Le nom de ce bourg se trouve d'abord dans des écrits ou des documents en latin, sous la forme wallonne Greis, d'où est dérivé Grez, et que l'on fait venir des grès que l'on exploite aux environs du Train (Greis, 1092, 1096, ALBERT D’AIX, 1187, 1209, 1213, 1214, 1219, 1224, 1225, 1242, 1295, 1374, 1377, 1410, 1419-1420; Grez, 1226, 1374, 1591, 1772, 1787; Gres, GUILLAUME DE TYR, MATTHIEU PARIS; Grees, 1282, 1374; Greys, 1312, 1376, 1385, 1404; Gré, 1460; Graiz, 1612). La forme flamande Graven, dont on pourrait trouver l'origine dans les carrières creusées à proximité du bourg, est aussi fort ancienne. On rencontre tour à tour Gracia (1232, 1277, 1296, 1312), Gravium (1232, 1312, 1371, 1407, 1441), Graven (1312, 1492, 1505) et Grave (1436, 1457, 1490, 1530, 1569, 1590, MOLANUS; Grave in 't Walschlant, 1551).
Grez n'a pas d'homonyme en Belgique, mais en France on rencontre une infinité de Grez, Grès, Grèze et Grée. Grave, ville du Brabant septentrional (dans le royaume des Pays-Bas), et d'autres localités du même nom les remplacent dans les pays germaniques.
La commune de Grez est limitrophe de celles de Archennes, Bossut, Biez, Roux-Miroir, Longueville, Bonlez, Dion-le-Mont, Dion-le-Val, Wavre et Ottenbourg.
Grez est à 2 kilomètres de Biez, 2 1/2 kilom. d'Archennes, 3 1/2 kilom. de Bossut, 4 kilom. de Bonlez, 5 kilom. de Dion-le-Val, 6 kilom. de Longueville et Dion-le-Mont, 7 1/2 kilom. de Wavre, 9 kilom. de Roux-Miroir et Ottenbourg (le passage étant défendu sur le domaine de Laurensart), 32 1/2 kilom. de Bruxelles, 36 kilom. de Nivelles.
L'église de Grez se trouve située par 56 grades 38 de latitude N. et 2 grades 62 de longitude E. L'altitude du seuil de la porte de l'église est de 47 mètres 20.
Grez et Doiceau, formant deux communes distinctes avant leur réunion par le décret impérial du 14 août 1811, eurent des procès-verbaux séparés pour la délimitation de leur territoire : celui de Doiceau fut dressé le 22 germinal an XII, celui de Grez le 16 vendémiaire an XIV. Cette délimitation souleva des réclamations, car le 31 juillet 1807 intervint un arrêté du préfet de la Dyle, dont voici la teneur :
« Le Préfet de la Dyle, Vu son arrêté du 14 frimaire an XIV, portant que la ligne de démarcation entre Biez et Grez reste fixée telle qu'elle est établie au procès-verbal délimitatif du 16 vendémiaire an XIV;
— la décision de l'Empereur du 10 mars 1806, portant que S. M. se réserve de statuer sur les changements de limite, sur l'avis des conseils municipaux, du sous-préfet et du préfet;
— la lettre du directeur des contributions du 15 mai 1807, par laquelle il provoque un avis;
— les délibérations des conseils municipaux de Biez et de Grez du 5 juin dernier, par lesquelles ils proposent des modifications à l'arrêté du 14 frimaire an XIV;
— Considérant que les conseils municipaux et le sous-préfet n'ont pas donné leur adhésion à l'arrêté du 14 frimaire an XIV;
— que, chacun d'eux ayant cru nécessaire de proposer d'y faire des changements qui nuisaient aux intérêts des communes, il convient de reprendre les anciennes limites, qui, en faisant cesser les prétentions de chaque commune, les rétabliront dans leurs droits;
— Modifiant son arrêté du 14 frimaire an XIV;
— ARRÊTE que la limite entre Biez et Grez sera en tant qu'elle soit l'ancienne limite, qui devra être suivie dans tous les points où il sera possible de la reconnaître ».
De nouveaux procès-verbaux furent dressés, pour Grez, le 14 juin 1810 et, pour Doiceau, le 22 du même mois. Enfin un décret impérial du 5 avril 1811 fixa la limite entre Grez et Biez.
Le cadastre divise le territoire de Grez en sept sections : la section A ou du Village, la section B ou du Hameau de Morsain, la section C ou du Hameau de Hèze, la section D ou du Bois de Berquit, la section E ou du Hameau de Doiceau, la section F ou de Gasthuche et Laurensart, la section G ou du Hameau de Centri ou Sain tri.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 4,152 parcelles, appartenant à 958 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 117,119-32 fr. (sol : 96,606-32; bâtiments : 20,513-00) et ayant une contenance de 2,099 hectares 04 ares 04 centiares (imposable : 2,043 hect. 88 a. 25 ca.; non imposable : 55 hect. 15 a. 79 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
En 1686, Grez contenait 861 bonniers 1 journal, dont 733 b. 2 j. de terres, 34 b. 1 j. de prés, 93 b. 2j. de bois.
Il y avait encore trois juridictions différentes : Doiceau, contenant 342 b. 1 j. dont 265 b. 1 j. de terres, 70 1/2 b. de prés, 7 b. de bois; le comté de Sart (ou Laurensart), contenant 249 b. 3 j. dont 147 b. 3 j. de terres, 28 b. 3 j. de prés, 73 b. 3 j. de bois, et Bierkuyt, qui contenait 200 b. de bois.
Toute la commune comprenait donc 1653 b. 1 j.
On comptait :
- à Grez, en 1374, 99 ménages; en 1436, 91 foyers; en 1464, 90 foyers; en 1472, 82 foyers; en 1492, 38 foyers; en 1525, 65 maisons; en 1686, 84 maisons, 2 moulins, 4 chaufours, 6 tavernes, 2 brasseries, des boutiques;
- à Doiceau : en 1374, 18 ménages; en 1436, 14 foyers; en 1464, 19 foyers; en 1472, 15 foyers; en 1492, 7 foyers; en 1526, 14 maisons; en 1559, 20 maisons, outre 4 à Sart; en 1607, 9 ou 10 maisons, non compris celles de Sart; en 1686, 24 maisons et une taverne, plus une maisonnette, à Sart;
- dans les deux localités, en 1759, 209 maisons, dont 109 à Grez, 12 à Morsain, 7 à Roienne, 32 à Hèze, 3 près de Chapelle-Saint-Laurent ( parmi lesquelles le moulin de l'abbaye d'Alne, aujourd'hui réuni à Biez), 3 à Centri, 2 à Brumagne (près de Dion-le-Val), 24 à Doiceau, 13 à Gasthuys ou Gastuche, 4 à Lorensart; au 31 décembre 1856 , 560 maisons.
Le bourg de Grez, qui compte 215 maisons; Morsain, 47 maisons; Hèze, 116 maisons; Fontenelle, 3 maisons; Centri ou Sain tri, 67 maisons; Doiceau, 58 maisons; la Gasthuche, 54 maisons.
Grez est un joli bourg, construit sur les deux rives du Train, à l'endroit où la route de Wavre à Hannut franchit cette petite rivière; l'intersection de la chaussée et de plusieurs rues forme une belle place, voisine de l'église. La partie septentrionale de l'agglomération, vers la limite de Bossut et d'Archennes, est connue sous le nom de Lembais (Linbaïe, en wallon). On appelle parfois les Aloux (Allodium de Gretz, 1204; Aleut en Greis, 1374) quelques maisons situées vers la route de Hamme, dans la direction de l'église d'Archennes; elles doivent cette désignation au Champ des Alouettes, près duquel elles se trouvent.
En remontant le Train jusqu'à 1,600 mètres S. de l'église de Grez, on rencontre le hameau de Morsain (Morceshern, vers l'an 1000; Morchehain, 1282; Morchyen, 1374; Morchen, 1417; Mortsain, 1463, 1469, 1550; Morchain, 1518, 1530, 1559; Mortchain, 1536; Mortssain, 1557; Mortchaine, 1661; Cortil de Morzaine, 1625; Morsain, 1759, 1783, 1786), que la rivière sépare de la Basse-Biez. On rattache ordinairement à Morsain deux écarts qui en forment le prolongement méridional : le Bayardmont (à Morchem, dessous Baiarmont, 1417; delez Berquyz, desous Beyarmont, 1374; Bruyère de Bearmont, 1763), qui n'a qu'une demi-douzaine de maisons, à gauche du Train, et la Royenne (Roienne, 1759; la Roienne, 1786), qui en compte vingt sur l'autre rive.
Le hameau de Hèze (Heys, 1374; Heyst, 1383; Heze, 1374, 1486, 1528, 1786, an XIII; Heeze, 1650), bâti à l'écart, sur la pente de collines sablonneuses d'où jaillissent une foule de sources, est à 2,500 mètres S.-E. de l'église de Grez, tandis que 1,500 mètres à peine le séparent de l'église de Biez, à laquelle il ressortit pour le spirituel.
A 4,000 mètres S.-S.-O. de l'église de Grez se trouvent les dernières maisons du petit hameau de Fontenelle, dont la majeure partie appartient au territoire de Dion-le-Mont. L'éloignement de ces habitations a déterminé le curé de Grez à en abandonner la direction spirituelle au desservant de Dion.
Centri (1759,1811, 1836) ou Sain tri est situé sur une colline, à la lisière du bois de Berquit et à 900 mètres O. de l'église de Grez. On y réunit d'ordinaire, bien qu'il soit assez éloigné, l'écart du Béguinage.
Doiceau (Duencel, XIIe siècle; Duenchial, 1209; Duwenceal, 1213; Duwencel, 1214; Duenceal, 1225; le Duwenchiel, 1345; Duwensial ou Duchial, 1374; Ducheal, 1374, 1457, 1461, 1530, 1622; Duwenchiail, 1383; Duwenchial, 1415; Duwecheaul, 1436; Ducheau, 1492, 1559, 1587, 1611, 1623; Doucheal, 1506; Doecheau 1530; Doechaulx, 1569; Doucheal, 1596; le Doiceau, 1607; Douceau, 1674, 1675, 1678; Doiceau, 1759, 1769, 1786; Doiceaux, 1787, an XIII) forme, à 2,600 mètres S.-O. de l'église de Grez, le prolongement septentrional du village de Dion-le-Val; il est bâti presque en entier sur la rive droite du Pisselet.
La Gasthuche (Gasthuys, 1759; le Gasthuys, 1786; Gastuce, an XIII) se développe le long de la route de Wavre à Hamme, à 3,300 mètres O. de l'église de Grez. La station que l'on y a établie pour le chemin de fer de l'Est belge et l'usine de l'Union des papeteries (jadis, Moulin de Loucsart, 1345) ne peuvent manquer de développer rapidement l'importance de ce hameau.
A 2,000 mètres S.-E. de l'église, le Sartage, ferme; à 2,000 m. S., Bimeboom, sobriquet donné à un fermier, qui s'avisa de sonner le tocsin pour appeler le curé aux vêpres; à 1,800 m. S., la Ferme Rouchaux; à 3,900 m. S.-S.-O., la Villa Jossart, qui a été bâtie, en 1860, sur le plateau, près de Dion-le-Mont; à 1,300 m. S. S.-O., la Ferme du Bois ou Cense Blykaerts; à 1,100 m. S.-O., le Béguinage; à 3,600 m. O., le Château et la Ferme de Laurensart, anciennement appelé simplement le Sart (Sau, 1374; Sart over Dyle, 1374; Sart sous Wavre, 1494; Maison de Sart, 1537; Sart, 1611, 1623, 1674, 1769; Saert, 1596; Lorensart, 1674, 1689, 1759; Laurensart, LE ROY, CANTILLON; Laurentsart, 1787); à 3,500 m. O., la Maison du Garde; à 2,600 m. O.-N.-O., la Motte (la Mote, 1312; la Motte, 1374, 1520, 1648, 1704, 1740; Ter Moten, 1502; 'tgoet ter Motten, 1505; Maison de la Mote, 1537), château en ruine; à 1,400 m. O.-N.-O., la Barrière; à 1,000 m. N.-O., la Ferme Brion.
Champ des Fours à chaux; Champ des Lois, où ont été pratiqués presque tous les puits pour l'extraction de la craie; Champ des Quatorze bonniers; Campagne de Bossut; Champ des Dix-huit bonniers; Fond du Bois brûlé; Moulin de Lembais ou Moulin Bataille; Château de Grez, appelé aussi Château de Piétrebais (Petrebais, 1209, 1237, 1277; Pietrebais, 1622, 1630, 1692, 1757; Pietrebaix, 1622, 1624, 1643); Pont du Château; Canal du Château; Moulin de Grez; Filature Du Monceau; Champ de Presenne; Prés de Biez; Champ de l'Hospice; Hospice du Péri (El Perroit, 1213); Champ du Béguinage; Champ de Morsain; Champ des Gottes (Champ de Got, 1625); Chemin des Gottes; Champ du Bottnie (boutonnier; Champ de Bottigny, 1625); Leconrtay; Champ du Petrau; Grande Hésidelle (Sur la Hesedelle, joindant à la terre de Froidevals, 1417; la Grande Hezidel, 1625); Petite Hésidelle; Champ du Grandsart (1475, 1618); Grande bruyère; Champ des Petits saules; le Pelé; Vallée Rose; Fond de Mennevaux; Champ de la Chapelle au Chéneau; Bois de Berquit ou Bierquit (Bircuit, 1284; Berquyz, 1374; Bierquid, 1398; Berquyt, 1405; Bois de Bercquit, 1404; Berqut, 1440; Biercui, 1779; Bierchuid, 1780); Grande Maniette; Petite Maniette; Crolis Joir (bourbier George), que le cadastre nomme Croix de Risoir; Bois Mazarin; Vivier Hanquet; le Vevrou; Fond des Fontaines; le Misseau; Bruyère au Lard; Champ de Dion-le-Mont; Bois des Fiefs; Accensart; Grand cortil; Fond des Ris; le Cimetière, endroit qui est situé â l'extrémité septentrionale de Gasthuche, au point où le Pisselet traverse la route, et qui doit son nom aux ossements que l'on y a trouvés avec quelques ustensiles de ménage; Champ de Gasthuche; Champ de Roimont; Bois des Vallées; Champ de Neuvelette; Cense de la Brique, rebâtie en 1818; Colonval; Rouge cense; l’Escavée; Bois de l'Ermitage Saint-Pierre; Champ de la Motte; Grands Prés; Pré de Graisse; Bois de Laurensart; Tienne du Sart; Champ de Laurensart; Champ de Kraekenbosch (Crakenbosch, 1860); Champ du Château; Prés des Chevaux; Grandes Warlandes; Petites Warlandes; Pependael; Campagne de Pannard (Pannarde, 1374; Pannaerde, 1618); Champ des Alouettes; Champ des Cinq bonniers; Campagne du Mont; Champ du Sain tri; Chemin de Mont-Saint-Guibert ou du Béguinage; Chemin des Foins; Chemin Martin; Pont de la Barre; la Violette (Bien de la Violette, 1426; 'T huys van der Vyoletten, 1530; T huys van der Violetten, 1457, 1569; Ferme de la Violette, 1604; Maison de la Violette, 1613, 1622; la Violette, 1624, 1630, 1692); Pont d'Aulin; Ruelle Coppe; Rue d’Enfer; Croix Claude; Ruelle du Curé; Chemin des Campinaires, ainsi nommé parce qu'il est fréquenté par les paysans de la Campine qui viennent chercher â Grez de la chaux pour amender leurs terres; la Trouée; la Queue; Ruelle Fontaine; Bois Crotteux; Pont des Deux fermes; les Crahauts; Chemin des Vaches; les Épines; Pré de Lallaing; Chavée de la Sarte; Chavée Boulanger; Pont du Noir trou; Chemin vert; Pont du Pavé; Chemin du Cocher; Ferme d'Estampia; Ruelle Purlin; la Potrée; le Bosquet; Sentier Grand père; Aux Six chemins; Sentier des Vignes; la Citadelle; la Traverse; Champ de Nieumont; Ruelle des Croix; Chapelle Blykaerts; Chapelle du Château ou de N.-D. des sept douleurs; Chapelle N.-D. de Bon Secours; Chapelle Saint-Jean; Chapelle Saint-Donat et Sainte-Barbe.
Argenteau, seigneurie (LE ROY); Audreghem (1625); Bonnier à l'Avaine, auparavant appelé le Prez Hauthain, prairie d'un bonnier (1592); Betinval, dépendance du bien dit Lonsinsart (1350 environ); Bois de Belloir (1374, 1422, 1478, 1510, 1555, 1625) ou Ballaer (1568), à Grandsart; le Broke (Derrière le Broke, 1374, 1568), à Grand-sart; la Brumagne, hameau près de Dion-le-Val (1759,1786); le Blocq aux Briques (1750), en flamand Careelblock (1570, 1593), ou Courtil à Bricques (XVIIIe siècle), enclos où il y eut anciennement une habitation; Fosse Calamart, près du chemin allant de Grez à Pannaerde et de Grez au Bois de Berquyt (1618); la Chaussée, au nord de Gasthuche (1811); Commune de Grez, près de la Dyle (1537); Courtil del Chastre, près de la rivière (le Train), du Rieu del Huibaise et du chemin de Gré à Boussut (acte du 20 juin 1460); Croix de Bierquit ('t Cruys van Bierquit, 1780); Terre de Faverly (1625); Terre de Froideval (Frigida vallis, 1209; Frigidæ valles, 1214, 1242, Froides val, 1237; Frondeval, 1312, 1480; Froidevail, 1376; Froideval, 1312, 1377, 1452, 1480, 1577, 1637, 1692, 1757; Frodeval, 1406; Froidevaul, 1482), dite aussi les Biens de Dave (1627) ou de Barhancon (1757), et qui se confondit dans le domaine seigneurial de Grez; Bonier de Froidevaul, près de la Dyle (1440); Bois de Fa (1407); Ferieres (1312) ou Ferires (à Ferires, en le Moyenne nowe, joignant à la Voie de Dreghem, 1417, 1542); Festiaus, bois voisin de la ferme de Beausart (1209); Fond de Memnone, vers Longueville (1811); Fosse Boubotte (1625); Bois de Genyenvail ou Geneval, près de Boulers ou Bonlez (Bois de Genyenvail ou Genyenvaill, 1374, 1422; Bois de Genyenval, 1476; Bois de Genevaul, 1478; Bois de Geneval, 1510, 1555, 1626; Bois de Genevaul, 1478); les Grandes communes, vers Longueville (1811); Bois de Grez (1787); Lis, seigneurie (1374, 1389, 1488, BLONDEAU; Lys, 1470; Lyez, 1491; Lisse, 1530); Molandoirs (1618); Prairies de Perrerye, près d'un sentier allant à Grandsart, commune de Heze (1618; derrière le Petit Moulin, au lieu qu'on dit de le Périre, 1417); Bois Mullechamp (1779); Predickheeren blocq, ou Enclos du Prêcheur, à proximité du Careelblock (1618); les Quatre maisons, hameau (1786); Ranarium, ancien nom d'un château à Grez (1214); Prairies de Roesbaere, près du Bois de Berquyt (1542); la Roy voye (1625); les sarts dits Loucsart (1345) ou Lonsinsart (Longinsart, 1160 environ; Lonsinsart, a le Cauchie, STOOTBOEK, 1371, 1374; Lonsinsaert, 1418-1419; Lorimisart, 1587), Mironsart ou Minonsart (Mironsart, 1383; Mynensart, 1530; Mynisart, 1587; Minonsart, 1674; Minnonsard, 1675; Minnesart, 1689 ) et Tinnesart (Tyeghinsaert, 1312; Tiengisart, 1345; Tignesart, 1446; Thinsaert, 1465; Thynnesart, 1499, 1512; Tynnesart, 1542, 1689; Tinissart, 1587; Tinisart, 1674; Timmesart, 1689), appelé quelquefois Tinnesart fleurie ( Tynnesart florie, 1611, 1623; Timmesart florie, 1678), qui sont aujourd'hui compris dans le domaine de Laurensart; le Sartiaux, dans la paroisse de Dion-le-Val (1787); Bois de Sainte-Marie (1407) ou Haye de Sainte-Marie (Sinte-Marie haye, 1416), entre le Bois de Bierquid et le Bois de Fa; Tillich, près du château de la Motte, localité qui devait son nom à la Tille ou Dyle (à Tillich, delez la Motte, 1374; te Tillich, boven d ebeempden van der Motten, 1460, 1482, 1528); la Ferme de Valduc, à Hèze (1476).
Le territoire de Grez est sillonné par plusieurs vallées bien accusées; cependant les collines ont, en général, des pentes douces. Les endroits les plus accidentés sont au hameau de Hèze, au Fond Misseau et, sur les bords de la Dyle, à Gasthuche et au bois de Laurensart. Le point culminant est vers la chapelle au Chênean, près de la limite de Longueville, où l'on a constaté une altitude de 138 mètres.
Une carrière a été pratiquée anciennement, à 900 mètres sud de l'église de Grez, sur la rive gauche du Train, dans le quartzite gedinnien. La roche présente des nuances variant entre le gris pâle et le bleuâtre; par places le quartzite a une teinte verdâtre; quelquefois il prend une couleur brunâtre et devient moins dur. Les bancs sont séparés par des lits de phyllade, que les ouvriers nomment raches. On rencontre aussi du quartz blanc.
Le terrain crétacé n'affleure nulle part à Grez, mais on exploite souterrainement, au Champ des Lois, la craie blanche du système sénonien. Pour parvenir à cette roche, on traverse les terrains tertiaires par des puits, qui ont une quarantaine de mètres de profondeur vers le milieu de la montagne et sept à huit mètres au pied. Au-dessus de la craie, on rencontre une couche non continuelle silex, de 15 à 20 centimètres d'épaisseur; d'après Galeotti, ils contiennent quelques coquilles (pecten et oslrea). Les silex se présentent en gros blocs tuberculeux, à angles saillants assez vifs; ils sont rarement noirs, d'ordinaire gris ou rougeâtres, parfois rubanés; leur texture est compacte; la cassure est conchoïdale, à bords légèrement translucides. La puissance de la craie sans silex est de dix-huit mètres; elle est traversée par de grandes fentes horizontales, recoupées par des fissures verticales qui divisent la masse en parallélépipèdes grossiers. Les fossiles sont assez communs dans la craie; leur test est parfois bien conservé, mais souvent aussi il a entièrement disparu et alors on n'en voit que l'empreinte; celui des échinides est spathifié.
Voici les fossiles rencontrés par Galeotti : 1. Poisson indéterminable, 2. Belemnites mucronatus, 3. Belemnites brevis?, 4. Catillus Cuvieri, 5. Terebratula, 6. Ostrea resicularis, 7. deux ou trois autres espèces d'huîtres, 8. deux espèces de Pecten, 9. Lima, 10. Avicula, 11. Gryphœa, 12. Spatangus, 13. divers polypiers.
La craie passe à une marne bleuâtre, renfermant des gyrolithes. Galeotti a observé, au milieu d'une galerie d'exploitation, une grande poche creusée dans la craie et renfermant une argile verdâtre, bigarrée de zones brunâtres, qui rougissait un peu au feu, mais en se réduisant en une terre friable; cette argile ne contenait pas de fossiles; elle était mêlée de carbonate de chaux.
A. Dumont a observé le calcaire d'Avernas sur la rive droite du Pisselet, à 800 mètres S. de l'église de Doiceau. Le psammite landénien, presque toujours accompagné de sable glauconifère, se montre sur la rive droite de la Dyle, en face de la papeterie; du Pisselet, au pied de la colline que longe le hameau de Doiceau; du Piétrebais et du Train, au Champ des Lois et à la Campagne de Bossut.
Au-dessus du sable landénien, on découvre l'argile yprésienne, au S.-E. de la Croix Claude, vers la limite de Biez.
Le terrain bruxellien est très développé : ses sables se rencontrent au pied du bois de Laurensart, au bois de l'Ermitage Saint-Pierre, au bois de Berquit et à Hèze. Au Crolis Joir, A. Dumont a trouvé du sable glauconifère et du sable siliceux à grandes Lucines. Galeotti a signalé, dans les sables jaunâtres des environs de Grez, un pétoncle indéterminable, une térébratule, une crassatelle et des huîtres cariées.
Le système laekenien est représenté, vers le chemin des Gottes, à la Bruyère au Lard, par du sable argileux. Il existe probablement aussi sous les dépôts quaternaires voisins de la chapelle au Chêneau.
Le limon hesbayen s'étend sur le plateau voisin de Longueville, sur la rive gauche du Train et du Pisselet, sur une grande partie du bois de Laurensart etc.
Les bords de la Dyle appartiennent aux alluvions modernes.
Tout le territoire de Grez appartient an bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : la Dyle, le Train, le Lembais, le Ri Mazarin, le Piétrebais, le Ri du Vivier Banquet, le Ri de Hèze, le Glabais, le Ri de la Motte, le Pisselet, le Ri des Gottes et le Laurensart.
La Dyle (Tilh, 1345) vient de Wavre et sert un instant de limite entre cette commune et celle de Grez, après avoir reçu le Ri du Pré des Graisses (r. dr.); quitte définitivement Wavre; active la papeterie de Gasthuche par une chute de 1 mètre 44; baigne le parc du château de Laurensart; reçoit le Ri de Laurensart (r. g.) et le Pisselet (r. dr.); traverse les Grands prés, en coulant au pied du bois de Laurensart; reçoit (r. dr.) le Ri de la Motte et le Train; devient mitoyenne d'Archennes; et quitte Grez pour servir de limite entre Archennes et Ottenbourg, après un parcours de 1,500 mètres, dont 1,100 mitoyens, dans la direction générale du S. au N.
Le Train (1750, 1770) vient de Bonlez et sert d'abord de limite entre cette commune et celle de Grez, après avoir reçu le Glabais (r. dr.); abandonne Bonlez pour longer le hameau de Royenne; reçoit le Ri de Hèze (r. dr.) et sépare Morsain de la Basse-Biez; reçoit le Ri du Vivier Hanquet (r. g.); active la filature de Grez par une chute de 1 mètre 90; baigne le parc du château de Piétrebais-en-Grez; reçoit le Piétrebais (r. dr.); traverse le bourg de Grez et y active le moulin de Grez par une chute de 1 mètre 70; traverse la route de Wavre à Hannut; reçoit le Ri Mazarin (r. g.); active le moulin de Lembais; reçoit le Lembais (r. dr.); devient mitoyen d'Archennes; pénètre sur le territoire de cette commune; redevient limitrophe de Grez; et se réunit â la Dyle (r. dr.), après un parcours de 5,800 mètres, dont 2,200 mitoyens, dans la direction d'abord du S. au N., puis de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O.
Le Lembais (Rieu del Huibaise, d'un acte de 1460?, Ruisseau de Lembay, an XIII) vient de Bossut et sert d'abord de limite entre cette commune et celle de Grez; pénètre sur le territoire de Grez, au Champ des Dix-huit bonniers; devient limitrophe d'Archennes; rentre sur le territoire de Grez; et se réunit au Train (r. dr.), en aval du moulin de Lembais, après un parcours de 850 mètres, dont 350 mitoyens, dans la direction du N.-E. au S.-O.
Le Ri Mazarin prend sa source près du Crolis, au Sain tri, à l'endroit où s'élevait un bois dont il a pris le nom; et se réunit au Train (r. g.), entre Grez et Lembais, après un parcours de 1,500 mètres, dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
Le Piétrebais, qui porte aussi les noms de Ri de Coqueroux, Ri de la Falise, Ri de la Chapelle-Saint-Laurent et Ri de Saint-Denis (an XIII), vient de Biez; alimente les fossés du château de Piétrebais-en-Grez; et se réunit au Train (r. dr.), après un parcours de 300 mètres, dans la direction de l'E. à l'O.
Le Ri du Vivier Hanquet ou Rigo des Champs de Grez prend sa source vers l'endroit où se trouvait, dans le bois de Berquit, la mare qui lui a donné son nom; traverse le champ de Présenne; et se réunit au Train (r. g.), en aval de la grande carrière à grès, après on parcours de 1,400 mètres, dans la direction du S.-O. au N.-E.
Le Ri de Hèze commence au hameau dont il porte le nom et où jaillissent beaucoup de sources; devient limitrophe de la commune de Biez; longe la Basse-Biez; et se réunit au Train (r. dr.), en face de Morsain, après un parcours de 2,100 mètres, dont 900 mitoyens, dans la direction de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O.
Le Glabais (Rivière Glabaise, 1625) ou Rucha des Prés vient de Bonlez; et sert de limite entre cette commune et celle de Grez, jusqu'à ce qu'il se réunisse au Train (r. dr.), en face de la filature Du Monceau, après un parcours de 300 mètres dans la direction du S.-E. au N.-O.
Le Ri de la Motte prend sa source à une fontaine extrêmement abondante, qui jaillit près des ruines du château de la Motte; traverse les Grands prés; et se réunit à la Dyle (r. dr.), après un parcours de 600 mètres dans la direction du S.-E. au N.-O.
Le Pisselet, que l'on appelait aussi le Dion (Xe siècle), le Doisselet (1537) ou le Ruisseau de Vieusart (an XIII), vient de Dion-le-Val; baigne le village de Doiceau; traverse la route de Wavre à Hamme; et se réunit à la Dyle (r. dr.), dans les Grands prés, après un parcours de 2,800 mètres dans la direction d'abord du S. au N., puis de l'E.-S.-E. à l'O.-N.-O.
Le Ri des Gottes prend sa source entre le Bois des Gottes et la Bruyère au Lard; sert de limite entre Grez et Dion-le-Val; et pénètre sur le territoire de cette dernière commune, après un parcours, entièrement mitoyen, de 750 mètres, dans la direction du S.-E. au N.-O.
Le Laurensart prend sa source au Pré des Grandes Warlandes, vers la limite de Wavre; alimente les étangs du château de Laurensart; et se réunit à la Dyle (r. g.), après un parcours de 800 mètres dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
On comptait : — à Grez, en 1575, 400 communiants environ; en 1709, 490 habitants; en 1784, 890 habitants : 5 prêtres, 328 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 333 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 112 garçons et 112 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 1,182 personnes: 5 prêtres, 433 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 441 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 145 garçons et 158 filles âgés de moins de 12 ans); en 1786, 945 habitants, dont 597 à Grez, 190 à Heze, 51 à Morsain, 68 à la Roïenne, 22 aux Quatre-Maisons, 9 à Brumagne, 8 à la Motte; en l'an XIII, 1,279 habitants, dont 1,027 à Grez et 252 à Hèze;
— à Doiceau, en 1709, 73 habitants, plus 21 à Sart; en 1784, 274 habitants, dont 47 hommes, 50 femmes, 44 garçons et 39 filles âgés de plus de 12 ans, 44 garçons et 50 filles âgés de moins de 12 ans; en 1786, 309 habitants; en l'an XIII, 406 habitants, dont 251 à Doiceau et 155 à Gasthuche;
— dans les deux localités réunies, au 31 décembre 1831, 2,190 habitants; au 31 décembre 1856, 2,601 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1612.
Les bois ont ensemble environ 215 hectares; ils portent les dénominations de Bois de Berquit et Bois de Laurensart. Le premier de ces bois, dont nous aurons encore occasion de parler, parce qu'il formait une juridiction particulière, comprenait, en 1404, 277 bonniers, tenant d'amont à la seigneurie de Dion-le-Val et d'aval aux Champs de Grez, et formant une séparation naturelle entre le vallon du Pisselet et celui du Train. Ce bois, après qu'il eut été acquis par le chapitre de Notre-Dame de Cambrai, s'accrut d'un petit bois contigu, dit le Bois de Fa, qui contenait 22 b. 1 journal, et se continuait, dans le sens opposé, par la Sinte-Marie-haye ou Haie de Sainte-Marie, bois qui prit son nom, à ce qu'il semble, d'une dame nommée Marie de Bouler ou Bonlez, et qui comprenait 9 1/2 b. Ce dernier passa également au même chapitre, avec 11 1/2 autres bonniers de bois. Le tout était encore borné par des terrains boisés, ce qui prouve combien cette partie du pays offrait un aspect différent de celui qu'elle présente de nos jours. En 1779, le Bois de Berquit avait une étendue de 300 b., mais il n'était plus planté en son entier, et l'on y trouvait 150 b. de raspe, 60 b. dépeuplés dits Bois bruyères et 90 b. de bruyères tout à fait dénudées.
Près de Bonlez, on rencontrait le Bois de Geneval, qui consistait en 16 b. de terres et de bruyères. De temps immémorial, il formait une tenure relevant du duché de Brabant et était possédé par les seigneurs de Bonlez, de même que le Bois de Belloir. Ce dernier se trouvait à Grandsart, sous Grez, au lieu dit Derrière le Broke, et composait, avec 3 b. de terres et 3 hommages, une seule propriété, qui resta entre les mains des seigneurs de Hollers, à Villers-la-Ville, avant de passer aux seigneurs de Bonlez. Le Bois de Laurensart s'étend sur la rive occidentale de la Dyle, sur la lisière d'Ottenbourg, qu'il sépare complètement du hameau de Gasthuche.
D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont : la Ferme de Laurensart (90 hect.), tenue par la veuve J. Hendrickx, appartenant au baron L. de Woelmont; la Ferme de Colonval (76 hect.), tenue par M. Deleuze (A.), appartenant au comte de Lalaing; la Ferne Bouchaux ou Ferme de Morsain (68 heot.), tenue par la veuve A. Rouchaux et lui appartenant; la Ferme du Sartage (67 hect.), tenue par la veuve Th. Godard et lui appartenant; la Ferme de la Brique (54 hect.), tenue par M. Hallaux(Ant.), appartenant au baron Osy.
Le nombre des animaux domestiques constaté par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
L'ancienne verge linéaire a 16 1/2 pieds de Louvain.
L'ancien moulin banal de Grez, sur le Train, existe de temps immémorial; il appartenait, par moitié, au domaine ducal et au seigneur de Piétrebais; la première moitié passa par engagère, au XVIIe siècle, aux seigneurs hauts-justiciers de Grez. En 1504-1505, cette usine fut rebâtie par les soins du maître charpentier Martin Del Fontaine, à qui on paya, pour le devis des travaux, 2 sous 6 deniers de gros; la construction fut entreprise par un charpentier de Grez, nommé Bertran, moyennant 16 livres 7 sous. Le moulin était affermé, en 1626, moyennant 16 muids 8 setiers de seigle. Au moulin a succédé d'abord une fabrique de clous, puis la filature de lin de MM. Du Monceau frères (arrêté du 3 août 1855). Cette usine a pour moteurs une roue hydraulique de 12 chevaux de force, dont la retenue est à l'altitude de 44 mètres 95. Elle fabrique par an 7,800 à 8,000 paquets de trois bundles ou de 50 écheveaux, à l'aide de 65 ouvriers; la finesse varie du n° 18 au n° 60; on file presque exclusivement du lin wallon. L'établissement est éclairé au gaz.
Le nouveau moulin de Grez ou moulin Maricq est mû par une roue hydraulique sur le Train, dont la retenue est à l'altitude de 42 mètres 78; il a deux paires de meules à farine. Ce moulin a remplacé une « presserie » à l'huile, bâtie sur le Train en vertu d'un octroi en date du 8 octobre 1750.
Le moulin de Lembais ou moulin Bataille, dont l'établissement a été autorisé le 17 décembre 1862, est encore en construction; il sera mû par une roue hydraulique sur le Train.
Le domaine ducal de Brabant possédait sur la Dyle, entre Basse-Wavre et Florival, un moulin à eau qui était banal pour les habitants de Bossut, de Gottechain, de Guertechain, de Pécrod, de la Chaussée, de Tingisart, de Loucsart, de Doiceau et de Nodebais. On l'appelait le Moulin de Loucsart, et il se trouvait, suivant toute apparence, à l'endroit où l'on a fondé depuis la papeterie de Gastuche. Le duc de Brabant le donna à cens, à perpétuité, moyennant 20 muids de seigle, mesure de Louvain, et 20 livres de cire, à Jean don Mont d'Aske, abbé d'Afflighem, et au prieur de Basse-Wavre. Le monastère d'Afflighem devait succéder aux droits de banalité du souverain et avoir le droit de procéder contre ceux qui refuseraient de s'y soumettre. Le duc promit de ne jamais détourner la Dyle entre Basse-Wavre et Florival, ni construire des moulins ou des tordoirs au préjudice des religieux; mais il se réserva la faculté de faire démolir les bâtiments du moulin et d'en enlever les meules (avril 1345). Cette convention semble donc avoir eu pour but d'anéantir une usine qui pouvait porter préjudice à celle de Basse-Wavre, car cette dernière hérita des prérogatives dont le moulin de Loucsart était en possession. M. Jean-Baptiste De Vroye a fondé à Gastuche une papeterie (arrêté en date du 20 septembre 1834) qui est devenue la propriété de la Société des papeteries belges. Les moteurs sont une roue hydraulique sur la Dyle, de la force de 25 chevaux, dont la retenue est à l'altitude de 36 mètres 67, et cinq machines à vapeur de la force de 75 chevaux. Il y a 16 piles à chiffons et deux machines à papier continu; l'usine emploie 190 ouvriers et est éclairée au gaz. Les eaux pour la fabrication du papier proviennent des sources voisines de l'Ermitage Saint-Pierre.
Il faut encore citer deux brasseries et une fabrique de chicorée. Au moyen âge, la brasserie banale de Grez était, comme le moulin à grains du bourg, la propriété indivise du domaine ducal et du seigneur du lieu. Elle fut rebâtie en 1504-1506, pour la somme de 23 livres 5 sous. En 1401, on l'afferma, pour trois ans, moyennant 30 muids de blé par an. Pendant les guerres de religion, elle fut ruinée de fond en comble, et il n'y resta qu'une vieille chaudière; à cette époque, on la donna à cens, le 3 juin 1613, pour 80 années, moyennant 16 livres d'Artois, par an.
Une industrie importante est l'exploitation de la craie, que recèle le sol de Grez. Elle fut importée par un bourgeois de Wavre, qui apprit à ceux de Grez, dit le baron Le Roy, « à faire de la chaux d'une certaine pierre qui tire sur la craie et qui se trouve dans les terres, ce qui a fait beaucoup de bien au bourg ». Cela arriva 50 ans environ avant l'apparition du travail de Le Roy sur le Brabant wallon, donc vers 1650. Nous avons dit plus haut que l'on extrait cette substance en pratiquant des puits, dont la profondeur varie selon que l'on attaque un point plus ou moins élevé de la montagne des Lois. Avant d'arriver à la couche exploitable, on traverse un terrain aquifère; on épuise l'eau à l'aide de seaux jusqu'à ce que l'on soit arrivé au niveau de la craie : à cette profondeur, les eaux s'écoulent par les anciens travaux. On ne commence l'extraction que si l'on rencontre le lit de gravier, que les ouvriers nomment grenier et qui empêche les éboulements. Les galeries rayonnent autour du puits; elles ont de 2 à 7 mètres de hauteur sur 2 à 6 mètres de largeur; une longue expérience a appris aux ouvriers à reconnaître fort bien sous terre les limites de la propriété dans laquelle ils doivent se renfermer. La craie est employée à faire soit de la chaux, soit du petit blanc. Pour cette dernière fabrication, la craie est d'abord concassée au fléau, puis broyée au moulin; on la dépose ensuite dans l'eau à l'aide de tamis qui retiennent les parcelles les plus grossières; puis on procède par lévigation, et on retire de l'eau des michots qu'on laisse sécher sur des écuelles de craie. Une quinzaine de fabricants s'occupent de cette préparation et font des couleurs communes de plusieurs nuances, en mélangeant au petit blanc diverses matières colorantes. L'exploitation de la craie se déplace insensiblement et abandonne Grez pour se transporter à Biez : les puits qui avaient été creusés sur le versant occidental de la montagne des Lois se sont successivement épuisés; on en a pratiqué d'autres, au versant méridional, vers l'ancien bois des Vignes, et on continue à s'avancer vers l'orient. Il n'y a plus aujourd'hui que deux puits sur le territoire de Grez, et le nombre des chaufours est réduit à trois.
Il y eut, lors de la construction de la route de Jodoigne, une contestation judiciaire entre la province et le prince de Looz. Celui-ci prétendait qu'il n'avait vendu que la surface du terrain de la route, sans abandonner le droit d'exploiter la craie au-dessous; il obtint gain de cause. La carrière de grès, dont nous avons signalé plus haut l'existence, était abandonnée depuis longtemps lorsque le notaire Lamarre en reprit l'exploitation, il y a une trentaine d'années, et y fit tailler des pavés. Après une nouvelle interruption, les travaux furent recommencés par un sieur Devroede. Mais, la carrière allant toujours en s'approfondissant, il fallut établir un manège pour monter les pierres, et il devint impossible d'épuiser les eaux à bras d'hommes. Le 14 mars 1839, M. Huyttens, propriétaire de la carrière, conclut une convention avec M. Devroye, meunier du Pirroir, pour faire une prise d'eau à la vanne de décharge du Train, en amont du moulin. Sur cette petite chute on établit une roue qui commandait deux pompes. L'exploitation a cessé de nouveau en 1856. Les produits de cette carrière ont servi à paver une grande partie de la route de Wavre à Jodoigne.
Le chemin de fer de l'Est belge traverse le territoire de Grez sur 2,600 mètres et y a une station à la Gasthuche.
La route provinciale de Wavre vers Hamme et Louvain traverse Grez sur 8,100 mètres; celle de Wavre vers Jodoigne et Hannut, sur 2,150 mètres. Une barrière est établie au point de jonction de ces deux routes.
La commune de Grez s'est depuis longtemps préoccupée du soin d'améliorer l'état de ses communications. Le 16 mai 1763, le gouvernement autrichien l'autorisa : 1° à établir un bout de chaussée, large de 12 pieds, avec accotements, allant au travers de la Bruyère de Bearrmont et destiné à relier Grez avec quelques villages de la mairie de Louvain (Archennes, Nethen, Ottenbourg?), et 2° à construire un pont sur le Train, au centre du village, où le passage était difficile. Afin de les indemniser de ces dépenses et à la condition de payer tous les ans une redevance d'un chapon, les habitants obtinrent la faculté de lever, pendant 20 ans, un péage consistant en un liard par cheval attelé passant sur ce pavé. Grez a encore été autorisé, le 13 août 1841, à lever, pendant dix ans, sur le chemin allant du bourg à la route de Hamme, un droit s'élevant au tiers du péage ordinaire des routes de l'État, et, le 17 juin 1858, sur le chemin allant de la route de Wavre à Huy vers Jodoigne, un péage entier.
On compte 70 chemins et 72 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 107,647 mètres, dont 6,544 sont pavés; ils ont nécessité 7 ponts et ponceaux.
Le chemin de grande communication n° 31 traverse Grez sur 3,764 mètres; le chemin n° 32, sur 1,805 mètres; le chemin n° 70, sur 2,600 mètres.
Le territoire de Grez, qui s'étend en longueur sur un espace de près de huit kilomètres, depuis Ottenbourg, à l'ouest de la Dyle, jusqu'au plateau de Longueville, et s'avance vers le sud entre Dion et Bonlez, présente sur plusieurs points des antiquités remarquables, preuves manifestes que ce canton est habité depuis longtemps. Des tumulus existent encore en différents endroits; ailleurs on a trouvé, soit des monnaies, soit des traces d'habitation; la voie dont nous avons signalé l'existence à Archennes se retrouve à Gasthuche, où les prés situés au confluent de la Dyle et du Train portaient encore, au siècle dernier, le nom de la Chaussée.
Un grand nombre de tumulus s'élevaient dans le Bois de Laurensart. Il y a une vingtaine d'années, on en nivela quelques-uns, et on y découvrit, dit-on, deux vases et une monnaie romaine, qui sont conservés au château de M. de Baillet. D'autres se voient encore dans ce bois, formant deux groupes, l'un de trois tombelles, l'autre de quatre, qui sont séparés par un ravin s'ouvrent vers l'est. Le plus méridional de ces groupes est situé à 1,000 mètres environ au N.-N.-E. de l'église de Basse-Wavre; nous y avons remarqué deux hauteurs artificielles : l'un de 24 m. de diamètre sur 2 m. de haut; l'autre, à 20 m. seulement au sud du premier, de 20 m. de diamètre sur 1 m. d'élévation. Plus au sud, à l'angle où se confondent les territoires de Wavre, de Dion-le-Val et de Grez, dans une sapinière au haut du Champ de Roimont et du Bois des Vallées, se dessine un autre tumulus, que nous avons fouillé le 8 octobre 1863 et où nous avons trouvé, outre des cendres de charbons et des débris d'ossements, un globule de bronze. Au sud du hameau de Hèze, à 1,500 m. O.-N.-O. de l'église de Longueville, dans une terre en friche, à la limite de Bonlez, près du sentier qui forme la limite méridionale du champ dit la Grande bruyère, on aperçoit sept tumulus, dont cinq forment un demi-cercle; le sixième est placé concentriquement aux précédents, très près des 3e et 4e tumulus; le septième est plus à l'est, à une distance de 100 m. environ. Deux de ces tombelles, les plus considérables, mesurent 15 m. de diamètre sur 1 m,50 de hauteur. Les habitants les nomment les Tombeaux romains.
Entre Basse-Wavre et Laurensart, on a mis au jour des débris de vases, avec inscriptions et d'un rouge de l'éclat le plus vif, mais qui n'ont pas été conservés. En reconstruisant le pont sur le Train, au centre du bourg de Grez, on a découvert des monnaies romaines, qui sont restées entre les mains de M. Maricq fils, et dont quelques-unes datent du Haut-Empire : des règnes de Claude, de Domitien, de Trajan. Dans les champs vers Bossut, à une distance de 1,500 m., entre le Bois brûlé et le Vallon du Lembais, au N.-E. de la Croix Claude, existaient des débris antiques, que l'on a découverts, il y a 30 ou 40 ans, et que l'on a attribués à une voie pavée se dirigeant vers Bossut, mais qui n'étaient peut-être que les restes d'une habitation. Ce qui est plus important et incontestable, c'est la précieuse trouvaille faite, vers 1860, au Champ de Présenne, près de Morsain, à 1,300 m. S. de l'église paroissiale, à l'est du grand chemin conduisant à Bonlez, dans un terrain appartenant à M. Rouchaux. Il y eut là, évidemment, une villa romaine.
D'après les renseignements que contient une lettre adressée par M. Du Monceau à M. le gouverneur de la province, au mois d'octobre 1863, les ruines qui furent alors mises au jour s'étendaient sur une longueur approximative de 16 mètres et une largeur extérieure de 6 m. Elles révélèrent l'existence de salles ou plutôt de petites chambres carrées, placées l'une â côté de l'autre, mais sans indices de communications entre elles. La plus grande longueur du bâtiment se dirigeait du S.-O. au N.-E.; l'ouverture des portes se trouvait sur la façade S.-E. La situation, parfaitement choisie, inclinait légèrement dans cette dernière direction. Bien que M. Du Monceau suivit les travaux de déblayement avec la plus grande attention, il ne découvrit aucune trace d'incendie; on ne trouva ni restes de bois, ni objets de métal, ni traces d'objets mobiliers ou d'ustensiles, sauf un fragment de pierre meulière en granit bleu. Les salles avaient pour sol, les unes du béton couvert d'un enduit de couleur brune, les autres de grandes dalles en terre cuite. Les murs étaient revêtus de béton recouvert d'ornements de diverses couleurs et qui paraissaient avoir été appliqués à l'aide d'estampage. Sur le côté N.-E. du bâtiment on remarqua des restes de piliers placés en ligne à une distance respective d'environ 0m,30. Ces piliers étaient formés de carreaux en terre cuite, superposés et reliés avec de l'argile. Dans l'espace intermédiaire existaient des débris de charbon de bois ou menues braises; M. Du Monceau en conclut que c'était l'ouverture d'un fourneau. A partir du bâtiment, vers le nord, s'étendaient, de divers côtés, sur une longueur de plus de 100 m., des fondations de clôtures en pierres brutes, sans ciment.
Les nombreux débris trouvés en cette occasion servirent aux fondations des nouveaux bâtiments de la ferme Rouchaux, à Morsain; M. Du Monceau a toutefois conservé : deux grandes tuiles, de 35 c. sur 53; deux grandes dalles, de 40 c. sur 26; trois carreaux, de 22 c. de diamètre, du genre de ceux qui, par leur superposition, formaient des piliers; trois rondelles en terre cuite, dont 2 de 29 c. et 1 de 25 c. de diamètre, rondelles qui formaient des colonnettes; de larges briques épaisses de 2 c., d'autres débris de maçonnerie, le fragment de pierre meulière mentionné plus haut, neuf échantillons de peintures murales etc.
L'analogie que présente le nom du hameau de Centri avec celui des Centrones, l'un des petits peuples clients de la nation nervienne, a fait supposer que ces derniers ont habité le territoire de Grez et les localités environnantes; mais ce n'est qu'une simple hypothèse, qui toutefois n'est pas en désaccord avec l'opinion la plus vraisemblable sur la position des tribus clientes des Nerviens.
Au Xe siècle, Grez devint le chef-lieu d'un comté d'une étendue médiocre, ou plutôt d'un territoire appartenant à des seigneurs portant le titre de comtes. Ce territoire avait probablement la même étendue que la mairie de Grez, que nous retrouverons bientôt, existante au moyen âge.
Vers l'an 1000, la femme d'un comte Werner (de Grez) donna à l'abbaye de Gembloux différents biens, notamment deux manses situés à Morceshem (Morsain), et qui payaient un cens annuel de 10 sous de Louvain et 4 poules.
Herman, consul de Grez, fut au nombre des pèlerins belges qui, en l'an 1056, ramenèrent à Liège quelques reliques de l'apôtre saint Jacques de Galice.
Henri de Grez et son frère Werner figurèrent parmi les témoins de la charte de fondation de l'abbaye de Flône, en 1092, et de la cession de l'alleu de Genappe et de Baisy à l'abbaye de Nivelles, en 1096. Henri resta dans le pays, où il intervint encore, avec le titre de comte de Grez, à la fondation du prieuré de Frasnes, en l'an 1099. Mais Werner accompagna à la première croisade le duc Godefroid de Bouillon, dont il était le parent et un des conseillers. Albert d'Aix, auteur contemporain, exalte, en plusieurs endroits de sa chronique, son habileté dans l'art de la guerre et sa vaillance. Werner accompagna Godefroid à l'entrevue qu'il eut avec le roi de Hongrie, lorsque les croisés traversèrent ce pays, et à l'audience solennelle de l'empereur de Constantinople Alexis Comnène. Il fut l'un des huit chefs qui dirigèrent les chrétiens pendant leur marche de Laodicée à Antioche, l'un des capitaines qui allèrent chercher des vivres au port dit de l'Ermite Siméon et de ceux qui commandèrent à la grande bataille d'Antioche. Après la prise de Jérusalem, il resta à la Terre-Sainte et aida Godefroid à administrer et à défendre son nouveau royaume. A la tête de 140 cavaliers, il surprit les défenseurs de la forteresse d'Arsid, ce qui amena la reddition de cette place. Godefroid était déjà malade lorsque Tancrède, prince d'Antioche, et Werner assiégèrent le Château de Cayphas; mais celui-ci, atteint aussi par la maladie, dut se faire reporter à Jérusalem, où il mourut en même temps que son illustre parent. Huit jours après la mort de Godefroid, il reçut la sépulture dans la vallée de Josaphat, à la porte de l'église de Sainte-Marie.
Selon Guillaume de Tyr, le roi Godefroid avait, quelque temps auparavant, donné la forteresse de David, la citadelle de Jérusalem, au patriarche de cette ville, Daimbert, en ne s'en réservant que l'usufruit. Mais les exécuteurs testamentaires de ce prince et en particulier le comte Werner de Grez refusèrent de donner suite à cette cession. Godefroid avait à peine expiré, que Werner s'empara de la tour, la fit fortifier avec soin et se hâta d'envoyer des députés à son parent, le comte Baudouin, frère et héritier de Godefroid, afin qu'il arrivât sans retard. Il ne vit pas le résultat de ses démarches, car il mourut au bout de cinq jours, ce que quelques personnes, dit Guillaume, regardèrent comme un miracle.
Sanderus cite un autre Werner, comte de Grez, qui vivait sous le duc Godefroid III, et un troisième, contemporain du comte de Flandre Baudouin, qui se croisa en 1243 (sic); les légendes sur la fondation de l'abbaye de Florival parlent aussi des comtes de Grez, mais tous ces témoignages sont contestables. Parmi les nombreuses chartes des ducs de Brabant que nous avons eu l'occasion de voir, aucune ne mentionne des comtes de Grez postérieurs au héros de la grande croisade. Il est probable que, si lui ou son frère Henri laissèrent des descendants, les ducs les réduisirent à la condition de barons ou d'hommes libres de haut rang, et s'emparèrent en même temps, au moins en partie, de leurs biens et de leurs prérogatives.
Si l'on ignore comment s'éteignit le comté de Grez, on ne sait pas mieux à quelle époque la localité de ce nom devint une franchise. En 1226, Henri Ier admit les tenanciers du prieuré de Wavre habitant dans la paroisse de Grez à participer aux libertés accordées par ce prince à tous les tenanciers de la même communauté; la première mention de la franchise ne remonte qu'à 1298. Le sceau dont les échevins se servaient fut apposé à maint acte important, notamment à la grande charte de Cortenberg, de l'an 1372. Un maire particulier, représentant le duc et subordonné au bailli de Nivelles et du Brabant wallon, résidait à Grez. Il étendait sa juridiction sur les lieux suivants, dont on pourra apprécier l'importance respective par le montant de leurs cotes dans l'aide votée en 1383 :
Sohier, maire de Grez, ayant été reconnu coupable à la suite d'une enquête ordonnée en Brabant sur la conduite des officiers de justice, fut condamné par la duchesse Jeanne, le 15 mars 1370-1371, à payer une amende de 20 moutons, et, de plus, on déclara annulées toutes les dettes qui avaient été contractées envers lui.
Vers l'an 1401, le doyen de Grez fut arrêté par les officiers de l'élu de Liège, Jean de Bavière. Un nommé Ernekin ou Arnoul Helair ayant aidé ceux-ci à remplir leur mission, au préjudice des privilèges du duché de Brabant, fut poursuivi de ce chef et forcé de prendre la fuite. En 1410, Jean de la Neuve-Rue, bailli de Nivelles, mit sous séquestre deux bonniers qui lui appartenaient et les afferma, pour 12 ans et moyennant 2 muids de blé, à Houbin de Warnant.
En 1485, un sergent de Grez, Jean Daminode, ayant saisi des biens appartenant à Mathy De Mont, bour-geois de Louvain, reçut de cette ville des lettres qui lui prescrivaient de lever la saisie. Au lieu d'obéir, il jeta les lettres et refusa de les ouvrir, en se servant de mots injurieux à l'adresse de la bourgeoisie dont Mathy faisait partie. Il fut condamné à faire construire à Louvain deux verges de murs, et son frère Jacques, qui avait aussi insulté les Louvanistes, dut aller en pèlerinage à Strasbourg.
Pierre de Fontenies, qui fut nommé maire de Grez le 2 décembre 1483, ne put exercer son office depuis la fête de Noël 1480 jusqu'à la Saint-Jean 1496, à cause de la guerre qui régna à cette époque en Brabant et des ravages que les gens de guerre causèrent dans les campagnes. Au plaid du jour des rois, en 1488, les habitants de Grez prétendirent payer leur cens au receveur du domaine, suivant le cours que l'argent avait lors de l'échéance de ce cens, c'est-à-dire en longue monnaie (ajoute le Compte du receveur du domaine au quartier de Nivelles), mais le receveur refusa d'accepter cet argent autrement que comme « courte monnoie ». Les échevins du bourg ayant pris recours à leurs chefs de sens, les échevins de Louvain, ceux-ci donnèrent gain de cause aux habitants, et le receveur se vit condamner aux dépens.
En 1501, Jérôme Vander Veken prit à ferme la mairie de Grez et la garda jusqu'en 1515, mais une partie des amendes furent perdues et diminuées lors de la prise de Tirlemont par les Gueldrois, en 1507. Grez et Doiceau souffrirent du passage des troupes de Van Rossem en 1542, et obtinrent remise d'une fraction de leur cote dans l'aide : Grez, jusqu'à concurrence de 38 livres; Doiceau, jusqu'à concurrence de 8 livres.
Pendant les guerres de religion, à partir de 1572, Grez fut cruellement éprouvé. L'invasion du prince d'Orange, qui vint se présenter devant Louvain, à la fin d'août 1572, en commença les malheurs. Le jour de la défaite du sire de Glymes par la cavalerie espagnole, à Vissenaeken, en 1576, le bourg fut pillé par les soldats victorieux. L'année suivante, il fut successivement ravagé par les gens de guerre que les Etats de nos provinces réunirent dans le but d'attaquer les Espagnols retirés dans la citadelle d'Anvers, par ceux qui contribuèrent à former l'armée campée à Gembloux, par ceux qui furent envoyés à Grez, le lendemain du jour de Saint-Paul; par les dix-huit enseignes du régiment de Balfour, que l'on cantonna aux environs de Wavre. Ces derniers arrêtèrent à Grez le receveur du domaine de Nivelles, Trilleman, et ne le relâchèrent qu'après lui avoir extorqué une rançon et grâce à l'intervention de ses amis. Au mois de novembre, les fermiers et autres habitants se retirèrent : les plus riches à Louvain, Tirlemont, Hougaerde; les autres dans les forts et châteaux de Grez et des environs, afin d'éviter les maraudeurs qui arrivaient presque tous les jours du camp de Gembloux.
La bataille gagnée près de cette ville par les Espagnols fut suivie d'un nouveau pillage de Grez. Le fermier de la brasserie et taverne appartenant au domaine et au seigneur, Gilles De Mée, perdit ses chevaux, ses bestiaux, ses meubles, et mourut bientôt de la contagion. Sa veuve parvint à grand-peine à faire récolter 550 gerbes de seigle et 600 de froment, mais elles lui furent enlevées presque immédiatement par les pauvres habitants du voisinage, par les soldats espagnols qui occupaient Louvain et les châteaux de la Motte et de Laurensart, et par les troupes des états, qui, au mois de septembre, passèrent par Grez dans leur marche vers Genappe et Nivelles. C'est alors que le comte de Boussu, général des états, prit en un seul jour les châteaux de la Motte, de Laurensart et de Dion-le-Val. Le premier, où il ne se trouvait que 15 à 16 soldats et des paysans, résista; mais le célèbre Lanoue, alors maître de camp, et le colonel Michel Caulier, à la tête d'un détachement d'Anglais, se jetèrent dans les fossés, les traversèrent, ayant de l'eau jusqu'à la ceinture, et emportèrent le château. Les soldats de la garnison de la Motte furent passés au fil de l'épée; les paysans qui avaient combattu avec eux obtinrent la vie sauve.
La veuve de De Mée mourut dans l'indigence. La brasserie qu'elle exploitait, ainsi qu'il conste d'une déclaration des maire et échevins de Grez, était entièrement ruinée, dépouillée d'ustensiles, de portes, de fenêtres, le toit mis à découvert; les planches des greniers étaient emportées et brûlées, les parois ou cloisons rompues, les terres et prés dépendants de l'usine en friche et sans culture, et cette triste situation était celle de presque toutes les habitations du plat pays.
Des procès pour vaudoisie et sorcellerie avaient déjà été intentés au commencement du XVIe siècle, et, en 1195-1498, une Marion de Lancsoy n'avait échappé à une condamnation sévère qu'en promettant de payer un florin du Rhin, promesse qu'elle ne tint pas. Du temps d'Albert et Isabelle, les accusations du même genre devinrent plus fréquentes et aboutirent d'ordinaire à un dénouement tragique. Jeanne de Broux, citée devant les échevins de Grez pour ses mauvais comportements, actes de sorcellerie et autres démérites, fut condamnée, le 18 août 1611, à être étranglée, puis brûlée.
A cette époque habitait à Grez un capitaine nommé Blaise Plainfin, propriétaire de la cense de Mortsain, qu'il vendit à Etienne Hulet, seigneur de Limelette. C'était un soudard d'un singulier caractère. Un jour, il empêcha, en le frappant de ses pistolets, le maire de Grez d'accomplir son office; il répudia sa femme légitime pour vivre avec une concubine. Cité par-devant les hommes de fief de Lothier, à Genappe, il fut condamné, le 9 septembre 1611, à une amende de 300 livres, plus 117 livres pour frais de justice. A la demande du lieutenant-bailli du Brabant wallon, on lui donna pour prison la demeure de l'auditeur Puteanus (7 avril 1612); mais il la quitta et s'enfuit pour la Lorraine. Arrêté à Perwez et enfermé à Genappe, il disparut de nouveau; un second jugement, en date du 24 novembre 1612, l'exila du Brabant wallon et prescrivit la confiscation de ses biens, dont la vente produisit 244 livres.
Pendant le XVIIIe siècle, la population du bourg, comme celle de toute la mairie, s'accrut considérablement. Cette dernière ne s'élevait, en 1709, qu'à 1,246 habitants, tandis qu'en 1784 elle était de 2,897 habitants, parmi lesquels 12 prêtres et 747 enfants âgés de moins de 12 ans.
En l'an III, Grez devint le chef-lieu d'un canton qui comprenait les communes suivantes : Archennes, Beauvechain, Biez, Boulez, Bossut, Chapelle-Saint-Laurent, Dion-le-Val, Dion-le-Mont, Doiceau, Gottechain, Grez, Hamme, Longueville, Mille, Nethen, Nodebais, Ottenbourg, Piétrebais, Rhode-Sainte-Agathe, Tourinnes et Weert-Saint-Georges. L'assemblée primaire du canton, qualifiée du titre pompeux d'assemblée primaire de salut public, se réunit dans l'église paroissiale de Grez en l'an V et les années suivantes. La gendarmerie du canton occupa d'abord une partie de l'abbaye de Valduc, au centre de l'enclos de ce monastère; comme ce local était peu convenable et extrêmement dégradé, elle l'abandonna pour la cure de Grez, où elle était casernée en l'an VIII.
A la suite de l'organisation de l'an VIII, on en établit à Grez une qui dépendait de l'arrondissement de Louvain, et dont l'étendue était la même que celle du canton, sauf que l'on y ajouta Huldenberg. Quatre de ses vingt-deux communes ont depuis été supprimées : Chapelle-Saint-Laurent a été annexée à Piétrebais, Doiceau à Grez (par décret impérial en date du 14 août 1811), Gottechain à Bossut, et Mille à Hamme.
En 1817, Grez fut érigé en chef-lieu d'un canton de milice, qui a été supprimé le 30 décembre 1822 et en partie réuni à celui de Wavre, en partie remplacé par celui de Hamme-Mille, dans lequel Grez a été compris. La même année, la justice de paix subit un sort semblable : elle fut d'abord réunie en partie à celle de Wavre (Archennes, Biez, Bonlez, Bossut, Dion-le-Mont, Dion-le-Val, Grez-Doiceau et Nethen), en partie au canton de Jodoigne (Beauvechain-Tourinnes, Nodebais, Hamme-Mille, Piétrebais, Chapelle-Saint-Laurent, Longueville), en partie au canton de Louvain n° 2 (Huldenberg, Ottenbourg, Rhode-Sainte-Agathe et Weert-Saint-Georges). Un second arrêté, du 30 décembre suivant, fit entrer Grez, Bossut et les communes réunies au canton de Jodoigne dans celui de Tirlemont, n° 1. Quelques mois après (le 13 avril 1823), un autre arrêté royal restitua à la justice de paix de Wavre Grez-Doiceau et Bossut-Gottechain, et à celle de Jodoigne Beauvechain-Tourinnes, Hamme-Mille, Longueville, Nodebais, Piétrebais et Chapelle-Saint-Laurent. Par suite de ces modifications, la presque totalité de l'ancienne justice de paix de Grez passa de l'arrondissement de Louvain dans celui de Nivelles.
Grez reçut un drapeau d'honneur en 1832, en souvenir de la valeureuse conduite de quelques-uns de ses habitants pendant la révolution de 1830.
On a demandé au conseil provincial de provoquer le rétablissement du canton de Grez et sa réintégration dans l'arrondissement de Louvain; mais toute discussion à ce sujet a été ajournée, le 19 juillet 1849, jusqu'à la présentation aux chambres législatives d'un travail général sur la circonscription judiciaire des différentes parties du royaume.
Vers l'année 1852, un grand mouvement d'émigration pour l'Amérique se manifesta à Grez, à Biez et dans d'autres localités adjacentes. On évalue à 600 le nombre des personnes qui quittèrent Grez, outre 88 qui partirent pour Charleroi et 100 qui abandonnèrent Biez. Dans le principe, les émigrants aux États-Unis eurent à lutter contre de grandes difficultés, et beaucoup d'entre eux souffrirent des privations inouïes; mais leur persévérance parait avoir triomphé des obstacles, et aujourd'hui une colonie belge, renfermant près de 7,000 habitants, occupe une partie des environs de Green-Bay, dans le Wisconsin. Les établissements qu'elle a fondés sous les noms de Grez-Daems, Dyckesville, Saint-Sauveur, Grand-Lez, Walhain, Sucrerie, Rosières, Nouveau-Bruxelles, rappellent le souvenir de la mère-patrie. Chacun d'eux a des écoles où l'instruction est donnée gratuitement et des églises catholiques s'élèvent à Grez-Daems et Rosières.
Grez a été, aux Xe et XIe siècles, le chef-lieu d'un petit comté, et du XIIIe siècle à l'an III, celui d'une chef-mairie du Brabant wallon. Chef-lieu d'un canton, à partir de l'an III, et d'une justice de paix, à partir de l'an X, tous deux situés dans l'arrondissement de Louvain, elle n'est plus qu'une simple commune du canton de Wavre.
Le duc de Brabant avait à Grez la juridiction à tons les degrés et y percevait les amendes, conformément à la loi de Louvain. Seulement, il existait à Grez même (sous le nom de seigneur de Piétrebais) à Doiceau, à Sart, au bois de Berquit, des seigneurs particuliers, ayant, comme nous le dirons plus loin, des prérogatives plus ou moins étendues.
Le domaine ducal de Grez avait, dans le principe, une assez grande importance. Le souverain y était représenté par deux officiers : un maire et un receveur. Rengold, villicus ou maire de Grez, est cité dans une charte de l'an 1209. Les Archives du royaume possèdent les comptes de la mairie du 4 juillet 1466 au 23 mars 1626. A cette dernière époque, la haute, moyenne et basse justice que le duc de Brabant possédait dans les différentes parties de la mairie avait été complètement engagée et toutes les amendes se percevaient au profit des seigneurs engagistes. Pour ce qui concernait les aides, la mairie de Grez ressortissait à Louvain, dès l'an 1420.
Le receveur de Grez était subordonné au receveur de Nivelles; lorsqu'un procès s'élevait dans la mairie, au sujet d'un bien tenu à cens du duc, c'était le receveur qui jugeait, assisté des alloyers ou alleutiers. Dans l'origine, le domaine possédait la dîme, le bois de Berquit, des terres, des cens et redevances. La dîme était, en partie, tenue en fief du duc par des laïques, qui en gratifièrent diverses communautés religieuses; en partie, perçue directement an profit du souverain. Henri 1er donna cette dernière fraction à sa fille Mathilde, comtesse de Hollande, qui en fit abandon au monastère de Valduc. Cette cession fut ratifiée, le samedi après la Saint-Barnabé, en 1206, par le duc Henri II et confirmée, le 2 septembre 1276, à la demande de Marguerite de Brabant, abbesse de Valduc, par le petit-neveu de Marguerite, le duc Jean Ier.
Le Bois de Berquit fut assigné par le même Jean Ier à son frère Godefroid, seigneur d'Aerschot. Il passa, par des partages et cessions successifs, dont nous avons parlé plus haut, entre les mains de Renaud, sire de Schoonvorst. Jean Pinnock se le fit adjuger, en remboursement de sommes qui lui étaient dues, et le vendit, avec le consentement de Conrad de Schoonvorst, frère de Renaud, à Rase de Rivieren, sire de Neer-Linter (relief du 13 septembre 1398); Henri de Holsbeke, à qui Rase devait 6,000 couronnes, l'acquit ensuite (r. du 11 août 1404), et le céda, le lendemain, au chapitre de Cambrai (r. du 14 du même mois). Ce corps reconnut, à cette occasion, devoir servir la duchesse de Brabant par un homme d'armes, pour ce bois, qu'il posséda jusqu'à la domination française. Il y joignit, le 8 novembre 1407, le Bois de Fa, d'une étendue de 22 bonniers 1 journal, situé entre le précédent et le bois de demoiselle Marie de Bouler ou Bonlez ou Sinte Marie Haye, et acquis de Philippe de Dion, et, le 3juillet 1416, moyennant 105 couronnes de France, 10 1/2 b. de bois, se trouvant entre le bois de Berquit et le bois de Jean de la Tour, que Gilles, fils de feu Guillaume de Bouler, tenait en fief de Jean de la Tour.
Le bois de Berquit formait une juridiction particulière, qui comprenait alors 277 bonniers s'étendant entre Grez et Dion-le-Val; avec un maire, des jurés et des sergents, et le droit, pour le seigneur, de percevoir les amendes, forfaitures et profits de toute espèce et d'y avoir une garenne. Le tribunal siégeait à l'endroit dit la Croix de Bierquit; il avait surtout pour mission de juger des délits forestiers, ne pouvait prononcer de sentences que si les marchands de bois dont il se composait étaient au moins au nombre de quatre; en cas de doute, ils allaient à chef de cens aux marchands de la tombe de « Merdaul deleis Louvain ». Pour chaque exécution, les deux sergents recevaient un vieux gros.
Ce qui resta du domaine ducal aux souverains du Brabant comprenait, en 1626, une moitié du moulin à eau, la brasserie banale, 44 1/2 b. de terres, 3 b. de prés, qui furent alors compris dans l'engagère de la haute, moyenne et basse justice de Grez. Ces terres et prés constituaient les sept enclaves qui sont désignées sur la carte manuscrite de Ferraris comme appartenant au souverain : six se trouvaient sur la rive gauche du Train, depuis Morsain jusqu'à Lembais et la septième sur la rive droite, près de Lembais, au champ des Quatorze bonniers.
En 1403-1404, les cens produisirent : à l'Assomption, 8 livres 10 sous payement; à la Noël, 14 livres 19 sous 4 deniers. En 1626, ils consistaient en 43 livres 7 sous 9 deniers (ou, suivant un autre document, en 18 setiers de seigle, 23 2/3 muids d'avoine, 35 1/2 pains, 44 livres 10 sous 4 deniers, 500 chapons, 200 poules). Quelques habitants payaient en outre 78 pains, qui étaient alloués au receveur comme émoluments; ils fournissaient 7 1/2 fourches de corvées.
La haute, moyenne et basse justice de Grez, de Chapelle-Saint-Laurent et de Nodebais fut engagée, le 10 février 1558-1559, à François de Baillet, seigneur de Piétrebais (à Grez), moyennant 482 livres. M. de Baillet la transmit à ses héritiers. En l'an 1600, les habitants de Grez s'engagèrent à contribuer dans le rachat de cette juridiction, à la condition que Doiceau serait également désengagé. Le marquis d'Havré, du conseil des finances, ayant néanmoins ordonné de tenir en suspens cette dernière opération, la communauté de Grez refusa de liquider son compte avec l'auditeur, sire Jean de Cortenbach, à qui elle avait consigné son argent. En vertu d'un ordre des archiducs Albert et Isabelle, du 28 août 1600, les 482 livres furent payées aux héritiers de Baillet; elles avaient été fournies à Christophe Godin, receveur général, par le maire Jean Havart, à qui on laissa sa mairie pour en jouir à titre viager et à la condition de remettre aux officiers du souverain un tiers du montant des amendes. Le 5 août 1626, la seigneurie de Grez, avec la brasserie, le Belvider (?), la moitié du moulin à eau, des terres et des prés, des cens, le droit de congé en cet endroit et 76 bonniers à Nodebais, fut engagée à Jean Bertholt, baron de Wonsheim, moyennant 30,100 florins, outre 15,000 florins pour les villages de Nodebais et de Chapelle-Saint-Laurent; le comte les acheta définitivement le 10 janvier 1645 (r. du 7 avril 1646), et eut pour successeurs :
Ennengarde de Ghislenghien, dame de Promelles (à Vieux-Genappe), sa veuve (r. du 23 février 1647);
Jean-Bertholt-François-Chrétien, comte de Wallenrodt, son petit-fils ( r. du 18 février 1679);
Catherine-Charlotte, comtesse de Furstemberge, sœur du précédent (r. du 14 février 1699);
Le comte de Limminghe, seigneur de Pietrebais, à Grez, et sa femme, par achat (r. du 13 novembre 1704)
Les états de Brabant, administrateurs du domaine, par acquisition des héritiers du précédent, et qui firent régir le domaine de Grez par Jean-Baptiste Thomas, greffier de cette localité, depuis le 1er août 1770 jusqu'à la fin de 1772; pendant ces dix-sept mois, les recettes s'élevèrent à 2,046 livres 15 sous, les dépenses à 121 livres 18 sous seulement;
Le comte de Lalaing, chambellan, par acquisition de Jean-Gosuin Vanden Broeck, agissant au nom des états dont il était le receveur général au quartier de Bruxelles (r. du 29 février 1772), moyennant la somme de 70,000 florins;
François-Joseph, comte de Limminghe, seigneur de Nodebais et de Chapelle-Saint-Laurent, et sa femme Eléonore Dolonergain O'Brien, par cession du précédent, et qui transmirent à leur fille Grez, Nodebais et Chapelle-Saint-Laurent.
A Doiceau, où il y avait alors 20 maisons, la haute justice devint, le 5 mai 1559, la propriété de Charles de Revel, chevalier, seigneur d'Audregnies, époux de la dame de Sart ou Laurensart, qui l'acheta 150 livres (r. du 27 mars 1560-1561). En 1607, messire Jean de Dion, chevalier, seigneur de Wandonne ou Wandoinne, Sart etc., offrit de donner 150 florins si on voulait lui laisser, pendant dix ans encore, cette engagère. Comme il n'existait alors que 9 à 10 maisons à Doiceau et que les archiducs n'y possédaient aucun revenu, sa proposition fut acceptée, le 9 décembre, à la condition que, si on sollicitait le rachat de l'engagère, il n'y mettrait aucun obstacle et n'exigerait pas le remboursement des sommes payées pour obtenir la jouissance temporaire de la haute juridiction. Plus tard, cette dernière fut abandonnée par Albert et Isabelle, à titre viager : d'abord à l'audiencier Verreycken, le 7 septembre 1617; puis à son fils, François-Louis Verreycken, le 9 novembre 1620. Celui-ci l'engagea, pour la somme de 1,000 livres, le 18 juillet 1630; l'acheta irrévocablement, pour 2,200 livres en plus, le 29 janvier 1644 (r. du 11 mars 1645), et l'unit définitivement à son comté de Sart.
A Sart, Minonsart, Lonsinsart et Tinissart, la haute justice fut engagée, en 1505, à l'audiencier Laurent Du Blioul, seigneur du lieu, moyennant 50 florins philippus; rachetée par le domaine quelques années après, elle fut vendue absolument, pour 150 livres, le 5 mai 1559, à Charles de Revel, qui s'était allié à l'héritière des Du Blioul. Dans cette dernière seigneurie, le souverain n'avait possédé que le droit de se faire livrer les criminels et de les envoyer au supplice (r. du 22 mars 1561 1562). Depuis cette époque, la seigneurie de Sart ou Laureusart, où il n'y avait que quatre maisons, fut aussi haut-justicière.
La franchise de Grez avait pour magistrats le maire et les échevins; ceux-ci recevaient du domaine ducal, pour le past ou dîner qui avait lieu lors du plaid général, à la Noël, deux florins du Rhin ou 5 sous 6 deniers (en 1404-1405). Sous le rapport des aides, Grez formait en 1383, six juridictions différentes qui furent plus tard réduites à quatre : Grez, Doiceau, Sart et Bierquid. Aujourd'hui Grez a neuf conseillers communaux, dont cinq sont pris à Grez et dans les hameaux non désignés, deux à Doiceau et Gasthuche, et deux à Hèze.
Il y avait autrefois au centre du bourg, sur le marché, une raethuys ou maison de conseil, qui payait au domaine un cens de deux vieux gros; ce cens n'ayant pas été payé en 1419-1420, la propriété fut saisie. Près de là existait une boucherie, qui, en 1404-1405, était abandonnée. Il était dû également au domaine 6 deniers payables tous les ans à la mi-août « pour staul (étal) qui fut Collart de la Tannerie, à Grez, au marchiet, là où soulloit vendre char (chair) ». Aujourd'hui l'étage de l'école communale pour les garçons sert de local à l'administration.
Le sceau de la franchise (en 1298, 1415, 1494) offrait la représentation d'un cavalier (Saint-Georges, le patron de la paroisse) armé de la lance et du bouclier. La légende mutilée du sceau apposé à un acte de l'an 1415 ne nous a fourni que ces mots : SCAB et, dans le champ du sceau, GEORGII Les actes scabinaux se rédigeaient en français, dès l'année 1298.
Le greffe de Grez se trouve au tribunal de première instance de Louvain. De même que les échevins de Grez, ceux de Doiceau, de Sart, de la Motte suivaient la coutume de Louvain; ceux de Grandsart à Bonlez et probablement d'autres tribunaux inférieurs allaient à chef de sens à Grez. Ceux de Doiceau, au moyen-âge, n'ayant pas sceau commun, se servaient du sceau de la franchise.
Il y avait, à Grez, une gilde de l'arc, qui assista, en 1551, à la révision des statuts du landjuweel ou grand concours de l'arc, à Louvain.
Les habitants de la paroisse avaient jadis le droit de faire pâturer leur bétail, du 15 juillet au 15 mars, sur les prés dits la Commune de Grez, qui se trouvaient près de la Dyle et du ruisseau le Doisselet (ou Pisselet), à proximité des dépendances du château de la Motte. Il était d'usage de n'envoyer les bestiaux en cet endroit que lorsque les propriétaires des prés avaient ordonné d'y effectuer une première fauchaison; mais, lors des grandes guerres qui désolèrent le Brabant en 1488-1489, la plupart des paroissiens , et surtout les plus riches et les notables, s'absentèrent; dans l'entre-temps, les pauvres prirent l'habitude de faire entrer leur bétail dans la Commune dès le jour de Saint-Jean (24 juin) et de l'y laisser jusqu'à la Saint-Georges (23 avril). Mais, le 12 mars 1535-1536, les habitants se réunirent en assemblée générale dans l'église et là, en présence du maire et du lieutenant-maire, ils décidèrent le rétablissement de l'ancien usage, en comminant contre celui qui y contreviendrait une amende d'un demi-carolus d'or, au profit de l'empereur, pour les deux tiers, et du maire, pour le tiers restant. Le 21 mai de la même année, on déclara, sous peine d'une amende d'un carolus, que les pourceaux ne pourraient être amenés dans ce pâturage. Les prescriptions qui précèdent furent, à la demande des échevins, sanctionnées par le conseil de Brabant, le 17 janvier suivant. Actuellement, la commune ne possède que 4 hectares 71 ares (les biens particuliers du hameau de Hèze non compris).
Le budget de la commune, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Parmi les recettes figurent fr. 46-75, provenant de la ferme des boues, et fr. 240, produit d'un droit de barrière.
Il existe, au hameau de Hèze, une communauté qui est, en Brabant, la seule de son genre. Les habitants de cette localité ont, de temps immémorial (en vertu d'une charte de la duchesse Jeanne, si ce que l'on nous a dit est exact), la propriété d'une partie de terrains assez étendue, qu'ils administrent ou exploitent à leur profit. Ces biens sont chargés de quelques services religieux, qui s'exonèrent encore. Nous sommes dans l'impossibilité de donner des éclaircissements à ce sujet, parce les archives de la commune sont fort pauvres. Quant à celles du hameau, lorsque l'un de nous, à qui jour avait été fixé, se présenta pour en prendre inspection, on trouva, dans l'école de Hèze, le petit coffre qui les contient; mais on ne put l'ouvrir, parce que la clef confiée à l'échevin présent à l'opération était complètement rouillée et hors de service, et que cet échevin se refusa à faire sauter la serrure. Nous avons trouvé un seul compte ancien de la communauté de Hèze, celui de l'année 1779. Il est établi de la manière suivante :
La majeure partie de cette dernière somme (957 fl. 7 s.) fut distribuée par parts égales (de 40 fl. 9 s. chacune) entre les 23 ménages du hameau, sauf qu'un autre chef de famille, qui n'y habitait que depuis deux ans, ne reçut que 26 fl. 18 s.
Une contestation s'étant élevée, au sujet des biens communaux de Hèze, entre les habitants de cette localité et ceux de Grez, le conseil de Brabant fut saisie de la question et promulgua, le 12 décembre 1783, un nouveau règlement, dont voici les principales dispositions : Le 22 décembre de cette année, le maire de Grez convoquera une assemblée de la communauté et y présidera, assisté de deux échevins et du greffier du bourg ; — les pères de famille et, à défaut du père, les mères de famille pourront seuls s'y présenter; — on y élira deux députés administrateurs, qui devront être âgés de 25 ans au moins et être pères de famille, à moins que le père ne se porte caution pour son fils; — ils jouiront d'émoluments s'élevant, par an et pour chacun, à 18 florins; — le premier député restera en fonctions jusqu'au 1er mars 1785 et le second un an de plus; — chaque année, ou élira un nouveau député, de manière à ce qu'il y en ait toujours deux en fonctions.
Cette organisation traversa les révolutions et les bouleversements politiques. Les assemblées générales, comme le dit l'exposé de la situation de la commune pour 1839, « n'ont rien que d'ordinaire depuis que la révolution de 1830 nous a dotés d'élections populaires et de la publicité des comptes communaux; mais, antérieurement, la réunion, en plein air, de 93 chefs de ménage d'un hameau, choisissant librement leurs députés, examinant et débattant l'emploi de leurs revenus, et en fixant l'assiette pour l'avenir, dans un sens et sous des formes toutes démocratiques, offrait un spectacle aussi piquant que rare en son genre ».
Bientôt des conflits surgirent. Le hameau ayant fait difficulté d'intervenir dans les frais de construction d'une école spécialement destinée à son usage, un règlement communal du 2 juin 1847 attribua la gestion des biens de Hèze aux deux conseillers élus par le hameau. Le conseil s'est réservé l'administration, mais on forme un budget distinct pour Hèze et chaque ménage ayant deux ans de résidence reçoit une part égale dans le produit disponible.
Le budget, pour 1840, solde comme suit :
Dans les dépenses figurent :
Voici les chiffres principaux du budget de 1859 :
Les biens communaux de Hèze occupent une superficie approximative de 50 hectares.
Comme nous venons de le voir, il existait à Grez quatre seigneuries principales : Pietrebais ou Grez, Bierkuit, Doiceau et Sart. Le Roy prétend qu'il s'y trouvait anciennement quinze manoirs habités par des chevaliers; mais ce chiffre est évidemment exagéré, car il ne serait possible de l'obtenir qu'en attribuant de l'importance à des tenures féodales de rang inférieur.
On ne sait où habitèrent les comtes de Grez; on peut toutefois supposer que leurs domaines, en totalité ou en partie, passèrent aux chevaliers de Grez, qui apparaissent dans les chartes cinquante ans environ après la première croisade. Ces chevaliers sont qualifiés tantôt d'homme libre (ingenuus homo, c'est-à-dire de baron ou de noble de haut rang), tantôt de membre de la familia du duc de Brabant.
En 1152 vivait Thomas de Greis, homme libre;
En 1187, Arnoul de Greis est classé dans la familia du duc;
En 1200, on mentionne Rase de Grées, Marie, sa femme, Nicolas, leur fils;
Nicolas, chevalier de Greis, avec le consentement du duc Henri Ier, donna à l'abbaye d'Aline le bois de Festiaux, situé à Grez, près de la ferme de Beausart, et les terres et bruyères qui y étaient annexées (1209). Ce Nicolas comptait parmi ses vassaux le chevalier Evrard de Ranario, et Menzon de Duvencel ou Doiceau, qui cédèrent à l'abbaye d'Alne : le premier, un huitième de la dîme de Grez et un cens de 17 deniers de Louvain, 4 chapons et 1 poulet; le deuxième, une terre. Leurs donations furent ratifiées par leur suzerain immédiat, le chevalier Nicolas, puis, le 12 juin 1214, par le duc Henri Ier, de qui Nicolas tenait ces biens en fief.
En 1213, apparait Eholin, chevalier de Greis;
Gérard, chevalier de Greis, était tuteur de Wicard de Dion, en 1219; par une charte donnée à Grez même, au mois d'avril 1224, il céda à l'abbaye du Parc-les-Dames les dîmes qu'il tenait en fief du duc. C'était de lui que les de Duenceal ou de Doiceau relevaient les dîmes qu'ils percevaient dans la paroisse de Dion-le-Val (à Doiceau).
Rodolphe, chevalier de Greis, cité en 1242, n'est autre sans doute que le Rodolphe de Petrebais d'un acte datant de 1209;
Guillaume de Petrebais était, en 1237, vassal du chapitre de Liège, pour une dîme à Biez. Au mois de janvier 1276-1277, le chevalier Rase de Petrebais abandonna aux religieuses de Valduc une autre partie de la dîme de Grez, cession qui fut ratifiée par le duc Jean Ier, de qui il relevait cette dîme. Ce Rase fut désigné pour porter l'étendard ducal à la sanglante bataille de Woeringen. Pendant l'action, son cheval fut tué et il tomba, entraînant son glorieux drapeau, mais bientôt on lui amena un nouveau cheval et les sonneries des trompettes, qui avaient été un instant suspendues, annoncèrent aux Brabançons que la victoire ne désertait pas leurs rangs. La pierre sépulcrale de ce guerrier ornait jadis le chœur de l'église abbatiale de Villers; achetée par M. De Man de Lennick, elle a été récemment acquise pour le Musée royal d'antiquités. Elle se compose d'une grande dalle en pierre bleue, incrustée de marbre blanc, et offrant l'effigie d'un chevalier armé de toutes pièces, étendu dans une niche ou chapelle gothique et ayant les pieds appuyés sur un lion. La tête et les pieds, qui étaient d'argent, si l'on en croit la tradition, ont été enlevés, probablement lors de la suppression du monastère. Tout autour de la dalle on lit l'inscription suivante :
chi gist raes de greis chlr (seig : d)e bierc ki......... de la ilh ala outremeir en a., re et porta le standar a waronk avek le duc jehan et trépassa lan de grasche MCCCXVIII le vigile saint-thomas (le mot priis, pour priez, a été oublié par le graveur et placé plus bas) por sanne et por son boin signour le duc Jehan.
Vers 1312 vivaient le chevalier Gilbert de Greis, et Raule ou Rodolphe de Greis, qui, en 1311, acquit le village de Biez du chapitre de Saint-Lambert de Liège, et tenait en fief, du duché de Brabant, de grands biens à Grez. Gilbert s'allia à Clémence, fille et héritière de René, sire de Malève, qualifiée d'abord de dame de Rixensart (en 1293), et qui fut ensuite dame de Malève.
Plus tard apparaissent plusieurs chevaliers de Grez, qui semblent être tous nés de Gilbert et qui héritèrent de lui et de Rodolphe. Gilbaud ou Gilbert de Grez, que Sanderus qualifie de seigneur de Bierch et de Hauchines, posséda la maison (ou château) de Grez et ses dépendances et acquit en outre le domaine voisin de Froideval, que, dans la suite, il céda à son frère Baudechon ou Baudouin, en échange de la terre de Malève. Ce gentilhomme fut l'un des juges de l'enquête ordonnée en Brabant, en 1334; scella le traité entre le duché et la Flandre, en 1336, et fut sommé, en 1356, de prêter serment de fidélité à Louis de Male. Selon Hemricourt, il épousa la fille aînée du chevalier Rase de Seraing, et, d'après Sanderus, il mourut le jour de la Sainte-Dorothée, en 1364. Rase de Grez fut seigneur de Malève, mais il mourut sans enfants, en 1351, et fut enseveli, ainsi que sa femme, Marguerite de Linter ou Neer-Linter, dans la chapelle de Saint-Georges, à Grez. Il eut pour héritier son frère Baudechon ou Baudouin, qui acquit les droits de son frère Gilbert sur ce domaine en lui cédant la terre de Froideval, et dont le fils, Rase de Grez, fut aussi seigneur de Malève par relief de l'an 1379-1380. Sire Gilbert de Grez dit de Soyse, autre frère de Gilbert, releva en 1375-1376, les biens de Grez, qu'il vendit à sire Engelbert, qui était également son frère (r. de 1376-1377). Ce dernier posséda à la fois l'alleu de Biez et la maison de Piétrebais, avec ses fossés, son jardin, sa vigne, ses ornements de chambre, en tapisseries, dont quatre de couleur jaune et quatre de couleur bleue.
Mais, avant Gérard, sire Rase de Linter (ou Neer-Linter), fils de Daniel de Rivieren, sire de Neer-Linter, et de Marie de Grez (peut-être une fille du premier Gilbert de Grez), avait fait hommage de Grez, en 1373-1374, puis de Froideval après le décès de Gilbert (r. de 1375-1376), et posséda ces biens en même temps que ceux de Neer-Linter. Il eut pour successeurs :
Rase de Rivieren, son fils (r. du 9 juin 1425);
Rase, fils du précédent (r. du 14 décembre 1440);
Cécile de Rivieren, fille de Rase (r. du 18 août 1457), et qui avait déjà relevé Grez comme garantie d'une rente annuelle de 100 livres, constituée à son profit par son père (r. du 27 novembre 1449;
Cécile était alors placée sous la tutelle de son frère Daniel; elle épousa ensuite Philippe de Baillet, qui accompagna en France le sire de Renty; pour le punir de cette défection, Charles le Téméraire, par lettres datées de son camp lez Amiens, le 18 mars 1470-1471, ordonna de confisquer les biens de Ranst;
Rase de Baillet, leur fils (r. du 25 novembre 1490), en se mariant avec Jeanne de Gesves, lui assigna pour douaire une rente annuelle de 200 florins, qui devait être réduite de moitié si Jeanne restait veuve avec des enfants (r. du 11 novembre 1494);
Fastré de Baillet, fils de Rase (r. du 13 janvier 1504-1505); après lui, un traité à l'amiable fut conclu, le '24 septembre 1524, par forme de condamnation volontaire passée en conseil de Brabant, entre ses frères Jean, Rase, Louis et François;
Rase et François de Baillet, après la mort de Jean, leur frère (r. du 14 avril 1529-1530);
François seul, après la mort de Rase (r. du 21 janvier 1532-1533);
Lui et sa femme, Marguerite de Spontin, testèrent le 28 août 1553;
Messire Jacques, fils de François (r. du 20 août et du 8 octobre 1569). Comme il mourut sans enfants, sa succession provoqua de longs dissentiments entre ses trois sœurs : Jeanne, femme de messire Jean de Hontois (r. du 11 mai 1570);
Anne, qui épousa messire Hustin d'Oultremont, et Marie, femme de Guillaume Hoen Van Carteyls (r. du 18 janvier 1569-1570). Le conseil de Brabant, saisi de cette question de succession, adjugea un tiers des biens contestés à chacune des trois sœurs; les droits d'Anne de Baillet, en particulier, furent déterminés par la cour féodale, le 23 mai 1572 et le 24 décembre 1576;
Le tiers d'Anne de Baillet passa à ses enfants : messire François d'Oultremont, seigneur de Flémalle et de Soye, gouverneur du pays et de la forteresse de Stavelot, Jeanne et Anne (r. du 22 juin 1605).
François succéda à cette dame (r. du 29 décembre 1622), et acheta encore une fraction des biens à messire Philippe d'Oultremont, seigneur de Vaulx (r. du 20 avril 1624) qui l'avait héritée de sa mère Jeanne de Lonchin, descendante d'un sire de Lonchin et de Jeanne de Gesves, veuve de Rase de Baillet (r. du 12 avril 1612);
La part de Jeanne passa à Jean de Hontoye, son fils, puis à Gauthier, fils de celui-ci, et Gauthier, à son tour, la céda à François d'Oultremont (r. du 29 décembre 1622);
Quant à Marie de Baillet et à son mari Guillaume Hoen, seigneur de Rummen, de Geet-Betz et de Binkem, ils laissèrent pour héritiers messire Florent Hoen dit de Carteils et d'autres enfants (r. du 15 juin 1592). A Florent succéda son frère Jean (r. du 26 avril 1604), qui céda ses droits à sa sœur Isabelle, femme de messire Jean Vanden Berghe dit Trips, drossard de Rolduc. Isabelle et Jean, à leur tour, vendirent la part de Marie de Baillet à François d'Oultremont (r. du 17 octobre 1616).
Messire Prospero ou Prosper d'Oultremont, après la mort de sa mère, Constance de Briaulmont et par cession de son père (r. du 27 novembre 1628);
Lamoral Vanden Berghe et sa femme Catherine de Taxis, par acquisition à sire François et aux tuteurs; de Prosper (r. du même jour);
Antoine de Taxis, chanoine de l'église de Notre-Dame, d'Anvers (r. du 24 novembre 1637);
Sire Lamoral Vanden Berghe et sa femme, par rétrocession à leur profit (r. du 18 juin 1643). Lamoral fut échevin et trésorier de la ville d'Anvers, de 1617 à 1622, puis maître ordinaire de la chambre des comptes de Brabant; il augmenta considérablement l'importance de la seigneurie de Piétrebais. Par lettres patentes du 28 février 1630, il fut autorisé à réunir différentes possessions qui formaient tant de parcelles de fief qu'on ne savait plus les dénombrer et quelques parties de terres allodiales et de terres censales.
Messire Charles, son fils (r. des 19 et 30 janvier et 4 mars 1654), servit très longtemps en qualité de cornette de cuirassiers dans un régiment allemand au service d'Espagne, devint successivement sergent-major, mestre de camp général et se distingua à la bataille de Saint-Denis près de Mons en 1678. En récompense de ses services, il obtint, le 17 février 1678, la faculté de porter les armes pleines des Unter-limminghe ou Limminghe, l'une des sept familles patriciennes de Louvain et dont les Vanden Berghe prétendaient constituer la branche principale. Ces armes sont : d'or à trois pals d'azur, au chef de gueules;
Christophe-François, fils du précédent (r. du 25 avril 1692);
Charles, comte Vanden Berghe de Limminghe et de Cappellen, fils de Lamoral, président de la chambre des comptes, et de Marie-Barbe de Varick, cousin germain du précédent (r. du 18 octobre 1704). Charles Vanden Berghe fut d'abord mestre de camp dans la cavalerie espagnole, reçut le titre de comte le 7 juillet 1694, et remplit à Bruxelles les fonctions de surintendant du canal, de trésorier, d'échevin et de bourgmestre, de 1703 à 1706. Le comte était très populaire à Bruxelles. Pendant les troubles qui se terminèrent par la mort d'Anneessens, il soutint dans les assemblées des états de Brabant que la constitution ne permettait pas de priver de leurs privilèges les nations de Bruxelles; on le vit même, après une séance, se rendre, avec deux de ses collègues, chez le pensionnaire des états, pour faire enregistrer son vote négatif. Les habitants de la capitale désiraient ardemment l'avoir de nouveau pour bourgmestre, parce que, dit un document du temps, il avait toutes les qualités que le peuple aime à trouver dans ses magistrats. Ces fonctions lui furent de nouveau confiées en 1725 et 1726 et en 1740 et 1741; il fut en outre trésorier de 1729 à 1734 et surintendant du canal de 1734 à 1737. Après avoir été marié deux fois : d'abord, à Anne-Isabella d'Arazola de Onate, puis à Jeanne Thérèse-Josèphe Massiet, M. de Limminghe mourut, en 1736, âgé de 96 ans. Ses biens furent partagés conformément à la coutume de Louvain, que l'on suivait à Grez.
La seigneurie de cette localité, avec la haute justice, que le comte avait acquise des Wallenrodt, échut à l'un de ses fils du premier lit, Guillaume-François-Joseph, échevin de Bruxelles en 1737, 1738, 1739, 1742, 1743 et 1744, surintendant du canal de 1747 à 1719, créé comte le 6 décembre 1761, mort sans avoir été marié, le 29 mai 1769;
Le second comte de Limminghe institua pour son héritier l'un de ses demi-frères, Philippe-Joseph, seigneur de Limelette, puis premier baron de Limelette, mort en 1810, après avoir été allié à l'héritière de Gentinnes.
Bientôt, à la suite de transactions qui nous sont inconnues, Grez passa au frère du précédent, François-Joseph, comte Vanden Berghe de Limminghe (r. du 23 février 1757, pour la seigneurie de Grez du 7 mars suivant, pour la haute, moyenne et basse justice de Grez, de Chapelle-Saint-Laurent et de Nodebais), qui servit avec distinction dans les gardes wallonnes au service d'Espagne, où il parvint au grade de capitaine avec rang de maréchal de camp. Il fut fait gouverneur de Jaca, en 1766, et mourut lieutenant général, le 28 mai 1774; ce seigneur racheta, en 1772, la haute-justice de Grez, de Nodebais et de Chapelle-Saint-Laurent, que les états de Brabant avaient désengagée peu de temps auparavant;
Éléonore O'Brien Dolonergain, sa veuve (r. du 24 mars 1775), se remaria au comte Maximilien-Joseph de Berlaimont;
Philippine-Caroline, comtesse Vanden Berghe de Limminghe, fille unique de la précédente, restée veuve de Charles-Antoine, comte d'Arberg de Valengin, qui avait épousé en premières noces la comtesse de Dion-le-Mont (r. du 14 mai 1788). Cette dame, appauvrie par la révolution française, vendit tous ses biens.
Le château de Grez fut acquis par Charles-Louis-Auguste-Ferdinand-Emmanuel, duc de Looz-Corswarem, qui fut créé duc par un diplôme du roi Guillaume Ier, du 16 décembre 1816, et mourut le 16 décembre 1822. Sa veuve, Marie-Caroline de Nue, épousa, le 26 juillet 1823, Alphonse-Prudent Huyttens de Beaufort. De son premier mariage sont nés le duc Charles-François-Guillaume (de Bonlez), le prince Auguste-François-Charles, le comte Edmond-Prosper, le comte Guillaume-Désiré, la comtesse Caroline-Arnoldine, qui épousa, en 1826, don José-Mariano de la Riva-Aguero, dit marquis de Monte-Alegre d'Aulestia, président de la république du Pérou et maréchal de ses armées; la comtesse Octavie-Victoire, qui s'allia, en 1830, à Thierri, baron de Lockhorst; la comtesse Zéphyrine, qui devint, en 1836, la femme de Louis-François Du Monceau, fils de Jean-Baptiste Du Monceau, comte de Bergendael, maréchal des armées du royaume de Hollande.
L'ancienne seigneurie de Grez ou de Piétrebais, à laquelle celles de Biez et de Froideval furent ensuite annexées, comprenait le château de Grez ou de Piétrebais, une moitié du moulin de Grez, 20 bonniers de terres contiguës au Bois des fiefs, des bois et notamment le Bois des Viengnes ou des Vignes, de l'étendue de 2 b., et qui a remplacé des vignes, dont on mentionne l'existence en 1376 et encore en 1529-1530; des cens et rentes etc. La seigneurie avait un maire particulier, mais ses échevins étaient les mêmes que ceux de la haute cour du duc à Grez et c'étaient eux qui jugeaient ses masuyers ou tenanciers. Quelques fiefs relevaient de sa cour féodale, notamment le Fief de Lisse, le Fief de Mynensart ou Mironsart, la seigneurie de Doiceau etc. Le 4 juillet 1612, la garenne de la seigneurie de Piétrebais, avec quelques hommages et censives, fut relevée du Brabant par messire François d'Oultremont, comme un fief particulier, qui fut ensuite confondu dans le fief principal. Le seigneur conférait, alternativement avec l'abbesse de Valduc, quelques-unes des chapellenies de l'église paroissiale; il conférait aussi les places dans le béguinage ou hospice du Péry et l'importante cure de Mousty. Il devait le service féodal par deux combattants à cheval et un à pied.
La maison ou château de Grez, quelquefois appelé de Piétrebais, est entouré de fossés et d'étangs, formés par le confluent du Train et du Pietrebais et que l'on franchit au moyen de deux ponts; en 1530 il englobait avec ses dépendances immédiates, une contenance d'un demi-bonnier et touchait d'un côté à la terre de Biez. Il est actuellement en vente et présente l'aspect le plus délabré.
Les bâtiments formaient, au XVIIe siècle, un immense quadrilatère, d'une cinquantaine de mètres de côté. A chaque angle s'élevait une tourelle, de forme ronde. L'une de ces tours a entièrement disparu, une deuxième est à moitié démolie; la troisième, de dimensions plus considérables, est décorée, à la naissance du toit, de petites arcatures cintrées, ornementation que présentait aussi la quatrième tour, il y a 200 ans, lorsque Vorstermans grava pour Sanderus une belle vue du château, que Harrewyn reproduisit, dans des proportions plus restreintes, pour le baron Le Roy. La cour était ornée d'un jet d'eau et partagée en deux par une grille. Au siècle dernier on remplaça cette grille par de petits bâtiments servant de dépendances et établissant une séparation plus complète entre le manoir proprement dit et la partie antérieure ou, comme on l'appelle, la Ferme. Le corps de logis principal ou aile occidentale n'a été que médiocrement modifié; il consiste en un rez-de-chaussée recevant le jour par une rangée de quatorze fenêtres et ayant, au centre, une porte précédée d'un escalier de dix marches.
Au XVIIe siècle, au lieu de cet escalier moderne, on voyait un perron couvert, auquel on arrivait par un double escalier semi-circulaire et donnant aussi accès à une terrasse ou galerie placée en avant du bâtiment. L'aile méridionale du château proprement dit n'existe plus; l'aile septentrionale a été reconstruite et, au milieu de bâtiments plus élevés que les autres, offre une porte servant exclusivement à l'usage des propriétaires du manoir. L'ancienne, la seule qui existait jadis, ne sert plus que pour la ferme; c'est une porte cochère, de style renaissance, avec écussons aux armes des Limminghe et des Vanden Berghe. Tout près de là un donjon carré dresse sa lourde masse, construction ancienne qui a été ornée, plus tard, d'une fenêtre surmontée d'un fronton triangulaire; dans le haut, sous le toit, se voient encore des ouvertures rectangulaires, qui sont au nombre de trois sur les façades latérales, au nombre de quatre, sur les autres façades. A la chapelle castrale était annexé un bénéfice de Saint-Jean-Baptiste, dont le possesseur devait célébrer la messe une fois par semaine et jouissait de 11 bonniers 3 journaux de terres, de 3 1/2 j. de bois et de quelques rentes. Vis-à-vis de la porte d'entrée se déployait, au milieu du XVIIe siècle, une espèce de demi-lune, défendue par un fossé rempli d'eau, et, en dehors de ce fossé, il y avait des pièces d'eau et des avenues, que l'on a supprimées. Les jardins se trouvent aujourd'hui du côté de l'ouest, et complètent ce beau domaine, si riche en souvenirs historiques.
La Maison de la Violette, qui était en ruine en 1628 et que l'on transforma en ferme, était tenue en fief du Brabant, en l'an 1312, avec 4 bonniers de prés situés à Archennes, 6 journaux de terres situées entre ce village et Grez, et 18 b. de terres voisines du Bois de Meylem ou Melin. Reynard ou Renaud de Holsbeke en était le possesseur. Le duc Jean III acquit d'Arnoul de Holsbeke une partie de ce domaine, acheta aussi de Jean, fils de Bode de Grez, 4 b., un cens de 12 gros et une cour féodale de sept hommages, et donna le tout à Simon de Quaderebbe. Marie, fille de sire Henri de Quaderebbe, porta en mariage ce fief au seigneur de Diepenbeke, et les Bornival en héritèrent ensuite. L'un de ceux-ci, Roland, sire de Bornival, le vendit à Rase de Linter (r. du 15 avril 1426) et depuis il ne fut plus séparé de la terre de Grez. D'après un dénombrement datant de 1530, quelques fiefs relevaient jadis de la Maison de la Violette, mais tous les registres qui en faisaient mention périrent pendant les guerres de la fin du XVe siècle et personne ne put suppléer à cette destruction par sa mémoire.
Froides Vallées ou Froideval, dont la situation précise n'est pas connue, appartint longtemps à des chevaliers qui en portaient le nom : Jean de Froidesval ou Froides vallées est cité dès l'année 1209; il était suzerain de Henri Bavenchien, qui tenait de lui une partie de la dîme de Franquenies à Ceroux (1214); il céda aux monastères du Parc-les-Dames et de Florival une partie de dîme à Biez, qu'il relevait de Guillaume de Piétrebais (1237);
Arnoul, chevalier des Froides vallées à Grez, apparaît dans une charte de l'an 1242;
Ostelet (ou le Petit Othon) de Walhain relevait du duché de Brabant, en 1312, 24 bonniers de terres, à Froideval, 1 journal de pré, une cour de tenanciers, un cens de 8 deniers et 23 chapons;
Godefroid dit Poure valet (le Pauvre valet) de Walhain, son parent, hérita de ce fief, accru d'une maison avec dépendances, contenants bonniers, et qui passa ensuite à Baudechon de Grez. En 1406, Rase, seigneur de Linter, s'en dépouilla au profit de son beau-frère Werner, sire de Davels ou Dave. Les Rivieren de Linter rentrèrent dans ce bien, puis Marguerite de Rivieren le laissa à sa fille Marie de Bollant, dame de Geneffe (r. du 27 octobre 1452). Celle-ci, devenue veuve de sire Henri de Polairde, eut pour successeurs :
Jean de Bolant, chevalier, seigneur de Roley (r. du 9 avril 1480-1481);
Jean, Guillaume et Robert, fils de Jean (r. du 29 avril 1482);
Robert, fils de Jean, chevalier (r. du 7 juillet 1497);
Éverard, fils de Robert (r. du 17 mai 1539);
Messire Henri de Barbançon, seigneur de Willemont, Monjardin etc., neveu d'Everard (r. du 9 mai 1577);
Éverard de Barbançon, vicomte de Dave, fils de Henri ;
Marie, fille d’Éverard (r. du 21 avril 1622), femme d'Albert, prince de Barbançon et d’Arenberg, comte d'Aigremont;
Lamoral Vanden Berghe, par achat (r. du 24 décembre 1627).
On rencontrait à Grez un grand nombre de petits fiefs d'une importance médiocre et dont les annales n'offrent aucune particularité intéressante. La seigneurie foncière d’Argenteau, dont l'histoire se confond avec celle du manoir de Bossut, avait une cour de tenanciers et n'était que foncière. Le Fief de Lys, ainsi appelé de ses premiers possesseurs, relevait du château de Piétrebais, il avait son maire particulier, qui citait les particuliers mis par lui à l'amende, par devant les échevins de Grez, où on les jugeait suivant la coutume de Louvain; en 1530, lorsque ce domaine était en la possession de Pierre, fils de Jean de Morchain, il comprenait un cens de 29 chapons et 19 sous 6 deniers de Louvain, des terres, deux fourches de corvées etc. Cent ans plus tard, il reconnaissait pour maître Jean l'Hoste, pensionnaire de la ville de Louvain. Les Loze, qui eurent pour successeurs les Govaerts, et les Mortsain ou Morsain se transmirent aussi, pendant plusieurs générations, des livres censaux et des propriétés territoriales.
Le hameau de Doiceau formait le patrimoine d'une race particulière de chevaliers, qui avaient aussi des biens à Dion-le-Val. Jonas de Duencel ou Duenchial comptait parmi ses vassaux. Siger Waverel qui, vers l'an 1204, donna un alleu à l'abbaye d'Afflighem, du consentement de sa femme et de son fils Siger; Jonas vivait encore en 1209 et 1213. Ivon de Duvencel est mentionné en 1214; Guillaume et Rodolphe de Duenceal tenaient en fief de Gérard, chevalier de Grez, des fiefs situés à Dion, vers l'an 1225; en 1247, on cite Guillaume de Duenchial, fils de Meyson. En 1474, Guillaume de Dion tenait du sire de Piétrebais les biens de Doiceau; il eut de Marguerite Vander Eycken deux enfants, Philippe et Isabelle (r. pour un petit fief, tenu du Brabant, en date du 23 février 1481-1482). Philippe laissa ses biens à son fils Rase (r. du 26 octobre 1510), à qui succéda Pierre de Dion dit de Docheau, qui, avec sa fille Jeanne, possédait, en 1530, le plein-fief de Docheau, avec une maison, une tenure, une grange, des étables, des terres, des prés et des bois. Plus tard, ce bien passa à Marguerite du Blioul, dame de Sart ou Laurensart, et resta uni à cette dernière seigneurie.
L'emplacement du château de Laurensart et les environs portaient : tantôt le simple nom de Sart, tantôt des dénominations où ce mot se combinait avec d'autres, dont la forme varie extrêmement dans les anciens actes.
On rencontre, parmi les témoins des chartes du duc Godefroid Ier en faveur du prieuré de Basse-Wavre, un Siger de Longinsart, et, dans un diplôme accordé par Henri Ier au même couvent, un Siger de Sart. Jean de Sart apparaît ensuite, en 1213 et en 1241.
Vers l'année 1312, Othon de Wertheike ou Vertike, de Louvain, possédait à proximité de l'abbaye de Florival le fief de Tyenghisaert, qui consistait en 15 bonniers de terres, 3 b. de prairies, 2 b. de bois, 5 b. de terrains vagues, un cens de 19 chapons, 5 « pouletteaulx » et 30 sous payement, et qui relevait de la cour féodale de Brabant. Othon vendit cette propriété à Jean de Bossut, qui eut pour successeurs:
Jacquemon ou Jacques, son fils;
Marie, fille de Jacquemon;
Catherine, sa sœur (r. de 1405-1406), femme de Walter Vanden Voerde;
Imbert ou Engelbert, leur fils, par donation de ses parents (r. du 12 mai 1443);
Catherine Vanden Voirde, de concert avec son cousin et mambour, Jean, fils d'Éverard Vanden Voirde, et sauf le droit d'usufruit laissé à sa mère, Barbe Willebais (r. du 26 octobre 1460);
Jean Vanden Rode dit Timmerman, par achat à Catherine (r. du 12 juillet 1465);
Augustine, sœur de Jean, et son mari Joseph Boone (r. du 27 mars 1489-1490);
Jean, religieux du tiers ordre à Louvain, Joseph et Agnès Boone, par cession de leur mère (r. du 16 novembre 1499);
Martin Gheylaert, fils de Jean, par achat (r. du même jour);
Laurent du Blioul, par achat (r. du 18 septembre 1512); ce personnage jouit d'une grande influence à la cour de Bruxelles, où il remplit les délicates fonctions de secrétaire de Philippe le Beau et de Charles-Quint, puis celles de secrétaire de conseil privé, à dater de l'installation de ce corps suprême (3 novembre 1516), et de greffier de l'ordre de la Toison d'or. Investi de toute la confiance de ses princes, du Blioul fut l'un des négociateurs des traités de Blois (22 septembre 1504), de la trêve de Heusden (1524), de la réconciliation de Bois-le-Duc (1525), du traité de Gorcum (1528). En 1522, lorsque Charles-Quint fit son testament, du Blioul fut l'un de ses quatre exécuteurs testamentaires. Outre son traitement de secrétaire du conseil privé, qui s'élevait à 18 sous par jour, il touchait de forts émoluments et reçut fréquemment des gratifications considérables. Par lettres patentes du 20 février 1531-1532, Charles-Quint lui alloua une pension annuelle de 300 livres, à la condition de continuer à assister aux séances du conseil privé, lorsqu'il en serait requis ou qu'il le voudrait. C'est ce seigneur qui fit bâtir le château de Laurensart, qui lui dut son nom. Quoiqu'il eût, par testament, partagé ses biens, des contestations très graves surgirent entre ses enfants;
Laurent du Blioul, fils de Laurent (r. du 17 juillet 1542);
Marguerite, sœur du précédent (r. du 9 janvier 1543-1544), femme de sire Charles de Revel, chevalier, seigneur d'Audregnies, un des seigneurs qui signèrent, en 1566, le compromis des nobles et qui donnèrent à la gouvernante, Marguerite de Parme, au nom de ces nobles, une promesse solennelle de maintenir la tranquillité publique. Sire Charles de Revel prit la fuite à l'approche du duc d'Albe et fut condamné par contumace. Les biens de Sart et de Doiceau, dont il avait accru l'importance en y achetant la haute justice, furent séquestrés, mais comme ils provenaient de sa femme, le domaine se borna à y constituer un maire, Jean Delfosse, qui fut chargé de prélever, au nom du souverain, les amendes et forfaitures;
Charles, fils de sire Charles et de Marguerite, posséda la seigneurie sans la relever, et sa sœur Louise, femme de messire François de Lens, seigneur de Viouville, mourut avant sa mère; celle-ci servit de tutrice à sa petite-fille, Marguerite de Lens (r. du 11 juin 1587), qui mourut le 3 février 1594 et reçut la sépulture dans le chœur de l'église de Basse-Wavre;
Philippine de Longin et son mari, Maximilien Scheyfve, seigneur de Corbeek-Over-Dyle, acquirent Sart et Doiceau, cédèrent ces biens au seigneur et à la dame de Wandosme, et les reprirent une seconde fois (r. du 20 mars 1611), pour les céder immédiatement à Louis Verreycken, chevalier, audiencier et premier secrétaire du conseil privé, membre des conseils d'état et de guerre, seigneur de Hamme, Ympde (à Wolverthem), Ruart (à Ways), l'un des hommes d'État les plus influents de la cour des archiducs Albert et Isabelle, mort le 23 octobre 1621, à l'âge de 69 ans. Le petit-fils de ce personnage, Pierre-Ignace Verreycken, baron de Bonlez, fut créé comte de Sart par lettres patentes datées de Madrid, le 16 décembre 1674. Sart et Bonlez passèrent ensuite, par alliance, aux de Varick, puis aux Romerswael, dont le patrimoine fut morcelé pendant la domination française. Sart est devenu depuis la propriété de M. le comte Joseph-François de Baillet, qui a été membre du Sénat et ministre plénipotentiaire du roi Léopold à la cour de Berlin.
Le domaine de Sart, ou, comme on l'appelait au XVe siècle, de Tignesart, ou Tinnesart Florie, ainsi que l'on disait au XVIIe siècle, s'accrut considérablement du temps des du Blioul. Charles de Revel y joignit la haute-justice de Sart et de Doiceau. En 1604, outre le château de Sart, la ferme de Doiceau, et leurs appartenances, il en dépendait 100 bonniers de terres et 50 b. de prés et de pâtures. Lors de l'érection de la terre de Sart en comté, elle comprenait : la haute, moyenne et basse-justice à Sart et à Doiceau, avec les droits seigneuriaux de toute espèce; « un fort château, environné de grands et beaux fossés »; 146 bonniers de terres, valant, par an, 3,000 florins; 38 b. de prés, valant 2,000 fl.; 92 b. de bois, valant 700 fl.; la cense de Doiceau, valant 100 fl.; le bien dit Minonsart, valant 115 fl.; des rentes seigneuriales, s'élevant à 169 fl. 19 sous 18 deniers. On y annexa encore, par lettres patentes du 22 avril 1675, la baronnie de Bonlez. Minonsart, que nous venons de citer, était un fief relevant de la seigneurie de Piétrebais, consistant en terres, bois, cens, rentes etc., et où, d'après un dénombrement fait en 1530, « souloit avoir une maison censale », c'est-à-dire : avait existé une habitation avec cour censale.
Le château de Sart, d'ordinaire appelé de Laurensart, s'élève à peu de distance à l'ouest de la Dyle, entre de grandes prairies et des hauteurs couvertes de bois. Il est entouré d'une vaste pièce d'eau, que l'on franchit, vers le nord-ouest, au moyen d'un pont d'une seule arche. L'entrée, en plein cintre, est flanquée de deux tours crénelées et percées de meurtrières; des pierres armoriées sont encastrées au-dessus et à côté de la porte, dont les battants portent le millésime 1789. Un peu plus loin se trouve une troisième tour, de forme demi-circulaire vers l'extérieur. Les autres bâtiments sont disposés sans plan régulier. Il y a deux ans, on y a exécuté de grands travaux de modernisation, en y laissant subsister, toutefois, les pignons à redents. Une vue gravée par Harrewyn pour le baron Le Roy nous montre Laurensart tel qu'il existait à la fin du XVIIe siècle, avec son enceinte garnie de créneaux, ses tours et bâtiments à toits en escalier, ses larges fossés où l'on pêche au filet, le pont qui donne accès à la porte d'entrée, composé d'un pont-levis et d'un pont fixe, ce dernier reposant sur pilotis et garni d'une balustrade. Il existait autrefois, dans le manoir, une chapelle dédiée à saint Laurent. Le vaste parc du château rejoint : d'un côté, la Dyle; de l'autre, le bois de Laurensart, où de grands travaux d'appropriation ont été exécutés dans ces dernières années.
A quelque distance au N.-E. de Laurensart et de Gastuche, dans les prairies voisines de la Dyle, entre ces localités et Archennes, un castel abandonné nous rappelle la seigneurie de la Motte, qui a eu aussi ses jours de splendeur. Elle eut successivement pour maîtres, outre Gilles de Bonlez et Guy del Motte, que cite le baron Le Roy :
Othon de la Motte, en 1312;
Baudouin de Saint-Pol ou Saint-Paul;
Sohier ou Siger de Saint-Paul dit de la Motte, frère de Baudouin; des contestations s'étant élevées entre son frère Gilbard et le prieuré de Wavre, au sujet de la perception d'une dîme au lieu dit Lonsinsart et qui appartenait pour un huitième au prieuré et à l'abbaye d'Alne et pour le restant à des chapellenies de l'église de Grez, un accord fut conclu pour les terminer, le 17 août 1371, à Losinsart, dans le jardin de feue dame Alide de Beumont, en présence de Godefroid de Sart et de Jeanne, sa femme. Marie, fille de Siger (r. de 1400-1401);
Jean de Boulleir ou Bonlez, fils de Marie (r. du 4 août 1419);
Jeanne de Bronsberghe, dame de Bonlez, et son mari, Engelbert Herdincx (r. du 5 juillet 1483);
Catherine Herdincx, leur fille, et son mari, Nicolas Van Nyvele (r. du 10 mai 1502);
Guy de Heule, par achat à Catherine et à son second mari, Jean de Freviller (r. du 30 novembre 1505);
Jeanne de Gesves, dame de Piétrebais à Grez, par achat (r. du 9 mai 1520).
Après que le patrimoine des Baillet eut été morcelé, messire Gauthier de Hontoy, en vertu d'une transaction conclue avec François d'Oultremont, baron de Han-sur-Lesse, réunit au tiers de la seigneurie de la Motte dont il avait hérité : le deuxième tiers, qui composait la part des d'Oultremont, et le troisième tiers, que ceux-ci avaient acheté à Jean Vanden Berge dit Trips (r. du 21 juillet 1622).La série des seigneurs du manoir se continue alors, par :
Messire Jean de Hontoye, fils de Gauthier (r. du 21 juin 1625);
Ferdinand, son fils, qui mourut avant lui;
Maximilien, fils de Ferdinand (r. du 24 mars 1722).
Le 3 février 1713, un des parents du précédent, Matthieu-Augustin-Arazola d'Onate de Peuteghem fut reconnu en qualité de propriétaire du domaine de la Motte; mais, à sa mort, qui arriva en 1726, ses héritiers n'ayant pas rempli la formalité du relief, le bien fut adjugé par la cour féodale à l'empereur d'Autriche, en qualité de duc de Brabant (sentence en date du 10 mars 1731), et ce prince fut mis en possession le 11 avril suivant; toutefois, le 28 juin 1740, une décision du conseil des finances restitua la Motte aux enfants et héritiers de M. d'Onate et d'Anne-Ernestine Reale (r. du 21 juillet 1740). Le 27 octobre 1755, un relief fut encore effectué par Josse-Léonard Arrazola de Onate, prêtre, agissant comme successeur de Jeanne Arrazola de Onate, femme de Henri Vanden Berghe de Limminghe.
Du château de la Motte dépendaient une ferme, quatre bonniers d'étangs, 1 b. de jardins, 17 b. de prés et de terres, un petit bois contenant 7 b. En l'an XIII, ce domaine, qui était loué à un fermier, comprenait 53 b. La ferme a été démolie il y a environ dix ans; le château seul a été conservé, par ordre du propriétaire actuel, M. de Prêt; mais il n'en subsiste plus qu'un bâtiment, construit en briques, avec fondements, cordons et encadrements en pierres blanches. On y remarque une porte cochère en plein cintre, flanquée de deux tours semi-circulaires. En voyant ce modeste débris, on ne se doute pas qu'une armée a jadis essayé ses forces contre ses murs ou contre la forteresse qu'il a remplacée.
Comme propriétés de corporations ecclésiastiques, outre le Bois de Berquit, qui appartenait au chapitre de la cathédrale de Cambrai, nous ne citerons que le Bois de Grez, que Gérard, sire de Jauche, vendit à l'abbaye de la Ramée, en 1247, et la ferme que le monastère de Valduc possédait, en 1476, au hameau de Hèze. Ce dernier couvent levait, à Grez, une dîme qui rapportait, en 1787, 2,906 florins.
L'église de Grez, qui date sans doute des premiers temps de la prédication du christianisme en Belgique, a saint Georges pour patron. Elle avait rang d'église entière. Après avoir fait partie de l'évêché de Liège et du doyenné de Jodoigne, elle fut comprise, au XVIe siècle, dans l'archevêché de Malines et le doyenné de Louvain. A la suite du concordat, elle devint une des succursales de la cure de Beauvechain, dont la circonscription avait la même étendue que la justice de paix de Grez. En 1837, elle fut annexée au doyenné de Wavre.
La paroisse de Grez n'a jamais eu la même étendue que la commune. En 1786, elle n'englobait que le centre et les hameaux de Morsain (à 1/4 de lieue) et la Brumagne (à 3/4 de lieue), et encore les habitants de cette dernière localité allaient-ils à la messe à Dion. Quant à Hèze, la Roïenne et les Quatre maisons, ils ressortissaient à la paroisse de Biez, et les habitants des Quatre maisons fréquentaient l'église de Chapelle-Saint-Laurent. Hèze a maintefois élevé des réclamations à ce propos. Le 13 août 1786, il a demandé qu'on le dotât d'une église distincte ou d'une chapelle, en offrant de fournir un bonnier de terre pour y bâtir un édifice de ce genre et un presbytère, mais en refusant d'intervenir dans les frais d'établissement, parce que la dîme suffisait. En 1808, il demanda à ne pas contribuer dans le traitement du desservant de Grez, parce qu'il ressortissait à Biez. On fit droit à cette réclamation, puis, postérieurement à 1808, Hèze fut réuni à Grez; mais cette décision ne fut pas maintenue, et aujourd'hui encore, Hèze reconnaît l'autorité spirituelle du curé de Biez, tandis que Lembais, Morsain, Roienne, Fontenelle, Béguinage et Centri font partie de la paroisse de Grez.
Le château de la Motte, aujourd'hui en ruines et inhabité, dépendait de la paroisse d'Archennes. Quant à Laurensart, Gasthuche et Doiceau, après avoir longtemps appartenu à la paroisse de Dion-le-Val, ils ont obtenu, en 1782, une chapelle particulière, qui fut bâtie â Doiceau; le gouvernement en refusa l'érection en chapelle reconnue, le 28 septembre 1825; mais un arrêté royal, du 4 novembre, lui accorda le titre d'annexe de l'église de Dion-le-Val; le 24 mars 1863, on en fit une chapelle reconnue, et le 26 janvier 1864, on l'érigea en succursale particulière.
L'abbaye de Valduc avait le patronat et la majeure partie des dîmes de Grez, dont Inde (ou Sint-Cornelis-Munster), Alne et Parc-les-Dames percevaient aussi des fractions. En 1232, Inde et le duc Henri Ier cédèrent à Parc-les-Dames: Inde, les dîmes que deux bourgeois, Henri, de Louvain, et Walter, d'Anvers, tenaient de sa cour féodale; le duc, la dîme que possédait le chevalier Gérard de Grez, son vassal. Des contestations s'étant élevées entre les différents décimateurs, Valduc fut mise en possession des parts d'Alne et du Parc-les-Dames, à la condition de payer tous les ans : à Alne, 20 muids de blé dur, 10 muids d'avoine et 50 sous de monnaie usuelle; à Parc, la même redevance, diminuée d'un muid de blé dur. Alne et Parc, néanmoins, devaient rester assujetties à entretenir l'église de Grez pour une part (convention en date du vendredi avant la Nativité de saint Jean-Baptiste, en 1296).
La cure jouissait, en 1787, de : 10 b. de terres, 11 j. de bois, une redevance annuelle de 64 setiers de blé sur la grande dîme (valant, 80 fl.), payée par le monastère de Valduc. On y avait annexé : 1°, vers 1676, les chapellenies de Saint-Barthélemy et de Saint-Jean-Baptiste (du château de la Motte), qui étaient chargées chacune d'une messe par semaine, et avaient, en 1787, la première, 72 fl. de revenu; la seconde, 128 fl. de revenu, notamment 30 setiers de blé sur la cense del Parck, à Tourinne-Beauvechain; 2°, vers 1685, le bénéfice de Sainte-Catherine, chargé de même revenu, 194 fl. et 20 setiers; 3°, en 1746, pour payer la compétence d'un vicaire, ceux de Saint-Nicolas et de la Vierge (revenu, pour le premier, 350 fl. 12 s.; pour le second, 372 fl. 12 s.). Au total, le curé recevait, année moyenne, en 1787, 1,851 fl. 9 sous, sur lesquels, en vertu d'une sentence du conseil de Brabant, du 25 juin 1746, il devait prélever 240 fl. pour son vicaire.
On cite encore : la chapellenie des Ames ou de Sainte-Agnès, qui possédait 4 b. 3 j. de terres et 1 j. de bois (revenu, en 1787, 83 fl.) et était chargée d'une messe par quinzaine, et celle de Saint-Antoine, qui possédait 6 1/2 b. de terres et devait une messe par semaine (revenu, 115 fl.). La chapellenie dite du Béguinage et la chapellenie de Saint-Jean-Baptiste, cette dernière fondée, en 1344, par Rase de Grez, seigneur de Malève, possédait 16 1/2 b. de terres, 5 j. de prés et une redevance de 8 mesures de froment payable par Valduc (revenu, 263 fl.); elle devait 3 messes par semaine, plus une messe par jour, à célébrer dans la chapelle de Saint-Jean-Baptiste contiguë à l'église paroissiale, et fondée par le chanoine d'Anderlecht, Christophe Vanden Berghe, frère du premier comte de Limminghe, et une messe par semaine, établie par le même, par son testament en date du 20 mai 1704. La chapellenie de Sainte-Agnès était à la collation alternative de l'abbesse de Valduc et du seigneur de Piétrebais; celle de Saint-Antoine, à la collation de l'abbesse seule; celle de Saint-Jean-Baptiste, à la collation du seigneur de Piétrebais.
Le marguillier recevait de Valduc 30 fl. 16 sous. La fabrique possédait : en 1787, 10 b. 2 j. de terres, 1/2 b. de prairies, 2 b. 1 j. de bois (revenu, 491 fl. 10 s.); aujourd'hui, ses biens comprennent 7 hectares 52 ares (revenu, en 1846, 1,972 francs).
L'église a été reconstruite en 1782, aux frais de l'abbaye de Valduc, qui y dépensa 39,253 florins; elle est bâtie en briques, à l'exception de la tour qui est en pierres blanches et qui date de 1722, comme l'indique une inscription placée à sa face occidentale. La flèche est très élancée; la belle croix à jour qui la surmonte et qui a six mètres et demi de hauteur avait été dépouillée en 1793 de ses deux bras; on l'a restaurée en 1858.
A l'intérieur, l'église est disposée en basilique à trois nefs; des arcades en anse de panier, retombant sur des colonnes toscanes, la divisent en six travées. Les plafonds sont horizontaux, les fenêtres en plein cintre. Vers l'entrée du chœur on lit an 1782 no. Le maître-autel, d'ordre composite, est de vastes dimensions; il provient, dit-on, du prieuré de Saint-Martin, à Louvain; on y remarque un grand tableau, peint par Jacques de Formentray, 1661, qui représente trois Pères de l'Eglise écrasant l'hydre de l'hérésie. Les bas autels sont dédiés â la Vierge et à saint Marcoul. Le chœur est orné des statues en bois de saint Joseph et de sainte Anne; il est garni de stalles en chêne, peintes en marbre; les nefs sont lambrissées. La chaire, surchargée de sculptures, nous montre saint Georges et les quatre Evangélistes. On voit encore dans l'église un grand Christ en bois, grossièrement sculpté, un groupe de la sainte Famille et une statue de saint Marcoul, assez finement exécutée; sous le porche, se trouve une autre image du même saint, que le peuple nomme le Vieux Marcoul.
La tour renferme une seule cloche, pesant 1,700 kilogrammes et portant cette inscription : « Madame Fioco, abbesse de l'abbaye de Valduc, décimatrice de Grez, m'a fait fondre; Andréas Vandengheyn Lovaniensis D. G. me fudit Lovanii anno 1758 : sit nomen Dni benedictum ».
On conserve à la sacristie un reliquaire en argent renfermant un doigt de saint Marcoul; un autre reliquaire en vermeil, du même saint; une croix de procession, avec Christ en cuivre de style roman; un plateau d'offrande en cuivre jaune repoussé, orné d'étoiles sur le bord et représentant au fond l'aigle à deux têtes avec deux V; un ostensoir moderne ciselé par M. Van Ryswyck, d'Anvers; un tableau fort mal dessiné représentant au premier plan saint Marcoul guérissant un roi agenouillé devant lui, dans le lointain des pèlerins s'approchant de l'église de Grez.
Saint Marcoul, que l'on invoque pour la guérison des écrouelles, est l'objet d'un pèlerinage très suivi. Une procession se fait en son honneur le 1er dimanche de mai et est escortée de 3 à 4,000 pèlerins. De petites bannières que l'on distribuait jadis à ceux-ci nous montrent une église de style roman, qui pourrait bien représenter celle de Grez, telle qu'elle existait avant sa reconstruction. La cure possède un registre curieux de la confrérie érigée, en 1663, en l'honneur de ce saint. D'autres confréries sont placées sons le vocable du Saint-Sacrement et de l'Immaculée Conception.
On a placé dans le baptistère un grand autel à colonnes torses, en chêne sculpté, qui semble n'avoir jamais servi; il encadre un tableau sur panneau représentant le baptême du Christ.
On ne voit plus dans l'église de Grez les grandes dalles tumulaires du XIVe siècle, offrant les représentations d'un guerrier et d'une dame qui portaient des costumes « à l'antique ». Ces dalles se trouvaient à côté du chœur, dans la chapelle Saint-Jean, dont il n'existe plus de traces et où étaient enterrés plusieurs membres de la famille de Grez : Gilbert, seigneur de Biez; Rase, son fils, sire de Malève, et la femme de celui-ci, Marguerite de Rivieren. L'ancien caveau des Limminghe est fermé d'une pierre sur laquelle on lit : Ostium | monumenti | antiquissimi | antiquissimæ familiæ | De | Vandenberghe wt Den | Liminghen | R. I. P. Une autre dalle porte cette inscription : « Icy repose honorable homme | Regnault Hervart escuier en son | temps Chef Mayeur de la Mayerie de | Grez, qui trespassa le 28 de jullet 1040 | et Madamoiselle Jacqueline del Haye | son espeuze, qui trespassa le 20 d'ap | vrils 1638, Prie Dieu pour leurs ames ».
Nous citerons ensuite trois des épitaphes placées dans le cimetière :
1° Ici repose en paix dessous cette humble pierre Un ange que le ciel fit passer sur la terre Pour y perpétuer l'exemple des vertus Qu'au prix de tout son sang nous enseigna Jésus. A la mémoire de dame | Stephanie, Adolphine, Emmanuelle, Amour, | Princesse de Looz-Corswarem. | née au château de Niel le 21 janvier 1810. | mariée en la commune de Grèz-Doiceau. | à Léo, Louis, Aimé, Elie, Baron. Picot | de La Peyrouse le 14 Mars 1836. | Décédée à Ixelles lez Bruxelles. | Le 20 Septembre 1843. | A ma femme tant aimée. | A notre bonne et tendre mère. | A notre chère sœur. | Regrets éternels, j Pleurez sur ceux qui l'ont perdue. | R. I. P.
2° Nihil temere | Ci-git noble Dame Marie-Caroline Denu, | épouse en 1ères' noces de S. A. S. Mgr Ch. Ferd. J Em. Duc de Looz-Corswarem et de | Corswarem-Looz et en 2des noces de Mr | le Chevalier Alp. Pt. Huyttens de Beaufort, | décédée à Grez, le 12 Avril 1852 | à L'âge de 68 ans | R. I. P. 3°
D. O. M. | A la mémoire de dame j Elisabeth Albertine Honnorez | épouse de Messire | Charles Eppo Du Monceau. | Née à Bruxelles le 16 janvier 1803 | Décédée à Grez le 26 août 1843. | Bonne épouse, bonne mère, | amie dévouée, elle fut pleurée I de tous ceux qui l'ont connue | R. I. P.
Vers l'année 1780, les habitants de la seigneurie de Doiceau demandèrent une chapelle distincte à l'abbesse de Valduc, qui percevait dans cette localité la dîme. Cette dernière, à Sart, était prélevée au profit du curé de Grez. Ils se plaignaient de devoir se rendre pour assister aux offices religieux, soit à l'église de leur paroisse, Dion-le-Val; soit à Basse-Wavre. Leur réclamation n'ayant pas eu de succès, ils s'adressèrent au conseil de Brabant, qui, le 26 août 1782, condamna l'abbesse à bâtir une chapelle et à subventionner un prêtre qui résiderait à Grez, dirait à Doiceau la messe et le catéchisme et recevrait par an 240 fl. L'oratoire fut en effet édifié et achevé le 26 août 1786; il coûta à Valduc 8,303 fl. Ce monastère payait au desservant de Doiceau 210 fl. et au marguillier 25 fl. La cure actuelle date de 1854.
L'église de Doiceau est sous l'invocation de saint Pierre. Ce petit temple, d'architecture renaissance fort simple, n'a qu'une seule nef, à plafond horizontal. La date de sa construction est indiquée par l'inscription « anno 1786 » qu'on lit au-dessus de l'arc de triomphe. La façade est surmontée d'un clocheton en charpente couvert d'ardoises. Derrière le chœur se trouve, au milieu d'un espace fermé par une grille, le caveau de sépulture de la famille de Baillet, propriétaire du château de Laurensart. L'entrée du caveau est recouverte d'une dalle sur laquelle est sculptée une croix avec l'inscription : Ostium monumenti | familiæ josephi de baillet. Au-dessus du caveau et contre le chevet de l'église on a construit une espèce de chapelle, au milieu de laquelle se dresse une grande croix avec l'inscription : O crux : ave, spes unica. | Jos : Franc : Joan : Nep : De Baillet | et Maria Julio. Clara Os y | conjuges | sépulcretum ædificaverunt | MDCCCXXXIV.
Derrière cette croix se voit une épitaphe dont la première partie est voilée :
Son épouse | dame Marie, Julie, Claire, | baronne Osy de Zegwaert, | née le 4 septembre 1790 | décédée le 1er juillet 1862. | Priez Dieu pour le repos | de leur âme ». Sur la paroi de droite est gravée une deuxième épitaphe : Hic jacet | Emilia, Maria-Theresia, | Cornelia de Baillet, | nota bruxellis, anno MDCCCXV, | die januarii decimo quinto; | ibidem denata, anno MDCCCXXX, | die martis vicesimo septimo. | R. I. P.
Au côté opposé on lit: « Ici repose | Emilie, Marie, Ghislaine, Joséphine, Philippine, | baronne de Woelmont | née à Bruxelles le 10 mai 1851 | ravie en quelques heures à la tendresse | de ses parents le 16 mars 1857 ».
La table des pauvres de Grez possédait, en 1787, 39 b. 1 j. de terres, 3 j. de prés et 8 b. 2 j. de bois; les revenus s'élevaient à 1,433 fl., et les dépenses à 1,127 fl. 5 sous, dont 592 fl. 16 s. pour distributions de denrées alimentaires, 294 fl. 9 s. pour distributions de vêtements, 237 fl. 9 s. pour frais de médecins.
Il existait à Doiceau une autre table des pauvres, qui avait pour administrateurs le curé de Grez et le maire et les échevins de la seigneurie, mais nous ignorons quelle en était la dotation.
En 1832, il se forma, à Grez, sous les auspices de l'autorité locale, un comité de bienfaisance pour l'extirpation de la mendicité au moyen de souscriptions mensuelles.
Le budget du bureau de bienfaisance, pour 1859, présente les chiffres suivants :
On mentionne, en 1559, un Josse Coosman, qui était infecté de ladrerie et dont la femme acheta une petite maison située « derrière Ierchenne, à Bouchem », et 3 journaux de prairies (r. du 15 juin de cette année). Nul doute qu'il n'y ait eu à Grez, une ou plusieurs ladreries.
Il existait à Gastuche, à proximité de l'ancien chemin de Wavre vers Archennes, une habitation d'ermite. Par acte daté du château de Sart, sous Grez (ou Laurensart), le 27 avril 1622, René Le Roy, seigneur de Bossut, ordonna à ses héritiers d'entretenir à leurs frais l'ermitage Saint-Pierre et de donner à l'ermite 12 setiers de seigle par an, à la condition qu'il dirait tous les jours cinq chapelets pour les trépassés. Au commencement de ce siècle, deux mendiants s'étaient installés en cet endroit; leur conduite ayant éveillé des soupçons, on les fit déguerpir. Plus tard, on laissa s'écrouler les bâtiments, sous lesquels se trouvait une fontaine. Aujourd'hui l'emplacement de l'ermitage est cultivé; on nous a assuré, cependant, qu'une des caves existe encore et que la voûte en est recouverte de terre. Il est probable qu'en cet endroit il y avait jadis un hôpital ou hospice pour les pèlerins et voyageurs, d'où le nom de Gastuche (en flamand Gasthuys), donné au hameau voisin.
L'hospice du Péry, selon une tradition, doit son origine à quelques habitants qui se réfugièrent en cet endroit pour échapper aux ravages de la peste. Si l'on en croit le baron Le Roy, c'était autrefois un béguinage, qui fut plus tard transformé en une réunion de quelques masures habitées par de vieilles femmes et entourant une chapelle bien dotée, à la collation du seigneur de Piétrebais. Le dénombrement de 1530 donne en partie raison à cette tradition. Les béguines de Pery-les-Grès doivent au seigneur de Piétrebais, y est-il dit : « pour un courtil gissant dedans le courtil du Béguinage », 2 chapons et 12 deniers de Louvain, et pour des terres, 3 d. de Louvain et 6 d. oboles; mais le même document mentionne la Maison-Dieu et hôpital de Grez, qui tenait de deux côtés à la rivière (le Train) et devait au seigneur de Piétrebais 3 chapons, 12 deniers et une fourche, par an. Les deux établissements étaient donc distincts et ont été à tort confondus. Cet hôpital, selon le dénombrement de 1526, OUDIETTE et le recensement de l'an XIII se trouvait sous Biez, circonstance qui s'appliquerait difficilement au béguinage du Péry.
Ce nom de Péry était porté par une famille de Grez, â laquelle appartenait un Lambert del Perroit, qui vivait en 1213. La chapelle s'appelait, en 1213, la chapelle du Péry (capella de Piro, du Poirier?) et doit, dit-on, sa fondation à Elisabeth du Péry. Le conseil de Brabant en réglementa, le 12 décembre 1786, l'administration, qui fut légèrement modifiée par un arrêté royal du 3 janvier 1818.
Cet établissement avait pour proviseurs les curés d'Archennes, de Grez et de Biez et les biens étaient confiés à un receveur, établi par le seigneur de Piétrebais et rendant compte â ce seigneur et aux trois curés. Depuis 1818, il existe une commission administrative, que le bourgmestre préside. D'après l'ancien règlement, on y recevait des béguines, auxquelles on donnait par semaine 35 sous, et par an : 2 paires de souliers, 2 paires de bas, 2 chemises, 2 mouchoirs et d'autres habillements, valant au total 2 pistoles; 400 fagots, 12 wisses de bois de chêne, 2 charrettes de houille de 1,000 livres chacune. Chaque femme avait son lit séparé, et à six elles occupaient une chambre. On entretenait : en 1787, 6 ; en 1827, 26, et, en 1846, 31 vieilles femmes. Parmi celles-ci, il y en avait 14 de Grez, 3 de Doiceau (qui jouit des bénéfices de la fondation en vertu d'une décision de la députation permanente, du 12 juillet 1822), 7 de Biez et 7 d'Archennes. Actuellement, elles sont au nombre de 33.
En 1787, les recettes s'élevaient à 1,473 florins 9 sous, les dépenses à 1,050 fl. 16 s. 4 deniers. En 1827, les recettes montaient à 2,867 fl.
Le budget de l'hospice, pour 1859, était fixé comme suit:
L'hospice s'élève sur un petit plateau, dans une situation très salubre, à près de 100 m. au S. du village. On l'a reconstruit en 1858; c'est actuellement un bâtiment d'un aspect monumental, fort simple cependant, bâti en briques et dont la façade domine le versant gauche du Train. La chapelle, dédiée à saint Michel, est placée en avant-corps, du côté opposé. L'abside de cette chapelle, à l'extérieur, est ornée de la pierre tumulaire de la fondatrice, où on ne voit plus que des traces de la représentation d'une femme. On a laissé subsister, pour servir d'habitation au jardinier, une partie des anciens bâtiments, où l'on remarque une porte et quelques fenêtres à meneaux croisés, datant du XVIe siècle. On y lit, sur une poutre du plafond de l'écurie, le chronogramme suivant : IMPLEAR BENEDICTIONE., qui donne l'année 1653. L'ancienne chapelle offrait, au plafond, la date 1789. Sur le terrain voisin de l'hospice, vers le nord, on a trouvé, il y a 5 ou 6 ans, quelques débris d'armures, un gobelet en verre vert, une agrafe, etc.
La chapelle du Prry avait, en 1787, un revenu de 67 fl., qui était chargé d'une messe par semaine, et d'un anniversaire en mémoire de la fondatrice. On y avait annexé une chapellenie de Saint-Michel, qui était alternativement conférée par le seigneur de Piétrebais et l'abbesse de Valduc, avec fondation pour célébrer la messe les dimanches et fêtes et une instruction, avec collation, pour les béguines. En 1824, on ne disait plus la messe au Péry; actuellement, on la célèbre une fois par an. Une sœur de la Providence, de Champion, est attachée à l'hospice, comme infirmière.
L'hospice Thumas, qui occupe une belle habitation sur la place du bourg, fut établi, il n'y a pas longtemps, par des fermiers de Grez, qui, après avoir fait de mauvaises affaires, allèrent habiter Villers-Perwin, y prospérèrent et laissèrent leur avoir à cet hospice, sauf une rente viagère au profit d'une de leurs sœurs. On y entretient d'ordinaire, neuf vieillards.
En 1859, le budget de cet hospice était équilibré comme suit :
En 1766, les habitants nommèrent un chapelain-maître d'école, à qui on assigna une maison et quelques terres, à charge de célébrer deux messes par semaine, outre une messe, avec instruction, les dimanches et fêtes, à l'hospice du Péry. Il y a actuellement : à Grez, une école communale pour les garçons, à côté du cimetière, sous la chambre commune; et une école pour les filles, bâtie avec beaucoup de goût, sur la route de Grez vers Jodoigne, et qui est tenue par deux sœurs de la Providence, de Champion; à Hèze, une école bâtie en 1846-1847; à Doiceau, une école communale pour les garçons, élevée, en 1849, près de la ferme de la Brique, sur un emplacement marécageux, et, près de l'église, une école pour les filles, qui fut fondée, en 1853, par M. le curé actuel de Dion-le-Val, et qui est tenue par deux sœurs de la Providence.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, en 1858-1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé â 362 : 194 garçons et 168 filles. L'instituteur Haccourt a obtenu un prix au concours de 1841. Une fondation en faveur de l'instruction primaire a été instituée par Gérard-Jean Onderdonck, en 1671, en faveur des enfants de Grez. Un arrêté royal, du 8 avril 1844, en a ordonné le rétablissement et en a confié l'administration au curé et au bourgmestre.
Lambert Vincent, de Grez, fut primus de Louvain en 1648.
Il existe â Grez une Société philharmonique.
La fête communale arrive le dimanche après la Saint-Barthélemy (24 août).
On fait une procession le dimanche après la Saint-Georges (23 avril).
Une centaine de membres du serment de Saint-Georges, à cheval, attendent sur deux files, devant le premier reposoir, la bénédiction du Saint Sacrement et, tandis que la procession parcourt son itinéraire accoutumé, les cavaliers décrivent, au trot, autour d'elle, mais en dehors de la paroisse, un vaste cercle et reviennent à temps au même endroit pour recevoir au retour de la procession une seconde bénédiction.
Sanderus, Dominium de Peeterbaix; in-folio de sept pages, sans indication de lieu et de date d'impression (probablement chez Vleugart, à Bruxelles, en 1663). Dédié à Lamoral Vanden Berghe et accompagné d'une belle vue, avec ces mots : Lucas Vorstermans junior incidit aqua forti.
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