Le village de Corroy apparaît d'abord sous le nom de Chastre, qui resta à une de ses fractions, accompagné de la qualification de le Bole. Le centre de la localité, au voisinage de l'église, se nomma d'abord Colroyt (1152, 1188) ou Corroit (1172). Cette dernière forme se modifia ensuite en Coroit (1313, 1383), Couroit ( 1403); Conroit (1436, 1492, 1505), Coroyt (1490-1491), Corroy (1666), Conroye (XVIIe siècle), en flamand Conroet (1492), nom qui est d'ordinaire suivi de la qualification de le Grand (Corraut le Grand, 1374; Coroit le Grant, 1403-1404, Conroit le Grand, 1477; Conroit le Grand, 1477; Coroy le Grand, 1495; Conroy le Grand, 1636; Corroy le Grand, LE ROY, 1686, 1775, VANDER STEGEN; Corroit le Grand, 1678; Grand Corroy, 1676; en latin Coretum magnum, 1441, 1639), et quelquefois surnommé Chastre le Bole (Coroit le Grand nommé Chastre le Boulle, 1420; Courois Chaustre le Bois, 1559; Conroye Chastre le Bolle dict le Grandt, 1571; Coenroit le Grand dit Chastre le Boulle, 1573, Corroy Chastre le Voule, 1610; Couroye Chastre le Bole, 1611; Conroy le Grand dit Chastre le Boulle, 1617; Corroy le Grand dit Chaustre le Bol, 1616; Coroy Chastre le Bole, 1787).
En Belgique, nous rencontrons pour homonymes Corroy-le-Château (province de Namur) et deux Corroy, dépendants l'un de Horrues (Hainaut), l'autre de Mettet (province de Namur); en France, le nom de Corroy est appliqué à une commune du département de la Marne, à des hameaux des communes d'Ormes (Loiret), de Culmont (Haute-Marne) et de Tours (Somme); il y a encore Colroy-la-Grande (Vosges), Coiroy-la-Roche (Vosges), trois Cauroy : une commune (Ardennes) et deux hameaux, à Berlencourt et à Gonnehem (Pas-de-Calais); Cauroy-lez-Hermonville (Marne) et Cauroir (Nord). Cette dernière localité, selon Mannier, s'est successivement appelée : Colroi, Caurois, Corroit, Corroy, Cauroi, Cauroit, Corriletum. Cette dernière forme conduit au mot Coryletum ou Coudraie, c'est-à-dire lieu planté de coudriers.
La commune de Corroy-le-Grand est limitrophe de celles de Dion-le-Mont, Chanmont, Tourinnes-les-Ourdons, Nil-Saint-Vincent, Corbais, Ottignies et Wavre.
Corroy est à 2 1/2 kilomètres de Corbais, 3 kilom. de Nil, 4 1/2 kilom. de Chaumont, 5 1/2 kilom. de Dion-le-Mont et Tourinnes, 9 kilom. de Wavre, 9 1/2 kilom. d'Ottignies, 30 1/2 kilom. de Nivelles, 33 1/2 kilom. de Bruxelles.
L'église de Corroy se trouve située par 56 grades 29 de latitude N. et 2 grades 60 de longitude E. L'altitude du seuil du cabaret Lacourte, maréchal ferrant à la Baraque, est de 129 mètres 75.
Le procès-verbal de délimitation du territoire de Corroy-le-Grand a été dressé le 9 janvier 1806. Le cadastre divise le territoire de Corroy-le-Grand en neuf sections : la section A ou de Lauzelle, la section B ou du Vieux Sart, la section C ou du Fond Jean-Jacques, la section D ou de la Montagne des Sorcières, la section E ou du Fond des Malades, la section F ou du Champ des Fosses; la section G ou du Champ del Mez, la section H ou du Champ du Seuciau, la section I ou de la Vieille Commune.
Au 1er janvier 1859, ces sections se trouvaient morcelées en 2,572 parcelles, appartenant à 567 propriétaires, donnant un revenu cadastral de 87,679-79 fr. (sol : 79,673-79; bâtiments: 8,006-00) et ayant une contenance de 1,463 hectares 29 ares 10 centiares (imposable : 1,427 hect. 66 a. 50 ca.; non imposable : 35 hect. 62 a. 60 ca.).
Cette contenance globale se subdivisait ainsi en 1834 :
On comptait à Corroy-le-Grand : en 1374, 119 maisons; en 1436, 54 foyers; en 1464, 73 foyers; en 1472, 55 foyers; en 1492, 36 foyers; en 1526, 89 maisons, y compris l'hôpital; en 1686, 89 maisons, 1 moulin, 1 franche taverne; au 31 décembre 1856, 337 maisons.
Le village de Corroy, qui compte 161 maisons; le Vieux Sart, 93 maisons; le Neuf Sart, 45 maisons; le Laid Burniau, 10 maisons; le Genistroit, 6 maisons; la Baraque, 15 maisons; Louvrange, 7 maisons.
Corroy est bâti dans la vallée du Train et de son petit affluent le Pion; l'église se trouve à l'extrémité méridionale de l'agglomération. La partie occidentale du village, vers la source du Train, se nommé ordinairement Al Mez (le Mée, 1616); la partie septentrionale, qui se rapproche du hameau d'Ocquière sous Chaumont, forme un groupe appelé, le Manilpré. Une partie de Corroy, notamment celle vers le Bocquia mollin portait la désignation de Chastre ou Chastre le Bolle (Castra, 958; Chastre, 1383, 1430; Chastres, 1374; Chastre le Bol, 1403-1404, 1733; Castre le Bole, 1492; Chastre le Boulle, 1505; Chastre le Bolle, 1607-1619).
Le hameau du Vieux Sart ( Vielsardt deles Mont-Saint-Wibert, 1374; Visart, 1383; Viessart, 1403-1404; Vielsart, 1440, 1525, 1556, 1573, 1616; Vieusart, 1504, 1614, 1626, 1666, 1703; Vieux Sart, 1636, 1787; en latin, Vetus sartum, 1441) s'étend à l'ouest et au nord de la colline qu'occupent les champs d'Oignies, à 2,800 mètres N.-O. de l'église de Corroy. On confond ordinairement sous cette dénomination générale les différents hameaux que nous allons énumérer.
Le Neuf Sart (Novumsartum, 1147; Sartum novum, 1180; Neufsaert, 1374; Nousart, 1430; Noefsart, 1460; Neusart, 1641, 1662; Neufsart, 1787) se trouve vers la source du Pisselet, à 2,000 mètres N.-O. de l'église, et comprend les habitations voisines des trois grandes fermes De Villers, De Glimes et du Mont. Cet endroit parait être désigné dans quelques chartes sous le nom de Rehorsart (1184) ou Roharsart (1197, 1200). Les maisons situées à l'est de la ferme De Villers se nomment les Culots.
L'extrémité méridionale du Neuf Sart, à 1,900 m. O.-N.-O. de l'église, forme un petit groupe isolé, sous le nom de Laid Burniau.
Le Genistroit (1632) est un écart situé à 3,000 mètres O.-N.-O. de l'église; il est considéré ordinairement comme le prolongement méridional du Vieux Sart.
Le petit hameau de la Baraque, qui se prolonge sur Ottignies, occupe un plateau traversé par la route de Wavre à Namur, à 3,700 mètres O.-N.-O. de l'église.
Nous nous sommes déjà occupés du hameau de Louvrange , en décrivant les communes de WAVRE et de DION-LE-MONT, dont il dépend en partie; les maisons qu'il possède sur le territoire de Corroy se trouvent à 4,000 mètres N.-O. de l'église, près du Chêne Copette.
A 900 mètres N. de l'église, le Château de Corroy, converti en ferme; à 2,000 m. N.-N.-E., la Papeterie du Bloquiau (Blockeomollin, 1477; Bocquemollin ou Bocquiamollin, XVIIe siècle; Blocqueaux, moulin à Chastre-le-Bolle, 1636); à 1,100 m. S.-S.-O., le Moulin a vent de Corroy; à 3,500 m. O.-N.-O., la Vieille baraque; à 3,200 m. N.-O., les Maisons de la Croix Joseph; à 2,500 m. N.-O., le Château du Vieux Sart; à 2.800 m. N.-N.-O., la Maison Bouffioux.
Chêne Copette; Campagne de Villers; Campagne de Lauzelle; Bois de Villers; Campagne de la Baraque; Croix-Joseph; Champ d'Oignies (d'Onaye, en wallon); Petit champ; Fond des Mais; Fond Jean-Jacques; Campagne du Buisson; Tienne al Sorcière; Vaux Châle; les Deux épines; Fond Sainte-Anne; Campagne du Petit poirier; Fond des Malades; Champ d'Hurtebize, que l'on écrit et prononce ordinairement Huttebize; Commune d'Hurtebize; Bois d'Hurtebize; Petits champs; Taille Beausart; Champ des Fosses, où l'on a exploité jadis des carrières; Fond du Bois; Champ du Sart; Campagne du Mont d'maule (de marne); Chapelle à la Croix; Sainte Marie vaux; le Saussoit; Fond du Saussoit; Grosse borne; Moulin de Corroy; Campagne de la Tombe; Campagne du Révaux; Fond de Wavre; Haie Mouchon; Campagne del Mez; Neuf bonniers; Campagne du Long sart; les Closières; la Justice; Épine de la Justice; Tilleul Saint-Sauveur, brisé par le vent en 1863; Fond de la Cure; Fond du Seuciau; Campagne du Seuciau; Moulin du Bloquiau; Commune de Manilpré; Bois de Corroy (Bois de Corroy, dit le Bois du Bocque-mollin, XVIIe siècle); Commune du Berger; Sept bonniers; Bois des Vallées; Bois des Papeteries; Ferme brûlée; Ferme du Gailli; Cense du Mont ou Ferme de Mérode; Bois planté; Bois fossé; Ferme de Beeckman ou Grade; Ferme de Glimes ou Vandenschrickx; Ferme De Villers, portant la date 1752; Communes de Chabot; Chemin de Louvain; Chemin de Perwez; Nouvelle voie; Brève de la Brasserie; le Corbeau; Ferme Charles Denis, portant l'inscription : Anno 1723 .A. I.; Ferme Minet; Moudreuse voie (voie meurtrière), chemin creux; Pont de la Drève; Pont de la Colette; Pont de l’Étang; Pont du Warechet; Pont du Rigo; Ruelle des Rigos; Ponceau Willem; Pont du Marchau des raines, ainsi nommé du sobriquet d'un forgeron qui jadis n'avait à ferrer que des grenouilles; Ruelle Grand' mère; Ferme Pétronelle, occupée actuellement par l'école de Vieux Sart; Bernard chemin; Grange à la Dîme; Voie de l'Hospitau (Ospital, à Conroit, 1480-1481; Hôpital de Corroy, 1616; Maison de l’hôpital, 1817), près de la Ferme brûlée et de la Closière des Pauvres; Bonnier Magdeleine; Vieille ferme Godfriaux; Terre aux Cailloux; Ruelle Laloux; Vieille voie; Ruelle Tonon; Taille Monfils; Chauve épine ( A Chauvespine ou Chauenspine, 1616); Sentier des Bergers; Avenue du Château; le Frênia (Au Fresneau, 1627); Sentier du Bosquet; Grand cortil; Closière Godfriaux; Ferme de Surpré; Bruyère Lambiet; Voie de Chaustre; Croix Higuet; Croix Thomas-Baptiste; Chapelle Saint-Martin ou du Vieux Sart; Chapelle de N.-D. de Bonsecours; Chapelle Saint-Ghislain; Chapelle Saint-Antoine.
Bois dame Allyt (XVIIe siècle); Épine Sainte-Agathe (XIXe siècle); Cense de Burinné, au seigneur de Corroy (1616); A Broncq (1470); Bowales champs, à Vieux Sart, 1620; Terre à Clocquy, le Campinoir, maison située près du chemin de Wavre à Namur; le Chamme à l'hoste, cités au XVIIe siècle; Cortil à Chaustre, Taverne à Chaustre, Mont à Chaustre, Al Sart Goffart, Al Bruyer Goffart, cités en 1616; le Houcq lentetmeau, bonne que on dit le Hoctenteucon, cités au XVIIe siècle; Horgival (Orgeval, 1204, 1495); Pâchis de Lauzelles, bois (1787); al Machure Saint-Pierre, Bonnier Saint-Martin, le Piroy, al Voye de Grez, al Ruewalette, Héritages del Tourne, la Taullée voye, cités en 1616; Terre de Tillioux (XVIIe siècle); Fossés de Wartieaux( 1620); la Voye Hierdans (1632).
Les vallées du Train, du Pisselet et du Ri des Papeteries sont nettement dessinées; on rencontre cependant de belles plaines au sud et à l'ouest du territoire. Le point culminant est à la Justice, où l'on a constaté une altitude de 152 mètres.
Les sables bruxelliens règnent sur la pente des vallées. Au Fond du Saussoit, ils renferment du fer hydraté; entre le Chêne Copette et la Croix Joseph, ils sont ferrugineux et contiennent du grès ferrugineux.
Le terrain laekenien semble exister sur les plateaux, mais il est recouvert par le limon hesbayen, qui se montre aussi dans le fond des vallées.
On exploite une sablière nommée le Saussoit. Pendant l'hiver quelques familles s'occupent à extraire de leurs terres des pierres blanches que l’on emploie au pavage des chemins.
Tout le territoire de Corroy appartient au bassin de l'Escaut; les cours d'eau qui arrosent cette commune sont : le Train, le Ri des Papeteries, le Pion, le Pisselet et le Ri d'Oignies.
Le Train prend sa source à la fontaine du Bue, près des fermes del Mez; reçoit le Pion (r. dr.); passe au pied du château de Corroy; pénètre sur le territoire de Chaumont, à l'ouest de la Bruyère Lambiet; devient limitrophe entre Chaumont et Corroy; reçoit le Ri des Papeteries (r. dr.); active la papeterie du Bloquiau, par une chute de 6 mètres 02; et passe définitivement à Chaumont, après un parcours de 2,100 mètres, dont 700 mitoyens, dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
Le Ri des Papeteries prend sa source à l'extrémité méridionale du bois Mateil; marque la limite entre Corroy et Chaumont, en longeant le bois des Papeteries et le bois de Corroy; alimente les étangs du Bloquiau; et se réunit au Train (r. dr.) ; après un parcours, entièrement mitoyen, de 1,900 mètres dans la direction générale du S.-E. au N.-O.
Le Pion prend sa source, entre l'église et la ferme du Gailli, à la fontaine dont il porte le nom; et se réunit au Train (r. dr.), après un parcours de 600 mètres dans la direction du S.-S.-E. au N.-N.-O.
Le Pisselet prend sa source à la fontaine de la Colette, près de la ferme De Villers; longe le parc et les étangs du château du Vieux Sart; reçoit le Ri d'Oignies (r. g.); passe sous le remblai de l'avenue du château; longe la Taille Beausart; et pénètre sur le territoire de Dion-le-Mont, après un parcours de 1,800 mètres dans la direction générale du S. au N.
Le Ri d'Oignies prend sa source au hameau du Vieux Sart, au nord-ouest des champs d'Oignies; longe la lisière de la Taille Beausart; et se réunit au Pisselet (r. g.), après un parcours de 600 mètres dans la direction du S.-S.-O. au N.-N.-E.
Outre les trois étangs du Bloquiau, il y a une mare dans le pré de la Barre et deux pièces d'eau au château du Vieux Sart; leur contenance totale est d'environ deux hectares.
On comptait à Corroy : en 1666, 300 communiants; en 1709,228 habitants; en 1784, 3 prêtres, 142 hommes, 162 femmes, 137 garçons et 122 filles âgés de plus de 12 ans, 101 garçons et 101 filles âgés de moins de 12 ans (dans la paroisse, 771 personnes : 3 prêtres, 275 hommes et garçons âgés de plus de 12 ans, 298 femmes et filles âgées de plus de 12 ans, 102 garçons et 93 filles âgés de moins de 12 ans); en l'an XIII, 1,009 habitants; au 31 décembre 1831, 1,363 habitants; au 31 décembre 1856, 1,620 habitants (wallons).
Les registres de l'état civil remontent à 1634.
Les bois ont ensemble 42 hectares; ils portent les dénominations de Taille Beausart, Bois planté, Bois fossé, Bois d'Hurtebize, Bois des Vallées, Bois des Papeteries et Bois de Corroy. Ce dernier, ainsi que le Bois des Seigneurs, l'un et l'autre d'une contenance de 3 bonniers, appartint anciennement au chapitre de Saint-Pierre de Liège, puis fut vendu, avec la seigneurie, à des laïques. Le Pâchis de Lauzelles, bois de 6 1/2 b., appartenait à Afflighem. D'après les recensements généraux, les exploitations agricoles se classaient de la manière suivante par rapport à leur étendue :
Les exploitations de plus de 50 hectares sont : le Château de Corroy (93 hect.), tenue par M. Stassart (E.) appartenant à M. Leclercq-DeDorlodot (M.); la Ferme De Glimes (92 hect.), tenue par MM. Vandenschrickx (Dieud. et Hipp.), appartenant au comte de Glimes; la Ferme brûlée (87 hect.), tenue par M. Leurquin (N.), appartenant à M. Misonne, de Gilly; la Ferme du Mont (77 hect.), tenue par la veuve Monfils, appartenant à la comtesse Françoise-Louise-Ghislaine de Mérode; la Ferme De Villers (59 hect.), tenue par M. Min (D.-J.), appartenant à MM. Becquet frères, de Bruxelles; la Ferme De Beeckman (58 hect.), tenue par M. Grade (C.), propriétaire ; la Ferme Vandenschrickx, tenue par M. Vandenschrickx (Léop.), propriétaire.
Le nombre des animaux domestiques constate par les recensements généraux s'élevait à :
Les terres exploitées par les cultivateurs de la commune se répartissaient ainsi :
Ce chiffre total se subdivisait en biens exploités :
En moyenne l'hectare de terre était estimé à:
Anciennement, l'épeautre était cultivé à Corroy sur une grande échelle.
L'ancienne verge linéaire a 18 1/2 ( jadis 22 1/2) pieds de Louvain.
Le moulin à farine de Corroy est mû par le vent; il a été bâti, en 1806, par un nommé Gaspart, et n'a que deux paires de meules. Jadis il n'y avait pas de moulin à Corroy-le-Grand même. Mais, dans la partie de la paroisse appelée Chastre le Bolle, existait le Blockcomollin, que les chanoines de Saint-Pierre de Liège arrentèrent, le 15 octobre 1477, moyennant 4 1/2 muids d'épeautre. En 1636, il était devenu la propriété des de Berghes, comtes de Walhain. En 1824 ou 1825, les barons de Beeckman le convertirent en une papeterie et une brasserie, qu'ils aliénèrent, en 1854, avec les étangs contigus et d'autres dépendances, en tout 9 hectares. Cette papeterie fut longtemps exploitée par MM. Gerhardi et Rayner, qui obtinrent à l'exposition des produits de l'industrie, de Bruxelles, de 1841, une médaille en vermeil, et ajoutèrent à leur usine une machine à vapeur (arrêté en date du 10 juillet 1845), qui n'existe plus. Actuellement, la papeterie du Bloquiau, qui appartient à la société anonyme de l'Union des papeteries, n'est activée que par le Train. Elle a une roue hydraulique de la force de 12 chevaux, dont la retenue est à l'altitude de 89 mètres 58. Cet établissement n'a que deux piles à chiffons, qui alimentent la papeterie de Gistoux, et occupe 20 ouvriers.
Quelques ouvriers maçons et journaliers quittent la commune pendant la belle saison.
La route de l'État de Wavre à Namur traverse Corroy sur 2,600 mètres. On compte 34 chemins et 33 sentiers vicinaux, mesurant ensemble 76,017 mètres, dont 9,815 sont pavés; ils ont nécessité la construction de 12 ponts.
Le chemin de grande communication n° 32 traverse la commune sur 4,732 mètres; le chemin n° 75, sur 410 mètres.
La commune a été autorisée, le 25 septembre 1850, à lever sur le chemin n° 32 (de Gistoux à la route de Wavre vers Gembloux) un péage s'élevant aux 2/5 du droit ordinaire.
A 550 mètres S.-S.-O. de l'église de Corroy, au bord oriental du chemin conduisant au moulin à vent, vers Corbais, se trouve le Champ de la Tombe. Il y existe un tumulus que la tradition dit avoir été jadis plus considérable et qui n'a plus que 1 1/2 m. de hauteur sur une trentaine de mètres de diamètre.
A 800 m. N.-O.-N. de l'église, près de la ferme Bero, la dernière du hameau Del Mez, on a découvert, en égalisant le sol derrière la grange, le 13 novembre 1862, une sépulture romaine. A une profondeur de 50 centimètres se trouvait une espèce de puits, formé de moellons marneux, superposés sans ciment, ayant environ 1 m. de diamètre et descendant à peu près à 1 m. de profondeur. Au fond, sur un lit de sable doux, reposaient les objets suivants qui ont été acquis par le gouvernement pour le Musée d'antiquités : deux monnaies d'Adrien, une patène en verre vert pâle, de 15 c. de diamètre, décorée de 65 fleurs traversant la pâte d'outre en outre, à centre bleu et à corolle composée de sept pétales verdâtres avec bordure jaune; quatre bouteilles carrées d'un verre presque blanc, avec goulot rond et anse; neuf écuelles en terre rouge, de grandeur différente, et dont quatre portaient au centre ces marques de potier : AGOMAR, OMWÆ , RICINUS et un mot formé de caractères que nous ne pouvons reproduire; trois urnes, trois cruches et deux vases en terre; une petite cuiller d'argent; des globules faits d'une espèce de composition et ayant la forme de pastilles, blanches ou noires. La patène, qui est brisée en quatre morceaux, contenait des cendres plus rudes que celles de bois, mais pas d'ossements.
Sur la lisière du bois de Hurtebize, près de Dion-le-Mont, dans des terrains récemment défrichés, à l'est de la maison Bouffioux le sol est rempli de débris de constructions antiques : tuiles, briques, ciment etc.
Le nom de Castra (Camp), que portait jadis le village de Corroy (qui continua à être désigné, en totalité ou en partie, sous la dénomination de Chastre-le-Bole), semble indiquer que les Romains eurent en cet endroit un poste fortifié. Le chemin qui conduit de l'église au château de Corroy se nomme encore l’Voïe de Chausse.
Par une charte donnée à Cologne, le 11 juin 958, le roi Othon le Grand donna à l'un de ses fidèles ou vassaux, nommé Tietbold, pour le posséder à perpétuité, le bien nommé Castra ou Chastre, avec les manses, serfs, édifices, prés, pâturages, eaux, bois et revenus qui en dépendaient. Cette charte curieuse nous apprend que ce Chastre, qui ne peut être que Chastre-le-Bole ou Corroy-le-Grand, était situé dans le pagus Darnegouwe ou comté de Darnau (dont Gembloux était en quelque sorte le chef-lieu ) et dans le comitatus (ou la juridiction) du comte Robert (Robert de Namur). Le domaine qui fut alors concédé à Tietbold passa plus tard au chapitre de Nivelles; il avait été confisqué au profit du fisc sur Immon, l'un des nobles les plus puissants et les plus turbulents de la Lotharingie.
Les comtes de Namur ne conservèrent pas leurs possessions dans cette partie du Darnau, qui fut plus tard soumise à l'autorité des comtes de Louvain, ducs de Brabant, et Chastre ou Corroy forma plusieurs seigneuries distinctes, telles que Corroy, propriété du chapitre de Saint-Pierre, de Liège, Neusart, domaine du chapitre de Nivelles, Vieusart etc. Les noms de ces dernières indiquent qu'une grande partie du territoire était originairement couvert de bruyères et de bois.
Les droits des propriétaires de ces domaines respectifs étaient assez mal définis. Ceux du chapitre de Nivelles firent l'objet d'un record en date du mois de janvier 1430. « Voici, y est-il déclaré, les échevins qui vous disent que le chapitre (de Nivelles) est seigneur tréfoncier de la ville de Neusart et de Chastre et y a cour et jugeurs, à savoir maire et échevins. Le maire peut abonner (ou aborner), deseurer, faire marché avec tous seigneurs. Le chapitre y a trois fois l'an des plaids généraux : le lendemain de la Saint-Remi, à la Saint-Etienne et à Pâques closes. Les masuiers (ou tenanciers) y assistent pour ouïr les droitures de la ville. Il y a deux amendes : l'une de 7 sous, l'autre de 60 sous et 1 maille ».
Un avoué, qui était le seigneur de Bierbais (à Hévillers), percevait quelques taxes, consistant en un pain, une poule, un setier d'avoine, par feu, et 12 deniers, par bonnier de terre. Il était tenu d'amener les masuwiers à droit et à loi et de les garder de chevauchée et de mauvais gîte. Lorsque le maire ne pouvait faire payer les amendes, cette charge revenait à l'avoué, qui en recevait alors le tiers, à son profit. Quelques années après, un débat s'étant élevé entre le chapitre et l'avoué, au sujet d'une saisie de bétail opérée à Neusart, et qui avait été suivie d'une condamnation à la prison, à Bruxelles, on en appela au conseil de Brabant, qui ordonna de ramener le bétail à Neusart, où la cause serait jugée, et enjoignit au sire de Bierbais, Ghislain Du Chesne, de faire réparation au chapitre. Cette cérémonie s'effectua le 15 juin 1466.
Le 12 mai 1318, une assemblée eut lieu à Corroy, sur le cimetière, en présence d'un délégué du chapitre de Saint-Pierre de Liège. Là, les échevins du village, à la semonce ou invitation du maire du chapitre, déclarèrent, après en avoir conféré ensemble, que le duc de Brabant était chargé de faire lever le cens appartenant aux chanoines et, en retour, pouvait prélever sur les revenus de ceux-ci : à la Noël, 9 chapons et 9 douzains d'avoine; à la Saint-André, 12 deniers. Les échevins mirent cette déclaration en garde de loi, et acte en fut passé par un clerc liégeois, le notaire Goflfin, fils de feu Thomas de Hemricourt. Plus tard, les habitants de la seigneurie proprement dite de Corroy donnaient au duc, pour taxe d'avouerie, une poule, un setier d'avoine, mesure de Gembloux, et un pain, qui se payaient le jour de la Saint-Thomas.
En 1488-1489, Corroy fut incendié, puis obtint une remise de 4 livres 19 sous sur sa cote dans l'aide votée en 1492. Tous les habitants abandonnèrent leurs foyers et n'y revinrent que lorsque les hostilités entre les partisans et les ennemis du roi Maximilien et les ravages des troupes de ce dernier eurent cessé.
Le 10 août 1615, une nommée Marie d'Orbeye comparut devant les échevins de la « haulte court de Berghes jugeant à Neufsart » et y déclara que la nommée Marie Jomiron, veuve de Toussaint Borgo, était une sorcière et vaudoise, et qu'elle l'avait rencontrée aux danses des sorciers, tant à la Tombe de Glymes qu'ailleurs. Les archives locales contiennent encore d'autres pièces du même genre.
Vers l'année 1640, le 16 juillet, les Hollandais vinrent pour piller Corroy; mais ils furent repoussés par les habitants, renforcés par ceux des villages voisins : Mont-Saint-Wibert, Hévillers, Chastre, Villeroux, Blanmont, Mélery, Gentinnes, Saint-Géry et Dion-le-Mont, et poursuivis jusqu'à Hannut.
Le 18 juin 1815, vers 1 ou 2 heures, une escarmouche de peu d'importance se livra à Vieuxsart, à la ferme de Lauzelles, entre le lieutenant-colonel Ledebur, commandant l'arrière-garde prussienne, et la cavalerie française d'Excelmans, du corps de Grouchy. Ledebur se replia sur la ferme de Lauzelles, dans la direction de Wavre.
Corroy-le-Grand fit longtemps partie de la mairie de Mont-Saint-Guibert. Cette commune fut annexée, en l'an III, au canton de Nil-Saint-Martin, puis comprise, en l'an X, dans celui de Wavre.
Sous le rapport judiciaire, la paroisse se divisait jadis en quatre parties :
« En la paroische de Courois le Grandt, disent les premiers Comptes des baillis de Nivelles, le chapitre de Saint-Pierre à Liège (depuis 1616, des laïques) maintient avoir court et jugeurs, cens, loix, rentes et amendes, qui se jugent selon la loi de Liège; monseigneur y a la tierce part des amendes et toute la hauteur.
Encore y est la ville de Chastre le Bole, dont une partie est à monseigneur et une partie au seigneur de Sombreffe et aux seigneurs de Saint-Pierre de Gembloux, lesquels, maintiennent-ils, y ont cens, rentes, loix et amendes, qui se jugent selon la loi de Liège, et monseigneur a la haute justice.
Encore y est une ville de Vieusart, où le sire de Sombreffe se dit avoir court et jugeurs, cens, rentes, loix et amendes, qui se jugent selon la loi de Louvain et monseigneur y a la haute justice.
Encore y est une ville de Neufsart, où Baudouin de Glymes se dit avoir la hauteur et monseigneur la souveraineté, qu'on ne peut composer, traiter ni rien quitter sans l'octroi et consentement de mondit seigneur ».
Le chapitre avait en ce lieu une cour foncière, des cens, la perception des lois et vertes amendes. On y jugeait selon la coutume de Nivelles.
Ainsi les coutumes de Liège, de Louvain et de Nivelles se partageaient Corroy : la première était suivie à Corroy même et à Chastre-le-Bole; la deuxième à Vieusart, la troisième à Neusart. Les cours ou échevinages des trois premières localités figurent au nombre de ceux qui allaient en appel à Louvain, au siècle dernier.
Le duc de Brabant avait la haute justice partout, sauf à Neusart, dont les seigneurs étaient les mêmes que ceux de Bierbais à Hévillers. Le chapitre de Liège, à Corroy même; les Sombreffe, seigneurs d'Ottignies, puis les Groesbeke, à Chastre-le-Bole et à Vieusart; l'abbaye de Gembloux, à Chastre-le-Bole; le chapitre de Nivelles, à Neusart, avaient des juridictions moins importantes.
En 1559-1560, le souverain vendit au seigneur de Vieusart, Siger de Groesbeke : 1° le 27 septembre 1559 et à titre d'engagère, moyennant 1,077 livres 10 sous d'Artois, la haute, moyenne et basse justice de Corroy-le-Grand dit Chastre-le-Bole, avec la volerie (ou chasse au vol), la pêche, un cens de 12 sous 7 deniers de Louvain, 60 1/2 vieux gros, 2 tournois, 48 placques, 18 1/2 chapons, 2 poules, 7 muids 6 1/2 francquettes d'avoine, mesure de Nivelles (r. du 10 mars 1560-1561); 2° comme vente définitive, pour 140 livres, la haute justice de Vieusart et Ongnyes (r. du 21 juin 1560). Siger, à son tour, vendit la justice de Corroy à messire Guillaume de Hanxeleer, sire de Gangelt, Herstal etc. (r. du 5 juin 1593). Les acquéreurs de la seigneurie du chapitre de Saint-Pierre majorèrent l'engagère de Corroy : le 17 juillet 1630, de 2500 florins; le 17 avril 1638, de 1,100 fl.; le 10 janvier 1644, de 5,322 florins 10 sous. A cette dernière époque, la vente devint définitive.
Le greffe de Corroy, pour les années 1702 à 1795, se trouve au tribunal de Nivelles.
Sous le rapport des aides, le village se divisait, en 1383, en trois fractions : Chastre, qui était rangé parmi les villages du duc; Vieusart, Corroy et Neusart. Leur part respective s'élevait à 4 2/3, 13 1/3 et 98 vieux écus. Des neuf conseillers communaux, quatre sont attribués au Vieusart, cinq à Corroy et aux hameaux non désignés.
Les archives, après avoir longtemps été conservées à la maison communale, dans un coffre à trois serrures, ont été transportées dans le grenier de l'école. Un examen rapide nous a permis de constater qu'elles consistaient surtout en pièces processales et de comptabilité, des deux derniers siècles.
Le 11 mai 1813, la commune fut mise en possession de l'église, du cimetière, de la cure et de la maison communale. Outre cette dernière et l'école, la commune possède 19 hectares 91 ares.
Son budget, pour 1859, présente les chiffres suivants :
Les biens de Corroy appartenaient déjà, en l'an 1152, au chapitre de Saint-Pierre, de Liège. Un nommé Hescelon et ses héritiers rendirent alors aux chanoines une dîme, que Godescalc prit d'eux à cens, moyennant 20 sous de Liège, par an. En 1188, le même Godescalc augmenta ce cens de trois sous, afin que sa maison, s'il en construisait une à Corroy, fût exempte de payer la dîme : ses biens passèrent plus tard à l'abbaye d'Afflighem.
Lorsque la haute justice fut vendue par le domaine aux Groesbeke, sires de Vieusart, ceux-ci prétendirent lever le droit d'avouerie sur les tenanciers du chapitre et réclamèrent un tiers du produit des coupes de bois effectuées par ordre de ce corps, tandis que la chambre des comptes de Brabant soutenait que ces droits n'avaient pas été compris dans l'engagère.
Ce fut afin de terminer le procès qui s'engagea à cette occasion que le chapitre se détermina à vendre sa seigneurie de Corroy. La haute vouerie de ce bien, consistant en un tiers des amendes criminelles et du bois du Corroy (les deux autres tiers restant au chapitre), ayant été détachée de la haute, moyenne et basse justice du village et vendue, le 1er décembre 1610, moyennant 400 florins, en vertu d'un décret en matière féodale rendu par le conseil de Brabant, sire Charles Rolle ou de Rolly, qui demeurait à Corroy, et sa femme Jeanne de Croy en devinrent possesseurs comme plus hauts enchérisseurs (r. du 10 décembre 1611); ils ouvrirent ensuite des négociations avec le chapitre de Saint-Pierre et ce dernier, à qui le domaine de Corroy coûtait beaucoup, depuis 20 ans, en frais de procès, leur en fit abandon, en échange d'une ferme entièrement construite en pierres et couverte d'ardoises, avec 120 bonniers de terres et de prés, libres de toute charge, sauf un cens seigneurial de 40 patars, situés à Hylptyne près de Philippeville (Hemptinne?), et provenant de Jean, père de l'acquéreur (acte des maire et échevins de Liège, du 21 juin 1617). L'acquisition fut faite par Charles de Rolly au profit de son fils Michel. On n'y comprit pas le patronat de l'église paroissiale, les grandes et menues dîmes de Corroy, Vieusart et Neusart, un tiers de la dîme de Lauselle et une grange décimale. Ces dîmes rapportaient au chapitre, en 1787, 4,209 florins. Messire Grégoire-Ignace Rolly devint seigneur de Corroy par don de Michel, son père (r. du 30 septembre 1670), et eut pour successeurs :
Marie-Jacqueline de Rolly, par cession du précédent, et son mari, Grégoire-Ignace de Beyens (r. du 18 juin 1676);
Michel-Joseph Beyens, leur fils, alors placé sous la tutelle de Michel de Rolly (r. du 17 décembre 1691);
Jean-Nicolas de Beeckman, seigneur de Vieusart, comme acquéreur à la suite d'un décret rendu par le conseil de Brabant, le 6 octobre 1702, à la charge de Philippine-Godelieve de Ghistelles, dame de Thy et de Corroy, et des enfants de Grégoire-Ignace Beyens (r. du 24 mai 1703).
Le château ou ferme de Corroy, qui, depuis cette époque, a eu les mêmes maîtres que celui de Vieusart, est situé au bord d'un coteau qui domine le vallon du Train. Selon Le Roy, il comptait six à sept vieilles tours; mais, à en juger par la gravure qui accompagne son ouvrage et par les constructions encore existantes, ces tours étaient peu anciennes et peu importantes : on en voyait deux de forme ronde, vers la vallée; les autres, carrées, percées de fenêtres également carrées, surmontées d'un petit toit à clocheton, étaient groupées vers le plateau. De ce côté se trouvaient, près de l'entrée supérieure, les étables et, séparé de ces dernières par une cour, le corps de logis principal. Des murs d'enceinte et d'autres constructions entouraient la seconde cour, qui était plus grande que la première. Les abords du manoir ont subi une transformation presque complète : les bouquets d'arbres et les jardins qui l'entouraient ont disparu; quant à l'intérieur, il présente des traces de trois constructions distinctes. Les bâtiments les plus modernes sont ceux qui servent à l'exploitation rurale. Vient ensuite le corps de logis, édifice dont le soubassement est en moellons et dont la partie supérieure est en briques avec cordons et anglées en pierres; les fenêtres étaient à croisée de pierre, mais on en a bouché un grand nombre; les ardoises du toit donnent la date 1765; la façade N.-O. était flanquée de deux tourelles carrées, dont l'une est démolie; une troisième tour, plus grande, forme avant-corps, au milieu de la façade S.-E. Il ne reste de l'ancien château-fort que deux fragments du mur d'enceinte, vers l'orient, reliés par une tourelle ronde qui a encore 6 à 7 mètres de hauteur; ces débris sont maçonnés en pierres brutes; on y remarque des meurtrières, dont le centre présente un trou circulaire, comme à celles qui servaient pour les armes à feu; une meurtrière semblable, provenant peut-être du château, se voit à la cure de Corroy. Si l'on en croit une tradition locale, les châteaux de Corroy et de Walhain communiquaient autrefois par une galerie souterraine.
Renchon Brabenchon tenait en fief du duc de Brabant, au commencement du XIVe siècle, des terres et des cens en avoine et en chapons, d'un revenu annuel de 100 sous de Louvain. Après lui, Jean de Loveringe ou Louvrange laissa ce bien à Marie, sœur de Gosseal de Loveringe, et femme de Godefroid de Campes. Ce domaine, que les Sombreffe et les Virnembourg possédèrent pendant longtemps, fut séparé de la seigneurie d'Ottignies et vendu à Jean le Tuylle dit le Jeune (r. du 19 mai 1543), qui eut pour successeurs :
Josine le Tuylle ou Van Thulle, sa fille, et son mari, messire Siger de Groesbeke (r. du 11 novembre 1556), premier seigneur haut-justicier, qui était gouverneur du pays de Groningue lorsque Louis de Nassau l'envahit en l'an 1568, et mourut gouverneur du pays d'Utrecht;
Siger de Groesbeke, leur fils (r. du 10 mars 1560-1561, pour Vieusart; du 18 novembre 1573, pour la haute justice), qui aliéna la haute justice de Corroy, en conservant celle de Vieusart;
Marie, sa sœur (r. du 5 décembre 1605). Cette dame n'ayant pas relevé la haute justice de sa seigneurie, et chambre des comptes ordonna au bailli de Nivelles du Brabant wallon et au receveur Gerimiaulx de la sommer de produire ses titres, de renouveler l'échevinage, de saisir les revenus seigneuriaux. Le lieutenant du grand bailli exécuta cet ordre le 4 juillet 1614 et laissa à Vieusart six sergents chargés de la garde du château; quelque temps après, Marie de Groesbeke, ayant, sans doute, justifié de ses droits, se décida à les aliéner;
Messire Jules Witsleben, vicomte d'Upigny, par achat (r. du 11 août 1616, mais seulement pour l'ancienne seigneurie de Vieusart);
Messire Guillaume Beeckman, docteur en droit, écuyer, seigneur d'Orsmael, Monstreul etc. (r. du même jour), par achat au précédent. Beeckman fut envoyé par la cité de Liège, en qualité d'ambassadeur, d'abord, après des Etats généraux des provinces-unies, en 1605, puis auprès du roi de France Henri IV, en 1610. Il fut bourgmestre de Liège en 1608, 1613, 1616, 1618, 1623 et 1630 (époque de sa mort). Considéré par ses concitoyens comme le plus énergique des défenseurs de leurs droits, Beeckman était odieux à l'évêque Ferdinand de Bavière, qui annula son élection en 1630, prétendant que les formalités voulues n'avaient pas été observées. On passa outre à cette sentence et les deux bourgmestres annoncèrent qu'ils se maintiendraient par la force des armes. Beeckman étant mort tout à coup (29 janvier 1631), on accusa ses adversaires de l'avoir empoisonné et on lui rendit des honneurs extraordinaires; on lui éleva devant l'hôtel de ville une statue de bronze, qui fut renversée, traînée dans les rues et mise en pièces, lorsque la réaction triompha à Liège, et par ordre de l'évêque Maximilien-Henri de Bavière (2 septembre 1649); un peintre nommé Horion exécuta son portrait, qui fut gravé, accompagné de ces vers :
« Souspirés o Bourgoys, les grands et les petits, Beeckman est trépassé qui estoit votre appuy. »
On l'a accusé, lui et son ami Laruelle, d'avoir voulu introduire à Liège le calvinisme. De graves historiens ont regardé cette assertion comme prouvée; elle se concilie peu, cependant, avec les acquisitions de biens faites par Beeckman dans les Pays-Bas catholiques.
Dans l'entretemps, sire Ernest, baron de Groesbeke et de Fontoy, seigneur de Steyn, Belvaux etc., avait revendiqué la haute justice de Vieusart en qualité d'héritier de son père Siger II (r. du 8 avril 1626), puis l'avait vendue à Robert Dandelot, qui la recéda immédiatement à maître Lambert Ouwercx (r. du même jour), de qui Beeckman l'acquit, le 20 août de la même année. Ouwercx, de son côté, acheta à celui-ci le domaine de Vieusart ( r. du 24 août 1626), et obtint d'Ernest de Groesbeke la cession de ses droits sur ce bien (r. du 27 juin 1628).
Ferdinand Beeckman joignit à l'héritage de son père Guillaume les biens d'Ouwercx, contre lequel il exerça une action en matière de retrait féodal (r. du 16 janvier 1638); il suivit la même carrière que Guillaume, devint bourgmestre de Liège en 1654, fut mainte fois envoyé par la cité à la cour impériale, à la diète de l'empire, au cardinal infant, gouverneur des Pays-Bas espagnols, et au duc de Lorraine, et contribua à la signature de la paix de Tongres; un de ses frères, Jean-Jacques de Beeckman, fut premier cornette d'un régiment de cuirassiers au service de l'empereur, et mourut à Paris en 1643;
Jean-Nicolas de Beeckman, fils de Ferdinand et d'Anne de Fontigny, dame de Schore (r. du 3 mars 1695), acquit Corroy en 1703 et fut créé chevalier le 17 décembre 1714;
Charles-Ghislain-Joseph de Beeckman, fils du précédent et de Jeanne-Charlotte d'Udekem de Gentinnes (r. du 28 mars 1737), fut créé baron lui et ses enfants des deux sexes, par lettres patentes datées de Luxembourg, le 8 mai 1774; on y déclare que sa famille était originaire du pays de Munster et s'établit, en 1400, au pays de Liège, où elle s'illustra dans les emplois les plus importants;
Jean-Henri-Joseph, baron de Beeckman de Saint-Lambert-Libersart, fils du précédent et de Marie-Thérèse Vander Meere de Voorde (r. de 25 août 1785), fut échevin de Bruxelles en 1762, de 1766 à 1768, de 1770 à 1787, et bourgmestre de cette ville, de 1788 1792. Lorsque le gouvernement de Joseph II perdit Bruxelles, en 1789, le baron de Beeckman refusa de prêter serment au peuple brabançon et fut obligé de quitter l'hôtel de ville et remplacé le 25 décembre. Il rentra en fonctions au retour des Autrichiens. Ferdinand-Charles-Joseph, baron de Beeckman et de Schore, successivement échevin, premier conseiller et bourgmestre de Louvain, hérita de son frère et mourut le 7 janvier 1816; il avait épousé Jeanne-Catherine de Vroey de Linden, dont il eut plusieurs enfants, et notamment deux fils qui occupèrent d'importantes fonctions: Maximilien-Henri-Guislain, auditeur au conseil d'état de France, avocat général près de la cour impériale de Hambourg, gouverneur du Hainaut, puis du Limbourg, chambellan du roi des Pays-Bas, mort le 8 octobre 1834, à Aix-la-Chapelle, où il s'était retiré après les événements de 1830, et Auguste-Charles, qui fut membre de la députation permanente de la province de Brabant, depuis 1818 jusqu'en 1844, et qui s'allia à Marie-Julie de Huysman de Neufcour, dont il eut plusieurs enfants.
En 1854, le château de Vieusart, la chapelle, la brasserie, la grange, les jardins, les pelouses et autres terrains qui en dépendaient (d'une étendue de 52 hect.), la ferme dite le Château de Corroy, avec 85 hect.; la papeterie de-Gistoux, la fabrique de Bloquiamoulin etc., en tout 493 hectares, furent vendus par les Beeckman. M. Leclercq-De Dordolot acquit la majeure partie de ce beau domaine.
Dans le principe, le fief de Vieusart consistait en une maison et tenure, avec un maire, des échevins, un sergent, la justice, sauf l'obligation de livrer les malfaiteurs aux officiers du souverain; 18 bonniers de terres, 1/2 de prés et de pâturages, un cens de 28 sous, 70 chapons, 500 œufs, 8 muids d'avoine, mesure de Wavre. Il en dépendait une cour féodale. Suivant Blondeau, la seigneurie s'appelait parfois : de Vieusart et d'Oignies, parce qu'on y avait réuni un bien appartenant au monastère de ce nom. Dans l'un et dans l'autre domaine, selon le même auteur, le seigneur levait la mainmorte et les droits de congé. Chaque maison de Vieusart lui donnait une poule, par an, et le château même, avec ses dépendances, était exempt de dîmes. L'acquisition successive de la haute justice (en 1559), de la seigneurie du chapitre de Nivelles (1662), de celle de Corroy (1703), forma du fief primitif de Vieusart une seigneurie de premier ordre.
L'ancien château du Vieusart s'élevait à l'extrémité occidentale d'un vaste parc, sur le versant d'un coteau exposé au levant et au pied duquel coule le Pisselet. Cet édifice n'était remarquable que par son étendue; on vient d'en commencer la démolition, qui s'achèvera probablement en 1864. Dans un des bâtiments restés debout se trouve la chapelle castrale. Elle est publique depuis un temps immémorial, et avait, dès le XVIIe siècle, des fonts baptismaux. En 1666, on y disait la messe, mais l'on n'y catéchisait pas. En 1787, un ecclésiastique, investi du bénéfice de Saint-Martin, y célébrait l'office divin le dimanche, le mardi et le vendredi, et, tous les quinze jours, le jeudi. Il recevait, par an, 172 florins 10 sous de sa chapellenie et, de plus, un logement au château lui était concédé. En 1821, à la sollicitation du baron de Beeckman, l'autorité ecclésiastique demanda au Gouvernement qu'on érigeât l'oratoire en une annexe, dépendante de Corroy-le-Grand, ce qui fut décidé par un arrêté royal du 30 décembre 1825. L'État ne supporte de ce chef aucune dépense, le baron de Vieusart ayant offert de se charger de l'entretien de l'édifice et de la fourniture des vases et ornemente nécessaires, ainsi qu'il résulte d'une résolution du conseil communal du 19 septembre 1825.
Le 31 juillet 1859, le nouveau propriétaire défendit d'y célébrer la messe; mais cette interdiction fut bientôt levée et aujourd'hui un aumônier habite le hameau de Vieusart. La chapelle est dédiée à saint Martin évêque; malgré son exiguïté, elle a trois autels; elle ressemble plutôt à une grange qu'à un lieu saint. La foule entre par une porte latérale; derrière le chœur se trouve une autre porte, surmontée d'une pierre aux armes de Beeckman, avec la date 1701. Deux pierres armoriées, provenant de la démolition du château, gisent près de la chapelle; on lit, sur l'une : « F de Beeckman A de Fontigny »; sur l'autre : « Qui patitur | vinc.it Charle | de Roly 1633 ». En creusant le sol sous la pelouse qui avoisine la chapelle, devant le manoir actuel, on a trouvé de nombreux ossements.
Le nouveau château de Vieusart a été construit sur les plans de l'architecte Cluysenaar, à une centaine de mètres à l'est de l'ancien, dans une situation un peu plus élevée.
Cette belle habitation, en style renaissance, n'a pas moins de 45 mètres de largeur, sur 25 mètres de profondeur, en y comprenant les avant-corps. Elle est entièrement bâtie en briques rouges : les pierres de taille bleues et blanches n'y sont employées que pour le soubassement, les anglées, les cordons etc.; la toiture est en ardoises. Elle compte, au-dessus des souterrains, un rez-de-chaussée, un entresol, un premier étage et des mansardes; les tours et tourelles ont deux étages de plus.
La façade du sud-ouest est flanquée à chaque extrémité d'une tour carrée, n'ayant qu'une fenêtre à chaque étage et amortie d'un toit à quatre pans courbes avec couronnement en fer comme au château d'Argenteuil. La partie centrale est occupée par un avant-corps à trois pans, précédé d'un perron, orné de balcons et surmonté d'un pignon à redents; un cartouche indique la date (1858) de la construction du château, un autre les initiales (L. D.) du propriétaire. Dans les angles formés par cet avant-corps et les deux parties de la façade, qui ont chacune trois fenêtres de largeur sont logées des tourelles octogones en encorbellement comme des échauguettes.
A la façade opposée, l'avant-corps central a peu de saillie, mais est cantonné d'une tour carrée, dont le rez-de-chaussée sert de descente à couvert. Les angles extrêmes sont arrêtés par une tourelle octogone en encorbellement.
A 200 mètres S. du château s'aperçoit la petite chapelle de N.-D. de Bon Secours, que l'on prendrait pour une fabrique du parc.
La seigneurie du chapitre de Nivelles à Neusart avait une cour foncière (qui consistait, en 1662, en un maire, des échevins, un greffier), cens, lois et « verdes amendes »; ces amendes se jugeaient suivant la coutume de Nivelles. Le 20 juin 1641, le seigneur de Corroy reconnut que le chapitre avait juridiction tréfoncière à Neusart et, le 13 janvier 1662, celui de Vieusart la prit à cens. La haute justice était rendue, en cet endroit, par le seigneur de Bierbais, avoué du chapitre.
Le monastère de Gembloux avait à Corroy, ou plutôt à Chastre-le-Bole, une cour foncière dite la Cour de Saint-Pierre, et dont les tenanciers n'étaient pas tenus de comparaître aux deux plaids généraux qui se tenaient tous les ans. En 1616, le sire de Corroy, Charles de Roly, payait à l'abbaye, « pour la grande tour de son manoir et d'autres héritages », 33 deniers, 17 tournois, 6 1/2 chapons et 11 1/2 setiers d'avoine.
Le monastère de Villers possédait, à Neusart, de grands biens, qui lui furent donnés, dans la première année de son existence, par Henri de Jauche. Les documents appellent ces biens, tantôt Neusart, tantôt Roharsart.
Les biens d'Oignies, outre une seigneurie à Vieusart, comprenaient la Ferme du Sart, qui était assujettie, tous les ans, à 24 jours de corvée dus au domaine. Nous avons vu qu'ils furent réunis au domaine seigneurial de Vieusart.
L'abbaye de Florival levait à Corroy, en 1769, un cens de 7 chapons, 1 poule, 10 1/2 setiers d'avoine et 3 1/2 sous.
Comme seigneurs laïques, citons encore la famille des chevaliers de Corroy, dont un membre, le chevalier Jean, est mentionné dans un acte de l'an 1172. La cense du Mont, « sous le Neufsart », fut vendue, en 1710, par Jamin, curé d'Opprebais, à la dame de Rixensart. Elle produisait alors un revenu de 356 florins 12 sous. Melle de Montfort, dame de Rixensart, acquit, en outre, le 20 novembre 1738, du seigneur de Tiege, Marc, des terres s'étendant sur Corroy et Nil-Saint-Martin. Telle est l'origine du domaine que les Mérode possèdent à Corroy.
L'église de Saint-Brice, de Corroy, était une église entière. Avant l'érection de l'évêché de Namur, elle dépendait du concile de Gembloux, dans le diocèse de Liège. Depuis elle fut comprise dans le doyenné de Wavre, avant comme après le concordat.
La cure, dont la collation appartenait au chapitre de Saint-Pierre, de Liège, possédait jadis une dîme, mais elle la perdit, vers le milieu du XVe siècle, et fut alors dotée de 30 bonniers de terres et d'une redevance annuelle de 18 halster de seigle. Le 16 novembre 1753, on réunit à la cure les bénéfices de Saint-Nicolas et de Saint-Pierre, avec les 6 b. appartenant au premier, et les 11b. appartenant au dernier, à la condition d'entretenir un vicaire qui recevrait, par an, 300 fl. La compétence du curé fut augmentée des deux tiers d'un onzième de la grande dîme, dit la Dîme de Lauzelle, onzième s'étendant sur Vieusart, Neusart et Dion-le-Mont, et qui produisait un revenu de 500 florins. Avec la dotation des deux bénéfices, ce onzième, le produit de 25 b. 2 journaux de terres, de 2 petits bois, du casuel, la cure valait, en 1787, 1,612 fl. 9 sous. Un troisième bénéfice, celui de Notre-Dame, était doté de 3j. de bois, 2 1/2 j. de terres, et valait 52 11. 18 s. Le marguillier recevait du chapitre de Saint-Pierre 24 setiers de seigle, soit 142 fl. 5 sous. Les revenus de la fabrique s'élevaient : en 1787, à 304 fl.; en 1846, à 454 francs; elle possède 2 hect. 61 ares.
L'entretien de l'église provoqua plus d'un débat entre le chapitre de Saint-Pierre et la communauté. Cette dernière déclara, le 18 octobre 1420, que, d'après l'usage, les chanoines étaient tenus d'instituer « un prêtre suffisant, appelé vicaire, ayant sa compétence; un marlire idons et auble (un marguillier idoine et habile); de fournir (pour l'église) édifice haut et bas, dedans et defores (à l'intérieur et à l'extérieur), neis (nef), mostire (?) et chanchial (chœur), coverture (toits), veyriers(fenêtres), porte et huserey, charpentage, pavement, sauf que l'église (la fabrique) doit faire repaver quand un paroissien a étéenterré; la tour jusqu'à sept pieds au-dessus de la nef et du chœur ».
C'était encore au chapitre à fournir les livres et ornements nécessaires et la grosse cloche. Le chapitre se trouvant en défaut de remplir cette dernière obligation et notamment de procurer aux paroissiens une cloche décimale, l'ancienne ayant été brisée et enlevée par la garnison qui occupait Bruxelles au nom des états, les habitants portèrent plainte devant la cour ecclésiastique de l'évêque de Namur, qui siégeait alors à Longchamps, village brabançon enclavé dans le Namurois. Mais bientôt un accord fut conclu, sur le cimetière même de Corroy, par l'intervention de «gens de bien», entre les chanoines, d'une part, le curé maître Henri Touck, et la communauté, représentée par Antoine de la Bauwette, d'autre part. Les premiers promirent de livrer, avant la fête de Noël, les livres nécessaires, et, dans les trois années, la cloche (7 septembre 1611).
Les combles et la toiture de la nef étant en mauvais état, Josse De Becker, charpentier demeurant à Wavre, se chargea de les démolir, moyennant un double ducat, et entreprit d'en édifier de nouveaux, pour 200 florins de Brabant (24 mai 1616). En 1666, l'édifice était fort obscur et très sale; il n'y avait de voûtes, ni sur la nef, ni sur les asseintes; le pavement de ces derniers était brisé et l'on avait fermé avec de la paille quelques fenêtres. Le temple de Corroy était fort ancien lorsque le maître maçon Jamotte entreprit, le 5 mai 1775, de le rebâtir. On dépensa à ce travail, du 30 mai 1775 au 14 décembre 1777, 24,544 florins 18 deniers, dont la majeure partie (22,965 fl.) fut payée par le chapitre de Saint-Pierre, et le restant par le curé et la fabrique. Il avait été question de placer l'église entre le village de Corroy et le hameau du Vieusart; mais les habitants de cette dernière localité n'ayant pas voulu participer aux corvées, on établit le nouveau temple sur l'emplacement de l'ancien.
L'église de Corroy, la plus grande et la plus belle des environs, est construite en briques (qui coûtèrent 8 1/2 escalins le mille); elle est précédée d'une tour carrée, surmontée d'une pyramide quadrangulaire à pans courbes, qu'amortit une flèche octogone, réduite à la moitié de son ancienne hauteur depuis qu'elle fut atteinte de la foudre vers le commencement de ce siècle. Intérieurement, l'église est disposée en basilique à trois nefs, avec chœur arrondi; deux rangées de colonnes toscanes divisent le vaisseau en six travées. La nef principale et le chœur sont recouverts d'une voûte de plein cintre en berceau, avec arcs doubleaux; les collatéraux ont un plafond à caissons.
Le maître-autel, d'ordre corinthien et de vastes proportions, provient des pauvres claires de Bruxelles. Il est décoré, dans la partie supérieure, d'une Assomption de la Vierge; sur les côtés se trouvent les statues de sainte Claire et de saint Gilles. Au milieu de l'autel est placé un grand tableau représentant l'Adoration des Mages et peint en 1640 par Antonio Vandenheuvel. Un des bas-autels est dédié à saint Brice. Sous l'autre, l'autel de la Vierge, se trouvait placé le caveau de la famille de Beeckman; depuis la défense d'inhumer dans les églises, ce caveau a été reconstruit à l'extérieur, à proximité de l'emplacement primitif.
Dans le mur, près de l'autel de la Vierge, se trouve placé un monument décoré d'un médaillon-buste en marbre blanc et portant cette inscription : D. O. M. | Conditur. Hic. Cum. Proavis. Vir. Nobiliss. | Ferdinand. Philip. DE. BEECKMAN. Dom : DUVAL. | Ioan. Nicol. Et. Ioan. Carolin. Theres. D'UDEKEM. Conj. | FILIUS. | Hic. Annor. XL. Curriculo. Bruxellis. | Omnes. Civiles. Magistratus. Gessit. | Quin. Post. Tertium. Consulatum. | Honores. Sponte. Deposuit. | Urbanitate. Lepore. Ingenii | Cuni. Apud. Proceres. Tum. Populo. Gratus. | Vixit. Cœlebs. Natus. Anno. MDCCII. | Denatus. MDCCLXXXI. XX°. Die. Nov. | Monum. Hoc. Patruo. Chariss. Posuerunt. | Nobil. D.D. Ioan. Heur, losep. Ac. | Ferdinand. Carol. Ex. Baronibus. DE. BEECKMAN. | R. I. P.
Près du même autel, se trouve une dalle avec cette inscription : « La seule vertu. | D. O. M. | Icy Gisent | Ferdinand de Beeckman Escuyer | Seigneur du Vieusart Neusart | Oignies Steen Orsmael Schore | Monstreuil, la Motte ets ancien | Bourguemaitre de la Ville de Liege | et député des Estats dudt Pays | decede le 12e Décembre 1690 et | noble Dame desdits Lieux Anne | de Fontigny Son espouse decedée | le 3e de l'an 1712 | R. I. P. »
Le pavement nous offre une troisième inscription : « Cy gist Noble et Genereux | Sre Charle de Roly filz lan | Escuier Sre de coroy qui | trépassa le 12 octobre | 1661. Et Dame Ienne de Croy | sa compaigne qui trépassa | le 22 (9)hre 1650 priez Dieu pour | leurs ames ». Quartiers : Roly, Chevalier, Croy, Halle; Porqvin, Rusticou. Tenreraon, Vandeborgh.
Au côté gauche du chœur on lit : D. O. M. | Pis. Memoriæ. | Nobiliss. Mulieris. | Miæ Tsiæ Vandermeere | De Voorde. | cunctis. dotibus. | ornatæ. | Carol. Gisl. I Baro. de. Beeckman. | Amantiss. Coniugi. | Sibique. | hoc. Monumentum | Posuit. | Ilie. IX.feb. obiit | MDCCLXXXV | hœc VI | 9bris MDCCLXXIII | R. I. P. Quartiers : De Beeckman , D'Udekem, Vandermeere, De Grass.
Au côté droit : Piæ. Memoriæ. | Nobiliss. viri. Io(ann)is. Nie : | de. Beeekman. eqs. j Fer(di)nandi. Filii. | Ac | Nobiliss. coniug. | Ioan. Carol. Teresiæ. | D'Udekem. de. Gentinnes. | Carissimis. Parentibus | Liberi. Posuerunt. I Obiit ille V X.bris. | MDCCXXX VI. | hœc XXIIII | 8bris MDCCXXII | P. M. B. A. Quartiers : De Beeckman, De Fontigny, D'Udekem, De Hellin.
Dans le cimetière se trouve cette épitaphe : Sola virtus | Ici reposent | Messire Ferdinand, Gislain, Joseph, Baron de | Beeckman, mort celibataire le 7 Janvier 1814 à l'âge | de 37 ans fils de | Messire Ferdinand, Charlos, Joseph Baron de | Beeckman de Schore, Seigneur de Vieusart, Neusart, | St Lambert Libersart, Corroy le Grand etc. etc. décédé | à Bruxelles le 7 Janvier 1816 à l'âge de 74 ans pere | de | Messire Maximilien, Henri, Gislain Baron de Beeckman, | Libersart, décédé à Aix-la-Chapelle le 9 8bre1834 | sans hoirs. | Et Dame Jeanne-Caroline de Vroeg (Vroey) de Linden, | Baronne douairière de Beeckman de Schore, décédée à Bruxelles, le 11 Janvier 1836 à l'âge | de 80 ans 6 mois | R. I. P.
L'église de Corroy possède de belles orgues exécutées, il y a peu d'années, par Hippolyte Loret, de Bruxelles. Elles ont coûté près de 8,000 francs. Il y a deux cloches, dont l'une pèse 1,007 kilogr. et l'autre 750; la plus grande a été emportée en 1794. Il existe dans la paroisse un pèlerinage à saint Agapit, que l'on invoque contre les convulsions. Une lampe en l'honneur du Saint Sacrement brûlait jadis devant le maître-autel; afin qu'elle fût constamment alimentée, le chapitre de Saint-Pierre avait cédé à la fabrique la dîme des navets.
Il existait à Corroy, en 1666, une confrérie de la Sainte-Trinité. Nous avons parlé plus haut de la chapelle de Vieusart; rappelons ici que la chapelle de Louvrange (sur Dion-le-Mont) et le hameau adjacent étaient jadis compris dans la paroisse de Corroy.
En 1480-1481, il existait déjà un hôpital à Corroy; en 1787, le bâtiment était affermé, moyennant 8 florins 8 sous, et ses revenus étaient réunis à ceux de la table des pauvres. L'ancien hôpital, qui se trouvait à peu de distance au N.-O. de l'église, tombait en ruines, on en enlevait fréquemment des matériaux, lorsque, le 5 mars 1817, l'administration communale en adjugea la démolition, avec abandon des matériaux, moyennant 70 fl. 87 c.
La table des pauvres (y compris la dotation de l'hôpital) possédait 16 b. de terres et 1 j. de prés, dont la location produisait 159 florins, en 1787. Actuellement, le bureau de bienfaisance est propriétaire de 27 hectares 29 ares; son budget, pour l'année 1859, a été fixé comme suit :
En 1666, le marguillier ouvrait une école, et, à ce titre, recevait tous les ans 24 halster de seigle et 24 d'épeautre. L'instruction est aujourd'hui donnée dans un bâtiment voisin de l'église, que le curé Joseph Godfriaux, mort en 1759, a fait bâtir.
Le nombre des enfants pauvres qui ont été admis par la commune, de 1858 à 1859, à recevoir l'instruction, s'est élevé à 203 : 90 garçons et 113 filles.
La fête principale de Corroy se célèbre le dimanche après la saint Brice (13 novembre). La fête de Vieusart a lieu huit jours auparavant. La Baraque a une fête le 1er dimanche de septembre.
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