Cette commune s'est appelée successivement Dion inferior ou Dion-le-Bas (1100 environ, 1247), Diun (vers 1160), Dyon (1219, 1225, 1312, 1374, 1388, 1477, 1504, 1511), Dyon en Valle (1374; en flamand, Dyoen en Vaul, 1383), Dyon le Vaul (1436, 1440; en flamand, Dyon Ten Dale; 1441, ou Dion Ten Dale, 1524; en latin, Dyon in Valle, 1441), Dyon le Val (1450, 1492, 1587, 1614), Dion le Val (1636, 1607-1619, LE ROY), ou Dion le Valle (1666).
On trouve aussi Dion desoustrain, ce qui a la même signification que Dion inférieur.
La commune de Dion-le-Val est limitrophe de celles de Grez, Dion-le-Mont et Wavre.
Dion-le-Val est à 3 kilomètres de Dion-le-Mont, 4 kilom. de Wavre, 5 kilom. de Grez, 29 kilom. de Bruxelles, 33 kilom. de Nivelles.
L'église de Dion-le-Val se trouve située par 56 grades 35 de latitude N. et par 2 grades 58 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 53 mètres 17.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Dion-le-Val date du 10 mars 1806. Le cadastre divise le territoire de Dion-le-Val en deux sections : la section A ou du Village, la section B ou de Neuvelette.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 543 parcelles, appartenant à 186 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 18,289-65 fr. (sol : 16,129-65; bâtiments : 2,160-00) et ayant une contenance de 309 hectares 78 ares 10 centiares (imposable : 305 hect. 95 a. 70 ca.; non imposable : 3 hect. 82 a 40 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, Dion-le-Val comprenait 227 bonniers, dont 205 b. 1. j. de terres, 20 b. 2 j. de bois et 1 b. 1 j. de viviers.
On comptait à Dion-le-Val : en 1374, 66 ménages; en 1436, 33 foyers; en 1464, 46 foyers; en 1472, ? foyers; en 1492, 26 foyers; en 1526, 54 maisons, dont 2 inhabitées et 5 à 2 foyers; en 1686, 6 maisons et 1 moulin; au 31 décembre 1856, 82 maisons.
Toutes les maisons du petit village de Dion-le-Val se succèdent sans interruption le long du Pisselet et ne forment point de groupes distincts; les dernières habitations rejoignent le hameau de Doiceau qui dépend de Grez.
A 800 mètres S.-S.-E. de l'église, la Bruyère, écart situé à la lisière du bois Grand Jean; à 650 m. S., le Maréchal; à 900 m. S.-O., les maisons Foureau et Martin.
Petit bois; Bois des Gottes; Bois Grand Jean; Champ du Caton; Champ du Doiceau; Bois de Neuvelette ou Neulette (le Noivelettes, bois de 6 bonniers, 1440; le Noweleit, 1530); Champ de Neuvelette ou Neulette; Champ des Cailloux; Ferme Noël; Château; Bosquet du Château; Ferme du Château; Chemin de Mont-Saint-Guibert; le Sarteau; l’Épine; le Bloquia; Trou à la Gâte; Pont de Nivelles; Vieux chemin de Nivelles (Voye de Nivelle, 1440, 1530); Voie des Fosses; Grand cortil (1686); Fond Braibeson; Champ de l'Oiseleur; Fond des Boligneras.
Bois du Traux (1440,1530); Bois a le Croix (1440, 1530).
Le terrain n'offre que de légères ondulations, sauf au S.-E., vers la Bruyère, point culminant, d'où descendent plusieurs ravins. Le sol est marécageux aux abords du village.
Au bas des collines qui longent la rive droite du Pisselet, on rencontre une bande de psammite et de sable glauconifère landénien. Vers la limite de la commune, dans la direction de Doiceau, A. Dumont a signalé du calcaire d'Avernas. Les sables bruxelliens règnent sur le reste du territoire; mais dans les plaines de la rive gauche il est recouvert par le limon hesbayen.
Tout le territoire de Dion-le-Val appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : le Pisselet et le Ri des Gottes.
Le Pisselet vient de Dion-le-Mont; entre à Dion-le-Val à l'O. du bois Grand Jean; reçoit (r. dr.) les eaux de la fontaine Simon; traverse tout le village de Dion; reçoit le Ri des Gottes (r. dr.); et passe sur le territoire de Grez, près de Doiceau, après un parcours de 1,900 mètres, dans la direction générale du S. au N.
Le Ri des Gottes prend sa source au bois des Gottes; longe le bois Bierquit, en formant la limite entre Grez et Dion-le-Val; pénètre sur le territoire de cette dernière commune; et se réunit au Pisselet (r. dr.), en aval de l'église, après un parcours de 1,100 mètres, dont 750 mitoyens, dans la direction du S.-E. au N.-O.
Il a existé, à Dion-le-Val, près du chemin conduisant à Dion-le-Mont, des étangs d'une superficie de 3 bonniers 1 journal; Jean, fils de Jacques de Bordeaulx, les céda à Adrien de Quarelemont, qui les réunit à sa terre de Dion-le-Val (relief du 27 février 1524-1525). A cette époque, on les avait déjà desséchés et mis en culture.
On comptait à Dion-le-Val : en 1666, 70 communiants environ; en 1709, 54 habitants; en 1784, 182 habitants : 1 prêtre, 63 hommes et garçons de plus de 12 ans, 63 femmes et filles de plus de 12 ans, 29 garçons et 26 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, le même nombre); en l'an XIII, 224 habitants; au 31 décembre 1831, 331 habitants; au 31 décembre 1856, 361 habitants (wallons). Les registres de l'état civil remontent à 1695.
Les bois ont ensemble 40 hectares environ; ils portent les dénominations de Bois de Neuvelette, Bois Grand Jean, Bois des Gottes, Petit Bois, Bosquet du Château.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Il n'y a qu'une exploitation de plus de 50 hectares : la Ferme du Château (91 hect.), tenue par M. Dessy (J.-F.), appartenant à M. Godfriaux.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi:
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2 pieds de Louvain.
L'agriculture seule occupe tous les bras à Dion-le-Val. Le Pisselet activait jadis un moulin dont on voit encore les digues près du bois Grand Jean. Il est mentionné en 1440 et relevait, avec la seigneurie, du duché de Brabant. Après avoir été ruiné, il fut rebâti antérieurement à 1530 et était encore utilisé en 1636 et en 1686; à cette dernière date, on en évaluait le produit annuel à 37 florins 10 sous.
L'ancienne brasserie de la seigneurie a également cessé d'exister.
On compte 8 chemins et 11 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 15,663 mètres, dont 2,160 sont pavés. Le chemin de grande communication n° 32 traverse la commune sur 2,394 mètres.
Les bois qui forment la lisière occidentale de Dion-le-Val sont parsemés de tumulus. Quelques-uns se trouvent près du Bon Dieu du Tour et de la chaussée de Wavre à Perwez; d'autres dans le Bois de Neuvelette. Dans ce dernier, nous en avons remarqué plusieurs dont les dimensions sont remarquables, notamment deux, dont l'un a environ 20 mètres de diamètre sur 2 m. 50 de hauteur et le second 12 m. de diamètre sur 1 m. 50 de hauteur.
En 1404, Gilles du Sart, de Dion, ayant donné un démenti aux échevins du village, les seigneurs de la localité, Bernard de Bourdeaux et Philippe de Dion se rendirent à Louvain et y portèrent plainte aux échevins, qui condamnèrent Du Sart à faire successivement quatre pèlerinages : le premier, à Roquemadour, en Languedoc, comme satisfaction donnée à ces seigneurs; le deuxième, à Vendôme, comme satisfaction pour les échevins, et les deux derniers, à Saint-Gilles en Provence et de nouveau à Vendôme, comme satisfaction au duc de Brabant.
En 1431, les meubles du prêtre Jean Laernys ayant été adjugés, en vertu de lettres échevinales de Louvain, à Henri de Tanginsart, et le maire de Dion-le-Val ne se prêtant pas à l'exécution de cette sentence, la ville de Bruxelles invita ce maire à agir autrement. Néanmoins, lorsque Henri arriva avec des chariots pour procéder à l'enlèvement des meubles, Guillaume de Querelemont, l'un des seigneurs, donna au maire l'ordre de s'y opposer, et fut de ce chef condamné par les magistrats de Louvain à faire construire à ses frais, autour de cette ville, un espace de murailles, d'une étendue d'une verge et demie.
En l'année 1442-1443, les officiers du duc prétendirent que la famille de Bourdeaux ne devait avoir à Dion-le-Val ni seigneurie, ni juridiction, mais seulement le droit de prélever des cens. La question fut portée devant le bailli et les hommes de fief de Genappe et, en 1448, arrêt fut mis, au nom du duc de Bourgogne, sur les deux seigneuries de Dion-le-Val. La contestation doit avoir été jugée en leur faveur, car la haute justice du village cessa d'appartenir au souverain, sans qu'on retrouve de trace d'une aliénation faite au nom de celui-ci.
Ce changement peut s'être opéré d'autant plus facilement que les Dion figurèrent souvent parmi les officiers du souverain. Lorsque Marie de Bourgogne fut reconnue duchesse de Brabant, Jean de Dion, en récompense des services qu'il avait rendus au duc Charles, devint maire de Mont-Saint-Guibert et garda ses fonctions depuis le 8 juin 1477 jusqu'à la Saint-Jean 1478, et Guillaume de Dion fut maire de Grez du 1er juin 1477 au 18 novembre 1481. Plus tard, Philippe de Dion et ses frères Jacques et Guillaume ayant accusé Rase, bâtard de Grez, d'avoir menacé de mort un sergent de la seigneurie de Wavre, parce qu'il avait présenté un exploit à un de ses amis, se firent de ce bâtard un ennemi irréconciliable. A la ducasse ou fête de Grez, en 1479, Rase, qui était alors accompagné d'Evrard de Meursin (ou Mortsain) et de Hennequin, bâtard de Kersebeke (ou Kersbeke), blessa mortellement Philippe. ils n'obtinrent leur pardon que deux ans plus tard, après avoir satisfait les parents de leur victime et payé au souverain une amende de 50 livres de 40 gros de Flandre. Le 23 juin 1504, le fils de ce Philippe, également appelé Philippe, prit en ferme la mairie de Mont-Saint-Guibert, pour un terme de 3 ans et à charge de payer par an 20 florins de 20 patars, mais il obtint ensuite la réduction de cette somme, de moitié, parce que le roi Philippe le Beau ayant cédé en engagère la seigneurie de Basse-Wavre, qui constituait la partie principale du domaine compris dans la mairie de Mont-Saint-Guibert, la juridiction ducale ne s'y exerçait plus que sur 32 maisons, disséminées dans plusieurs localités. Ce second Philippe fut également tué.
Dion fut ravagé, en 1488-1489, et obtint une remise de 4 livres 9 sous sur sa cote dans l'aide votée en 1492.
En 1695, les registres et les meubles les plus précieux de la cure furent transportés à Bruxelles et périrent dans le bombardement de cette ville.
La commune a successivement appartenu aux mêmes juridictions que Dion-le-Mont. Elle avait au moyen âge deux seigneuries, « qui, selon les anciens Comptes des baillis du Brabant wallon, se disent avoir cens, rentes, loix et amendes, qui se jugent selon la loy de Louvain et livrent homme fourfaict au couron de leur terre et monseigneur y a la haute justice ». Plus tard, comme nous venons de le dire, les seigneurs de Dion-le-Val furent hauts-justiciers; ils l'étaient déjà, en 1524-1525, et réunirent en leurs mains les deux domaines.
La commune ne possède qu'un hectare 94 ares de biens communaux.
Son budget, pour l'année 1859, présente les chiffres suivants :
Dion-le-Val a été le berceau d'une famille noble qui portait le nom de Dion et qui, selon Le Carpentier, avait pour armoiries : un écusson d'argent à l'aigle éployée de sable, chargée, en cœur, d'un écusson de sable au lion d'or, à la bordure engrêlée de même.
Vers 1160, Alard de Dion figure parmi les témoins d'une charte du duc Godefroid III, relative aux démêlés de Machabrun, de Wavre, avec les religieux d'Afflighem et de Basse-Wavre.
Evrard, chevalier de Dion, possédait le patronat et une partie des dîmes du village. En 1211, il donna le tout à l'abbaye d'Alne, du consentement du duc Henri, de qui il les tenait en fief, et de l'aveu de l'évêque de Liège Hugues. D'autres fractions de la dîme appartenaient : soit à son vassal Jonas de Duencial ou Doiceau, soit aux frères Guillaume et Rodolphe de Duenceal, vassaux de Gérard de Grez, qui avait épousé la sœur d'Evrard.
Après la mort de celui-ci, son fils Wicard et Gérard, son tuteur, contestèrent aux religieux d'Alne la possession du patronat de Dion, puis acceptèrent pour arbitres, en promettant de se soumettre à leur décision ou de payer une amende de 20 livres de Louvain, le doyen de Nivelles Adam et sire Baudouin de Brabançon (le lendemain de la Saint-Barnabé, en 1219). Ces deux personnages, de concert avec l'archidiacre de Liège Henri et maître Guillaume de Nivelles, jugèrent en faveur de l'abbaye d'Alne.
Nous voyons ensuite la terre de Dion appartenir en totalité à :
Egide ou Gilles de Bouler ou Bonlez (1312);
Guillaume de Bouleir, dont le fief de Dion valait 120 livres par an;
Helewige, fille de Guillaume, qui épousa Simon de Crétanges ou de Crakouwe;
Egide, leur fils, seigneur de Dion, et qui releva, avec son frère Simon et sa sœur Helewide deux autres fiefs tenus du duché de Brabant : les biens dou Doignon, à Braine-l'Alleu, et 24 bonniers de bois situés à Sittard, sur Tourneppe;
Philippe, fils d'Egide et de Philippine de Wavre, seigneur en 1404;
Marie, fille de Philippe, femme de Guillaume de Quarelemont (relief du 12 mai 1412);
Philippe, leur fils (r. du 21 avril 1441);
Philippe, fils du précédent et de Marie de Trongniez dite de Rosierbosch (r. du 11 octobre 1479);
Adrien de Quarelemont dit de Dion, par cession de Philippe, son père (r. du 27 février 1524-1525);
Adrien, fils du précédent ( r. du 15 janvier 1542-1543), seigneur de Dion et de Wandosme, et qui commandait à Louvain lorsque le prince d'Orange et son armée se présentèrent devant cette ville, en 1572;
Gilles, fils d'Adrien et d'Anne de Lens, qui eut pour tuteurs ses oncles : Gilles de Lens, chevalier, baron d'Aubigny, et François de Lens, seigneur de Wionville, Villers-Chastel, etc. (r. du 5 janvier 1587);
Jean de Dion, sire de Cantaing, héritier testamentaire de Gilles de Dion (r. du 8 novembre 1617);
Gilles, sire de Bourguault ou Burgault, par cession de Jean, son frère aîné (r. du 10 juillet 1618), épousa Anne de Baillœul et figura, en 1622, aux funérailles de l'archiduc Albert;
Josine de Dion, femme de Jean de Hennin-Liétard, baron de Fosseux, et sa sœur Aune (r. du 16 juin 1627 et du 7 septembre 1647);
Sire Maximilien de Hennin-Liétard, chevalier, baron de Fosseux, fils de Jean et d'Anne (r. du 28 septembre 1657), et qui demanda vainement à ne devoir payer qu'un relief pour la seigneurie, en considération de sa pauvreté et des conjonctures du temps;
Philippe-Albert de Hennin-Liétard-Alsace, fils de Maximilien (r. du 7 novembre 1668);
Robert-Ferdinand, frère du précédent (r. du 15 décembre 1718);
Théodore-Edouard de Hennin-Liétard (r. du 24 juil-let 1719);
François de Hennin-Liétard, marquis d'Alsace, frère de Théodore-Edouard (r. du 14 octobre 1722);
Jean-François-Joseph, marquis d'Alsace-Hennin et son frère Thierri d'Alsace-Hennin-Liétard (r. du 19 février 1778).
La terre de Dion passa ensuite, par achat, aux T'Serclaes de Norderwyck. Augustine-Thérèse T'Serclaes, qui mourut à Bruxelles, le 1er février 1852, la porta en mariage à M. Eugène-Charles-Joseph Godfriaux d'Aubremé et de Gossoncourt, possesseur actuel du château.
La seigneurie principale de Dion-le-Val avait, en 1440, un maire des échevins, des sergents, la justice jusqu'à la remise du coupable entre les mains des officiers du prince (toute justice, en 1524-1525), une cour féodale de 3 petits hommages, le droit de dixième denier, la mainmorte sur les masuwiers ou tenanciers du seigneur, mainmorte, ou plutôt meilleur catel, qui consistait à donner une bête à quatre pieds, en cas de décès; 20 fourches à faner le foin, c'est-à-dire 20 tenanciers obligés à faucher les prés seigneuriaux. A la seigneurie étaient annexés un château, une brasserie, deux autres courtils; un moulin à eau, 36 bonniers de terres, 3 bonniers 1 journal d'autres terres où avaient existé des maisières ou métairies et que les possesseurs du fief avaient réunis à leur domaine, 35 à 36 b. de bois et de bruyères, savoir : le Bois des Traux, qui comprenait 10 b.; le Bois a le Croix, de 9 b.; le Bois à la Voye de Nivelles, de 10 b.; le Nowolettes, de 6 bonniers; un cens de 40 muids d'avoine, mesure de Wavre; 100 chapons, 1 poule, 50 vieux gros. En 1474, Philippe de Dion devait le service féodal, pour ce domaine, par deux combattants à cheval.
Le château ne consistait, en 1440, qu'en une « maison manable » ou maison habitable, dont les dépendances ne comprenaient que cinq journaux. Il fut reconstruit, selon Gramaye, en 1542, et avec tant de somptuosité, qu'il passait pour un des plus beaux du pays. La gravure d'Harrewyn, publiée dans les ouvrages du baron Le Roy et les Délices du Brabant, de De Cantillon, nous montre deux de ses façades, se terminant chacune par une tour carrée et présentant, à leur point de jonction, une troisième tour, plus considérable et de forme cylindrique vers l'extérieur. Un toit aigu, surmonté d'un campanile à renflements, s'élève au-dessus de chacune de ces tours. Dans les espaces intermédiaires on voit de grands pignons en escalier et dont les angles rentrants supportent de petits piliers simulant des clochetons. Des cordons en pierres, de nombreuses fenêtres, la plupart cintrées dans la partie supérieure, de massives cheminées donnaient à ce manoir un caractère tout à fait flamand. Un pont-levis, jeté sur les fossés qui l'entouraient, conduisait à une porte cintrée, dont le tympan offrait la date 1542. Dans l'autre façade, qui a été conservée, on remarque, entre deux tours, une tribune, avec abside à trois pans, formant saillie et servant d'oratoire. Cet oratoire est actuellement abandonné. Le restant du château a été modernisé et reconstruit par M. Godfriaux. Près de la grille qui sert d'entrée à la ferme du château, on remarque une pierre grossièrement sculptée en forme de fronton; on y voit représenté le Christ en croix, avec des personnages agenouillés à droite et à gauche et séparés de la croix par deux grands anneaux circulaires.
A une époque très reculée, un tiers de la seigneurie forma un fief distinct, qui eut pour maîtres successifs :
Gilbert Scotin, en 1245;
Jean del Herbe, de Bouleir ou Bonlez, en 1312;
Henri del Herbe de Bouler, après le précédent;
Clarisse, fille de Henri, qui reçut ce fief de son père, lorsqu'elle se maria à Jean de la Bruyère;
Marie, leur fille, qui vendit à Gérard de Bourdials ou Bourdeaux son fief, qui valait environ 60 livres par an;
Gérard réunit en ses mains plusieurs possessions, les unes acquises de Marie de la Bruyère; les autres, qui consistaient en un fief avec moulin, terres etc., achetées à Jacquemin, fils de Henri del Herbe, par Godefroid de Bourdeal. Gérard, fils de ce dernier, releva cette seconde part du duché de Brabant, le 14 juillet 1372. Il posséda aussi quelques terres à Limelette et au Rieu, et c'est à ce titre que lui et ses successeurs figurent parmi les seigneurs de Mousty;
Godefrin ou Godefroid de Bourdeal releva ces biens en vertu de lettres échevinales de Bruxelles (relief du 22 janvier 1406-1407);
Bernard, son frère (r. du 22 juin 1411);
Godefroid, fils de Bernard (r. du 16 juin 1434);
Jacquemar ou Jacques, fils de Godefroid (r. du 10 mai 1465);
Jean, fils mineur de Jacques (r. du 25 janvier 1504-1505);
Blanche, fille de Jean, et son mari, sire Charles Micault, chevalier (r. du 18 septembre 1551);
Anne, leur fille, étant morte avant sa mère, son patrimoine passa à Nicolas, Jean et Charles Boullin, qu'elle avait eus d'Antoine Boullin, et qui vendirent leur fief de Dion à sire Gilles de Quarelemont dit de Dion, seigneur de Dion-le-Val (r. du 10 janvier 1614).
D'après un dénombrement en date du 18 juillet 1440. la seigneurie avait un maire, des échevins et jugeurs allant à chef de sens à Louvain, droit de juger au civil et au criminel, à la seule réserve de livrer, « en ses leingne dras », c'est-à-dire en vêtements de lin, dans les trois jours, les accusés condamnés à mort, droit de percevoir toutes les amendes, droit de lever la mainmorte, mais seulement pour les bêtes, c'est-à-dire pour le bétail; un cens consistant en 55 muids d'avoine, mesure d'avoine, se percevant à la Saint-André et dont le paiement devait avoir lieu, « sans malengien », au plus tard 2 ou 3 jours après cette fête; 60 chapons, qui se payaient à la Saint-Etienne (en 1530, 100 chapons); 60 vieux gros. Du même fief dépendaient une brasserie, rapportant 2 griffons; 7 1/2 bonniers de terre, situés « sous les preis à Tilli » (c'est-à-dire, croyons-nous, près des prairies de la Motte, sur Grez), et produisant par an 5 à 6 griffons; une cour féodale de 3 hommages.
Les Bourdeaux relevaient du sire de Wavre des terres, des prés et des bois voisins de Dion-le-Val. Ils devaient le service féodal : par un combattant à cheval, pour le premier de ces domaines; par un combattant à pied, pour le second.
L'église médiane de Dion-le-Val, qui est dédiée à Saint-Martin, ressortit successivement aux mêmes juridictions que l'église de Dion-le-Mont; mais, après le concordat, elle fut classée parmi les succursales de la cure de Beauvechain. Actuellement, elle ressortit de nouveau au doyenné de Wavre. Le hameau de Doiceau, sous Grez, en dépend, et a son oratoire particulier, qui vient d'être érigé en chapelle, avec circonscription particulière, connue nous le dirons plus en détail à l'article GREZ.
Ainsi que nous l'apprend un diplôme de Robert, évêque de Liège, du mois de décembre 1245, un tiers de la dîme et du patronat fut donné au prieuré de Bas-Wavre par Gilbert Scotin; et Pierre, cardinal de Saint-Georges au voile d'or, confirma cette cession, le 13 avril 1247. Au siècle dernier, c'était l'archevêque de Malines qui conférait la cure, de commun accord avec l'abbé d'Alne, possesseurs des deux autres tiers de la dîme. En 1666, le curé avait pour compétence les deux-neuvièmes des dîmes. Outre un bénéfice de Saint-Nicolas, il y avait une fondation pour la célébration d'une messe basse le jeudi, dotée de 44 florins par an. La marguillerie percevait par an 9 halster de seigle. Les revenus de la fabrique comprenaient : en 1787, le produit de 3 bonniers de terres et une redevance d'un halster de froment; en 1846, ils s'élevaient à 1,418 francs, provenant, en partie, de 2 hectares 13 ares. La cure date de 1773.
L'ancienne église se trouvait sur remplacement du jardin du presbytère. Elle était, paraît-il, très ancienne, et on en avait orné le chœur de trois vitraux peints, représentant des chevaliers et leurs dames agenouillés devant Jésus-Christ et la Vierge et accompagnés chacun de leur saint patron. Ces belles verrières avaient été données en 1528. Elles furent vendues, en 1837, pour la somme de 3,000 francs, au duc d'Aremberg, qui les fit placer dans l'église d'Enghien. Le ministre de l'intérieur, M. de Theux, s'opposa sans succès à cette aliénation, qui avait été annoncée par les journaux et dénoncée comme un acte de vandalisme par le journal l'Artiste (Ve année, p. 57).
Alors (en 1837 et 1838) fut bâtie l'église actuelle sur les plans de l'architecte Moreau; l'archevêque la consacra le 11 septembre 1839. Elle est précédée d'une tour carrée, que surmonte une pyramide très plate, dont le sommet est remplacé par un prisme carré en guise de flèche. A l'intérieur, l'église est disposée en basilique à trois nefs de style pseudo-toscan. Une seule voûte en berceau recouvre la grande nef et le chœur semi-circulaire. Les collatéraux ont un plafond horizontal. Le vaisseau n'a que quatre travées.
Les décimateurs de la paroisse négligèrent fréquemment la petite église de Dion. Le monastère d'Alne restant en défaut d'y entretenir, comme c'était l'antique usage, une lampe qui brûlait devant le maître-autel, les habitants recoururent à l'archidiacre de Liège, Emichon de Spanheim, qui rappela à l'abbaye ses obligations (déclaration en date du mardi après le dimanche Misericordia Domini, en 1312). En 1666, il n'y avait dans le temple ni cloche décimale ni remontrance; on n'y trouvait qu'une seule cloche. Le bel ostensoir en argent que l'on y conserve aujourd'hui provient du curé et du seigneur, comme nous l'apprend l'inscription : Pastor Dedit et Toparcha Anno 1774. Il y a en outre un calice en vermeil au pied duquel on lit : Hoc est donum... anglicarum.
L'élégant reposoir du Saint-Sacrement qui s'élève, adossé au chevet du chœur, ornait jadis l'intérieur de l'église. Lorsqu'on rebâtit cette dernière, on voulut le détruire ou le vendre; mais ce nouvel acte de barbarie fut prévenu, et le gouvernement, averti par le commissaire d'arrondissement, mit pour condition à tout octroi de subsides que ce tabernacle serait conservé et placé à l'abri des injures du temps. Il est construit en pierres de taille bleues et a 5 à 6 mètres de hauteur. La partie inférieure du monument est une colonnette, d'une ornementation élégante, qui se termine par un écusson entouré de feuillage et chargé de l'aigle à deux têtes des Dion; ces armes témoignent à la fois du nom de ceux à qui on doit cet objet d'art, et de l'époque probable de son exécution : le XVe siècle ou le commencement du XVIe. Sur ce pied porte le tabernacle, fermé d'une grille de fer et surmonté d'un bas-relief doré, représentant la Cène, sous lequel on lit ce verset : Ecce. panis. angelorom. vere. pan(is). Vient ensuite un dais, s'avançant en coin, et dont les deux faces sont décorées d'ogives en accolade avec bouquet. La partie du reposoir que nous venons de décrire est flanquée de deux colonnettes engagées, qui s'effacent au-dessus du dais pour faire place à deux petites niches renfermant probablement le portrait des donateurs : à droite une dame, à gauche un chevalier, le glaive au poing. Entre ces deux figures se trouve sculpté le couronnement de la Vierge. Plus haut règne un second dais, qui est accosté et amorti de pinacles à crochets et bouquet.
En creusant le sol de l'ancienne église, on trouva, sous le pavement du chœur, de belles pierres sépulcrales, qui avaient probablement été cachées à l'époque de la révolution française. On les a encastrées dans la paroi extérieure du nouveau chœur.
Une de ces pierres nous offre la Vierge tenant l'enfant Jésus; devant elle est agenouillée une jeune femme, dont le costume est fort simple et qui a à ses côtés un petit enfant emmailloté. On lit sur cette pierre : 1556 | Ici desoubz gist noble damle madamoiselle | marie de dionen son ta(m)ps epeuze a noble | escuier anthoine de glimes sr de limeletz | laquelle mourte lan XVeLVIle XIe de septe(m)bre. Quartiers : Dion, Lallaing, Ottigniez,...uy;Dallennes, Du Jardin, Tramerie, Ansjaien.
Une seconde épitaphe rappelle l'antique union des Dion et des de Glymes. On y voit un ange tenant l'écusson mi-parti aux armes de ces deux familles et ces mots: ..y . g... . mamoiselle | Jehenne . de . dion . en . son . viva(n)t . fera(m)e . et . espeuze . de .... glimez. | sr de . holer . bouler . delle . vaux . | de . la . neve . court . estr . quj . trespassa . lan . XVe . XXXIIJ . le XXJe . de . septembre | priez . dieu. por. so(n). ame.
Sur la troisième pierre on voit deux personnages couchés, sous deux arcades cintrées, portant sur des colonnettes. Dans le haut, on voit un écusson; vers le milieu, des anges tenant des banderoles. Sur la bordure on lit : Chy. gist. philippe . de. dion . en. son . vivant. Seigneur ....er . de . konrbos . diet . le . Vioux . | quy . trespassa. lan XVe. et. XXXIJ. le. dernier. jor. de . Janvier. | Et. Mada(m)moieselle . blansche . De . lalain . sa . fe(m)me . et . espeuze . la . quel . trespassa . lan . XVe | et. XXVIJ . le . XXJe. jor. de . dece(m)bre . pries . dieu . por. leurs . aemes .
Une vieille pierre, presque indéchiffrable, présente encore deux grandes figures, les mains jointes sur la poitrine, et deux écussons : le premier, aux armes de Dion; le second, mi-parti de Dion et de la Haye. L'inscription doit se lire comme suit : Chy . gist. noble . hom(m)e . Adrien . de . dion . | signeur. de . dion . le . vaulx . de . wando(m) .de... e . quy. trespassa . lan . XVe. XLII . XVIIe. de . décembre . | Madamoiselle . Adriene . dalaye . dam(m)e. de . ca(n)-tain(?) | quy. trespassa. lan . XVe. et. soixante. et. VHII. le XVHIe. jour. du. mois . de . décembre.
Deux pierres plus récentes sont consacrées à des membres de la famille de Hennin-Liétard.
1° Ci git haut et puissant | seigneur, messire françois | comte, marquis d'Alsace, | d'Hennin-Lietar, baron de Fosseux | chambellan de feu l'Empereur | charle six| seigneur de dion le val | et autres lieux. et haute et | puissante dame, dame marie | Catherine joseph de partz | de la famille des marquis de | pressy d'Artois son epouse | morte le 26 aoust 1741 et le | dit seigneur le 24 d'aoust 1776 | Requiescant in pace.
2° D. 0. M. | Cy Gist Haut et Puissant Seigneur Messire | Theodore D'alsace-Hennin-Liétard, Chevalier, | Baron de Fosseux, Mort le 11 Octobre, 1726, Fils de | Hault et Puissant Seigneur, Messire Maximilien [ D'alsace-Hennin-Liétard, Chevalier, Baron de | Fosseux Seigneur de Cuvillers, Bliquy, Pair de | Cambresis | et de Haute et Puissante Dame Madame | Françoise de Vignacourt Chanoinesse du Très | Illustre Chapitre de Nivelle, Décédés a Bliquy en | Hainault ou sont leurs Epitaphes. | Cy Gist aussi Haute et Puissante Dame Madame Marie | Thérése de Cornelio, son Epouse, Fille de Messire | Quentin de Cornelio, Chevalier, Seigneur de L'Epine | et Autres Lieux, et de Noble Dame Madame Marie | Catherine Du Riez, Décédée le 4 Avril 1743. | Requiescant in Pace. Quartiers Maximilien D'Alsace, Hennin-Liétard, Françoise de Vignacourt, Quentin De cornelio Chevalier, Marie Catherine Du Riez.
Citons enfin une dernière inscription, concernant une famille dont nous avons fait mention à l'article de LIMELETTE, sa résidence : Ici reposent | Monsieur F. J. Lambermont | né à Roffesart, sous Limelette, | Bourgmestre de Dion-le-Val, | décédé le 2 Septembre 1851. | et | Madame Lambermont, née J. M. Vloebergh |décédée le 11 Février 1845. | Ils furent pendant toute leur vie | les bienfaiteurs de L'église et | des pauvres. | R. I. P.
Derrière le chœur de l'église, dans le cimetière, se trouve le caveau funéraire de madame Godfriaux, épouse du propriétaire actuel du château de Dion-le-Val. La toiture en fer qui surmonte cette sépulture sera, parait-il, remplacée par un petit monument dont le dessin est confié à l'architecte Coulon.
Les pauvres de Dion possédaient : en 1665, 10 bonniers de terres; en 1787, une maison que le maître d'école habitait et 12 b. 3 journaux de terres (revenu total, 439 florins 16 sous). Actuellement, le bureau de bienfaisance possède 16 hectares 29 ares.
Son budget pour l'année 1859 a été fixé comme suit :
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 46: 24 garçons et 22 filles. Quelques-uns de ces enfants fréquentaient l'école des Sœurs, à Doiceau.
La fête principale se célèbre dix jours après la Fête-Dieu; la petite fête, à la Saint-Martin.
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