de la porte qui communique avec le prieuré ou séminaire actuel.
Dans le chœur, on voit un lutrin en chêne sculpté, et trois tableaux qui ne sont pas sans mérite : un Portement de croix, une Adoration des mages, une Cène. Sur une dalle tumulaire on lit l'inscription suivante : Sepulture | du Noble seigneur Messire | Charle Joseph François | de la Bawette qui mouru le 23 aoust 1730 | et de la noble dame | Marie Jacqueline | Thérèse Vanvelde sa | compaigne qui mouru | le 18 juin 1720 | R. I. P. Quartiers : De la Bavette, De Cornet, N... N... | X... X... Villegas, ..nophem.
Près de la chaire on remarque une autre dalle, qui porte ces mots : Cy Gist dame Margarite | de bliqui en son vivat dame du sart douagiere d'audreg | nies vefve de feu charles de | revel e so temps chevallier | seigneur du dit audregnies | laquelle trespassa le 3e | jour de febv y l'an 1594 priee | dieu pour son ame. Quartiers : Revel. . eyre. Clugnet, Tallarey, Lannoy, Flandres, Neufville. Lagrutuz ; Bliqui, De Co... Demares, Schaerts. Erzenuen, et. Cho... De Wael.
La chapelle Saint-Joseph est fort petite. Celle de Notre-Dame, plus grande, est lambrissée de marbre, fermée par une grille de fer et surmontée d'une calotte. Sur l'autel est placée la châsse dans laquelle Jacques Boonen, archevêque de Malines, et Engelbert Desbois, évêque de Namur, enfermèrent, en 1628, des reliques et les débris de l'ancienne châsse, qui avait été apportée du ciel par les anges et que les calvinistes avaient brûlée. La châsse est en cuivre; elle a la forme d'une église de style renaissance et ses quatre faces présentent, en quatorze sujets repoussés, l'histoire miraculeuse du temple. Cette châsse ayant été déposée dans l'église Saint-Quentin, de Louvain, fut remise par des pèlerins de cette ville au desservant et aux habitants de Basse-Wavre, le 19 mai 1805; à l'endroit où s'effectua cette remise, aux confins de la commune, sur le vieux chemin de Louvain, on planta, la même année, un arbre qui porta depuis le nom d'Arbre De Bienne, et que l'on a abattu récemment. Les fidèles font à genoux le tour de l'autel de la chapelle de Notre-Dame de Wavre, et leur nombre est si grand, que leur passage a tracé deux sillons dans le marbre du pavement. Dans une niche, à droite, est posé, sur un piédestal, un buste accompagné de l'inscription suivante : Ex voto | Illusmi ac Revmi Domini | Humberti Guilielmi | Comitisa precipiano et De Soie etc. | Archiep. Mechl. Belgii Primatis, | Ad exerc. regios Delegati Apost. | Suæ Majestati a consiliis Status | IX unii MDCCXI | rita foncti, | Hanc basilicam | Virgini Deiparræ Sacram | restifui et exonari | curarerunt | Illmus ac revmus dominus | Henric. Ioseph Van Susteren | Brugensium Episcopus | Hereditarius Flandriae Cancellarias | et Laurentius Henricus Borremans | I. U. I. Patritius Bruxellensis | executores Testamenti | MDCCXII |Piis manibus lector bene apprecare.
Le second fils du duc Godefroid Ier ou le Barbu, le comte Henri, qui prit l'habit religieux dans l'abbaye d'Afflighem, avait reçu la sépulture à Basse-Wavre. On lui éleva un mausolée de marbre noir, que l'on vit, jusqu'en 1620 environ, au milieu du chœur: on l'enleva alors, sous prétexte qu'il cachait le maître-autel. Il avait été détruit, du temps du baron Le Roy, non pas, pendant une guerre, mais pour placer un confessionnal. Lorsque Le Roy visita l'église, il en aperçut les débris, honteusement relégués dans un coin.
L'église possède un ostensoir en vermeil repoussé, haut de 80 centimètres, de style renaissance: il est orné d'une grande quantité de pierres qui, prétend-on, étaient fines jadis. On y voit représentés la Trinité, la Vierge, les huit personnages de la Passion etc. Derrière, se lit ce chronogramme : pro pla eXposItIone VenerabILIs VerI sacraMentI | ex pla DeVotIone petrUs beqUerer offert. orate pro eo, qui donne la date de 1704.
Il y a dans l'église une confrérie de Notre-Dame de la Paix. Le cimetière de Basse-Wavre, que l'on prendrait pour un terrain vague, se voit le long de la chaussée de Louvain, au pied de la montagne du Belloy. Il a été cédé par M. de Bienne à la commune, qui a été autorisée par la députalion des états provinciaux, en mars 1824, à accepter ce don.
Il existait jadis, à Wavre, un hospice dit de Sainte-Elisabeth et que les seigneurs de Wavre. en 1336, donnèrent à l'ordre des carmes pour y établir un couvent. L'ordre ne profita pas de cette cession et en avait perdu le souvenir, lorsque, en 1655, les religieux du couvent de Bruxelles en furent instruits par M. Hargo, aumônier de Béatrix de Cusance, dame de Wavre, qui avait été nommé administrateur de l'hospice précité et en avait trouvé les titres. Par ordre du P. Daniel de la Vierge-Marie, provincial de la province Belgique, le P. Célestin. vicaire de Sainte-Anne, et le P. Chrysostome allèrent trouver à l'hôtel de Grimberghe, à Bruxelles, le duc de Lorraine, qui les renvoya à Béatrix, sa femme, et celle-ci leur donna immédiatement une lettre adressée à M. Hargo, qu'elle chargea de les recevoir et de les loger, et une autre pour le bailli et les magistrats de Wavre, qu'elle invita à seconder les efforts des carmes; le premier s'empressa d'obéir aux ordres de sa maîtresse, mais les magistrats se conduisirent tout différemment. Les fonctions de bailli étaient, quelque temps auparavant, exercées par M. de Roly, seigneur de Corroy-le-Grand; les bourgeois ayant fréquemment invité ce seigneur à résider au milieu d'eux, il s'était démis de son office en faveur d'un nommé du Sart, à qui il ne demanda, en retour, qu’une feuillette de vin d'Espagne. Du Sart, après être devenu de cordonnier meunier, puis marchand et bourgmestre, avait fait donner les biens de la chapellenie de Sainte-Elisabeth à son fils Pierre, alfère au régiment du comte de Marie, et ce fut pour cette raison. selon un manuscrit intitulé Annales conventus Wavriensis ab anno 1655, que le Bailli et ses collègues s'opposèrent de tout leur pouvoir à l'admission des carmes, en alléguant les édits qui interdisaient d'établir de nouvelles maisons religieuses, et en se plaignant de ce que les carmes s'étaient installés, sans une permission des supérieurs ecclésiastiques et sans que l'affaire eût été soumise aux personnes intéressées et notamment aux religieux mendiants qui prêchaient d'ordinaire à Wavre.
Confiants dans l'appui de la duchesse Béatrix, les carmes, à peine arrivés, à la fin de mai, se présentèrent dans l'église paroissiale pour y entendre les confessions pendant le jubilé que l'on célébrait alors; mais le curé le leur ayant interdit, ils se retirèrent à l'hospice de Sainte-Elisabeth, où les fidèles vinrent les trouver en si grand nombre, qu'ils devaient parfois rester au confessionnal jusqu'à une heure de l'après-midi. Bientôt, voulant vaincre les obstacles que leur suscitait le bailli, ils s'adressèrent à l'évêque de Namur; ce prélat, tout en accueillant leurs réclamations, ne put, dans une conférence qui se tint à Basse-Wavre, que leur conseiller de temporiser. En effet, quoique Béatrix de Cusance eût renouvelé sa donation ( 30 juin 1659) et quoique le marquis de Caracena, gouverneur général, eût fait dépêcher des lettres d'octroi autorisant l'érection du couvent (23 mai 1659), le conseil de Brabant n'en accorda pas moins à Pierre du Sart, des lettres de maintenue dans la collation du rectorat de Sainte-Elisabeth, et pour faire cesser l'opposition de ce corps, il ne fallut pas moins de huit lettres du marquis de Caracena. Ce succès et l'octroi aux carmes d'un diplôme épiscopal, en date du 15 décembre 1661 terminèrent la contestation; mais, comme l'hospice et la chapelle tombaient en ruines et que la communauté ne pouvait y habiter qu'en se reléguant immédiatement sous un toit de paille, « rompu et ouvert en divers endroits », qu'en outre, les récollets, appelés par la commune, persistaient à s'installer à Wavre malgré leurs efforts, les carmes sollicitèrent la permission de s'établir dans un autre endroit. A cet effet, ils firent choix d'une propriété située au Marché-aux-Bêtes et connue sous le nom de la Blanche Maison. Des lettres patentes, du 21 juillet 1663, leur ayant permis de s'y installer, on y célébra la messe, pour la première fois, le 1er août suivant, et l'on y pendit une cloche, dans l'oratoire, le 28 septembre.
Au mois de mai 1670, le couvent fut érigé en prieuré. Auparavant il avait pour supérieur un vicaire nommé par le chapitre provincial, et Jean de Saint-Anthoine dit Malapert, de Valenciennes, avait le premier été investi de ces fonctions, le 1er mai 1665. Le 11 juillet 1670, le père Paul fut élevé par la communauté de Wavre à la dignité de prieur, et on lui abandonna la jouissance du bénéfice de Sainte-Elisabeth, à la condition de célébrer deux messes par semaine, d'héberger les passants pauvres, et de distribuer tous les ans 15 setiers de blé à quatre veuves indigentes de Wavre. Vers ce temps, on assigna aux carmes de cette ville une somme de 1,000 florins, que Pierre-Ernest de Berghe de Coulpalz et Marie-Elisabeth de Nassau avaient léguée pour le premier couvent du même ordre que l'on fonderait dans la province Wallonne-Belgique, et qui était hypothéquée sur les seigneuries de Wolchrange et de Chastillon, qui furent vendues, en 1675 : Wolchrange, au seigneur de Pouilly, pour 1,400 patacons, et Chastillon à madame de Moyville, pour 900 patacons.
Lors de l'incendie du bourg, en 1695, tout le couvent et, en particulier, l'église, qui était alors couverte de paille, furent entièrement brûlés. Le couvent échappa, au contraire, à l'incendie de l'an 1714, à l'exception du petit parloir. La première pierre d'un nouveau temple conventuel, temple qui existe encore aujourd'hui, fut posée en grande cérémonie, le 1er juillet 1715, ainsi que nous l'apprend l'inscription suivante, que nous ont conservée les Annales manuscrites du couvent : Le Conseil d'Etat, commis au Gouvernement | G(é)n(ér)al des Pays-Bas, composé de leurs | Exce(llence)s Messeig(neu)rs de Coriache, | de Voorspoel , du Baron d'Hovorst, et du Comte | de Maldeghem, assistez de Mess(ieu)rs les Secrétaire | Le Roy et Bollaert, a mis cette première Pierre | au nom de sa Ma(jes)té Im-périal)le et Cath(olique) | le 1er jullet 1715. L'édifice, pour lequel on employa plus de 104,000 briques, fut bénit, le 26 septembre 1723, par l'abbé de Villers Hache. En 1766, soit qu'il s’y trouvât des vices de construction, soit qu'on en eût négligé l'entretien, il était fort délabré, ainsi que le déclara, après examen, le frère George de Sainte-Heleine, charpentier et architecte. Il consiste en un seul vaisseau, de 120 pieds de long sur 36 de large, et orné d'un clocher, renfermant une cloche. L'extérieur n'offre rien de remarquable; à l'intérieur, la nef est recouverte d'une voûte d'arête cintrée, avec arcs doubleaux et nervures croisées. Le jour y pénètre par treize fenêtres, dont six de chaque côté et une au-dessus de la porte d'entrée. Le maître-autel, sur lequel reposent les orgues, représente un grand portique, orné de colonnes et de pilastres d'ordre composite et de deux statues. Un peu plus bas sont les deux autels latéraux en bois. Douze tableaux médiocres ornent le chœur, que ferme un banc de communion en bois assez grossièrement sculpté. Toute l'église est garnie de belles boiseries sculptées; elle possède une chaire de vérité et six confessionnaux.
Le couvent renfermait autrefois quelques objets d'art. Pendant l'année 1682, le sous-prieur orna de paysages le réfectoire et les chambres d'hôtes, et, à la fin de la même année, le père Alphonse étoffa ou garnit de figures ceux de ces paysages qui décoraient le réfectoire. Le père Jean Malapert avait en outre procuré à la communauté un crucifix ou Christ en croix, œuvre de Du Chatel, « excellent peintre de Bruxelles, la dernière qui termina sa vie ». Il y a une centaine d'années, ce tableau se trouvait sur le maitre-autel.
En 1787, le couvent se procurait 7,722 florins au moyen de quêtes et d'aumônes de toute nature. Comme ayant succédé à un ancien hospice, les carmes possédaient la maison de Sainte-Elisabeth, 12 1/2 bonniers de terres et quelques prairies et jardins. Leurs revenus s'élevaient en totalité à 8,431 florins 19 sous. Les dépenses montaient à 7,560 florins, et étaient surtout occasionnées par l'entretien de 27 religieux et de deux domestiques.
Le couvent fut vendu, le 2 prairial an V, à un ancien religieux, nommé Raphaël de Coster, qui le revendit en deux parties, au prix de 3,620 francs chacune : la première, le 11 fructidor an XII, à J.-P. Schwartz, de Louvain; et la seconde, le 18 du même mois, à L.-J. Simons, père, de Bruxelles. Comme l'ancien hôtel de ville, qui, d'ailleurs, ne se composait que d'une salle, tombait en ruines, un décret impérial, du 20 septembre 1807, autorisa l'administration communale à acquérir le couvent des carmes et à vendre, pour en acquitter le prix, 21 hectares de terres, estimés valoir 21,289 francs. L'achat eut lieu le 8 mai 1809, moyennant 19,047 francs. Une partie des bâtiments, au sud de l'église, sert au collège; une autre, vers l'ouest, est occupée par les bureaux de l'administration et la justice de paix. Quant à l'église, elle n'a cessé d'être affectée au culte que lorsque la commune refusa d'adopter la convention d'Anvers; le clergé retira alors son concours au collège, dont les élèves cessèrent d'entendre la messe dans cet édifice. Comme il ne peut être question de créer à Wavre une troisième paroisse, on a songé à démolir l'église des carmes pour agrandir la place de l'hôtel de ville, où se tient le marché au bétail. Peut-être faudrait-il chercher à utiliser cette construction qui ne laisse pas d'embellir Wavre, quoiqu'elle soit peu ancienne et d'un médiocre intérêt au point de vue archéologique. De chaque côté de l'escalier qui conduit à l'église et à la maison communale, on remarque une fontaine qu'alimente une source située au-dehors du bourg.
Tandis que les carmes se fixaient à Wavre, grâce surtout à la protection de madame de Cusance, un ordre rival, celui des récollets, parvenait à s'y introduire, par suite de l'appui qu'il trouva dans le magistrat. On fit alors valoir que les récollets avaient rendu de grands services à la population pendant les troubles religieux, qu'un entre d'eux avait failli être pendu par les calvinistes, et qu'en 1604 ils avaient procuré plus de 2,000 florins pour la restauration de l'église paroissiale. On ajoutait qu'il avait été convenu que le magistrat n'autoriserait l'établissement dans la ville d'aucune autre corporation religieuse, et que la fondation d'un couvent de l'ordre de Saint-François avait été recommandée par le comte Albert de Berghes, par la marquise de Berghes, et, de nouveau, en 1652, par madame de Cusance elle-même.
Par une résolution en date du 23 décembre 1654, les bailli-mayeur, bourgmestre et échevins admirent les récollets dans Wavre aux conditions suivantes, qui furent acceptées : le 15 octobre 1655, par Herman Lisens, provincial de la Basse-Allemagne, de l'ordre des Frères-Mineurs de la régulière observance, et P. Steenberge, définiteur de la même province. Les religieux ne pouvaient : 1° établir aucun « lieu » pour recevoir des aumônes; 2° prétendre à aucun droit pour les enterrements; 3° porter le nombre des membres de la communauté à plus de neuf, sans un consentement exprès du magistrat, et sous peine de nullité. Ils se chargèrent d'enseigner la jeunesse, « sans aucun gage pécuniaire, depuis la figure jusqu'à la philosophie exclusivement » et de pratiquer les œuvres de charité ordinaires, c'est-à-dire, d'assister les malades ou moribonds, de donner des conseils aux affligés, d'apaiser « les discordants, » etc. Ils furent autorisés à faire une quête de pain, par semaine, outre quatre autres, par an, pour leurs chandelles et autres dépenses. Les quêtes qui se feraient dans leur chapelle devaient être perçues au profit de l'église paroissiale, par un mambour nommé par le magistrat.
Les carmes mirent tout en œuvre, mais sans succès, pour empêcher la réalisation de cet accord. C'est d'eux, évidemment, que vinrent toutes les difficultés que le gouvernement des Pays-Bas suscita aux religieux de l'observance réformée de Louvain qui s'étaient établis à Wavre et y avaient acheté une maison. Une dépêche adressée au conseil de Brabant, le 30 novembre 1657, chargea le procureur général de leur faire quitter la ville. Quoique leur admission eût été sanctionnée par un décret daté de Madrid, le 13 juin 1659, il leur fut formellement défendu, le 10 décembre 1661, de se fixer à Wavre, et cette interdiction fut signifiée par huissier au P. Vanderzipen, procureur syndic de la province, de l'ordre des frères-mineurs, et par notaire, aux frères-mineurs, au bailli et aux magistrats de Wavre. Mais, loin d'obtempérer à cet ordre, les religieux, sur une simple réquisition du magistrat, commencèrent aussitôt à enseigner les humanités. En vain, le gouverneur général écrivit de nouveau au conseil de Brabant, le 11 janvier 1662, qu'on fit exécuter la défense mentionnée plus haut, la communauté représenta au conseil qu'elle n'avait pas établi un couvent, mais une école d'humanités, qu'elle avait obtenu, à cet effet, du magistrat et de l'écolâtre l'autorisation nécessaire. Alors arriva une troisième dépêche, du 27 février, rejetant comme des prétextes les allégations des récollets et réitérant l'injonction de les expulser parce qu'il était préférable de confier l'instruction aux carmes, qui étaient déjà installés et qui offraient de la donner gratuitement, et parce que la « petite capacité et le bien de la commune » s'opposaient à ce qu'on y fondât deux couvents. Ce ne fut qu'en 1669 qu'un octroi donna aux récollets de Wavre une existence régulièrement reconnue. La population leur devint hostile lorsqu'ils achetèrent deux bonniers pour y installer un monastère plus grand que ne le comportait l'accord de 1655; sous prétexte qu'on gâtait les briques qu'ils y faisaient fabriquer, ils demandèrent, en 1673, de pouvoir fermer des chemins contigus à leur enclos. Comme ils ne se montraient pas disposés à rétablir les lieux dans leur état primitif, quelques habitants du bourg rouvrirent les passages à force de bras, le 21 septembre 1674, et les religieux ayant, le 3 octobre suivant, rétabli des fossés et fermé une seconde fois les mêmes chemins, ceux des Wavriens qui étaient de garde détruisirent de nouveau ces ouvrages, le lendemain 4, entre les six et sept heures du matin. Il s'ensuivit un procès devant le conseil de Brabant, chacune des parties prétendant avoir été en possession au moment ou la partie adverse avait attenté à ses droits.
Quelle qu'ait été l'issue de cette contestation, le couvent s'éleva et subsista jusqu'en 1796, époque de sa suppression par les Français. Les bâtiments périrent dans l'incendie de 1714. Le nombre des religieux, qui avait été successivement augmenté, s'élevait, en 1787, à 20 prêtres, 7 frères lais et un tertiaire; les revenus, toutes charges déduites, ne consistaient qu'en 165 fl., provenant des minervalia payés par les élèves. Les dépenses montaient à 8,753 fl., dont 7,840 fl. pour l'entretien des membres de la communauté; on n'y faisait face qu'au moyen de quêtes et d'autres aumônes. Une partie du couvent sert, depuis l'an VII, de caserne de gendarmerie; une autre a été cédée à la ville, par un arrêté royal en date du 3 mars 1826, afin d'y établir une école pour les enfants pauvres; mais l'administration communale a aliéné ce bien, il y a sept ou huit ans, et transféré l'école dans une autre partie de la ville. L'église conventuelle a été démolie, et les terrains contigus, vendus par parcelles, se sont couverts d'habitations.
Il y avait jadis, au pied de la colline boisée, dite le Bois de Beumont, un ermitage dédié à saint Jacques. A la mort du dernier ermite, en 1792, le seigneur de Limal, M. de la Puente , en prit possession, comme provenant de ses ancêtres, mais lorsqu'on en annonça la mise en vente, en 1808, la ville réclama, et fut autorisée à faire valoir ses droits devant les tribunaux. Seize sœurs de la Visitation de Sainte-Marie tiennent un pensionnat, un externat et une école de pauvres; sept sœurs hospitalières du tiers-ordre régulier de Saint-François sont attachées à l'hôpital de la Charité.
En 1670, on comptait à Wavre plus de 300 pauvres. Les revenus des pauvres du bourg sont considérables. Le règlement de l'année 1781 statua qu'ils étaient réservés aux natifs du lieu ou aux personnes qui y demeuraient depuis trois ans au moins, et qu'on ne pourrait dorénavant s'établir dans la paroisse qu'en présentant une caution : de 150 florins si l'on était célibataire, de 300 florins pour les mariés. En 1853, le bureau de bienfaisance possédait 38 hectares 26 arcs 6 centiares de terres et 72 ares 79 cent, de prés; ses revenus s'élevaient à 10,177 francs 85 centimes, produit qui se décomposait comme suit :
La question de savoir à qui incombait l'éducation des enfants trouvés fut soulevée à Wavre, en 1640. Un enfant ayant été abandonné à la porte de l'église paroissiale, le magistrat et le prieur résolurent de prendre l'avis d'avocats neutraux, c'est-à-dire désintéressés dans l'affaire; en attendant, le maire de l'Encloistre fut chargé de faire élever l'enfant, aux frais de ceux à qui cette charge serait imposée (28 mai 1640). Nous ignorons comment se termina cette contestation.
Dans ces dernières années, des subsides ont été accordés par la commune afin de soutenir des écoles et ateliers de dentellières, et, en 1856, l'État y a ajouté une somme de 300 francs.
Il existait jadis, rue du Pont, un hôpital destiné principalement aux pèlerins, aux voyageurs pauvres, et où l'on recevait aussi les malades, les femmes enceintes etc. Il est cité, et très fréquemment, à partir de l'année 1525. Les directeurs prenaient le titre de « mambours de l'hôpital et de la maison des pauvres « gisant en la rue du Pont » et commençaient leur gestion à la Saint-André. Plus tard on négligea cet établissement important et enfin, en 1701, il fut fermé. Les pasteur, bailli et échevins de la ville et franchise remontrèrent à l'évêque de Namur que les revenus de la fabrique de l'église paroissiale étaient insuffisants pour réparer les dommages causés à cet édifice par l'incendie de 1695, et qu'on pourrait y suppléer au moyen des revenus de l'hôpital, ces revenus s'élevant à 3 ou 400 florins et l'hôpital n'étant plus qu'un réceptacle de vagabonds et de libertins; conformément à leur demande, il leur fut permis d'employer pour l'église, pendant vingt ans, les revenus précités et de fermer l'hôpital, à la seule condition d'en entretenir les bâtiments (26 février 1701).
Vers le commencement du XIVe siècle, « demoiselle Alis de Brayne, fille à Jean de Wistreseiz » , fonda et dota de ses biens un autre hôpital, au lieu dit Delà Lewue, c'est-à-dire au delà de l'eau, au delà de la Dyle. En 1336, Marguerite, dame de Wavre, son fils Guillaume et la femme de celui-ci, Marguerite, de concert avec le conseil, les échevins et la communauté de Wavre, approuvèrent cette fondation et donnèrent le nouvel hôpital, pour y établir un couvent, au prieuré provincial d'Allemagne, de l'ordre des carmes. Les religieux devaient en percevoir les revenus, à la charge de desservir la chapellenie de l'hôpital, d'héberger, chaque fois qu'ils le requerraient et en leur fournissant un lit, du feu et de la lumière, deux religieux mendiants passant par le bourg; de recevoir à perpétuité quatre pauvres de Wavre, désignés par le seigneur et la commune, et à qui il serait fourni un lit, des draps, des couvertures, un setier de blé par mois, et, en outre, par an, un demi-muid pour leur potage, la lumière et le feu. Ces pauvres, à leur mort, devaient abandonner au couvent leur avoir, et l'on ne pouvait en augmenter le nombre que du consentement du prieur et des frères de Wavre.
Cet abandon à l'ordre des carmes ne s'effectua pas et l'on voit, au mois de mai 1467, le seigneur Guillaume de Spontin et les échevins et communauté conférer, à titre viager, à un prêtre, messire Arnoul, fils de Francon de Petit-Rieu, l’Hôpital de delà l'Yauwe, dont une veuve était alors en possession, en vertu d'une autre donation. Arnoul fut tenu de faire célébrer une messe toutes les semaines, comme c'était l'usage, et, de plus, une seconde messe en mémoire des cessionnaires. Il fut assujetti à héberger les pauvres prêtres, clercs et religieux mendiants passant par Wavre; à entretenir, si le cas se présentait, un prêtre indigent, habitant depuis sept ans dans le bourg et y ayant pris son sacrement, c'est-à-dire y ayant été ordonné; à payer à cinq pauvres un pain, soit à chacun, quinze setiers de seigle par an; à posséder une vache, afin de fournir du lait aux pauvres mendiants logeant dans la maison etc. L'entretien des bâtiments fut également mis à la charge d'Arnoul, qui fut assujetti à habiter dans l'hôpital, sous peine d'annulation de la donation.
Ce petit hôpital prit ensuite le nom d'Hôpital Sainte-Elisabeth, d'après la patronne du bénéfice qui y était annexé. Les revenus s'élevaient, en 1570, à vingt-deux muids de blé et 18 florins, et les charges à trois messes par semaine, outre douze muids et demi de blé donnés à cinq indigentes, trois setiers et demi pour les pauvres, et 3 1/2 florins de cens dus au seigneur; en outre, le recteur logeait les pauvres prêtres et clercs passant par Wavre et les prédicateurs qui y venaient aider le clergé. En 1570, par ordre du duc d'Albe, il fut enjoint, jusqu'à décision contraire, d'employer les revenus disponibles au profit de l'église paroissiale et « en réfection d'icelle ». Nous avons vu comment les carmes obtinrent de nouveau, en 1656, la cession de cet hôpital, dont les revenus furent annexés au couvent qu'ils fondèrent alors à Wavre.
Pendant la première occupation de la Belgique par les Français, le citoyen Sablon, de Wavre, se plaignit à l'assemblée des représentants de la ville de Bruxelles que, depuis 1782, les carmes ne distribuaient plus les douze mesures de blé qu'ils devaient donner tous les ans à autant de veuves indigentes, redevance qu'ils avaient remplacée, en 1778, par des paiements en argent, à raison de 14 sous par mois. Sablon insista pour que le pouvoir exécutif exigeât le rétablissement de ces distributions. Lors de la suppression des corporations religieuses, la dotation de l'hôpital ne fut pas confondue avec celle du couvent, et un décret du 26 thermidor an VI en fit abandon au bureau de bienfaisance.
Wavre n'avait plus, il y a trente ans, de refuge ouvert, ni aux malades, ni aux vieillards, lorsque commença ce mouvement charitable qui a eu pour résultats la fondation de plusieurs établissements de bienfaisance, tous richement dotés.
On projeta d'abord la fondation d'un hôpital. Une demoiselle, nommée Dorothée Mertens, demanda dans ce but au conseil communal la cession du réfectoire, de la cuisine et du jardin de l'ancien couvent des carmes; elle promit de subvenir aux besoins de la fondation au moyen de souscriptions particulières (9 janvier 1832). Cette idée fut reprise ensuite par un vicaire nommé Davidts (actuellement curé à Droogenbosch), qui parvint à la vulgariser, mais non sans essuyer de nombreux déboires. L'autorité ecclésiastique l'éloigna de Wavre, ce qui provoqua une agitation qui ne se calma qu'à la longue. Mais l'élan était donné. Le 27 octobre 1837, une commission administrative fut nommée par le conseil communal et le bureau de bienfaisance; elle provoqua l'ouverture d'une exposition, qui commença le 1er juillet 1838, et se termina un mois après, par le tirage au sort des lots gagnants. Par ce moyen et à l'aide de dons et de souscriptions, on se procura un capital de 25,000 francs, dont les intérêts, joints à un subside de 1,000 francs alloué par le bureau de bienfaisance, formèrent un revenu de plus de 2,000 francs. On se décida alors à ouvrir l'hôpital (23 septembre 1843). On l'installa dans une maison dite le Prince de Liège et située rue du Pont, que Charles-Marie et Marie-Isabelle Donglebert avaient léguée à cet effet, le 12 janvier 1838, en s'en réservant la jouissance jusqu'au 1er mars 1842. Le 9 juin 1843, le bureau de bienfaisance s'engagea à fournir les médicaments nécessaires. Un règlement, en date du 16 du même mois, détermina les règles qui seraient adoptées pour la marche du service sanitaire et stipula que la supérieure des sœurs hospitalières, qui soignaient les malades, pourvoirait aux besoins du personnel de l'établissement, au moyen d'un abonnement. En 1813, l'État, la province et la commune accordèrent des subsides à l'hôpital, qui se trouve actuellement dans une position florissante, grâce à de nombreuses donations, et notamment à trois legs qui ont été respectivement acceptés par des arrêtés royaux en date des 18 septembre 1848, 24 janvier 1855 et 21 octobre suivant. Il est fait don: dans le premier legs, par Mme Dieux, née Marie-Josèphe Andrieux, de 21,000 fr.; dans le deuxième, par Mme veuve Verbessem, née Godfroid, de 12,000 francs; dans le troisième, par Mme veuve Dieux, de 18 hectares et d'un capital mobilier valant 14,500 francs environ, le tout évalué à 52,767 francs, en sus des charges. Actuellement l'hôpital, auquel on a donné le nom d’Hôpital de la Charité, possède cinq maisons et 20 hectares 53 ares de terres. Il s'y trouve une chapelle oratoire.
Le budget de l'hôpital, pour l'année 1853, s'équilibrait comme suit :
Recettes
Dépenses
Le 6 mai 1858, mourut, à l'âge de 73 ans, Henri-Joseph de l'Escaille, le dernier représentant d'une famille dont l'histoire se lie intimement à celle de Wavre pendant plusieurs générations, et qui était conseiller communal depuis une quinzaine d'années. Par un testament daté du 19 mars 1853 et confirmé le 5 avril 1858, il légua tous ses biens (sauf le montant de quelques legs, et notamment de 1,500 francs qui furent distribués aux pauvres le jour de l'enterrement) pour établir un hospice intitulé : Hospice des frères de l'Escaille, et ouvert aux vieillards du sexe masculin, âgés au moins de 65 ans, de bonne conduite, et n'étant ni atteints de maladie contagieuse, honteuse ou incurable, ni repris de justice. L'hospice, qui, dans l'intention du testateur, devait être régi par une commission spéciale, a été installé dans une maison spacieuse, située rue de Bruxelles. Il possède dix maisons et 74 hectares de terres. Le budget pour 1862 présente les chiffres suivants :
Vers la fin de 1858, le conseil communal décida en principe la création d'un hospice d'orphelins. Les membres de ce corps et le bourgmestre Andrieux firent abandon, en faveur de cette institution : les premiers, du montant de leurs jetons de présence; le second, de son traitement. M. Descamps a permis d'installer l'hospice dans une maison qu'il possède au Sablon. Le budget de cette institution naissante ne consiste, pour 1862, qu'en un chiffre de recettes, s'élevant à 2,300 francs.
La direction et le contrôle de l'enseignement appartenaient jadis au prieur de Basse-Wavre, mais, plus tard, le magistrat partagea cette prérogative. Au XVIIe siècle, la collation des petites écoles de garçons et de filles appartenait conjointement au prieur ou au vicaire et au magistrat. Quant aux écoles où s'enseignaient les humanités, elles furent érigées et confiées aux récollets par le magistrat seul, du consentement toutefois du conseil de Brabant. Précédemment, le vicaire (ou curé) de Wavre et les religieux d'Afflighem avaient voulu établir un collège semblable, et, de concert avec l'archevêque de Malines, avaient cédé la Tenure d'Afflighem, située près de l'église paroissiale, au magistrat, qui, de son côté, s'était engagé à approprier ce bâtiment à la nouvelle destination. On n'avait pas donné d'autre suite à cette convention.
Wavre possède une école moyenne de l'État, un petit séminaire archiépiscopal, trois écoles primaires, dont deux communales et une soutenue par le clergé, deux écoles gardiennes, un pensionnat-externat de demoiselles, dirigé par les sœurs de la Visitation.
Le collège de Wavre, fermé pendant la domination française, fut réouvert en 1821, dans l'ancien couvent des carmes, par l'abbé Vittu, membre de la société des sciences physiques de Liège; mais, par ordre du gouvernement hollandais, le maire de Wavre, Herpigny, ordonna la fermeture de cet établissement, comme illégalement fondé (23 septembre 1822). Ce collège se releva ensuite, puis déclina, après 1830, et fut transformé, en 1844, en une école de commerce, recevant tous les ans un subside de 3,000 francs du gouvernement, qui en nommait le bureau d'administration et les professeurs (résolution du conseil communal, du 2 avril; arrêté royal, du 27 du même mois); A la suite de la réorganisation de l'enseignement du second degré, cet établissement est devenu une école moyenne (9 juin 1851), à laquelle un arrêté royal a annexé, le 18 décembre 1851, une section préparatoire pour les enfants payants. Le conseil communal ayant émis un avis défavorable au sujet de l'acceptation de la Convention d'Anvers, (25 août 1856), le clergé n'y concourt plus à l'instruction. Au 31 décembre 1858, l'école comptait 143 élèves, dont trois internes; les recettes de l'établissement montaient à 9,335 francs 87 centimes, les dépenses à 9,077 francs 13 centimes. Le séminaire de Basse-Wavre sert en même temps de collège et compte 102 élèves. L'école primaire des enfants pauvres, installée d'abord dans une partie de l'ancien couvent des récollets, que donna à cet effet le roi Guillaume, le 3 mars 1826, a été transférée sur l'ancien emplacement de l'hôpital Sainte-Elisabeth, qui a été cédé par le bureau de bienfaisance à la ville, moyennant 5,000 francs, ou une rente de 237 francs (décembre 1859). L'administration communale avait d'abord projeté de construire une école de filles, au lieu dit le Berceau de Warre, mais cet emplacement avait été reconnu insuffisant et l'on avait résolu de réunir les garçons et les filles dans un seul local. Le bâtiment de l'école se compose d'un corps de logis central, à trois étages et à trois fenêtres de façade, flanqué de deux rez-de-chaussée ayant chacun six fenêtres de largeur. Ces derniers sont occupés par les classes, le corps de logis est habité par l'instituteur.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 272, dont 134 garçons et 138 filles.
Wavre a eu une école gratuite de musique, où, en 1850, trente élèves suivaient un cours d'étude qui durait quatre années; le professeur était rétribué par la ville. Il y existe plusieurs sociétés musicales, notamment la Société philharmonique, la Société des fanfares etc.
Les annales de l'université de Louvain ne mentionnent qu'un seul primus originaire de Wavre: Boucqueau, qui fut proclamé en 1765 et dont nous avons raconté l'entrée triomphale.
L'introduction de l'imprimerie à Wavre ne date que de l'année 1783 environ; mais on ne connaît, de cette époque, qu'une plaquette rarissime, et il faut arriver à l'année 1834 pour trouver une seconde impression datée de cette ville. Un premier journal y parut, le 26 décembre 1840, sous le nom de L’Électeur de la Dyle. Après une courte interruption, il reparut, en 1843, et s'intitula le Journal de Warre. Plus tard, il fut remplacé par deux journaux hebdomadaires, le Propagateur et les Petites affiches de Wavre; ce dernier seul subsiste encore.
La fête de Wavre se célèbre le dimanche après la Saint-Jean-Baptiste; elle dure trois jours, pendant lesquels il se tient une foire de bimbeloteries, bonbons etc., et elle est particulièrement remarquable par la grande quantité de personnes qui s'y rendent pour assister à la procession de Notre-Dame de Basse-Wavre. L'itinéraire de cette procession est très long ( de plus de 1,000 pas, selon l'auteur d'une Chronique des prieurés de Wavre et de Frasnes, qui la vit en l'année 1645). En 1645, après une multitude de fidèles, parmi lesquels on comptait environ 15 à 1,600 personnes marchant nu-pieds, venait la châsse, portée par quelques hommes, habillés de blanc et ayant également les pieds nus; puis marchaient le prieur et les religieux de Basse -Wavre et le clergé du bourg. Les habitants de Wavre, en armes, allèrent attendre le cortège sur la hauteur au delà de la Dyle (in monte vicino) et le ramenèrent au bourg, d'où il repartit pour le prieuré. Actuellement la procession parcourt le Grand tour, qui est bordé d'une douzaine de petites chapelles, arrive en ville vers les onze heures et se joint, au Sablon, à la procession du bourg, ce qui présente parfois un spectacle très imposant. Toutes deux réunies entrent dans l'église de Saint-Jean-Baptiste; puis, le clergé de cette dernière, après avoir replacé le Saint-Sacrement dans le tabernacle, reconduit la procession de Basse-Wavre jusqu'à la limite de la paroisse. Des pèlerins de Perwez et d'autres communes accompagnent cette grande procession, qui est fort renommée. Rien de plus curieux que de voir les fidèles se presser autour de la châsse et s'efforcer de la toucher. Un pèlerin porte, dans le cortège, sur un plat, un pain confectionné avec un setier de froment et orné de fleurs. Ce pain s'appelle le wastia et se vend, à Basse-Wavre, après la rentrée de la procession. Il ne moisit jamais, à ce que l'on dit, et ceux qui en mangent sont préservés de la rage.
Nous avons vu que les princes de la maison de Bourgogne favorisèrent et avantagèrent les foires de Wavre; d'autres diplômes, émanés de leur chancellerie, concernent spécialement la procession et ceux qui y assistaient. Le 20 avril 1459, Philippe de Bourgogne les prit sous sa protection. En 1487, par une charte, dont le sceau fut brisé par les soldats calvinistes du prince Casimir, le 17 septembre 1578, l'évêque de Liège, Jean de Hornes, rappela que, de toute ancienneté, « par grande nécessité et par diverses places et pestilences mortelles, l'on est accoutumé de porter par an la fierté et reliques, en remembrance et mémoire de la Vierge, et que grand nombre de notables et autres pèlerins suivaient de village en village, pour ouïr les sermons, gagner des indulgences etc. » A la demande du prieur, et comme des querelles survenaient, par suite des danses de jeunes gens et autres « vanités » dont ces processions étaient l'occasion, il fut défendu aux femmes débauchées d'accompagner ces dernières et de loger aux mêmes lieux, sous peine de confiscation du meilleur de leurs vêtements. D'autre part, il fut interdit aux curés de détourner leurs paroissiens de se joindre au cortège.
Jean Blondeau, fils d'Antoine et de Catherine Wallée, naquit à Wavre, le 12 mai 1621, devint licencié ès lois et avocat au conseil de Brabant.
Marc-Antoine Dufour, licencié ès lois et pensionnaire de Nivelles, ayant résigné son emploi aux trois membres de cette ville, à la condition que ceux-ci lui donneraient Blondeau pour successeur, sa démission fut acceptée et Blondeau prêta serment, en présence des trois membres assemblés, le 5 septembre 1656. Blondeau occupa ses loisirs par de patientes recherches sur les familles du Brabant wallon, et, plus particulièrement, sur celles des mairies de Nivelles, de Genappe, de la Hulpe et de Mont-Saint-Guibert. Son manuscrit, qui était écrit en français et préparé pour l'impression, fut vendu par ses héritiers au baron Le Roy, qui en tira largement parti dans sa Gallo-Brabantia, comme il le reconnaît lui-même. Une mort subite enleva Blondeau le 19 janvier 1682; il fut enterré dans l'église paroissiale de Wavre, entre l'autel de Notre-Dame et celui de Sainte-Anne, à côté de son père et de sa mère. Son frère Charles, qui expira de la même mort que lui, le 20 décembre de la même année, fut également enseveli en cet endroit, «sous une tombe cassée et inconneue», disent des mémoires de famille.
Jean-Libert Hennebel, né le 20 janvier 1625, mort le 3 août 1725, devint docteur en théologie, chanoine de Gand et enfin président du collège de Viglius, de l'université de Louvain. En 1692, il fut envoyé pour plaider, devant le souverain pontife, la cause des professeurs et autres théologiens que l'on accusait de jansénisme ou de rigorisme, et présenta à ce sujet, au pape Innocent XII, le 10 septembre 1700, une déclaration, que d'autres docteurs approuvèrent solennellement le 21 février 1701. Il a laissé plusieurs traités relatifs aux questions qui agitèrent son existence.
Jean-Baptiste Boucqueau, fils de Jean-Baptiste et de Marie-Catherine Marchal, né le 25 septembre 1747, mort à Dieghem le 25 juillet 1822. Après avoir débuté avec éclat comme primus de l'université de Louvain, Boucqueau acquit la réputation d'un avocat et jurisconsulte habile et se distingua, en l'an V de la république, en défendant avec un succès complet, devant le tribunal criminel du département de la Dyle, le chapelain de l'hôpital Saint-Jean, de Bruxelles, Joseph François De Haze, accusé d'avoir célébré la messe sans avoir prêté le serment de fidélité à la république et de haine à la royauté. Sous le consulat, il sortit un instant de l'obscurité par la publication d'un assez triste ouvrage, où il prétendait expliquer le chap. VII des prophéties de Daniel, à l'aide des événements de la révolution française et particulièrement de la conquête de la Belgique et de la Lombardie. Boucqueau épousa, le 6 octobre 1772, Marie-Jeanne Bosquet, dont il eut des enfants.
Corneille Stevens, né le 26 décembre 1717, mort à Wavre le 4 septembre 1828, fut successivement président du petit collège de Louvain, chanoine gradué et examinateur synodal à Namur, vicaire général de l'évêché de cette ville, pendant la vacance du siège épiscopal, de 1799 à 1802. Stevens refusa d'adhérer au concordat conclu entre le Saint-Siège et le gouvernement français, sous prétexte que cette convention portait atteinte aux prérogatives et aux usages de l'Église, et il entraîna dans ce schisme, peu dangereux d'ailleurs, un grand nombre d'habitants de la Belgique, que l'on appela les Stévenistes; le fondateur de cette secte fut longtemps traqué par ordre de Napoléon Ier, qui, dit-on, mit sa tête à prix, moyennant 30,000 fr.; quant à ses adhérents, ils se perpétuent encore, mais ils diminuent constamment en nombre et le clergé les rallie insensiblement à l'unité catholique.
Nicolas-Célestin Fortune, surnommé Canard, mort vers l'année 1830, auteur de plusieurs ouvrages, notamment des suivants : Louis Des Arcis ou le Danger des femmes (Paris, Dentu, 1813), Réféxions sur le bonheur, Floricour ou l'homme à la mode.
Hippolyte Bernard, architecte de talent, chef de section au chemin de fer de l'État, né le 20 août 1819, mort le 27 septembre 1862.
Un opuscule sur l'église de Basse-Wavre a été très fréquemment imprimé sous différents titres, en français et en flamand. Il en existe de nombreuses éditions, dont nous nous bornerons à citer les suivantes, que nous avons consultées :
Histoire de Notre-Dame de la Basse-Wavre, par Antoine Ruteau. Louvain, 1642, in-12.
D'Arcke des verbondts ran het nieuwe testament oft triumph-wagen van de heylige casse van Neer-Waver, ghebrocht door Maria uyt den hemel op den aerden orer 600 jaeren ( 3e édition, par le prieur Augustin Van Opstal). Bruxelles, 1665, in-12.
Arcke des verbondts van ‘t nieuw testament ofte miraeckeleuse historie van Onze-Lieve- Vrouwe van Neder-Waver. Bruxelles, (1722), in-12.
Précis historique de Notre-Dame de Basse-Wavre (par le père Boone). Bruxelles, Vander Borght, 1834, in-18.
Sous le titre de Promenades historiques dans le Brabant wallon, M. Warzée a publié, dans le Journal de la Belgique, du mois de décembre 1842, trois feuilletons, où il a esquissé l'histoire et la description de Wavre.
M. Alexandre Pinchart, qui s'occupe depuis vingt années de recherches historiques sur Wavre, a inséré dans la Belgique communale quelques notices biographiques qui concernent des personnages natifs de cette ville.
Un seul Rapport sur l'administration et la situation des affaires de la ville de Wavre a été publié (Beau-faux-Lafosse, 1852, in-8°).
Nous ne pouvons omettre de payer un tribut de reconnaissance à MM. les échevins et secrétaire de Wavre, Van Dyck, directeur de l'école moyenne, Mac-Dougall, receveur communal, qui ont facilité, autant qu'ils l'ont pu, à l'accomplissement de notre tâche. M. Du Chesne, employé des postes, nous a montré une curiosité bibliographique d'un haut intérêt : l'herbier du célèbre Réga, dont l'authenticité est attestée par cette vieille inscription : Herbarium redivivum D. Henr. Jos. Rega, med. doct. proff. prim.
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