S’il est un auteur dont le nom est à jamais associé à celui de Waterloo, c’est bien Victor Hugo. Il a même donné à notre commune et à son champ de bataille une aura universelle, mille fois déclinée. C’est d’ailleurs le site belge qui l’a le plus inspiré, pour ne pas dire hanté. Dès l’âge de treize ans, au lendemain du célèbre combat, il lui consacrait déjà quelques vers. Et il évoquera encore la plaine funeste brabançonne dans plusieurs de ses écrits … sans jamais vouloir s’y rendre.
« J’irai voir Waterloo quand un souffle venu de France aura jeté bas ce lion flamand à qui Saint Louis avait déjà arraché les ongles, les dents, la langue et la couronne, et aura posé sur son piédestal un oiseau français quelconque, aigle ou coq, peu m’importe », écrit-il en 1837, lors de son premier voyage en Belgique.
« Pourtant, clame-t-il un peu plus tard, cette sombre bataille de Waterloo est une de mes émotions permanentes. »
Même le célèbre poème qui a fait de Waterloo un mythe et une « Morne plaine », c’est à Jersey qu’il l’écrit, en 1852, sans jamais avoir mis les pieds sur le site.
Et ce n’est que neuf ans plus tard, le 7 mai 1861, à onze heures, que Victor Hugo débarque enfin à Waterloo; s’installe à l’Hôtel des Colonnes pour un peu plus de deux mois et y achève l’écriture de son plus célèbre roman, les Misérables, le 30 juin 1861, peu avant 8h30 du matin, jour de kermesse à Mont-Saint-Jean.
Depuis, historiens, romanciers, collectionneurs, chineurs n’ont eu de cesse de se mettre dans les pas du grand auteur, recherchant ses traces, s’en inspirant, rassemblant objets et autres témoignages de sa présence sur le site.
Le Musée de Waterloo a, au fil des ans, pu rassembler bon nombre de ces reliques. Entamé par Alain Willemart, le travail de René Laurent est, à ce titre, remarquable. Pour la toute première fois, il a inventorié l’impressionnante collection hugolienne de l’institution waterlootoise, mais il l’a aussi contextualisée.
Puisse le lecteur de ce Waterloorama se rendre compte de la richesse de ce fonds et se plonger, 150 ans en arrière, dans l’univers waterlootois du grand Victor Hugo.
Yves VANDER CRUYSEN,
Echevin de la Culture.
Le Musée de Waterloo a été inauguré le 23 juin 1984 dans les locaux du Musée Wellington . Il était l’œuvre de Lucien Gerke qui en fut le conservateur jusqu’à son décès en 2009 . En 2006, il fut transféré au premier étage de la Maison du Tourisme (218, chaussée de Bruxelles) et une nouvelle scénographie fut inaugurée le 19 mars 2015 .
Des objets remontant à la période néolithique nous prouvent l’existence, sur le futur site du centre de Waterloo, de noyaux d’habitats, en pleine forêt de Soignes à l’époque. La première mention de la ferme de Waterlos, dans les textes, date de 1145 et l’histoire de la localité se termine par l’évocation des événements survenus à la libération, le 3 septembre 1944. Le bureau du roi Léopold III, tel qu’il se trouvait à Argenteuil, a été reconstitué fidèlement dans une dernière pièce.
Trois vitrines présentent des documents évoquant Victor Hugo et son séjour à l’hôtel des Colonnes, à Mont-Saint-Jean, où il termina Les Misérables, le 30 juin 1861.
Une collection de documents, réunie par José Camby, fut acquise par le Musée en 1987 . Elle comporte un ensemble d’informations sur les séjours du poète dans notre pays, de 1837 à 1871. Elle est accompagnée de documents concernant les exilés politiques français qui chercheront refuge chez nous suite au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851.
Cette publication en constitue l’inventaire et est divisée de deux parties : 1/ l’inventaire des documents concernant entre autres les séjours de Victor Hugo en Belgique, qui avaient été réunis par José Camby (n°1 à 221) ; 2/ les publications et documents réunis principalement par feu Lucien Gerke, concernant également Victor Hugo (n°222 à 309). L’inventaire est complété par une table des noms de personnes, de lieux et d’œuvres de Victor Hugo et vingt planches d’illustrations.
Ces pièces que l’on n’imaginerait pas trouver dans un petit musée d’histoire locale, constituent un patrimoine qu’il faut valoriser et mieux faire connaître. D’autres documents pourraient venir compléter cet ensemble lorsque toutes les archives de la Société d’Histoire et du Musée seront classées. Elles comprennent plus de trois cents cartons et sont actuellement conservées au 1er étage et au grenier de la Maison du Tourisme.
René LAURENT
Conservateur honoraire aux
Archives générales du Royaume,
Conservateur du Musée de Waterloo