Professeur de didactique de l'histoire à l'Université de Liège, Département des sciences historiques, Service de didactique spéciale de l'histoire
Docteur en Philosophie et Lettres (histoire) de l’Université catholique de Louvain, J.-L. Jadoulle est professeur à l’Université de Liège où il assure la responsabilité du Service de didactique spéciale de l’histoire.
Il assure ou a assuré la codirection de plusieurs thèses de doctorat en didactique de l’histoire et la conduite de différentes recherches sur l’apprentissage et l’évaluation des compétences en histoire, les modalités d’usage des manuels scolaires d’histoire ainsi que les acquis culturels des élèves au sortir de l’enseignement secondaire.
Expert auprès de la Fédération de l’enseignement secondaire catholique et du Ministère de l’Education de la Communauté française de Belgique, il a participé étroitement à la conception et à l’implémentation des nouveaux curricula de formation visant le développement de compétences en histoire.
Enseignant d’histoire dans le secondaire puis formateur d’enseignant en formation initiale et continuée, il est aussi directeur de quatre collections de manuels scolaires d’histoire et de sciences humaines (Construire l’Histoire, FuturHist, @u monde, citoyen ! et TerrHistoire) qui font référence en Communauté française de Belgique. Elles ont été primées par l’Université libre de Bruxelles (Prix Jean Teghem 2009), le Parlement de la Communauté française (Prix 2010 du meilleur ouvrage pour l’enseignement ou l’éducation permanente), par le Conseil Economique et Social wallon et le Conseil wallon de la Politique scientifique (Prix Zénobe 2012) ainsi que par le FNRS (Prix Wernaers 2015).
Il est également membre de l’International Society of Didactics of History, de l’International Research Association for History and Social Sciences Education, de l’ADMEE (Association pour le développement de la mesure en éducation), d’ABC-Educ et membre du Comité de rédaction de la revue internationale de didactique de l’histoire Didactica Historica.
Quel partenariat entre le monde enseignant et les acteurs de l’histoire locale du point de vue de la didactique de l’histoire.
Une nécessité
Oui l’enseignement de l’histoire est une nécessité. L’histoire est enseignée dans l’enseignement obligatoire jusqu’à 18 ans. 2H/ semaine dans l’enseignement général et 1h/semaine dans l’enseignement qualifiant. Avec parfois des options allant jusqu’à 4h/semaine. Ce n’est pas toujours acquis. Il y a eu une tentative de réduire l’horaire dans l’enseignement qualifiant alors que là, les élèves auraient besoin de plus d’histoire et de plus de temps pour l’apprendre et l’assimiler.
Il a quand même un large consensus. On peut s’interroger sur l’histoire noyée dans l’étude du milieu, ou aussi dans le pacte d’excellence : l’histoire étudiée distinctement des autres sciences sociales (sociologie, économie, géographie) ou intégré comme dans l’étude du milieu.
Quelle finalité ? La question centrale.
1° Finalité culturelle et patrimoniale :
Faire découvrir aux élèves qui ils sont. Ils sont les héritiers, ils sont partie prenante d’une société d’une culture qui a ses codes, fruits d’une genèse, des racines « Ils sont de quelque part » comme la célèbre chanson de Jean Ferrat. Et il importe qu’ils le sachent. Découvrir l’altérité, d’autres cultures. Notre histoire et d’autres histoires. Altérité et identité : Va et vient entre ces deux principes est la principale préoccupation des enseignants.
2° Finalité intellectuelle et critique :
Principe très simple : Savoir et voir le monde, penser le monde et traiter l’information. Habilité à manier la mémoire et formé l’esprit.
3° Finalité citoyenne :
Elle doit coiffer les deux autres finalités pour former des acteurs de l’histoire qui se fait (au présent).
Savoir décoder, analyser l’information. Elle doit servir d’appui à la perception de la citoyenneté.
C’est donc bien une nécessité.
La manière d’enseigner a suivi trois modèles successifs :
1° Le récit, raconter pour engendrer le Savoir
(Jusque fin des années 1960 début 70).
2° Découvrir sur base de l’analyse d’idées, sur base de documents.
Savoir et savoir-faire (de 1970 à 1990).
3° Initiation à l’Enquête et à la Recherche (depuis 1990-2000).
Schématiquement :
Récit------Découverte------Enquête
Savoir…..Savoir-faire…..Compétence
Edition du livre « faire apprendre l’histoire » n’est pas une impasse sur le récit, sur la découverte mais une combinaison d’un tout.
Partenariat avec l’histoire locale - Les enseignants et les élèves ont besoin de sources documentaires.
Besoin d’un corpus documentaire : délimité dans l’espace et dans le temps : un ensemble de documents (sources et travaux accessibles (tenant compte de l’âge), contextualisés et référenciés. Des documents articulés autour d’un concept. Parmi les concepts proposés dans le programme : migration, stratification sociale, croissance/crise, capitalisme, libéralisme, socialismes.
Deux exemples : Nivelles à la fin du XIXème siècle, vie politique : Libéralisme et Socialisme. Huy, étude d’une industrie particulière pour comprendre l’évolution du capitalisme.
Le plus beau service aux enseignants que peuvent offrir les cercles d’histoire, c’est donc précisément la constitution de ces corpus documentaires qu’ils connaissant parfaitement.
Mais pour mieux les diffuser, il faut passer au numérique, au WEB pour répondre à la culture 2016 des jeunes.
Prise de notes: P. Olbrechts
Marie-Astrid Lombard est licenciée en Philosophie et Lettres (section histoire) et agrégée de l'enseignement secondaire supérieur (UCL Leuven), depuis janvier 1979. Après trois intérims dans l'enseignement secondaire supérieur, elle est engagée pour faire de la recherche sur la place des femmes dans l'Église catholique, à la demande d'une doctorante, fondatrice de l'Institut des Femmes contemporaines, à Bruxelles (sous statut TCT). Ensuite, elle travaille comme historienne, conceptrice d'expositions et guide au Grand Moulin d'Arenberg à Rebecq, toujours sous statut TCT.
Engagée au Comité d'histoire religieuse du Brabant wallon en août 1985, dans le but de classer et inventorier les fonds d'archives paroissiales et fabriciennes de la Province, elle installe, avec l'abbé Henrivaux, le fondateur, une vingtaine de comités locaux sur tout le territoire de la Province, Ottignies/Louvain-la-Neuve excepté. Responsable de projets, elle initie ou collabore aux diverses activités mises en place par l'asbl (portes ouvertes dans les églises, colloques, balades...), soutient et gère, avec un comité de rédaction, la collection des Cahiers puis de la Revue trimestrielle, Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon en 1987, devenue en 2012 la Revue d'histoire du Brabant wallon. Religion, patrimoine, société. Aujourd'hui encore, elle anime le Chirel de Nivelles, qui a à son actif plusieurs "portes ouvertes" dans les églises du doyenné, des catalogues d'exposition et l’organisation d’une journée entreprise en 2005 (Weg Europe). Ce comité local prépare la 20e balade du Chirel Bw qui aura lieu, en octobre 2017, à Nivelles.
Membre puis administratrice de l'asbl Wallonia Nostra, fondée par le ministre Antoine Humblet en 1993, elle s'y consacre surtout, jusqu'en 2009, aux pages réservées à l'associatif dans La Lettre du Patrimoine et organise deux colloques : l'un en 2001, à la Commanderie de Vaillampont (Thines) sur Le patrimoine des Templiers et Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Wallonie et le second, en 2007, sur Les enjeux du patrimoine religieux au domaine provincial d’Hélécine, ancienne abbaye prémontrée d’Heylissem, sous la présidence de Bernard Caprasse (depuis 1999), alors gouverneur du Luxembourg, à la Commanderie de Vaillampont (Thines) sur Le patrimoine des Templiers et Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en Wallonie.
Membre de l'Echarp dès les origines, elle fera partie du bureau de 2001 à 2012, s'occupant plus spécialement du Bulletin trimestriel, de la gestion du fichier des abonnés et des membres ainsi que des journées-rencontres qui rassemblent les cercles et associations autour d'une thématique ou d'un lieu patrimonial. À partir de 2003, elle fera partie du comité scientifique appelé à repenser les thématiques et à gérer l'organisation du Congrès des historiens et archéologues de Belgique qui s'est déroulé en août 2004, à Louvain-la-Neuve.
1. EN BREF, c’est quoi le CHIREL Bw ?
Fondée en 1983 par l'abbé Henrivaux, l'association sans but lucratif Comité d'histoire religieuse du Brabant wallon a pour priorité le sauvetage des archives des paroisses et des fabriques d'église, ce qui induit des classements et des inventaires, accomplis avec des membres de comités locaux. Très vite pour faire connaître ces travaux fort sérieux, nous avons organisé des colloques, lancé une revue trimestrielle, édité des Cahiers, organisé des "portes ouvertes dans les églises", des balades ou journées de découverte de sites brabançons, des ateliers de formation à l'archivage ou à la préservation des textiles liturgiques car les menaces qui pèsent sur ce patrimoine des églises sont aussi alarmantes que celles que subissent les archives...
2. Sa revue trimestrielle qui va fêter ses 30 ans en 2017 !
Outil de communication, vitrine de l'association, la Revue d'histoire religieuse du Brabant wallon de 1987 à 2011, est devenue Revue d'histoire du Brabant wallon. Religion, patrimoine, société depuis 2012, car nous devions bien faire le constat que les thématiques développées dans cette revue débordaient régulièrement l'histoire religieuse stricte, pour aborder par exemple les questions de patrimoine mobilier et immobilier, intéressant bien sûr directement les fabriciens, mais que nous touchions aussi les mentalités liées à la religion, les noms de famille à connotation religieuse », ou encore « les nouvelles missions de l’Institut du Patrimoine wallon »…
Comme toute revue d'histoire, la recherche de lecteurs est une quête perpétuelle incontournable, de même qu’à certains moments, celle d'articles....
C'est ainsi que depuis 1992, nous ouvrons nos pages à des jeunes licenciés en histoire puis maîtres en histoire en leur proposant, à partir de leur mémoire, ayant évidemment un lien avec notre domaine, de présenter un "résumé illustré par quelques exemples" de leurs découvertes ou de développer un point particulièrement intéressant pour nous ou qui a particulièrement intéressé le jeune promu. Citons pour exemple : « Malheur à celui qui est seul. Comment se réchauffera-t-il ? » Les hommes célibataires brabançons du 18e s. et leurs réseaux relationnels (de Marie-Nahalie Lievens, 2012/1) ; Les veuves et leur entourage à Nivelles au 18e s. (de Juliette Pire, 2011/4) et tout dernièrement Le Christ de Pitié, chef d’œuvre du Brabant (Caroline de Sauvage, 2016/3).
Pour ces jeunes qui se lancent parfois dans une thèse de doctorat, avoir la faculté de publier un article dans une revue, même régionale, est un plus dans leur cursus.
3. Le projet un peu fou de 2015/2016 :
En 2015, le projet éditorial qui nous amène, Déborah et moi, à vous parler aujourd'hui est différent et beaucoup plus ambitieux : notre directrice de rédaction, Isabelle Parmentier, professeure à l'Université de Namur, réfléchit durant l'été 2015 au projet de concevoir un fascicule avec des élèves de terminale d'une école secondaire du BW.
À l'origine, une des particularités du Chirel était de pouvoir collaborer avec des membres de comités locaux; là aussi, nous rencontrons, comme beaucoup de cercles, des problèmes de renouvellement des membres. Mais à Nivelles, pas de soucis, le Chirel local est bien actif depuis 1987 : c'est ainsi qu'Isabelle Parmentier a connu Déborah Musette, au sein du comité local qui, en 1998, préparait une exposition et une édition sur le village de Thines, son église romane et sa Commanderie hospitalière de Vaillampont... C'est donc tout naturellement à elle qu'elle s'adresse, à la fin août, comme professeur d'histoire (et de géographie) du Sacré-Coeur. Quand Isabelle mijote ce projet de travailler avec des jeunes, elle a déjà l'expérience de travaux réalisés d'ailleurs à l'UNamur, avec les jeunes bacheliers qu'elle emmène sur les chemins de l'histoire par des recherches assez hors du commun, comme par exemple avec un recueil de nouvelles historiques intitulé "Effrois namurois".... donc cela ne l'effraye pas !. Et, en quelques jours, Déborah accepte le défi avec trois classes de terminale soit 53 élèves : réaliser un fascicule qui doit sortir de presse à la fin mars 2016.
4. Quelle expérience ?
L'expérience nous a emballées assez rapidement, mes deux collègues secrétaires à mi-temps et moi-même, et la majorité du comité de rédaction également, non sans quelques inquiétudes quant à l'aboutissement dans les temps impartis mais l'aventure valait la peine d'être tentée. Mettre en pages et relire quatre articles d'historiens professionnels ou amateurs c'est autrement plus simple, cool comme diraient les jeunes, que de recevoir 24 articles de 2 à 10 pages, déjà relus par leur professeur mais que nous devions encore tenter de mettre "aux normes" de notre trimestriel. Nous avons appris à rédiger des références de sites interne,t utilisées de manière intensive. Un professeur de français du secondaire, M. Henri Briet, aujourd'hui à la retraite, a lui aussi tout relu ainsi que, pour certaines thématiques, d’autres « spécialistes » plus aptes que nous à cibler la confusion ou l’erreur. Mais M. Briet a lui plusieurs fois sursauté devant la répétition d’anglicismes... dont certains sont néanmoins restés dans les articles, rassurez-vous !!
Le dynamisme de ces jeunes nous a « boostées » mais avouons que nous étions heureuses d'aboutir à la mi-mars au pdf final à déposer à la Ciaco de LLN.
5. Les résultats :
160 pages, 234 grammes, 24 articles tant dans le domaine.de l’histoire que ce soit de la scission de la Province unitaire en 1994, de la langue wallonne en Brabant wallon ou du football et oui.., les bières brassées à l'ancienne à Villers, la présentation du nouveau gouverneur ou de trois musées d’art, la prise en charge des handicapés, l’accueil des réfugiés, la réaffectation de fermes pour les jeunes, la gastronomie, la question des églises désertées...
Une fois sorti de presse, ce fascicule fut présenté, le 18 avril à Nivelles, devant 70 personnes dont le premier gouverneur, Valmy Féaux, historien averti, le chef de cabinet de l'actuel gouverneur, des parents, des directeurs d’autres écoles, des professeurs, des élèves, deux journalistes… Après le mot d’accueil du directeur, Mme Isabelle Parmentier et notre président, le professeur Eric Bousmar, de l’Université Saint-Louis de Bruxelles ont présenté la revue et les enjeux du projet, ensuite le professeur Déborah Musette, a reconnu l’importance du défi et sa fierté d’avoir réussi le projet avec ses élèves, qui eux aussi ont eu l’occasion de donner leur impression sur ce nouveau défi.
Les ventes :
Nous avons fait imprimer 420 fascicules (car le Gouverneur en avait réservé 50 et chaque élève en a reçu un) puis une seconde impression de 50 nouveaux exemplaires fut nécessaire, en raison des différents dépôts que nous avions réussi à conclure.
Une vingtaine d’exemplaires vont sans doute être destinés aux membres du conseil provincial des jeunes (qui ont entre 12 et 16 ans) suite à une offre récente de notre part au responsable de ce conseil.
Les ventes sont mitigées : pour les jeunes auteurs, une fois le travail fini, ils sont passés à autre chose... Dans les librairies de Nivelles : oui si le fascicule était bien mis en vue, non s’il fut classé parmi d'autres ; les Maisons du Tourisme, oui pour celle du Roman Païs toujours accueillante, les 4 autres moins intéressées alors que les articles envisageaient autant l’est, le centre et l’ouest de la province … ce qui fait qu’aujourd'hui, nous avons une occasion rêvée de relancer la vente avec vous. Nous vous présentons ce n° spécial avec une promotion intéressante : 10€ au lieu de 13€ !
Le soir de la présentation au public, une directrice s’est présentée comme candidate pour une nouvelle expérience de ce type, la directrice de l’IPET de Nivelles, Mme Carine Servranck. Qui sait, nous nous risquerons peut-être dans une seconde aventure !
Je passe la parole à Déborah qui fut la maître-d'oeuvre de ce n° spécial et que je remercie encore d'avoir accepté d'embarquer dans cette première aventure chirelienne !
Prise de notes: Paul Olbrechts
Historienne de formation, elle a fait ses candidatures aux FUNDP à Namur, ses licences à la KULeuven et son agrégation à l’UCL. Après avoir travaillé pendant 8 années (1997-2005) comme commerciale dans le secteur du bio, elle a décidé d’enseigner l’histoire. Depuis 11 ans (rentrée scolaire 2005), elle est professeur d’histoire et de géographie, deux branches très complémentaires, dans les classes de 5ème et 6ème secondaire général et technique de transition de l’Institut du Sacré-Cœur de Nivelles.
Pendant sa carrière extra-scolaire, son intérêt pour l’histoire l’a amenée à intégrer le Chirel de Nivelles en 1998.
1. Brève présentation du public de l'école et de l'origine de l'école
Fondé en 1810, par les sœurs de l’Union au Sacré-Cœur de Hoegaarden, pour répondre aux besoins de formation et d’instruction des jeunes les plus démunis, l’Institut du Sacré-Cœur a toujours aujourd’hui vocation à fournir un enseignement varié pour un public hétérogène : s’y côtoient des élèves suivant un enseignement professionnel, technique de qualification, technique de transition et général de transition.
2. Pourquoi ai-je accepté le défi ?
Je me suis lancée dans le projet car j’avais réalisé un gros projet d’exposition avec les élèves de l’année précédente et j’avais pu constater l’aspect fédérateur qu’implique le fait de mener un projet sur le long terme avec des élèves.
De plus, cela permettait aussi d’intéresser les élèves au travail de l’historien et de montrer qu’un professeur d’histoire est aussi (en général) un historien. C’est quelque chose qui manque dans le programme du cours de formation historique.
Et comme ce projet offrait aussi la possibilité de travailler plusieurs compétences de ce programme d’histoire, et donc d’évaluer les élèves (questions de recherche, recherche de documents fiables et pertinents, synthèse, communication), je savais que je serais suivie par ma direction (ce qui n’a pas manqué) et que je pouvais justifier mon choix auprès d’éventuels inspecteurs.
3. Comment le travail a-t-il démarré et comment les élèves ont-ils choisi les thèmes ?
Le travail a commencé par une présentation par Mme Isabelle Parmentier. Les élèves étaient impressionnés qu’une professeure d’université s’intéresse à eux !
La thématique proposée, les 20 ans de la province du BW, était suffisamment ouverte pour que chaque élève s’approprie un aspect du sujet qui le touchait plus particulièrement. La plupart des sujets choisis par les élèves au départ a servi de base pour la construction des articles, même s’il a fallu une réorientation par le comité de rédaction de la Revue pour certains sujets.
Ex. : le sujet sur « les boîtes de nuit » a été modifié en « lieux de sortie pour les jeunes » et a permis aux élèves de travailler sur la ferme de l’hostellerie de Nivelles et le Palladium de Baisy-Thy aujourd’hui en démolition.
4. Quels succès ai-je constatés ?
Tout d’abord, cela a induit un travail différent de ce que les élèves avaient fait auparavant, en faisant des recherches extérieures et pas seulement dans les documents disponibles en classe. Par exemple, nous avons eu recours au Fonds patrimonial la Bibliothèque de Nivelles, ici au Waux-Hall, où nous avons été très bien accueillis.
Ils ont aussi appris à rédiger de manière plus scientifique et référencée que ce à quoi ils sont habitués et ont mieux perçu la notion de plagiat car chaque information devait faire l’objet d’une note de bas de page. Ils ont ainsi appris à rédiger et à intégrer celles-ci à un texte, ce qui sans conteste va les aider dans leurs études supérieures.
Et puis, même si au départ tous n’en étaient pas conscients, faire un travail dans l’idée d’être lus par plus de personnes que le professeur a été stimulant et la confiance placée en eux a permis à certains de surmonter les difficultés rencontrées. Certains élèves demandaient d’ailleurs régulièrement des nouvelles de l’état d’avancement du projet, malgré la planification qui leur avait été fournie en début de projet.
En plus de la rédaction des articles, il a fallu également faire des photos des élèves au travail, une photo de groupe pour la couverture, rédiger des feuillets publicitaires, répondre aux questions des journalistes, participer à la conférence de presse présentant la Revue et participer au reportage vidéo de TVcom. Tout cela a amené les élèves en dehors des sentiers de l’école et permis une grande ouverture. De plus, la reconnaissance de leur travail par la presse (La Libre, Vers l’Avenir, Dimanche) et par leurs parents et grands-parents a été très positive.
5. Quelles difficultés a-t-il fallu surmonter ?
Tout d’abord, les trois classes n’étaient pas motivées de la même manière. Il a fallu imposer le projet à une des trois classes.
Une fois le travail mis en route, les élèves ont eu beaucoup de difficultés à faire l’effort d’établir des contacts directs avec les personnes dont nous leur avions donné les coordonnées, tant par mail que par téléphone. Ils ont privilégié les informations disponibles sur Internet et ont largement utilisé les sites liés à la province de Brabant wallon, ce qui n’est pas nécessairement négatif, mais comporte de nombreux pièges.
Autre souci : Il n’a pas été facile de faire coïncider le rythme scolaire (examens, vacances de Noël) au timing de la Revue. Le véritable travail a commencé après les vacances de Noël. A partir de ce moment, les élèves ont pu se concentrer sur ce seul travail, même si le reste de leur travail scolaire a encore interféré.
6. Quel a été le boulot supplémentaire et les conséquences de ce projet ?
Je suis très contente d’avoir participé à ce projet et j’en garde un très bon souvenir, même si la charge de travail supplémentaire a été considérable. Certains groupes ont fonctionné de manière très autonome alors que pour d’autres, il a fallu chercher les documents et même parfois rédiger avec eux… Tout cela en continuant la matière et les évaluations avec eux et les élèves de 5e année.
Et une fois qu’eux avaient fini, il y a eu un va-et-vient des textes entre moi, les relecteurs, Mmes Parmentier et Collet qui ont vérifié toutes les informations des textes, sans oublier les secrétaires du Chirel qui s’occupaient de la mise en page : 160 pages, ce n’est pas rien !
Pour les élèves aussi, le travail a été important et ils ont vraiment du s’organiser pour continuer à travailler pour les autres cours et pour se voir en dehors de mes cours.
Quatre élèves ont approfondi cette expérience en participant au Comité de rédaction de la Revue, ce qui leur a permis de comprendre le fonctionnement et l’organisation d’une publication de ce type. Nous y avons été accompagnées par Mme Surleraux, la sous-directrice de l’époque, qui a d’emblée montré de l’enthousiasme pour le projet.
Pour une autre élève, déjà passionnée par l’Histoire, la participation à ce travail s’est prolongée par une inscription à l’UCL en 1e année de bachelier en histoire.
Prise de notes: P. Olbrechts
Comment intégrer les jeunes dans les cercles d’histoire locale ? Mission difficile en perspective ! Pour la jeunesse, les cercles locaux d’histoire sont souvent considérés comme des clubs du troisième âge. Il suffit de regarder la composition de l’audience lors du colloque de l’ECHARP pour remarquer que cette représentation est, en partie, fondée. Mais, il n’y a pas que cet aspect qui rebute les jeunes à s’investir dans les cercles locaux d’histoire. Il y a aussi tout simplement la méconnaissance de leur existence ainsi qu’une autre représentation : celle d’un club de discussions sur les potins de la commune. À partir de ma propre expérience au sein du cercle d’histoire locale de Rebecq : le Rewisbique, l’objectif de ma réaction est de montrer que, loin des « représentations de surface », les cercles d’histoire peuvent constituer un lieu attrayant pour la jeunesse et plus particulièrement pour les étudiants en histoire.
Je suis diplômé en histoire contemporaine de l’Université Catholique de Louvain en 2014. Je suis très content de la formation que j’ai suivie. J’ai eu l’occasion d’apprendre énormément et de développer des excellentes capacités critiques et de rigueur ; des compétences que j’exerce tous les jours dans le cadre de ma profession. Un regret peut-être : je n’ai jamais été sensibilisé à l’histoire locale et plus spécifiquement à celle de ma commune. Ce n’est en fait qu’à la fin de mes études que j’ai commencé à m’intéresser à Rebecq, à son histoire et à son patrimoine. J’ai donc pris contact avec les membres du cercle local de l’entité, le Rewisbique. J’ai assisté à la plupart des réunions du cercle pendant une année et j’ai eu l’occasion de découvrir avec surprise le dynamisme de l’organisation. Deux éléments ont attiré mon attention.
La culture de la discussion de l’histoire
Le premier point qui m’a marqué, c’est indéniablement la culture de discussion du passé. Lors de mon cursus universitaire, on parlait d’histoire avec mes collègues de promotion mais cela restait principalement dans le cadre du cours. Tout restait très théorique et on avait parfois du mal à prendre la mesure concrète et des effets des événements que l’on étudiait. On avait en fait très peu de débats sur la matière en elle-même et lorsqu’il y avait une discussion, c’était davantage pour demander une précision ou un éclaircissement sur un événement du passé ou sur un concept vu au cours. Lors que j’ai assisté à ma première réunion au Rewisbique, j’ai été surpris de voir que les membres maitrisaient parfaitement des matières historiques assez pointues (comme l’évolution du droit de vote : plusieurs membres discutaient avec beaucoup d’aisance des effets de l’élargissement de la base électorale sur la composition du conseil communal de Rebecq). Plusieurs membres du cercle m’ont aussi impressionné par leur connaissance sur l’histoire sociale, sur l’histoire de la technique ou sur l’histoire de la Seconde Guerre mondiale.
Le deuxième point qui a attiré mon attention est la formidable collection d’archives détenues par le cercle. Le Rewisbique conserve des documents très précieux pour l’histoire de la commune. Il y a bien sûr un fonds iconographiques très riche mais il y a aussi des documents produits par les institutions commerciales et politiques de première importance (de nombreux procès-verbaux du conseil communal ainsi que beaucoup de documents issus de la direction des carrières de Quenast).
Les atouts des cercles d’histoire
Les cercles d’histoire locale doivent tirer profit de ses deux éléments (culture de la discussion de l’histoire et de leurs fonds d’archives) pour attirer dans leur rang de nouveaux éléments provenant de la jeunesse. Les étudiants en histoire réalisent de nombreux travaux durant leur cursus. En première bachelier, la plupart d’entre eux n’a jamais eu l’occasion d’écrire sur l’histoire. Les petites revues publiées semestriellement ou annuellement par les cercles seraient une bonne opportunité pour que les étudiants en histoire fassent leurs premières armes dans le domaine Ces derniers seraient d’autant plus motivés que l’article traiterait d’un sujet local qui est susceptible de toucher leur famille. Et puis, il y a tout simplement la perspective d’être publié (même une notice sur le web, c’est une récompense inouïe pour un étudiant en histoire) !
Ce n’est pas rien à l’époque où les principales revues d’histoire en Belgique sont réservées à quelques historiens académiques. Mais cette complémentarité peut aussi s’observer au niveau de l’inventoriage des archives. Les étudiants en archivistique sont amenés à réaliser plusieurs inventaires de fonds dans le cadre de leur formation. La plupart des étudiants se dirige vers les centres d’archives dépendant de la Fédération Wallonie-Bruxelles ou de l’État fédéral alors que de nombreux fonds n’attendent qu’à être inventoriés dans les cercles d’histoire locale.
Comment attirer les jeunes ?
Il faut faire comprendre aux jeunes que le cercle d’histoire locale lui permettra de développer des compétences qui seront utiles dans le cadre de sa formation (perspective de discuter de l’histoire, d’être publié et de faire ses armes). Pour y parvenir, les cercles d’histoire locale doivent développer leurs outils de communication.
1. Ils doivent mettre en avant la richesse de leurs archives. Cela peut s’effectuer par une numérisation partielle des fonds et une diffusion sur le site web du cercle pour donner un aperçu des documents.
2. Ils doivent montrer leurs dynamismes. Les cercles d’histoires locales peuvent créer une page Facebook et publier des statuts afin de toucher la jeunesse.
3. Les étudiants en histoire de l’Université Catholique de Louvain proviennent des quatre coins de la Belgique mais il y a beaucoup de brabançons parmi eux. Des démarches peuvent être directement entreprises auprès des professeurs d’université pour présenter les cercles d’histoire locale au début d’un cours de bachelier.
Cette question est d’autant plus cruciale qu’une fois le temps de la formation passé, les étudiants commencent leur vie professionnelle et n’ont plus spécialement le temps de s’investir dans des cercles d’histoire locale. C’est donc au moment des études, lorsque les étudiants sont en formation que ses activités de communication ont le plus de chance d’être couronnées de succès.
Si vous avez d’autres idées pour attirer les jeunes ou des commentaires sur le texte, n’hésitez pas à en faire part sur la page Facebook de l’ECHARP.
Prise de notes: Paul Olbrechts
Avec le soutien de la Province du Brabant Wallon |