Le nom d'Archennes (1686, 1748, 1787, an XIII), Archenne (1160 environ, 1209, 1273, 1616) ou Archen (1475), en latin Arcania (MOLANUS), en flamand, Arkenen (1435; Arkenenby Graeven ou Arquennes près de Grez, 1495) ou Arckennen (1532), semble avoir pour racine l'allemand arche, conduit d'eau, ou arca, mot de la basse latinité qui signifie digue; mais il est à remarquer que les habitants de la localité prononcent en wallon Ert'chenn ou Iert’chenn et les Flamands Eerken.
Les documents se conforment souvent à cet usage et nous trouvons dans les actes et les auteurs : tantôt Erchene (1290), Erchennes (1628, 1728), Erchaina (1441); tantôt Herkena (1226), Erkenen (1257) ou Hercania (1240); tantôt Irchenne (SANDERUS).
En s'étayant de ces dernières orthographes, on pourrait rapprocher Archennes des Herck du Limbourg et de la commune à Arcq, en Hainaut.
Comme homonymes, nous rencontrons : en Belgique, Arquennes et Erquennes (Hainaut); en France, Erchin, jadis Ierchin (dépt du Nord); en Espagne, le bourg d'Archena (province de Murcie).
La commune d'Archennes est limitrophe de celles de Bossut, Grez et Ottenbourg.
Archennes est à 2 1/2 kilomètres de Bossut et Grez. 6 kilom. d'Ottenbourg, 7 kilom. de Wavre, 31 kilom. de Bruxelles, 35 1/2 kilom. de Nivelles.
L'église d'Archennes se trouve située par 56 grades 39 de latitude N. et 2 grades 59 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'ancienne église, qui vient d'être démolie, était de 44 mètres 73.
Le procès-verbal de délimitation du territoire d'Archennes a été dressé le 1er fructidor an XIII. En 1810, une contestation s'est élevée entre les administrations communales d'Archennes et de Doiceau (aujourd'hui réuni à Grez) au sujet de la limite des deux communes. Pour terminer le différend, la commune d'Archennes a cédé à celle de Doiceau une portion de son territoire enclavée dans cette dernière commune. En compensation, la commune de Doiceau a cédé à celle d'Archennes le hameau qui porte aujourd’hui le nom de Aux Prés, où il ne se trouvait alors que 2 maisons. Un arrêté du 10 janvier 1812 confirme l'arrangement conclu entre les deux communes.
Par décret impérial du 2 décembre 1811, deux parcelles de biens ont été distraites de la commune d'Archennes pour être réunies à celle de Grez et une langue de terre a été prise de la commune de Grez, le long du Train, pour être incorporée à Archennes.
Le cadastre divise le territoire d'Archennes en trois sections : la section A ou de Florival, la section B ou de l’Église, la section C ou de la Bruyère de la Motte.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 973 parcelles, appartenant à 229 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 21,792-06 fr. (sol : 17,637-06; bâtiments : 4,155-00) et ayant une contenance de 429 hectares 62 ares 10 centiares (imposable : 407 hect. 62 a. 30 ca.; non imposable : 21 hect. 99 a. 80 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, la contenance totale était évaluée à 276 j bonniers 2 journaux, dont 204 b. 2 j. de terres, 27 b. 1 2 j. de prairies, 32 b. 1 j. de bois, 12 b. de bruyères.
On comptait à Archennes : en 1371, 57 ménages; en 1136, 49 foyers; en 1464, 44 foyers; en 1472, ? foyers; en 1492, 16 foyers; en 1526, 45 maisons, dont 2 inhabitées et 1 à 2 foyers; en 1600, 6 maisons; en 1676, 13 maisons (outre 23, qui avaient été récemment incendiées); en 1685, 27 maisons; en 1686, 16 maisons de petits cultivateurs (cossaerden) et 1 moulin à eau; en 1734, 38 maisons; au 31 décembre, 1856, 130 maisons.
Le village d'Archennes, qui compte 97 maisons; les Monts, 10 maisons; les Prés, 9 maisons; Florival, 14 maisons.
Le village d'Archennes s'étend sur la rive droite du Train, depuis la route de Wavre à Hamme jusqu'au chemin de fer de l'Est belge; le château de M. De Prêt est la seule habitation construite de l'autre côté de cette vallée marécageuse. L'unique rue d'Archennes a environ deux kilomètres de longueur; l'église se trouve vers le milieu et la divise en deux sections, dont on fait quelquefois des hameaux sous les noms de Haute-Archennes et Basse-Archennes, tirés de leur situation en amont et en aval. L'extrémité occidentale de la Basse-Archennes est séparée de l'agglomération par le chemin de fer; elle se compose d'une petite ferme et de cinq maisons, bâties au pied de la bruyère d'Archennes, que l'on appelle le Bouli (Boli, en wallon).
Le hameau des Monts doit son nom à sa situation sur le versant N. de la colline que recouvre la bruyère des Monts; il se trouve à 450 mètres S. de l'église.
A 1,500 mètres S.-O. de l'église, le long d'un chemin limitrophe de Grez, on rencontre les maisons des Prés, ainsi désignées à cause du voisinage d'une vaste prairie qui borde la Dyle.
Sur l'emplacement de l'ancienne abbaye de Florival (Florida Vallis; en français Val-Florie ou Val-Fleuri; en flamand Bloemendael), emplacement qui était d'abord appelé Nettenbergh, à 1,500 mètres N.-O. de l'église se trouvent aujourd'hui de vastes ateliers pour le teillage du lin et le blanchiment des toiles, avec une ferme et quelques maisons d'ouvriers; l'usine se prolonge sur le territoire d'Ottenbourg, au delà de la Dyle.
A 1,300 mètres E.-N.-E. de l'église, le Couvent, ancienne ferme, à la route, dont on a converti les bâtiments en petites habitations; à 800 m. S.-E., le Moulin du Pavé; à 900 m. S., Derrière les Monts.
Bois des Egyptiennes ou des Gipsies, tirant son nom, d'après la tradition, d'une race de sorcières vivant sous terre et rendant certains services aux habitants, comme de laver le linge etc; Bruyère Maguensart; Cortil aux Agnas (Agneaux); Ruelle Lormoi; Dessus du Village; Ysdael (vallée de glace) que les Wallons ont transformé en Hésidelle (A la Hézidelle, 1728); Vallée Logeau; Scripaëtte; Bois Gibet, où se trouvait, dit-on, une potence; Petit bois; Campagne de la Tombe; la Hoccaille (Champ du Hoqualé ou la Hoquaile, 1628; Campagne del Locquaille ou Hocquaille, 1728); Bruyère de la Hoccaille; Bois de la Hoccaille; Drève de la Hoccaille; Val du Puits (Vaulx du Puis, 1728); Costant; Closière du Moulin; Moulin d'Archennes; Château d'Archennes; Campagne de la Motte; Haute campagne de la Motte, ou Longchamp; la Sablonnière; Ruelle des Foins; Ruelle Bavay; Ruelle Maniette; Ruelle de la Croix; le Pâturage; Ruelle Rémont; Ruelle des Monts; le Crino; le Crolis, marécage; Pont Robaux; Pont de Florival; Pont de la Cure ou Pont de pierres; Closière des Monts; le Beaucamp; Ruelle à Veau; Verte voie; Cher doux; le Broï, maison aujourd'hui démolie; les Trois bonniers; Fond du Bois; Balaine (broussailles ou taillis sur les berges d'un chemin) Noël; Ruelle Soquet; Derrière les jardins; le Tillois; le Chavia; les Cinq bonniers; Campagne de Bossut; le Brimbrou ou Collinet; l’Havrrechamp ou Navrier; la Vigne ou Cortil Deboutte; Bruyère de l'Abbaye; Fosse des Pestiférés; Bruyère d'Archennes; Bruyère des Monts; Bruyère des Warets; Tilleul Sainte-Anne, arbre très gros et très vieux croissant à la limite de Grez; Fosse Limoule; Chapelle Saint-Bernard, construite en 1706 par l'abbesse Van Hanewyck et plus connue aujourd’hui sous le nom de Chapelle Saint-Ghislain, depuis que l'on y a déposé les reliques et la statue de ce saint, qui se trouvaient dans une autre chapelle voisine de l'ancien moulin abbatial.
Bialiu ou Bialliu (deleis Bialiu, à le Chachie, 1290); Bois d'Ierchen (1569-1570), appelé aussi Bois du Chapitre, parce qu'il appartenait au chapitre de Nivelles; Au Combre (1628); Verd fossé (1628) ou Verel fossé, chemin (1728); Courtil Notre-Dame (1628); Walle de Salou (1628); Petit Wilmart, les Crombes Hayes, Haye de Laittre, lieux dits cités en 1728; Bouchem (derrière Archenne, à Bouchem, 1616); Vieille abbaye ou Pré de la Chapelle, premier emplacement du monastère de Florival.
Le terrain est assez accidenté : sur la rive gauche du Train s'élève la colline isolée nommée Bruyère des Monts; sur la rive droite on a quelques pentes rapides, parmi lesquelles il faut citer en première ligne la vallée d'Ysdael comprise entre la bruyère d'Archennes et le bois de la Hoccaille. Le point culminant du territoire est vers la fosse Limoule, où l'on a constaté une altitude de 83 mètres.
Le psammite de l'étage landénien inférieur se remarque au pied des collines de la rive droite du Train, ainsi que de la bruyère des Monts; dans la localité, cette roche se nomme pierre de Béguines. André Dumont a signalé aussi l'existence de l'étage supérieur du système landénien à la bruyère des Monta.
Les sables bruxelliens sont très développés, mais au bord du Train et sur les hauteurs de la Hoccaille, ils sont recouverts par le limon hesbayen. On exploite une sablière à la bruyère d'Archennes. On extrait de la marne en plusieurs endroits.
Il y a, dans la commune, ce qu'on appelle des mâches terres, dont le sous-sol est formé d'une argile jaunâtre imperméable. Ces terrains sont d'une culture difficile; travaillés par un temps propice, ils produisent du froment et de l'avoine de bonne qualité; mais le seigle et le trèfle y réussissent mal. Le fond de la vallée de la Dyle appartient aux alluvions modernes; il y a une vingtaine d'années, on exploitait des tourbières à Florival. En 1859, on a essayé vainement de forer un puits artésien dans la cour du château d'Archennes. On a cessé les travaux après être parvenu à une profondeur de 70 mètres et avoir traversé, à ce que l'on nous a dit, les couches suivantes : argile ordinaire, argile grise, tourbe, sable vert et gravier, silex, forte couche de craie, pierre grise, terre noirâtre, sable, marbre blanc veiné de rouge, terre rougeâtre, pierre noirâtre très dure, terre grise, pierre noirâtre.
Tout le territoire d'Archennes appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Dyle, le Train et le Lembais.
La Dyle vient de Grez et devient limitrophe de cette commune et de celle d'Archennes au moment où elle reçoit le Train (r. dr.); est ensuite mitoyenne entre Archennes et Ottenbourg; baigne l'enclos de l'ancienne abbaye de Florival et active par une chute de 3 mètres 20 l'usine Oldenhove qui a remplacé le monastère; puis quitte Archennes pour former la démarcation entre Bossut et Rhode-Sainte-Agathe, après un parcours, entièrement mitoyen, de 2,200 mètres, dans le direction générale du S.-E. au N.-O.
Le Train, que Ferraris nomme la Trine, vient de Grez et sert d'abord de limite entre cette commune et celle d'Archennes; active le Moulin du Pavé par une chute de 1 m. 78; traverse la route de Hamme; abandonne Grez; active le moulin d'Archennes par une chute de 1 m. 20; longe tout le village; sépare l'église du château d'Archennes; redevient limitrophe de Grez; et se réunit à la Dyle (r. dr.) dans la prairie du Bouli, après un parcours de 3,100 mètres, dont 1,600 mitoyens, dans la direction de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O.
Le Lembais vient de Grez et y retourne, après avoir été limitrophe d'Archennes sur une longueur de 150 mètres, dans la direction de N.-E. au S.-O.
Les habitants se servent de la Fontaine des Monts et de celle du Bouli. Le nombre des puits est augmenté, dans le village, depuis une vingtaine d'années, mais il en est peu qui donnent une eau potable; ils ont une profondeur de 6 à 9 mètres, un seul a 30 mètres.
On comptait à Archennes : en 1575, 100 communiants à peine; en 1676, 87 communiants; en 1677, 123 habitants; en 1678, 71 communiants; en 1685, 97 communiants; en 1709, 178 habitants; en 1734, 120 communiants; en 1784, 313 habitants : 2 prêtres, 98 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 100 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 31 garçons et 32 filles âgés de moins de 12 ans, plus, à Florival, 2 prêtres, 26 religieuses et 22 autres personnes (dans la paroisse, 354 personnes : 4 religieux, 26 religieuses, 108 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 106 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 57 garçons et 53 filles âgés de moins de 12 ans); en 1786, 294 habitants; en 1798, 317 habitants; en l'an XIII, 385 habitants; au 31 décembre 1831, 538 habitants; au 31 décembre 1856, 615 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil commencent en 1676; le curé a réuni, dans le plus ancien, des renseignements remontant à 1597.
Les bois ont ensemble 31 hectares; ils portent les dénominations de Bois de la Hoccaille, le Tillois, Vallée Logeau, Fond des bois, Bois des Égyptiennes, la Vigne.
Il reste environ 5 hectares de terre en friche à la bruyère de l'Abbaye et à la bruyère d'Archennes. Les autres bruyères sont cultivées aujourd'hui.
Plusieurs coteaux sablonneux portent le nom de Vignes.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
La seule exploitation de plus de 50 hectares est la Ferme Everarts (147 hect.), exploitée par la veuve P.-J. Everarts, propriétaire des bâtiments et d'une partie des terres.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi:
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2 pieds de Louvain.
Le sol est favorable à la culture du tabac. Il y a un demi-siècle, la commune avait la réputation de fournir la meilleure plante de chou rouge. On exporte du beurre au marché de Wavre.
Un moulin à farine a été établi sur le Train (arrêté en date du 9 septembre 1833, en faveur de A.-J. De Vroede), près de la route de Hamme, et doit à cette circonstance le nom de Moulin du Pavé; il n'a qu'une roue hydraulique, dont la retenue est à 39 m. 28 d'altitude, et 3 couples de meules.
Un second moulin, de même importance, a été construit cette année dans le village, sur le Train, près de l'endroit où existait jadis le moulin banal, dont on voyait encore des vestiges au commencement du siècle et dont le souvenir a été conservé par le nom de la Closière du Moulin.
L'abbaye de Florival avait jadis, sur la Dyle, un tordoir à l'huile construit en 1658, sous l'abbatiat de Catherine Ronsmans (dépendant d'Ottenbourg), et un moulin à farine reconstruit en 1741 par l'abbesse Madeleine Van Hanewyck (dépendant d'Archennes). A cette dernière usine est venue s'adjoindre une filature de lin établie par MM. F. Oldenhove et Cie. Un incendie, qui éclata le 4 décembre 1854, détruisit le moulin avec le blanchiment de toiles y attenant (autorisé par des arrêtés du 31 décembre 1852 et du 14 juillet 1853), ainsi que la filature située de l'autre côté de la Dyle. Ce vaste établissement linier vient d'être reconstruit et se trouve déjà partiellement en activité; le moulin n'a pas été rétabli. Le moteur, est une gigantesque roue hydraulique, de la force de 150 chevaux, dont la retenue est à l'altitude de 33 m. 14; elle est tout en fer et mesure 5 m. 64 de diamètre sur 7 m. 35 de front; l'ingénieur anglais William Fairbairn l'a exécutée dans ses ateliers de Manchester. Trois petites machines à vapeur serviront en outre de moteurs accessoires pour l'atelier de réparations etc. La roue hydraulique active aujourd'hui : sur la rive droite de la Dyle, un atelier pour le teillage du lin et toutes les machines et appareils d'un grand blanchiment de fils et toiles à l'instar de Belfast, muni de l'outillage le plus perfectionné; sur la rive gauche, un vaste atelier pour le tissage mécanique des toiles. C'est aussi sur la rive gauche, c'est-à-dire à Ottenbourg, que sont établis les rouissoirs de lin et une usine à gaz pouvant alimenter 1,000 becs, et que l'on reconstruira plus tard la filature. L'établissement de Florival, dont un arrêté de la députation permanente, du 11 novembre 1863, a, tout récemment encore, sanctionné l'existence, est remarquable, non seulement par la force de sa chute d'eau, mais aussi par l'abondance et la pureté des sources qui servent au rouissage. Il est dirigé aujourd’hui par M. Auguste Oldenhove fils. Une halte spéciale du chemin de fer de l'Est belge dessert l'usine de Florival.
Le chemin de fer de l'Est belge traverse le territoire d'Archennes sur une longueur de 1,350 mètres; il a nécessité la construction d'un viaduc et d'un pont à deux arches sur le Train. Les convois de voyageurs font arrêt au Bouli, les lundis, mercredis et vendredis.
La route provinciale de Hamme à Wavre traverse Archennes sur 1,650 mètres; elle franchit le Train sur un pont en maçonnerie.
On compte 29 chemins et 22 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 26,532 mètres, dont 3,250 sont pavés.
Un péage égal au tiers de celui que l'on prélève sur les routes de l'État a été établi, par arrêtés royaux en date du 27 mars 1843 et du 4 septembre 1855, sur le chemin allant d'Ottenbourg à la chaussée de Wavre à Hannut.
Le chemin de grande communication n° 32 traverse la commune sur 183 mètres.
L'origine du village d'Archennes remonte à une époque très reculée, à en juger par les découvertes d'antiquités que l'on nous a signalées. Devant la nouvelle église, en creusant les fondements du mur de clôture du cimetière, on a trouvé des tuiles romaines et du ciment mêlé de brique pilée. Dans les sapinières, au lieu appelé la Bruyère d'Archennes, a longtemps existé un tumulus de peu d'élévation et de peu de largeur; d'après la tradition, ce furent des pestiférés qui reçurent la sépulture en cet endroit. Il y a quelques années, on a découvert, à 1,000 mètres N.-E. de l'église, dans la Bruyère de l'abbaye, à 40 ou 50 centimètres de profondeur, des débris de poterie commune, des tessons de cruches et d'autres objets de ce genre; d'après l'opinion généralement adoptée par les habitants, une fabrique de poteries se serait élevée sur cet emplacement, mais cette hypothèse paraît très contestable, car on n'a rencontré au même endroit aucune trace de bâtiments.
Dans une propriété appartenant au secrétaire et instituteur communal, M. Fabry, qui nous a fourni très obligeamment de nombreux renseignements, des fouilles ont mis a découvert des fondements de près de 2 mètres d'épaisseur, en pierres brutes de Gobertange. Il y avait là une closière et tout à côté se trouvait l'ancien moulin seigneurial. Dans une autre partie du même bien, sous une couche d'argile de 1 m. 75 d'épaisseur, on a rencontré de la terre calcinée comme sous une briqueterie. Ailleurs, à trois mètres de profondeur dans une veine d'argile, on a trouvé une voûte de maçonnerie en briques.
Quelques personnes prétendent qu'avant les désastres du XVIe siècle la population d'Archennes était flamande. C'est une erreur, et voici un fait qui le prouve jusqu'à l'évidence. En 1475, l'abbé de Parc Thierri; ayant fait remarquer au Saint-Siège que ses religieux parlaient pour la plupart allemand (theutonicum idioma, car à cette époque on ne séparait pas encore notre flamand de la langue mère), obtint la faculté de les nommer aux cures d'Archennes et de Celles (Pont-à-Celles), où le peuple parlait surtout le français (populus, ut plurimum, gallico idiomate utitur), et bien que ceux qui seraient choisis dans ce but ne comprissent ou ne parlassent pas suffisamment cet idiome. C'était une faveur pour l'abbaye, mais qui dut être funeste à l'instruction religieuse du peuple.
Archennes eut beaucoup à souffrir des torts que des cavaliers et des piétons, faisant partie de l'armée, y causèrent en 1537, et du passage du général gueldrois Van Rossem, en 1542. Des réductions de sa cote dans l'aide lui furent accordées dans ces occasions; celle que le village obtint le 12 novembre 1544 monta à 44 livres.
Vers l'année 1600, on ne trouvait plus à Archennes que 6 maisons, les autres ayant été brûlées ou démolies. La franche taverne, qui se trouvait sur la place, resta complètement abandonnée pendant six semaines, et, comme tous les habitants étaient en fuite ou morts de maladie, ce fut un étranger, conduit par le hasard dans le village, qui s'y installa.
A la fin du dix-septième siècle, les guerres et les maladies recommencèrent leurs ravages. En 1676, il ne restait que 13 maisons; 23 autres avaient été brûlées. La dysenterie sévit alors dans la localité, qui fut de nouveau presque anéantie. A la suite d'une des épidémies de ces temps néfastes, les habitants prirent l'habitude de se rendre en pèlerinage, sous la conduite du curé, à Notre-Dame-au-Bois, dans la forêt de Soigne, coutume qui a recommencé récemment.
En 1705, les troupes alliées, avant de tenter de pénétrer jusqu'à Bruxelles par la vallée supérieure de la Dyle et le plateau de Braine-l'Alleu, firent dans ce but une première tentative plus au nord. Le 29 juillet, elles parurent près de Florival et, sous le feu de quelques canons, jetèrent sur la rivière un pont où passèrent plusieurs escadrons et bataillons. Mais l'électeur de Bavière accourut au secours de ses avant-postes et repoussa les Anglo-Hollandais en leur faisant éprouver quelques pertes.
Archennes dépendait autrefois du quartier de Louvain et du pays de Rhode-Sainte-Agathe, que l'on comprenait parfois dans la mairie de Lubbeek. En l'an III, on l'annexa au canton de Grez, et, en 1822, on la réunit, avec la majeure partie de ce canton, à celui de Wavre.
On y suivait la coutume de Louvain.
Dans l'origine, Archennes reconnaissait comme seigneur principal le duc de Brabant, mais, lorsque Jean Ier constitua, en faveur de son frère Godefroid, un grand apanage dont Aerschot devint le chef-lieu, il y engloba aussi Archennes. Elle en fut séparée lorsqu'on en démembra la terre de Sichem (en 1358), et les deux fils du seigneur de Schoonvorst ayant partagé ce domaine de leur père, l'aîné, Jean, resta possesseur de Rhode-Sainte-Agathe, d'Ottenbourg, de Nethen, tandis que le second, Renaud, fut gratifié d'Archennes, du bois de Berquyt ou Bercuit, à Grez, et du bois de Mersdalle ou Meerdael. Renaud démembra encore et fractionna le patrimoine paternel, et Archennes, aliénée isolément, devint une seigneurie allodiale, tenue de Dieu et du soleil, comme nous le verrons plus loin.
Le greffe échevinal, pour les années 1762 à 1794, se trouve au tribunal de première instance de Louvain. Le bois d'Archennes était jadis possédé, en commun, par le seigneur du village, le chapitre de Nivelles et l'abbaye de Florival. C'est pourquoi on l'appelait aussi le Bois du chapitre. A la demande de ses cointéressés, le chapitre consentit, le 14 novembre 1766, à ce que l'on en opérât le partage, et par acte passé devant le notaire Hallaux, le 9 mars suivant, on le divisa en deux parties, comprenant chacune 4 bonniers 2 journaux de bois, 2 b. 2 j. de terres et englobant, en outre, l'une 6 b. 3 j., l'autre 15 b. 2 j. de bruyères, et dont la première fut attribuée an chapitre, la seconde à Mme Schotte, alors dame d'Archennes, et à la communauté de Florival. Mais bientôt des réclamations surgirent au sujet de ce partage. Florival prétendit qu'on avait à tort compris dans son lot 4 bonniers qui étaient sa propriété, et demanda un nouveau mesurage et une nouvelle répartition du bois commun; enfin, après de longues procédures, un accord en date du 24 août 1779 confirma au chapitre la possession de sa moitié, et condamna l'abbaye de Florival et la dame Schotte à lui payer la somme de 752 florins. Ce qui compliquait encore les questions soulevées par ces droits indivis, c'est que les habitants du village pouvaient faire pâturer leurs bestiaux sur les bruyères, droit que l'on reconnut fondé en 1769. Quelques années après, les habitants prétendirent faire mesurer leurs bruyères et en provoquer le défrichement, conformément à l'édit de l'impératrice Marie-Thérèse, du 25 juin 1772. Mme Schotte aurait voulu défendre ses droits, mais le chapitre de Nivelles ne partageait pas cette opinion et, dans la prévision d'un échec judiciaire, désirait céder sa part à cette dame. Nous ignorons si la question reçut une solution définitive; ce qui est constant, c'est que la commune possède encore 37 hectares 72 ares.
Son budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Une famille noble du nom d'Archennes apparaît dans un grand nombre de diplômes.
Francon d'Archennes fut l'un des témoins d'une donation faite, vers l'an 1160, par Siger de Liemale au prieuré de Basse-Wavre;
En 1163 vivaient Henri de Hachenne (sic) et son frère Renzon;
En 1209, on cite Gilard d'Archennes;
En 1225, Francon, sire d'Archennes, donna un bois à l'abbaye de la Ramée, lorsque sa fille devint religieuse dans ce monastère; un Francon d'Archennes partit pour la Terre-Sainte avec ses deux fils et y acquit une réputation d'éclatante bravoure. Il tua en combat singulier un guerrier turc d'une haute stature et d'une force extraordinaire et fut envoyé en qualité d'ambassadeur au Soudan, qui avait désiré le voir. Ses deux fils étant morts en combattant pour la foi chrétienne, il revint dans le Brabant, sa patrie, et prit l'habit religieux dans le monastère de Villers. Ses exploits, sa vie exemplaire, sa mort édifiante ont été chantés dans un petit poème latin que Martène et Durand ont publié au tome III de leur Thésaurus anecdotorum. A quelle époque vivait ce héros des croisades? Vers l'an 1220, selon toute apparence, car un Francon de Arkania et ses deux fils F. (Francon) et W. (Walter) figurent, comme témoins, dans une charte donnée à Damiette par Walter Berthout, sire de Malines, en 1226 (il faut lire, sans doute, 1220). Nous avions d'abord pensé qu'il était seigneur d'Arquennes, près de Seneffe, mais nous nous étions trompés : un don de reliques apportées de la Terre-Sainte et léguées à l'église d'Archennes, au XIVe siècle, nous parait une preuve sans réplique qu'un seigneur de ce village visita l'Orient dans les temps antérieurs.
En mars 1226-1227, les deux tiers de la grande et de la petite dîme de la paroisse appartenaient, peut-être par mariage, au chevalier Gosuin de Goscencurt ou Gossoncourt, qui les donna (sauf un tiers de ces deux tiers) à l'abbaye du Parc, près de Louvain, avec le consentement de sa mère Ide, jadis dame d'Héverlé, et l'approbation de l'évêque de Liège, Hugues.
Trente années après apparaît Henri, chevalier d'Archennes, qui vivait en 1257, en 1265, en 1273. En 1257, il donna à Parc le patronat de l'église du lieu, qui lui était échu par droit héréditaire, et cette cession fut confirmée, au mois de décembre, par l'évêque de Liège Henri, de l'aveu de Godefroid d'Archennes, frère de Henri et prévôt de l'église de Saint-Pierre, de Louvain. En 1265, le jour de la Saint Léonard. il affranchit son serf Wibert, qu'il offrit à l'autel de Saint-Pierre, dans l'église paroissiale, où Wibert s'engagea à payer un cens capital et annuel d'un denier de Louvain. Le lendemain de la Saint-Nicolas 1273, il renonça, en faveur du chapitre de Saint-Lambert, de Liège, à toutes les prétentions que son frère Godefroid lui avait transmises, à charge d'Arnoul de Ponte ou du Pont, de Grez. Enfin, il dota l'abbaye de Villers, où son anniversaire se célébrait le 6 juillet, d'une redevance annuelle de 18 muids de froment.
Une charte datée de Bruxelles, le jour de la Sainte-Gertrude, en 1334-1335, nous apprend que la seigneurie d'Erchenes en Brabant appartenait alors à Jean de Foreste, sergent d'armes du roi de France, qui reçut 500 florins de Florence du duc de Brabant Jean III, par l'entremise du chevalier Léon de Crainhem. Ce seigneur ayant donné à l'autel de Notre-Dame, dans l'église paroissiale, dont il était le patron, des reliques du sépulcre du Christ et de sainte Catherine, qui avaient été rapportées de la Terre Sainte par des fidèles, l'évêque de Liège Adolphe accorda 40 jours d'indulgences à ceux qui viendraient honorer ces reliques à certains jours de l'année, en considération de la pauvreté de l'autel, qui était trop mal doté pour qu'un chapelain vécût de ses revenus (diplôme en date de la veille de la Sainte-Catherine, 24 novembre 1335).
Au dix-septième siècle, Archennes était devenue la propriété des Le Roy, seigneurs de Bossut.
Après un procès qui dura une trentaine d'années, entre Alexandre Della Faille, margrave d'Anvers, comme ayant épousé Madeleine de San-Victor, et les tuteurs des fils de Marc-Antoine d'Amezaga, la libre seigneurie d'Archennes fut assignée à ces derniers par une sentence du conseil de Brabant, datée du 28 septembre 1721. Madeleine de San-Victor n'en retint que l'usufruit et, après sa mort, le troisième des Amezaga, Marc-Guillaume, prit possession de la seigneurie, le 25 mai 1722, en accomplissant la formalité de jeter en l'air un écu d'or et de le relever ensuite, comme témoignage qu'il ne relevait Archennes que du ciel et de la terre, que sa juridiction était absolument libre.
Des Amezaga le village passa, en même temps que Bossut, aux Schotte. Le château appartient aujourd’hui à M. De Pret-Thuret, d'Anvers. L'architecture est fort simple. Le corps de logis principal se compose d'un rez-de-chaussée, surmonté d'un seul étage; il compte treize fenêtres de façade, dont trois, au milieu, éclairent un avant-corps surmonté d'un fronton. En retour d'équerre, aux deux extrémités, sont placées, des ailes latérales, sans étage, qui reçoivent les dépendances. La cour est fermée, du quatrième côté, par un mur dans lequel s'ouvre une porte cochère couronnée d'une horloge. Le château est entouré d'un beau parc, traversé par une grande pièce d'eau.
Le chapitre de Nivelles possédait à Archennes, outre une part dans le bois, un livre censal, qui produisait 11 florins en 1787, ou, selon un compte de l'année 1726-1727, des gistes et pastes, valant 3 vaisseaux de blé, 16 1/2 chapons et 1 florin 13 sous 12 deniers.
Vers l'année 1450, l'abbaye du Parc acheta de la famille de Berghes, par-devant les échevins de Louvain, une propriété qui était alors considérée comme allodiale, mais qui, antérieurement, avait été relevée de la cour féodale de Brabant. Vers 1350, elle consistait en 8 bonniers de terres, 10 b. de bois et 6 b. de prairies, et appartenait à Jean, fils de sire Jean de Glymes. En 1495, sire Jean de Berghes en opéra encore le relief; mais lorsque, en 1532, le fils de Jean, Antoine, marquis de Berghes, fut requis d'en faire autant, il déclara que le bien n'était plus en sa possession, ayant été aliéné par ses ancêtres depuis 80 ans environ, qu'il était prêt à y renoncer et qu'il consentait à ce qu'une enquête fût ouverte à ce sujet par maître Pierre Van Waelhem, remplaçant le stadhouder des fiefs, alors absent, ou par maître Pierre du Fief, procureur général en Brabant (3 août 1532). On intenta un procès à l'abbaye du Parc, qui fut obligée de relever sa seigneurie d'Archennes, le 15 janvier 1535-1536.
En 1787, ce monastère possédait encore, dans le village et par suite de cette acquisition, un livre censal, valant 43 florins, et 22 bonniers de terres (outre 3 à Bossut et 3 à Grez). La dîme, qu'il reçut de Gosuin de Gossoncourt, au XIIIe siècle, lui occasionna plusieurs contestations avec le monastère d'Alne, qui en avait également une. En janvier 1240-1241, les curés Jean, de Saint-Lambert à Jodoigne, et S., de Libertange, déclarèrent que le tiers de la dîme totale, qu'Alne réclamait, serait partagé par moitié entre les deux monastères. Plus tard, à la suite d'un procès au sujet de la réparation et de la restauration de l'église et de la livraison des ornements nécessaires au culte, les religieux d'Alne cédèrent à ceux du Parc toutes leurs dîmes à Archennes, Bossut et Gottechain; en retour, on les déchargea de toute obligation de contribuer à la compétence des curés et à l'entretien des bâtiments servant au culte, et on leur assigna une rente de 28 florins courants, exempte de toute contribution (convention en date du 20 janvier 1748, approuvée par la communauté d'Alne le 24, par celle du Parc, le 31 du même mois).
L'église d'Archennes avait saint Pierre pour patron et était considérée comme une église médiane. Avant la création des nouveaux évêchés sous Philippe II, Archennes dépendait du diocèse de Liège et du concile de Jodoigne; elle fut ensuite comprise dans l'archevêché de Malines et le doyenné de Louvain. Après le concordat, elle devint une annexe de la succursale de Grez, fut classée parmi les chapelles reconnues, le 28 septembre 1825, et fut enfin érigée en succursale en 1839. Une délibération de l'administration communale, du 14 juillet 1821, avait précédé la reconnaissance du temple paroissial comme chapelle; en 1825, un traitement de 150 florins fut assigné au desservant.
Jadis les dîmes de la paroisse appartenaient, pour une moitié, à l'abbaye du Parc; l'autre moitié se partageait de la manière suivante : Alne en percevait un tiers, le curé les deux autres tiers, plus les petites dîmes et les novales. Le patronat ayant été donné à l'abbaye du Parc par le seigneur du lieu, Henri d'Archenne, en 1257, l'usage s'introduisit de confier la cure à un chanoine de ce monastère. Depuis 1618 le curé percevait toute la dîme, à charge d'entretenir la cure et l'église et de payer le marguillier; la grande dîme lui valait 877 florins, la menue d'une 11 fl., une dîme à Bossut 50 fl. En outre, le curé jouissait de 11 bonniers 3 journaux de terres, de 2 b. 2 j. de prairies et de 3 j. de bois. Le total de ses revenus montait à 1,221 florins 3 sous. Parc donnait de plus à un prêtre, qui assistait le curé, une rétribution annuelle de 80 fl. Outre le bénéfice de Saint-Nicolas, qui était chargé d'une messe par semaine, le vendredi, et avait été annexé à la cure en 1597, il en existait un second, placé sous l'invocation de la Vierge et qui était à la collation du seigneur. Sa dotation s'élevait à 22 fl. 18 sous; ses charges consistaient également en une messe par semaine.
Le presbytère a été reconstruit, en 1862-1863, avec beaucoup de confortable, sur les plans de l'architecte Coulon. On a placé à la remise une pierre aux armes du monastère du Parc, avec la date 1765, qui provient de l'ancienne cure; ce dernier bâtiment, avec ses pignons en escalier, offrait l'aspect d'un ancien manoir. Il avait été bâti vers l'année 1649. Les revenus de l'église montent à 1,012 francs.
L'église s'élevait sur une colline près de la cure, colline que domine à son tour une hauteur boisée. Elle menaçait ruine depuis longtemps; en la démolissant, on a trouvé, devant et dans l'église, d'anciens fondements, restes probables d'une autre église et d'une cure adjacente. Ce petit édifice ne consistait qu'en une nef, recouverte d'un plafond et un chœur, dont les voûtes étaient à nervures croisées et qui se terminait par une abside à trois pans. La partie inférieure de la façade, qui était percée d'une porte cintrée et d'une haute fenêtre ogivale, était ancienne; le haut, où on lisait la date 1707, se distinguait par ses formes tourmentées. La toiture portait la date 1(6)63. Les petites fenêtres cintrées qui éclairaient la nef remontaient probablement, comme le chœur, au XVIIe siècle; du côté du midi, on remarquait trois baies ogivales, condamnées, dont on a mieux constaté la forme en démolissant les murs épais de l'église. C'étaient les habitants qui entretenaient la nef. Quant au chœur, il y avait à ce sujet contestation. Vers 1560, il fut abattu par la communauté, mais on ne le reconstruisit pas avec une solidité suffisante; bientôt des lézardes se manifestèrent et la voûte ne tarda pas à s'écrouler. En 1640, l'abbé du Parc Jean Maes fit enlever quelques pierres provenant des ruines du chœur et les employa à recouvrir d'une voûte la chapelle du refuge de son monastère à Louvain. Le chœur ne fut réédifié de nouveau qu'en 1663, aux frais des abbés du Parc et d'Alne, mais ces dignitaires ecclésiastiques ne firent cette dépense qu'à titre d'aumône et en protestant que c'était de leur part un acte de pure libéralité.
Le devant des bas-autels était en marbre blanc sculpté à jour et dessinant des rameaux de vigne et des arabesques. Il est fâcheux que leur style renaissance empêche de les placer dans le nouveau temple. Le banc de communion portait la date 1771. Il y avait dans le chœur un caveau, dont l'entrée était recouverte d'une dalle avec cette inscription : Fortiter et Lucide. | D. O. M. | Hic reqviescit Praenobilis do | minus D. Joannes Gerebra(n)dus | Fredericx Antverpiensis | anno aefatis suae XXIV qui |obyt IV pridie nonas Januarii | Anno M. DCC. XXI. | R. I. P.
On a retrouvé, dans le voisinage de l'église, une autre pierre tumulaire, qui devait en provenir, avec cette inscription : Ostium | Monumenti | innovati | praenob | familiæ .... Ranevelt | . . . o 1690.
Des arrêtés royaux ont, le 2 février 1863, autorisé le conseil de fabrique à reconstruire l'église et, le 4 juin, accordé pour ce travail un subside de 11,500 francs. L'ancien temple a été démoli le 9 février 1863; on n'en a conservé qu'une partie d'anciens fondements en gros blocs de grès ferrugineux, qui est comprise dans les substructions de la tour actuelle. La nouvelle église appartient au style ogival primaire; les plans en sont dus à M. François Durlet, d'Anvers; elle s'exécute sous la direction de M. L. Van Arenbergh, de Louvain. La première pierre a été posée le mars et le bâtiment est déjà sous toit.
Ce bel édifice est disposé en croix latine, avec abside à trois pans. La façade est percée d'une porte ogivale, surmontée d'une fenêtre de même forme. De chaque côté, à la hauteur des collatéraux, part un rampant, auquel succèdent des redents, qui recevront à leur tour un clocher carré dans le bas, puis octogone, et s'amortissant en flèche. Les croisillons sont surmontés d'un gable, dont le tympan est percé d'un oculus quadrilobé. Tous les angles sont butés par des contreforts posés diagonalement. Dans les angles du chœur et du transept sont ménagées des constructions à deux étages et cave, dont le haut servira de refuge; le bas à gauche, de sacristie; à droite, de tribune pour M. De Prêt, bienfaiteur de l'église. L'ensemble de la construction est en briques; certains détails sont en pierre blanche du Luxembourg, d'autres en pierre bleue.
L'intérieur du vaisseau est divisé en trois nefs dont on remarque les proportions élancées. On compte quatre travées entre la tour et le transept. Les autels, en chêne sculpté, s'exécutent à Anvers sur les dessins et sous les yeux de M. Durlet; ils sont donnés par M. De Prêt, qui prend à sa charge les frais d'ameublement. Les orgues s'exécutent aux frais du curé, M. Deleuze. Les autels latéraux seront dédiés : celui de gauche, à la Vierge; celui de droite, à saint Ghislain. Ce saint est l'objet d'un pèlerinage très réquenté; les mères l'invoquent pour obtenir une heureuse délivrance et la guérison des enfants sujets aux convulsions. Ses reliques, qui étaient conservées à Florival, sont particulièrement honorées le 9 octobre. Il existe des gravures en leur honneur, portant cette inscription : Maison au bienheureux saint Gillain.
On conserve à la cure deux objets intéressants. Le premier est un ostensoir de style gothique flamboyant et dont les détails architectoniques sont particulièrement remarquables. Il est en argent et orné de petites figures représentant saint Pierre et saint Paul. Les fonts baptismaux sont romans, mono pédiculés et en pierre bleue. Le calice est arrondi, forme que l'on rencontre rarement, et est orné de quatre têtes saillantes (dont l'une est brisée), que relient des arcatures composées de quatre petits arcs en plein cintre reposant sur des corbeaux. La hauteur totale de ces fonts est de 92 centimètres; le diamètre du calice (en ne tenant pas compte des têtes saillantes), de 70 centimètres.
On attribue parfois la fondation de l'abbaye de Florival à Werner, comte de Grez, qui, dit-on, accomplit ce vœu lorsqu'il mourut, au moment de partir pour la Terre-Sainte. Il n'y a rien de vrai dans ce fait, Werner étant en réalité parti pour la Palestine; où il expira la même année que Godefroid de Bouillon. Les religieuses, à ce que l'on prétend, prirent le voile des mains de l'abbé de Corbie, puis de celles de l'abbé d'Afflighem, Fulgence. On ajoute à ces détails historiques des récits traditionnels remplis de circonstances merveilleuses. Comme on jetait les fondements de l'église conventuelle dans l'endroit qui conserva les noms de Vieille Abbaye et de Pré de la Chapelle, une voix céleste avertit les surveillants de la construction de chercher un lieu couvert de fleurs, et qui convînt mieux pour y bâtir un édifice religieux. C'est sur ces indications que s'éleva sur les bords de la Dyle le monastère qui reçut le nom de Val fleuri ou Florival (en flamand, Bloemendael).
Suivant un récit qui nous paraît suspect, car les archives d'Afflighem n'en fournissent aucune trace, la communauté de Florival résolut, malgré l'opposition du chef de ce monastère, d'adopter la règle de Cîteaux, et elle y fut autorisée par le pape Célestin III, en 1191. Dès l'année 1192, de graves contestations surgirent entre elle et les religieux d'Afflighem. Ceux-ci furent appuyés par le comte Henri de Grez, les religieuses par le comte d'Aerschot. Enfin, la querelle se termina, en 1218, par une décision du pape Honorius III, et Florival, devenue une colonie cistercienne, fut placée sous l'obédience de l'abbaye de Villers.
La plupart de ces circonstances sont contraires aux documents du temps, d'après lesquels il n'y avait plus, à cette époque, ni comtes de Grez ni comtes d'Aerschot. Il faut aussi ranger parmi les légendes fabuleuses celle où l'on nous montre un prétendu Barthélémy d'Aa, fils de Léon, seigneur d'Aa près de Bruxelles, fondant Florival, vers l'année 1192, et y envoyant Cunégonde, abbesse de la Ramée, avec Genta, qui devint la supérieure de la nouvelle maison, six religieuses et deux sœurs converses. Expulsées une première fois par un comte Henri de Grez (inconnu dans l'histoire), rétablies, en 1208, par l'évêque de Liège Albert (mort en réalité en 1200), chassées de nouveau par Henri en 1214, les religieuses ne trouvèrent un asile certain qu'en 1218.
Dans un récit différent, emprunté à la biographie de la bienheureuse Béatrix de Nazareth, Barthélémy devient un simple bourgeois de Tirlemont, surnommé Vleeshouwer ou le Boucher. Vers l'an 1200, il obtint de l'évêque de Liège Albert le lieu dit Nettenbergh, où avait existé un couvent de l'ordre de Saint-Benoît, dont les années et les guerres avaient amené la destruction. Son fils Arnekin, qui était devenu chanoine de l'ordre de Prémontré, à Everboden, établit en cet endroit des religieuses de l'ordre de Cîteaux. Lui, son autre fils Walbert et ses filles Béatrix, Christine et Sybille prirent tous l'habit religieux et se distinguèrent par leur ardente piété. Six ans après, Barthélémy résolut d'installer d'autres retraites monastiques et alla, avec ses filles, fonder Maegdendael ou Oplinter, près de Tirlemont, et Nazareth, près de Lierre. Le duc de Brabant et les seigneurs de Bossut, de Nethen, d'Ottignies, enrichirent Florival de leurs dons. Ce fut, ajoute-t-on, en 1218 et par les soins de la vénérable Genta, la première abbesse, que la règle des bénédictins fut remplacée par celle des cisterciens, Genta rapporta de Rome, outre une bulle du pape qui sanctionnait ce changement, une croix garnie de nombreuses reliques.
Cantimpré, qui rendit visite à Genta peu de jours avant sa mort, qui arriva le 23 mars 1247, exalte le désintéressement et la sainte vie de cette abbesse. Pendant les trente années qu'elle dirigea le monastère, elle ne dépensa pas 5 sous pour elle, hors du couvent; elle avait son lit au dortoir et mangeait au réfectoire. Le crédule Cantimpré raconte qu'il apprit la mort de l'abbesse par un globe de lumière qui lui apparut dans le ciel. On voit encore sa pierre sépulcrale, où on lit :
Anno Domini 1247 in vigilia S. Marci apostoli obiit domina Genta quondam abbatissa Floridae-Vallis.
Orate pro ea.
et, à l'entour de la pierre :
Arca piae fidei, mater mira speciei,
Nutrix virtutum, solvit natale tributum.
Grex desolatus tristatur, mole reatus
Nulla mulctetur, sed caelicolis societur.
Ce que nous savons de l'histoire du monastère se réduit à peu de chose.
Au mois de septembre 1293, le vendredi après la fête de Notre-Dame, le duc Jean Ier donna aux religieuses toute la pêcherie du Tyl ou de la Dyle, depuis la maison de l'ermite du quai au pont de monseigneur Abraham de Glabbeke (ou Clabecq, à Rhode-Sainte-Agathe).
Le 24 août 1445, le duc Philippe de Bourgogne renonça, pour un terme de 12 années, à la moitié des trente corvées que le couvent devait tous les ans au domaine. En retour de cette concession, il n'imposa aux religieuses que l'obligation de célébrer un anniversaire à sa mémoire. La communauté, dans un pouillé du diocèse de Liège, de 1441, est qualifiée d'extrêmement pauvre.
Par lettres patentes en date du 15 janvier 1500-1510, le gouvernement des Pays-Bas accorda à Florival remise de la cote entière du couvent pendant trois années et des cens dus à la vénerie de Boitsfort pendant deux ans.
Sous l'abbesse Helewige Schreven, qui fut appelée de Valduc et mourut en 1520, le couvent subit une réforme complète.
Le 22 mai 1649, le gouvernement espagnol vendit à la communauté, pour 3,645 livres 12 sous, les taxes que celle-ci devait au domaine, et qui comprenaient : quatre peaux de veau, deux courroies de trompes (horenriemen), à fournir à la Saint-Bavon; 12 florins, payables au grand carnaval; 3 florins et 2 peaux de veau, à livrer à Pâques, plus 30 corvées, et 12 autres florins du Rhin, payables au grand carnaval; 3 florins du Rhin pour la vénerie, payables à la Saint-Jean; 7 clinckarts de 34 sous, 8 florins 8 sous, et un muid de seigle, mesure de Wavre, à payer à la Saint-Bavon, qui étaient particulièrement à charge de la ferme de Beaurewart, à Ottignies.
En 1658, la communauté se composait de deux religieux et de 35 religieuses. Elle exploitait directement 30 bonniers, qui jadis avaient produit chacun 3 setiers de blé et n'en donnaient alors plus que 2, preuve manifeste d'une décadence dans l'industrie agricole; des prairies, des bois et des bruyères servaient aussi à l'usage du monastère. Ce dernier possédait des dîmes à Bossut, à Biez, à Nethen; des cens seigneuriaux à Archennes, Nethen, Bossut, Corroy-le-Grand, Jodoigne et Roux-Miroir; des fermes à Bossut (la Malaise), à Nethen (Broeck), à Ottignies (Beaurewart), à Orbais (Malèvre); des terres et des prairies dans un grand nombre de villages. En 1769, les 97 bonniers de terres et de prairies exploités directement rapportaient 1,004 florins 2 sous, le moulin à grain, 777 fl. 12 sous, la foulerie 98 fl. 1 sou, 50 b. de bois à Archennes, Bossut, Ottenbourg 1,050 fl.; les cens seigneuriaux à Archennes comprenaient 23 1/2 chapons, 30 1/2 pains, 97 deniers simples, 88 deniers, 4 sous. Le total des recettes s'élevait à 10,764 fl., le total des dépenses à 9,796 fl. En 1787, la situation ne s'était guère modifiée. Les revenus s'élevaient à 11,632 fl., les dépenses à 9,911 fl., dont 8,756 fl. absorbés par l'entretien de 2 religieux, pris parmi les moines de Villers, 20 religieuses, 6 sœurs converses et 3 domestiques.
L'abbaye fut vendue en trois lots par les Français le 17 pluviôse an VI : Le moulin fut cédé, pour 520,000 livres (en assignats), à Jean-Joseph Beau; 3 bonniers pour 200,000 livres, à Anne-Philippe Duwelz et Philippe Boon; 59 b. 2 j., pour 655,000 livres, aux mêmes. Les bâtiments conventuels étaient joints aux deux derniers lots. Depuis, Florival fut acquis par M. François Oldenhove, père du directeur actuel de l'usine. Aujourd'hui, l'ancien monastère appartient à M. le baron Coullemont de Waterleet.
Voici, d'après les auteurs et d'après les documents que nous avons pu rassembler, une liste des abbesses de Florival. On n'en mentionne qu'une seule comme ayant appartenu à l'époque où la règle de Saint-Benoît était en vigueur, Rixa de Braine, dont on vit longtemps la pierre sépulcrale dans la salle capitulaire, mais cette assertion prouve que la liste qui suit est tronquée et incomplète, car Rixon ou Rixa de Braine-l'Alleu vivait en l'an 1318. Ne pouvant remplacer cette liste par une meilleure, nous la donnons ici, en prévenant qu'elle n'est garantie comme exacte qu'à dater du commencement du XVIIe siècle.
Genta, morte en 1247;
Aleyde, fille de Gérard, sire de Mombeeck et d'Adélise de Looz, qui entra dans l'abbaye, en 1220, après la mort de son mari, Guillaume de Spontin, avec lequel elle ne vécut que trois mois, morte le 18 mars 1262;
Mathilde de Bierbeke, qui mourut le 6 mai 1272;
Hildesonde de Sombreffe, qui renonça à sa dignité en faveur de sa nièce, le 7 juin 1282 ou 1287;
Marie de Hosden, morte le 7 mai 1305 ou 1313;
Ide de Walhain, morte en 1327;
Sybille de Boulers (ou Bonlez ), fille de Gilles le Bègue, seigneur de Bonlez et de Saint-Géry, morte en 1358;
Marguerite de Grez, fille d'Imbert ou Engelbert, seigneur de Bierch ou Biez, abdiqua le 19 juin 1375;
Catherine de Berne, morte le 6 mars 1388;
Catherine de Lare, morte en 1408;
Marie Unterlieminge, morte en 1437;
Elisabeth de Wavre, morte en 1442;
Yolende de Paraeke (Pamele?), morte en 1466;
Marguerite Myneman, morte en 1478;
Marguerite Pinnock, morte en 1491;
Elisabeth Absolons, morte en 1504;
Marguerite Oliviers, morte en 1516;
Helewige Schreven, morte en 1520;
Marie de Witthem, autre religieuse de Valduc, qui mourut le 25 décembre 1537; d'après son inscription sépulcrale, elle gouverna pendant 38 ans;
Elisabeth Rogiers, qui mourut le 30 juin 1545;
Elisabeth Van Dieven, morte en 1557;
Marie de Brania Haga, morte en 1568;
Jeanne Robays, morte en 1575;
Amelberge Remels, qui mourut le 5 février 1585, au refuge de Louvain;
Elisabeth Peeters, qui mourut le 13 avril 1595;
Martine Bossuyt, qui mourut le lendemain de la Sainte-Gertrude, en 1613;
Anne Vanden Berghe;
Catherine Ronsmans, nommée le 10 mai 1629;
Jeanne Collebrant, nommée le 25 décembre 1659;
Ide Bernaerts, nommée le 25 novembre 1676;
Louise d'Oneux, nommée en 1688;
Madeleine Van Hanewyck, nommée le 12 mai 1690;
Josèphe de la Croix, nommée le 7 avril 1733;
Victoire d'Avesnes, nommée le 22 octobre 1749;
Alexandrine de Calembourg, nommée le 20 août 1755;
Ferdinande de Furlong, nommée le 2 octobre 1769;
Ursule Bauloye, nommée le 24 mars 1791.
La dernière religieuse de Florival mourut à Bossut, dans une petite ferme voisine de l'église. Il y avait un grand nombre de pierres tumulaires dans l'église de Florival; on les avait utilisées pour les murs de l'usine vers la rivière, mais elles furent entraînées dans le gouffre du déversoir de la Dyle, où l'on en a retrouvé une dizaine. Les plus belles, parait-il, ne sont pas encore retirées de l'eau; quatre concernent des abbesses.
Nous en avons déjà cité une, celle de la vénérable Genta; voici les trois autres, dont M. Oldenhove fils nous a transmis copie :
1° Obiit haec abbatissa ipso die Natalis Dni A° millesimo Ve XXXVII.
Luxerat alma dies qua missa
Qua Christus vera lux .....illuxerat orbi,
Cunt felix Maria haec Wittem spiramina vitae
Effiavit, cujus marcent hoc membra sepulcro;
Prima reformata praedux haec femina vitae
Terdenis simul octo gregem tum rexerat annis;
Hac tulit eximios duce flores Florida-Vallis,
Nam pietate parem non noverat ante parentem.
2° Virginibus sacris quondam praelata quiescit
Mole sub hac saxi virgo Johanna Robays.
Ut vix septenis laudabile praefuit annis,
Hanc immaturam mors inimica rapit.
Germina virtutum tulit hac duce Florida-Vallis
Utpote prae cunctis relligione nitens.
3° D. O. M. | Sic jacet praenobilis admodum | ac venerabilis domina domina | Johanna Colibrant | 29 Abbatissa Floridae-Vallis, | quae obiit 8 Julii 1676, | anno aetatis suae 62, | professionis religiosae 45, | dignitatis abbatialis 17. | Cujus anima per misericordiam Dei | requiescat in pace, amen.
La vue du monastère, gravée par Harrewyn et publiée par le baron Le Roy, groupe autour de l'église de Florival des bâtiments peu considérables; un seul corps de logis, surmonté d'un petit clocher et éclairé par des fenêtres cintrées, offre un caractère de grandeur. Lorsque les commissaires chargés par le gouvernement autrichien d'assister à l'élection des candidats à l'abbatialité visitèrent Florival, en 1755, les bâtiments du monastère, sauf l'église et la basse-cour, se trouvaient dans un état déplorable. Le dortoir ressemblait à une grange; le quartier des étrangers tombait en ruines; l'infirmerie, dont les murs étaient prêts à s'écrouler, inspirait à la fois de l'horreur et de la crainte. Toutefois, on avait déjà, à cette époque, entrepris la construction de nouveaux locaux et dépensé pour cet objet 42,556 florins 6 sous. L'abbaye fut réédifiée, en grande partie, vers 1767, sous la direction de l'architecte Dewez, mais on ne peut juger de son aspect ancien : il n'en subsiste plus que les murs d'enceinte et une partie des bâtiments de la basse-cour, qui sont encore occupés par une ferme. L'église et les bâtiments conventuels ont été détruits par les premiers acquéreurs, qui en vendirent les matériaux pour s'acquitter envers la république française.
L'église avait été bâtie en 1537, et Charles-Quint avait contribué à la reconstruction de ce temple. Le chœur était fermé par une balustrade de bois, ornée de médaillons représentant la Vierge, saint Joseph, saint Benoît et saint Bernard, œuvre de Henri Bonnet, de Nivelles.
En 1836, le locataire de la ferme permit à ses ouvriers de faire des fouilles sur l'emplacement de l'ancien cloître, au milieu duquel se trouvait le cimetière, afin d'y rechercher les pierres des fondements pour les employer à leur usage. Ces ouvriers découvrirent, à ce que nous a assuré M. Oldenhove, un cercueil renfermant un corps parfaitement conservé; ce cercueil était placé dans le lit d'une source qui traversait souterrainement le cimetière et qui existe encore. La tradition prétend que saint Bernard, se trouvant à Villers, fut prié par les religieuses de Florival de vouloir bien visiter leur monastère; le saint, s'étant rendu à leurs vœux, bénit la fontaine dont l'eau jaillissait dans un vase à l'entrée de l'église et qui se jetait ensuite dans la Dyle.
On a conservé quatre des pierres datées qui se trouvaient encastrées dans les murs de l'abbaye; elles proviennent : la première, avec le millésime 1658, du tordoir (qui était situé sur Ottenbourg); la deuxième, avec le millésime 1741, du moulin; la troisième, avec le millésime 1765, de la porte du couvent vers le moulin, et la quatrième, avec le millésime 1730, de la grange.
Le budget du bureau de bienfaisance, qui possède 7 hectares 69 ares, a été fixé comme suit, pour l'année 1859 :
L'instituteur, M. Fabry, a obtenu un prix au concours du 10 mai 1841. L'école, dont l'étage sert de maison communale, a été bâtie en 18-19. Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858 -1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 82 : 38 garçons et 41 filles.
La fête locale se célèbre le jour des saints Pierre et Paul (29 juin), si c'est le dimanche; sinon le dimanche suivant.
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